[Quête] La Rue Crachot

[Morfea Nwalk]

En provenance de la prison, où il était parvenu à faire parler son prisonnier, Morfea erra un certain temps autour du port à la recherche de cette fameuse rue Crachot, seul indice à peu près valable qu'avait pu lui donner son défunt client.

C'était une rue assez large comparée aux dizaines de ruelles, tellement étroites qu'on aurait du mal à y croiser un homme sans s'écarter, que l'on pouvait trouver dans le coin. Une forte odeur d'égouts envahissait l'endroit, et on entendait au loin des bruits de bagarres que le demi-elfe attribuait à de vieux marins complètement saouls ou peut-être à de jeunes aventuriers en train de se faire détrousser par des brigands avides d'argent. Par chance, la nuit était assez claire, et l'endroit n'avait pas l'air très fréquenté. Jetant un coup d'oeil derrière lui pour s'assurer de n'avoir pas été suivi, Morfea se mit alors en quête d'un puit.

[Mornagest]

La rue, bien que large, était heureusement assez courte. La plupart des maisons étaient assombries par la suie des poëles à charbon utilisés dans toute la ville, donnant au quartier un aspect encore plus crasseux que les autres. Aucun puit n'équipait en revanche la rue, uniquement un fin ruisseau qui coulait au milieu du chemin, et dans lequel coulaient toutes sortes de liquides colorés et odorants.

L'une des sources de ces liquides nauséabonds était encore présente : un poivrot qui vidait le contenu de son estomac directement sous un porche croulant, avec force bruits et grimaces.

Morfea s'était-il mépris sur le nom de la rue ? Ou devait-il fouiller chaque maison à la recherche d'un puit privé ? Il en aurait sans doute pour des heures...

[Morfea Nwalk]

L'endroit n'était guère des plus appréciables. Fort heureusement, le demi-elfe n'avait pas le nez délicat, habitué à la pire des odeurs, celle de la mort, les effluves environnantes n'avaient que peu d'impact sur lui. Elles ne l'empêchaient par ailleurs pas de se concentrer sur les dernières paroles du pauvre bougre qu'il avait envoyé dans l'autre monde. "Briques" Il avait également parlé de briques. Le demi-elfe scruta alors une à une les bâtisses de la rue afin de voir lesquelles pouvaient être faites de briques.

[Mornagest]

Fort heureusement, la plupart des bâtisses étaient faites de pierres. Toutes sauf une seule, en réalité, dont seule la partie supérieure était composée de briques rouge sang. Couleur ô combien agréable à la vue du bourreau, il attint donc avec entrain le porche de la maison, et jeta un coup d'oeil à la devanture de la porte.

La moisissure envahissait les planches en chêne, jadis solides, mais qu'un bon coup d'épaule eut vite fait craquer. Morfaea ne savait au juste s'il devait utiliser le heurtoir pour avertir les gens de sa présence, sous peine de faire s'écrouler son support rouillé.

[Morfea Nwalk]

Le demi-elfe hésita un instant. Fallait-il frapper ? D'une part, il n'était pas sûr que l'endroit soit réellement désert, même son occupant présumé avait rendu l'âme, mais d'un autre côté, si quelqu'un se trouvait là, il pouvait tout aussi bien être de mèche avec son client. Advienne que pourra, Morfea n'avait pas pour habitude de faire dans la finesse. Il envoya alors un grand coup de pied pour ouvrir la porte...

[Mornagest]

La porte céda à moitié. Une bonne partie des planches se brisa en deux, mais un second coup de pied permit à Morfea de se frayer un passage au travers du bois vermoulu.

L'intérieur sentait le renfermé. Toute trace d'activité récente était absente : toiles d'araignées monstrueuses, tas de poussières, pourriture du mobilier.

Prudent, le bourreau avançait lentement. Une embuscade n'était pas à exclure. Aucun son ne troublait le calme presque inquiétant qui régnait en ces lieux déserts. Morfea ententait sa propre respiration, qui lui semblait bruyante. Il toussa brusquement, à cause de la saturation de l'air en particules diverses et irritantes. Pas de réaction, de nulle part.

Trois portes donnaient sur le hall d'entrée, toutes les trois fermées. Elles semblaient en meilleur état que celle qu'il venait d'envoyer valser sur ses gonds.

[Morfea Nwalk]

Morfea se serait cru dans un mauvais rève. Trois portes fermées lui faisaient face, et ses talents de crochetage étaient loin de faire l'affaire puisque nuls. Néanmoins, le bourreau disposait de quelques talents de mages qui lui seraient peut-être utiles pour ouvrir ces trois portes qu'il devait passer coûte que coûte.

Morfea --> Déblocage -- > 1è porte

[Mornagest]

Aucune réaction. Avait-il échoué son sortilège ? De plus en plus perplexe, Morfea s'approcha de la porte de gauche, celle qu'il avait visée, et constata alors... qu'elle n'était pas verrouillée.

