[TD][Quête] Vol d'une relique : Dans un bosquet de hêtres roux...

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Les compagnons surveillaient leur respiration. Galathée eut le réflexe de se tourner pour fuir. Althéa avait d’instinct porté la main à son épée, puis s’était ravisée pour écouter. Lothringen s’était immobilisé, observant du coin de l’œil le comité d’accueil. Tout ce nombreux petit monde se bousculait dans la cavité alors que les aventuriers n’avaient pas seulement quitté l’escalier de pierre. Dans leur malheur, ils avaient la chance de n’être pas pris à revers : un repli expéditif était encore envisageable. On pouvait imaginer, dans le pire des cas, d’enfumer tout vifs les locataires des lieux dans leur grotte. Les druides n’étaient pas vraiment censés résister à l’asphyxie… Le semi-drow soupesa aussi l’option « obstruction du passage par invisibilité suprême », ainsi qu’une autre, plus charmante à ses yeux : ténèbres et boules de feu. Pour le plaisir d’user de son infravision…

Tout cela, il l’avait calculé dans l’instant, par simple réflexe. Mais il n’était pas assez sot pour ne pas voir que la situation n’était tout de même pas des meilleures. Et l’un des druides venait, o surprise, d’articuler plus de deux phrases… Lothringen décida de pousser plus avant la discussion, afin d'en apprendre un peu plus et de voir si l’on ne pouvait décidément pas résoudre les choses autrement. En somme, c’était le moment où jamais de se montrer, ahem… diplomate. Le conseiller prit quelques instants à son tour. Ce n’étaient pas les arguments qui lui manquaient. Heureusement qu’il avait eu tout le voyage pour réfléchir à ce qu’il allait dire.

- Faut-il être aveuglé pour parler comme vous le faites…, commença-t-il d’un ton dur mais calme. Est-ce donc cela qu’on vous a laissé espérer ? Que le clergé helmite pourrait quitter Manost pour sauver sa relique ? Que vous nous tuiez à présent ou que nous retournions en ville porter votre message, il ne peut y avoir qu’une seule réaction : les prêtres de Helm n’abandonneront jamais la cité, que la relique leur soit ou non rendue, que les civils soient ou non de cet avis. Ils auront plus tôt de fait de revenir en nombre et d’enfumer le bosquet jusqu’à vous faire découvrir tous les désavantages de la bataille rangée. Savez-vous ce que c’est que le dieu du devoir ? Il haussa légèrement les épaules. Non, il n’y a pas plus de chances de détacher de Manost le clergé helmite que de vous faire quitter ces bois en paix, j’imagine.

Maintenant, cela fait déjà deux fois que nous nous affrontons en vain. Ne serait-il pas temps de rechercher une autre forme de solution ? Contrairement à ce que vous semblez croire, le conseil ne cherche pas à vous éradiquer. Les prêtres qui s’en sont pris à vous lors de la fondation de Manost ont agi sans l’aval de leurs supérieurs. De même pour les tailleurs de weirwood. A chaque fois, nous arrivons après les dégâts pour compter les morts de part et d’autre, arrêter nos fautifs et stopper vos vengeances. Nous demandons pardon pour les crimes du passé. Ce qui ne ramènera pas vos morts, mais pas les nôtres non plus… Nous demandons pardon mais nous gardons nos armes. Ne vaudrait-il pas mieux vous adresser directement au conseil afin de lui faciliter les purges si de tels débordements venaient à se reproduire ? Ne serait-ce pas préférable à une riposte aveugle qui ne résout rien ?

Lothringen reprit son souffle. Plus il y songeait, plus il lui semblait évident que les druides avaient dû être manipulés. Il était néanmoins curieux de voir l’effet de son discours. Au moins l’avait-on laissé parler jusqu’au bout…

[Folken]

Quête : Vol d'une relique

Quelle surprise ! L'un des membres du groupe venait de parler, d'utiliser la diplomatie ! Le druide parut quasi décontenancé, c'était bien la 1è fois qu'une délégation manostienne arrivait sans foncer dans le tas. Mais ses paroles étaient loin de satisfaire à ses exigences :

- Me croyez-vous assez stupides pour aller me jeter dans la gueule du loup ? Et de toutes manières, il est trop tard, nous ne sommes plus que quelques représentants, la relique, ainsi que vos vies serviront en sacrifice afin de venger nos morts. Il serait stupide de rendre la relique après l'avoir payée si chère de toute manière !

Il y eut un instant de flottement dans la grotte...

[Lothringen]

Quête : Vol d’une relique

…Que Lothringen mit à profit pour rectifier le tir en fonction des quelques informations récoltées.

- Combien ? demanda-t-il soudain. Combien les phalanges pourpres vous ont fait payer ce vol et ces meurtres ?

Devant le chiffre astronomique qui fusa aussitôt, il ajouta :

- S’il ne s’agissait que de cela… je peux vous proposer un dédommagement, disons, pour moitié.

On le regarda avec suspicion, semblant douter de sa capacité à s’engager sur la somme colossale que les phalanges pourpres avaient tiré des druides. Même en la divisant par deux.

- Je vois que j’aurais dû me présenter plus tôt. Je suis Lothringen, conseiller à la diplomatie. Autrement dit personne ne vous demande de vous jeter dans la gueule de je ne sais quel loup des villes, et l’affaire peut se régler ici et maintenant si le cœur vous en dit. Il sourit à demi. Celui qui prend des risques, aux dernières nouvelles, c’est moi.

Des risques ! Quitte ou double en effet… Un régal.

- Pour ce qui est de vos morts… Soyez certains qu’ils ont été vengés. J’ai vu en venant des corps de prêtres pétrifiés ou réduits en charpie… qui s'ajoutent à ceux dévorés par les loups il y a quelques temps… et à ceux, plus nombreux encore, que les Phalanges ont conduit à s’entre-tuer. Et je ne parle même pas des purges actuellement en cours à Manost. Le clergé de Helm mettra longtemps à s’en remettre, lui aussi, si cela vous console. Et ce sera beaucoup pour lui que de devoir renoncer à se venger à son tour. Quant à nous, qui ne sommes pas seulement helmites…

Quelques regards de surprise. D’un autre côté, un fidèle du vigilant se permettrait-il ce genre de déclaration ?

