[Commerce] L'embarcadère des lettres

[Le Dúnadan]

Quête : le Festival de Cojum


Le Dúnadan marqua un temps d'arrêt. Visiblement ce vieil homme n'avait plus toute sa tête. Il n'était guère temps de se plonger dans les grimoires de médecins de l'âme, mais les symptômes semblaient assez clair : fièvre délirante, perte de la personnalité, dédoublement peut-être... Hum. Un cas plutôt sérieux...
Nul doute que la meilleure solution serait de ne pas chercher à contredire le vieillard et, à l'inverse, d'abonder dans son sens. Juste assez pour le pousser délicatement vers la sortie...

- Donc, je m'appelle Albert, dites-vous ? Très bien. Sidik ? Mais je connais bien cette bourgade, je l'ai fréquentée parfois il y a... En fait, je ne sais plus trop quand. Et le bourgmestre doit être très honoré je pense... que l'on vienne pour le festival...

Le Dúnadan sentait qu'il perdait pied. Comment arriver à extorquer quelques informations claires, sans se départir de son jeu et tout en ayant l'air d'en savoir autant que lui ?
Dans une grande inspiration, il déclara soudain :

- Mais où a-t-il lieu ce fameux festival, déjà ?

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le regard du visiteur se fit un instant distant, puis comme si de rien n’était, il prit un air amusé :

– Hé oui ! Les habitants de Sidik seront verts de jalousie cette année mon garçon ! Le bourgmestre Adil a fait commander les meilleurs crus de l’année passée au domaine Nelvir ! Les vins des Côtes du sud n’ont pas leur pareil et j’en ai goûté, crois-moi ! L’étranger fit un clin d’œil malicieux avant de reprendre :

– Tout le monde a participé aux préparatifs ! La place centrale n’a jamais été aussi colorée, j’y suis passé hier, tu sais ? Bien sûr que tu sais, je dois t’ennuyer, Clara me dit souvent que je suis un vieux radoteur mais toi, non : tu aimes les histoires. T’ai-je déjà raconté comment Neige m’avait sauvé ? Le vieillard ferma les yeux sans prévenir et s’allongea sans le moindre bruit à même le sol au milieu de la pièce. Il s’était endormi…

[Le Dúnadan]

Quête : le Festival de Cojum

Le libraire n'en croyait pas ses yeux. Ce personnage venait de se coucher en plein milieu de sa boutique et d'une question sans réponse...
Il s'approcha du corps et observa plus attentivement le vieillard. Il semblait dormir du sommeil du juste, les traits apaisés, confiant. Presque comme un enfant dans son lit bien bordé. C'était si peu naturel, tellement hors de la raison commune...
Il approcha encore un peu, tout contre le visage endormi. Quelque chose était vraiment anormal, incroyablement anormal... Le corps ne respirait pas, aucun souffle ne glissait hors de la bouche entrouverte, pas un sifflement, rien... Et pourtant il n'était pas mort, non. Les narines frémissaient un peu, tout comme les paupières.

C'est alors que Le Dúnadan réalisa que le vieillard n'avait fait aucun bruit, rien que sa voix et le silence. Un frisson lui parcouru les bras. Hum... Rassemblant tout son courage, il prit une voix de stentor :

- Neige vous a sauvé ? Je ne le savais pas.

Le vieillard ne sembla pas bouger davantage.

- Les vins des Côtes du sud sont bons cette année ?

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Comme en réaction aux paroles du Dunadan, et sans prévenir, le vieillard bondit sur ses pieds comme seul un athlète entraîné aurait su le faire pour se retrouver nez à nez avec le libraire qui eut un mouvement de recul.

Cependant, aucun bruit n’avait troublé le silence avant qu’il lui « réponde » :
– Hâte-toi mon garçon, Neige et Clara t’attendent pour que vous vous rendiez au village. Ne vous arrêtez pas en chemin, il faut que vous reveniez rapidement à la tour pour venir nous chercher ton frère Albert et moi. Nous ne manquerions le Festival de cette année pour rien au monde et surtout pas pour une petite toux de rien du tout ! Puis il se précipita vers la porte de la boutique et, voyant que son hôte hésitait, il ajouta : – Il y aura les meilleurs crus de tout Cojum et de ses alentours et ce n’est pas peu dire !

