[Ailleurs] Le Château

Message par **Galathée** » mer. 23 oct. 2013, 15:13

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Le vent était glacé et il faisait nuit. Sur ses épaules, le poids bien connu de l'armure. Dans sa main, une épée. Un ciel sans étoiles, voilé. Sous ses pieds, un sentier de terre, autour, des sapins immenses, sombres, qui s'écartent pour révéler une colline escarpée. Au sommet, la silhouette crénelée, éclairée de quelques feux, d'un château-fort, encore lointain. Peut-être une ruine, peut-être pas.
Il allait neiger, on le sentait dans l'air, et un loup hurla quelque part dans la vallée invisible.

Message par **Althéa** » mer. 23 oct. 2013, 16:36

Quête : le hasard fait bien les choses

Terrifiée, elle avait regardé autour d'elle. Ce paysage étrange lui rappelait un lieu tristement familier. Le plan du rêve dans lequel elle avait échoué après avoir sauté de la falaise. Le lieu n'était pas le même, mis à part l'absence d'étoiles dans le ciel couvert. Un instant, elle crut être retournée là-bas pour subir de nouveau des épreuves. Mais il n'y avait aucun pilier, et elle était seule. Elle ne pouvait pas déterminer si elle était vivante ou morte. Elle avait senti son corps prendre la consistance du verre et exploser en un millier d'éclats. Elle rêvait peut-être. Mais dans quel état ?

Pour vérifier, elle tenta de faire bouger les mains de sa main droite. Brisés par un coup de bouclier maladroit, ils avaient perdu de leur mobilité. Chaque fois qu'elle rêvait, ils bougeaient de nouveau sans mal. Elle regarda autour d'elle, sentit le poids de l'armure, le vent froid. Le contact d'une épée dans sa main. Elle aperçut le château niché au dessus de la colline. Il lui sembla être tombée dans une sorte de conte. De ceux dans lesquels les princes prenaient les châteaux d'assaut, toujours dans le but de sauver leurs princesses. Elle en aurait presque ri si elle n'avait pas si peur.

Elle entendit un loup, se dit qu'il ne devait pas être seul. Elle n'avait pas envie de jouer les héros, mais encore moins celle de mourir de froid ou de finir dans l'estomac d'un loup. Alors, prenant son courage à deux mains, elle s'engagea sur le sentier en direction du château.

Message par **Galathée** » mer. 23 oct. 2013, 16:50

Quête : Le hasard fait bien les choses.

En bougeant la main droite, Angèle avait retrouvé la raideur caractéristique de ses doigts, vestige de l'ancienne blessure. Pourtant, la sensation était un peu différente, et elle eut l'impression qu'elle aurait pu contraindre son corps à retrouver sa souplesse d'antan. Mais il faisait nuit, froid, elle avait un long chemin à parcourir avant d'atteindre le château, aussi ne put-elle s'y consacrer dans l'immédiat.
Elle fit quelques pas sur le sentier, quitta le couvert des arbres, et vit une forme légèrement luminescente qui l'attendait en bordure du chemin. C'était un cheval d'une blancheur presque spectrale, caparaçonné de métal, le regard vif, qui hennit doucement lorsqu'elle s'approcha. Elle remarqua qu'il portait le symbole de Tyr gravé sur son armure. Entrelacé d'une rose.

Message par **Althéa** » jeu. 24 oct. 2013, 10:09

Quête : le hasard fait bien les choses

La sensation dans ses doigts la déconcerta. Difficile de déterminer si elle rêvait ou non. Mais réalité ou pas, il fallait qu'elle avance et sans perdre de temps. L'armure pesait sur ses épaules et le château semblait encore loin. Elle s'arrêta en voyant le cheval, stupéfaite. Un cheval blanc, caparaçonné et blanc. Comme sorti d'un conte ... La balance et la rose la ramenaient cependant à sa propre réalité. Le symbole de Tyr la surprit moins que celui de Sunie. Mais après tout, n'était-elle pas dans sa maison ? Du moins, une partie d'elle-même. Elle eut une prière muette pour les deux dieux, les remerciant de ne pas l'avoir laissée seule. Elle se sentit rassérénée et sentit poindre un semblant de courage.