- Non, pas un seul de nous quatre… nous ne tenons pas pour autant à voir la cité sombrer dans le chaos à cause de cette relique.

Encore une pause.

- En sus du dédommagement financier qui va à juste titre vous paraître assez dérisoire quel que soit son montant, je peux vous apporter une autre garantie : celle qu’aucun représentant du clergé, de l’armée ni du gouvernement manostien ne se permettra d’approcher à moins d’une portée d’arc du bosquet sans autorisation de votre part.

Il reporta son regard sur le druide qui avait parlé pour les autres.

- J’espère sincèrement que cela satisfait vos exigences, car si je peux m’engager jusque là pour récupérer ce seul objet je ne suis pas certain de le pouvoir davantage.

[Folken]

Quête: Vol d'une relique

Les druides se regardèrent interloqués ; s'ils s'étaient attendus à ça ! Un conseiller ! qui leur proposait quelque chose de viable qui plus est. La méfiance restait toutefois maîtresse de la situation, mais le doute et la réflexion s'installèrent. Il était évident qu'en cas de combat, quelle qu'en soit l'issue, le bosquet finirait sous les flammes et le sang. Ici, un conseiller leur proposait un dédomagement et l'assurance d'une vie tranquile. Une vie tranquille, eux qui se préparaient à disparaître, ils pourraient, pourquoi pas, accueillir de jeunes apprentis et continuer à vivre. Mais était-ce bien réel ? L'homme qui leur proposait celà avait du sang de drow ! Un sang machiavélique et cruel qui ne reculait devant aucune bassesse pour arriver à ses fins.

Un long silence s'installa au milieu d'échanges de regards plus ou moins convaincus. Que fallait-il faire ? L'un des druides, le plus âgé inclinna la tête :

- Je suis las de tous ces combats. Si nous tournions la page ? se tournant vers Lothringen à la condition supplémentaire que les traitres qui nous ont persécutés paient le prix de leurs crimes !

Les deux autres druides, l'air bien moins convaincu, inclinèrent pourtant péniblement la tête ; le signe qu'ils se rangeaient derrière l'avis de leur aîné. Le conseiller manostien venait d'accomplir un miracle : il avait évité l'affrontement innévitable qui leur semblait promis. Le vieux druide marchant péniblement leur amena alors la précieuse relique, emballée dans un morceau de tissu.

- Voilà l'objet de votre quête, la relique sacrée trouvée par les premiers colons sur les lieux même des massacres perpétrés par vos semblables. Nous espérons pouvoir compter sur votre honnêteté conseiller... Sinon....ce serait plus terrible que tout....

Sur ces mots le druides lança un regard insistant directement dans les yeux du conseiller... Puis lui céda la relique.

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique.

Pendant un moment, personne ne dit un mot. Tous étaient conscients de vivre un instant rare : après les déchaînements de violence des derniers jours, c’était la diplomatie et la raison qui avaient triomphé. Nul n’aurait osé parier sur une telle conclusion, et d’ailleurs personne n’y croyait encore vraiment : c’était si inattendu, si irréel… Face à face, les quatre aventuriers et les trois druides ne savaient trop que faire tant la situation était étrange.

Mais bientôt, ils reprirent leurs esprits. Il ne servait à rien de continuer la discussion : tout avait été clairement établi. Lothringen et ses trois compagnons saluèrent donc les druides, puis firent demi-tour et s’engagèrent dans l’escalier.

Arrivés à l’air libre, ils ne s’attardèrent pas. Prenant bien soin d’éviter les funestes lieux de leurs combats, ils sortirent bientôt des bois et prirent la direction de leur campement. Pas un mot ne fut échangé pendant le trajet, comme si chacun essayait d’assimiler ce qui venait de se passer.

Lorsqu’ils parvinrent enfin au camp, ils s’immobilisèrent. Lothringen fit face aux autres et, observant leurs mines mi-pensives, mi déconfites, manqua d’éclater de rire. Quant au barde, il sentit poindre en lui une joie qu’il ne put longtemps contenir : certes, le Conseiller et les druides n’avaient pas conclu la paix par simple bonté d’âme, ils y trouvaient un intérêt mutuel. Mais cela prouvait néanmoins que la paix restait accessible, même dans les pires situation !

L’hilarité gagna bientôt l’ensemble du groupe. Tandis qu'ils réalisaient vraiment ce qui s'était produit. Ils avaient réussit ! Ils avaient la relique !

[Galathée]

Quête: Vol d'une relique (retrouvée!)

Emportés par leur éclat de rire, les quatre aventuriers se laissèrent choir sur le sol et profitèrent un instant de cette détente bienvenue. Il était difficile de définir qui riait, qui pleurait, qui craquait, après une telle montée d’adrénaline. Sans avoir combattu, ils étaient moulus et la sérénité nouvelle des sous-bois les emplit d’une félicité furtive.
" Bon, mais finalement, on peut la voir, cette relique ? " demanda Althéa.
Lothringen les dévisagea un instant et lisant la curiosité dans les trois regards penchés sur l’étrange paquet, l'ouvrit. La stupeur se lut sur leurs visages alors que l’objet pour lequel ils avaient risqué leur vie était dévoilé à la lumière.
" Mais c’est immonde ! " s’exclama Galathée avant de plaquer ses deux mains sur sa bouche. " Enfin, je voulais dire... charmante, vraiment. "
" Moi qui pensais trouver un sujet d’inspiration... " soupira Taliesin. " Ce n’est pas encore pour cette fois... "
" Je n’en voudrais pas sur ma cheminée. " ajouta Althéa.
" Ça tombe bien parce qu’elle va rentrer directement au Temple de Helm. " trancha Lothringen.
" Vous êtes sûr que vous ne voulez pas la garder ? Je pense qu’elle irait bien avec... " commença Taliesin, d’un air malicieux.
Le regard noir que lui lança le semi-drow coupa court à la question. Althéa et Galathée rirent de bon coeur. Mais Lothringen était déjà debout, remballant leur précieux fardeau.
" Nous ferions mieux de nous restaurer avant de rentrer. Il serait dommage que les druides changent d’avis alors que nous nous prélassons dans l’herbe. " dit-il.
Les aventuriers rassemblèrent donc leurs provisions et dévorèrent avidement tout ce qu’il leur restait. Galathée se sentait fébrile et affamée, la tension n’avait pas encore tout à fait disparu de ses muscles, qu’elle voyait de temps en temps trembler, des petits spasmes incontrôlables. Les poils de ses bras refusaient de se coucher et de temps en temps, elle sursautait encore. Son organisme s’était préparé pour quelque chose qui n’avait pas eu lieu, et avait besoin d’un peu de temps pour se remettre. Elle n'était pas inquiète.