Maudissant sa précipitation (et son MJ :eye , il entreprit d'examiner le contenu de la pièce qu'il révéla alors.

Guère plus de trouvailles excitantes, hormis une famille de rats qui se disputait des déchets de viande, peut-être d'origine humaine d'ailleurs, et un nombre incalculables de morceaux de bois, qui formaient probablement un meuble, jadis.

Une nouvelle porte se situait au fond de la pièce, toujours fermée. Toujours le même choix...

[Morfea Nwalk]

Décidément. Drôle de barraque pensa Morfea. Une porte supplémentaire n'était pas pour l'arranger. Le demi-elfe n'avait strictement aucun moyen de vérifier si elle était piégée ou pas. Ce qui était fort envisageable, mais un présentiment le poussa à poursuivre sa route. Le demi-elfe s'avança et ouvrit la porte.

[Mornagest]

Pas de déclic, aucune boule de feu ou projection d'acide pour tenter d'assassiner le bourreau ne vint perturber son avancée dans la maison. La porte coulissa plus facilement sur ses gonds, et elle découvrit une nouvelle pièce, qui contenait un escalier ouvert, dont les marches s'enfonçaient vers les profondeurs de l'édifice.

Une forte odeur de moisi embaumait la pièce, dans laquelle Morfea pénétrait à présent. Vide de tout mobilier, elle paraissait presque propre par rapport aux précédentes.

[Morfea Nwalk]

Cet endroit était surprenant. Jamais le demi-elfe ne l'aurait imaginé si spacieux, vu de dehors. Où celà allait-il donc l'emmener ? Un doute le saisi. Tout celà paraissait bien facile, mais à vrai dire, le malheureux brigand qui l'avait envoyé ici n'avait pas l'aire bien méchant. Néanmoins, un présentiment poussa le bourreau à dégainer un katana qu'il avait emprunté dans la prison. Quand bien même le chemin avait-été des plus tranquiles jusqu'ici, il serait probablement illusoire, ou pour le moins inconscient, de penser qu'un butin l'attendait tranquilement, et qu'il pourrait s'en emparer aussi facilement que s'il avait à se baisser pour ramasser une pièce dans la rue, ce qui était chose rare à Mélandis.

C'est donc l'arme au poing, que Morfea commença à descendre prudemment et sur la pointe des pieds, l'escaliers ouvert...

[Mornagest]

Le coeur battant la chamade, le bourreau inspectait presque chaque centimètre carré des marches qu'il foulait du pied, mais malgré cela, il sentait que le danger se faisait de plus en plus oppressant. Quelque chose l'attendait ici, il en avait plus que l'intuition : la certitude.

Le front couvert de transpiration, il continua sa descente aux enfers, vérifiant chaque fois qu'il posait le pied sur une pierre bien scellée, et qu'il ne risquait pas de glisser à cause de l'eau qui condensait à présent, au point de former un film humide sur les pierres couvertes de mousses.

L'escalier en spirale lui semblait interminable, quand enfin, il en aperçut l'embouchure, quelque dix mètres plus bas que le niveau de la rue...

[Morfea Nwalk]

Le pouvoir d'infra-vision évita au demi-elfe d'avoir à chercher un moyen de s'allumer une torche et lui permit de rester concentré sur ce qu'il pouvait se passer autour de lui. Quel genre d'esprit tortueux pouvait avoir conçu tout ce labyrinthe ? Si aujourd'hui il était abandonné, nul doute que jadis il devait avoir une utilisation bien particulière. Morfea continua sa lente progression, restant attentif au moindre mouvement, prêtant l'oreille au moindre bruit, et surtout faisant gaffe à ne pas mettre le pied n'importe où ...

Ce lieux humide, isolé à quelques mètres au dessous du sol lui inspirait bien des choses. Il pourrait de nouveau retrouver une certaine utilité... qui sait ? celà pourrait lui servir dans un avenir proche, mais pour l'heure, il fallait déjà en éviter les différents pièges qu'il lui réservait.

[Mornagest]

Un instant perdu dans ses agréables pensées de tortures et autres machinations crapuleuses, Morfea fut brutalement interrompu par un son étrange, faible mais inquiétant.

Au premier abord, on eut juré entendre un clapotis d'eau, tel le ressac le long d'une plage, la nuit. Mais le liquide semblait plus visqueux. Peut-être le puit qu'il cherchait était envahi par les algues ?

Mais le bruit s'arrêta un instant, avant de reprendre, plus nettement cette fois.

Tous les sens en alertes, le bourreau tournait la tête avec frénésie. Il s'attendait à tout, ou presque, peut-être à la mort elle-même.

