Ici se trouve la ville basse, la partie sombre de Lumenis. Les nobles ne fréquentent que peu cette partie de la ville, sauf quand ils cherchent de l'aide pour accomplir les basses besognes qui les répugnent.
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Située en bordure du quartier pauvre de la ville, dans une zone plus résidentielle qui sert de transition avec les fastes du quartier sud, cette vieille bâtisse un peu branlante n'attire guère le regard du visiteur. Mais si d'aventure, intrigué par la pancarte, il s'avise d'en passer le seuil, il découvrira un monde étrange : plantes en pot, plantes séchées, racines, poudres, décoctions, baumes, potions, des centaines et des centaines de produits s'offrent à son regard, s'étageant jusqu'au plafond sur des dizaines de rayonnages, soigneusement étiquetés et classés. De larges fenêtres, situées à plus de deux mètres de hauteur, illuminent la pièce qui est toujours d'une propreté exemplaire.
Près de l'entrée, derrière son comptoir, une elfe d'apparence aussi âgée que le magasin -et probablement plus-, à la peau cuivrée et aux cheveux blancs, l'apostrophera d'un air for peu amène. Isudë Toraën n'est connue ni pour son sourire ni pour sa gentillesse, mais à dire vrai elle se moque complètement de l'opinion de ces milliers d'humains qui sont entrés dans son échoppe au cours des deux ou trois derniers siècles. Elle est réputée, en revanche, pour sa connaissance encyclopédique de toutes les plantes qu'on rencontre sur Toril et peut-être même ailleurs, et pour sa compétence inégalée lorsqu'il s'agit d'en extraire les principes actifs pour créer baumes ou poisons. Sa renommée est telle que des riches citadins du quartier sud s'aventurent régulièrement dans son antre, tentant de dissimuler leur origine aisée.
Elle est extrêmement fière de posséder l'herboristerie la mieux achalandée de tout Luménis, et se passionne pour chaque plante nouvellement découverte - bien qu'une telle opportunité ne se soit pas présentée depuis maintenant plusieurs dizaines d'années. Des nombreux voyages qui ont marqué ses jeunes années, elle a ramené quantité de plantes exotiques qu'elle a soigneusement repiquées, certaines dans son petit jardinet, parfois sous serre, mais la plupart dans un endroit connu d'elle seule -et de son fidèle compagnon, un vieux hibou grand-duc-, quelque part dans le grand parc verdoyant tout proche. Elle s'y rend parfois, à la tombée de la nuit, lorsqu'elle doit honorer certaines commandes un peu particulières, nécessitant des plantes qu'on ne trouve normalement nulle part dans nos contrées...
HRP : J'aime bien jouer Isudë, n'hésitez pas à me MP si vous avez besoin que je vous réponde ici... mais bien entendu, si vous souhaitez quelque chose de précis, je la mets à disposition des MJ ! Elle s'exprime en Lime
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en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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Après un détour depuis le temple jusque du côté de la nébuleuse toujours amarrée où ils avaient accosté la veille, les deux rôdeurs se retrouvèrent les bras et une partie des besaces chargés des "quelques échantillons indispensables" sélectionnés par Astrée. Les autres plantes seraient sous peu débarquées et stockées temporairement dans un des entrepôts attenants aux quais le temps que la rôdeuse puisse venir les chercher.
Traverser la ville dans ces conditions, même avec l'aide de leurs montures fringantes ne fut pas chose aisée, d'autant que la boutique n'était pas facile à trouver et leur demanda quelques recherches. Ayant enfin repéré son enseigne qui ne payait pas de mine, Kasumi démonta et annonça à la rôdeuse qu'il resterait dehors pour lui permettre de négocier tranquillement et de parler boutique.
- Mais si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver !
Astrée grimaça intérieurement... et aussi extérieurement sans doute. Kasumi savait très bien qu'elle n'était pas à l'aise pour ce genre de choses, mais il avait apparemment décidé de l'obliger à vaincre sa timidité aujourd'hui. Elle jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la boutique. Personne n'était visible. Elle prit dans sa besace les principaux échantillons, soigneusement étiquetés, en mit d'autres dans ses poches et dans ses mains. Puis, chargée comme une mule, elle inspira profondément et poussa la porte, faisant tinter une petite cloche aigrelette.
Impressionnée, elle resta un instant sur le seuil, levant les yeux jusqu'au sommet des immenses étagères débordant de flacons, de pots, d'herbes sèches ou en pot. Elle n'en avait jamais vu une telle collection. Tout était parfaitement classé, rangé, astucieusement éclairé par un jeu de miroirs diffusant la lumière provenant de larges fenêtres dominant l'ensemble. Elle avança à pas lents, détaillant ce qu'elle voyait, essayant de déchiffrer quelques-unes des étiquettes au passage.
Au fond de la boutique, une elfe lui tournait le dos, occupée à tailler des racines en minuscules fragments, sans paraître se soucier le moins du monde de sa cliente. La timidité d'Astrée lui interdisant de la déranger dans son travail, elle prit le parti d'attendre patiemment. Mais le poids de son chargement hétéroclite l'obligea bientôt à en poser une partie sur le comptoir. - Faites attention à ne pas renverser ma préparation ! l'avertit l'elfe sur un ton brutal. - Oui bien sûr... excusez-moi, répondit-elle d'une petite voix.
Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que l'herboriste se retourna enfin vers elle, s'essuyant les mains dans son tablier. - Vous venez pour quoi ? Elle avait une voix rauque et un ton peu amène, mais un regard franc et direct. - Je...heu... c'est un peu compliqué. C'est maître Feldegast, au temple, qui m'a conseillé de venir vous voir. Je reviens juste d'un voyage sur une île étrange où pousse une végétation qu'on ne trouve pas dans nos contrées. J'y ai découvert un grand nombre de plantes aux vertus médicinales, et j'en ai ramené des échantillons... - Vous voulez me vendre des plantes, donc ? - Je...et bien... Oui, si vous voulez, en quelque sorte...Elle n'avait pas réellement envisagé la chose en terme de vente marchande. Des mois passés loin de toute civilisation sans avoir le moindre besoin d'argent lui avaient un peu fait oublier la vénalité de ce monde. - Je n'ai guère les moyens. Mais faites voir, si vraiment ces plantes sont si exceptionnelles, peut-être que quelques-une m'intéresseront... - Mais vous n'êtes pas obligé de les acheter... Je veux dire... Je n'ai pas vraiment réfléchi à cela, je me suis simplement dit qu'il fallait que je les ramène ici pour qu'elles puissent bénéficier à d'autres. certaines ont des vertus que je n'avais jamais rencontré... Et j'en ai ramené toute une cargaison, certaines séchées, d'autres en terre... il y en a vraiment beaucoup... - S'il y en a tant que ça, personne n'aura les moyens de vous les acheter. - Mais je vous ai dit que je ne pensais pas forcément les vendre... - Quoi alors? - Je cherche simplement... quelqu'un qui saurait en prendre soin, les étudier, extraire leur principe actif pour en faire des soins. Je voulais juste ne pas laisser perdre un tel don de la nature,tenta-t-elle d'expliquer de son mieux.