Ensuite, ils reprirent leurs chevaux et mirent le cap sur Manost. Rapidement, la jeune rôdeuse déchaussa ses étriers et noua les rênes autour du pommeau de la selle, histoire de profiter de la balade. Elle se sentait épuisée, mais leurs montures étaient fraîches, elles avaient eu tout le temps de se reposer pendant qu’ils combattaient. La jument qu’on lui avait attribuée était une créature particulièrement bien disposée, Galathée se sentait parfaitement à l’aise et doucement, son pas la berça. Elle laissa ses pensées vagabonder au gré du paysage. Quitterait-elle Manost pour regagner les broussailles ? Ou bien irait-elle proposer ses services au Fort ? Ils semblaient avoir des écuries pleines de patients potentiels... A moins qu’une toute autre route ne s’ouvre à elle ? Son imagination dériva sur bien des futurs, alors qu’autour d’elle se déroulait la campagne manostienne, soudain tellement plus bienveillante, comme si le soleil devait y briller pour toujours. Elle était à peine consciente de la présence de ses compagnons, chacun plongé dans ses propres réflexions, et la route défila, heure après heure, lieue après lieue, vers la Cité du Vigilant.

[Althéa]

Quête : vol d'une relique



Ainsi, ils revenaient, en vie … Leur mission prenait fin. La relique allait retrouver sa place au temple au milieu de ses fidèles … Manost retrouverait sa paix Helmite sans savoir qu’elle avait failli tomber dans le chaos, sans savoir que non loin d'elle, un drame dont ils étaient les principaux acteurs s’était joué.

Althéa avait suivi les autres, les mains serrées sur la bride de sa monture, l’esprit vagabondant ailleurs. Qu’allait il se passer pour elle maintenant que tout était rentré dans l’ordre ? Elle allait retrouver sa chambre au loyal paladin, sa solitude … L’euphorie de leur victoire se dissipa peu à peu. Durant l’enquête, elle avait oublié, se concentrant sur les interrogatoires, puis les combats. Maintenant … Le vide l’envahit. Maintenant, il n’était plus question de chercher des réponses, de se battre pour sauver sa vie, celle des autres, mais de se souvenir… Faire face à son cauchemar … à cette absence, à ce mort qui l’emportait déjà…

Contrairement à Galathée, elle ne vit rien de la campagne Manostienne. Les yeux rivés sur ses pensées. Sombre ...Bientôt, elle n’en put plus d’avancer. Non, il fallait qu’elle s’arrête. Un vertige la prit. Elle se tourna vers Lothringen et lui demanda, le cœur au bord des lèvres :

« Ne pouvons nous pas faire une petite pause ? Je … nos chevaux ont l’air épuisés. Nous sommes largement dans les temps, non ? »

Elle espéra que personne ne se soit rendu compte de son malaise.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Le semi-drow se retourna vers elle et la dévisagea un instant. Ils n’avaient pas monté plus d’une demi-journée, mais Althea était singulièrement pâle, ce qui n’avait rien d’étonnant si l’on faisait l’inventaire des blessures qu’elle avait reçues ces derniers temps, que ce soit de la part des ombres ou de l’ours gris : les sorts de guérison ne soignent pas tout à fait tout, et l’épuisement physique et moral en était la conséquence ordinaire. A y bien regarder, les deux autres semblaient eux aussi crier grâce.

- Euh, nous n’avons pas de temps limité, non. Je suppose que nous pouvons nous arrêter, concéda-t-il à contrecœur.

« S’arrêter. Déjà. Encore.», songeait-il. La vérité était qu’il avait hâte de rentrer à Manost, et qu’il n’aimait guère l’idée de s’attarder en rase campagne avec son précieux fardeau entre les bras. Il ne serait véritablement tranquille que lorsque cette relique aurait été remise à Hugues de Breizh, et, paradoxalement, que lorsqu’elle serait repassée sous la surveillance de ceux qui l’avaient déjà laissé échapper. Il n’était pas fait pour surveiller sans cesse un même objet inerte… Pas lui. Encore heureux ! A d’autres cette joie douteuse de toujours nettoyer la poussière des symboles.

Que cette relique – affreuse, du reste, il partageait l’opinion de Galathée – reprenne la place de sa copie sous les yeux bernés de ses fidèles, et que cette mission soit bouclée. Vite.
Alors seulement, il pourrait commencer à bâtir des projets, et à songer à autre chose. A sa prise de fonction, par exemple. Et à sa mise à jour envers le conseil... Trop de demi-mensonges, trop de silences mêlés de honte. Toutes ces trahisons. Ne réagissait-il pas comme s’il était porteur de quelque inavouable secret? Il n’avait pas à rougir de cela, jamais. Il se doutait bien de ce que la réaction des autres conseillers à son annonce ne pourrait être que houleuse - pour ne pas dire plus. Mais il était résolu. Et plus il attendrait, pires seraient les choses…

Néanmoins… on n’y était pas encore, et, pour l’heure, il ne pouvait décemment refuser une halte à ses compagnons : rien ne les pressait, en vérité, que sa propre impatience. Ils s’éloignèrent donc peu de temps après de la route pour établir à nouveau leur campement. Compte tenu de la lassitude qui guettait, la halte se fit au premier espace à peu près plat et dégagé qui s'offrit sous les pas des chevaux. Après avoir bouchonné ces derniers et s’être assuré de la sécurité des lieux, Lothringen, qui ne tenait pas en place, posa la relique dans ses sacoches de selle, puis partit l’arc à la main chasser le repas du soir…

HRP: étant bien établi que nous sommes d'incorrigibles bavards, nous reprenons donc la quête en mode "sur place".