Soudain, derrière lui, un abominable gémissement se fit entendre, tel celui d'une femme qui se faisait agresser dans une rue sombre de la cité, en plus aigu et inhumain...

Se retournant juste à temps pour voir l'horreur qui se mouvait dans sa direction, Morfea reconnut immédiatement l'apparence immonde d'une gelée moutarde, qui semblait vouloir faire des restes du bourreau son prochain repas.

La chose bruissa une nouvelle fois, avant de passer lentement à l'attaque...

[Morfea Nwalk]

Après un court instant de réflexion -il faut dire que la situation ne lui en prêtait guère plus- Morféa se dit qu'il n'était rien de plus insuportable que ce bruit qui commençait à lui taper sur le système. Quoi qu'il en soit, il fallait se débarrasser de cette chose, et vite. Le demi-elfe porta la main à sa besace, et, voyant la forme passer à l'attaque, plongea sur le côté afin d'éviter un lancer de boule de bave difforme, et avala une potion.

Morfea --> potion d'haleine ardente --> Gelée

La gelée fut alors frappée de plein fouet par un jet de flammes qui semblait sortir de la bouche de son adversaire... Tentant de reculer en vain, le jet la suivait ; restait à savoir si celui-ci serait suffisant pour en venir à bout.

[Mornagest]

Poussant un rugissement tout aussi glaçant que le précédent, le monstre se tordit dans tous les sens, mais ne mourut point. Des flammèches demeuraient encore sur lui, tandis que sa masse informe se traînait de nouveau en direction de Morfea.

Alors que celui-ci allait charger, le monstre réitéra son attaque empoisonnée sur sa victime. Surpris par la résistance de la bestiole, Morfea n'évita pas le coup...

Par bonheur, il ne fut pas empoisonné, mais ressentit une décharge désagréable dans tout son corps, et eut immédiatement plus de mal à coordonner ses mouvements, par ailleurs très lents.

La gelée venait de le ralentir de manière substantielle.

[Morfea Nwalk]

L'humiliation pointait le bou de son nez. Le demi-elfe avait bien conscience que ralenti comme il l'était, il devait avoir un air assez grotesque mais le pire était sans doute qu'avec son simple katana à la main et plus de potions de feu dans sa besace, il se trouvait purement et simplement impuissant devant une simple gelée moutarde. Cette simple idée le fit entrer dans une fureur noire. Il n'aurait désormais plus le temps d'esquiver les attaques de la bête. Par réflexe, il se dirigea aussi vite que possible derrière une poutre, qui encaissa à sa place l'attaque qui suvit.

Le demi-elfe avait le souffle coupé, le regard perdu. Comment en était-il arrivé là ? Il se sentait ridicule, et ce sentiment causa en lui une brusque montée de sang dans laquelle il incanta, un sort, comme par instinct :

Morféa --> incinérateur d'Aganazar --> Gelée

La gelée eut le temps de lancer une nouvelle attaque mais manqua sa cible et encaissa le jet enflammé de plein fouet...

[Mornagest]

Cette fois, la chose encaissa violemment le coup. Presque mort, le tas de gelée informe était agité de soubresauts, et lançait des boules de gelée empoisonées dans toutes les directions, en émettant des sons aussi ignobles qu'auparavant, et ce à une intensité plus élevée encore.

Toujours caché, Morfea attendait que les effets de sa lenteur se dissipe... si cela arrivait réellement.

Il entendait la chose qui se rapprochait de sa cache. Presque coincé, il ne savait que faire...

[Morfea Nwalk]

La suite du combat s'annonçait plus complexe. La masse difforme s'approchait petit à petit et finirait bien par arriver à retrouver sa cible avant que celle-ci ne retrouve ses pleines capacités. Le demi-elfe était essouflé, tout étonné encore d'avoir réussi à faire ce que son corps s'était interdit de faire durant des années jusqu'ici : jeter un sort. Il avait presque oublier qu'il savait le faire. Peut-être la situation avait-elle été un élément déclencheur, faisant ressurgir quelque chose qui, inconsciemment, voulait se dissimuler à lui au plus profond de son être. Toujours est-il que ce réflexe venait de lui sauver la vie, au moins provisoirement, car la menace se rapprochait toujours.

Le bourreau avança alors d'un pas, de manière a rester hors de portée de la gelée, et dans un cri de rage frappa de toutes ses forces la poutre qui l'abritait à l'aide de son katana. La première fois ne suffit pas ; Morfea asséna alors un deuxième coup, mais la poutre resta debout et ralenti comme il l'était, le demi-elfe craignait de n'avoir pas le temps de donner un troisième coup, il jeta alors son corps de toutes ses forces sur la poutre, la faisant enfin vasciller jusqu'à ce qu'elle s'écroule sur son adversaire.

