Atelier de travail

Message par **Galathée** » lun. 10 oct. 2005, 21:20

Prems!

Oui! Mekren! :fleur: Enfin!

Je trouve que ça va pour la cohérence. Ce sera évidemment plus facile de juger quand on pourra lire tout le roman d'une traite... Mais ce sera pour plus tard. C'est ton style qu'on retrouve, avec cette pléthore de détails. Je ne suis pas toujours certaine de

On abandonne un peu Ronix pour aller glousser dans la salle. Cette malheureuse Fianna m'a l'air de cacher un trouble particulier... Psychologique ou fantastique? L'avenir nous le dira... Mais c'est à mon tour de rester un peu sur ma faim. Heureusement, tu dis qu'on aura la suite bientôt...

Qu'est-ce qui fait tant jaser? Mmmmm... Fianna va-t-elle devoir se choisir rapidement un prétendant?
Je reste sur Ronix, et je relance du double!

Message par **sahmaz** » lun. 10 oct. 2005, 22:49

Alors, alors. Voilà 3 textes que je n'avais plus réagi (un texte devenant une mesure de temps

) Honte sur moi !
Que dire ?
Deux choses principalement :
- point de vue intrigue, cela se tient bien et tu distilles peu à peu des surprises et des questions : la rencontre à l'entrée de la salle, la belle-mère de Fianna, Ronix, la crise d'hystérie et maintenant la danse avec tous les nobliaux. Beaucoup de choses en très peu de temps et c'est bien. Ce moment de rencontre entre noliaux, aussi artificiel puisse-t-il paraître, semble malgré tout riche en enseignements. J'ai bien aimé le passage où tu montres que derrière la méchanceté se cache au fond un ennui ou un malaise pour chacun.
- point de vue style. Certes, tu as opté pour un récit à la 1ère personne, qui plus est au passé. Fianna revisite son histoire, la reconstruit et brode pas mal autour. Cependant, Galathée soulignait de la part de Fianna une présence importante de détails et une forme de lucidité impressionnante, voire maladive. Je la rejoins et je dirai même que par moment c'est trop ! A force de disséquer, l'on peut se perdre et se demander si tout cela a bien été ressenti. Certains passages (comme la pointe de jalousie de Fianna) remettent de l'émotion et on voit bien, au fur et à mesure de la soirée, que cette jeune fille se prend au sérieux, mais tu peux rendre cela en forçant parfois moins le trait.

Un exemple flagrant pour moi est le passage de la crise d'hallucination. Il y a rajouts d'épithètes, de description qui peut tuer l'effet désiré. A force de disséquer, tu risques de provoquer une mise à distance chez le lecteur et couper la connexion émotionnelle avec le narrateur (ici ton perso principal).

Je sais que tu as retravaillé certains passages plusieurs fois. Mais peut-être pourrais-tu ajouter un critère pour certains passages justement plus actifs, où l'intellect laisse le pas à autre chose : dans ces cas-là, il vaut souvent mieux viser la simplicité, un style concis et direct (mais d'autant plus difficile car il faut alors bien choisir les mots) qui frappe le lecteur. Pour qu'il puisse à son tour ressentir et se mettre en phase avec les personnages.

Bon, j'arrête de faire mon :lunette: et je te souhaite une bonne semaine d'ici ta prochaine mise en ligne !

Originally posted by Galathée@lundi 10 octobre 2005 à 22:20
Je trouve que ça va pour la cohérence. Ce sera évidemment plus facile de juger quand on pourra lire tout le roman d'une traite... Mais ce sera pour plus tard. C'est ton style qu'on retrouve, avec cette pléthore de détails. Je ne suis pas toujours certaine de
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Heuuu... Certaine de quoi?

- point de vue style. Certes, tu as opté pour un récit à la 1ère personne, qui plus est au passé. Fianna revisite son histoire, la reconstruit et brode pas mal autour. Cependant, Galathée soulignait de la part de Fianna une présence importante de détails et une forme de lucidité impressionnante, voire maladive. Je la rejoins et je dirai même que par moment c'est trop ! A force de disséquer, l'on peut se perdre et se demander si tout cela a bien été ressenti. Certains passages (comme la pointe de jalousie de Fianna) remettent de l'émotion et on voit bien, au fur et à mesure de la soirée, que cette jeune fille se prend au sérieux, mais tu peux rendre cela en forçant parfois moins le trait.

Un exemple flagrant pour moi est le passage de la crise d'hallucination. Il y a rajouts d'épithètes, de description qui peut tuer l'effet désiré. A force de disséquer, tu risques de provoquer une mise à distance chez le lecteur et couper la connexion émotionnelle avec le narrateur (ici ton perso principal).

Je sais que tu as retravaillé certains passages plusieurs fois. Mais peut-être pourrais-tu ajouter un critère pour certains passages justement plus actifs, où l'intellect laisse le pas à autre chose : dans ces cas-là, il vaut souvent mieux viser la simplicité, un style concis et direct (mais d'autant plus difficile car il faut alors bien choisir les mots) qui frappe le lecteur. Pour qu'il puisse à son tour ressentir et se mettre en phase avec les personnages.

Oki, je travaillerais cet aspect, promis.

J'ai d'ailleurs déjà trouvé deux ou trois points où je pourrais assez aisément retirer des petits bouts de dissection psychologique. Je crois que mon abus d'analyse psychologique vient du fait que, tournant et retournant les situations dans ma tête jusqu'à connaître la moindre raison des réactions de mes personnages, en vue de les faire cohérents avec leur personnalité, et qu'une fois sur le papier j'ai tendance à trop en déballer, sans trop réfléchir à ce qui a normalement pu être ressenti par Fianna. Un peu de travail de ce côté là, mais cela doit être assez facilement rattrappable.
Bon, je retourne à mon petit clavier chéri, histoire de pouvoir livrer sa réponse plus vite à Galathée. :notme2:

Message par **Galathée** » mar. 11 oct. 2005, 07:04

Mais je n'étais pas toujours bien certaine de quoi... Zut, je ne me souviens plus... Je pense que ça avait à voir avec le détail, justement, et la profondeur de description, mais je me rends compte que sahmaz a bien résumé les choses: Fianna en sait trop! Elle voit trop! Elle analyse trop! Ça fait un peu pathologique par moments (c'est la psy qui parle).

Cela dit, je suis prise par l'histoire (mais où va-t-elle?)... Et je m'y retrouve presque dans les noms (j'ai dit presque...) :fleur:

Originally posted by Galathée@mardi 11 octobre 2005 à 08:04
Mais je n'étais pas toujours bien certaine de quoi... Zut, je ne me souviens plus... Je pense que ça avait à voir avec le détail, justement, et la profondeur de description, mais je me rends compte que sahmaz a bien résumé les choses: Fianna en sait trop! Elle voit trop! Elle analyse trop! Ça fait un peu pathologique par moments (c'est la psy qui parle). [snapback]232605[/snapback]

C'est pathologique, dans un certain sens, parce qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas tout à fait rond dans sa petite tête. mais c'est vrai qu'il y en a trop quand même. Je m'en vais y remédier. Enfin, vaut toujours mieux en écrire trop que pas assez, c'est plus facile de corriger le tir après coup.

Me revoilà, enfin. Preuve que je ne suis pas totalement mort, juste trop préoccupé en période scolaire pour pondre quoi que ce soit de réussi.
Mais devinez quoi, je suis tout rouillé... Trois mois d'ination, ça n'a pas facilité la reprise. je m'excuse donc à l'avance si le texte produit n'est pas parfait, loin de là. N'hésitez surtout pas à critiquer vertement s'il le faut (Sahmaz je veux un post kilométrique sur tous les défauts de ce passage si comme je le pense besoin est). Je suis d'ailleurs assez mécontent de la fin, entre autres, mais j'aqi un peu de mal à concrétiser ce qui me pose problème.
Comme cela fait un bon bout de temps que vous n'avez rien pu lire, j'ai remis un petit bout (pas encore retravaillé) du passage précédent en gris, comme ça ça permet de remttre un peu les idées en ordre.

Bonne lecture. Prochain passage dans deux jours au plus tard.

« … Si cette fête est l’occasion de nombreux évènements pour chacun d’entre nous, le plus important d’entre eux, qui nous concerne tous ainsi que les Darkanisses dans leur ensemble est bien l’arrivée parmi nous de Fianna Kassac, héritière désignée du trône d’Edrich Kassac, dorénavant libérée de sa tutelle par la maison d’Elstran. Pour honorer cela, le Seigneur d’Ezderon a daigné accepter l’humble idée de son vassal Selmène : il est donc décidé qu’une danse sera donnée en l’honneur de Fianna, et qu’elle ouvrira le bal en prenant pour cavaliers les héritiers de chaque Domaine vassal d’Ezderon. »

Immédiatement, à peine ces quelques mots prononcés, la salle se remit à bourdonner, signe que les courtisans échangeaient leur réflexions sur cette décision sans précédent. Le ton des voix qui m’entouraient était parfois âpre, parfois amusé, et je comprenais à demi-mot qu’on fustigeait, ou au contraire vantait l’audace dont la proposition faisait preuve. Je m’étonnai malgré tout d’un tel déchaînement de passions pour une simple danse. Je n’appréciai pas vraiment d’être le centre des premières mesures de l’orchestre, mais la décision semblait logique : c’était un moyen simple de représenter l’union qui se devait d’exister entre le suzerain et ses vassaux, en passant par leurs héritiers respectifs. Je ne voyais rien là qui puisse susciter telle polémique. Je fis part de ma réflexion à Elanda, désireuse de savoir ce qui choquait tant les courtisans.

« Hélas ! Me répondit-elle, tournant vers moi ses beaux yeux verts empreints d’une lueur amusée qui démentait son ton attristé. Tu viens de parler du symbole de l’union entre les différentes puissances des Darkanisses, n’est ce pas ? La petite proposition de mon père semble effectivement porter un message de fédération, mais en fait, elle exprime tout le contraire. Ca peut paraître étrange, mais il s’agit d’une provocation envers les autres Domaines…
-Est-ce que tu peux m’expliquer ? Je ne saisis pas bien.
-Tu vas comprendre. Le premier élément, tu le connais déjà. Il s’agit du domaine de Cremala. Les Elstran n’ont pas d’héritiers masculins, tu le sais mieux que personne, et je ne croie pas qu’Eva soie plus de sang Elstran que toi, je me trompe ? »
Je hochai la tête en guise d’assentiment, l’incitant à continuer, ce qu’elle fit sans tarder.