La surprise, voire l'incrédulité, se lisait dans le regard de l'elfe. Cessant d'interroger Astrée, elle porta son regard vers les échantillons que celle-ci tenait dans sa main. - Ces feuilles sont utilisées sur des plaies, par les elfes de l'île, et j'ai vu également des animaux s'y frotter. J'en ai amené quelques boutures, mais je ne sais pas si elles vont reprendre... - C'est de l'aloès. Un bon cicatrisant naturel. Il y a longtemps que je n'en avais pas eu. Vous dites qu'il y a des elfes là-bas ? De quel type ? - Heu... je ne sais pas, je ne connais pas bien les différents elfes... - Aucune importance. Elle continuait à examiner les échantillons. - Ces fleurs sont des répulsifs naturels contre les insectes. Et cette écorce, là, est utilisé en infusion, dans le traitement de certaines maladies, et pour faire baisser la fièvre. Ils l'appellent l'arbre de vie... j'en ai aussi ramené des plants en terre. - Son vrai nom est le Lapacho... Enfin, je crois. Je n'en ai vu qu'une ou deux fois, et je n'ai jamais eu l'occasion de tenter d'en acclimater par ici, mais sous serre, ça vaut le coup de tenter... Si c'est bien ça, c'est une plante avec des propriétés assez exceptionnelles en effet ! Et je vois aussi une variété d'eucalyptus que je n'avais jamais encore rencontré... Son regard s'arrêta sur une écorce rougeâtre. - Cette écorce-ci, c'est leur guérisseuse qui m'en a parlé : elle guérit certaines fièvres mortelles qui sont propagées par les piqûres d'insectes... - Ne me dites pas que... C'est la mythique quinqina rouge ! Je n'en avais jamais vu de mes yeux... Du quinquina... Soulevant avec soin l'écorce, elle l'examina de près, la grattant du bout des doigts.Une plante miracle là aussi. J'ai entendu dire qu'il fallait être extrêmement rigoureux au niveau des dosages, cela dit, elle peut être mortelle. Et là aussi, vous avez ramené un plant ? Son ton avait perdu toute froideur. Enthousiaste, elle détaillait le contenu de la sacoche d'Astrée avec une sorte de fièvre exaltée. - Oui... Mais attendez, j'en ai d'autres dehors, je vous les amène...
en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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Astrée ne fit qu'un bond vers la porte, échangea trois mots avec son compagnon qui n'eût d'autre choix que de l'aider à transporter à l'intérieur tout leur chargement. L'elfe ne lui accorda pas un regard, trop occupée à examiner chaque racine, chaque fleur séchée, marmonnant des noms pour la plupart totalement inconnus d'Astrée. Un brin amusée -et soulagée- par le revirement d'humeur de son interlocutrice, elle fit signe à Kasumi qu'il pouvait patienter encore un moment dehors. - Et ça, qu'est-ce que c'est ?questionna brusquement l'elfe, fronçant les sourcils sur un plant soigneusement emballé auquel Astrée avait joint quelques fruits séchés. - Je ne sais pas exactement... Peut-être rien d'exceptionnel en fait. J'ai juste observé de nombreux animaux malades ou affaiblis manger les fruits de cet arbre -il était clair qu'ils le sélectionnait exprès-, et ils semblaient s'en porter mieux. Les elfes m'ont dit que c'était seulement un stimulant... - Ca ne me dit absolument rien... Et je n'ai jamais entendu parler de ces fleurs, non plus. Vous avez écrit antifongique et antiparasitaire ? - Oui, là aussi j'ai vu des animaux l'utiliser, et les elfes m'ont confirmé qu'effectivement ces fleurs avait ces vertus, mais eux ne les utilisent pas car il y a des risques de graves réactions d'intolérance. L'elfe, l'écoutant à moitié, était allée chercher de vieux livres, les feuilletant à toute vitesse. - Vous avez là deux specimens qui n'ont jamais été répertoriés nulle part, semble-t-il. C'est incroyable... Il y a bien cinquante ans que cela ne m'était pas arrivé ! Il va falloir que j'en envoie des échantillons à Evereska et à Eternelle Rencontre, si j'arrive à les faire pousser ici... et si je n'y arrive pas, il faudra que vous m'en fassiez une description précise et un dessin. Il faut absolument qu'ils soient répertoriés dans les ouvrages de référence ! - Oui, bien sûr... - Et ils sont où, ces plants à repiquer ? - Ils sont encore sur le bateau. - Depuis longtemps? - Quelques... petites semaines... - Quelques semaines sans lumière ? Non mais vous vous rendez compte ? - Je ne pouvais pas faire autrement... - Bon, heureusement qu'on est en hiver, on a peut-être une chance de les faire repartir... mais ça va être délicat...Astrée n'osa pas préciser que la saison sur l'île n'avait rien d'hivernal.Vous m'y emmenez ? Il ne faut pas perdre un jour de plus...
Astrée ne put qu'acquiescer. L'elfe rangea rapidement les échantillons qu'elle venait d'observer, soudain pressée. - Vous êtes certaine que... vous ne voulez pas de paiement? Parce que sinon je ne pourrai pas les prendre, et ce serait dommage. - Non, bien sûr... En fait... Elle dut raffermir sa voix.En fait j'aimerais seulement que vous m'autorisiez à... à en prendre un peu de temps en temps pour ma propre sacoche à simples, et à récolter plus tard quelques-uns des fleurs, fruits, écorces médicinales, si vous parvenez à les faire pousser. Juste un tout petit peu, pour mes propres préparations... - Il n'en est pas question ! - Mais ce serait... - J'ai dit non. Je ne vais pas vous laisser prendre le risque d'utiliser des ingrédients dont ni vous ni moi ne connaissons parfaitement le mode d'action et le dosage exact. Ce serait bien trop dangereux ! Astrée avait rougi comme une petite fille prise en faute. L'elfe parut se radoucir. Un tout petit peu. - Vous pourrez les utiliser uniquement lorsque je les aurai étudiés moi-même, et seulement sous ma supervision. C'est non négociable. Il serait irresponsable de ma part de vous laisser jouer les apprentis sorciers. - Oui, je comprends, bafouilla la rôdeuse.
