[Quête] Le festival de Cojum: Les dents du Troll

[Ombre]

Quête : le Festival de Cojum

La bouche pâteuse et au goût désagréable, mais l'esprit étonnament clair malgré l'épuisement, Anoush considéra avec peu d'entrain la silhouette qui se découpait dans l'ouverture de la tente. Ses yeux s'habituant à la lumière déjà crue du jour, elle se redressa sur un coude, l'air éminemment contrarié.

Par où commencer ? Par où commencer ?? Il y aurait au moins un million de questions à poser. Elle ne savait pas où elle était, comment elle y était arrivée, et pourquoi il fallait qu'elle tombe à nouveau sur le rôdeur le plus boute-en-train du continent, et, tiens, s'il n'y avait pas la moindre raison de le blâmer pour cette suite d'événements incohérents qui devait *forcément* avoir une explication rationnelle, explication qui pourrait éventuellement, sans objection majeure et de manière très cathartique consister à vertement tancer le parangon de vertu forestière.

La barde rassembla ce qu'il lui restait de dignité blessée - ce qui dans ces conditions revenait à racler des fonds de marmite - prit une inspiration interminable, et se lança.

- Alors ?!

Moui, c'était suffisamment éloquent pour couvrir l'exhaustivité du sujet.

[Kasumi]

Quête : le festival de Cojum

« Alors ?! »

En colère, elle allait bien. Le rôdeur, rassuré sur l’état d’Anoushivaran, ne put réprimer plus longtemps un sourire désarmant. Se penchant à l’intérieur de la tente, il décida de voir jusqu’à quel point son ancienne compagne de voyage se portait à merveille.

– Comment allez-vous en ce jour magnifique ? Si votre question porte sur mon état de santé, merci je vais bien. Si c’est le temps qui vous intéresse, tout indique que la journée sera ensoleillée aujourd’hui. Si cela concerne vos vêtements, je suis désolé mais il n’y a pas de rivière proche où les nettoyer suite à vos exploits d’hier soir.

L'air indigné et furibond de la jeune femme fit jubiler intérieurement le rôdeur, sans que son visage ne trahisse trop ses sentiments.

[Ombre]

Quête : Le festival de Cojum

Pour toute réponse, Kasumi reçut une volée d'objets divers, tout ce qui se trouvait à portée du lit de camp de la barde : outre, casserole, briquet et autres ustensiles lancés avec une précision que la colère ne faisait qu'aiguiser ; une chance pour le rôdeur qu'aucun couteau ou canif ne fasse partie du lot. Celui-ci dut battre en retraite hors de la tente, tandis qu'une Anoush à l'humeur plus chatouilleuse que jamais se dépêtrait des couvertures afin de poursuivre poignard au clair le plaisantin dont la blague, quelle qu'elle soit, ne la faisait pas rire le moins du monde.

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Anoush se mit à jeter tous les objets à sa portée sous le regard interloqué de Gimilkhad qui se retrouva à défendre ses propres affaires en les mettant hors de portée de l’étrange jeune femme.

Kasumi, se contenta d’esquiver les projectiles tout en reculant prestement hors de la tente.

« Cela fait plaisir de vous voir au sommet de votre art, je vois que vous n’avez pas perdu la main avec une casserole. Si vous abandonnez vos instruments, nous ferons peut être de vous une cuisinière hors pair. Mais votre entraînement devra attendre, le petit déjeuner est déjà prêt.

Alors que la barde s’était levée d’un bond, le poursuivant hors de la tente un couteau à la main, Kasumi lui saisit le poignet avant d’ajouter :

– Et rangez ça, il n’y a pas de lapin à écorcher, vous allez vous blesser ! Je ne voudrais pas demander à Maître Saïko de vous soigner une fois encore. »

La barde jeta un regard assassin au rôdeur qui relâchait progressivement sa prise. Alors que Gimilkhad et Calawen s’approchaient, suivis de près par Saiko alerté par tout ce raffut matinal, Kasumi ajouta sur un ton plus sérieux :

– J’étais inquiet hier soir quand vous êtes arrivée au camp : d’où venez-vous et que vous a-t-il pris d’entreprendre seule un voyage de nuit ?