Elle s'avança doucement vers le cheval, rengainant l'épée pour ne pas l'effrayer, sans faire de gestes brusques. Avec un peu de chance, la laisserait-il le monter histoire de donner une réalité plus tangible à la fable. Le chevalier et son fier destrier. Et l'autre versant : les monstres ... Elle eut le mauvais pressentiment qu'elle n'allait pas tarder à devoir se servir de son épée.

Message par **Galathée** » jeu. 24 oct. 2013, 10:31

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Le cheval l'accueillit en selle sans faire d'écart. Dès qu'elle fut perchée sur son dos — les étriers avaient juste la bonne longueur —, il se porta vers la piste et prit le petit galop, une allure régulière et sans heurts, confortable mais rapide. Le vent était implacable et la vitesse en raviva la sensation glacée, si bien que la paladine dut se pencher sur l'encolure de sa monture pour s'en protéger. Il se mit à neiger, en flocons furtifs, épars, humides, mais le destrier ne ralentit pas. Il continua à cheminer, cheminer, cheminer encore.
Et puis il y eut la lueur d'une torche et une silhouette se dressa sur la route, agitant une main. Le cheval blanc s'immobilisa et hennit à mi-voix en secouant la tête. Angèle reconnut le visage de Moïra, cheveux noués, dans une tenue de cuir qui, si elle était seyante, ne lui ressemblait pas vraiment. Elle avait une dague passée à la ceinture, les traits sérieux, le regard concentré. Elle se fendit cependant d'un sourire.
" Dame ! Vous voilà enfin !"

Message par **Althéa** » jeu. 24 oct. 2013, 11:45

Quête : le hasard fait bien les choses

Certains détails tels les étriers impeccablement ajustés renforçaient le versant onirique. La neige et le froid lui conféraient une réalité tangible et fort peu agréable. Elle s'était penchée sur l'encolure de la bête afin de trouver un semblant de chaleur. Elle n'avait pas chevauché depuis Graëlon - une éternité, lui sembla-t-il- et elle en retrouva avec plaisir les sensations. Prudente, elle guida sa monture qui lui semblait faire corps avec le vent, évitant autant que possible les anfractuosités du chemin.

Elle fut interloquée en voyant Moïra. Du moins, son reflet. Ses vêtements différents, sa coiffure différente, son attitude presque solennelle et le vouvoiement. Mais elle avait l'air de la connaître et cette proximité l'apaisa quelque peu. Un visage ami dans les ténèbres perdues.

"Que faisons-nous ici ?", demanda-t-elle.

Message par **Galathée** » jeu. 24 oct. 2013, 12:14

Moïra saisit les rênes du cheval et se porta à hauteur d'Angèle.
" Comme vous me l'aviez demandé, j'ai interrogé les villageois, dit-elle, concentrée. Mais le château est bien gardé, comme nous le craignons, et le personnel n'en sort pour ainsi dire jamais. Les paysans viennent livrer les victuailles devant les portes et elles ne sont acheminées à l'intérieur que lorsqu'ils sont repartis. Ils disent n'avoir vu le Seigneur qu'une fois sur toute l'année. Ils disent qu'ils entendent parfois des cris ou des pleurs, portés par le vent. Ils disent que personne n'a jamais réussi à franchir la muraille."

Message par **Althéa** » jeu. 24 oct. 2013, 12:49

Quête : le hasard fait bien les choses

Phénomène étrange ... Il lui sembla tomber au milieu d'une histoire en cours de déroulement comme un lecteur choisissant une page au hasard pour commencer un livre. Et elle en était partie prenante. Des murailles imprenables. Le seigneur du lieu qui ne se montrait presque pas. Des sanglots portés par le vent. Le pan de réalité s'étiolait de nouveau. Il leur faudrait sûrement entrer dans le château. Ne serait-ce que pour connaître l'origine de sanglots et des pleurs. Mais avant cela, elle avait besoin de réponses.