L'elfe enfila un chaud manteau de laine, et prit l'un de ses vieux livres dans sa sacoche avant de quitter la boutique. - Votre... garde du corps ? demanda-t-elle un brin ironique, en apercevant Kasumi toujours planté près des chevaux. - Oh, non, c'est... - Cette partie du quartier est sûre, vous n'avez pas besoin de vous inquiéter pour votre amie,lança-t-elle à Kasumi d'un ton abrupt.En revanche, vous nous aideriez beaucoup si vous acceptiez de jouer les porteurs... Il faut rapatrier très vite ici tous les plants en terre ainsi que les boutures. Astrée grimaça un sourire en haussant discrètement les épaules à l'adresse de Kasumi, un peu déstabilisée par le ton arbitraire de la vieille elfe qui risquait de ne guère lui plaire...
en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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Mais le rôdeur était décidé à prendre ce ton cavalier - voire autoritaire - avec humour. Il semblait que sa compagne ait trouvé à qui confier son stock impressionnant de plantes et il en était ravi pour elle davantage encore que par le pauvre intendant de l'entrepôt qui serait bien heureux de récupérer son espace de stockage. Un brin ironique, le demi-elfe s'inclina et employa un ton humble :
- A vos ordres, madame. Avec plaisir !
Toutefois, il était impossible de déterminer si cette réplique servile était destinée à Astrée ou à la vieille elfe qui avait pris la direction des opérations.
Le transfert fut rondement mené. Le chariot promis par Damant les attendait au port. Astrée dut argumenter un moment avec l'herboriste, lui expliquant qu'elle avait promis de laisser un certain nombre de plants à un ami qui ouvrait un commerce pour les aventuriers et qui souhaitait y installer un jardin exotique. L'elfe était intraitable : pas question de prendre le moindre risque qu'un plant aux pouvoirs inconnus ou dangereux s'y trouve. Elle sélectionna donc elle-même les plans qui partiraient pour la boutique, parmi ceux qu'elle connaissait le mieux. Il y en avait sans doute moins que ce que Damant aurait souhaité, et elle espérait qu'il ne lui tiendrait pas rigueur., mais c'était des spécimens qu'elle savait de toute beauté.
On chargea le chariot à bloc, mais également Moïse et Ombrage -Prince savait disparaître fort opportunément dans ces moments-là, et Astrée avait toujours respecté sa liberté de mouvement. Astrée se sentait confuse d'imposer à l'elfe une telle quantité de plants dont certains ne se développeraient pas ou s’avéreraient sans utilité,mais l'herboriste semblait parfaitement enthousiaste : la découverte d'un troisième specimen qu'elle ne connaissait pas la ravissait au plus haut point. Le nombre impressionnants de plants et boutures ne semblait lui poser aucun problème.
Elle jeta un vague coup d'oeil aux autres échantillons : racines, écorces, fleurs et fleurs séchés, quelques baumes et décoction, mais décréta que leur transport n'avait rien d'urgent, que quelques jours de plus dans l'obscurité d'un entrepôt ne pouvaient pas leur nuire. Il n'y avait de toute façon plus la moindre place pour les transporter, et l'urgence était au repiquage. Heureusement, leur volume était raisonnable et le responsable de l'entrepôt accepta, après négociation, de les garder quelques jours de plus.
De retour devant la boutique, Astrée se demanda avec un brin de désespoir où l'elfe comptait stocker tout cela. Elle avait vraiment vu trop grand. Comme si elle avait lu dans ses pensées, l'herboriste l'interpella: - Jeune demoiselle, j'espère que vous ne comptez pas vous en tirer comme ça en me laissant tous ces plants sur les bras ? - je...je suis désolée, je ne réalisais pas qu'il y en avait autant. Vous n'aurez pas la place... - Taratata, qui vous a parlé d'un problème de place ? La place, je la trouverai, ne vous en faites pas. Mais si j'ai bien compté, il y a là plus de 500 plants et bouture en tout genre à repiquer... - Tant que ça ? - Vous n'aviez pas compté ? - Pas vraiment... - Et donc, c'est le temps et la force qui vont me manquer ! Je n'ai plus l'âge et la vigueur pour faire tout ce travail rapidement et efficacement. Aussi, jeune dame, j'espère que vous n'avez rien d'important de prévu cet après-midi et peut-être même demain... J'ai de toute façon besoin de vous pour savoir le type de sol et d'ensoleillement qui convient à chaque plante, sans ça on n'arrivera à rien ! - Et bien... je... bien sûr, je viendrai vous aider ! C'était la moindre des choses, après avoir débarqué tout cela ainsi à l'improviste... - Enfin, si mon compagnon n'y voit pas d'inconvénient... Elle interrogea du regard Kasumi, déclenchant un froncement de sourcil de la vieille elfe qui lui parut vaguement réprobateur. Il lui semblait se souvenir que le rôdeur avait parlé de courses à faire, il ne verrait sans doute pas d'inconvénient à se passer d'elle une ou deux demi-journées...
en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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Kasumi ne s'était pas attendu à ce qu'Astrée soit ainsi réquisitionnée mais l'enthousiasme qu'il percevait chez sa compagne le dissuada d'emblée de protester. Lui même était en revanche assez rassuré par la vieille elfe pour laisser la rôdeuse quelque temps en sa compagnie. La motivation d'échapper à une séance forcée de jardinage motiva également en partie sa réponse :
- Hé bien, j'ai quelques courses urgentes à faire dans le quartier alors je vous propose d'aller vous acheter à manger pendant que vous commencez le travail... Je serai de retour dans une heure maximum alors pas d'inquiétude.
Astrée remercia Kasumi avec enthousiasme. - Merci, c'est vraiment une bonne idée ! Un grognement de son estomac lui rappela qu'elle n'avait pas déjeûné le matin. L'action physique l'avait totalement dégrisée et elle se sentait maintenant une faim de loup... Il devait être déjà plus de midi d'ailleurs.
Isudë ne semblait se soucier ni de la faim, ni de la fatigue. Sans se soucier de la promesse d'un repas prochain -à se demander si elle envisageait de prendre le temps de manger-, elle commença à décharger les caisses, faisant preuve d'une vigueur surprenante pour son âge. Elle fit signe à Astrée de la suivre. La rôdeuse n'eût d'autre choix que de quitter rapidement son compagnon, sur la promesse d'un ravitaillement prochain.
Un brin amusée par ses propres réactions, elle réalisa qu'elle obéissait sans discuter aux ordres de l'herboriste... une attitude qu'elle croyait avoir totalement bannie depuis une éternité ! La curiosité vis-à-vis de ce qu'elle pourrait apprendre de l'elfe était la plus forte...