« Mon père, le seigneur Selmène, a voulu faire affront au nouveau régent d’Elstran, en guise de… Nous dirons, cadeau de bienvenue ? Cela n’a rien de dramatique, mais forcera le mari de Dame Félicia à faire sa première déclaration publique dans un domaine risqué : pour respecter les convenances, Elstran ne peut demander à une fille de son domaine de danser avec l’héritière en titre d’Ezderon. Il devra refuser publiquement la danse, et puisque Kassac a approuvé cette idée, c’est aller contre sa volonté que de refuser d’obtempérer.
- Je ne vois pas en quoi le manque d’héritiers est un acte de désobéissance, répondis-je d’un ton aigre. Kassac l’a lui-même connu récemment, ce me semble…
-Je te l’accorde, ça n’aura absolument aucune portée politique. Seulement, cela permettra aux mauvaises langues qui n’ont pas digéré le remariage de Dame Félicia dans la lignée des Elstran de commérer sur son dos. Trop de lignées secondaires auraient souhaité voir un des leurs prendre possession de Cremala. Le fait que la raison ne soie pas valide ne gêne pas les bavardages et les basses revanches, tu sais. Mais cela, ce n’est que la partie…Correcte ? Du projet de mon père. La deuxième est nettement moins tendre. »

Elle se tut un instant, puis me fit signe d’approcher mon oreille. J’obtempérai rapidement, désireuse d’apprendre ce qui dérangeait vraiment les courtisans qui continuaient de palabrer avec véhémence autour de nous. Elanda approcha lentement ses lèvres de ma tête, puis déclara, dans un souffle si bas que j’eus peine à en comprendre le sens :
« Tu viens de Cremala, tu ne sais donc sûrement pas ce qui est arrivé au domaine Falmaran. Moi-même, je l’ai appris seulement hier, et pourtant je vis à la cour. Leur héritier, Cordryssen, a eu un grave accident il y a quelques jours. Un cheval au galop sur un chemin gelé, un rocher au mauvais endroit, au mauvais moment… Le pauvre a subi une grave commotion cérébrale. Il est mort il y a trois jours, maintenant. »

Je restai coite, incapable de trouver quoi répondre. J’attendais tout sauf cela. J’avais pourtant vu Kaldryssa, avais échangé quelques mots avec elle et observé Edrask à la dérobée, mais rien n’aurait pu me faire deviner qu’ils étaient en deuil de leur frère aîné. Je ne connaissais pas ledit Cordryssen, mais il ne me semblait pas qu’il soit en conflit avec Kaldryssa. Du moins, pas assez pour qu’elle ne pleure pas sa mort. Pourtant, je l’avais vu discuter, rire, comme si rien ne s’était passé, que tout allait pour le mieux. Ce n’était pas le comportement que j’aurais attendu d’une Dame en deuil.

Soudain, une idée malheureuse écarta mes considérations sur la conduite de Kaldryssa. Si l’aîné du Domaine Falmaran était mort, il laissait la place à son cadet. Cette idée me déplut souverainement. Je m’enquis auprès d’Elanda, pour m’assurer de la justesse de mon jugement :
« Alors, c’est Edrask qui va hériter du domaine ?
-Justement non, c’est là que réside le problème. L’idée de Kassac d’adopter une fille comme héritière a apparemment plu au seigneur Falmaran, et il semblerait qu’il projette de faire de Kaldryssa son successeur. Il s’est donné un temps de réflexion et a gelé le processus de déclaration de l’héritier. Ce qui fait que pour le moment, Falmaran n’a pas d’héritier. »

Je poussai un léger soupir de soulagement. Il y avait encore une chance qu’Edrask n’accède pas au rang d’héritier de Domaine. Si cela arrivait jamais, j’étais certaine d’avoir un ennemi au pouvoir suffisant pour me mettre en position difficile s’il le souhaitait. Et je savais pertinemment qu’il le ferait, au vu du peu d’amour que nous nous portions mutuellement. Maintenant, je comprenais ce qui, dans la proposition du Selmène, divisait tant la cour : elle forcerait le Falmaran à abattre publiquement son jeu. Qu’il refuse la danse, l’acte serait compris comme une répudiation officielle d’Edrask et un écart impardonnable aux traditions des Darkanisses. Ou au contraire, comme un coup politique audacieux et novateur. Une telle prise de position de la part du Falmaran sonnerait comme une déclaration ouverte de guerre entre les deux tendances qui s’opposaient désormais, les rigoristes, et les progressistes dont Kassac était le premier partisan avoué. Et, le premier de ces partis étant visiblement plus puissant que le deuxième, ne pourrait qu’attirer au Falmaran les ennuis dont Kassac, de par sa position d’intouchable, était exempté. Toutes les haines accumulées contre le seigneur d’Ezderon pour ses frasques retomberaient, non plus uniquement sur moi, mais aussi sur le chef du troisième Domaine vassal d’Ezderon.
Egoïstement, j’espérais que le seigneur Falmaran ait l’audace de prendre ainsi position. Simplement car cela pouvait m’éviter une bonne partie des ennuis qu’Edrask pourrait bien me poser.

« Fianna, veuillez approcher de la scène, je vous prie, fit l’éclatante voix de Ronix. »
Je fis ce qu’il me demandait, et sortit du relatif anonymat que la foule me procurait. Pendant ce temps, d’autres personnes convergeaient vers l’avant de la scène. J’y reconnus le vieux Garl Krimin, accompagné d’un homme de petite taille, brun de cheveux et d’yeux, que je supposais être Eldan, héritier légitime du domaine Krimin. Le nouveau régent de Cremala marchait dans leurs pas, mal à l’aise, Eva à ses côtés. Le seigneur Selmène et son héritier Karth, un grand jeune homme roux, dégingandé à outrance, marchaient dans leurs pas. Suivait enfin Stallar Falmaran, serré de près par un Edrask désireux de faire bonne impression. Le port faussement altier, l’individu semblait entretenir son père d’une affaire de la plus haute importance, sans aucun doute pour se donner un semblant d’importance en ce moment où un mot du Falmaran pouvait signifier sa disgrâce. Il s’était toujours appliqué à faire du charme aux puissants, et semblait plus que jamais tenter de montrer à la cour comme il était compétent et appliqué. Chose à laquelle il ne parvenait aucunement, du moins à mes yeux. Il ressemblait plutôt à un imbécile qui faisait grand cas d’un rien. J’espérais bien que sa pantomime grossière ne trompait personne.

A ce petit rassemblement des sommités des Darkanisses manquait Varnsal Kamarin et son héritier. Son absence était certainement un nouveau moyen pour Kassac de montrer que l’homme n’était plus rien. Qu’il s’était montré indigne d’être son vassal. J’avais pourtant aperçu la silhouette du seigneur renégat, et de plusieurs membres de sa famille, mais on ne lui avait donc pas reconnu le droit de siéger pour son domaine. Que ma mère ait décidé de marier Eva dans cette famille déchue me sembla soudain étrange. Mais il n’était plus temps de m’étonner sur les décisions de Dame Félicia.
Je rejoignis le petit groupe de nobles qui s’étaient rangés devant la scène par ordre d’importance, Selmène en tête, puis Krimin, Falmaran, et enfin Elstran. La voix de Ronix s’éleva de nouveau, et je ne pus m’empêcher de frissonner d’aise à l’entente de son ton à la fois vibrant et caressant.
« Par la volonté d’Edrich Kassac, seigneur d’Ezderon, je déclare ce bal, synonyme d’amitié entre les Domaines, ouvert ! Si le seigneur Kandress Selmène voulait bien se donner la peine… Conclut le porte-parole, s’inclinant avec un sourire charmeur vers le père d’Elanda. »

Le seigneur, grand homme à la peau claire, au visage fin et affable, rasé de près, s’inclina à son tour vers Ronix pour signifier son assentiment. Je fis quelques pas pour me retrouver face à lui. Je gardai un instant les yeux bas, intimidée par les regards que je sentais peser sur moi, et sur les Selmène. Le seigneur prit la main de son héritier, et je relevai les yeux sur Karth.
Le jeune homme semblait aussi mal à l’aise que moi, et cela me rassura. Karth était particulièrement grand, caractère qu’il tenait assurément de son père. Il était de plus très mince et son allure dégingandée accentuait l’impression de disproportion qui émanait de lui. Ses cheveux d’un roux violent, coiffés en pagaille, trouvaient une résonance sur son visage aux joues rosies par la timidité qui émanait de son être. Je fus un peu surprise de voir qu’un héritier de domaine pouvait montrer tant de gêne en pleine fête. Il ne s’était apparemment jamais habitué aux réceptions publiques.

Comme le protocole l’indiquait, je tendis ma propre main. Le seigneur Selmène avança celle de son héritier et nous les joignirent. Karth attrapa gauchement ma propre main, comme s’il s’était agi d’un objet précieux et fragile qu’il ne savait aucunement manipuler. A la vue d’une telle démonstration de timidité, je sentis la mienne propre fondre comme neige en été. J’aimais les gens plein de faiblesses. Ils m’attiraient sensiblement, sans que je puisse m’expliquer pourquoi. Je ne savais as ce qui mettait Karth aussi mal à l’aise, entre danser avec une inconnue complète ou danser devant toute une salle de nobliaux, mais je sentais que je pouvais l’aider à oublier son appréhension. A nouveau, je pouvais oublier mes propres craintes en me concentrant sur celles des autres. J’adressai à Karth mon sourire le plus charmeur pour tenter de le mettre un peu à l’aise. Puis, sans chercher à savoir si j’avais fait mouche, je l’attirai vivement au centre du petit cercle qui s’était formé dans la foule de nobliaux. L’entraîner sans tarder au cœur même de ce qui l’intimidait tant, ne pas lui laisser le temps de se rendre compte que ce pour quoi il avait tant d’appréhension avait commencé. Alors que l’orchestre entamait les premières mesures d’une vieille ballade traditionnelle propre au folklore des Darkanisses, j’attirai doucement mais fermement mon cavalier contre moi. Je levai les yeux sur le visage de Karth, cherchant à capter son regard. J’y parvins. Ses yeux croisèrent les miens, et il s’accrocha à mon regard. Satisfaite, j’eus un petit sourire de contentement. Puis, enfin, nous rentrâmes dans la danse.

Message par **gogorafido** » mar. 20 déc. 2005, 14:01

Juste un petit post, limite flood pour dire que:

1) j'ai lu,
2) j'ai effectivement un peu de mal à refaire le tri dans les personanges.
3) ca me semble pas mal et je refairai plus tard une lecture parce que la je me suis plus attardé à essayer d'y voir clair qu'à apprécier tes dons pour l'écriture.
4) pourquoi nous laisser encore en plein suspens?
5) heu pourquoi ton oeuvre est à part des autres, j'ai failli pas la retrouver.

Message par **sahmaz** » mar. 20 déc. 2005, 15:16

Mon post ne sera pas kilométrique

, mais je mets déjà en garde concernant le ton employé. Je me montre parfois catégorique :lunette: , mais tout cela est à 200% subjectif !!!