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

(HRP = Oups... grillé )

Saïko qui dormait encore même après l'aube fut réveillé soudainement par un fracas de casseroles. Il se leva en sursaut et chercha des yeux l'origine du vacarme. Il réalisa sans grande surprise que le chahut provenait de la tente d'Anoush, qui apparemment n'appréciait pas les petits matins en pleine nature, surtout après une soirée aussi agitée.

Il rejoignit d'un air amusé Calawen et Gimilkhad qui observaient la scène d'un air stupéfait.

*les femmes*

[Ombre]

Quête : le Festival de Cojum

Le rôdeur détendait progressivement sa prise dans le bras de fer qui l'opposait à Anoushivaran, et levait l'autre main dans un geste d'apaisement qui ressemblait énormément à l'esquisse de la parade d'un coup inopiné.

– J’étais inquiet hier soir quand vous êtes arrivée au camp : d’où venez-vous et que vous a-t-il pris d’entreprendre seule un voyage de nuit ?

- A vous de me le dire, lâcha-elle en desserrant à peine les dents.

La barde n'était vraiment, vraiment pas contente.

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

L'homme panthère jugea le moment opportun pour une intervention.

- Je crains qu'il ne vous dira rien, ma p'tite dame... Nous l'avons déjà harcelé de questions et nous sommes toujours aussi ignorants. Il semblerait que quelque chose nous attend à Cojum, nous sommes sur son chemin. Pourquoi ? Pour qui ? C'est très flou tout ceci. Personnellement j'y vais parceque ça m'amuse, et si vous me permettez de donner mon avis, vous devriez venir. Le voyage en serait d'autant plus amusant...

[Le Dúnadan]

Quête : le Festival de Cojum


Gimilkhâd alias le Dúnadan sentait que toute cette étrange randonnée se passait comme en son absence. Non pas qu'il se sentit en danger ou menacé, mais simplement les évènements s'enchainaient comme en dehors de lui.

Ils étaient partis à trois de Manost, puis ils furent quatre, et une louve, enfin ils étaient cinq... et la plupart de ses compagnons semblaient se connaitre ou s'être croisés en d'autres circonstances. Bien sûr, il prenait les choses avec le calme et le détachement qui sied à quelqu'un de sa condition, ce n'était pas le moment de baisser dans l'estime de la troupe, pour peu qu'on lui en accorda. Mais il ne pouvait se retenir d'éprouver quelques appréhensions à côtoyer des gens qui semblaient si manifestement... dangereux et imprévisibles. La dernière venue dépassant tout ce qu'il avait déjà vu ! Si l'on faisait abstraction de cette louve au regard presque humain... trop humain.

En frottant sur un vieux tronc moussu ses bottes pour en détacher la boue de la veille, il soupira en se demandant ce qui l'avait pris à accepter la proposition du vieillard fantomatique. Toute sa vie, il avait souhaité ne plus être sur les routes et les chemins, et alors que la sécurité et le confort d'un foyer lui était accordé... voilà qu'il s'embarquait dans la première aventure venue ! Et quelle aventure... Une nuit sous une tente de fortune pour éviter d'être trempé jusqu'aux os, en compagnie de rôdeurs, sorciers, et Sylvanus seul savait quoi. Pfff ! Il remonta le col de sa cape de voyage, prit son air le plus ostensiblement râleur et se décida à intervenir :

- Puisque manifestement personne ne sait ce que l'on fait ici, peut-être serait-il judicieux de poursuivre vers Cojum sans trop tarder et sans perdre davantage de temps...

Il balaya d'un regard noir la petite troupe en marquant un temps presque imperceptible sur Anoushivaran et Kasumi.

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

- Encore une fois ! Je suis d'accord avec le vieux ! Enfin... le sage quoi. Nous nous sommes assez reposés, et visiblement la plus éprouvée d'entre nous dernièrement à maintenant des réserves d'énergie débordantes.

Il leva la tête au ciel ? Humecta de sa bouche l'index de son gant et le leva au ciel qui était bleu et sans nuages.

- A mon avis, il va faire beau. Profitons-en !

Conscient de l'interêt de son intervention, il ne rajouta rien et vint se placer aux côtés de Gimilkhad pour montrer qu'il était de son côté.

(Celui qui me trouve l'origine de ma dernière réplique gagne un magnétoscope en carton)

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum
Au pif, Naheulbeuk ?

La barde, campée sur sa position - le mot étant encore trop faible, enracinée comme un chêne centenaire serait peut-être plus représentatif - croisa les bras avec détermination.

