[QUETE] Arnaque ou Traque ?

[Seina]

Sur le Quartier des Docks, dans une ruelle sombre et refoulant le poisson pourri, se trouvait un Hangar plutôt délabré. En fait ce bâtiment destiné au stockage de la pèche du Calamar géant avait brulé il y a de cela quelques années. Ruiné, le propriétaire n’avait pu restaurer ce lieu et s’était retrouvé à la rue, obligé de se battre dans les bas Fonds pour survivre. Les Autorités n’avaient toujours pas décidé de ce qu’elle allait faire de ce bâtiment et le laissait pour l’instant à l’abandon. Les Soulards et autres Malandrins s’en servaient fréquemment pour leurs transactions douteuses ou pour passer un petit moment de solitude avec une gueuse racollée dans l’un des bouges infâmes des Marins.


La nuit était claire et un homme de haute stature semblait attendre devant l’entrée de ce bâtiment.

[Agifem]

Mederis arriva légèrement en retard. Elle fut précédée par un caractéristique bruit métallique répétitif, qui laissait entendre clairement aux voleurs et autres personnes aux intentions douteuses que Mederis était soit folle, soit assez courageuse et capable pour se déplacer sans escorte dans le quartier des docks. En tout cas, quelqu'elle soit, elle semblait avoir assez d'armes pour embrocher chaque malandrin sur une arme différente et avoir ensuite assez de métal sur elle pour se défendre contre la garde.

Elle s'approcha de l'homme qui attendait et lui chuchotta quelques mots avec une attitude du dernier suspect.

La louve est dans la bergerie.

Elle regarda son vis-à-vis avec une attitude de méfiance, attendant qu'il lui réponde par le mot de passe qu'elle avait oublié de convenir avec lui plus tôt, mais qui lui semblait malgré tout un bon moyen de déceler un éventuel traquenard.

[Seina]

L'Homme avait été averti approximativement 10 minutes plus tôt de l'arrivée de Mederis... Un cliquetis persistant et crescendo avait annoncé l'arrivée de la Barde telle des clairons acceuillant un empereur Romain. Pas de doutes, c'était bien la femme qu'il attendait... On la surnommait désormais ironiquement à la garde " La Réserve à Métal"...


Elle lui chuchota une drôle de phrase à l'oreille. Il essaya de comprendre le sens de la phrase.. Il n'y parvint pas et regarda Mederis avec un regard penaud ampli d'incompréhension...

[Agifem]

Mederis fit un pas en arrière, doucement, portant la main sur la garde d'une de ses nombreuses armes.

Vous ne connaissez pas le mot de passe ? Qui être-vous ?

Pourtant, difficile de se faire passer pour le lourdaud qu'elle avait vu à la prison. Un tel déguisement ne pouvait être que l'oeuvre d'un illusionniste de talent. Mederis dévisagea longuement l'homme, hésitant quant à la marche à suivre.

[Seina]

L’Homme commença à transpirer… Cette femme était réellement folle ! Nom de Talos ! De quel mot de passe parlait-elle ? Il recula d’un pas en mettant la main sur la garde de son épée.

« Nom d’un Kobold rachitique ! De quoi parlez vous à la fin ! Nous n’avons jamais convenu d’un mot de passe voyons ! pas besoin, vu que cette affaire se passe en vis à vis sans intermédiaire… Arrétez vos délires Femme ! «

Ce serait le comble de s’être pris la tête pour faire sortir discrètement l’équipage du Vaisseau et de devoir tuer son commanditaire pour une stupide histoire de mot de passe à la manque…

[Agifem]

Mederis se détendit, la main lâchant la garde de son arme.

Kobold rachitique, c'est le mot de passe. Bon, où est notre ... cargaison ?

En prononçant ce dernier mot, un sourire se dessina sur son visage, un sourire qui n'avait rien à voir avec les lèvres enjoliveuses d'un bambin. C'était réellement le sourire d'un dément, ou en tout cas de quelqu'un cherchant à se faire passer pour tel.

[Seina]

Malgré le fait que nous sommes en Melandis la Cruelle, le silence qui succéda aux paroles de mederis ressemblait légèrement au silence précédant le passage d'un Ange... Total... hormis le doux cliquetis des armes de la barde qui se balançaient gracieusement au gré des mouvements de la Femme.