Le style est reconnaissable après autant de semaines :happy: , aimant les longues phrases à tiroirs multiples.
Je suis cependant surpris par une chose : entre l'annonce de Ronix et son appel à Fianna de s'avancer, s'écoule un temps énorme durant lequel la jeune femme a le temps d'échanger une loooooongue conversation avec Elanda. Cela semble un peu irréel et artificiel : ptite entourloupe de l'auteur pour placer une explication nous faisant prendre conscience de ce qui se joue.
Cette entourloupe, mais aussi le parti que tu as pris depuis un certain temps, me chiffonnent par ce qu'ils placent Fianna dans une position d'analyste méticuleuse, presque maladive sur tous les coups fourrés de la Cour. Elle semble tout apprendre au bon moment et développe une sorte de froideur tactique. Elle est déjà capable de se détacher de ses propres émois pour apprécier ou pas un coup tactique du seigneur d'Ezderon. C'est un peu fort de café si je peux me permettre.
Depuis l'arrivée au bal, Fianna me donne l'impression d'une gamine qui acquiert d'un seul coup l'intelligence d'un stratège de 150 ans. Je sais, j'exagère le trait, mais voilà, c'est mon ressenti.
Un deuxième élément joue en défaveur de ce parti pris : cette explication pas à pas du jeu complexe entre les acteurs rend l'intrigue difficile à suivre. Nous ne pouvons lire avec, en permanence, le tableau des lignées des Darkanisses sous les yeux ! Je me demande si tu ne pourrais pas fournir une partie de ces infos par après, en nous faisant alors comprendre, après-coup, la portée de telle ou telle décision. Cela ajouterait en outre du jeu dans ton intrigue et casserait un déroulement parfois trop linéaire. Un peu irréel et dur à suivre donc, cette 1ère partie.

La seconde, où Fianna se lance dans la danse, me semble beaucoup plus accessible même si Fianna m'apparaît une nouvelle fois étonnemment sure d'elle et hyper maternante envers son cavalier. "Je suis perdue, tu l'es plus que moi, allez viens ! Confie-toi à moi !" Je comprends l'idée de fond et je la trouve chouette, mais elle mériterait un autre développement, plus progressif (chaque pas de danse ou chaque tour raffermirait Fianna), avec une Fianna plus fragile, moins au fait de tout ce qui se passe, mais cela, je l'ai déjà dit. :oops:

La boucle est bouclée, la danse continue. Bon travail !!! :notme2: :notme:

5) heu pourquoi ton oeuvre est à part des autres, j'ai failli pas la retrouver.

Ca je n'en sais fichtre rien, il faudrait demander à l'admin qui a eu la bonne idée de me déplaçer...

pourquoi nous laisser encore en plein suspens?

Parce que si je m'écoutais, vous auriez un passage de quinze pages à chaque fois, ce serait un peu dense...

Je suis cependant surpris par une chose : entre l'annonce de Ronix et son appel à Fianna de s'avancer, s'écoule un temps énorme durant lequel la jeune femme a le temps d'échanger une loooooongue conversation avec Elanda. Cela semble un peu irréel et artificiel : ptite entourloupe de l'auteur pour placer une explication nous faisant prendre conscience de ce qui se joue.

C'est vrai, c'est une entourloupe d'auteur. Cependant, je l'avais pensé de manière différente: il n'appelle pas directement Fianna, parce qu'il laisse le temps à la salle d'ingérer la nouvelle et d'en discuter. Cependant, ça fait un peu artificiel, c'est vrai. Je pense pouvoir refondre le passage en précisant que les remous de la salle empêchent Ronix de continuer et que pendant qu'il cherche à apttirer de nouveau l'attention de la salle sur lui, il y a la discussion. Mais effectivement, je pourrais racourcir la bavarde: je pense la faire interrompre en cours de route par Ronix qui a repris le contrôle de la salle. On aurait ainsi la première partie, sur les Elstran, mais celle sur les Falmaran viendrait après le bal (pas spoiler). D'ailleurs, c'est comme cela que je l'avais d'abord pensé, mais à force de me retourner les comments et pourquoi dans la tête, j'en viens à les poser sur le papier sans chercher à être réaliste. ya boulot.

Je comprends l'idée de fond et je la trouve chouette, mais elle mériterait un autre développement, plus progressif (chaque pas de danse ou chaque tour raffermirait Fianna), avec une Fianna plus fragile, moins au fait de tout ce qui se passe, mais cela, je l'ai déjà dit

J'y avais pensé, mais j'ai un peu paniqué... Ca peut se faire, bien entendu.

Juste petite info, cette scène de bal est le dernier truc que j'ai du mal à cerner dans mon oeuvre. Tout le reste est déjà millimétré, et cet aspect stragtégique devrait se faire moins présent, simplement parce que je maîtrise mieux ce qui va suivre. Dans une dizaine de pages, le bal sera clos et la partie problématique envolée. Ca devrait remonter en conséquence.

mais tout cela est à 200% subjectif !!!

Peut-être, mais quand l'auteur pense pareil, il a intérêt à surveiller ce qu'il fait

...

Message par **Galathée** » mar. 20 déc. 2005, 18:05

Bon, je réponds avant de lire ce que sahmaz a écrit, parce que je connais son influence... ça me fait en tout cas bien plaisir de retrouver nos Neiges (j'avais bien noté l'étrange déménagement... Est-ce une promotion?

).

Bon, comme d'hab, je suis paumée dans les noms à un point qui n'est pas possible... Mais en fait, moins que je ne le craignais!
En tout cas, c'est le roman à lire avec des petits arbres généalogiques sous les yeux, c'est le moins qu'on puisse dire.

Bon j'ai vu qu'il avait fait un gros paragraphe de critiques, moi je n'ai pas grand chose à dire. La seule réelle chose qui m'ait fait tiquer, c'est le sourire de Ronix... Il n'est pas défiguré, ce jeune homme? Ou bien je mélange? (je parie que je mélange).

Sinon, pour changer, je trouve toujours Fianna incroyablement analytique, mais j'en ai déjà discouru en long et en large auparavant, et donc voilà...
J'attends la suite, évidemment. :fleur:

PS Après lecture... Je suis d'accord avec sahmaz, tiens! ça vous apprendra! Bien que l'intermède entre l'annonce et la danse ne m'ait pas choquée, en fait.

Message par **gogorafido** » mar. 20 déc. 2005, 19:03

J'avoue mon dernier post, je n'avais vraiment pas le temps, c'était juste pour griller tout le monde MOUHAHAHA.

Je suis assez d'accord avec Sahmaz, concernant le temps qui s'écoule entre l'annonce de la danse et l'appel de Fianna.

Je n'y avais pas pensé en le lisant mais à la réflexion... oui c'est pas cohérent.

modestes idées:
1) faire installer les musiciens. problèmes c'est pas forcément mieux et en plus ils sont déja la puisque la musique est présente à l'entrée des nobles dans la salle (je suis remonté en arrière pour vérifier.).

2) une fois le brouhaha passé faire énoncer à ronix le reste du programme. Fianna a ce moment la ne l'écoute pas (du coup tu n'as pas à l'écrire) et discute avec sa nouvelle meilleure amie.

En revanche l'explication du jeu politique ne me dérange pas.

D'une part c'est passionnant,

D'autre part c'est "logique" enfin c'est possible - apparemment dans cette petite communauté tout le monde se connait, tout le monde est au courant de tout, Fianna se trouve une copine qui l'a met au parfum, un peu comme le petit nouveau dans un internat... tout va bien-.

Enfin ca me semble nécessaire pour ne pas perdre le lecteur qui sinon serait perdu (ah bon pourquoi ca choque les gens, mais qu'est ce qu'il se passe ici).

après rien ne dit que Fianna ait une explication exacte et complète

Pas d'avis sur le coté "grand stratège" de Fianna.

Au fait merci pour cette suite! (et pour la suite à venir...).

Remaniement de cette partie grâce à la synthèse de vos avis et de mes propres idées. Peu de choses changées fondamentalement, mais le passage devrait être un peu plus digeste et crédible. Devrait.

« … Si cette fête est l’occasion de nombreux évènements pour chacun d’entre nous, le plus important d’entre eux, qui nous concerne tous ainsi que les Darkanisses dans leur ensemble est bien l’arrivée parmi nous de Fianna Kassac, héritière désignée du trône d’Edrich Kassac, dorénavant libérée de sa tutelle par la maison d’Elstran. Pour honorer cela, le Seigneur d’Ezderon a daigné accepter l’humble idée de son vassal Selmène : il est donc décidé qu’une danse sera donnée en l’honneur de Fianna, et qu’elle ouvrira le bal en prenant pour cavaliers les héritiers de chaque Domaine vassal d’Ezderon. »

Immédiatement, à peine ces quelques mots prononcés, la salle se remit à bourdonner, signe que les courtisans échangeaient leur réflexions sur cette décision sans précédent. Le ton des voix qui m’entouraient était parfois âpre, parfois amusé, et je comprenais à demi-mot qu’on fustigeait, ou au contraire vantait l’audace dont la proposition faisait preuve. Je m’étonnai malgré tout d’un tel déchaînement de passions pour une simple danse.(passage décalé)

« Messieurs, je vous prie, un peu d’attention ! Apostropha le Porte Parole d’Ezderon, visiblement irrité. »
Je l’observai du coin de l’œil. Ronix avait un peu perdu de la superbe dont il était paré quelques instants auparavant. Les nobliaux ne l’écoutaient plus, la situation lui échappait. Un air contrarié s’était peint sur ses traits défigurés par le feu. Il réitéra son injonction, cherchant à faire revenir la cérémonie dans son bon déroulement. Le brouhaha ambiant ne se calma pas pour autant.
Je profitais de cet intermède momentané pour me pencher vers Elanda, à qui je fis part de mes réflexions, désireuse de savoir ce qui choquait tant les courtisans. Car à mes yeux, cette décision semblait tout à fait logique : c’était un moyen simple de représenter l’union qui se devait d’exister entre le suzerain et ses vassaux, en passant par leurs héritiers respectifs. Je ne voyais rien là qui puisse susciter telle polémique.

« Hélas ! Me répondit-elle, tournant vers moi ses beaux yeux verts empreints d’une lueur amusée qui démentait son ton attristé. Tu viens de parler du symbole de l’union entre les différentes puissances des Darkanisses, n’est ce pas ? La petite proposition de mon père semble effectivement porter un message de fédération, mais en fait, elle exprime tout le contraire. Ca peut paraître étrange, mais il s’agit d’une provocation envers les autres Domaines…
-Est-ce que tu peux m’expliquer ? Je ne saisis pas bien.
-Tu vas comprendre. Le premier élément, tu le connais déjà. Il s’agit du domaine de Cremala. Les Elstran n’ont pas d’héritiers masculins, tu le sais mieux que personne, et je ne croie pas qu’Eva soie plus de sang Elstran que toi, je me trompe ? »

Je hochai la tête en guise d’assentiment, l’incitant à continuer, ce qu’elle fit sans tarder. J’entendis à peine que les voix des autres nobles amassés décroissaient rapidement. Ronix était semblait-il parvenu à capter de nouveau leur attention, mais sa voix éclatante ne parvint pas à toucher mon esprit. J’étais bien trop concentrée sur les chuchotements d’Elanda, et le programme du bal qu’il devait énoncer ne m’intéressait absolument pas.