- Je ne bougerai pas d'ici sans qu'un des membres de votre troupe de malades ne m'en ait donné une bonne raison, déclara Anoush.

Et elle releva le menton avec fermeté et résolution.

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

Malade ? Saïko était en parfaite santé :heu: !

- J'en ai une excellente. Si tu restes ici, tu risques de te faire bouffer par le premier prédateur qui va passer... Je crois pas que tes p'tits muscles de barde suffiront pour le calmer si il a un minimum faim.

Il lui passa les détails sur les fourmis carnivores qui pourraient la laisser aussi blanche que l'ivoire, les fauves affamés et enragés ou autres trolls des forêts.

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

Ladite barde aux muscles prétendument insuffisants tiqua et cligna des yeux. Hum. Des prédateurs... Pfff ! Et quoi encore ?

- Je risquerais d'en croiser tout autant en votre compagnie, et seule je serais au moins assurée de ne pas me faire jeter en pâture manu militari par un quelconque rustre des bois, fit-elle en foudroyant les deux rôdeurs du regard.

Les prédateurs, eux, avaient au moins de bonnes raisons de manquer à la plus rudimentaire galanterie. Et au premier chef, d'être des prédateurs.

[Saiko]

Quête : Le Festival de Cojum

(HRP : 1 - @Ombre : Faux, ce n'est pas la bonne référence. La vraie est plus... splendide ; 2 - @Autres : On a pensé que ce serait mieux d'attendre le retour de Kasumi pour reprendre la route, qu'en pensez-vous ?)

Bigre, elle avait du mordant et du répondant, la damoiselle !

- Mmmh, vous marquez un point. Il est vrai que je n'hésiterais pas à vous jeter en patûre si besoin se faisait sentir. Vous faîtes un appétissant appat.

Mais j'ai une autre raison pour que vous veniez avec nous. Vous êtes arrivée ici sous l'effet d'une drogue ou d'un quelconque sortilège et vous n'avez aucun moyen de savoir où vous vous trouvez et donc de retrouver la route de Manost. Sauf nous !

C'était ça le gros défaut des citadins, on les sort pour une promenade, et ils sont incapables de trouver le chemin du retour d'eux-mêmes...

[Calawen]

Quête : le Festival de Cojum

- Assez, arrêtez de vous disputer. Dame, si vous ne souhaitez pas vous joindre à nous, vous n'avez rien à faire ici. Bien que je me demande si une main invisible ne vous a pas guidé jusqu'à nous, personne ne doit semer la zizanie. Donc si vous ne souhaitez pas coopérer, repartez de suite. Vous semblez bien en forme au vu de votre petit tour de force.

Elle se releva et rejoignit les deux rôdeurs. Trois contre un.

- Je trouve ce manque d'activité extrêmement frustrant. Je n'aime pas attendre sans savoir, car nous ne savons rien de ce que nous faisons ici ni de ce qui nous attend ! Alors décidez-vous !

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum
Bon, alors euuuh... Les Bronzés ? Le Père Noël est une ordure ?

Voilà qu'ils se liguaient contre elle. De la zizanie ? Ces maigres piques qu'ils s'envoyaient ? S'ils voulaient de la zizanie...

- Donc votre esprit philanthrope se limite donc à faire venir votre tête d'Amnien* préférée dans un trou perdu, pour des raisons que vous refusez de lui donner, alors qu'il est de son droit le plus évident d'y avoir accès, pour des raisons qu'accessoirement vous ne connaissez vous-même pas, mais dont vous vous fichez assez éperdument pour vous jetez au-devant de ce qui pourrait être tout et n'importe quoi, de la vaste escroquerie à l'embuscade un poil plus élaborée que ce que font d'usage les bandits et assassins de grand chemin, et à ensuite menacer de jeter ladite victime aux loups et de l'abandonner dans la nature sans une carte que, je suppose, vous devez détenir pour être vous-même arrivés jusqu'ici ?

Une pause, afin que l'esprit simple de ses congénères puisse assimiler un tel torrent de mots plurisyllabiques.

- Bel esprit de logique.

* Equivalent RO de la tête de Turc.

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

(HRP = Bonne réponse avec les Bronzés, bien vu pour l'indice )

Le rôdeur regarda avec stupéfaction comment Calawen brisait son discours de conviction. Il s'approcha de son oreille pour y chuchoter.