Au fond de la boutique se trouvait une petite porte, donnant sur une réserve aux dimensions aussi impressionnantes que la boutique, avec quantité d'échantillons et de préparations toujours aussi soigneusement étiquetés et rangés. Astrée eut une pensée pour le joyeux désordre de son abri et de sa propre réserve... Il y avait également une porte donnant sur une cave, et un coin cuisine avec divers ustensiles peu courants - s'en servait-elle également pour se sustenter ? Astrée n'y voyait aucun aliment... Du reste, elle n'avait guère le temps de se questionner : l'elfe l'entraînait vers une porte sur la droite, qu'elle ouvrit tout grand, dévoilant un magnifique jardin, aux dimensions impressionnantes, parfaitement entretenu. Au fond, des sortes de grandes cages vitrées, des serres, avec sans doute les plants les plus fragiles. Les hauts murs qui l'entouraient masquaient sa présence au voisinage. - Sous quel type de climat vivaient ces plantes ? - C'était un climat très chaud et très humide, en tout cas pour la plupart des plantes. Il y en a quelques-unes que j'ai trouvées plus en altitude, je vous dirai lesquelles. - Il est hors de question de les planter en pleine terre, on va tenter les serres... Quel type de sol ? - Heu, je ne sais pas...Très humide, mais il me semble que c'était dû à l'humus et pas forcément à de l'argile. Il y avait des plages au bord des lacs... - Sablonneux donc. Pas de marnes... Et pour l'humus, on peut reconstituer ça assez bien, il suffit d'aller en récupérer dans le parc verdoyant. Le plus difficile sera d'arriver à créer un environnement humide... Pas de sol calcaire ? Ou de rocaille ? - Si, pour les plantes de montagne... Elles n'ont pas besoin de tant de chaleur ou d'humidité, le climat n'était pas le même. - Bon, pour elles ce sera la troisième serre alors. Puis on tentera la pleine terre.
Tout en parlant, elle avait ouvert la porte de la première serre. La chaleur qui y régnait paraissait étouffante à côté de la fraicheur hivernale. - Ca ressemble assez à cette ambiance, oui... Mais en plus chaud encore, plus humide. - Il faudra se contenter de ça ! - Mais il n'y aura pas la place,se désola Astrée. La serre était en effet pleine aux trois-quarts de plants variés, certains aussi exotiques que ceux qu'elle ramenait. - C'est bien le souci... Il faut en faire ! On va en transférer une bonne partie vers la serre d'à côté, qui est un peu moins chaude et surtout moins humide. Sauf pour celles qui sont trop fragiles. Mais avant, il faut enlever de cette deuxième serre les plantes qui aptes à survivre en pleine terre. Je sais, cela fait beaucoup de transvasements... Viens, je vais te montrer,ajouta-t-elle en l'entraînant dehors.Ici, les sols sablonneux, ici les sols argileux, là les entre-deux. Et là, la rocaille. Tu fais attention aussi à l'ensoleillement, je te dirai lesquelles doivent être plein sud, ici par exemple, ou mi-ombre, par là. Celles qui nécessitent plus d'ombres ne sont pas là, je te montrerai plus tard. Astrée se sentit honorée de ce soudain tutoiement, marque de confiance inattendue. Elle devait bien s'avouer sa grande ignorance en matière de jardinage, activité qui ne l'avait jamais vraiment attirée. Mais cette fois-ci elle n'y couperait pas.
Elles passèrent donc deux bonnes heures à déplacer des plants, Astrée suivant de son mieux les consignes de l'elfe sans parvenir à acquérir le dixième de la dextérité de son mentor. C'est à peine si elle osa s'esquiver pour aller chercher le repas promis par Kasumi - elle prétexta des plant à soustraire aux rayons du soleil, et se jeta littéralement sur sa part de nourriture. L'elfe toucha à peine à la sienne. Elle mit ensuite de côté certaines plantes, dites d'ombre, qu'elle comptait les transférer plus tard vers son "autre jardin", disait-elle. Devinant sans doute le manque d’appétence de la rôdeuse pour les travaux de jardinage, elle la chargea du déchargement de tous ses plants tandis qu'elle achevait les transferts.
Ce fut lorsqu'elles s'attelèrent au repiquage des boutures d'Astrée que celle-ci mesura pleinement son incompétence. Aux mille et une questions précises de l'herboriste - Ombre ou Lumière ? Nord ou sud ? Quelle altitude ? Quel type de sol ? Plus sablonneux que ça ? Plante solitaire ou non ? A-t-elle besoin de pollinisateurs ?-, elle ne pouvait apporter le plus souvent que des réponses assez imprécises. Elle avait pris de nombreuses notes sur les vertus connues ou probables de chaque plante, mais ne s'était pas donné la peine de recueillir suffisamment d'informations sur leur façon de pousser. Elle s'en mordait les doigts devant l'agacement visible de l'elfe. Obligée de consulter régulièrement ses ouvrages pour obtenir les informations que la rôdeuse ignorait, Isudë s'irritait devant cette perte de temps et ne se privait pas d'extérioriser sa mauvaise humeur. - Et celle-ci ? Elle n'est pas dans les livres, j'ai vraiment besoin d'informations. - Elle poussait au milieux de grands arbres, donc à l'ombre... Le sol était spongieux il me semble. - Sable, humus, argile ? - Je ne sais pas... de l'humus, oui, mais en-dessous... - Mais comment espères-tu qu'on fasse pousser ces plants si tu n'as aucune information sérieuse ? Un peu honteuse, Astrée ne pouvait qu'admettre son inefficacité. Bêtement, elle s'était dit que les plantes allaient pousser...toutes seules...comme dans la nature où elle aimait vagabonder. Elle qui avait si souvent vécu de cueillette, remerciant simplement la nature pour sa prodigalité, n'avais jamais pris la mesure de ce représentait la création ex-nihilo des conditions nécessaires pour faire s'épanouir des plantes. Pourtant elle aurait dû le savoir, que ça ne poussait pas tout seul ! - J'en ai pris trois plants, on peut essayer différentes conditions... - Bien sûr que c'est ce qu'on va faire ! Mais ça aurait été bien d'avoir une idée plus précise! - Je suis désolée... Je me suis trop concentrée sur les effets...