« Mon père, le seigneur Selmène, a voulu faire affront au nouveau régent d’Elstran, en guise de… Nous dirons, cadeau de bienvenue ? Cela n’a rien de dramatique, mais forcera le mari de Dame Félicia à faire sa première déclaration publique dans un domaine risqué : pour respecter les convenances, Elstran ne peut demander à une fille de son domaine de danser avec l’héritière en titre d’Ezderon. Il devra refuser publiquement la danse, et puisque Kassac a approuvé cette idée, c’est aller contre sa volonté que de refuser d’obtempérer.
- Je ne vois pas en quoi le manque d’héritiers est un acte de désobéissance, répondis-je d’un ton aigre. Kassac l’a lui-même connu récemment, ce me semble…
-Je te l’accorde, ça n’aura absolument aucune portée politique. Seulement, cela permettra aux mauvaises langues qui n’ont pas digéré le remariage de Dame Félicia dans la lignée des Elstran de commérer sur son dos. Trop de lignées secondaires auraient souhaité voir un des leurs prendre possession de Cremala. Le fait que la raison ne soie pas valide ne gêne pas les bavardages et les basses revanches, tu sais. Mais cela, ce n’est que la partie…Correcte ? Du projet de mon père. La deuxième est nettement moins tendre…

Elle se tut un instant, puis me fit signe d’approcher mon oreille.(passage supprimé. Vous le reverrez dans quelque pages, réarrangé) Je n’eus pas le temps d’accéder à son désir. Je n’avais pas entendu ce qu’avait pu dire Ronix pendant que je discutais avec Elanda, mais je ne pus ignorer son interpellation :
« Fianna, veuillez approcher de la scène, je vous prie, fit l’éclatante voix du porte parole d’Ezderon. »
Je me retournai vers lui, hésitai un instant. Je jetai un œil en arrière vers Elanda, et la vis écarter les mains de son corps en signe d’impuissance. Je lui rendis son signe,avant de sortir du relatif anonymat que la foule me procurait. Pendant ce temps, d’autres personnes convergeaient vers l’avant de la scène. (etc)

A noter que le problème de la prise d'assurance un peu trop rapide de Fianna sera certainement modifiée, mais je le ferais en fonction de la manière dont se déroulera le prochain passage. Je livrerai ce passage et les modifs en même temps.

Voilààààà, enfin, je l'ai eu, ce passage. M'aura bien résisté celui là, quatre heures que je travaille pour retaper ce morceau en quelque chose de correct. Vous avez donc droit à une petite page et demie, mais qui m'aura coûté pas mal de sueur. Il s'agit de la deuxième partie du texte, retravaillée et un peu prolongée par les premiers pas de danse. Je la poste maintenant, bien que je puisse attendre un peu, mais j'ai besoin de vos avis pour voir si ce deuxième jet est assez bon. Que je sache si je dois encore tout retravailler, pour adapter ma ligne de conduite après. Voilà donc, et n'hésitez pas, tous les commentaires seront les bienvenus. :fleur:

Le jeune homme semblait aussi mal à l’aise que moi, et cela me rassura quelque peu. Karth était particulièrement grand, caractère qu’il tenait assurément de son père. Il était de plus très mince et son allure dégingandée accentuait l’impression de disproportion qui émanait de lui. Ses cheveux d’un roux violent, coiffés en pagaille, trouvaient une résonance sur son visage aux joues rosies par la timidité qui émanait de son être. Je fus un peu surprise de voir qu’un héritier de domaine pouvait montrer tant de gêne en pleine fête. Il ne s’était apparemment jamais habitué aux réceptions publiques.

Comme le protocole l’indiquait, je tendis ma propre main. Le seigneur Selmène avança celle de son héritier et nous les joignirent. Karth attrapa gauchement ma propre main, comme s’il s’était agi d’un objet précieux et fragile qu’il ne savait aucunement manipuler. Je réprimai un petit sourire amusé devant l’embarras de mon cavalier. Je n’étais certes moi-même pas très à l’aise avec cette danse imposée, mais j’avais pris soin de dissimuler ma gêne. Karth, lui, me donnait l’impression de ne savoir où se placer, ni quelle attitude adopter face à l’héritière de son suzerain. J’étais un peu perdue par ce comportement. J’avais certainement espéré un cavalier sûr de lui, qui saurait me montrer la voie à suivre, m’aurait fait entrer dans la danse avec assez de détermination pour me faire oublier mes craintes. Cependant, il n’en était rien, et Karth manquait de l’aplomb qui aurait pu pallier à mes propres faiblesses.

Ne sachant trop comment réagir face à la gaucherie pudique de l’héritier Selmène, je levai mon regard vers son visage, figé en un masque d’indifférence peu convainquant. Je le dévisageai quelques secondes, le temps qu’il se décide à me regarder dans les yeux. Ses pupilles, comme à regret, finirent par se poser sur moi.

Si j’avais forcé ce contact, je n’étais tout à coup plus sûre de ce que j’avais cherché à provoquer. Le croisement soutenu de nos deux regards, pareillement hésitants, avait provoqué entre nous pendant un bref instant un rapprochement brutal, une intimité forcée qu’aucun de nous deux n’attendait. L’échange, aussi court fut-il, me troubla fortement. J’eus l’impression, à la fois que ses deux yeux ambrés plongeaient en moi pour y lire à livre ouvert, et que mon propre regard violait l’intimité du jeune noble. Je fus soudain prise par le besoin de fuir ce regard inquisiteur que j’avais pourtant moi-même voulu croiser. J’adressai à mon cavalier un petit sourire gêné, et détournai les yeux pour échapper à ses pupilles ambrées, rompant ainsi cette intimité involontaire et perturbante.

Autour de nous, les nobliaux s’écartaient pour dégager une piste de danse improvisée. J’en profitai pour attirer Karth au centre de la piste, trop heureuse de pouvoir me concentrer sur autre chose que ce contact fugace et pourtant violent. Alors que l’orchestre entamait les premières mesures d’une ballade traditionnelle des Darkanisses, j’attirai doucement mon cavalier contre moi. Son regard était toujours posé sur moi, et se faisait comme une présence floue, incertaine. Comme un homme qui, caché dans l’ombre d’un porche, attend timidement qu’on lui donne la permission d’entrer. Par dessus son épaule, mon regard fuyant rencontra la salle et les convives qui y étaient amassés. Le premier pas de la danse vint presque naturellement s’imposer à mon corps, et je le sentis se mouvoir, entraînant celui de l’héritier Selmène à sa suite.

Un premier pas, puis un deuxième… Puis la chorégraphie nous amena à inverser nos positions respectives. Je tournai alors le dos à un petit groupe de vieilles dames respectables venues de petites lignées cousines des Falmaran, pour me retrouver en face d’une figure pâle et hautaine, émaciée, maladive. Le profil d’aigle déplumé de Kermal Sangan. Le regard du prêtre, posé sur moi, était glacé comme un hiver Darkanien. Il était chargé d’un e telle fureur sourde à mon égard que je ne pus le soutenir plus de quelques secondes. Je me détournai rapidement, et reportai mon attention sur mon cavalier. Je levai à nouveau les yeux, pour les replonger dans les prunelles ambrées du Selmène.

Le contact fut plus doux cette fois-ci. Nous y étions tous deux préparés, lui parce qu’il cherchait à accrocher de nouveau mon regard, moi parce que je m’y réfugiais pour fuir la foule et les regards noirs du grand prêtre. Je me détendis légèrement. Karth avait cherché à rétablir le contact parce que lui aussi avait trouvé là le moyen de ne plus avoir conscience de l’assistance qui nous observait. En somme, il avait besoin de moi.

Graduellement, à mesure que mon assurance remontait, j’oubliai complètement que moi-même avais ressenti ce besoin de contact pour échapper au monde qui m’entourait. Je sentais que je pouvais aider Karth, lui procurer un peu de réconfort. Faire disparaître ses appréhensions, simplement en montrant que je n’étais somme toute qu’une simple femme humaine, et pas une courtisane perfide et froide comme la neige. Je pouvais oublier mes propres faiblesses en me concentrant sur les siennes. La salle n’existait plus à mes yeux, il ne restait dans mon univers que l’homme fragile, que je me devais de protéger.
Nous tournions au rythme de la musique, et chaque passe voyait mon assurance se raffermir. Rapidement, je fus totalement maîtresse de moi-même...

To be continued, pour reprendre Galathée :rigoler: . Comme vous pouvez le voir, le passage est en plan, mais je ne poste pas la suite tout de suite, parce que là j'ai un peu vidé toute ma tête pour ce boulot qui m'a donné beaucoup de fil à retorde.

Message par **Galathée** » sam. 31 déc. 2005, 09:29

Bon, désolée, je ne sais pas comment ça se fait que j'ai laissé passer ceci...

J'aime plutôt bien ce passage, qui transforme quelques pas de danse en toute une aventure. Notre héroïne est toujours "in control" mais de manière un peu moins surhumaine, donc ça me sied. Mon seul micro-détail, c'est qu'il y a deux fois "ma propre main" dans les premières lignes du second paragraphe et je trouve que la répétition d' "ambrés" chaque fois qu'on croise les yeux de Karth est un peu... répétitive. Mais ce sont des menus détails.
D'un point de vue contenu, à présent, c'est intéressant parce que le passage est complètement "cross-gender" (désolée je ne trouve pas le terme que je cherche), à savoir que Fiona a le rôle traditionnellement dévolu à l'homme et Karth le rôle traditionnellement dévolu à la femme. Elle prend les initiatives et rassure tandis qu'il est paumé, géné, tremblant. C'est assez audacieux comme parti pris... Les féministes t'envoient des fleurs (ce qui est aussi une inversion des rôles).
Et quelque part, à mon sens, cela rejoint cette discussion sur un tout autre topic, à savoir: peut-on jouer en RP une femme quand on est un homme, et inversément ? Je pense que oui, mais je suis curieuse de voir comment toi, un jeune homme, tu vas amener ton héroïne, une jeune femme, jusqu'au bout de son destin... Mmm... Je me découvre un nouvel angle dans la lecture de ton travail et... je vais m'y accrocher.

(note personnelle: ne plus jamais critiquer de grand matin, trop risqué)

Message par **sahmaz** » sam. 31 déc. 2005, 10:42

Oui, bon passage. Je rejoins Galathée sur toutes ses critiques et remarques. J'en ajoute une très formelle au passage :

Le seigneur Selmène avança celle de son héritier et nous les joignit.

Pour le reste, j'attends.

