[Guilde] La Vierge d'Argent

[Althéa]

[Quête : l'invasion des ombres]

Elle avait acquiescé en silence. L'officier une fois parti, elle était descendue de la poutre avec mille précautions. Il aurait été trop dommage de se faire mal en tombant. Dans quelques heures, elle serait de nouveau sur la mer. La perspective de retrouver le bois fin d'un bateau l'emplit brièvement de courage, l'empêchant de céder à la panique. Vite, préparer ses affaires. Elle avait le plus gros de ce qu'elle pouvait emporter à la Vierge d'Argent. Son arme, sa cotte de maille, quelques potions de soin, une couverture, quelques provisions. Elle se souvint avec nostalgie d'avoir offert son tricorne à Agrippa juste avant de quitter Luménis. Que se passerait il à son retour là bas ?

Elle prit une plume, une feuille de papier et griffonna quelques mots d'une écriture tremblante :

Au moment où vous lirez ces mots, je serai sûrement en partance pour Luménis. Comme vous allez bientôt l'apprendre ou comme vous le savez déjà, la cité de la lumière a été mise à feu et à sang par un coup d'état. Je ne peux pas rester sans rien faire en sachant Agrippa d'Orgeval là bas. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je serai bientôt de retour

Elle cacheta la lettre et la confia à Delcia avec la consigne de ne la faire lire "qu'à Titoeil et qui de droit".
Puis, elle grimpa dans la chambre qu'elle occupait à la guilde histoire d'y glaner quelques heures de sommeil.

Suite

[Oblivion]

Quête: retour à Ombreterre

Ayant quitté la compagnie de Lothringen au palais des murmures, Oblivion revint à la guilde d'argent pour s'entretenir avec l'humaine qu'il avait croisé plus tôt dans la matinée.

Comme à son habitude, Delcia était à la boutique. S’asseyant dans un coin un peu plus sombre, le mage Drow en profita pour réfléchir à la proposition du conseillé. Althéa n'avait dit que du bien de cet homme-là. Peut-être qu'Oblivion devait s'ouvrir au monde, en commençant par faire confiance à Lothringen. Il se promis de retourner le voir pour conclure l'affaire.

Basile s'invita auprès du drow.

-" Avez-vous besoins de quelque chose ?"

-"Non, mon bon Basile, j'attends seulement l'humaine appelée Althéa" dit Oblivion.

Au nom, Basile fit demi-tour sans demander son reste. Apparemment, il ne portait guère Althéa dans son cœur. Le drow sourit.
Il repensa à ce que lui avait dit le conseillé, un accès mineur d’ombre terre, perché dans la cordillère du Faucon. C'est un chemin assez hostile. Oblivion le connaissait assez pour l'avoir arpenté avec des amis rôdeurs. Mais Lothringen ne lui avait pas tout dit, Oblivion s'en convint. Le conseillé devait certainement connaître un accès à la cité maudite ou du moins avoir une connaissance qui en avait une idée. Si seulement Hugues de Breizh et ses autres amis étaient là, le drow ne s'embêterait pas à détailler son chemin du retour à Menzoberranzan.

[Althéa]

Quête : retour à Ombreterre

"Elle est ici" répondit une petite voix. Althéa était de nouveau en train de réparer la poutre du toit. Elle n'avait jamais pensé que les rudiments reçus appris avec le charpentier du navire auraient pu lui servir un jour. Comme quoi, on se recyclait très vite. Et le drow était revenu, égal à lui même.

"Alors, vous voila à nouveau. Que puis-faire pour vous maintenant ?"

[Oblivion]

Quête : retour à Ombreterre

Oblivion regardait l'humaine se démener avec la poutre. Elle paraissait agacée qu'un bout de bois lui résiste.

-" je suis allé voir le conseillé Lothringen."

-"Ah oui ? Vous a-t-il donné l'info que vous recherchiez ?"

-"Plus ou moins. Pourriez-vous me parler de lui ?"

A ces mot, Althéa s'arrêta de torturer le toit pour faire une pause. S'époussetant en redescendant, Althéa toucha terre lorsque Delcia entra, un bol d'eau à la main pour l'humaine.

[Althéa]

Quête : retour à Ombreterre

Althéa prit le bol d'eau des mains de la thieffeline et contre toute attente se le renversa sur la tête. A première vue, elle se désaltérait après un dur labeur. Mais en fait, la raison était toute autre. La jeune fille, dans une impulsion subite avait voulu éteindre l'incendie qui s'était déclaré au niveau de ses joues. Ce qu'elle savait de Lothringen. C'était se rappeler l'incident au Loyal Paladin … Titoeil avait promis de ne pas ébruiter l'affaire mais elle avait l'impression que le tout Manost était au courant.