"Que sais-tu sur le Seigneur du château ? Qui est-il ? Et sais-tu ce que les paysans lui apportent et à quelle période ? Et qui pleure ?"

Quelque chose lui disait que tout cela avait un rapport avec Devlin ou du moins son reflet. Peut-être le tymoran était-il enfermé.

Message par **Galathée** » jeu. 24 oct. 2013, 13:10

Moïra parut surprise de ces questions.
" Allez vous bien, Dame ? Est-ce le froid, la fièvre, qui ont pris possession de votre esprit ?" demanda-t-elle, inquiète.
Puis un sourire lui déforma le visage.
" Oh non, je comprends, vous voulez vérifier que je ne suis pas un sbire de notre ennemi, ayant revêtu la forme de votre amie pour mieux vous tromper. Mais c'est moi, Moïra, et je connais les tenants et les aboutissants de notre quête. Nous volons au secours de Dame Morgan, prisonnière du seigneur Devlin qui refuse de la laisser partir ! Il devait pourtant se plier aux injonctions du Maître Destin, mais il a abrité Dame Morgan tellement longtemps en son domaine, qu'il n'arrive pas à lui ouvrir la porte. Mais nous allons l'y contraindre ! Ou plutôt vous, car tel est votre rôle sacré !"

Message par **Althéa** » ven. 25 oct. 2013, 12:34

Angèle commençait à comprendre. Il ne s'agissait pas d'un rêve ou d'un conte. Il s'agissait une sorte d'allégorie. Ce constat ne lui apporta rien, à part peut-être d'avoir pu donner un nom à ce qu'elle vivait. Nommer parfois faisait du bien. Apporter quelques notions à un inconnu effrayant. Alors Devlin aimait encore Morgan ? N'arrivait pas à lui ouvrir la porte ? Était-il resté enfermé si longtemps qu'il avait fini par aimer les murs de sa prison ? Ou l'aimait-il, au delà de cette malédiction ? Elle se rappela ce qu'avait dit Jehanna à son sujet, quand elle était allée à la recherche de Morgan. Il était resté assis, tendu, un bon moment ... Peut-être luttait-il ... Elle spéculait, se perdait en conjectures.

Elle repensa à tout ce qu'il lui avait dit ... Elle l'avait mal jugé, ne lui avait pas trouvé d'excuses. Elle avait pensé qu'il y avait une justice compte tenu de ce qu'il avait fait. Elle n'avait pas voulu voir qu'il souffrait. Ou avait crû qu'il n'en avait pas le droit. Peut-être aurait-elle dû lui parler un peu plus.

Il y avait ce château maintenant. Une réalité bien concrète, aussi glaçante que le vent. Morgan qu'elle devait libérer. Qu'elle devait laisser partir. Ce n'était pas l'extirper, simplement lui ouvrir la porte. Faire qu'elle devienne souvenir. On ne pouvait pas retenir les fantômes ou l'on finissait par les rejoindre. C'est ce qu'elle avait fini par comprendre. Et c'était ce qu'il fallait qu'elle dise à Devlin. Elle n'avait pas envie de se battre contre lui. Elle voulait lui parler, tout simplement.

"Peut-être arriverons-nous à le raisonner.", finit-elle par dire.

Message par **Galathée** » ven. 25 oct. 2013, 12:46

" Peut-être, dit Moïra, la mine sombre. Mais pour cela, il faudra déjà que tu parviennes jusqu'à lui."
Elle eut un sourire.
" Mais tu es capable de tout, je le sais, quand tu luttes pour la justice !"
Elle lâcha les rênes du cheval.
" Fais bonne route, mon amie. Je t'attendra à l'orée du bois à l'aube. Je suis certaine que tu réussiras."
Puis, sans attendre de réponse, la jeune femme repartit dans la plaine, emportant sa torche tremblante dans le vent hivernal.