Le Garde ne savait plus quoidire, ni penser... Il avait crisé des psychopathes, des meurtriers, des déments, mais quelqu'un comme ELLE... jamais.... Elle était au delà de tout critère de folie...

Le garde se ressaisit... Il lui indiqua l'entrepôt et lui lança un trusseau de clés... puis il partit sans demander son reste... Tel un coup de vent... Jamais il n'avait marché aussi prestement...


Dans l'entrepôt mederis trouva l'équipage au grand complet enfermé dans une chariotte bardée de barreaux de fer. Il étaient là, entassés les uns sur les autres et tournèrent conjointement leur regard vers l'émanation de ce cafarnaum de cliquetis métallique.

[Agifem]

Mederis observa les hommes comme s'ils étaient de la marchandise. Marchandise de mauvaise qualité, d'ailleurs. Elle s'approcha de la porte de fer de la cage, et lui dit :

Soyez-aimable et ouvrez-vous, car Mederis la valheureuse a à faire avec ceux que vous enfermez.

Après un long moment où les hommes à l'intérieur parurent aussi dubitatif que Mederis elle-même, elle se décida à utiliser la clef que le garde lui avait donné pour ouvrir la porte, toujours un peu perplexe que la porte ne se soit pas ouverte elle-même sur cette requête par ailleurs fort aimable. Elle attrapa rapidement le premier homme qui était à portée et le tira dehors, refermant la porte d'un coup de coude distrait, confiante dans la peur qu'inspirait sa silouhette.

Bon, mâle, Mederis t'offre une chance : trouve-lui un navire, car Elle et ses hommes, vous, vont avoir du commerce maritime à faire, du commerce avec les navires marchands luméniens...

Elle éclata aussitôt d'un rire qui en disait long sur son état de démence, à moins que ce ne fut volontaire. Accessoirement, le rire permettait aux moins intelligents des hommes de comprendre la réelle nature de la proposition qu'elle leur faisait, proposition qu'elle n'avait pas l'intention de se voir refusée.

[Seina]

Un Homme se d"tacha de la bande de loqueteux qu'étaient devenus les Pirates. Il semblait avoir subi moins de sévices que les autres et était légèrement plus propre. Visiblement ses compagnons lui avaient cédé une part de leur maigre nourriture.. Mederis l'identifia intuitivement comme l'ancien Capitaine...Kundan le Rouge...


" Eh Ma chérie... Tu es seule et nous sommes Quinze... Dis nous pourquoi on devrait t'obéir ?"

[Agifem]

Mederis dévisagea lentement les hommes un à un, avec un léger sourire en coin. Puis elle se mit à chanter d'une voix mélodieuse.

Nombreux furent ceux qui tinrent tête,
A Mederis la Valeureuse, la tueuse de bêtes,
Parmi ceux-là nombre de paladins et de clercs,
Beaux dans leurs atours et aujourd'hui moins fiers.

Ils L'attaquèrent parfois avec force magie,
Souvent avec des lames ou de la fourberie,
Mais toujours Mederis la Glorieuse triompha,
Et souvent ils connurent le trépas.

Car ils ignoraient qu'Elle a toujours,
Sur Elle une arme du jour,
Etoile du matin pour certain,
Morgenstern qu'elle manie fort bien.

Mais si seulement ce n'était que cela,
Car il est dit qu'Elle a à son bras,
Une épée plus aiguisée et plus dangereuse,
Que la lame acérée de la Faucheuse.

Et dans son dos se trouve une arme,
Qu'aucun nain ne peut voir sans verser une larme,
Une hache double ayant vu plus de combats,
Que les héros avant leur trépas.

Du gobelin le plus vil au dragon solitaire,
Tous disent avoir aussi vu une hache de guerre,
Reflêtant la lune même pendant le jour,
Tant elle file vite malgré son tranchant lourd.

Avant le deuxièlme couplet, Mederis avait sorti de son sac une lyre assez vieille mais au son agréable, et accompagnait ainsi sa voix d'élégante façon devant les pirates médusés.

