La Couronne de Cuivre

Bonsoir !

A la suite de plusieurs proposition, j'ai décidé de changer mon programme. C'est pourquoi je vous encourage vivement à vous manifester si il y a des thèmes que vous aimeriez voir évoqué à l'atelier d'écriture.

Ainsi, grâce à la contribution de Garfield, le thème d'aujourd'hui sera :



Et comme toujours, des phrases que vous êtes libres d'utiliser ou non :

• Je suis seul dans le noir
• La gorge serrée, il avança
• Peur de rien
• Lâchez moi !

A vos plumes, couronniens et couronniennes !

J'étais attristé en lisant la lettre que je venais de recevoir. J'étais entrain d'apprendre que mon père était décédé. Le lettre ne racontait que brièvement les circonstances de sa mort. Il aurait eu une crise cardiaque alors qu'il passait la nuit chez mon oncle et ma tante nommés le conte et la comtesse de Mascarille. Etant l'unique héritier, j'allais toucher le somme de 1000000 de livres ainsi que tous les biens de la famille. J'aurais du me réjouir suite à cette nouvelle d'autant plus que j'étais en froid avec mon père mais il n'en était rien. Comment mon père avait il pu décéder ainsi alors qu'il logeait chez son frère et sa belle-soeur? Plus j'y pensais, plus l'envie d'en savoir plus me rongeait. Cette nuit, je passais nuit blanche. Cette envie empêchait même mon sommeil d'agir. Il fallait impérativement que j'aille chez mon oncle qui habitait à Inverness dans un château écossais. Dés l'aube, j'informai mon majordome de mon voyage et lui demandai de s'occuper du manoir pendant mon absence. Puis peu après, je pris le carrosse partis pour Inverness. Le cocher me déposa puis je pris ma valise. Il m'avait déposé juste devant l'entrée du château. Je frappai à la porte puis une servante vint l'ouvrir.
-Ha monseigneur fit elle en m'accueillant, c'est vous. Entrez je vous prie, votre oncle et votre tante sont dans le salon, je vais les informer de votre arrivée. ils seront ravis de vous recevoir. Elle me laissa patienter un moment dans le hall d'entée. Plus tard, mon oncle et ma tante vinrent me rejoindre m'accueillant à bras ouverts.

-Ha mon cher neveu fit mon oncle, je suis heureux de vous recevoir. Je regrette amèrement ce qui s'est passé et si j'avais su j'aurais tout fait pour empêcher votre père de passer la nuit dans cette chambre maudite.
-Que voulez vous dire? lui demandais je?
-Comme vous le savez il devait passer la nuit dans notre château. Il a malheureusement choisi la mauvaise chambre et malgré nos craintes et nos frayeurs, il ne voulait rien entendre. Il était certain que nos inquiétudes n'étaient pas fondés. Et pour le prouver il a passé la nuit dans celle-ci, voilà ou ca l'a mené le pauvre homme.
-Mais enfin, comment peut il être mort dans une chambre? Quelqu'un ne serait il pas entré par effraction?
-C'est impossible reprit mon oncle il n'y a aucune trace de blessure sur son corps et le chef de la maréchaussée nous a confirmé qu'il avait eu une attaque cardiaque. Il a donc bouclé l'enquête et n'a pas pris la peine de jeter un œil dans le chambre. Il faut dire que nous le comprenons.
-Pourquoi?
-A cause du fantôme continua t'il, un fantôme qui rôde dans la chambre depuis deux siècles déjà. Ce château appartenait auparavant à un marquis et à son épouse et on raconte qu'ils hanteraient cette chambre et que tous ceux qui y auraient pénétré n'en seraient jamais ressorti vivants.
-Tu te trompes répliqua sa femme. Combien de fois devrais je te dire qu'il s'agissait du fantôme de la marquise?
Je comprenais les inquiétudes de mon oncle et de ma tante. Ils n'étaient pas d'origine écossaise mais ils partageaient les mêmes valeurs et les mêmes traditions. Il était bien connu que les écossais étaient superstitieux. Pour moi il s'était passé autre chose dans cette chambre et je tenais à faire la lumière sur cette affaire. Plus tard, ils me proposèrent de loger dans une chambre au premier étage mais je refusais. Je leur faisais part de ma curiosité et ma volonté de dormir dans la chambre où mon père avait trouvé la mort. Ma réaction était bien entendu insensé. Pourquoi partir sur le lieu du crime alors que mon père était mort la veille? Néanmoins rien ne pourrait me faire changer d'avis. Il fallait impérativement que je comprenne, que je sache la vérité. Cette obsession était devenue une question de vie ou de mort.Je dus batailler une heure avant qu'ils ne finissent par capituler. Ils finirent par me dire que si je souhaitais mourir, ils m'auraient au moins prévenu. Je leur souhaitai un bonsoir puis allai loger dans cette chambre soit-disant maudite.

Au bout d'une heure, je ne trouvai pas le sommeil. Néanmoins je refusai de croire à un quelquonque danger. D'ailleurs il ne se passait rien, il n'y avait aucun bruit. L seule chose que je retins était la chaleur. J'eus tellement chaud que je me décidai au bout d'un moment par ouvrir la fenêtre. Une pensée affreuse me vint à l'esprit à ce moment là. Mais oui, tout s'expliquait. il faisait tellement chaud que mon père avait du ouvrir lui aussi les fenêtres. Puis le hasard voulut qu'un cambrioleur apparaisse à ce moment là et dans la panique étrangle mon père. Pourtant je ne pouvais pas laisser les volets clos, j'avais déjà l'impression d'étouffer.Cepedant je me refusai de quitter cette chambre, cela reviendrait à revenir sur mon idée principale. Je n'étais pas venu en Ecosse pour me la couler douce mais pour découvrir la cause de la mort de mon père. Une idée me vint alors. Si j'allumais un des chandeliers et que quelqu'un venait, on aurait la révélation de la présence d'une personne et cela empêcherait quiquonque de venir. Je pris donc un chandelier, revint dans le salon pour l'allumer grâce au feu dans la cheminée puis repartit me coucher. Une heure après, je ne trouvai toujours pas le sommeil. Dehors le vent commençait à souffler. Je regardai alors le chandelier et remarquai avec stupéfaction que deux bougies s'étaient éteintes toutes seules. Tiens que s'était il passé? Intriguai je finis par réfléchir et me dis que suite à ma nuit blanche, je n'avais pas du toutes allumer. Haussant les épaules, je reposai la tête sur mon oreiller. Peu après, j'étais dans l'obscurité totale. Les bougies s'étaient toute éteintes. Là ce n'était pas normal. J'étais certain d'n avoir allumé au moins quelques unes. Un noeud commença à se former dans mon ventre. Je ressentis une légère anxiété. Néanmoins, pas question de céder à la panique. il n'y avait personne. Tout cela n'était que le fruit de mon imagination. Soudain j'entendis un bruit comme si quelqu'un grattait à la fenêtre. Le bruit m'avait tellement pris par surprise que je sursautai. cette fois j'étais totalement reveillé. Je commençais à trembler, quelqu'un venait. Je sentis les battement des mon coeur s'accélerer. Pourtant je fus incapable de bouger alors que j'aurais du fuir de cette maudit chambre; Le bruit se fit plus pressant. Tout à coup, les volets claquèrent comme si quelqu'un pénétrait brutalement. Je fus paralysé par la peur, incapable d'emettre le moindre geste. Puis un cri strident ajouta à ma frayeur. Pris de panique, je parvins me lever et me précipitai vers la porte. Cepednant je réalisai avec horreur qu'elle était bloquée. Quelqu'un me retenait prisonnier de cette chambre. L'armoire s'ouvrit toute seule et la table de chevet à coté de moi se renversa. Cette fois, j'étais pris au piège j'allais mourir. Je me refugiai dans mon lit et me cachai sous la couverture. Finalement je tenais pas à savoir ce qui m'attendait. J'avais manqu" de courage au dernier moment. Pourtant j'avais juste à soulever la couverture. Qu'est ce que j'avais à perdre? J'allais mourrir de toute facon. Impossible, je n'en avais pas le force, pas le courage. Je me contenti d'attendre la fin.