Message par **Althéa** » ven. 25 oct. 2013, 13:27

Quête : le hasard fait bien les choses

Angèle regarda Moïra s'en aller jusqu'à ce que la lumière de la torche disparaisse. Il était difficile de la laisser partir, présence lumineuse et rassurante. Mais ce n'était pas son histoire. Elle ne se sentait pas capable de tout et n'avait jamais pris un château d'assaut. Elle se sentait bien petite face à la mission qui lui incombait. Elle savait négocier, pas escalader les murailles ! Mais il fallait qu'elle avance, et surtout qu'elle réfléchisse. Déjà, elle allait observer, se rendre compte de la configuration du lieu et de la densité de ses occupants. Elle pensa à Morgan ou du moins son reflet. Elle était là, vivante presque à portée. Peut-être aurait-elle l'occasion, une fois seulement de lui dire au revoir, lui dire à quel point elle l'avait aimée. Elle pensa à Brandon Devlin, toujours gisant sur son lit et qui avait sans le savoir érigé des murailles autour de son amour perdu. Elle pensa aussi à Soren, retrouva un semblant de courage.

Elle poussa le cheval jusqu'au château, du moins jusqu'à la lisière des arbres. Si elle avait besoin d'être discrète, il ne fallait pas qu'on la voit arriver.

Message par **Galathée** » ven. 25 oct. 2013, 13:51

Plus elle progressait, plus Angèle parvenait à distinguer la forme du château qui se dressait devant elle. Il était gigantesque et noir, quelques fenêtres éclairées de rouge, seulement, ses créneaux paraissaient à moitié en ruines, ses murs couverts de lierre et de moisissure. Les tours qui flanquaient le pont-levis brillaient de flammes, à l'endroit où devaient se trouver les sentinelles. Mais avant même d'atteindre la muraille, Angèle vit un mouvement dans l'ombre. Il y avait quelque chose devant les portes, une créature immense, lovée entre les pierres et dans les douves. Le cheval blanc de la paladine s'immobilisa comme deux yeux jaunes s'ouvraient dans les ténèbres, brûlants. Leur pupille noire, fendue, scrutait la nuit et Angèle entendit un grondement sourd. Petit à petit, grâce aux feux qui brillaient en hauteur, elle parvint à déterminer qu'elle avait devant elle une sorte de gros chat... à moins que ce ne soit un dragon... L'apparence de la chose paraissait mouvante, oscillante, tantôt poilue, tantôt cornue, tantôt ailée ou écailleuse, et sa longue queue se hérissait de piquants avant de devenir multiple... ou serpentine... ou invisible...

Message par **Althéa** » ven. 25 oct. 2013, 19:32

Le château n'était qu'une ruine, un décor désolé peuplé de rouge, d'ombres et de feu. A mesure qu'elle progressait, au rythme des sabots du cheval, Angèle sentit le doute l'envahir. Était-il possible que quelqu'un puisse vivre là ? Qui donc hormis Devlin et le vent sifflant à ses oreilles ?

C'est alors qu'elle vit la créature devant elle, son grand corps, ses yeux jaunes. Était-il possible que ce fut un dragon ? Sa vue lui coupa le souffle pendant quelques instants. Allégorie, rêve ou contes n'existaient plus. Tout se fondait devant le monstre. Ou plutôt le seigneur local ? Elle serra les rênes du cheval, prête à réagir à la moindre attaque. Et lança une détection du mal.

Angèle ==> détection du mal ===> dragon

Message par **Galathée** » ven. 25 oct. 2013, 19:56

Le résultat de son sort lui revint comme troublé. Il n'y avait pas de réel mal en cette bête mais elle perçut sa détermination dans son souffle, ou son aura, sa violence larvée, sa fatigue et son énergie, sa faim, sa tristesse, sa terreur, sa joie. En fait, c'était un mélange d'émotions vacillant, à son image de la créature qui semblait ne pouvoir s'arrêter sur une forme, comme un tourbillon, un kaléidoscope d'impressions diffuses. Tantôt Angèle fut persuadée que si elle avançait, elle serait attaquée et dévorée, tantôt elle eut la conviction que la créature ne la regarderait même pas, ou qu'elle s'enfuirait, lui poserait des questions ou s'évanouirait en fumée. Quoi qu'il en soit, il faudrait s'élancer tôt ou tard...