Le vieillard tourna le dos, disparut et réapparut 5 mètres plus loin dans la rue, un visage triste tourné vers le gérant de l’Embarcadère des lettres qui digérait les nouvelles informations. Ce dernier avait déjà entendu parler de Cojum. Cette petite communauté Manostienne du Golfe de l'Oubli ne lui était pas inconnue. Fallait-il faire des recherches plus avancées ou suivre son instinct et le vieillard qui le mèneraient peut être à la solution du mystère ?

[Le Dúnadan]

Quête : le Festival de Cojum

Il y avait dans toute cette histoire abracadabrantesque une possibilité de romanesque qui n'échappa nullement au libraire. Il repensa à ses carnets où il rassemblait toutes sortes de légendes, et d'inventions de son cru, et se dit que de suivre un peu ce vieillard, ou ce spectre en forme de vieillard, pouvait enrichir son trésor de bizarreries plus grandes encore.

Et puis, Cojum l'attirait. Il avait souvent eu l'occasion lors de son errance passée de croiser des routes menant à cette cité. Mais jamais ses pas ne l'avaient porté jusque là, à croire que le sort lui réservait une meilleure occasion. Pourquoi pas cette fois ?

D'un autre côté, il était heureux de ne plus avoir à errer sur les chemins et sa nouvelle profession le comblait parfaitement. Se disant cela, il se rendit compte que sa décision était déjà prise.
Il laissa un mot pour le vieux Folius qui devait passer à la librairie le jour même :

Reviens dans temps indéterminé. Dois éclaircir mystère de toute urgence. Merci de vous occuper de la boutique. Ramènerai bonnes bouteilles.
Amitiés. Le Dúnadan.

Puis il fixa l'affichette sur le porte, ferma à triple tour. Regarda le vieillard qui semblait s'être figé au milieu de la rue. Et prit une grande inspiration.

- Et bien, allons-y !


HRP : posté depuis le boulot... je fais ce que je peux !

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le vieillard, semblait-il, n’attendait que ce moment pour agir : il s’éloigna de la boutique d’un pas incertain, courbé sur son bâton. Le bibliothécaire le suivait de la démarche souple et détendue qu’il adoptait quand il partait en promenade. L’avenir lui dirait à quels mystères et à quels dangers il allait devoir faire face mais, pour l’instant, l’heure était à l’insouciance d’une matinée ensoleillée en plein air.

Depuis qu’il avait pris en gérance la librairie du quartier des Arcades, il affectionnait l’odeur des vieux livres poussiéreux et la douce sensation d’une bonne bûche se consumant dans la cheminée de la salle de lecture. Cependant, il abordait cette escapade sans regrets. Une nouvelle histoire à consigner et l’occasion de se changer les idées, voilà une perspective des plus agréables.

C’est avec un sourire en coin qu’il suivit le visiteur de ce matin, en profitant pour le détailler, imaginant déjà quels mots le décriraient le mieux. Il était vêtu simplement et sa robe à capuche était recouverte de fines brindilles. Son visage hâlé et marqué par la rêche caresse des ans exprimait en cet instant un homme bon et accueillant. Impression renforcée par son regard gris semblant pétiller de douce malice.

Plongé dans ses rêveries, le clerc s’aperçut que leurs pas les avaient menés aux abords des portes de la ville. Sous le grand porche de la porte principale, il aperçut deux silhouettes discutant. Au moins l’une d’entre elles ne lui était pas inconnue. Son allure délicate et sa robe chatoyantes ne pouvait appartenir qu’à son amie elfe adepte des arts profanes. L’autre personnage, un homme recouvert d’une fourrure d’un noir de jais s’agitait en faisant d’amples mouvements de ses mains. Le Dúnadan pressa le pas pour les rejoindre, les deux se retournèrent d’un même mouvement à son approche.