Le lendemain matin, mon oncle et ma tante furent surpris de me voir dans la salle à manger entrain de savourer mon petit déjeuner. Après la nuit que je venais de passer, j'avais les yeux rouges. Mon oncle s'assit le premier et m'adressa la parole.
-Vous n'êtes pas restés dans cette chambre n'est ce pas? demanda mon oncle.
Je secouai la tête pour signifier le contraire puis je leur raconta ma mésaventure.
-C'est un miracle que vous ayez survécu. Croyez vous maintenant que cette chambre est hantée?
-Oui
-Il s'agissait du fantôme du marquis n'est ce pas?
-Non.
-Tu vois? lui dit sa femme. Je t'ai toujours dit qu'il s'agissait de la marquise.
-Ce n'est pas non plus le fantôme de la marquise.
Ils me regardèrent l'air surpris:
-C'est quoi alors? Il yavait bien quelque chose dans cette chambre.
-C'est bien pire que ca répondis je, bien plus dangereux.
Ils tendirent tous deux l'oreille visiblement interessés par les explications que j'allais fournir.
-C'est la peur tout simplement. Nous partons avec un apriori dans cette chambre. Avec tous les évènements qui se produisent, notre imagination nous joue un mauvais tour jusqu'à parfois provoquer une crise cardiaque. On s'imagine que l'on va finir par mourir.
-Mais tous ces évènements, les bougies, le placard, la porte, les volets,...?
-Hé bien si je n'avais pas ouverts les volets, le vent qui soufflait n'aurait pas éteint les bougies et une branche de l'arbre dehors n'aurait pas gratté à ma fenêtre. Le placard ne se serait pas ouvert et si je n'avais pas cédé à la panique à ce moment là, j'aurais pu ouvrir la porte et je n'aurais pas renversé la table de chevet.
Ils me regardèrent ahuris tandis que je leur souriais.

«Il n'y a pas de monstres sous ton lit, Théo. Ce n'est qu'un fruit de ton imagination. Regarde, j'allume la lumière.» L'ayant fait, Maman se protégea le visage des deux mains, pestant contre la douleur de la lumière sur ses yeux habitués au noir.
«Tu vois ? Rien.» Fit-elle en se remettant à chercher à tâtons, du coude, l'interrupteur.
«J'éteins, maintenant, pour la dernière fois. Rendors-toi.»
Pour la dixième fois de la soirée, au strict minimum, Maman répétait la même phrase et les mêmes gestes. Son ton était toujours doux et égal, mais ses mouvements devenaient plus brusques au fil de l'avancée des heures, et Théo la devinait rouler des yeux de plus en plus agacés lorsque le noir retombait et qu'elle croyait qu'il ne voyait pas.
«-Maintenant, j'aimerais bien que tu laisses maman tranquille, mon chéri, parce qu'elle est très fatiguée.
-Je peux voir papa ?
-Papa est fatigué aussi. Il dort comme un mort.» Répondit-elle avec un début de sécheresse dans la voix.
«Rendors-toi, Théo. Je t'ai laissé ta veilleuse, tu as tes peluches pour te protéger, et tu sais très bien qu'il est physiquement impossible de loger un monstre dans ton armoire avec tout le bazar que tu gardes là-dedans. Tout ira très bien si tu te calmes.»
Maman quitta la chambre après un petit silence. Théo n'osait rien dire. Il était un grand garçon, maintenant, c'était vrai, il ne devait plus avoir peur de monstres imaginaires. Il le voyait bien, Maman était épuisée. Il jeta un coup d'œil à son réveil à cadran lumineux, qui affichait par pulsations jaunâtres une heure et treize minutes.
Mais pourtant, cette nuit, Théo avait peur. Il avait peur les yeux ouverts, sans avoir encore réussi à se plonger dans la moindre esquisse de rêve. Cela faisait quatre heures qu'il tentait, en vain, de dormir, et plus il combattait son angoisse, plus il lui semblait qu'elle augmentait.
La terreur le reprit à peine Maman avait-elle sorti les pieds de la chambre. Il serra contre lui sa couverture, bien qu'il eut trop chaud, et mordit dans l'oreille d'une de ses peluches pour essayer de retenir ses larmes.
Ce n'était peut-être que la fatigue, mais il lui paraissait percevoir dans les contours familiers des meubles de sa chambre des ombres étrangères, menaçantes, pernicieuses, en train de s'infiltrer silencieusement parmi les objets qu'il connaissait et qui le rassuraient.
L'armoire, par exemple. Il lui paraissait l'entendre grincer toute seule, bien qu'aucun son ne se fît entendre.
Ou la branche de cerisier qui grattait à la fenêtre. Celui-ci était un son réel, mais la branche, depuis quelques minutes déjà, il en était sûr, se muait en tentacule qui rampait à travers la vitre et jusque dans sa chambre -mais seulement lorsqu'il la voyait au coin de son œil. A peine le regard tourné vers la fenêtre, la branche redevenait l'innocent morceau d'arbre que Papa s'était promis de tailler il y avait deux ans.
Des vêtements en tas au pied de son lit prenaient des formes étranges de visages déformés, dont le rictus changeait de manière subtile plus on tentait de se convaincre qu'il ne s'agissait que de plis.
Et puis, il y avait ses pieds qui le démangeaient parfois, comme par frissons soudains. La sensation lui donnait l'impression de caresses d'orties invisibles et fugaces. Comme si quelque chose, un parasite, rôdait sans son lit et s'amusait à le terrifier, tout en attendant qu'il succombe à la fatigue pour passer enfin aux choses sérieuses.