HRP : lance deux d10 et envoie moi le résultat par MP

Message par **Althéa** » ven. 25 oct. 2013, 21:43

Neutre ou hostile ? Impossible à savoir. La créature paraissait insaisissable semblant hésiter entre une foultitude d'émotions contradictoires. Et c'est ce qui la rendait plus effrayante encore. Mais il allait falloir qu'elle avance. Elle n'attaquerait pas sans raison valable mais ne resterait pas non plus sans défense. Aussi prit-elle son bouclier plutôt que son épée. Elle ne pouvait de toute façon pas manier les deux et diriger sa monture.

Elle ne voulait pas non plus se retrouver coincée entre la bête et une porte fermée en cas d'attaque ni tourner le dos au dragon. Aussi décida-t-elle de faire avancer le cheval en diagonale plutôt que de front. Elle adressa une prière à Tyr et poussa doucement sa monture vers l'avant.

Message par **Galathée** » sam. 26 oct. 2013, 08:57

La créature changeante s'immobilisa lorsque la paladine entra dans le cercle de lumière ténue diffusée par les créneaux. Pendant un moment un oeil, deux et mille yeux, verts, jaunes, rouges et noirs contemplèrent la paladine, puis la bête eut un sursaut et se figea sur la silhouette grise et gigantesque d'un énorme humanoïde hirsute, aux petits yeux enfoncés sous une masse de poils, aux mains immenses, larges comme des rondaches, à la stature légèrement voûtée, aux crocs jaunes dépassant sous des lèvres noires. Pendant une seconde, le monstre dévisagea la jeune femme qui s'approchait, puis ses yeux s'écarquillèrent très légèrement et, dans un cri d'horreur, il fit volte-face et détala à grands pas, courant à toute vitesse, jusqu'à disparaître dans le bois qu'il ouvrit d'une tranchée impressionnante. Angèle le vit et l'entendit s'éloigner et disparaître.
Le silence retomba sur le château enténébré. Les lumières dansèrent dans les tours au-dessus d'elle, dont elle ne voyait rien.

HRP : relance moi deux dés 10, et envoie-moi le résultat

Message par **Althéa** » sam. 26 oct. 2013, 13:13

Angèle s'était figée sur place devant la créature, les yeux écarquillés d'horreur. Durant un instant, elle avait crû qu'elle allait se jeter sur elle. Elle avait crispé sa main sur son bouclier, se préparant à l'attaque. Mais à sa grande stupeur, la bête avait crié et tourné les talons. Prise au dépourvu, elle avait failli se mettre à crier à son tour, abandonnant toute dignité, mais elle s'était reprise. Elle l'avait regardé s'éloigner, écartant les arbres sur son passage. Totalement perplexe d'avoir mis en fuite un monstre de cet acabit, puis soudain inquiète, elle regarda derrière elle pour vérifier que s'était bien elle et non pas quelque chose de plus grand tapi dans l'ombre.

Message par **Galathée** » sam. 26 oct. 2013, 13:32

Mais il n'y avait absolument rien derrière elle, sinon le néant de la nuit, la silhouette des arbres distants, la piste de terre et de rocaille qu'elle avait empruntée pour parvenir jusque là. La torche de Moïra s'était volatilisée depuis bien longtemps, et Angèle n'y voyait pas bien loin, dans cette obscurité de nature sauvage, qui paraissait à des milles et des milles de toute civilisation.
Le vent souffla plus fort, faisant vaciller les flammes perchées en haut des tours. Pour l'heure, la paladine était encore à l'abri de l'ombre, le cercle de lumière jeté sur le sol l'épargnant, mais il était impossible pour elle de savoir s'il se trouvait quelqu'un là en haut. Comme elle regardait l'entrée du château avec plus d'insistance, elle vit que les tours, mais aussi le pont-levis redressé se mettaient à trembler, leur forme changeant de seconde en seconde, architecture, matière, matérialité, même. Mais avant d'y parvenir, de toute façon, il fallait encore franchir les douves... ou trouver un moyen de faire abaisser le pont-levis.