- Tu as fait du bon boulot de ce côté-là, c'est vrai,concéda l'elfe, désirant peut-être atténuer ses nombreux reproches. Tu as une bonne approche de l'herboristerie. Mais tu n'as pas du tout les réflexe du jardinier ! Jetant un coup d'oeil aux rougeoiements du ciel, elle ajouta. - J'ai encore besoin de ton aide pour transférer les plantes d'ombre, et toutes celles qui nous restent sur les bras, en pleine terre, mais il faut que j'attende encore un peu, que le parc soit moins fréquenté... Astrée ouvrit de grands yeux héberlués, mais ne put qu'acquiescer. En espérant que Kasumi ne se formaliserait pas de son retard...
en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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Astrée suivait, intriguée, l'herboriste le long d'une étroite ruelle sombre et déserte. L'elfe lui avait fait solennellement jurer de garder le secret sur ce qu'elle allait lui montrer, éveillant encore davantage sa curiosité. Elle sentit un écureuil roux se glisser dans sa capuche, désireux sans doute de retrouver un peu de chaleur après cette fraîche journée de fin d'hiver. Elle lui adressa un reproche muet : si seulement il avait daigné se montrer sous son aspect naturel, il les aurait aidé à transporter les plants et elle ne se trouverait pas ainsi chargée comme un mulet. Les autres montures avaient été ramenées par Kasumi, qui ne pouvait prévoir leur utilité.
La ruelle se terminait en impasse, contre le mur marquant la limite du grand parc verdoyant. Celui-ci, en partie écroulé à cet endroit, laissait apparaître un buisson d'épineux d'une hauteur impressionnante, dense et infranchissable. L'elfe, après avoir vérifié qu'elles étaient seules, leva une main, psalmodia quelques paroles à peine audibles.... et le mur de ronces s'ouvrit.
Astrée et Isudë franchirent l'étroit passage pour se retrouver au seuil d'un magnifique jardin, plus grand encore que celui de l'herboristerie. Un jardin surtout planté d'arbustes et haies de tout sorte, au pieds desquels se trouvaient des plantes d'aspect varié. Les hautes haies donnaient à celles qui le nécessitaient tout l'ombre dont elles avaient besoin. - Mon annexe... Le mur végétal se referma aussitôt derrière elles. Tout autour du jardin, de hautes haies semblables à celle qu'elles venaient de franchir en marquaient la limite. - On est dans un renfoncement du parc. Les promeneurs sont de l'autre côté de ces hautes ronces, et sont persuadés qu'il s'agit de la haie qui cache le mur extérieur. Ce petit espace libre n'est connu que de moi... Petit... ce n'est pas ainsi qu'Astrée l'aurait qualifié. Pour elle il était immense.
La rôdeuse et l'herboriste se mirent au travail rapidement et silencieusement. Malgré les cals dans ses mains et les douleurs dans son dos et ses épaules, Astrée commençait à devenir plus efficace dans ses gestes. Il ne leur fallut guère de temps pour venir à bout de leur tâche avant de revenir, par le même chemin, à la boutique.
La nuit était tombée lorsqu'enfin, Isudë donna congé à la rôdeuse, lui enjoignant de revenir le lendemain ou le surlendemain avec les autres échantillons. - Attends !ajouta-t-elle au moment où la rôdeuse allait franchir la porte. C'est pour toi... Elle lui tendait une bourse. - Mais ce n'est pas la p... - Trente-cinq po, ce n'est rien par rapport à la valeur des plantes que tu m'as apportées, mais je ne peux pas plus... - Je vous l'ai dit, je voulais juste trouver quelqu'un qui s'occuperait des plantes, je ne voulais pas les vendre... - Alors disons que c'est en dédommagement de ta journée de travail. - Mais... - Il faut bien que tu gagne ton pain, non ? Tu ne comptes tout de même pas vivre juste aux crochets de ton... garde du corps ? La rôdeuse se sentit rougir. - C'est important, pour une femme, d'avoir son indépendance financière, crois-moi ! A l'avenir, si tu as d'autres spécimens intéressants, j'essaierai de te les acheter à un prix plus académique. Tu comptes retourner dans ce type de contrée ? Astrée dut avouer qu'elle n'en avait nullement l'intention, que son domaine de prédilection était plutôt la montagne. - Va pour les plantes d'altitude alors. Je suis bientôt en rupture de stock pour certaines. Elle lui énuméra quelques noms de plantes rares que la rôdeuse connaissait bien, lui faisant promettre de lui en rapporter de son prochain séjour, qu'elle lui achèterait au prix du marché. - Ah et prend aussi ça, ajouta-t-elle en lui tendant un baume de soin et quelques herbes médicinales.Tu pourras bien sûr en choisir d'autres dans la boutique, autant que tu en as besoin. Ca te permettra de patienter jusqu'à ce que j'aie étudié de près tes échantillons et que tu puisses t'en servir.
Elle poussa Astrée vers la sortie sans paraître écouter les remerciements qu'elle balbutiait. La rôdeuse, un peu surprise de ce brusque revirement d'humeur, observa d'un air pensif l'étrange échoppe, un sourire aux lèvres. Les grognements de son estomac ne furent pas long à la sortir de sa rêverie : Kasumi devait l'attendre depuis une éternité à l'auberge.
en RP : Astrée,rôdeuse-druide. Co-modératrice Luméno-hélonienne
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L'après-midi était déjà bien entamé quand Astrée se décida enfin à rentrer en ville. Ces quelques heures passées à vagabonder sans but dans les bois, à respirer l'air frais en écoutant les chants des oiseaux, laissant ses pensées errer aussi librement qu'elle, l'avaient apaisée. Certes, elle se sentait seule, un sentiment depuis longtemps oublié. Mais elle avait si souvent recherché la solitude qu'elle n'allait tout de même pas se mettre à la redouter...
Sauf que... Non, ce n'était pas la solitude qui lui pesait. C'était l'absence. Elle avait probablement une décade, au moins, à patienter jusqu'au retour de Kasumi, et après un an ou presque passé côte à côte, elle ressentait douloureusement ce vide.
Elle ne voyait qu'un remède à ce vague à l'âme qui menaçait de l'envahir : s'occuper le corps et l'esprit, et quitter ces murs qui l'oppressaient : il était impensable de rester dix jours en ville. Restait à décider de sa destination...
Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsqu'un écureuil roux se laissa tomber sur son épaule alors qu'elle longeait le mur délimitant le Parc Verdoyant : Prince des Frelons avait sans doute trouvé le temps long dans son écurie, elle ne pouvait pas lui reprocher de s'en être échappé.