Lorsque Maman n'était pas là, la logique n'avait plus lieu d'être. Il pouvait y avoir des monstres partout là où la raison d'un grand garçon lui dictait normalement qu'il ne pouvait pas en avoir. Il fallait que Maman revienne. Il se sentait ridicule quand elle était là, à lui démontrer pour la quinzième fois l'irrationalité de ses peurs, mais il préférait se sentir ridicule qu'oppressé. Il n'était pas idiot. Il savait très bien que ce n'était qu'une chambre, des meubles, des jouets. Seulement voilà, il ne percevait pas ce qu'il savait.

«Maman.» Murmura t-il, sans vraiment l'appeler. Il savait que cette fois, elle se fâcherait.
«Maman.» Dit-il d'une voix blanche.
Puis, malgré tout, il se mit à gémir, de plus en plus fort : «Maman !».

Maman entra.
Avec elle pénétra dans la chambre une bouffée d'air froid. Silencieuse, elle se tint dans l'ombre, les mains sur les hanches, le dos courbé, sûrement par la fatigue. Il ne vit pas son visage, mais il le savait, elle devait l'être, elle devait absolument être en colère contre lui. Il voyait ses boucles décoiffés lui retomber dans tous les sens sur les épaules, sa silhouette se détachant sur la chiche lumière du couloir.
«*-Maman, ma, heu, ma veilleuse s'est éteinte.
-Hm-hm.*» Fit Maman en s'éclaircissant une gorge qu'il devina prise. Elle ne dit rien, mais s'avança dans la chambre, jusqu'au bord du lit, et se pencha sur Théo pour le serrer dans ses bras. Ses longs ongles effleurèrent la peau des épaules du jeune garçon en la griffant presque : Maman était à bout, et d'une brusquerie qui témoignait très bien de cet état de fait. Maman leva son visage vers son fils.

Maman a un beau sourire et des bisous humides. Maman a un beau sourire et des bisous humides. Maman a un beau sourire et des bisous humides. Maman a un beau sourire et des bisous humides.
C'est toujours comme ça. C'est normal, se força à penser Théo, alors que les mâchoires de la bête s'ouvraient grands et que ses tentacules froids lui saisissaient les joues.

Tout ira très bien si tu te calmes.

23h. Il faisait chaud. Beaucoup trop chaud, malgré la pluie douce d’un début d’été caniculaire avant l’heure... Un vacarme extraordinaire se déchaînait dans la véranda, amplifiant à outrance les crépitements de l’eau. Les larges baies vitrées du salon ruisselaient en d’improbables motifs inspirés par le vent. Au loin, le tonnerre grondait, rappelant à tous l’indiscutable suprématie des éléments.


La seule lumière venait de l’écran de son ordinateur devant elle. Elle voguait, de page en page, l’esprit absorbé à mille tâches différentes. Un fracas retentissant au dehors supplanta temporairement les gémissements du vent et de la pluie, lui provoquant un sursaut mêlé à un petit cri de surprise. Sa main se crispa sur sa souris, puis se relâcha à mesure que les battements de son cœur ralentissaient progressivement.


Son salon lui sembla soudainement bien trop grand pour elle − c’était aussi ce qui en avait fait son charme lorsqu’elle avait emménagé. Autant les immenses portes vitrées donnant sur la pelouse sur deux de ses pans illuminaient la pièce en journée, autant elles la pétrifiaient de terreur en des soirées comme celles-ci. Elle poussa un long soupir résigné, puis à contrecoeur, quitta sa confortable chaise de bureau dans un grincement caractéristique.


Un mouvement, au dehors ? Sans doute la pluie, ou une bourrasque…


D’un geste maladroit, elle rajusta sa tunique bleu marine, et slaloma entre les piles de livres abandonnés à même le sol jusqu’au centre de la pièce. Quelqu’un l’observait. Elle en était sûre. Quelqu’un, ou quelque chose. L’eau battante raclait avec force les larges vitres, agressive, dissimulant son complice dans l’ombre. La gorge serrée, elle avança.
De l’autre côté de la mince barrière de verre, deux fentes jaunes s’illuminaient au gré de la tempête, laissant entrapercevoir les contours d’une créature de cauchemar, l’hypnotisant sournoisement. Sa tête lui faisait mal, les pulsations régulières de son cœur tambourinant contre ses tempes et brouillant sa vision. Il n’existait qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net.


« Il y a quelqu’un ? », murmura-t-elle davantage à elle-même qu’à un hypothétique interlocuteur.


Pas de réponse. Évidemment… Elle s’apprêtait à sourire, stupidement soulagée par ses propres mots, lorsqu’une improbable voix suave et désincarnée s’éleva quelques mètres derrière elle.


« Vous avez un nouveau message. »


Son cœur sembla s’arrêter, pour mieux repartir à cent à l’heure. Elle massa son front perlant de sueur, domptant tant bien que mal une migraine naissante.


« Je déteste l’orage… », soupira-t-elle.


Un courant d’air frais lui apporta quelque réconfort, puis elle se glissa à nouveau face à son écran, le corps moite de chaleur et d’émotion. Qui pouvait lui écrire à cette heure ?
Sa gorge se serra à l’instant où son esprit formulait cette question.


23h06. Le courrier n’avait d’autre émetteur… qu’elle-même.


Tu es sexy dans ton peignoir bleu.


Une rafale d’une rare violence fit trembler les hautes vitres du salon de tout leur saoul. Quelque chose heurta la porte à l’extérieur − sans doute un caprice du vent − mais ses yeux ne purent quitter leur lecture dérangeante. « Tu es sexy dans ton peignoir bleu ». Qui ? C’était sa propre adresse qui apparaissait en guise de provenance du mail. Il ne pouvait s’agir que d’une plaisanterie. D’une mauvaise plaisanterie. D’un bond, elle se précipita sur son sac à main, délaissé paresseusement le long du canapé, puis en extirpa son trousseau de clés. Tout était déjà fermé à double tour, mais rien n’empêchait une seconde vérification.