HRP : encore deux dés, mdame !

Message par **Althéa** » sam. 26 oct. 2013, 19:16

Angèle regarda le château avec perplexité, peu sûre de ce qu'elle voyait. L'édifice avait l'air de se modeler à loisir au gré d'elle ne savait trop quoi. Parfois, il lui sembla même disparaître pour réapparaître quelques secondes plus tard. Ses tours, son pont-levis, ses fenêtres, ses murailles et ses douves. Il lui était impossible de savoir à quelle sorte de bâtiment elle avait affaire.

Elle commença à réfléchir ... Au moment où elle avait embrassé Devlin, elle avait pensé à un conte avant de s'en trouver partie prenante. Elle avait pensé à une princesse, à un château et même à un monstre. Et elle avait retrouvé les éléments. Étrange coïncidence. Elle ne les avait pas imaginés, ce qui expliquait peut-être pourquoi ils étaient restés flous. Ce qui n'expliquait pas la présence de Moïra et laissait dans l'ombre d'autres variables. Pourquoi le monstre s'était-il enfui ? Avait-il été le reflet de sa propre peur ? Peut-être fallait-il qu'elle invente ...

Pour une paladine aimant le rationnel, ce n'était pas un exercice facile. Elle ferma les yeux. Peut-être sa théorie était-elle fumeuse. Mais il n'y avait personne pour l'entendre. Et elle était la seule à pouvoir la mettre en application. Et après tout, ce n'était qu'un essai. Le château serait petit et en pierre grise. Il aurait de grandes fenêtres. Les douves seraient peu profondes et vides de toutes créatures. Le pont-levis serait abaissé et les gardes ... seraient absents. Elle faillit rire de sa propre naïveté et se força à ouvrir au moins un oeil.

Message par **Galathée** » sam. 26 oct. 2013, 20:56

Malheureusement, les choses ne s'étaient pas exactement passées comme elle l'espérait. Le château demeurait sombre et gigantesque, éclairé de rouge dans quelques fenêtres et au sommet de ses tours. Par contre, certains aspects du décor s'étaient stabilisés : le pont-levis paraissait de bois sombre, retenu par d'imposantes chaînes, pour l'heure inertes. Les douves étaient vides mais hérissées de pieux acérés, placés à environ un pied les uns des autres et donc difficilement franchissables. Angèle pouvait éventuellement tenter de contourner l'édifice pour trouver un meilleur passage, mais les pieux semblaient remplir l'ensemble du fossé, tout au long de la muraille... et seule la proximité des tours de l'entrée offrait assez de lumière à ses yeux humains.

Message par **Althéa** » sam. 26 oct. 2013, 21:09

Pour un peu, elle se serait moquée de sa bêtise. Au moins, le château s'était-il stabilisé. Et peut-être pas par son entremise. Mais le problème était le même : rentrer dans le château. Autour, elle ne voyait goûte. Et s'éloigner de la lumière était prendre le risque de tomber sur d'éventuelles créatures tapies dans l'ombre. Et peut-être celles-ci n'auraient-elles pas peur. Elle n'aurait sûrement pas autant de chance cette fois.

Alors, prenant son courage à deux mains, plus concrètement tenant d'une main son bouclier et de l'autre les rênes, elle fit avancer le cheval jusqu'à être vue.

Message par **Galathée** » dim. 27 oct. 2013, 08:58

HRP : je pense qu'un chevalier tient les rênes de la main bouclier et son épée de l'autre... ou guide peut-être même son cheval des genoux et des talons... mais je ne sais pas si Angèle est douée en équitation / combat monté... o

Au moment où la paladine s'approcha du château, entrant dans le cercle de lumière, un grincement résonna dans le noir et les chaînes qui retenaient le pont se mirent à coulisser. L'assemblage de planches de bois glissa lentement vers le sol jusqu'à heurter le bord des douves avec un bruit sourd. L'arche de pierre qui menait à l'intérieur du château demeurait ténébreuse, Angèle ne pouvait pas voir dans la cour, ni même apercevoir la herse. Etait-elle ouverte, fermée, y avait-il une sentinelle à l'affût ? Il faudrait traverser pour le savoir.