[Althéa]

Quête : vol d'une relique


Les trois autres s’étaient assis, soulagés ou non d’interrompre leur route. Savourant peut être ces instants d’éternité où la douceur de leur victoire était encore entre leurs mains. Taliesin s’était accoudé contre un arbre, et avait sorti sa pipe comme à l’accoutumée. Galathée était restée à peaufiner le bouchonnage des chevaux. Althéa elle, s’était assise non loin du barde. Un silence reposant tomba peu à peu. Le silence… Là venaient les pensées. La bretteuse se leva d’un bond. Non, ne pas laisser les pensées revenir. Pas maintenant. Elle n’était pas encore assez forte pour leur faire front, les soutenir, les accompagner jusqu’à l’acceptation. Elles ne feraient qu’alimenter les plaies déjà ouvertes.

Elle se leva d’un bond et marcha jusqu’à Galathée, décidée à rompre le silence qui déjà l’emprisonnait. Ce n’est que lorsque la rôdeuse se tourna vers elle qu’elle se demanda ce qu’elle allait lui dire. Elle se sentit étrangement gauche presque intimidée. Elle resta quelques secondes à la regarder, muette comme une pauvre carpe puis les mots vinrent d’eux-mêmes sans qu’elle les ait véritablement cherchés.

« Alors, notre belle relique est retrouvée … Qu’allez vous faire ensuite ? »

Elle s’aperçut mais trop tard qu’elle avait peut être été indiscrète.

[Galathée]

Quête: Vol de la relique

(HRP: il faudra nous bâillonner pour nous arrêter!)

Galathée dégagea un petit caillou coupant du sabot du cheval du barde, puis reposa l’antérieur à terre. L’animal s’appuya dessus sans broncher et elle fut soulagée de constater qu’il n’était pas blessé. Ils avaient encore quelques heures de route à parcourir et s’ils ramenaient des montures reposées et bien soignées, sans doute cela impressionnerait-il favorablement les personnes en charge de la cavalerie manostienne...
Relevant les yeux, elle constata qu’Althéa venait à sa rencontre. La jeune femme se campa d’ailleurs à quelques mètres, immobile un instant, et Galathée se demanda si elle avait fait quelque chose de travers. Mais la bretteuse finit par parler.

" Alors, notre belle relique est retrouvée … Qu’allez vous faire ensuite ? "

Galathée la gratifia d’une grimace éloquente.

" C’est une excellente question que vous me posez là. " Elle haussa les épaules. " A vrai dire, je ne sais pas bien. Je pense que je vais rentrer à Manost et... aviser, sans doute. "

Elle jeta un regard vers le ciel. Si seulement ce maudit hibou pouvait réapparaître. Elle leur aurait bien faussé compagnie pour partir à sa recherche, mais elle ne voulait pas sembler ridicule. Tout ça pour un oiseau, elle pouvait déjà imaginer leur mine incrédule. La relique, donc, d’abord. Elle revint à l’instant présent et sourit à Althéa.

" En général, je travaillais pour des fermes... Evidemment, au coeur de Manost, il n’y en a pas des masses... Mais je m’en tire avec les chevaux aussi, donc peut-être que de ce côté-là, il y a des possibilités... Au Fort, ou à cet endroit où on peut laisser les animaux... Manostransport, je pense que ça s’appelle. On verra bien. Il y a toujours des bestioles, où qu’on aille, et elles tombent toujours malades... Au pire, j’ouvrirai un dispensaire pour les pigeons et les rats... " Elle sourit et croisa le regard un peu perplexe d’Althéa. " Je n’ai pas de grandes idées extravagantes, comme vous pouvez le constater. Essayer de risquer un peu moins ma vie, peut-être ? "

Elle tapota amicalement la croupe de la jument qui paressait à ses côtés.

" Et vous ? De grands projets ? Je n’imagine pas que vous soyez du genre à rester en place bien longtemps... "

[Althéa]

Quête : vol d'une relique


Des grands projets ? La question laissa Athéa interdite pendant de longues minutes. Des projets … Se voir dans l’avenir… Un an auparavant, elle aurait répondu le sourire aux lèvres et les yeux brillants qu’elle comptait se marier, mettre la mer en bouteille et s’établir dans un village de la côte. Avoir des enfants et les regarder grandir. Décrocher la lune …

Mais la vie avait fait table rase, la laissant face à un champ de ruines où il ne passait que le vent. Ses yeux se portèrent sur la rôdeuse, comme à la recherche d’une réponse. Qu’allait elle faire à présent ? Elle n’en avait aucune idée. A vrai dire, elle ne possédait qu’une certitude, elle était … Vivre ? Quelle saveur cela avait il ? Un fugitif souvenir passa devant ses yeux. Un regard espiègle caché sous des boucles rousses. La saveur d’un regard … La saveur du souvenir d’un regard … Vivre pour la saveur du souvenir d’un regard … Le regard d’Angelo.

« Tant qu’il reste l’un de nous deux pour se souvenir, peu importe la mort » Une des dernières paroles avant la funeste tempête. Il avait crié les mots couvrant le chant du vent dans les voiles du mat de hune où ils avaient l’habitude de se percher.

Il ne restait plus qu’elle. Déjà un programme non ? Vivre avec le cœur amputé des plus belles richesses. Faire un pas. Elle aurait voulu tout raconter à Galathée, mais sa bouche resta obstinément close. La rôdeuse la regardait sans montrer de signe d’impatience. Un peu gênée toutefois.

« Des projets .., murmura t’elle sans s’en rendre compte, je vais peut être rester à Manost en attendant de trouver ce que je peux faire de moi. Je sais me battre, bricoler, naviguer … Je pourrais me faire marin d’eau douce … paladin ou prêtre helmite, cela pourrait être intéressant »
Un petit sourire triste et elle continua : «Trouver de quoi animer cette coque vide, ça ne doit pas être si compliqué que ça »

[Galathée]

Quête: Vol d'une relique

Galathée sourit timidement. Elle était à nouveau mise face à face avec le trouble de la jeune bretteuse et sans la moindre idée de quoi lui dire...

" Paladin ? C’est sûrement une carrière passionnante... Hum... " Elle sourit. " Mais c’est quand même une vie difficile, non ? Enfin, pas que je connaisse de paladin, mais ils ont toujours l’air tellement... sévères. Et puis sûrs d’eux, aussi... Moi... Enfin... Je ne sais pas, je ne crois pas qu’il existe de vérités... "

Galathée jeta un regard furtif autour d'elle, mais Lothringen n'était pas encore rentré de la chasse.