Vérification inutile, étant donné les vitres dans le salon…, entonna une petite voix dans son esprit.


Les verrous étaient tirés, plutôt deux fois qu’une. Cela la rassura un instant, et elle se dirigea en direction de la cuisine, mue par une soudaine exigence de caféine. S’il s’avérait impossible de dormir, autant être parfaitement réveillée. Sa tête lui fait toujours mal, à tel point qu’elle la contraint à s’asseoir. Une voix féminine surgit alors du salon, couvrant à peine le tumulte de la véranda.


« Vous avez un nouveau message. »


Nouvelle angoisse. Délaissant sa tasse vide et sa dosette de café, elle tituba jusqu’à la machine ronronnante sur son bureau, puis cliqua fébrilement sur l’icône en forme d’enveloppe.


Nous allons jouer, ce soir, Mélanie.Juste toi et moi.
Mais commence par aller prendre ton café…


Il ne pouvait s’agir d’une coïncidence. Quelqu’un était là, dehors, dissimulé sous cette pluie battante. Et l’observait. Toutes ces grandes fenêtres vitrées étaient comme autant de portes béantes… La migraine devint insupportable. Une longue plainte vibrante retentit à l’autre coin du bureau, suivie d’une multitude de flashs lumineux multicolores. Un appel. Numéro masqué.
Il lui semblait entendre prononcer son nom. Les raclements de cette machine s’adressaient à elle. « Mélanie »…


« Non…, s’il vous plait… je n’ai rien fait… », gémit-elle en pleurant doucement, de panique et de douleur.


Le temps avait certainement dû s’arrêter, figé en cet instant de terreur. Dans un sursaut de lucidité, une solution − évidente − s’imposa à son esprit. D’un geste fulgurant, elle décrocha, et hurla à pleins poumons à l’intention de son mystérieux interlocuteur :


« Lâchez-moi ! Espèce de taré !! »


La douleur lancinante battait au même rythme que ses pulsations cardiaques effrénées, mais son accès de colère la rendit moins angoissante. Plus « normale ». Elle pianota deux simples chiffres, puis porta à nouveau son combiné à l’oreille.


« − Commissariat de Villeuneuve-les-Ilias, bonsoir.


La voix posée de son interlocutrice la rassura. Elle ouvrit la bouche, un instant silencieuse, puis articula enfin quelques mots.


− Excusez-moi… Je vous appelle parce que depuis ce soir, quelqu’un m’espionne de mon jardin, et me harcèle par mail et au téléphone.
− Pouvez-vous me donner votre nom et votre adresse exacte ?
− Mélanie AFCHAIN, A-F-C-H-A-I-N… 38 route de la laverie, à Villeneuve. C’est une grande villa, un peu excentrée…
− Nous envoyons tout de suite une patrouille, mademoiselle Afchain. Restez chez vous, et verrouillez toutes les entrées.
− Merci beaucoup. »


Elle raccrocha sans même attendre sa réponse.


« Vous avez un nouveau message. »


Elle ne sursauta pas, cette fois.


Cette bêtise était ta dernière, Mélanie.
Tu vas mourir cette nuit.


La guerre était à présent déclarée. Un coup de tonnerre couvrit un instant tout autre son, et la dernière lumière en provenance de l’écran disparut tout à coup. Elle était seule, dans le noir.


« Au moins, je n’aurai plus le droit aux mails… »


Plusieurs coups violents firent aussitôt écho à sa réplique. Quelque chose… grognait, près de baie vitrée, invisible, et lacérait férocement les montants de bois. À tâtons, luttant à la fois contre terreur et souffrance, Mélanie se dirigea vers sa chambre, titubant contre les murs du couloir, puis s’effondra sur son lit, terrassée par le mal. Jusqu’à l’inconscience.


Combien de temps s’écoula ainsi ? Elle en avait perdu toute notion de toute façon, aveuglée par l’obscurité et la douleur. Une lueur bleue et orange envahit lentement l’espace, et une voix tonitruante rugit de la porte d’entrée.


« Police ! Ouvrez ! »


Les mails. L’ombre invisible au dehors. L’appel… La réalité lui revenait lentement à l’esprit. La voix masculine réitéra son appel, plus insistante.


« J’arrive… », murmura-t-elle inutilement.


À sa grande surprise, elle entendit la porte s’ouvrir à l’autre bout du couloir, provoquant un appel d’air chaud et moite qui fit trembler le cadre photo de sa table de chevet. Une lumière blanche et crue inonda aussitôt le couloir, dessinant le contour de la porte de sa chambre.


« Mademoiselle Afchain ? C’est la police. »


Elle sortit à leur rencontre, luttant contre sa torpeur.


« − Tout va bien ?, questionna la voix.


Elle acquiesça d’un vague hochement de tête. Le policier en uniforme marqua un temps d’arrêt en découvrant la jeune femme en petite tenue presque transparente, mais il enchaîna aussitôt.


− Vous avez bien composé le 17 tout à l’heure, n’est-ce pas ?
− Oui, je…
− Ma collègue inspecte votre jardin. Ne vous faites pas de soucis, si quelqu’un rôde par ici, nous allons le trouver. Et je m’engage personnellement à…


Il s’interrompit en découvrant les yeux plissés et le visage hagard de son interlocutrice.


− Mademoiselle, vous vous sentez bien ?
− Simple… crise de migraine, ne vous inquiétez pas, ça m’arrive. »


Elle n’eût pas la force de l’empêcher de saisir son bras nu, et se laissa conduire jusqu’au canapé de son salon par le jeune officier. Brun, cheveux courts, il devait avoir la trentaine, et peut-être même était-il mignon. Elle ne doutait pas qu’il profite de sa faiblesse pour observer ses formes au travers de sa trop mince chemise de nuit, mais elle n’était pas en état de lutter, de toute façon.
La poignée de l’entrée tourna à nouveau, donnant naissance à un courant d’air qui sécha quelques filins de sueur sur son front. L’autre agent, sans doute. Plus précisément une femme, à son pas plus léger.


« Patrick, vous pouvez venir quelques instants ? », lança-t-elle timidement à son supérieur.


L’officier pivota, puis s’éclipsa avec elle dans le couloir. Etait-ce sa migraine, qui lui rendait insupportable n’importe quel son, ou les deux policiers qui manquaient à la plus élémentaire des discrétions, mais leur conversation lui apparut aussi clairement que s’ils l’avaient tenue à ses côtés.