Se rendant soudain compte de sa bêtise, elle eût un petit rire avant d'ajouter :

"Il fait chaud, n'est ce pas ? Heu … ce que je sais de Lothringen ? Hé bien, c'est le conseiller à la diplomatie et en même temps un grand voyageur, un aventurier qui n'hésite jamais à mouiller sa chemise pour servir une cause. Et il a cette humilité et cette pudeur que peu d'hommes possèdent. Je l'admire … Pour le reste, je n'en sais pas beaucoup plus"

Elle avait gardé le silence sur certains détails comme cette fragilité qui transparaissait quand il baissait sa garde, sur les piques qu'ils échangeaient, sur leur complicité. Cela ne regardait personne d'autres qu'eux-mêmes.

[Oblivion]

Quête : retour à Ombreterre

-" Je ne vais pas aller par quatre chemin. Puis-je lui faire confiance ?" Oblivion buta sur ces mots.

"D'ailleurs" se dit-il, "puis-je me fier à l'humaine?". Un frisson lui parcourut le dos. La sphère d'onyx crépitait de magie.
Oblivion invita althéa à une table. Il posa la sphère et reprit la parole.

-"Je crois que j'ai encore beaucoup de chemin à faire dans le domaine de la confiance. Je n'ai pas été tout à fait franc avec vous et je m'en excuses. Si vous êtes de la guilde, je crois pouvoir vous faire confiance. Pour tout vous dire, je me dois d’organiser un voyage pour la cité maudite. Je dois m’y rendre pour tenter de sauveur l'âme de mon mentor."

Althéa était intriguée par la sphère. Lorsqu'elle approcha sa main, elle sentit une onde de chaleur entourer l'objet. Le drow reprit la parole.

-"Ma quête risque d'être ardue sans aide. Je ne sais pas si je dois me fier aux dires du conseillé. En mon fort intérieur, et dans l'intérêt de mon mentor, je vais devoir m'en remettre à vos conseil. M'aiderez-vous ?"

[Althéa]

Quête : retour à Ombre terre

« En voilà une question ! Bien sûr que oui, on peut lui faire confiance. C’est la personne la plus intègre que je n’ai jamais rencontrée. Il est toujours allé au bout de ses engagements. Il n’a jamais menti ni trompé … Même si ce qu’il avait à dire n’est pas des plus plaisant. Et il ne s’est jamais défilé devant aucun obstacle »

Elle s’arrêta net. L’espace d’un instant, elle s’était enflammée. Mais que lui arrivait il donc ? Vite, se reprendre avant que le drow n’imagine n’importe quoi.

« Il vous aidera sûrement … par contre, si vous lui voulez du mal, vous aurez affaire à moi »

De mieux en mieux. Voilà que sa bouche ne lui obéissait plus.

« Oubliez tout ça s’il vous plait »

[Oblivion]

Quête : retour à Ombre terre

Oblivion sourit à l'humaine. Se levant, il commença à se diriger vers la boutique. Il se tourna vers althéa une derniere fois.

-"Vous n'avez pas répondu à ma question. Si vous le voulez, rejoignez moi plus tard chez le conseillé.

A ces mots il sortit

[Ombre]

La barde déboucha dans un bureau à l'atmosphère aussi douillette et feutrée que la boutique. La lumière qui s'y déversait par la baie vitrée l'éblouit un instant, après l'obscurité du couloir...

- Mes hommages... lança-t-elle au hasard dans la pièce, sans pouvoir s'empêcher de masquer sa gêne par une pointe de sarcasme.

[Althéa]

"Et les miens en retour" lança une voix derrière elle, la faisant sursauter.
Elissa se tenait appuyée contre le battant de la porte qu'elle venait de refermer. De nouveau un sourire.

"Hé bien, on peut dire que vous en avez mis du temps ..."

Elle s'avança avec démarche souple et toute en retenue des moines, dans sa robe de bure.

"Anoushivara, cela fait long. Vous ne m'en voudrez pas si je vous appelle Anoush non ? Giacomo vient juste de partir. Apparemment, vous cherchez du travail. Et n'allez pas me dire que vous travaillez aussi au Loyal Paladin, on m'a déjà fait le coup ... Donc vous voudriez intégrer notre guilde mais avant tout un petit test ..."