" Hum. "

Qu’est-ce que tu racontes encore, se sermonna-t-elle mentalement.

" Mais ce serait sûrement bien pour les paladins, je veux dire, s’ils pouvaient compter une combattante telle que vous parmi eux... "

De mieux en mieux...
Galathée porta deux doigts à son front et mécaniquement, posa une main sur le flanc du cheval le plus proche. La douce chaleur de l’animal la rasséréna et elle prit une profonde inspiration.

" Je suis désolée, Althéa. Je sens... Je sens que vous avez vécu des choses difficiles et je ne sais pas bien quoi vous dire... Hum. Pardonnez-moi... "

La rôdeuse grimaça. Tu ferais une bonne psychologue, toi, songea-t-elle avec ironie et amertume.

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique.

La conversation entre Althéa et Galathée avait ramené Taliesin à ses propres projets. Contrairement à ceux des deux jeunes femmes, ils étaient assez précis : maintenant que la Relique était retrouvée, plus rien ne l’empêchait de se livrer entièrement à ses recherches. Certes, il lui fallait terminer son contrat au Loyal Paladin, ce qui le retiendrait le restant du mois ; mais cela n’était pas un problème, il mettrait cette période à profit pou étudier dans les moindres détails le journal providentiel. Lorsqu’il aurait honoré son engagement, il aurait toute latitude pour prendre le premier bateau vers Luménis, puisque apparemment des survivants s’y étaient réfugiés… Ensuite, si ses investigations n’aboutissaient pas – ou même si elles aboutissaient, d’ailleurs – il faudrait probablement envisager une expédition vers Mélandis …

Revinrent alors à l’esprit du barde les sombres rumeurs qui couraient sur la Cité du Chaos. Elles laissaient présager des épreuves et des périls bien plus grands que ceux qu’il venait d’affronter avec ses compagnons... Pourtant, s’il avait la moindre chance de retrouver l’un des siens vivants, il n’hésiterait pas une seule seconde. Jamais il n’avait été sur une telle piste : il ne la lâcherait qu’après l’avoir suivie jusqu’au bout.

Mais pour l’heure, il ne servait à rien de tirer des plans sur la comète : il n’avait pas encore tous les éléments nécessaires pour échafauder une telle entreprise ; cela viendrait en son temps. En attendant, il lui restait quelques semaines qui pouvaient s’avérer fort agréables : autant en profiter !

Taliesin abandonna donc ses réflexions et reporta son attention sur ses compagnons.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Une lande, en soirée. Le froissement des herbes hautes dans le jour qui décline. La nature des humbles insectes, des rongeurs, des fuyards qui s’active au ras du sol tandis que les oiseaux s’agitent une dernière fois dans un chaos sonore plus ou moins assourdissant.

Accroupi derrière un tronc de bouleau, tous les sens aux aguets, un semi-drow, l’arc au poing, sous le vent.

Un lièvre passe.

Cérémonie.
Chant de la corde qui vibre. Sifflement de l’empennage tandis que la flèche fend l’air, frôlant la joue, alerte, traîne d’étoile qui s’effile, si vive qu’elle en devient presque invisible et se plante soudain avec une précision impitoyable dans la fourrure, puis dans la chair du lièvre qui passait. L’animal s’abat sans un cri, dans le confort ouaté de l’herbe encore humide d’une averse passée. Donner la mort pouvait parfois être si propre que cela vous donnait la satisfaction redoutable du travail bien fait. Ce qui changeait fort agréablement, il faut bien le dire, de la boucherie des précédents combats…

Lothringen se releva pour aller ramasser sa prise et récupérer sa flèche. La dépouille allait rejoindre la précédente pendue par les pattes à sa ceinture. Les aventuriers étaient quatre ; deux lièvres suffiraient.

Le conseiller revint sans hâte au campement, profitant de la musique du crépuscule. Concentrer son attention durant l’affût lui avait permis d’évacuer un peu de la tension qui l’habitait. A présent il était presque… serein… à moins que la lassitude n’ait fini par le rattraper à son tour.

Il arriva au beau milieu d’un silence embarrassé. Galathée, encore tournée vers Althea, semblait néanmoins développer un intérêt passionné pour le tortillage de brins d’herbe.

- J’espère que je n’ai pas jeté un froid… lança-t-il en s’accroupissant auprès du feu que ses compagnons avaient un peu laissé mourir faute de l’alimenter régulièrement.

- Euh, non non, pas du tout, nous parlions juste de ce que nous allions faire à notre retour..

Et la rôdeuse lui résuma avec le plus grand sérieux ses projets et ceux d’Althea. Lothringen eut une moue curieuse, se mordit les lèvres, se tordit la bouche, puis se prit d’un fou rire intarissable qui durait et durait. C’en devenait presque gênant.

- Hem, je ne voulais pas être vexant, mais… Il fut obligé de s’interrompre … vous imaginer en paladine, Althea, c’est à peu près aussi drôle que de visualiser le Grand Emissaire reconverti en chauffeur de salle…

Il s’interrompit encore, le temps de reprendre difficilement son souffle.

- Non, sérieusement, on n’embrasse pas ce genre de carrière par dépit, vous savez. Outre que vous y seriez infiniment malheureuse, on ne mettrait pas trois heures à déceler votre totale absence de vocation. Et la foi n’est pas le sujet de plaisanterie préféré des helmites… Franchement, vous ne trouvez rien de plus vraisemblable? Ni mer ni manier de rouleau ne trouvent donc plus grâce à vos yeux?

Plaisantait-il encore, ou son évidente propension à mettre les pieds dans le plat était-elle parfaitement calculée ? Avec un drow, comment savoir.