- Euh... Ahem... J'ai pas trop compris ce qu'elle a dit là, mais j'aimerais bien qu'elle vienne avec nous, quand même. C'est vrai qu'elle chante pas très bien mais c'est quand même mieux que nous tous. Et puis elle l'a dit elle-même, elle pourrait nous servir en patûre en cas de grosse bête... A moins que vous n'ayez envie de prendre ce rôle ? Mmh ?</span>

Il s'éloigna de l'oreille de Calawen pour justement demander à Anoush d'être un peu plus vulgaire dans son discours. Maître Saïko, sur son caillou perché, lui tint à peu près ce langage :

<span style=\'color:darkorange\'>- Bien que votre discours témoigne de votre intelligence et je n'en doute point, sagesse, auriez vous l'amabilité de le décliner à nouveau en des termes plus concis et vulgarisés pour que je puisse vous entendre et que nous puissions continuer à communiquer dans l'optique optimiste d'un consensus à l'amiable ?

[Calawen]

Quête : le Festival de Cojum

Frustrée puis énervée, la né mage du faire un grand effort pour se calmer et parler sur le même ton que l'homme.

- Bon écoutes, c'est simple. Elle dit que nous sommes venus dans ce trou perdu pour des raisons qui nous sont inconnues, et qu'en agissant ainsi, nous sommes peut être tomber dans un piége. Malgré cela nous serions prêt à l'abandonner aux bandits et assassins qui rodent dans les parages, ainsi qu’aux loups, sans carte... Elle termine en disant que cela n'a aucune logique. Elle a tout à fait raison. Et non je n’ai aucune envie de jouer ce rôle. Maintenant si tu veux d'elle une réponse claire, tu verras que j'ai à peu près résumé comme il faut.

Le rôdeur s'éloigna pour reprendre sa conversation auprès d'Anoushivaran.

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

Ladite Anoushivaran, fulminant, avait posé ses poings sur ses hanches, et prêté même pas l'ombre d'un début d'attention à l'ensorceleuse qui avait glissé quelques mots énervés à l'oreille de l'homme-félin.

- Vous êtes juste complètement écervelés, fit-elle en détachant chaque mot, à la façon d'un instructeur Helmite à une classe de derniers arrivants. Dites-moi que je rêve ! On raille mon manque de sens d'orientation - sur lequel, soit dit en passant, vous n'avez pas le moindre début d'indice - et on occulte complètement le fait que votre comportement, qui consiste à suivre je ne sais quel vague feu follet jusqu'aux Neuf Enfers, est complètement, totalement et irrémédiablement insensé. Suis-je la seule personne douée d'un pouce de raison dans ce trou perdu ?! Shaundakul me vienne en aide ! Me voilà entourée d'une troupe de cinglés !

Devant l'air quelque peu éberlué du rôdeur devant une telle furie, elle répéta :

- Ir-ré-mé-dia-ble-ment ! E-cer-ve-lés !! Ra-ï-lle ! Triple andouille ! Crétin des bois ! Rustres analphabètes ! Barbares !!

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le groupe se décidait à agir promptement. Les incertitudes pesant sur leur aventure, loin de les décourager semblaient leur donner des ailes. Tous avaient hâte d’éclaircir ce mystère. Tous, sauf une. La barde, elle, ne bougerait pas d’un pas sans une bonne raison pour le faire et Kasumi le savait.

« Votre empressement à tous fait plaisir à voir. Dame Calawen, Maître Gimilkhad, je sais que nous ne nous connaissons pas aussi je comprendrais que vous émettiez quelques doutes quant à ma présence dans cette expédition.

Dame Anoushivaran, je comprends d’autant mieux vos réticences à y participer que vous n’agissez jamais sans bonne raison. Sachez déjà que si vous souhaitez rentrer à Manost, il vous suffit de suivre la route vers le sud, vous en auriez pour une demi-journée de marche.

[color=#9890066]Cela dit, si la curiosité d’une bonne histoire à ajouter à votre répertoire ne vous motive pas, acceptez de nous parler ce qui vous a poussé loin des murs de la Cité, ce qui vous a poussé ou ce que vous avez suivi. Je crains que cette chose ne continue de vous hanter si vous n’essayez pas de comprendre pourquoi nous avons été choisis. [/color]

Et je tiens à vous rassurer tout de suite sur mes intentions : je ne vous abandonnerai pas au premier troll qui croisera notre route, vous me connaissez assez pour savoir que je ne m'abaisserais pas à ce genre d'attitudes.