« − Il y a des traces de coups sur les montants des fenêtres, et les jointures semblent avoir été forcées au couteau. Mais…
− Vous avez trouvé quelqu’un ?, le coupa-t-il.
− Hé bien…, reprit la jeune femme, hésitante. En quelque sorte…
− En quelque sorte ?, répéta-t-il, plus fort.
− Toutes ces marques ont été faites depuis l’intérieur…


Ils marquèrent une pause, et malgré sa cataplexie, elle ne put retenir un petit cri qu’ils ne perçurent heureusement pas.


− Vous voulez dire que… ?
− Oui, les traces sont toutes récentes, et il n’y a personne d’autre à l’intérieur. C’est certainement elle qui a fait ça toute seule.
− Je vois… »


Ainsi, ils la tenaient pour folle. Elle n’était pas folle ! Quelqu’un en voulait à sa vie, elle ne l’avait pas rêvé.


En es-tu si sûre ?


« − Mademoiselle Afchain ?


Elle sursauta à son nom.


− Nous avons passé les environs au peigne fin, il semble que votre… heu… harceleur ne soit plus ici.
− Je ne suis pas folle…, articula-t-elle péniblement. Je n’ai pas rêvé, d’accord ?


Le jeune homme fit un pas en arrière.


− Je… Bien sûr !


Il toussota légèrement, tentant de masquer un ostensible malaise.


− Voulez-vous que nous appelions un… médecin, afin qu’il soulage votre migraine ?
− I-Inutile…, bredouilla-t-elle. J’ai juste… besoin… dormir… le noir… »



Le monde s’arrêta autour d’elle, au même instant où on lui enfonçait des clous dans ses globes oculaires, et qu’un étau implacable se resserrait autour de ses tempes. Dans un ultime soubresaut de conscience, il lui sembla qu’on la transportait, et puis plus rien.

Il aurait pu s’écouler quelques minutes, ou quelques jours, elle aurait été incapable de faire la différence. Ses yeux découvrirent une pièce exiguë, et dépouillée de toute vie. Seule une étroite fenêtre sur la gauche laissait passer de maigres raies de lumières. Elle gisait entièrement nue, sur un lit sobre et sans couverture. Sa migraine avait disparue. Mais sa tête lui sembla à présent exploser d’interrogations insolubles.


« Où suis-je ? »


Sa question n’était adressée à personne, mais une silhouette sombre qu’elle n’avait jusque là pas remarquée quitta son tabouret pour se dresser face à elle.


Tu n’as pas été gentille, Mélanie…
À présent, je suis en colère.
Très en colère…


Il était trop tard pour crier. La lumière du jour se refléta sur une longue lame argentée, qui se teinta subitement de rouge.


Elle n’était pas folle.


Il l’avait poursuivie jusque là.


Et il l’avait retrouvée.

Voilà ! Après quelques désagréments ! Un lien (une suite ?) d'une histoire précédente...Inarius je crois ? Oui ça marche


* Suite. Quelques heures plus tard.

La sentinelle revint épuisée. La longue marche de cette nuit l'avait éreintée et par trois fois, elle avait dû faire une pause. Mais son message était trop important.

La grande caverne centrale avait quelque chose de mystique pour qui la voyait la première fois. L'immense ouverture, la lumière qui tombait comme une cascade dorée, la grande pierre sacrificielle, le Rituel, le Feu... Mais Knrst était une vieille peau, et sa tâche passait avant tout. Près du hall central, elle croisa Begu, son habituelle co-sentinelle qui n'avait pas pu venir cette fois. Sa très haute stature jurait avec ses pattes grêles et sa couleur de chair très claire.

- Bienvenue à toi ! Tu es de retour très tôt. Que se passe t’il ?
- Je suis de retour. Je dois parler immédiatement à notre Reine. Viens avec moi.

La montée au hall royal relevait de l'exploit en début de matinée. Les ouvrières qui partaient vers le plateau pour aller chercher de la nourriture formaient une colonne ininterrompue et leur taille n'avait rien en commun avec celle de Begu ou Knrst. Même en passant par les côtés, rien n'y faisait. Il fallut attendre près d'une heure avant que le convoi -ou disons, le troupeau- disparut complètement par le tunnel de sortie. Knrst s'impatientait. Il fallait agir vite.

Le hall de la Reine se situait juste sous la surface de la terre. A cette altitude le ciel était d'un bleu profond, et les anfractuosités de la roches laissaient parfois apparaître des taches d'azur. Mais rien n'aurait pu détacher les yeux de quiconque de la Reine. Objet d'horreur infinie ou d'adoration immense, puissance redoutée ou déesse de cauchemar, Elle occupait le fond du Hall. Ses centaines d'yeux, actuellement tournés vers Knrst, scrutaient le fond de l'air et scintillaient comme des milliers de diamants dans la pénombre. Chacune de ses pattes auraient pu se mesurer à un chêne centenaire et sa gueule était un four obscur dont nul ne ressortait. Les squelettes broyés de chèvres l’entourant ne l’auraient pas contredit. Autour d'elle, une dizaine d'ouvrière la lavaient et emportaient ses œufs vers la couveuse. Le roi - le roi du moment -, quant à lui, était bien malingre. Mais Knrst ne s'intéressait pas au(x) mâle(s). Il s’avança timidement.

Une voix retentit, comme mille serpents rampant sur des brindilles

- Qu'y a t'il, Knrst. Pourquoi me déranger ?
- Oh ma Reine. Des humains sont venus.
La voix se fit centaines d’oiseaux s'envolant ensemble.
- QUOI ??

Instinctivement Knrst se recroquevilla.

- Pardonnez moi ma Reine. J’ignore ce qu’ils voulaient. J’ai dû les poursuivre longtemps avant de les intercepter. J’ai dû revenir pour finir deux autres, des enfants. Aucun n’a pu fuir. Je crois qu’ils nous ont vu. Je n’ai pu faire autrement.

D’un coup de patte, la Reine fut devant lui. Son agilité était surprenante malgré sa taille.

- Es tu sûr de ce que tu prétends ? Gronda-t’elle.
Elle occupait à présent les deux tiers de son champs visuel.
- Oui ma Reine. Aucun être d’aucune espèce n’abandonnerait ainsi ses petits ici, même des humains. Je pense qu’ils ont dû vouloir fuir pour amener d’autres comme eux. Et puis j’ai trouvé ceci dans un sac.
Elle décolla de son thorax avec ses pattes un oeufs brisés. Un des leurs. Elle le tendit à la reine.
- C’EST TRES GRAVE, hurla la Reine, qui remuait fortement à présent.
- Oui ma Reine
- NE M’INTERROMPT PAS. Va chercher les autres sentinelles, et rassemble toutes les ouvrières dans le hall secret. Personne ne doit rester, AUCUNE TRACE DE NOUS ne doit être trouvée. Agit vite. Les humains voudront retrouver les leurs. NOUS SOMMES EN GRAND DANGER.