Elle lui présenta sa main droite. Une petite main mais qui semblait avoir de la poigne.

"Choisissez un doigt"

La jeune femme s'exécuta sans comprendre ce qu'on lui demandait. L'index. La moinesse secoua sa main derrière son dos.

"Je mélange"

Elle secoua de nouveau sa main qu'elle présenta de nouveau à la barde.

"Maintenant, retrouvez le"

[Ombre]

- Appelez-moi Anoush, à votre guise... fit ladite dénommée pendant que la moinesse secouait la main. Belladone conviendra aussi, s'il en faut un autre, mais c'est un nom que je n'utilise guère ces derniers temps.

La belle plante fronça les sourcils devant l'étrange énigme d'Elissa, plus complexe qu'elle n'avait semblé au départ. Quitte à jouer l'évidence... - elle esquissa un mouvement de la main pour désigner la réponse, puis se reprit - autant la jouer à son propre jeu... Anoushivaran laissa échapper un sourire, et croisa les bras.

- Votre index se trouve entre votre pouce et votre majeur, ainsi qu'il l'a toujours été, n'est-ce pas ? fit-elle d'une voix suave, le sourcil levé et encore le sourire en coin. A moins qu'il se soit échappé et ait grimpé de toute son agilité d'index sur les poutres du plafond...

Elle mima d'une main légère la course imaginaire du doigt perdu.

[Althéa]

Petit clin d'oeil.

"Bonne réponse ... Enfin ... si vous vous étiez trompée je me serais fait quelque soucis"

Bien, le petit test avait été concluant ... De une, la jeune femme qu'elle avait en face d'elle ne se laissait pas facilement déstabiliser. De deux, elle réagissait vite et était pragmatique. De trois, elle ne se mettait pas en colère ... Que du bon ... Mais était ce assez pour faire confiance à la nouvelle arrivée ?

"Ici, nous avons Oblivion qui est un drow irascible, Delcia une thieffeline, Basile un filou patenté, Althéa un électron libre et Eliaëdel une azimutée. Comme vous le voyez, nous ne sommes pas beaucoup et nous avons besoin de monde. Mais vous, vous êtes plutôt quoi ?"

[Ombre]

Immobile, avec l'expression la plus neutre possible, Anoush fouilla les recoins de son esprit. La question était innocente, mais n'en avait pas moins fait chuter beaucoup. Qui sommes-nous ? Il s'agissait de ne pas basculer dans des abîmes sensibles, et au final si séduisantes... La nouvellement mercenaire gardait la maîtrise d'elle-même. Elle mentait, trichait, et fascinait. Mais ce genre de choses, mieux valait le taire. Et ses employeurs la verraient bien assez tôt à l'épreuve.

- Je suis polyvalente...

Et c'était tout à fait vrai.

[Althéa]

"Et une polyvalente, lança Elissa à la cantonade, vraisemblablement amusée, attention, si cela signifie que vous n'êtes pas toute seule dans votre tête, je vous demanderai de passer votre chemin et plus vite que ça ... Bon, trêve de plaisanterie ..."

Prenant un air sérieux, elle alla s'asseoir à son bureau et l'observa un moment.

"Vous avez quelques atouts à mettre en avant ... Pratique pour en amadouer quelques uns. En même temps, vous m'avez l'air robuste et on ne doit pas facilement vous marcher sur les pieds. A part ça, pourriez vous me parler un peu de vous afin que je puisse vraiment savoir à qui j'ai affaire ?"

[Ombre]

La barde, les bras toujours croisés, commença à faire les cent pas devant le bureau, absorbée, et attentive à la voix de la moinesse.

- Parler de moi. (Elle fit une pause, assez longue pour qu'Elissa se décide à rompre le silence, mais reprit au dernier moment : ) Qualitativement ? Ou quantitativement... En d'autres mots : chronologiquement ?...

Se parlait-elle à elle-même ?

- Posez vos questions, avec précision, et j'y répondrai.

[Althéa]

"Hum ... que faites vous en vous levant le matin ? Non, trop banale celle là ... Heu ... qu'avez vous l'habitude de manger ... Déjà faite ... Hé bien ... "

Elissa fit mine de réfléchir.

"Racontez moi tout ce que vous avez fait ou entrepris pour arriver dans notre chère cité helmite. Bon ... si vous me dites que vous venez par vocation religieuse, je penserai que vous vous moquez de moi ... Alors, je vous écoute. Si vous croyez que j'ai envie de vous tirer les vers du nez ... "

[Ombre]

Anoush cessa sa ronde.