[Althéa]

Quête : vol d'une relique

Althéa regarda tour à tour Galathée et Lothringen interloquée. Plaisantaient ils ou étaient ils sérieux ? Elle … devenir paladin … et pourquoi pas mettre une robe et aller boire le thé avec des vielles rombières comme le faisaient sa mère et ses sœurs ? Elle resta dans une expression de parfait effarement durant de longues minutes – une bouche mi-close sous un sourcil froncé et son jumeau en accent circonflexe – avant de se décider à répondre avec le plus de sérieux possible :

« Lothringen, vous me décevez. Depuis que je suis à Manost, je me sens … helmite. Ma foi est aussi forte que l’intégrité des prêtres que nous avons croisé. Quand à être paladin … c’est le rêve de toute ma vie. Porter une armure, ne bouger que lorsqu’on me l’ordonne même si l’on a très envie de se gratter le nez, briller par sa bravoure et sa sagesse, son sens du devoir ! Je n’attends que ça ! »

Un petit rire lui échappa …

« Non, soyons sérieux … , dit elle en alignant les mots tels qu’ils lui venaient, je vais m’engager dans la garde Manostienne »

Et au fond d'elle même quelque chose pensa : "Pourquoi pas"

hrp : je ne vise aucun paladin du forum. ce n'est qu'une vision du paladin vu par mon perso.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

- La garde? Pourquoi pas… répliqua Loth d’un air songeur. Mais je dois vous prévenir, la discipline du Cœur radieux est plutôt moins contraignante que celle de la garde. C’est toute la différence entre un corps d’armée et un corps fondé sur les relations interpersonnelles.
Autant que vous le sachiez, il va falloir se lever au son du cor, partager la chambrée, porter un uniforme impeccable, rester au garde à vous aussi longtemps que le sergent ne vous aura pas ordonné dans quel sens quelque important quart de tour accomplir, se distinguer par sa rigueur et son sens de la discipline, faire briller le cuir de ses bottes, surveiller leur écart et se taire quand on vous reprend. Partager son emploi du temps entre les tours de garde et… je vous trouve un peu pâle, jeune fille, remarqua-t-il assez perfidement.

Il avait assisté avec un amusement à peine dissimulé à la décomposition progressive du visage de la bretteuse. La résolution d’Althea semblait fondre comme neige au soleil.

- Vous en rajoutez… murmura-t-elle.

- Que nenni. J’ai porté sur Féerûne plus d’uniformes différents que je n’ai de doigts pour les dénombrer. Pour approfondir mon observation des us et coutumes des uns et des autres, j’ai poussé le vice jusqu’à porter successivement ceux d’armées ennemies… Hé bien, c’est malheureusement partout la même chose, surtout en temps de paix.

HRP: Pov Jesty... En plus tu le fais passer pour un terroriste.

[Althéa]

Quête : vol d'une relique


Se distinguer par sa rigueur et sa discipline, être toujours propre sur soi, avoir une tenue irréprochable, ne bouger que lorsqu’on vous y autorise et encore pour exécuter une manœuvre ! Que de libertés ! Surtout pour une sauvageonne élevée au grand air, habituée à crapahuter dans les voiles et à ne recevoir qu’un nombre homéopathique d’ordres dans une journée. Bien sur, le temps l’avait assagie comme tout un chacun même si les arbres remplaçaient parfois le mat de hune en de très rares occasions …Elle avait même appris qu’il y avait des libertés dans la contrainte pourvu qu’on sache les trouver … Le mot « discipline » ne la faisait même plus bondir au moins que l’on s’amuse à lui hurler dans les oreilles histoire de plaisanter … Mais là … C’était au-delà de tout ce qu’elle avait pu imaginer. Une torture bien pire que de se retrouver nu, dans une cuve à se vider de son sang … On avait la liberté d’être. Mais quand était il de celle d’exister ? Non … C’était au dessus de ses forces. La fin de la réponse de Lothringen avait fini de l’achever. Porter un uniforme. Ne se distinguer en rien de son voisin ni par l’existence, ni par l’apparence et pas seulement à cause du casque. S’habiller comme pour jouer à la guerre, être en guerre contre soi même … Jamais de la vie.
… Elle eut un pitoyable haussement d’épaule avant de murmurer :

« Il est vrai que vu sous cet angle …C’est …heu …ce n’est pas … ce que j’espérais … »

Une fugitive lueur d’espoir brilla dans son regard et elle demanda :

« Vous …ne connaîtriez rien d’autre qui puisse être susceptible de vouloir de moi ? A part la garde, le cœur radieux et la prêtrise … le reste … je ne sais pas »

[Galathée]

Quête: Vol de relique.

Galathée était un peu surprise par l’intervention du semi-drow, qui s’était immiscé dans leur conversation sans crier gare. Bien sûr, il avait vécu des choses qu'elle pouvait à peine imaginer, et avait sans doute de nombreuses choses à leur apprendre. Althéa semblait de surcroît peu sûre de ses décisions, sans doute avait-elle besoin de bons conseils...
Galathée se retourna vers le cheval dont elle s’occupait et vérifia le dernier sabot, par acquis de conscience. Puis elle se tourna vers le barde qui semblait les observer avec un sourire presque goguenard.

« Si vous me donniez un de ces lièvres, peut-être pourrais-je le préparer pendant que vous discutez ? » proposa-t-elle en se retournant vers le drow.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Lothringen se retourna vers Galathée, un peu surpris de son intervention. La rôdeuse parlait si peu qu’il avait encore de la peine à reconnaître sa voix, et en revanche une assez grande propension à oublier son existence pourvu qu’il ne l’ait pas immédiatement sous les yeux. Avec Althea, on n’avait jamais ce problème. Oh, et il avait aussi oublié le repas à préparer… Le barde demeurant toujours plongé dans ses méditations, il ne fallait pas trop compter sur son aide. Un peu honteux, Lothringen tendit les deux lièvres à Galathée, avant d’alimenter un peu le feu. Il n’avait pas oublié la question de la bretteuse.

Est-ce qu’il y avait des carrières de combattants pour des tempéraments comme le sien ? Sans doute, il se souvenait d’ailleurs d’une certaine vampire de sa connaissance qui avait avec la jeune humaine quelques points communs… Hum, Erszebeth avait quand même plus d’endurance et d’expérience. Quoi qu’il en soit, les guildes semblaient la meilleure alternative à l’embrigadement militaire. Et il le dit.

Il pensait bien entendu à une guilde particulière, mais ce n’était sans doute pas l’endroit de préciser davantage ; il n’était pas censé conserver des liens directs avec la Vierge d’argent… ni même connaître son existence, du reste. C’est pourquoi il se contenta d’assurer la jeune femme qu’il y avait toujours moyen de contacter les organisations quand on y était résolu.