Une heure plus tard, les sentinelles avaient pu rassembler toutes les ouvrières. Cela n’avait pas été tâche aisée. Elles étaient encore plus bêtes que des yaks ou des moutons. De retour dans le hall, elles avaient peur et s’agitaient en tout sens. Mais nul n’aurait pu dire si c’était les sentinelles qui transmettaient leur peur aux ouvrières ou le contraire.

Il fallut descendre, longtemps, puis monter, puis redescendre dans des tunnels et couloirs sombres avant d’arriver au hall secret. Puis retourner chercher celles qui étaient parties dans de mauvaises directions.

Le hall secret était une caverne immense, au coeur même de la montagne. Sur sa partie haute, des fentes permettaient à quelques éclaireurs de surveiller la vallée et la montagne. Aucun autre être vivant n’aurait pu venir se glisser ici. Il faut dire que marcher au plafond à 30 mètres de hauteur n’est pas donné à tout le monde...

Enfin, la Reine arriva, accompagnée de ses ouvrières.

« Ils arrivent », dit-elle simplement.

Knrst n’avait jamais vu d’humains auparavant. Bien sûr, tout le monde en avait entendu parler dans des légendes. Mais en voir...en fait on leur avait répété depuis le plus jeune âge que leur découverte entraînerait leur mort. Finalement, elles étaient aussi légendaires pour eux qu’ils l’étaient pour elles. Mais quelle surprise de voir cette famille en cet endroit si reculé ! Des inconscients, probablement...

Le temps passa, pesant et long. Un silence mêlé de bruissements de pattes, de chuchotements frottés et de mandibules nettoyées. La peur suintait sur les murs, la peur et la mort.

« Ils sont là ! », cria une sentinelle

Au début, ce ne fut qu'un bruit. Puis un tonnerre. Enfin, mille tonnerres au dessus de leur tête. Knrst vit dans le ciel de minuscules points. Deux d’entre eux descendirent, jusqu’à se poser. Un rouge, dont deux petits hommes également rouges descendirent ; et un vert duquel de très nombreux hommes sortaient . Les autres semblaient observer la scène depuis les nuages.

Bedu s’approcha de Knrst :
-Tu es sûr de n’avoir laissé aucune trace ?
- Je.....je crois, répondit Knrst simplement
Il senti un mouvement d’air à côté de lui.
-KNRST, NE M’AS TU RIEN CACHE ?

Elle était si près, à présent, que Knrst pouvait voir sa gueule ouverte. Les enfants auraient pu facilement y entrer sans en toucher les bords. Mais, si elle se mettait en colère, elle aussi aurait pu être dévorée sans pitié. La Reine savait être féroce.

-Ou....ou...oui ? Euh , non, je veux dire non ma Reine ! Bien sûr...j’ai dû
-Tu as dû QUOI ?
-Euh...j’ai dû démolir les corps, pour que personne ne pense que...enfin je veux dire que c’était nous. Je vous promets, j’ai fait de mon mieux, de tout mon possible !
En vérité, cela avait été atroce. Les trois premiers avaient été faciles à attraper, mais le père avait couru longtemps, si bien que Knrst l’avait fauché pour qu’il tombe dans le ravin. Elle avait ensuite dû massacrer les corps pour ne pas laisser de traces. Quant aux enfants....comme ils étaient bien cachés, elle en avait mangé un et enfoui l’autre pour le finir plus tard. A cet âge là, la viande était encore tendre...

-TRES BIEN ! Alors, nous ne risquons rien. Allons voir ça.
La reine saisit Knrst entre ses mandibules, et escalada la pente abrupte, jusqu’à la faille d’où l’on pouvait voir l’extérieur. Les deux petits hommes rouges étaient arrivés près du lieu.
-Mmmmmhhh, gronda la Reine. L’un des deux n’a pas l’air d’apprécier ce qu’il voit !

Elle eu un spasme de rire, si bien qu’un œuf s’échappa de son abdomen et s’écrasa en contrebas dans la caverne.

- Tu as bien travaillé Knrst. Je te fais confiance. Mais attention à ces hommes verts qui arrivent. A présent PLUS UN BRUIT !

A ce son sec, le bla-bla frémissant des ouvrières stoppa net dans un silence de mort.

********

La scène de meurtre était horrible.

-Hey ça va mieux ?, demanda Georges

Jack était tout pâle

-Je...je sais pas trop. Comment tu fais toi ?

Il s’approcha, et, à la vue et l’odeur des cadavres, vomit abondamment à nouveau.

-J’étais dans la police, moi Moooonsieur avant d’être secouriste, j’en ai vu d’autres ! Tu devrais retourner à l’hélico, je peux le faire tout seul tu sais.

Jack hésita, puis acquiesça d’un signe de tête.

-Hé attends, au fait, ils n’étaient pas 4 adultes ? J’en n’en ai que 3 moi ! Enfin, j’ai 6 jambes en tout cas à première vue.
-Georges...dans un meurtre, il y a toujours un assassin non ? Si l’assassin est dans les morts, qui l’a assassiné ?

Ils éclatèrent de rire.

-Bon...ok admettons ! Enfin reconnais que c’est un drôle d’endroit pour un meurtre. D’ailleurs, où est le père ? Et où sont les enfants ? Et puis, au fait, POURQUOI nous avoir accompagné de militaires ? C’est vraiment obligé ?
-Tu n’as pas reçu le message dans l’hélico ? Ils ont intercepté le cadavre du père dans la rivière au camp de base il y a une heure. Les gamins devaient surement être avec lui...mais bon tu as vu la tête de la rivière et du ravin, aucun chance qu’on les retrouve ! Mmmhhh et pour tes militaires, tu sais c’est des gens du coin. Ils doivent être morts de trouille à cause de la Katchara !
-La quoi ?
-La Katchara ! Une sorte de yéti local, mais avec des pattes. C’est une légende locale, une sorte d’araignée géante qui vivrait dans le coin. Mais bon personne n’a jamais trouvé aucune preuve...du coup je pense qu’ils sont tendus. Ou morts de trouille. Enfin, c’est aussi à cause des terroristes pour nous protéger et au cas où ils se cachent...mais bon m’étonnerait qu’on s’éternise quand même !
-Hé ben ! Ca fait froid dans le dos ton truc. Déjà qu’il caille ici ! Bon, ne nous éternisons pas comme tu dis ! En tout cas, le père était un sacré malade. J’ai jamais vu ça une boucherie comme ça ! Jack l’éventreur était une barbie à côté ! Enfin je dis pas ça pour toi hein, mais regarde moi ces entrailles !