Elle songea subitement à Isüde, qui avait semblé intéressée par les plantes qu'elle pourrait éventuellement lui rapporter. La saison était trop peu avancée, sans doute, mais les racines pouvaient se ramasser en toute saison, et certaines fleurs étaient précoces.... Et puis, l'herboristerie n'était pas très loin des portes de la ville. Un petit crochet ne prendrait pas longtemps, et avec un peu de chance, l'elfe aurait une commande à lui passer, donnant ainsi un but à son escapade. Et même si elle l'embauchait pour une nouvelle séance de jardinage... tout était préférable à l'inaction et à la morosité de ses pensées.
Ce fut d'un pas résolu et plein d'espoir qu'elle poussa la porte de l'antique herboristerie.
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HRP : désolée, j’espère que je ne dénaturerai pas trop ton herboriste… je l’utilise un minimum !
Quête : Equité
Lorsqu’Astrée pénétra dans la boutique, elle interrompit un chant d’une étrange beauté. En effet, à peine la petite clochette eut-elle retenti que la voix s’éteignit et le visage ridé d’Isudë surgit de derrière une plante gigantesque qui débordait de son pot en lançant des racines aventureuses au petit bonheur la chance. « Oh, c’est toi,fit simplement l’elfe d’un air distrait.Attrape-moi cette faucille, tu veux. » Elle fit un geste vague en direction du comptoir et se remit à chanter. C’était une mélopée délicate, presque une berceuse, dans une langue qu’Astrée ne connaissait pas. Mais la main tendue de la vieille femme, qui attendait son instrument, ne paraissait pas d'aussi douce composition.
Le chant était si beau qu'Astrée s'en voulait presque d'avoir choisi ce moment pour entrer dans la boutique. Elle avait probablement dérangé l'elfe dans une tâche importante... Elle était frappée par la douceur de la mélodie, la beauté des sons de cette étrange langue. Elle avait entendu l'elfe incanter brièvement, l'autre soir, pour ouvrir les taillis sur leur passage dans le parc. Mais ce chant n'avait rien à voir...
Elle était si attentive à la mélodie qu'elle mit quelques secondes à repérer la faucille sur le comptoir. Elle la déposa aussitôt dans la main tendue, impatiente, qui semblait presque lui reprocher son hésitation. - Tenez, souffla-t-elle à voix basse, désireuse de ne pas troubler la concentration de l'herboriste.
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Sans cesser de chanter, Isudë joua alors de son instrument tranchant, en rythme avec les phrases qu'elle prononçait. Elle coupa toutes les racines qui s'étaient échappées du pot et passa un doigt couvert d'une poudre rouge sur chacun des moignons. Ensuite, son chant se fit plus doux encore, les mots se lovèrent les uns dans les autres, jusqu'à ne plus former qu'un fredonnement indistinct, puis la vieille elfe se tut, les yeux clos.
Un battement de coeur plus tard, elle les dardait, aussi vifs que d'ordinaire, sur Astrée. " Ne vas pas t'assoupir à ton tour, tu n'es pas une plante !" s'exclama-t-elle en se dirigeant vers la rôdeuse.
Elle lui mit les racines dans la main. " Réduis-moi ça en fines lamelles, tu trouveras le matériel par là..." Geste vague à nouveau, mais ce n'était pas la première visite d'Astrée dans la boutique. " N'en perds pas une fibre, les Baaras sont sourcilleuses quand il s'agit de leurs rejetons..." De son côté, Isudë alla farfouiller dans une étagère, sans plus prêter attention à Astrée. En apparence, du moins. " Tous ces soupirs, fit alors l'elfe.C'est à cause du garde du corps, je parie ?"
Astrée sursauta. Appliquée à couper soigneusement les racines de baaras -sans avoir la moindre idée de ce qu'était cette drôle de plante-, elle n'avait pas eu conscience de soupirer. Du moins pas si fort que ça... - Oui,admit-elle,c'est à cause de mon compagnon. Elle précisa aussitôt : - Il est parti rendre visite à son père malade, je ne sais pas pour combien de temps. Entre une décade et un mois je pense. Et passer tout ce temps seule en ville ne me réjouit guère... Parce qu'à bien y réfléchir, c'était bien là ce qui lui pesait le plus. Rester seule n'était pas si problématique : certes, elle penserait souvent à lui, se languirait parfois de lui... mais si elle avait été chez elle, dans les montagnes, les occupations ne manquaient pas et le temps aurait passé vite. Ici, en revanche, elle ressentait bien plus fortement son absence. - Je vais sans doute meubler l'attente en partant quelques jours dans la nature, je ne sais pas trop où... D'ailleurs, si vous avez besoin que je vous ramène des plantes...?
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Isudë se retourna et croisa les bras. " Il ne faut pas que ce soit un pis-aller. Une âme distraite qui s'en va battre la campagne ne trouvera que des carottes sauvages, crois-en mon expérience. Et les carottes sauvages, je n'en ai pas besoin, ça pousse comme le chiendent." Elle haussa les épaules. " Mon programme est déjà bien rempli, grâce à toi, entre nous, mais je connais une petite demoiselle qui a besoin d'une cueilleuse avertie. Elle a cependant en tête un périple qui pourrait prendre bien plus de dix jours. Il faudrait voir si tu es prête à prendre le risque que le preux chevalier revienne au château et découvre que sa belle éplorée s'est enfuie pendant la croisade."
Un périple de plus de dix jours ? C'était exactement ce qu'il lui fallait, finalement : mieux valait être de retour après Kasumi pour ne pas avoir à l'attendre...
Elle n'hésita pas un instant et sourit à l'elfe. - Bien sûr que je prends ce risque ! Je l'ai déjà prévenu que je partirais sans doute pour une durée indéterminée. Je lui laisserai juste un message pour ne pas qu'il s'inquiète. De toute façon, lui est ici chez lui, donc même s'il doit m'attendre quelques temps il saura très bien s'occuper sans moi ! Et puis, étant parti le premier, il ne pourrait pas lui reprocher d'en faire autant.
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Isudë se dirigea alors vers Astrée de son pas alerte et posa trois fioles de verre translucide devant elle. Elles étaient vides. " Bon. Remplis-les moi de ces racines... Montre voir... Hum, oui, ça ira. Je vais rester devant pour que la Baara ne les voit pas. Je ne suis pas certaine qu'elle sera satisfaite de la coupe, mais ne t'en fais pas... Elle n'est jamais contente de rien." Elle déboucha les trois petites bouteilles et attendit qu'Astrée s'exécute. " Rends-toi à l'orphelinat des beaux quartiers... Tu trouveras facilement, il dégage une odeur et un boucan caractéristiques qui font grommeler le voisinage. Il y a là une jeune femme du nom de Miranda qui a besoin de simples rares, dont je ne dispose pas. Ça existe, oui. Si tu acceptes de lui rendre service, et je pense que ce sera horriblement mal payé, entre nous, repasse me voir. Autant rentabiliser tes errances, tu ne crois pas ?"