- Là n'est pas le problème, répondit-elle presque en riant, avec du moins un sourire un peu plus large et ouvertement amical.

La femme fit encore quelques pas en silence, puis s'assit sur des chaises contre le mur, et se massa les tempes comme prise d'un soudain accès de fatigue. Manost... La question d'Elissa la ramenait quelques jours en arrière... quelques semaines ? Etrange comme la notion de temps se distendait, avec des événements si précipités...
Ne serait-ce que le nom "Manost"... Qui sonnait encore avec un lointain écho d'inconnu, un parfum de nouveauté... Puis le nom avait pris du coffre, de l'épaisseur, de la signification, avait cessé d'être une coquille vide, et perdu cette innocence.

- Manost... Non, il n'est pas question de vocation religieuse là-dedans...

...mais peut-être d'absence de vocation, si l'on peut penser que cela a influé sur la voie que j'ai suivie, fit-elle à part soi. Allons... assez de digressions.

- Je viens de Téthyr. Et avant, de plus loin, d'Eauprofonde, de la Côte des Epées, et en des temps beaucoup plus distants, d'Anauroch... (Et de Château-Zhentil, mais cela, ils n'ont pas besoin de le savoir.) J'ai passé énormément de temps sur les routes... (A détrousser de pauvres hères désorientés par mes charmes, et mieux valait-il qu'ils l'ignorent.) J'ai fini par m'établir à Thétyr dans la Troupe Royale en tant qu'acrobate, lanceuse de couteaux, et devineresse. Vous n'êtes certainement pas sans savoir que la Troupe Royale est loin d'être le dernier des cirques de campagne, et mène à entretenir des relations avec la haute bourgeoisie et la Cour.

Elissa acquiesca.

- Bon. (Un silence.) J'ai dû quitter Téthyr d'une manière notoirement précipitée. Je suis arrivée à bord de la Fille d'Umberlie, ai échoué au Loyal Paladin, et la suite, Giacomo vous l'a racontée, acheva laconiquement Anoush.

Sa bouche n'avait pu s'empêcher de se tordre, comme toujours lorsqu'elle prononçait le nom de ce bateau de malheur, au bord duquel elle avait connu un mois de traversée parmi les plus sombres de sa vie. L'expression lentement s'estompa, et la barde se mit, comme souvent ces temps-ci, à caresser du bout des doigts la broche qu'un gnome lui avait donnée, invisiblement épinglée au revers de sa chemise tachée.

[Althéa]

Quête : liberté

Elissa avait écouté la barde sans l'interrompre, les bras croisés et les paupières mi closes.

"En voilà tout un parcours, dit elle quand elle eût terminé, je crois qu'il y a une place pour vous dans nos rangs. A moi de vous parler un peu de la guilde. Elle fut créée par Banshee Sangdelune il y a quelque temps. Elle n'est pas rattachée avec le gouvernement en place ce qui ne nous empêche pas de leur donner un petit coup de main de temps en temps. Mais, la plupart du temps, nous travaillons à notre propre compte, à la limite de la légalité mais jamais dans le but de nuire … Nous ne sommes pas des voleurs ou des tueurs à gage, si vous voulez.
En ce qui vous concerne, j'aurais une mission à vous confier. Il y a quelque temps, une rôdeuse manostienne du nom de Galathée a disparu. Ce n'est pas une personne de la guilde mais elle nous a aidé par le passé et nous nous inquiétons pour elle. Elle est partie en direction de Graëlon … Certains parlent de trafic d'esclaves dans la région. J'ai peur qu'elle ait été embarquée malgré elle …Et j'aimerais bien que vous m'aidiez à la retrouver. Je ne vous cacherai pas que cette mission sera déterminante pour votre intégration"

[Ombre]

- Je vois.

De profil par rapport au bureau, signifiant par cela son attention pour les paroles de sa commanditaire, elle ajouta :

- Dites-moi tout.

[Althéa]

Quête : liberté

"Hé bien, Galathée est une rôdeuse qui a vécu quelque temps à Manost. Mais, la vie urbaine ne lui plaisant pas, elle a décidé de quitter la ville pour se rendre à Helonna. Nous nous sommes dit au revoir. Elle devait m'envoyer un hibou voyageur quand elle serait en vue du cap du vigilant. Cela fait deux jours et je n'ai pas de réponses. Comme je vous l'ai dit, il y a des esclavagistes dans la région. Ils fournissent de la marchandise à Mélandis qui vit une pénurie en ce moment. De nombreux esclaves se sont enfuis. Et comme elle voyage seule ... Il y a une seule route pour aller au cap du vigilant. Vous pouvez le prendre à la sortie de la ville. Si tout va bien, vous la trouverez sûrement au bord de la route. Vous la reconnaîtrez sans mal : elle est accompagnée d'une chèvre et d'un hibou ... Elle est habillée simplement, de taille moyenne. Par contre, si quelque chose ne va pas, je vous demanderai de nous en avertir et si possible, de lui venir en aide ..."