Jack tourna la tête et eut un haut-le-cœur tandis que Georges riait à pleine gorge.
-Ah oui c’est vrai que tu es une petite nature. Bon allez, rentre, je te rejoins ! Va te mettre au chaud !
Il jeta un œil sur la montagne, puis parla pour lui même :
-C’est vrai que j’y passerais pas mes vacances moi...elle fout les jetons cette montagne

********

« Daichan est un soldat, Daichan est un soldat, Daichan est un soldat, Daichan ne connaît pas la peur »

Face à eux, la caverne immense et noire remplissait leurs yeux. On leur fit signe d’avancer.
Daichan sentait sur lui le regard de la montagne. Comme des milliers de regards...

********

Je précise que pour une fois, j'ai écrit une fan fiction bâtarde. Bâtarde, parce qu'elle n'a à peu près rien à voir avec l'univers dont elle est issue, et que le caractère du personnage n'est qu'à peu près (et encore) respecté. Mais comme c'est à partir de cet univers que j'ai eu l'idée du récit, il m'a paru approprié de laisser les noms des personnages.
Il s'agit donc d'un texte basé sur la série Neon Genesis Evangelion, et plus précisément la série "Plan de complémentarité Shinji", elle-même tirée du manga principal (il s'agit en fait d'une série humoristique reprenant les personnages de la série Evangelion).
De même, le récit s'éloigne quelque peu de la notion de danger, pour n'en faire ressortir qu'un aspect.

Shinji ouvrit les yeux, et constata avec surprise qu'il s'était endormi pendant un bon moment sur le banc sur lequel il s'était assis. Jetant un coup œil au ciel, il remarqua que c'était presque le crépuscule. Il devait donc être près de 22 heures. Néanmoins, en regardant autour de lui, il ne vit personne, pas de passant traversant l'avenue, pas de buveur quittant un quelconque bar, aucune voiture en vue. Cela le surprit. Certes, il était 10 heures du soir, mais il faisait encore jour, c'était l'été, et même la nuit, la ville conservait une certaine activité. Or, en ce moment, aucune vitrine de magasin n'était éclairée, les bars eux-mêmes étaient fermés, et surtout, il régnait un silence de plomb, un silence étouffant, à l'image de la chaleur persistant sur la ville, un silence qu'aucune brise, qu'aucun bruit, si léger soit-il, ne venait briser. Comme si le monde entier retenait son souffle.
"Il s'est peut-être passé quelque chose", songea Shinji avec inquiétude. Aussi décida-t-il de rentrer chez lui. A cette heure-ci, ses parents devaient être rentrés du travail.

En progressant dans les ruelles, il ne rencontra personne, ne croisa le chemin d'aucun promeneur insouciant. Partout la même vacuité dans les rues, le même silence immobile. De plus en plus inquiet, il cria "Excusez-moi, il y a quelqu'un ?", mais ses paroles parurent s'éteindre sitôt qu'il les eut prononcées, et seul le son du silence lui répondit.

Shinji se mit à courir. Cette fois, c'était clair, il se passait quelque chose. Nulle activité dans les allées, nulle lumière brillant à une fenêtre, nul souffle d'air sifflant à ses oreilles. Et toujours le soleil poursuivait son inexorable course, s'apprêtant à disparaître derrière les collines et les montagnes, tandis que l'océan s'enténébrait déjà. Et Shinji courait toujours, arrivant finalement chez lui, hors d'haleine. Il ouvrit avec brusquerie la porte de l'immeuble, et grimpa rapidement jusqu'au deuxième étage. En pénétrant chez lui, Shinji vit immédiatement que ses parents n'y étaient pas, non plus que Rei, qui sans le moindre doute aurait dû être là. Rien ne paraissait avoir bougé depuis qu'il avait quitté le domicile ce matin. Tentant d'allumer la lumière afin d'y voir plus clair, il se rendit compte avec effroi que cette dernière ne marchait pas, pas plus que le téléphone ou la télévision. Une coupure générale d'électricité ? Non, quelque chose d'autre. Jetant un oeil à la pendule à piles posée sur la cheminée, Shinji vit qu'elle fonctionnait, et indiquait 21 heures 53. Par la fenêtre, il vit le soleil, qui avait presque totalement disparu derrière le relief montagneux.

La porte de l'immeuble se refermant sans bruit derrière lui, Shinji s'élança à nouveau dans les rues désertes, mû par un terrible sentiment d'urgence, un irrépressible instinct de survie. D'ici au centre de recherche où travaillaient ses parents, il fallait compter 5 minutes à pied. Il aurait tout juste le temps d'y être avant... "Avant la nuit, songea Shinji, une angoisse insoutenable lui nouant l'estomac. Il faut que j'y arrive avant la nuit." Sans pouvoir dire exactement pourquoi, l'arrivée imminente de l'obscurité lui causait une terreur absolue dans ces ruelles fantômes.
Le centre de recherche se trouvant à l'Ouest de chez lui, Shinji se retrouva donc à poursuivre le soleil, ou plutôt, à fuir l'obscurité.
Débouchant finalement sur la place donnant accès au centre, il s'engouffra dans ce dernier, bel et bien ouvert, avec un soulagement qui fut de courte durée. Car le centre était tout aussi désert que le reste de la ville, déserté de son personnel qui pourtant travaillait à toute heure.
Le soleil avait disparu, et seuls ses derniers rayons éclairaient encore la scène que Shinji avait sous les yeux.
"Allez, marche, marche, par pitié, je t'en supplie", cria-il en actionnant les divers interrupteurs de l'éclairage, sans obtenir le moindre résultat. Voyant une lampe de poche posée sur le bureau de l'accueil, il s'en empara frénétiquement, et constata avec un soulagement indicible qu'elle marchait.
"Bon, papa et maman travaillent dans le secteur 3. Il faut donc prendre l'escalier à droite, puis monter au troisième, prendre à droite, et ensuite, c'est la quatrième porte à droite."
Cependant, même avec la lampe, la terreur s'empara de Shinji dès qu'il s'avança pour monter l'escalier. Inquiétante à son réveil, l'atmosphère était devenue tout simplement terrifiante dans le noir qui régnait. Parce que rien ne bougeait, parce que tout semblait être mort, parce que le néant semblait guetter dans chaque recoin. Menaçant de hurler à chaque pas qui le rapprochait de son but, Shinji avança plié en deux, luttant contre la peur qui assaillait chaque parcelle de son être, redoutant chaque ombre dans cet univers de ténèbres.
Enfin, par un effort suprême de volonté, il parvint en face de la porte qui donnait sur le laboratoire de ses parents. Sa main moite et tremblante posée sur la poignée, il actionna lentement cette dernière, qui pivota avec un léger grincement. Poussant la porte, Shinji projeta la lumière de sa lampe à l'intérieur de la pièce.