Message par **Althéa** » dim. 27 oct. 2013, 13:19

Hrp : mais heu

bon, quand tu seras revenue, j'aurai complété ma fiche. avec toutes les compétences. Par contre, n'ayant jamais approché un cheval de près ou de loin, je serais bien incapable de savoir ce qui est faisable avec mis à part du steak. *fuit*

Alors, il suffisait d'avancer, tout simplement ? Angèle avait du mal à en croire sa chance. Mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas toujours le cas, que le château ne devait pas être aussi vide qu'il paraissait. Elle n'avait toujours pas l'intention d'avancer de manière belliqueuse mais voulait rester prudente. Aussi conserva-t-elle son bouclier tout en gardant l'épée au fourreau, prête à servir en cas d'attaque.

Elle n'avait pas d'autre choix que celui d'avancer. Elle pria La Main Juste et la Dame aux Cheveux de Feu de la guider dans sa tache. Et mena son cheval au pas.

Message par **Galathée** » mar. 29 oct. 2013, 08:50

Mais peut-être Angèle se trompait-elle de divinité, prisonnière du délire d'un autre... Elle engagea son cheval blanc sur le pont et les sabots ferrés résonnèrent sur les planches de chêne, son assourdissant dans tout ce silence venteux. Rien ne bougeait aux créneaux, dans les tours, devant elle, dans l'arche ténébreuse. Elle était parvenue au milieu du passage quand brusquement, sans prévenir, le sol se déroba sous leurs pas. Le pont lâcha d'un seul morceau, tombant brusquement plusieurs mètres plus bas, entraînant cavalière et monture avec lui. Le choc, lorsqu'il heurta le fond des douves, désarçonna la paladine qui chuta loin de son destrier. Et c'était une chance : le lourd pont avait heureusement brisé les pieux situés sous lui, mais le cheval avait été rejeté en dehors. Il gisait à quelque distance, percé d'une dizaine de pointes acérées. Angèle se redressa, par contre, en sécurité, presque indemme. Pour la bête, il n'y avait rien à faire, elle semblait avoir été tuée sur le coup et déjà, sa silhouette se brouillait, comme si elle était sur le point de disparaître, avalée par l'oubli, son rôle terminé.

Message par **Althéa** » mar. 29 oct. 2013, 20:54

Choquée, sonnée, elle regarda le cheval en train de disparaître. Elle était responsable de son sort. Elle avait mésestimé ses chances, et surtout, sous évalué les risques. Jamais, elle n'aurait dû le pousser jusqu'au pont. Elle sentait sa joue gauche l'élancer douloureusement, sans doute éraflée au moment de la chute. Rien d'autre. Elle avait eu de la chance. Elle s'assit quelques secondes, le temps de retrouver son souffle. Des larmes roulaient sur ses joues. De la peur, de la colère ... A moins que ce ne fut simplement la neige. Mais elle se remit debout. Ses jambes tremblaient. Elle parvint à mettre un pied devant l'autre. Il fallait qu'elle avance. Car le décor pouvait encore changer. Et elle pouvait à son tour disparaître. Quelque chose lui criait que si elle mourrait, elle disparaîtrait tout à fait.

Message par **Galathée** » mer. 30 oct. 2013, 17:07

Angèle put suivre le pont écroulé jusqu'au bord des douves. Le château se dressait en contrehaut, elle en devinait l'arche de pierre et les tours dressées vers les ténèbres de cette nuit couverte, tisons sanglants dans l'obscurité. Il lui faudrait cependant escalader la paroi escarpée du fossé si elle voulait regagner la surface et poursuivre sa route. La terre humide n'offrait que peu de prises utiles... ça et là, une pierre saillait, peut-être plus solide... mais alourdie par le poids de son armure, il n'était pas certain qu'elle parvienne à se hisser de la sorte...