Message par **gogorafido** » lun. 02 janv. 2006, 14:36

bon passage pour moi aussi.

Juste:

qui aurait pu pallier à mes propres faiblesses

il me semble que c'est "qui aurait pu pallier mes propres faiblesses".

Merci pour vos avis. la suite est en cours de préparation. J'ai avançé d'un peu plus de quatre pages, mais en sautant un passage qui me pose problème, donc vous devrez attendre un peu. mais je vais essayer de vous servir ça cette semaine.

Vala, comme promis (une fois n'est pas coutume

), je vous livre le passage qui m'a posé problème, et dont j'ai enfin une version assez proche de ce que je souhaitais. Bon, c'est écrit en environ neuf petite sfois, donc si cela manque de quoi que ce soit (ce que je soupçonne grandement à la relecture), n'hésitez pas à me lyncher.
La suite quand je pourrais, mais je vais essayer de faire cela avant vendredi prochains...

Peu à peu, les nobles attroupés autour de nous se lassaient de nous regarder danser, et de nouveaux couples se formaient progressivement. Je vis du coin de l’œil Kaldryssa accepter l’invitation d’un jeune cousin de la lignée Elstran. J’aperçus aussi Eva, au bras du cadet Kamarin qu’on lui destinait, un petit homme brun au visage rond et à l’air jovial.
La salle commençait à s’échauffer, et plusieurs couples de danseurs avaient déjà pris la piste d’assaut. Les regards ne se portaient plus sur nous avec autant d’intensité. Cela acheva de lever le malaise de mon partenaire. Enhardie par la sensation de détente qui s’était installée entre nous, je tournai mon visage vers le sien et lui demandais, sans même me rendre compte que les mots avaient quitté mes lèvres :
« Dites-moi, en quoi consiste les devoirs de l’héritier d’un domaine important comme celui de Selmène ? »

Karth leva un sourcil. Il ne s’attendait apparemment pas à ce que je le questionne de la sorte. Néanmoins, il se reprit vite.
« Vous n’avez pas pu juger de cela à Cremala ?
-En fait, pas vraiment. Cremala est un petit domaine, nous… Enfin, les Elstran règnent sur un domaine de moins de deux cent âmes, cela n’a pas vraiment l’ampleur de vos terres. Près de six cent sujets, si je ne me trompe ?
-Non, en effet, me répondit-il après un court instant de silence imposé par une passe relativement compliquée à exécuter. A vrai dire, être héritier est quelque chose d’assez éprouvant, mon père m’emmène dans la grande majorité de ses déplacements, et me confie souvent quelques tâches diplomatiques auprès de nos villageois, pour me préparer à prendre un jour sa succession. C’est loin d’être drôle, et cela laisse très peu de temps de répit, mais c’est très intéressant, vous pouvez me croire. Enfin, du moins pour moi. On est confronté à des problèmes, toujours différents, et il faut savoir s’adapter, et de plus on doit connaître les gens, anticiper leurs réactions, savoir prévoir les risques de l’année à venir, toujours être au courant de tout, et… Voilà. »

Karth avait parlé d’une seule traite, avec une vitesse assez impressionnante. J’eus grand peine à comprendre ce qu’il avait essayé de me dire, tant les mots s’entrechoquaient dans sa bouche. J’eus soudain l’impression qu’il avait voulu répondre le plus vite qu’il avait pu, et m’avait servi cette réponse embrouillée pour se débarrasser de mes questions. Je fus surprise qu’il tente ainsi de se dépêtrer d’une question somme toute bien anodine. Je décidai de repartir à l’assaut, curieuse de savoir ce qui pouvait bien gêner encore mon cavalier.
« A entendre la façon dont vous en parlez, j’ai l’impression que vous n’aimez pas trop votre fonction.
-Non, pas du tout, en fait je trouve cela très constructif mais voilà, c’est que d’un côté c’est intéressant et de l’autre c’est vraiment difficile à appréhender. Régner, c’est tout une vie… Je crois. L’œuvre d’une vie, je veux dire. J’aime cela, mais il y a des désavantages et… »

Cette fois-ci, je l’observai plus attentivement. Il avait gardé le même ton confus et précipité pour cette courte tirade, mais je pus apercevoir au fond de ses yeux, alors qu’il parlait, s’allumer une petite lueur que je connaissais bien. Celle qu’Eva avait dans les yeux lorsqu’elle parlait de Cordrech. La lueur de l’exaltation. Je me rendis alors compte que je m’étais trompée sur son compte. Il n’était pas gêné le moins du monde par mes questions, j’étais parvenue à rentrer assez dans sa confiance pour qu’il puisse me parler sans peur. Sa confusion venait d’autre part, de la passion qu’il semblait porter à son sujet et qui l’empêchait de s’exprimer posément. Il était tellement pris par sa petite tirade qu’il ne se rendait même pas compte du désordre qui régnait dans ses propos.
« … Enfin, c’est assez exaltant de s’occuper de problèmes… Euh, de problèmes concrets, parce que les autres problèmes, les politiques… Cela ne m’intéresse pas vraiment. Je préfère le reste. Le terrain, c’est plus concret. Plus simple de travailler à l’instinct. Du moins pour moi. Ferlyz… Euh, mon frère, Ferlyz, donc, lui, n’a jamais rien entendu aux histoires de terres et de populations. Par contre, il sait bien mieux y faire que moi pour les intrigues de cour. Il a vraiment du talent pour régler ce genre d’affaires. Trop tortueux pour moi, je suppose… Etes vous tortueuse ? »

Je relevais brusquement les yeux sur lui, interloquée. La question qu’il venait de me poser était si directe et pourtant si étrangement décalée que j’eus du mal à en comprendre le sens. Je ne m’attendais certes pas à ce qu’il m’interroge de la sorte, et je fus bien en peine pour lui répondre. Je croisai son regard, sans doute pour y chercher un indice, quelque chose qui aurait pu démentir le ton presque cérémoniel avec lequel il m’avait demandé cette interrogation des plus incongrues. Malheureusement, je n’y vis qu’un air parfaitement sérieux. Incapable de répondre immédiatement, je me tirais de cette étrange situation par une interrogation en retour :

« Euh… Mais qu’entendez vous par tortueuse ?
-Eh bien, je veux dire… Kassac est tortueux. Mon père aussi. C'est-à-dire, est-ce que vous vous sentez l’âme d’une intrigante ? »
Je réfléchis un instant à sa question. Je me rendis rapidement compte que, maintenant que j’en comprenais le sens, je n’étais guère avancée. Tout simplement parce que je n’avais moi-même pas la réponse. Je n’avais jamais cherché à savoir quelles étaient mes accointances avec les petits complots qui se tramaient partout où le chemin d’un noble croisait celui d’un autre. Pourtant, je n’y étais pas hermétique. J’avais été intéressée par les significations des petites manigances du seigneur Selmène, qu’Elanda m’avait contées. De même, les choix tactiques d’Edrich Kassac, s’ils me laissaient perplexe, ne me laissaient pas de marbre. Je m’y intéressais, d’une manière ou d’une autre, même si je ne souhaitais personnellement pas être mêlée à ce genre de manèges.
« Je ne sais pas… Peut-être un peu, finis-je par reconnaître. »
Mon cavalier poussa un petit soupir résigné. Nous effectuâmes une autre passe compliquée avant qu’il reprenne la parole :
« A vrai dire, ça n’est pas étonnant… Le climat, enfin, l’ambiance qui règne sur nos montagnes… Tout le monde intrigue, c’est mauvais pour la santé. Mentale. Beaucoup trop de gens oublient que le pouvoir, c’est d’abord un peuple à veiller. Trop préfèrent se combattre entre eux… Ca n’est pas sain, je trouve. Pourtant, pour survivre parmi eux, il faut savoir penser comme eux… Moi, je ne peux pas. Je fais semblant, pour ne pas chagriner mon père. Je laisse Ferlyz faire les manigances, cela lui ressemble plus. »

La première danse tirait à sa fin, et les musiciens égrenaient les dernières notes de la ballade qui avait accompagné nos pas. Autour de nous, les différents couples s’arrêtaient, se séparaient ou restaient ensemble, commençaient à se reformer sous de nouvelles combinaisons, au gré des envies ou des convenances. Karth et moi nous arrêtâmes à notre tour lorsque la dernière note fut jouée.

Ma première prise de contact avec l’héritier du domaine Selmène m’avait laissée l’image d’un jeune homme un peu brouillon, mais finalement plutôt sympathique. Son tempérament naturel semblait relativement éloigné de ce que j’avais pu croiser jusqu’alors chez les nobliaux, aucunement perverti par son environnement, et cela n’était pas pour me déplaire. Il n’avait pas tout à fait tord en parlant de climat malsain : moi-même, qui était bien loin de porter dans mon cœur tous ces intrigants de cour, avait sans m’en rendre compte commencé à m’intéresser à leurs activités. Je n’avais certes pas le choix si j’espérai vivre parmi eux, mais je commençais à trouver un certain plaisir à décortiquer les pourquoi et comment, et je ne pouvais m’empêcher d’admirer un peu ces manipulateurs doués. J’avais l’impression que je commençais à échapper à mon propre contrôle, et je me sentais glisser peu à peu hors de l’idéal que je m’étais forgé. Je n’étais déjà plus la jeune fille pure, se dressant en travers des noirs desseins et les détruisant par sa simple candeur. Je sentis une petite pointe de colère contre moi-même m’enserrer la poitrine. Dès que je quittais la solitude relative que me procurait Cremala, tous les beaux et grands desseins auxquels je me destinais disparaissaient, et je me mettais à penser comme les autres, à chercher les faiblesses des personnes situées en face de moi. Je l’avais fait avec Karth. J’avais tenté de mettre à jour les défauts de son âme, cherchant quel était son attrait du pouvoir. Pourquoi avait-je agi ainsi, je n’en savais rien. Mais je ressentais maintenant cet irrépressible besoin de savoir, de connaître mon entourage mieux qu’il ne se connaissait lui-même, pour mieux préparer mes plans. Quels plans, là non plus je n’en savais rien. Mais j’étais déjà inconsciemment avide de savoir comment exploiter les faiblesses, et mon moi conscient déplorait cet état de fait. Je n’avais pas envie de finir comme cet Edrask Falmaran qui, toujours à côté de son père, cherchait le meilleur moyen de faire bonne impression sur lui, ou comme ce Ferlyz Selmène, qui avait harcelé Karth pendant des années pour qu’il lui abandonne son futur trône, à ce que m’avait dit Cordrech. J’aurais tant voulu rester candide et désintéressée, mais je me sentais déjà à la dérive, et cela me mettait intérieurement en rage. Etrangement, Karth, malgré son air et son ton confus, avait touché parfaitement juste avec sa question. En trois simples mots, il m’avait forcée à réfléchir sur moi-même, et m’avait révélé ce que je n’avais pas vu, ou du moins pas voulu voir, jusqu’à maintenant. Je doutais qu’il l’ait fait consciemment, mais peut-être voyait-il déjà plus clair en moi que je n’y voyais moi-même.