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique

Tandis qu’Althéa et Lothringen poursuivaient leur conversation, Galathée s’approcha du feu et s’apprêta à préparer les deux lièvres. Le barde, las de ses réflexions solitaires, ouvrit son paquetage et en tira quelques ustensiles de cuisine. Lorsqu’on passait sa vie à voyager, il fallait bien apprendre à apprêter le produit de la chasse ou de la cueillette : il n’y avait pas toujours une auberge à portée de pas.

L’Elfe s’avança donc vers la jeune rôdeuse, désireux de lui filer un coup de main :

-Puis-je vous être utile d’une quelconque manière, Galathée ?

[Galathée]

Quête: Vol d'une relique

Galathée leva un instant les yeux et sourit au barde.
“Mais vous m’avez l’air bien équipé, dites-moi... On dit toujours que les bardes sont polyvalents, en voici nulle doute une preuve supplémentaire... »
Elle désigna un des lièvres qu’elle venait d’écorcher.
« Je ne suis pas une puriste culinaire, j’ai un peu tendance à taper la viande dans le feu et attendre qu’elle croustille... Maintenant, si vous avez une suggestion alternative, peut-être gagnerez-vous en popularité auprès de nos estomacs ? »
D’un coup de couteau expert, elle dépouilla la seconde bête, retournant la peau comme une chaussette qu’elle arracha d’un coup sec jusqu’à la tête. Le corps sanguinolent de la créature dénudée n'avait rien d'appétissant, mais les aventuriers étaient loin d'être difficiles.
« Alors, une idée ? »

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique

-Hum… Peut-être pourrions-nous partir en quête d’eau pour les faire bouillir, ainsi que de thym et de laurier pour en rehausser le goût… Mais cela pourrait nous prendre longtemps et il est fort probable que nous revenions bredouilles. Et même si nous trouvions eau et herbes, il manquerait toujours un bon accompagnement. En trouver un ici relèverait du miracle ! Je pense donc que faire rôtir les lièvres est la solution la plus rapide et la plus sûre… A moins que nous ne soyons joueurs et que nous tentions de voir si les dieux de la nature sont de notre côté !

Taliesin observa la rôdeuse, guettant sa réaction. Faire cuire dans l’instant les lièvres était la solution la plus raisonnable. Pourtant, la perspective – fort hypothétique il est vrai - de les accompagner de quelques compléments était très alléchante…

[Althéa]

Quête : vol d'une relique


Althéa regardait d’un œil gourmand les préparatifs. Les menus à bord du navire de son père étaient toujours variés … en ce qui concernait les poissons … Jour après jour, elle découvrait des saveurs nouvelles. Maintenant, des lièvres. Le repas promettait d’être bon. Mais il lui manquait un petit quelque chose.

« Attendez, dit elle fièrement, j’ai un petit quelque chose à apporter pour l’agrément »

Elle se rua sur son sac en murmurant : « J’espère qu’elle ne s’est pas cassée pendant les combats … Non, elle a l’air d’aller … Viens là toi … »

Quelques secondes plus tard, elle exhibait fièrement une bouteille de hâle brune.

« Rassurez vous, ce n’est qu’un emprunt, dit elle avec un sourire moqueur, le paladin avec qui j’ai interrogé le prêtre avait besoin de boire pour se remettre de ses émotions : le prêtre Helmite l’effrayait m’a-t-il dit. Sitôt sorti, il a sorti sa bouteille. Le pauvre, il était en plein pêché. Il me l’a tendue quand un de ses supérieurs est venu le chercher. Il a eu l’air soulagé que l’on me trouve avec plutôt que lui …Un paladin de Helm …C’est mieux qu’un emprunt, c’est une bonne action »

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique

Taliesin s’avança vers Althéa et esquissa une révérence, son visage espiègle éclairé par un large sourire :

-Chère Althéa ! Soyez doublement remerciée, car en plus de cet accompagnement miraculeux, vous nous offrez la preuve, s’il en était besoin, que les bonnes actions sont toujours récompensées !

La halte prenait décidément un tour bien agréable et il y avait fort à parier qu’ils ne regretteraient en rien ce petit contretemps ! Mais ce n’était somme toute que justice : ils avaient bien besoin d’un peu de détente après leur expédition.

[Althéa]

Quête : vol d'une relique

Les yeux d’Althéa s’étaient éclairés un bref instant. Un bon repas partagé ... Et le plaisir n’était pas que celui des papilles. Depuis combien de temps ? Ne pas y penser. Oublier…Se concentrer sur le présent. Taliesin et Galathée avaient finalement trouvé un bouquet de thym sauvage un peu plus loin dans la clairière. Le barde se mit aux fourneaux. Quelques minutes après, une odeur à mettre en appétit toute la clairière.

Profitant que les regards et les estomacs étaient tournés vers le repas en train cuire, Atlhéa s’approcha à pas feutrés de Lothringen. Le semi drow se tourna vers elle avant qu’elle n’arrive près de lui. Au moins, elle n’aurait pas à signaler sa présence. Elle regarda autour d’elle pour s’assurer que personne ne l’écouterait et souffla à voix basse :

« J’ai réfléchi à ce que vous m’avez dit sur les guildes … A vrai dire, je ne me vois dans aucune autre structure … Je sais que vous êtes conseillé et que je ne devrais pas vous poser la question … mais … sauriez vous comment les contacter ? Sûrement plus subtilement qu’en allant sur la place du marché nantie d’un panneau « je voudrais faire partie d’une guilde, engagez moi » il me semble »

Elle attendit patiemment la réponse de Lothringen. Quoi qu’il lui dise, elle serait fixée.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Lothringen sourit au souvenir des difficultés qu'il avait eues lui-même à se renseigner sur la guilde, lors de son arrivée à Manost. En désespoir de cause, il avait été questionner Saladrex, le forgeron, sur ses clients, et ça ne lui avait finalement pas si mal réussi.

- Soyez même assurée que faire preuve d'une telle discrétion vous en fermerait définitivement la porte: la plupart des guildes sont semi-clandestines et entendent le rester. Peut-être même les avez-vous déjà cotoyées de plus près que vous ne le pensez... Vous souvenez-vous de ce roublard, presque un enfant, qui nous a accompagné dans les cryptes, et qu'on appelait Basile?