[Ombre]

Anoush acquiesca d'un lent battement de paupières.

- Ai-je beaucoup de temps devant moi ? (Sourcils froncés, elle réfléchissait intensément.) De quelle manière dois-je vous avertir ?

Que pourrait-elle faire face à des esclavagistes ? Elle avait son fouet, son poignard, et ses couteaux. Peut-être valait-il mieux voyager incognito. Peut-être lui fallait-il d'autres armes.

- Que voyez-vous d'autre à me recommander, matériellement ?

[Althéa]

"A vrai dire, vous feriez mieux de partir tout de suite si vous voulez être sûre de la retrouver. A mon avis, elle a marché vite ... Et si elle a fait une mauvaise rencontre ... "

Elissa laissa planer le silence sur ses dernières paroles pour laisser imaginer la gravité de la situation.

"Comme équipement, je vous fournirai tout ce que vous jugerez bon d'emporter avec vous. Mais à mon avis, vous allez avoir besoin d'adresse, d'un peu de jugeote, de sang froid et de chance. Elles seront vos meilleures compagnes tout le long de votre route. De quoi avez vous besoin ?"

[Ombre]

- Très bien. Très bien, répéta pensivement la barde. Je pense avoir besoin d'une tenue de voyage... De quoi me dissimuler, et dissimuler mon identité.

Anoush eu une véritable et profonde hésitation.

- Votre herboristerie est une vraie boutique tout de même, n'est-ce pas ? (Se parer d'armes qu'elle avait reniées auparavant... Autre continent, autres résolutions.) Avez-vous du poison végétal ? (Encore un temps.) Et un garrot.

Elle tourna vers la moinesse un regard vêtu de toute la franchise dont elle était capable.

- Simplement à titre de précaution. Et de récupération de matériel, on m'en a dépossédé il y a quelque temps.

[Althéa]

Elissa avait hoché la tête.

"Oui, nous sommes aussi une vraie herboristerie. Étonnant non ? Bon, attendez moi un petit peu, je vais aller chercher ce dont vous avez besoin."

Au bout d'un petit temps de latence, elle revint avec une couverture, des provisions, une grande cape à capuchon, une robe de bure à l'image de la sienne ainsi que le matériel pour le garrot et le poison.

"A mon avis, il n'y a rien de plus voyant qu'une robe de bure mais curieusement, on regarde très peu les gens qui les porte … On a tendance à les croire un peu azimutés. Les esclavagistes réfléchiront à deux fois avant de vous faire quoi que ce soit. Mettez ça à la place de vos vêtements et vous serez tranquille. Bon, je sais, qu'il y a beaucoup plus joli mais nous ne sommes pas invitées à une soirée mondaine. Maintenant, est ce que vous avez besoin d'autre chose ? J'y pense, faites attention avec le poison. A petite dose il vous donne la courante. A trop forte dose, il tue …"

[Ombre]

Oh my...! Je pensais avoir répondu, toutes mes excuses aux gens intéressés... N'hésitez pas à me brûler en place publique si ça recommence :snif:

- Je compte partir aux aurores demain matin, annonça Anoush devant les rayons déclinants du soleil qui passaient par la baie. Je dois avouer qu'il me faut un peu de repos avant de repartir.

La barde eut un sourire de côté devant les inutiles détours qu'elle avait pu prendre. Elle ramassa les diverses affaires, son regard amusé posé sur la robe de bure.

- Auriez-vous un endroit pour...? fit-elle en la montrant de la main.

Elle ne se sentait pas le courage de remettre les pieds au Loyal Paladin, au moins ce pour ce soir-là, et espérait qu'on lui propose le gîte.

[Althéa]

Et elle n'avait pas bronché d'un pouce en voyant la robe de bure. Un autre point pour elle. Elissa eût un petit hochement de tête.