La dernière note était tombée, m’arrachant à mes réflexions. (...A suivre la prochaine fois.)

Message par **gogorafido** » ven. 06 janv. 2006, 13:37

gub gub,

D'expérience c'est assez difficile d'avoir une longue conversation en dansant.

on arrive à placer quelques mots, des phrases courtes mais pas forcément de longues phrases ou alors il faut que la musique soit particulièrement lente et la danse simple.

Karth avait parlé d’une seule traite, avec une vitesse assez impressionnante. J’eus grand peine à comprendre ce qu’il avait essayé de me dire, tant les mots s’entrechoquaient dans sa bouche. J’eus soudain l’impression qu’il avait voulu répondre le plus vite qu’il avait pu, et m’avait servi cette réponse embrouillée pour se débarrasser de mes questions. Je fus surprise qu’il tente ainsi de se dépêtrer d’une question somme toute bien anodine. Je décidai de repartir à l’assaut

si avec tout ca il ne se trompe pas dans les pas c'est que c'est un sacré danseur.

alors c'est vrai que tu lui imposes un silence pour réaliser une passe. mais est ce bien suffisant? Je trouve qu'on ne sent pas assez la danse, ca fait un peu figé. on dirait : "on discute, ah oui on s'arrete on fait un pas de danse, ok c'est bon, prenez la photo, on reprend la discussion".

J'ai du mal à me l'imaginer en film.

C'est la première fois que je suis pas entièrement conquis. :timide:

En plus, c'est bien écrit mais je vois pas ce que ca apporte que l'on cerne aussi précisément Karth.

Quelque part ca nuit meme à la crédibilité du récit. Ton héroine obtient quand meme facilement beaucoup d'informations en très peu de temps de plusieurs personnes différentes. Elle ne manque aucune occasion et tombe chaque fois sur une personne prete a lui faire des confidences. Statistiquement les chances que cela se passe ainsi sont faibles.

Ou alors, ce serait peut être mieux qu'au lieu d'avoir une longue description par karth de son caractère on ait simplement un bref échange qui permette à l'héroine de se forger sa propre opinion, que par une ou deux répliques il lui fasse comprendre qu'il déteste les intrigues et préfère le terrain (ok c'est vrai après on va encore dire qu'elle analyse trop).

En relisant, je me rends compte que mon post peu apparaitre un peu sec.

En fait, je continue à beaucoup aimer. Ne te démoralise pas, c'est juste qu'à mon sens c'est pas aussi parfait que d'habitude.

En fait, je me suis interrogé très longement sur la marche à suivre, et j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à trouver quoi que ce soit de vraiment intéressant. Toujours cette satanée scène de bal en fait, elle est indispensable pour poser la suite, mais c'est vraiment le seul passage de mon livre que je ne maîtrise pas du tout.
Je ne sais pas encore comment je vais retaper cela, mais je vais sûrement couper des bouts, parce que encore une fois, j'en ai trop mis, justement parce que moi-même je ne suis pas certain de ce que je fais sur ce point. Je pense peut-être à fournir un premier jet comme celui là pour tout le reste de la scène, et revenir dessus lorsque mes idées seront un peu plus claires là dessus. Parce que ça fait franchement un bon bout de temps que je suis là dessus, et comme je n'y vois toujours pas clair, l'après coup me semble plus judicieux. Mais vous aurez quand même les versions entre les deux, parce ce qu'il y a des choses qui doivent être faites. Après, je verrais.

Message par **gogorafido** » mar. 10 janv. 2006, 12:05

Juste une idée comme ca:

Dans les "bals" au sens large il est souvent plus facile de parler en marge de la piste de danse qu'en dansant proprement dit..

Ne peut on imaginer que Fianna ait sa discussion avec karth après avoir fini de danser avec les héritiers des domaines ?

Sa dernière danse imposée s'achève, elle se retrouve un peu isolée sur la piste, Elanda a un cavalier elle aperçoit Karth qui fait un peu tapisserie dans un coin et décide de le rejoindre.

(ou alors à l'issue de sa danse avec karth elle quitte la piste avec lui sans s'apercevoir que l'héritier suivant l'attend).

Sinon on attends la suite avec impatience.

Je pense toutefois que tu devrais faire une requete à un admin pour être remonté dans le forum ou tu étais avant parceque la... tu n'es vraiment pas facile à trouver.

Je pense toutefois que tu devrais faire une requete à un admin pour être remonté dans le forum ou tu étais avant parceque la... tu n'es vraiment pas facile à trouver.

Je vais le faire. Edit: j'ai contacté Folken. je ne vais pas bouger, ce sont les autres qui vont me rejoindre d'ici peu

.

Sa dernière danse imposée s'achève, elle se retrouve un peu isolée sur la piste, Elanda a un cavalier elle aperçoit Karth qui fait un peu tapisserie dans un coin et décide de le rejoindre.

En fait, la plaçe est déjà prise

. Je n'avais pas prévu de décrire vraiment Karth en dehors des quelques pas de danse évoqués, je me suis laissé emporter par le flot de mes pensées. Ce sera pour plus tard, par petits bout.
Le passage est en cours de bosse, et je pense pouvoir servir la suite dans pas plus de quatre jours, si tout va bien.

Message par **Galathée** » ven. 13 janv. 2006, 19:15

J'avais lu, mais pas posté. Quand je lis les judicieuses remarques de Gogorafido, je me dis que je suis une bien piêtre critique, je n'avais même pas tiqué... Cela dit, c'est vrai qu'on parle plus entre deux danses que pendant la danse, si ce n'est pour s'échanger des petits mots d'esprit. Mais comme tu le dis bien toi même: avance donc, et tu reprendras ça en temps utiles.

Je suis désolée, je n'ai rien de bien intelligent à raconter sinon que je me demande vraiment, vraiment, vraiment où tu nous emmènes...

Mais si j'ai bien compté, la suite est pour demain...

J'avais lu, mais pas posté. Quand je lis les judicieuses remarques de Gogorafido, je me dis que je suis une bien piêtre critique

N'aies pas eur de poster quand même, tout avis même pas ultradéveloppé, superprécis et très bien vu, est le bienvenu

. Plus on reçoit d'avis favorables ou défavorables, plus on sait ce que vaut notre production

.

Mais si j'ai bien compté, la suite est pour demain...

Un conseil, évitez de vous fier à mes délais, j'ai une sale tendance à les dépasser

... Mais une fois n'est pas coutume, je suis en avance d'un soir. Le passage est coupé un peu abruptement parce qu'en fait je ne savais pas du tout où le couper. On s'arrête donc encore en plein milieu d'une scène, mais j'avoue que ladite scène durant depuis déjà pas mal de pages et en ayant encore une petite pelletée d'autres à venir, il devient difficile de faire des parties de moins de six pages :..: .... Enfin bref, voilà le passage de la danse avec Karth retapée en version pas incroyable, plus la suite directe des évnements. En fait, je ne voyais pas comment avançer sans refaire le passage litigieux, alors je l'ai refait. C'est beaucoup plus court, et le dialogue supprimé réapparaîtra à un autre moment, sous une autre forme. Voilà donc, passage suivant dans une semaine, ou moins si j'y arrive :oops: .

La chorégraphie qu’imposait cette première danse, faite de pas de deux, de passes et de jeux d’écartées, était particulièrement complexe. L’effet produit se devait d’être galant, mais cette danse s’avérait être l’un des pires fléaux des danseurs inexpérimentés. Car éviter le ridicule amené par la moindre erreur de passe relevait de l’exploit pour les réfractaires aux cours de danse. Heureusement, j’avais comme toute bonne fille de domaine eu droit à un précepteur personnel, et je me félicitais de ne pas avoir négligé cet aspect ennuyeux des devoirs qui incombaient aux filles de mon rang. Karth non plus n’était pas dénué d’un certain talent, quoi qu’il ne fît aucun doute qu’il ne prit aucun plaisir à parader ainsi. En temps qu’héritier de domaine, on l’avait certainement forcé à s’éduquer sur un tel point, pour ne pas paraître ridicule face à d’éventuelles filles à marier.

Quoi qu’il en fut, cette subtilité des pas de danse requérait la majeure partie de ma concentration et de celle de mon cavalier. Elle nous empêcha donc d’échanger le moindre mot tout au long du morceau. Pourtant, les questions se bousculaient dans ma tête, et je brûlais de questionner Karth sur ses activités en temps qu’héritier. Après tout, c’était ce que j’allais devenir moi aussi, j’avais bien le droit de savoir quel genre de travail m’attendais. Et puisque j’avais un parfait sujet à qui poser mes questions, je fus tristement frustrée de n’avoir pas la chance de me renseigner.

Bientôt, la première danse tira à sa fin, et les musiciens égrenèrent les dernières notes de la ballade qui avait accompagné nos pas. Autour de nous, les différents couples s’arrêtaient, se séparaient ou restaient ensemble, commençaient à se reformer sous de nouvelles combinaisons, au gré des envies ou des convenances. Karth et moi nous arrêtâmes à notre tour lorsque la dernière note fut jouée. Nous échangeâmes un petit sourire, encore chargé d’une once de timidité. Il pressa légèrement ma main, m’invitant à rejoindre le devant de l’estrade, ou m’attendait mon deuxième cavalier. Je me laissais guider sans réticences. Le premier pas de la soirée était fait, et je pensais que les autres viendraient d’eux-mêmes, sans être plus éprouvants que cette première danse.

Le vieux seigneur Garl Krimin se tenait là, à quelques pas de moi et de Karth. L’homme semblait avoir pris plusieurs années depuis que je l’avais vu à l’enterrement de Cordrech. A cette époque, il paraissait ses cinquante ans, mais aujourd’hui, il semblait en avoir vingt de plus. Sa silhouette s’était voûtée, et plusieurs taches lie de vin commençaient à manger son visage, mal cachées par sa longue barbe poivre et sel. A le voir ainsi, j’avais l’impression qu’un mal sournois le rongeait, et qu’il ne passerait pas l’hiver. Ce qui avait bien pu lui arriver était un mystère pour moi. Cela me fit de la peine. C’était un homme que j’estimais beaucoup, bien que je ne le connaisse presque pas. Il était relativement éloigné de toutes les intrigues de cour, préférant gérer son domaine plutôt que de se concentrer sur des futilités politiques, et ce simple état d’esprit suffisait à me le rendre sympathique.