Puis il ajouta pour lui-même : - Par égard pour la pauvre bête. »

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

Après cette floppée d'insultes clairement dirigée contre lui (il ne savait ce que signifiait ni raïlle, ni rustre, ni andouille, mais il en avait une petite idée), il s'était apprété à aller chercher Ombre par les cheveux et à la traîner jusqu'à Cojum de cette même façon, même si cette méthode avait les facheux inconvénients d'être très bruyante (Ombre aurait probablement hurlé pendant cinq bonnes minutes, jusqu'à ce qu'elle se casse la voix) et très peu discrète (n'importe quel pisteur les aurait retrouvé en suivant les sillons laissés dans le sol par la silhouette d'Ombre).

Heureusement Kasumi était intervenu, et cela avait suffi à couper l'élan de Saïko. Loin d'essayer de convaincre Ombre, il lui demandait de s'expliquer sur les raisons de sa venue. Le rôdeur anticipa déjà de nouveaux mystères.

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

- Eh, je vous ai entendu ! râla la barde.

Se faisant prier avec quelque délices par son audience, elle pencha pensivement la tête sur le côté. Un demi-journée de marche, avait dit le rôdeur. Tant que ça ? La mercenaire ne se rappelait de rien après le début de la soirée dans sa chambre, et de la tempête qui s'annonçait.

- Combien de temps avant mon arrivée l'orage a-t-il débuté ?

Tout cela était franchement perturbant. Sa colère devant les pitreries de celui qui avait été son codétenu* masquait parfaitement aux yeux des inconnus son trouble, mais avec beaucoup plus de difficulté à son propre entendement. Les vieilles légendes midani que racontaient les mégères du camp bédouin évoquaient souvent ces efrits, créatures de feu qui prenaient le contrôle de l'esprit des hommes qui croisaient leur route. La jeune barde en avait été bercée... Et avait conservé cette sainte horreur (même si le terme n'est pas des plus approprié) de perdre le contrôle sur elle-même.
A l'évidence, c'est ce qui s'était très exactement passé.
Au point d'accomplir des choses que non seulement sa moralité (ou absence de) mais également ses capacités physiques ne lui auraient pas permis de faire.

L'heure était grave.

- Les ficelles me semblent un peu épaisses pour que de tomber sur trois personnes dont le visage m'est familier soit une simple coïncidence, fit-elle en dardant un regard empli de soupçon sur Kasumi. Mais soit. Si vous êtes capable de m'expliquer ce qu'une sorcière nommée Camélia, un rôdeur qui vous ressemble et un vieil homme reclus dans une tour ayant besoin d'un remède pour soigner une quelconque crise viennent faire dans cette mascarade, je serai peut-être plus encline à écouter vos propres informations.

Elle avait cité les seuls élément qu'elle ne sentait pas sous-tendus par une signification trop familière. Elle avait eu peur d'entendre sa voix faillir. Ses rêves étaient son domaine, reclus, barricadé, une forteresse perchée sur un pic inaccessible. Ils n'avaient pas le droit d'y rentrer.

* Sans Foi Ni Loi

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Sans ambages, Kasumi prit le parti de répondre à une Anoushivaran qui se faisait plus encline à la discussion, la colère initiale retombant peu à peu.

« Je dirais que vous êtes arrivée parmi nous deux heures après minuit. L’orage a commencé en fin d’après-midi, vers dix huit heures. Je vous laisse faire le calcul.

Mes propres visions n’ont pas mentionné de sorcière nommée Camelia. En revanche, le vieillard pourrait bien être le même qui nous est apparu à tous et qui inquiète les habitants des environs de Cojum depuis trois semaines.

Il se retourna vers ses compagnons : - Mais peut être en savez-vous davantage que moi, d’après ce que vous me disiez, le vieil homme s’est adressé à vous à plusieurs reprises.