"Oui ... Je sais que c'est un peu prématuré pour vous montrer tout cela ... Mais si vous insistez. Nous avons un étage là haut. Prenez n'importe quelle chambre ouverte. Elle est à vous. C'est petit, pas trop confortable mais ... on s'y fait à la longue. Si si, croyez moi. Si vous n'avez aucune question à ajouter, vous pouvez même y aller maintenant si ça vous chante"

[Ombre]

La fatigue gagnait du terrain, la tension de la journée écoulée revenait éclater en étoiles dans ses muscles.

- Merci, et pardonnez-moi de ne rester pas longtemps en votre compagnie... acheva Anoushivaran.

Après avoir gravi l'escalier et distraitement déposé les affaires dans la première chambre venue, elle essaya la robe de bure qui grattait horriblement, puis sortit des vêtements autrement plus attrayant, qu'elle posa côte à côte. Les deux pourraient servir, après tout. La robe comportant assez de pans et de plis pour camoufler une quelconque ouverture, elle fendit son côté afin d'accéder plus facilement aux petits couteaux de lancer qu'elle comptait attacher à sa cuisse à l'aide du garrot comme jarretière.

Tout son attirail déballé, elle s'allongea sur le lit, s'étira, et l'épuisement achevant ses dernières forces, s'enfonça dans un sommeil profond et sans rêves.

Prête à partir chef :fleur:

[Eliaëdel]

Une silhouette fine s'avança dans l'arrière boutique sans un mot. Avec une démarche un peu hésitante, elle s'assit à une chaise, tout en déposant un sac assez lourd avec un luxe de précautions qui pouvait sembler déplacé. La voix qui sortit du manteau de laine bleue manqua un instant de fermeté, hachée un instant par la douleur:
« Certaines affaires m'ont retardé plus qu'il n'était nécessaire à mon sens. Mais j'ose espérer avoir quelques mois de répit. »


Elle baissa le capuchon du manteau, comme pour confirmer son identification. Il y eu un petit moment de flottement dans la pièce à cet instant précis. Une large balafre courait sur sa joue. Le trajet de la lame n'avait manqué l'oeil qu'à peu de choses, comme pouvait en témoigner la coupure à peine refermée qui avait atteint l'arcade. La plaie avait du abondamment saigner, même si elle avait semblait il été nettoyée soigneusement.

L'elfe ferma les yeux un instant. Brisée physiquement. Les stigmates visibles sur son visage n'étaient que la partie émergée des outrages subis. Parler lui était difficile. Même respirer. Mais elle était vivante. Et le reste de son être en exultait d'une satisfaction profonde.

Et de haine.
Surtout de haine.

[Althéa]

Delcia avait laissé tomber le bocal qu'elle tenait dans les mains. Il explosa en un bruit mat sur le plancher. Ce n'était pas un fantôme qu'elle avait devant les yeux, c'était pire. Une femme sortie tout droit du passé mais bien vivante, en chair et en sang. En plaie plutôt. Une marque visible. A Jamais ? Elle même masquait sa véritable apparence mais ne serait jamais marquée à ce point. Du moins, elle l'espérait.

Elle fit effort pour regarder le visage tailladé, le visage impassible. Elle ne poserait aucune question. Du moins, aucune qui ne concernerait pas la guilde. Elissa demanderait des précisions peut-être. Elle, elle ne s'en sentait pas le courage.

"Si tu veux, nous avons un onguent pour effacer les cicatrices. Et ... Tu n'es pas allée voir un prêtre ?"

[Eliaëdel]

« Je me contenterai de l'onguent. »
Eliaëdel sourit. Un instant de sincérité rare, avec une douceur totalement inopinée. Un remerciement à mots couverts. Mais ce moment ne dura pas. Son expression redevint froide et impénétrable; ne pas oublier ce qu'il l'avait amenée en cet état. Quelque chose était definitivement mort en elle.
Non. Plus de faiblesse.
Ils l'avaient surprise. Torturée. Violée. Elle détestait l'idée,mais cette n'était que cette garce de Chance qui lui avait permis de survivre.
« Ils étaient deux. Ils m'ont mis dans cet état. Mais ils sont morts maintenant. »

Elle rit faiblement. Presque avec insouciance. Avec ce ton de jeune fille qui lui était si caractéristique. Les choses rentraient dans l'ordre. Mais dans son ton percèrent des notes de cruauté à peine réfrénées; et d'une folie désormais indubitable. Elle avait eu sa vengeance, et avait manifestement pris son temps. Satisfaction tranquille... sous les dernières lueurs vacillantes d'une humanité de plus en plus lointaine.
Quatre. Plus que quatre. C'était tout ce qui comptait. Son clan ne lui survivrait pas.