Son fils Eldan, mon deuxième cavalier se tenait à côté de lui. Je ne l’avais juste entre aperçu lorsque Cordrech m’avait mené à une Discussion. J’avais de lui un vague souvenir confus, et je me rappelais juste qu’il était d’une nature plutôt calme et posée. Il était étonnamment petit, et détonait particulièrement avec Karth, qui faisait figure de géant à côté de lui. Moi-même, je le dépassais d’une demi tête. Sa silhouette était fine mais étonnamment musclée, particulièrement bien balancée. Sa posture générale trahissait l’escrimeur professionnel. Son visage semblait taillé à la serpe, non pas au niveau de ses traits plutôt doux, mais du contour de son visage ; il possédait en particulier une mâchoire forte et légèrement proéminente. Ses yeux étaient d’un bleu délavé, presque gris, et ses cheveux d’un brun sombre presque noir, légèrement bouclés, étaient tirés sur l’arrière de sa tête d’une manière savante qui dégageait son front haut. Un léger bouc venait compléter son portrait. L’homme n’était physiquement pas déplaisant, mais son regard bleu m’intimida rapidement lorsqu’il se posa sur moi. Il n’avait rien des braises ardentes que le grand prêtre dardait sur moi lorsqu’il réprouvait ma conduite, mais leur couleur fade presque humide, leur conférait un aspect inexpressif assez peu avenant. Cependant, il détourna son regard de moi lorsque, accompagnée de Karth, je m’arrêtais devant lui. Son regard croisa celui de l’héritier de Selmène, et se réchauffa quelque peu. Karth tendit la main dans laquelle reposait toujours la mienne avec une rigueur toute protocolaire, accompagnant son geste des quelques mots que la circonstance appelait:

« Au nom de la famille Selmène, première vassale d’Ezderon, je confie à la maison de Krimin le soin de faire danser l’héritière de Kassac. »
Eldan se retourna alors vers moi, le regard redevenu rapidement inexpressif, et s’inclina rapidement devant moi, pour signifier du respect qu’il devait envers l’héritière de meilleur sang. Cette civilité avait été épargnée à Karth, car son rang était suffisamment proche du mien pour qu’il puisse me considérer en égale. Je remarquai néanmoins qu’Eldan n’avait pas beaucoup appuyé son geste, l’expédiant comme une formalité désagréable. Certes, par définition, toute formalité était désagréable, mais cela semblait à mes yeux être une légère marque d’irrespect qui m’était destinée. J’avais peut-être tendance à tout voir sous le mauvais angle, trop craintive d’être malmenée par les courtisans en ce premier jour à la cour, mais je ne pouvais m’empêcher de mal ressentir ce genre de détails.

Pourtant, Eldan se montra fort civil. Il enleva doucement ma main de celle de Karth et la porta à sa bouche. Il y a appliqua un petit baiser furtif, bien loin des baisemains mouillés dont m’avaient déjà gratifié quelques flagorneurs au cours des trois années qui avaient suivi la transformation de mon corps de jeune fille en corps de femme en âge de se marier. La délicatesse simple de ce contact fugitif fut bien plus agréable que ce à quoi les hommes m’avaient habituée. Puis, sans perdre plus de temps, il passa délicatement son bras gauche sous le mien, près de ma taille, et m’attira doucement vers le centre de la piste. Sa gestuelle galante révélait une certaine expérience des femmes, assez légère pour ne pas brusquer sa partenaire, mais suffisamment appuyée pour la mettre à l’aise. Contrairement à Karth, Eldan avait sans hésitation aucune pris l’initiative, et me menait tranquillement vers une danse qui avait été une épreuve pour le Selmène. Cette sérénité était contagieuse, et je pris à peine conscience que j’avançais sans plus de peur vers la deuxième étape de la soirée, dont la simple pensée m’avait remplie d’appréhension quelques minutes plus tôt.

Quelques secondes avant que les troubadours entament une nouvelle ballade, Eldan se retourna discrètement vers la scène. Je tournai légèrement la tête pour voir ce qu’il regardait, et je le vis faire un petit signe de la main à l’héritier Selmène, toujours planté devant l’estrade qui supportait les musiciens. Celui-ci releva légèrement la tête en direction de mon nouveau cavalier, et fronça légèrement les sourcils. Eldan chuchota alors quelques mots à son intention :
« Je te vois après la danse. Il faut que je te parle. Tu sais de quoi. »
Karth le dévisagea un instant, l’air grave, puis secoua légèrement sa tignasse rousse en guise d’assentiment. L’héritier Krimin n’attendit pas plus longtemps, et reprit sa position initiale. Un seul coup d’œil vers mon visage suffit apparemment à lui apprendre que j’avais suivi leur court échange, et il me dit sur un ton affable, sans se départir du masque inexpressif qui figeait son visage :
« Quelques affaires de familles, rien de grave. Du moins, rien d’important pour vous. »

Le ton était catégorique, et semblait signifier que l’incident était clos, ce qui ne fit bien entendu qu’aviver ma curiosité. Mais je sentis confusément qu’insister était une mauvaise idée, et je ravalai une fois de plus mes interrogations. J’aurais suffisamment de temps pour me plonger dans les affaires de cour dans les jours qui viendraient. J’espérai juste que celle là ne me concernait effectivement en rien.

Message par **Galathée** » sam. 14 janv. 2006, 00:12

J’adore le contraste ! Ils babelaient comme des pies et maintenant… ils ne disent plus rien ! Cela dit, c'est difficile pour le lecteur de faire abstraction de ce que nous savons de Karth...
Je ne suis juste pas très sûre du début de ton premier paragraphe, où, si je comprends bien l’idée, je trouve que c’est exprimé de manière un peu… compliquée. Mais soit, c’est un détail, bien sûr.
Je trouve toujours que tu campes superbement bien tes protagonistes, dont tu dresses des portraits tout en détails. Il faudrait juste que j’arrive à retenir leurs noms… :notme:

Sinon, je me demande évidemment ce que ces deux jeunes gens ont à se raconter, mais je ne m'inquiète pas... Connaissant Fianna, soit elle leur tirera les vers du nez, soit elle se renseignera bien assez vite...

Bonne suite d'écriture... :fleur:

Message par **gogorafido** » lun. 16 janv. 2006, 12:24

Je trouve que c'est bien mieux comme ca!

voila, j'ai rien d'autre à dire... A part merci et vivement la suite.

Niou passage. Je l'ai encore coupé à l'arrachée, parce que je ne vois vraiment pas ou l'arrêter. désolé donc si cela s'arrête brusquement, une fois de plus. J'ai remarqué que j'arrive à peu près à tenir le rythme d'un chapitre par semaine en ce moment, je vais donc devenir un régulier du vendredi soir.
Passage pas vraiment retravaillé, dont je ne suis pas très sûr.

Le luth de l’un des ménestrels se mit à égrener quelques notes joyeuses, entamant la mélodie d’une autre danse Darkanienne. Dès que j’eus reconnu l’air, je fus prise d’un léger sentiment d’appréhension. Cette danse là était encore plus difficile à exécuter que la précédente, car elle enchaînait pas de deux et pas sautés à une vitesse déstabilisante, et tenir en piste sur un tel air ne m’avait jamais été aisé. Heureusement, je sentais près de moi la présente confiante d’Eldan, qui ne semblait pas s’inquiéter outre mesure de la subtilité des mouvements qu’imposait l’air vif et sautillant. L’héritier Krimin prit une fois de plus les devants et m’entraîna dans la danse avec une telle délicatesse que je crus un instant avoir bougé de ma propre volonté.

Il exécuta le premier pas avec élégance, pressant légèrement sa main gauche sur ma hanche pour m’inviter à le suivre. Je connaissais relativement bien l’enchaînement des mouvements, mais n’avait pas le pied suffisamment sûr pour être certaine de bien les exécuter. Pourtant, les premières secondes se passèrent sans accident, et ce dû en partie à la grande dextérité de mon cavalier, qui non content de danser merveilleusement bien, se payait le luxe de me guider.
Mais tous n’avaient pas le bonheur d’avoir un cavalier talentueux pour compenser leurs propres faiblesses, et je pus apercevoir que la piste se libérait peu à peu, désertée par des couples aux ardeurs refroidies. Après près d’une minute de danse, nous n’étions plus que six couples en piste, sur la quinzaine qui avaient initialement pris part à la danse. Je commençais à me demander si les airs qui accompagnaient mon exhibition officielle étaient choisis au hasard. Il n’existait que deux danses plus compliquées encore que celle à laquelle je prenais part, et elles étaient réputées irréalisables. Moi-même ne conservait le rythme que grâce à l’indéniable talent d’Eldan. Etait-ce encore un moyen détourné de me tester, de tenter de me couvrir de honte dès le premier jour, où est-ce que je voyais le mal partout, une fois de plus ? Après tout, c’était bien le genre de petits de complots stupides dont était capable le seigneur Selmène, et cette danse était une idée de son crû… Non, décidément, je me faisais trop d’idées. Ce soir, je me sentais capable d’accuser une table d’avoir essayé de se moquer de moi. Il était certes possible que j’aie vu juste, mais cela ne rendait pas la chose probable pour autant. Et puisque j’avais la chance d’avoir Eldan pour cavalier, peu m’importait qu’on ait voulu m’atteindre d’une telle manière.

L’esprit encombré autant par la difficulté des pas que par mes interrogations maladives, je ne remarquai pas immédiatement que le pouce de l’héritier Krimin avait changé de position, et caressait délicatement l’intérieur de ma main. Lorsque je pris conscience du frôlement, il se passa en moi quelque chose que je ne compris pas. Le contact de sa main sur la mienne ne m’avait pas troublée outre mesure, mais ce toucher pourtant si léger me fit l’effet d’un coup de fouet, tant il était éloigné des contacts autorisés par les convenances. Ce fut comme si une énorme chape de plomb fondu s’était brusquement abattue sur mon esprit, acérant mes sens et mutilant ma lucidité. Une violente sensation que connaissais mal m’envahit sans crier gare, bousculant le cours de ma pensée, annihilant totalement mes capacités de réflexions. J’eus beau chercher à formuler ce que je ressentais, je ne pus trouver qu’un amas sans forme de mots entremêlés, perdus les uns dans les autres, sans queue ni tête. C’était comme si ma pauvre cervelle venait d’être balayée par un puissant raz de marée. Un frisson intense me parcourut de la tête aux pieds. Ma main se contracta involontairement, et Eldan le sentit. Il rétracta vivement son pouce, le replaçant dans sa position d’origine.
Je ratai le pas suivant. Mon déséquilibre soudain me ramena peu à peu à la réalité, me laissant légèrement sonnée par ce qui venait de se passer en moi, sensations puissantes et encore mal connues éveillées par un simple contact non protocolaire. Eldan prit immédiatement conscience de la mauvaise passe dans laquelle mon trouble m’avait jeté, et d’une brusque traction sur mon bras, me ramena promptement dans le droit déroulement de la danse. Je repris rapidement le rythme, et le reste de la danse se déroula sans plus d’incident.
Au cours des quelques secondes qui suivirent cet incident, je levai les yeux sur Eldan pour tenter de comprendre ce qui avait motivé son geste. L’écart au protocole était des plus inattendus de la part de cet homme que je savais d’ordinaire si posé. Cependant, je me heurtais de nouveau au regard bleu, froid et inexpressif, impénétrable. Je tentais de le soutenir quelques instants, mais je ne parvins pas à résister longtemps, et je détournai les yeux quelques secondes plus tard, effarouchée par l’immuabilité presque statuaire de ce visage perpétuellement fermé.