[Seina]

Les Pirates regardaient Mederis avec un sourire qui en disait long sur leurs pensées… la capturer, la violer puis la tuer.. Peut être les deux derniers dans le sens inverse… On ne crachait jamais sur une occasion de s’amuser… Elle avait beau avoir de nombreuses armes, elle n’en avait pour autant que deux mains… Et ils étaient une quinzaine… Son chant avait beau être joli et divertissant… les frimeurs et les vantards ils en avaient croisé… Ils commençaient déjà à faire craquer les phalanges de leurs mains lorsque le capitaine leur intima l’ordre de ne pas bouger… il s’avança vers Mederis, les mains sur les hanches, le menton droit. Arrivé à quelques pas de la Barde il s’inclina devant elle.

A l’inverse de ses hommes il avait un cerveau… On ne reste pas Capitaine durant dix longues années sans avoir un minimum de jugeote… Cette femme avait réussi à les extirper des geôles de Melandis… elle avait donc soit une influence non négligeable en ville soit beaucoup d’or… De plus il se demandait pourquoi avait-elle désirer les sortir de prison pour les engager et surtout pourquoi était-elle si confiante seule face à quinze hommes sans foi ni loi, avide de chaire fraîche féminine… Tout ceci l’intriguait au plus haut point… mais surtout il sentait le vent tourner… Il avait peu être une occasion en or de se faire un joli petit pactole…


« Dame Mederis, veuillez pardonner à mes hommes leur manque de délicatesse.. ils ont autant de jugeote qu’un merle, et leur intelligence est à la hauteur de leur reconnaissance… »

Des murmures de protestation coururent dans les rangs des pirates.

« Quoi qu’il en soit, je vous dois une fière chandelle pour m’avoir sorti, ainsi que mon équipage, des griffes de la justice Melandienne.. Nous nous mettons donc sous votre commandement un certain temps afin de vous rembourser la dette que nous avons contracté à votre égard…

Sachez, Dame, Que vous avez devant vous la bande de Forbans la plus talentueuse des Côtes de Dorrandin… Et ils sont désormais à votre service… »

[Agifem]

Un sourire apparut sur le visage de Mederis, car elle n'était pas insensible aux flatteries. Elle dévisagea ses hommes avec une expression satisfaite.

Fort bien, voilà qui ne peut que contenter Mederis la Légendaire. Mettons-nous au travail sans perdre de temps. Le plus tôt nous commencerons notre entreprise commerciale, le plus tôt nous pourrons savourer les délices du profit, un jambon dans les mains et un homme sur les genoux ... ou une fille pour vous.

Elle se mit à rire de sa propre blague, avec un enthousiasme largement supérieur à la qualité de ses propos, puis reprit son sérieux.

Capitaine, votre navire est-il encore à flot, ou faudra-t-il que nous en empruntions un au port ?

[Seina]

Le capitaine se gratta la tête...

" Ben voyez vous... j'ai comment pourrais je dire... était delesté de mon bien..."

Une voix jailli, anonyme...

" Mouais il l'a perdu au jeu surtout"


Le capitaine foudroya son équipage du regard cherchant celui qui l'avait vendu.


" Bon je l'avoue... et on s'est fait piqué alors qu'on allait le récupérer.. Donc pour l'instant je suis sans navire... Mais les Instances Portuaires pourraient nous renseigner sur l'emplacement de mon navire..."

[Agifem]

Tandis qu'il parlait, Mederis s'approcha du capitaine et se mit à le renifler de près.

hmm ... cette odeur caractéristique ... ça ne peut être que la vérité. J'imagine qu'on ne peut pas récupérer votre navire facilement ? Alors pourquoi ne pas en prendre un au hasard, quitte à le débarrasser de son équipage actuel ? De préférence, un navire manostien, cela fera moins de mécontents.

[Mornagest]

Le capitaine acquiesça. Sûr qu'un bateau mélandien... Il risquerait une nouvelle fois sa peau. Et il n'aimait pas le danger au point de se retrouver encore en cellule.

"C'est d'accord pour un vaisseau helmite. En plus je déteste ce misérable dieu de pacotille. Autant lui supprimer quelques serviteurs. On devra sans doute les tuer. Ca doit pas vous faire peur, si ?".

Il toisa Mederis d'un oeil glauque. Il n'avais pas entière confiance en cette folle, femme qui plus était...

"Doit y avoir ça tout prêt... Que'qu'chose comme un bateau de pêche, ou je sais pas quoi, j'ai pas eu d'informations depuis des jours, vous comprenez ? On jette un coup d'oeil ? C'est pas loin d'ici.".