"- Yui, qu'arrive-t-il donc à Shinji ?
- Je ne sais pas exactement. Il était resté au lit à cause de sa fièvre, et Rei, qui le veillait, m'a dit qu'à un moment, il a commencé à grimacer, avant de se réveiller en poussant un hurlement. Lorsque je suis arrivée, il était recroquevillé sous les couvertures, blanc comme un linge.
- Je me demande bien de quoi il a pu rêver.
- Sans doute pas de quelque chose d'agréable."


Voilà, voilà, si fautes il y a, n'hésitez pas à me les signaler. Merci d'avance .

« Je suis seul, seul dans le noir. Pourchassé par des ombres nocturnes, des passagers de l’obscurité, les crocs acérés, prêts à mordre goulument dans ma chair bouillonnante de vie et de sang… »

Je reposai mon stylo. Je manquai d’inspiration. Finalement, les histoires de vampire ne me plaisent pas. On en a vite compris la psychanalyse. Il est vrai que c’est une mine d’or pour un écrivain un minimum averti, car le vampire est un concept riche de sous-entendu malsains, de symboles archaïques, de séduction, d’aventure et de sexe.

La nuit était déjà bien entamée et j’allumai ma 4^e cigarette en caressant mes joues piquantes d’une barbe naissante.

Malheureusement pour moi et pour le vampire, je n’ai pas encore trouvé le filon de ma mine qui me rapportera l’or auquel j’aspire. Je ne veux plus raconter cela, le vampire est un danger trop évident. Il suffit de faire en sorte que le personnage rôde tardivement seul dans un parc pour rentrer chez lui, ou sorte de boite de nuit un peu éméché, bref de faire intervenir le prédateur pour punir la victime de son imprudence ou de ses péchés.
A présent, je veux écrire des polars moins évidents, où le tueur prend son temps, où le danger ne peut être perçu dans l’immédiat. J’en ai marre du tueur parfait face à l’humain décérébré.

J’allumai ma 5^e cigarette et bu une gorgée de mon café dans des panaches de fumée. Alors que j’appréciai l’aspect du liquide noirâtre au fond de mon mug, qui ressemblait à s’y méprendre à de l’huile de moteur, j’entendis un grincement de porte dans mon appartement. C’était sûrement Mistrigri, mon chat noir, qui revenait de sa chasse quotidienne aux rats d’égout.

Toutes ces histoires d’adolescents abrutis d’alcool, de jeux idiots, de futilités, qui se font tuer par le loup sorti du bois. C’est trop facile, une vision trop conservatrice de la jeunesse actuelle, ça frise le mauvais goût. Et pire, le coup de l’inspecteur expérimenté qui se gratte la tête au constat des deux marques de crocs à l’emplacement de la jugulaire, c’est vraiment bidon.
Je sentis un souffle froid dans ma nuque. Je fis un demi-tour, mais rien. C’était sûrement un courant d’air.

• Krrr…

Je retins mon souffle. Et ouvris grand les yeux dans la pénombre.

• Ah, Mistigri ! Tu m’as fait peur, viens par-là petit monstre sanguinaire.

Mistigri vint à ma jambe et s’y frotta affectueusement pendant que je lui flattais l’échine. J’allumais une 6^e cigarette en sirotant mon jus tiède couleur tanin. Je m’assis et le félin sauta instantanément sur mes genoux, pour digérer tranquillement les rongeurs avec lesquels il venait de jouer.
Je cogitai tranquillement, laissant ma fatigue me gagner, car elle est une source d’inspiration pour tout artiste qui se respecte. Mon inconscient me submergea, et des images de tueur au sang froid, assassinant leur voisin pour lui avoir donner une part de cake aux fruits confits rassis, envahirent mon imaginaire.

Je me réveillais en sursaut, le cerveau embrumé et une légère nausée. Mistigri m’avais tiré de mes rêveries peu fructueuse en sautant brutalement de mes genoux, hirsute et crachant comme si j’avais allumé un aspirateur.

• Eh bah mistigri, t’as des escarres aux miches ou j’ai ronflé un peu fort ?

Je me levais en allumant une 7^e cigarette.

• Boum !

Un frisson me parcouru, mais avant que je puisse agir, une douleur vive s’implanta dans mon cou, telle une énorme seringue se fichant à l’intérieur de ma chair. Un liquide chaud ruissela sous mes vêtements, tandis que le froid gagna mon corps tout entier et que la vie s’échappait petit à petit à chacun de mes souffles.

Je m’affalai sur le sol, inerte, et ferma une dernière fois les yeux sur la cigarette fumante dans ma main…

Le matin à 7h04

• La voisine a entendu un cri, un grand fracas et a vu un chat détaler de trouille par la fenêtre de sa cuisine, inspecteur Garretts. C’est tous des insomniaques dans cet immeuble, pour sûr.

L’inspecteur se pencha sur le corps froid et rigide du jeune écrivain dont le cou était percé de deux trous bien net.
Le policier qui l’assistait repris.

• Il écrivait des romans sur les vampires, sans grand succès, chef. Ma fille en a lu quelques-uns.

• Hum… sûrement un suicide, ponctua Garretts.

• Peut-être, chef, mais il n’y a aucune arme alentour, curieux non ?

• En effet, Smith, en effet. Il y a du café ?

• Tenez, inspecteur, il reste un fond dans la cafetière de la victime, le labo a déjà fait les analyses, il n’y a pas eu d’empoisonnement.

Se flattant d’avoir une équipe scientifique aussi efficace, l’inspecteur bu une gorgée, qu’il recracha immédiatement par la fenêtre. La théorie de l’empoisonnement lui trotta tout de même à l’esprit. Il reprit machinalement.

• Vous pensez quoi des histoires de vampire, vous ?

• Oh vous savez, moi je trouve ça un peu ringard, ça plait aux jeunes, mais je préfère les tueurs psychopathes, c’est plus inattendu, vous comprenez.

Un fantôme passa.

• Inspecteur, me dîtes pas que…

• Je m’interroge, Smith, je m’interroge…