- Miranda... A l'orphelinat des beaux quartiers... Je trouverai sans souci je pense. N'était-ce pas justement la demeure de Sire Artwin, où Kasumi lui avait proposé de demeurer le temps de son absence pour éviter la cohue de l'auberge ? Elle avait refusé...mais décidément, tout l'y ramenait. - Merci pour l'idée, quoiqu'il en soit. Je vous tiendrai au courant, bien sûr. Et peu importe que ce soit payé ou non, au moins aurai-je fait quelque chose d'utile plutôt qu'avoir simplement fui la ville... Elle jeta un coup d'oeil aux petites fioles enfermant les racines de Baara. Drôle de plante, vraiment. - Avant que je n'y aille, avez-vous besoin de mon aide pour autre chose ? Et, tant que j'y suis... j'aimerais bien savoir ce qu'est cette étrange plante... Elle désignait du menton la Baara.
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Isudë posa un regard attendri sur la plante amputée, puis se retourna vers Astrée. " La Baara est une plante rare et caractérielle..." La rôdeuse eut l'impression que les feuilles de la principale intéressée frémissaient légèrement. " Elle chasse les âmes damnées. Elles n'en supportent pas l'odeur. C'était une alliée de choix dans la lutte contre les esprits envahissants, avant que les nouveaux dieux ne débarquent et que leurs prêtres ne récupèrent ce genre de prérogatives. Mais celle-ci est une vieille amie." La vieille elfe se mit à rire doucement. " Allons, allons, tu vas me rendre nostalgique. File plutôt chez Miranda. Si elle t'envoie là où je pense qu'elle t'enverra, j'aurai une petite liste de commissions pour toi. D'ici là, va te promener, jeune fille. Profite de la brise légère qui ne souffle que pour toi."
Interloquée, Astrée observa la plante, tentant d'assimiler ce que l'elfe venait de lui expliquer. Isudë avait le don d'éveiller sa curiosité. Une plante qui repoussait les esprits... Bien sûr, elle avait toujours senti que certains arbres des forêts avaient une forme de personnalité, une sorte d'âme. c'était particulièrement sensible dans les bois les plus anciens, et elle se souvenait très bien de l'oppression qu'elle ressentait en traversant la forêt maudite. Mais cette fois-ci c'était une simple plante isolée. Elle contempla la Baara avec perplexité...et aussi quelque chose qui ressemblait à du respect.
Perdue dans ses pensées, il lui fallut quelques instants pour réagir à la suggestion de l'herboriste. - J'y vais de ce pas, promit-elle, un large sourire aux lèvres.
Remerciant encore une fois l'elfe, elle sortit de la boutique le coeur plutôt guilleret. Elle avait décidément beaucoup à apprendre d'Isudë. Il faudrait qu'elle revienne plus souvent... Mais dans l'immédiat, elle avait une occupation tout trouvée pour les jours à venir.
La tête un peu ailleurs -dans un monde antique peuplé d'étranges plantes-, elle se dirigea vers le quartier sud tout proche, se remémorant avec quelques difficultés l'emplacement exact de l'orphelinat que Kasumi lui avait un jour fait découvrir.
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Revenant de l'orphelinat, Astrée retrouva l'herboristerie pareille à elle-même, à la fois encombrée et lumineuse, envahie par les plantes et les préparations. La Baara avait disparu et Isudë était installée devant une myriade de petites fioles étiquetées de blanc, sur lesquelles elle était en train de calligraphier des pattes de mouche. Son expression d'intense concentration, langue légèrement sortie, avait quelque chose de comique. " La liste est là, dit-elle quelques secondes après qu'Astrée fut entrée. Rien de bien exotique : de la porte-rosée, de l'herbe au foie, de la vulnéraire, de la langue-de-boeuf, du raisin d'ours, du maître des maléfices, quelques autres... Ça fait un certain temps que je ne suis pas allée par là, il y a sûrement quelques plantes rares dont je n'ai pas le souvenir... Mais les vieux sont la mémoire de la pharmacopée, il te suffira de les interroger." Il y avait effectivement un petit parchemin roulé en bout de table.
Astrée s'empara du parchemin, le déplia et le lut. Elle connaissait la plupart des plantes mentionnées, et quelques-unes seulement de nom. Bah, elle suivrait le conseil d'Isudë et interrogerait les anciens. Ils en sauraient autant que les livres soigneusement rangés sur l'une des étagères de la boutique. Et peut-être sauraient-ils quelque chose sur ce fameux Arbre qui Est...
Mais si quelqu'un savait quelque chose, c'était sûrement Isudë. Elle attendit quelques instants, n'osant déranger sa concentration, avant d'hasarder timidement, à un moment où l'elfe paraissait relâcher son attention. - Dites... l'Arbre qui Est, ou qui donne, celui que recherche Miranda... vous en savez quelque chose, vous qui connaissez tant de plantes étranges ?
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La vieille elfe termina encore trois fioles avant de reposer sa plume et se tourner vers Astrée. Elle la regarda un long moment, le visage vide de toute expression, tranquille, puis un sourire arqua ses lèvres. " Je n'ai jamais vu l'Arbre qui Est. C'est une légende d'un autre peuple, et nous autres, elfes, avons déjà tant d'arbres sacrés à comprendre et choyer, vois-tu. Mais je suis une vieille elfe, et les vieux elfes ont tendance à penser que toute légende est une vérité, même si l'herbe et la mousse ont parfois poussé sur le chemin qui y mène. L'Arbre qui Est existe, j'en suis persuadée. Mais je ne sais pas ce qu'il est, au juste. Peut-être est-ce un arbre. Peut-être pas du tout. Peut-être guérit-il mille plaies. Peut-être rien du tout. Peut-être pousse-t-il dans un champ, peut-être parmi des ruines, peut-être est-ce une mauvaise question. Je n'en sais rien, petite Astrée. Comme je te l'ai dit, c'est une légende qui n'est pas à moi."
Astrée resta un moment songeuse. - Je comprends, fit-elle finalement.
Quoique rien n'était moins sûr... L'elfe compliquait encore la vision floue qu'elle avait de sa mission. Peut-être pas un arbre... Mais quoi alors? Et si ce n'était pas un arbre, on ne l'appellerait pas ainsi... non ?
Une chose était sûre, elle ne semblait pas en savoir davantage que Miranda, qui avait visiblement passé beaucoup de temps à étudier les légendes s'y rapportant. La rôdeuse était presque déçue. Mais après tout, nul ne peut prétendre connaître toutes les plantes existantes. Pas même Isudë.