[Agifem]

Mederis regarda le capitaine d'un regard méprisant, avec toute l'allure, la prestance et l'arrogance d'une chef devant ses serviteurs obéïssant et dévoués.

Vous n'espérez tout de même pas que Mederis la Demi-Déesse, l'Avatar de la Beauté et de la Puissance, se salisse les mains sur une tâche subalterne ! Envoyez donc vos hommes pour cette tâche. Et qu'ils trouvent un navire décent, avec force voilure et moult rames. Mederis ne saurait naviguer à bord d'une vulgaire barque de pêche.

Par ailleurs, apprenez que RIEN ne fait peur à Mederis la Guerrière.

[Mornagest]

Le capitaine soutint le regard de la vile barde sans ciller, mais se plia à sa volonté : il lui devait la vie sauve, même si le prix à payer, sa soumission presque totale à cette créature, ne lui plaisait guère...

"Très bien. Je vais aller en reconnaissance. Mes hommes me suivront. Quant à vous ? Vous regardez les idiots se faire massacrer ? Ou vous patientez ici sans bouger ? A vous de voir !".

Le capitaine tentait de reprendre le contrôle de lui-même. Il s'énervait face à cette peste, aussi avait-il des difficultés à ne pas s'emporter et la massacrer comme elle le méritait.

[Agifem]

Mederis désigna calmement une taverne au bord des quais, sans vraiment se soucier ni avoir remarquer l'irritation qu'elle provoquai chez son vis-à-vis.

Mederis la Légendaire va s'offrir un rafraîchissement bien mérité. Venez La trouver là-bas lorsque vous aurez trouvé un navire.

Et elle s'en fut calmement en direction de la taverne.

[Mornagest]

Le capitaine maugréa mais accepta malgré lui. Derrière lui, des marins le huèrent pour sa soumission face à cette faible femelle. Mais sa dette restait impayée.

"Bon. En avant les gars ! On va se trouver un bateau, un vrai de vrai, et on massacrera ces culs-bénits de manostiens sans pitié !"

"Ouais !" répondirent-ils en choeur. Si le fait d'être commandés par une femme les déplaisait, la perspective d'une tuerie les enchantaient enrevenche beaucoup plus.

Les hommes remontèrent donc rapidement la jetée, à la recherche d'un navire solide et rapide, mais également en provenance de la cité bénie.

Un seul bâtiment correspondait à ces trois critères. Il était assez proche des entrepôts, mais ces derniers n'étaient pas (ou peu) gardés. Aussi les marins n'eurent-ils aucun problème à monter sur le pont grâce à l'amarre, et investir les lieux.

Ce fut un beau massacre, silencieux mais sans merci. La plupart des assaillis dormaient du sommeil du juste, et n'offrirent que peu de résistance. Seuls quelques mâtelots occupés à réparer une voile déchirée maculèrent cette dernière de leur sang.

Les corps furent jetés à l'eau, discretement, et le capitaine revint vers la taverne, pour y retrouver la barde.

"C'est fait, ma dame", lui annonça-t-il simplement, en s'asseyant en face d'elle, à table. "Nous partons quand vous voulez".

[Agifem]

Quand le capitaine s'assit à la table de Mederis, il lui fallut quelque instants pour réaliser qu'elle était en train de manger, et non en train d'achever un gobelin qui avait tenté de lui voler sa bourse.
Elle était assise, calmement, les restes à demi mangé d'un poulet rôti dans les mains, qu'elle mangeait avec un manque de savoir-vivre d'une évidence frappante. Des os dudit poulet jonchaient la table, ainsi que le sol à ses pieds, et on y trouvait même quelque morceaux de viande qu'en d'autres circonstances, on aurait trouvé très appétissants.
A côté se trouvait une belle choppe remplie d'un liquide alcoolisé, mais dans lequel on trouvait également quelques morceaux de poulet, dont le capitaine préféra ne pas se demander l'origine.
Mederis s'adressa à l'homme, la bouche pleine, dans ce qu'au premier abord on aurait dit une langue étrangère.

Faites donche le plein che vivres, nous naviguerons au moins unche lune. Che vous rechoins tout che chuite.