Il est vrai qu'Althea n'avait pas dû y prêter grande attention, dans l'état où elle se trouvait alors. Taliesin, en revanche...

[Taliesin]

Quête : vol d'une relique

-Basile ? Oui ! Il avait fort peu goûté le bain forcé dans les eaux sombres du lac souterrain… Et je le comprends ! s’exclama Taliesin qui passait non loin du semi-drow et de la jeune femme. Il est normal que vous ne vous en souveniez plus, Althéa, ajouta-t-il en voyant sa mine perplexe, vous ne l’avez pas côtoyé longtemps. Mais il avait l’air de savoir ce qu’il faisait !

Le barde retourna aux côtés de Galathée, tandis que la bretteuse se tournait de nouveau vers Lothringen, un demi sourire aux lèvres. Visiblement, elle avait une idée derrière la tête.

-Oui, je m’en souviens maintenant. D’ailleurs, j’aimerais le revois... pour le remercier de son aide. Hum… Je pense que vous pourriez, sans aller à l’encontre de vos fonctions, m’aider à retrouver l’un de ceux ayant participé à ma libération ?

Le conseiller acquiesça. Puis tous deux rejoignirent leurs compagnons auprès du feu : le repas était enfin prêt. Ils mangèrent en bavardant gaiement, réconfortés par la bonne chère, l’ale miraculeuse d’Althéa et la bonne humeur générale. Cependant, l'heure approchait où ils devraient décider de reprendre la route, ou alors de camper une dernière fois en rase campagne avant de regagner Manost.

[Althéa]

Quête : vol d'une relique


L’appel du repos fut le plus fort. Ils y cédèrent sans grande résistance. Ils installèrent couvertures et paillasse dans une clairière qu’ils avaient débusquée quelques heures avant. Peu à peu, le ciel se darda de bleus de rayons de rose. Puis vinrent les déclinaisons de bleu. De plus en plus foncé, de plus en plus opaque. Avec eux cessèrent progressivement les bruits de la nature. Tout s’endormait alentour … Un vent frais se leva caressant les visages, dissipant les tensions … Le vent passant dans les branches, le chant d’une rivière, le hululement d’un hibou … Le chant de la nature … Monté des enfers ou descendu du ciel … Un parfum de fougère et de menthe. L’heure exquise approchait.


Lentement dans le ciel, pleine, pale et incertaine, la lune se leva, baignant de ses rayons argent le calme paysage se reflétant dans quelques lacs. Laissant aux fleurs leur rosée aux détours de sa ronde. Œil de la nature, apaisant et menteur lumière du ciel sombre. Regardant les aventuriers levant les yeux vers elle.


On y voyait comme en plein jour. Un paysage mystérieux et fantomatique. Sinistre et apaisant. Les quatre compagnons se taisaient, en harmonie avec le cadre … À la lumière de la lune tout paraissait différent. Un autre monde s’ouvrait devant eux et leur tendait les bras. Alors, sans se concerter, ils se levèrent et commencèrent à marcher. Les yeux au sol et au ciel. Même lune et nuit pour tous … Mais aucune vie n’était la même … Tous différents sous la même étoile. Mais quelle nuit pour chacun ?

[Taliesin]

Quête : vol d’une relique

HRP : désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris…

Cette promenade au clair de lune fut pour Taliesin un très agréable moment : la tranquillité de la nuit poussait à l’introspection et, tandis qu’il observait la nature parée de ses étranges atours, de nombreux souvenirs lui revenaient en mémoire, se mêlant aux pensées de l’instant présent et aux projets d’avenir. Le tout formait une toile au tissage complexe mais éclairée d’une lumière apaisante, celle de la lune et des étoiles, qui apaisait les doutes et calmait les passions.

De retour à Manost, en manière d’exercice et afin d’illustrer le souvenir qu’il gardait de cette ballade, l’Elfe esquissa quelques vers qu’il se promit de retravailler lorsqu’il en aurait le temps, après son voyage à Luménis et, peut-être, son expédition au cœur de l’empire du Chaos :

Longtemps demeurèrent les quatre compagnons
Fantômes gris face à la mer d’argent
Longtemps demeurèrent, songeant à la vision
Ombres ravies sous le ciel et le vent.

[Lothringen]

Quête: Vol d'une relique

Les quatre compagnons contemplèrent longtemps en silence le grand cerf brun sur lequel tombait la clarté argentée de la lune. Lothringen remarqua que le barde avait l’air fasciné par cette vision. Nombre de légendes ne parlaient-elles pas des grands cerfs, blancs ou non, et de la bénédiction de leur rencontre ; ces animaux, aux yeux des elfes, ne symbolisaient-ils pas longévité, sagesse et bienveillance…
Aux yeux des drows, en revanche, le cerf n’était qu’un gros quartier de viande herbivore plutôt facile à attraper.

Drow ou pas, Lothringen demeurait peu sensible à cette magie. La vision de cet animal rejetait le regard vers la terre, vers la forêt, vers l’immédiat de la nature. Alors que, ce soir-là justement, la lune ouvrait un ciel immense où il était si bon d’abîmer son regard. Se détournant du disque blanc de Selune, le semi-drow levait les yeux vers les recoins les plus obscurs de la voûte céleste, ceux où les étoiles étaient si lointaines qu’on n’en voyait rien de plus qu’un éclat vaguement lumineux, moins vu qu’entr’aperçu, que deviné, que désiré peut-être. Dans ces coins-là du ciel, les étoiles éclairaient moins la terre qu’elles ne donnaient un indice de la profondeur de cette toile sombre où elles se trouvaient prises.

Que certains cherchent leur infini dans l’étendue des mers, dans le recueillement d’un silence, dans la tendresse d’un sourire : la nuit lui suffisait, toujours offerte et toujours proche, porteuse de toutes les senteurs libérées par le crépuscule comme autant de promesses d’apaisement. Si grandes que soient certaines des cavernes de l’Ombre-Terre, aucune ne procurait une telle impression de dégagement - de liberté. Plus rien au-dessus de vos têtes ; plus de menace et plus de maître, plus de limites et plus de peur ; et devant soi, l’avenir qui se révèle, écrit mais caché, comme un grand parchemin noirci, couvert de runes.