Message par **Althéa** » mer. 30 oct. 2013, 21:29

Angèle regarda le château. D'en bas, il lui parut plus grand, plus terrible, inexpugnable. Tout autour, la nuit noire. Elle se sentait seule, basculée au delà du délire. Ne sachant pas si elle vivait encore. Elle n'avait ni lumière ni corde. Elle sentit le découragement l'envahir, s'immiscer lentement comme le froid. Elle n'avait jamais pratiqué quoi que ce fut qui ressemblât à de l'escalade. Quelques entraînements tout au plus. Le seul avantage dont elle disposait était sa grande taille. Son principal handicap était son armure trop lourde. Elle ne pouvait pas non plus grimper avec une épée et un bouclier à la main. C'était risquer l'accident.

En premier lieu, elle devait se défaire du plus gros poids. Difficile sans aide, mais elle finit par s'extirper de sa carapace de métal. Paradoxalement, elle se sentit mieux, ses mouvements plus libres. Elle resta immobile quelques instants, pour tenter d'apercevoir les premières prises, essayant de repérer à l'avance sa trajectoire vers le haut. Quand elle l'eut repérée, elle s'empara du bouclier et de l'arme. Elle en aurait sûrement besoin une fois là haut. Elle récupéra le baudrier attaché à son armure. Elle attacha l'épée dans son fourreau, passa la courroie de l'écu à son bras, le fit glisser jusqu'à son dos.

Elle respira doucement, pour se concentrer. Puis elle posa le pied sur une brique à l'air assez solide pour commencer son ascension.

Message par **Galathée** » jeu. 31 oct. 2013, 17:00

Allégée, la paladine parvint à se hisser sur une première pierre, une seconde, puis à grimper le long de la paroi terreuse, lentement mais sûrement, maculant ses vêtements de boue noire. Elle ne glissa qu'une fois, se rattrapa avec détermination d'une main à sa prise, puis continua sa longue remontée. Enfin, elle put passer un coude, un second, sur le bord de la fosse, puis d'une traction se soulever toute entière et se reposer sur la terre ferme. Devant elle, à un mètre seulement, béait l'entrée ténébreuse du château, en un tunnel encerclé de pierres, menant sans doute à une cour, peut-être derrière une herse ou une porte, pour l'heure invisibles. Mais soudain, les deux tours se mirent à rougeoyer avec plus de vigueur, et un flot jaune en sortit d'un seul coup, éclaboussant les pierres en dessous, manquant de justesse la paladine qui n'en reçut que quelques gouttes. Assez cependant pour ressentir une brûlure violente... C'était de l'huile bouillante. Et il semblait en tomber des flots et des flots, comme si cela ne devait jamais s'arrêter.

Message par **Althéa** » jeu. 31 oct. 2013, 20:42

L'escalade l'avait éprouvée. Les muscles tendus, elle s'était hissée peu à peu. Grimpant comme elle n'avait jamais grimpé de toute sa vie. Elle avait glissé une fois, s'était rattrapée contre toute attente. Le souffle court, elle avait repris son ascension. Indifférente à ses vêtements maculés de terre, elle avait grimpé. Enfin, elle était parvenue au sommet de sa fosse. Elle avait roulé sans grâce sur le sol meuble et avait pris le temps de reprendre son souffle. Elle avait regardé les panaches de buée sortant de sa bouche. Il faisait vraiment froid. Elle s'assit puis se remit debout, regarda du coté du château.

C'est alors que l'huile bouillante s'était déversé des tours. Un réflexe bienvenu lui permit d'en éviter la majeure partie. Quelques goûtes reçues sur l'avant bras lui apprirent à quoi elle avait échappé. Une brûlure insupportable, collant sa peau à sa chemise. Elle serra les dents, se retint de crier et d'y porter sa main. Elle ne voulait pas gaspiller la force de son dieu, gardant les soins pour plus tard, en cas de blessures plus importantes. Elle sentit le froid de la nuit s'immiscer sous ses vêtements, faisant trembler son corps déjà éprouvé.

Elle saisit son bouclier, prenant garde de ne pas le frotter contre la brûlure. Elle regarda autour d'elle, tentant de repérer une autre entrée ou un autre passage.

La Couronne de Cuivre

[Ailleurs] Le Château

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