Elle déposa alors devant l'homme une pierre précieuse de grande valeur, une émeraude suffisante pour acheter plusieurs tonneaux de charcuteries de qualité et l'alcool qui irait avec. De quoi remettre sur pied tout l'équipage et le nourrir pendant au moins un mois.

[Mornagest]

Le capitaine restait intrigué... non. Il devenait subjugué par cette créature, si folle en apparence, riche, hautaine.... dans le désordre. Il n'en finirait pas d'en découvrir sur sa personnalité tellement bigarrée.

Mais pour l'heure, il se devait d'accomplir cette tâche de ravitaillement. Il empoigna rapidement la gemme, se leva et prit congé d'un signe de tête.

Il allait avoir fort à faire, pour réunir autant de réserves. Mais l'émeraude confiée par Mederis l'aiderait sans nul doute à pousser les marchands à faire dilligence.

Il passa, avec plusieurs de ses hommes - les autres préparaient le bateau pour le voyage, quelques heures à commander, comparer, estimer les provisions dont ils auraient besoin pour le mois à venir.

Une dure journée. La fatigue du combat, accumulée à ces marchandages incessants, acheva le capitaine, qui revint, le dos légèrement voûté, auprès de la barde, pour lui annoncer que tout était fin prêt.

[Agifem]

Mederis se trouvait à la même table, un peu plus sale qu'avant, et extrêmement concentrée à peindre un vulgaire caillou de la taille d'un poing, qu'elle avait taillé elle-même dans une forme quelconque mais non naturelle.
L'ensemble du travail d'artiste se comparait à une dizaine d'autres cailloux, posés sur la table, qui semblait l'aider à créer un nouvel exemplaire de caillou taillé et peint selon un modèle énigmatique.
Elle leva les yeux vers le capitaine et accueillit la nouvelle avec un sourire.

Mederis est prête à partir. Mettons-nous en route. Trouvons une route commerciale et voyons à quel point le commerce est un métier dangereux.

Un sourire se dessina sur ses lèvres à ses mots, un sourire qui encore une fois trahissait un état avancé de démence.

[Mornagest]

Le bateau affrêté, les membres l'équipage prirent place à leur poste, tandis que Mederis et le capitaine montèrent à bord.

Amarre larguée, voiles hissées, le navire quitta le quai en toute quiétude, en cette belle matinée claire. Nul, à terre, ne songeait à vérifier que les mâtelots étaient bien manostiens. Et nul ne s'étonna de retrouver, quelques jours plus tard, un cadavre étendu mollement sur la grève, quelques centaines de mètres au-delà du bassin...

A bord, le capitaine donnait ses ordres, toujours d'une voix autoritaire. Il fallait conserver sa place, et pour cela, montrer son emprise sur les autres. Dans un sens, il faisait cela autant pour lui que pour prouver à Mederis qu'il valait la peine qu'on lui fasse confiance.

"Alors, maintenant... A vous l'honneur de décider de notre route. Ou du moins, de notre destination. Je nous charge d'y arriver le plus vite possible", ajouta-t-il d'une voix claire. Il était fatigué, mais se devait de rester éveillé afin de surveiller ses hommes.

Aucun doute, quelques-uns reluquaient la barde en catimini... Ils n'avaient pour la plupart plus vu de femmes depuis des mois.

[Agifem]

Mederis contemplait l'océan et le ciel avec des yeux d'enfants. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits.

Donnez des armes aux hommes. Assurez-vous qu'ils sachent s'en servir. Ensuite, mettez le cap vers Manost. Trouvez un navire isolé qui vienne ou aille vers Manost, qui transporte des biens précieux, et faites en sorte que ces biens arrivent dans notre calle. Mederis la Valeureuse a-t-elle besoin de vous expliquer les détails ?

[Mornagest]

Il n'était pas sûr d'aimer son ton. Le capitaine commençait doucement à se sentir offusqué des remarques hautaines de leur délivreuse. Viendrait un jour où elle paierait ses répliques acides...

"C'est entendu. Cap vers l'Ouest !"cria-t-il à ses hommes. "Nous disposons de quelques armes. Et nous avons pu nous emparer de ce navire sans problème. La flibuste, ça nous connait", assura-t-il à Mederis.

Le bateau s'en alla tranquillement vers Archik.