La danse prit bientôt fin, non sans nous avoir imposé quelques autres passes des plus ardues à exécuter. Quand nous nous arrêtâmes enfin, j’étais essoufflée par l’effort, et je m’accordai quelques instants de pause avant de reprendre les civilités. Eldan, resté près de moi, resta silencieux quelques instants, puis prit si abruptement la parole que je manquais de perdre le sens de ses mots :
« Vous êtes une très bonne danseuse, Fianna…Me dit-il de but en blanc, sur un ton étrange, tout à la fois neutre et chargé de brusquerie. »
Je levai de nouveau mon regard vers lui, comme à mon habitude, pour essayer de percevoir quelles pensées pouvaient bien se bousculer sous son crâne. Une fois de plus, je fus déçue. Il ne s’était aucunement départi de son masque impénétrable, et il aurait certainement pu m’annoncer la mort d’un parent ou quoi que ce soit d’autre sans changer quoi que ce soit à son attitude. Je le dévisageai un instant, avant de lui répondre, légèrement intriguée par cette remarque, qui ne me semblait pas des plus pertinentes :

« Pas aussi bonne que cela. Vous avez bien plus de talent que moi…
-Mais vous êtes parvenue à me suivre, me répondit-il promptement, me coupant presque la parole. Toutes les femmes de la cour ne peuvent pas en dire autant, acheva-t-il, écartant ses lèvres en un semblant de sourire froid et aride, sans aucune sincérité. »
Je ne savais trop que lui répondre. Son attitude me déconcertait singulièrement. Il ne jouait pas franc jeu dans cette conversation, calfeutré derrière son inaltérable face d’où était bannie la moindre trace d’expression, et je ne savais si le compliment qu’il m’avait adressé était sincère où s’il s’agissait de quelque fausseté de sa part. Je pris le parti de me défier du compliment, de peur de tomber dans un quelconque piège dissimulé derrière ses mots.

« Je ne suis pas parvenue à vous suivre constamment. J’ai raté un pas, si j’ai bonne mémoire.
-Et si la mienne ne me fait aucunement défaut, cet incident était de ma faute. »
J’étais perplexe. Je n’arrivais pas à comprendre le comportement de l’héritier Krimin. Il ne semblait pas hostile, et me parlait de manière flatteuse, mais il ne faisait réellement rien pour que cette apparente sympathie me soit assurée. Je soupçonnai qu’il aurait pu m’annoncer à la place la mort d’un parent ou la destruction prochaine des Darkanisses sans changer de ton et d’expression. Cela me donnait l’impression d’avancer en aveugle, complètement incapable de suivre le sens réel du discours d’Eldan.
« Vous voudrez bien m’excuser pour mon petit écart de conduite, reprit-il, voyant que je ne savais pas quoi répondre. J’étais curieux, et j’ai bêtement succombé à la tentation de satisfaire ce désir. »
-Et… Quel était l’objet de cette curiosité ? »

Eldan ne répondit pas immédiatement. Il jeta d’abord un œil par-dessus son épaule, en direction de l’estrade des musiciens. En suivant son regard, je pus apercevoir Ronix, qui nous faisait signe de nous presser. Notre petite discussion retardait le bon déroulement du protocole de la soirée. Eldan adressa un léger signe d’agacement au porte parole d’Ezderon, avant de se retourner de nouveau vers moi. Il m’offrit son bras et je lui abandonnai le mien sans réticence. Mon esprit considérait un tel contact comme mondain, et m’épargna l’émoi qu’avait provoqué le frôlement plus intime auquel Eldan m’avait soumise quelques instants plus tôt. Je ne savais toujours pas quel était le réel sens de l’émoi en question, je n’arrivai pas à cerner s’il exprimait une forme de rejet, de dégoût, ou au contraire un intérêt particulier que mon corps porterait à mon cavalier. Ou si une troisième sensation, que je ne parvenais pas encore à imaginer, était venue se mêler de l’affaire. La chose me dérangeait singulièrement : c’était la première fois que je ressentais quelque chose de tel, et de fait je n’en saisissais pas le sens : et cela me frustrait, moi, car s’il était une chose que je détestais entre toutes, c’était bien de sentir que quoi que ce soit en ce monde puisse m’échapper.

Eldan me guida à pas lents, avec la même douceur galante dont il avait fait montre jusqu’ici, vers l’estrade. Nous prîmes cependant bien notre temps, nous attirant un regard exaspéré de la part de Ronix. Eldan avait réussi à attiser ma curiosité en évoquant la sienne, et j’attendais sa confession avec une certaine impatience, sans trop savoir pourquoi cela m’intéressait.
« En fait, j’avais cru sentir sur votre main de légers cals, et j’ai voulu vérifier. Vous avez fait de l’escrime, n’est-ce pas ?
-En effet. J’ai eu droit à un entraînement personnel avec Cordrech pendant trois ans, avant son décès… Il a tenu à ce qu’Eva et moi soyons éduquées sur plusieurs sujets qui ne touchent normalement jamais les filles de domaine…
-Un homme prévoyant, fit-il avec un ton où je crus déceler une pointe d’ironie. »

Je ne pus m’empêcher d’être légèrement déçue de cette confession. J’avais très certainement espéré quelque chose de plus grandiloquent, de plus théâtral que ce petit détail sans grand intérêt. J’aurais préféré qu’il m’avoue n’avoir pas pu résister à ma beauté, ou quelque chose dans le même ton. J’avais encore l’âge d’avoir un esprit mélodramatique, à peine entrée dans la vie adulte et encore vierge de tout réel contact avec les hommes. Quoi que je ne sache absolument pas comment j’aurais réagi face à une telle déclaration, elle m’aurait montré que j’avais un certain pouvoir sur les mâles qui m’entouraient. Sans une telle assurance, je me sentais nue, comme un chevalier sans armure en plein champ de bataille.
Toujours était-il que cette attente était pour le moins stupide, et je m’en rendais compte sans pouvoir m’en débarrasser. Un homme de cour expérimenté n’allait pas se jeter à mes pieds en me suppliant de l’aimer simplement parce que nous avions dansé ensemble. Dans cette assemblée, j’étais encore l’ingénue qui aurait pu être le plus à même de jouer un tel rôle, et j’allais bien m’en garder.
Nos quelques pas nous portèrent finalement vers l’estrade. (troncage de texte barbare)

Message par **Galathée** » sam. 21 janv. 2006, 10:37

Bon passage ! :fleur:

Décidément, ce bal est chargé. Le contraste entre Eldan et Karth est bien assumé, je trouve, ainsi que l’angoisse de Fianna et son trouble lors du petit geste de son cavalier inexpressif…

J’adore cette phrase :

« car s’il était une chose que je détestais entre toutes, c’était bien de sentir que quoi que ce soit en ce monde puisse m’échapper. »

C’est vraiment la quintessence de ton personnage ! :rigoler:
Mais soit…

Micro remarques :
* ici :

Eldan, resté près de moi, resta silencieux quelques instants,

(double rester)

* Quand tu décris le fait que le visage de Eldan est inexpressif tu mentionnes deux fois à quelques paragraphes d’intervalles le fait qu’il pourrait annoncer la mort d’un parent sans plus d’émotion.

A mon sens , la seule petite « erreur » du passage, c’est la réaction de Fianna quand Eldan lui explique pourquoi il a déplacé son pouce sur sa paume. Avec tout le film qu’elle s’est fait, je pense qu’elle devrait avoir un instant de surprise avant de lui faire sa réponse, et pas toute une réflexion à la fin de l’échange. Donc soit je marquerais le coup après la question d’Eldan, soit je déplacerais carrément une partie du paragraphe suivant au milieu du dialogue. Mais bon, ce n’est que… mon avis !

De la même manière, mais c'est moins problématique, Fianna pourrait trébucher dès qu'il fait son mouvement, puis nous expliquer pourquoi ça l'a troublé, et récupérer le rythme ensuite (qui serait seulement un pas plus tard). Sur le moment, je me suis dit: "comment peut-elle encore danser tranquillement après ça? Et réfléchir... Ha! Ouf! Elle trébuche quand même!" alors que si les événements étaient présentés dans un autre ordre... Enfin, là encore, c'est seulement une suggestion mineure...

Et… à vendredi prochain, donc pour la suite de cette soirée bien... intéressante! :fleur:

Quand tu décris le fait que le visage de Eldan est inexpressif tu mentionnes deux fois à quelques paragraphes d’intervalles le fait qu’il pourrait annoncer la mort d’un parent sans plus d’émotion.

Ca, c'est dû à l'écriture par tout petits bouts. Rectification in the original version

.

De la même manière, mais c'est moins problématique, Fianna pourrait trébucher dès qu'il fait son mouvement, puis nous expliquer pourquoi ça l'a troublé, et récupérer le rythme ensuite (qui serait seulement un pas plus tard). Sur le moment, je me suis dit: "comment peut-elle encore danser tranquillement après ça? Et réfléchir... Ha! Ouf! Elle trébuche quand même!" alors que si les événements étaient présentés dans un autre ordre... Enfin, là encore, c'est seulement une suggestion mineure...

Je ne sais pas... Le but de ce petit passage était de développer en plusieurs lignes ce qui prend peut-être une seconde dans la réalité. Je chercherai peut-être à mieux faire passer cette impression de temps distendu, pour qu'on voie bien que c'est en fait très court.

A mon sens , la seule petite « erreur » du passage, c’est la réaction de Fianna quand Eldan lui explique pourquoi il a déplacé son pouce sur sa paume. Avec tout le film qu’elle s’est fait, je pense qu’elle devrait avoir un instant de surprise avant de lui faire sa réponse, et pas toute une réflexion à la fin de l’échange. Donc soit je marquerais le coup après la question d’Eldan, soit je déplacerais carrément une partie du paragraphe suivant au milieu du dialogue. Mais bon, ce n’est que… mon avis !

Je vais y réfléchir. je ne suis pas sûr de donner suite, mais c'est une remarque tout à fait pertinente, j'en prend note.

Message par **Galathée** » sam. 21 janv. 2006, 13:32

Pour le pas de danse manqué après le mouvement de pouce, j'avais bien compris qu'elle trébuchait tout de suite après, mais je trouvais juste que dans le texte, comme il y a d'abord un long passage réfléchi avant la mention de l'écart, c'était peut-être mieux de d'abord la faire trébucher, puis de faire le passage d'introspection, puis de reprendre la danse. C'est dans la gestion de l'instant, quoi (pas évident d'être claire... :..: ). Mais effectivement, c'est juste une suggestion.

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