- Merci, Isudë, de m'avoir mise en contact avec Miranda. J'ai maintenant de quoi m'occuper le corps et l'esprit pour quelques veilles... et un excellent prétexte pour crapahuter dans la montagne ! Elle sourit. - Je vous rapporterai les plantes de votre liste, et ce que je trouverai d'intéressant...
Puis, se souvenant qu'elle avait donné l'essentiel du contenu de sa pharmacie à Kasumi avant son départ : - Mais j'aurais besoin de me réapprovisionner... Il me faudrait des écorces de griffe-du-chat, quelques feuilles d'eucalyptus et de sauge, un tout petit peu d'extrait de pavot et de sang-de-dragon... Et ce baume cicatrisant, également. Elle fouilla dans son sac pour en sortir sa bourse, n'osant pas demander à ce que ces fournitures soient décomptées de sa prochaine "livraison".
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Isudë parut sensible au changement d'humeur de la rôdeuse, car elle la dévisagea quelques secondes, les yeux pétillants et le sourire mutin. Puis elle claqua quelques fois de la langue, réprobatrice, lorsqu'elle devina ce qu'Astrée cherchait dans sa besace. " Allons, allons, pas besoin de ces piécettes. Sers-toi sur les étagères, mais viens me montrer ce que tu as pris. Pour la bonne tenue du stock."fit l'elfe d'un ton léger, avant de retourner à ses fioles. Alors qu'Astrée se tournait vers les étagères, la vielle femme se redressa. " Oh, j'allais presque oublier ! fit-elle d'un air malicieux. J'ai une bonne amie, dans ces montagnes, Dymphéa. C'est une vieille sorcière, un peu dans mon genre, mais très vagabonde... Si tu la rencontres, peux-tu lui passer mes salutations ?"
- Dymphéa... D'accord, je ne manquerai pas d'aller la saluer ! Et puis, si elle connaît bien les montagnes, elle pourra sans doute me renseigner... Une "vieille sorcière" dans son genre ? Ce serait certainement une rencontre passionnante.
Astrée sélectionnait avec soin les quelques herbes qui lui manquait. En cette saison, beaucoup seraient introuvables dans la nature. Pour les contusions, pour désinfecter, pour la fièvre... Elle connaissait les simples les plus courants, mais il y en avait tant d'autres dans la boutique dont le nom même lui était inconnu. Isudë lui en avait désigné quelques-unes, lorsqu'elle lui avait apporté sa cargaison, et elle aurait peut-être l'occasion de les tester.
Elle finit par apporter sa petite récolte à l'herboriste. - Voilà ce que je prends... Et merci encore... pour tout ! Je vous ramènerai tout ça,ajouta-t-elle en montrant la liste, soigneusement roulée et glissée dans sa poche.
Elle quitta la boutique le coeur étonnamment léger, vaguement impatiente de partir. Il lui restait tout juste le temps de faire quelques courses avant de rentrer à la Taverne de la Bienveillance.
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Quittant le parc, ils parvinrent dans ce quartier hybride à la limite entre les vastes habitations des riches et les masures des taudis, où vivaient des gens qui n'appartenaient ni à une caste, ni à l'autre. Comme partout ailleurs, les passants observèrent le curieux équipage sans l'apostropher. Et sans doute ne furent-ils pas surpris de le voir s'immobiliser devant la porte de la bâtisse de guingois qui abritait l'herboristerie. La porte était basse mais l'intérieur de la boutique était plus vaste, aussi convinrent-ils d'entrer tous les deux... Byron n'était pas contre se soustraire à l'examen des citadins pour un temps. Il commençait à avoir sérieusement l'impression d'être bizarre.
Ils poussèrent donc la porte et se glissèrent dans la salle encombrée de l'herboristerie. " Verte plaine, je vais tout renverser." souffla le centaure en découvrant les mille pots, bocaux et étagères.
Ses sabots claquèrent sur le sol, provoquant un semblant d'écho. " J'arrive, j'arrive..."fit une voix très lointaine.
" Hum... je crois que tu ferais bien d'éviter de trop bouger, souffla Astrée. Attention à l'étagère à gauche, là." La rôdeuse avança de quelques pas, cherchant du regard un "itinéraire" plus dégagé. Mais il valait mieux que Byron reste tout près de la porte, au moins jusqu'à l'arrivée d'Isudë. Il y avait vraiment trop d'étagères, et tant de bocaux fragiles dessus...
Elle eût une grimace désolée à l'adresse du centaure. " Les boutiques de Luménis ne sont vraiment pas conçues pour les quadrupèdes..." Il suffirait de pousser un peu cette étagère, ici, pour gagner un peu d'espace, mais elle n'osait pas le faire sans la permission de l'herboriste. Elle se contenta donc de déplacer légèrement les pots les plus exposés. Heureusement, elle se souvenait que Byron maîtrisait parfaitement ses gestes et l'encombrement de son corps.
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Byron louvoya entre les différentes étagères, surveillant sa croupe d'un oeil inquiet, rentrant les épaules, baissant la tête. Isudë elle-même ne tarda pas à surgir de derrière une armoire et demeura un instant immobile, les observant en silence, la mine sévère. Le centaure se figea juste derrière Astrée, ignorant manifestement comment réagir. La vieille elfe ne dit rien pendant un moment puis leva une main et se tapota le nez d'un doigt. " Je l'ai senti. Humus, pierres moussues, chêne et tilleul, pissenlits, poil de loutre, soie d'araignée, fiente de geai, première pluie d'été." Byron frissonna. " Déjà de retour, Astrée ? Avec une créature de la montagne. Pauvre, pauvre ami, où es-tu venu te perdre ?"
Astrée était habituée aux manières un peu brusques de l'elfe, et ne s'en formalisait pas. Mais elle comprenait que Byron puisse se trouver impressionné. Sa description olfactive la fit sourire. - Je ne suis pas tout à fait de retour, en réalité, je vais devoir repartir très vite. C'est une longue histoire. Mais je tenais à venir vous présenter... Byron, ajouta-t-elle sur un ton un rien solennel en se tournant vers le centaure. C'est le fils de Dymphéa. Et Byron, je te présente Isudë, qui a autrefois enseigné son métier à ta mère, si j'ai bien compris... Elle sourit au centaure, et se tourna à nouveau vers l'herboriste. - Byron devait se rendre à Luménis comme représentant de son peuple, et j'ai pensé que vous seriez heureux de vous rencontrer...
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Ici se trouve la ville basse, la partie sombre de Lumenis. Les nobles ne fréquentent que peu cette partie de la ville, sauf quand ils cherchent de l'aide pour accomplir les basses besognes qui les répugnent.