[Mornagest]

L'avalanche de bricailles et d'étançons ensevelit la créature, qui mourut en éclatant littéralement. Fort heureusement, le bourreau ne fut pas atteint par les éclaboussures du monstre. En revanche, il devait se dépêcher de remonter dans les escaliers, avant de subir le même sort - peu enviable il fallait bien le dire - de son adversaire gélatineux.

L'elfe courut le plus vite possible - soit au pas, vu son état actuel - et put se mettre à l'abri, en remontant une demi-douzaine de marches. A ce moment, le ralentissement dont il était victime cessa enfin.

Morfea mit quelques instants à recouvrer ses capacités de déplacement normales, puis dut se rendre à l'évidence : l'accès au sous-sol était définitivement bloqué...

[Morfea Nwalk]

Le demi-elfe émit un grognement digne d'un nain. Inutile de songer à continuer sa route ici, à moins d'y faire un ménage de manière risquée. Le demi-elfe, ne souhaitant pas en venir à cette extrêmité pour le moment, il remonta péniblement les escaliers et rebroussa chemin jusqu'à retomber sur le hall d'entrée aux trois portes. Après tout, tant qu'il y était, il pouvait bien achever le tour du propriétaire. Le problème se posant toujours de savoir si les dites portes étaient piégées, il invoca alors deux gobelins :

Morfea --> Convocation de monstres I

Avant d'ordonner au premier d'aller ouvrir la porte...

[Mornagest]

Prudence avant tout ; tel était devenu le maître-mot du bourreau, depuis son exploration désastreuse dans cette ruine au combien dangereuse...

Grand bien lui fit : au moment où le gobelin tenta d'ouvrir la porte en appuyant maladroitement sur la clenche, une colonne de feu le réduisit instantanément en une bouillie verdâtre mélangée à des cendres qui dégagèrent aussitôt une affreuse odeur de chair brûlée...

Peu rassuré par cette tentative, Morfea ne savait que faire. Il lui restait un second gobelin en stock...

[Morfea Nwalk]

Le premier gobelin réduit en cendres, il restait à savoir si le piège avait un usage unique ou s'il fonctionnait de manière régulière. Légèrement en retrait, les bras croisés, le bourreau ordonna d'un simple regard au second gobelin d'aller ouvrir la porte à son tour. Celui-ci n'eut même pas un instant d'hésitation et se dirigea tranquilement vers la porte ...

[Mornagest]

Le second gobelin fut plus chanceux que son congénère : la porte s'ouvrit cette fois sans déclencher de cataclysme. La pièce sur laquelle elle ouvrait était meublée, contrairement au reste de la maison. Meublée, terme un rien exagéré : au centre de la pièce, il n'y avait qu'une table entourée de trois chaises, dont une seule encore debout, mais menaçant de s'écrouler au moindre choc.

Le plus intéressant restait le grand buffet qui se tenait tant bien que mal, sur le pan opposé à la porte.

En-dehors de cela, la pièce était vide, et ne donnait sur nulle autre pièce - visible tout du moins.

[Morfea Nwalk]

Resté en dehors de la pièce, le demi-elfe balaya la salle d'un regard minutieux. Elle semblait à l'image du reste de cette bâtisse : miteuse.

- Groumf...

Seul le buffet semblait digne d'intérêt, mais encore une fois, le bourreau n'avait pas trop confiance. D'une part, vu l'état de délabrement du mobilier, on aurait vite fait de se retrouver avec un tiroir sur le pied, d'autre part, elle pouvait être piégée ( en espérant que le piège ne soit pas trop méchant parce qu'un choc trop lourd risquait de faire de sacrés dégâts dans la pièce).

Sur ces considérations, le demi-elfe, un peu perplexe envoya son gobelin fouiller le buffet.

[Mornagest]

Un cliquetis métallique se fit entendre lorsque le gobelin trouva un sac de jute mal fermé. Nul piège ne semblait garder la chose, qui s'avéra rapidement être une bourse d'or. Le gobelin eut toutes les peines du monde à ramener le sac à son maître, mais l'effort en valait la peine...

Six cents pièces d'or s'y trouvaient.

[Morfea Nwalk]

Un sourire de satisfaction se dessina sur la bouche du bourreau. Enfin ! Il avait trouvé la bourse qu'il était venu chercher. Une sacrée somme s'y trouvait ! Un fou rire saisit alors le demi-elfe qui ne put s'empêcher de penser intérieurement :

- Quand je pense qu'un imbécile de baron a déboursé une fortune pareille pour payer un incapable ! Quelle ironie ... Ce genre de mission ne s'adresse pas à un débutant. tsssss

Satisfait, Morfea faisant sauter sa bourse dans ses mains s'en retourna à la prison où du travail l'attendait, mais avec quelques idées en têtes ; finalement le sous-sol dans lequel il s'était aventuré, une fois dégagé, pourrait très bien servir à certaines tâches...