– Méfies-toi d’elle, elle te cache quelque chose d’important. Je le sens à sa nervosité. Il faut que tu découvres quoi, fut-il averti mentalement par la louve. Aussi reprit-il son questionnement en direction d’Anoushivaran :

- Qu’est-ce qui vous dit que votre rôdeur me ressemblait ? L’avez-vous vu ? Que vous a-t-il dit ? Le moindre élément nous aiderait. »

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

Anoush fronça les sourcils devant le soudain empressement du rôdeur. Méfiante, elle répondit sur un ton acerbe :

- Ce qui me dit que le rôdeur vous ressemblait ? Vous croyez que je l'ai deviné ? Evidemment que je l'ai vu, pour dire qu'il vous ressemblait ! soupira la barde sur un ton excédé en levant les yeux au ciel. Ledit *rôdeur* m'a donc appelée *Camélia* et m'a demandé si j'avais pris les *herbes* pour soigner le *vieux* dans sa *tour*...

La somnanbule regarda son congénère demi-elfe avec toute la condescendance qu'elle pouvait y mettre, lui parlant comme au plus crassement crétin des semi-orcs.

- Ça ira comme ça, ou je vais devoir une fois de plus réitérer les mêmes explications dans un ordre différent et avec des structures grammaticales simplifiées pour les rendre compréhensibles par les hommes des bois ?

Les poings sur les hanches, Anoushivaran nota très tardivement la présence d'un spectateur non humain à la scène, qui néanmoins aurait pu sembler à un esprit moins rationnel que celui de la barde à toute épreuve prendre un grand intérêt à la conversation.

- On compte ouvrir une ménagerie ? railla-t-elle, son regard légèrement soupçonneux visant alternativement l'animal et celui qu'elle prenait pour son maître. Ou on se lance juste dans l'élevage de nuisibles ?

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le rôdeur afficha un franc sourire et se mit à rire comme réagissant à une plaisanterie muette. Anoushivaran « entendit » une voix dans sa tête :

« Oser me traiter de nuisible, moi ? Vous êtes bien frêle pour vous le permettre, jeune fille. Auriez-vous vécu avec les pachydermes pour aimer vous rouler dans la boue ? A moins que vous ne préfériez la compagnie des mainates qui sont les seules à pouvoir rivaliser de jacasseries avec votre personne.

Kasumi surenchérit aux propos mentaux de sa compagne. « Comme vous pouvez le voir, Neige est suffisamment intelligente pour communiquer avec vous contrairement au rustre des bois que je suis. »

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

Nullement désarmée par le tour, la barde répliqua avec un sourire encore plus large :

- Ravie de voir que le seul cerveau de la paire appartient à la bête de foire. Celle-là, fit-elle en désignant la bestiole avec un haussement de sourcils démentiel.

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le rôdeur croisa les bras devant sa poitrine jetant un regard de reproche à la barde.

« Maintenant que les présentations sont faites, si nous cessions ces enfantillages ? Notre groupe a beaucoup de route à faire et nous devons encore décider par où nous passerons : la route côtière puis la forêt ou les passes montagneuses.

Vous n’avez qu’une décision à prendre : nous accompagner ou rentrer à Manost loin des amis des bois. »

[Saiko]

Quête : le Festival de Cojum

La tension était suffisemment retombée pour que Saïko ose intervenir.

- Si vous me permettez, mademoiselle, j'aimerais que vous fassiez partie du voyage. J'ai déjà pu apprecier votre efficacité, et je ne serais pas contre le fait de vous entendre jouer et chanter tout au long du parcours.

C'est de l'aventure qui nous attend, et d'autres chansons à rajouter à votre répertoire. J'adorerais y voir mon nom figurer, tant que vous ne m'appelez pas le petit chat, bien sur.

Et il lui fit un regard des plus implorants :

[Ombre]

Quête : Le Festival de Cojum

Quels pitres. Bon, elle avait réussi à vexer Kasumi, et la mine incroyablement suppliante de Saiko l'avait déridée. Anoush regarda les deux rôdeurs en retenant un rictus, puis un sourire plus large. Elle releva la tête, les yeux pleins d'espièglerie.

- Très bien, je vous suis, annonça l'exigeante femme.

Un murmure de soulagement et de libération parcourut le petit groupe pendant que la barde s'avançait résolument dans la direction générale indiquée par l'homme à la louve.

- ... mais étant donné mes immenses capacités artistiques et le manque à gagner que me cause cette petite excursion, la moitié du trésor est à moi !!

[Kasumi]

Quête : le Festival de Cojum

Le groupe semblait en effet s’accommoder de la compagnie de la fantasque jeune femme mais une pointe de regret perla lorsqu’il reprit la parole :

« Bien, maintenant que la question fondamentale de votre éminente présence semble réglée, peut-être soufreriez-vous que nous décidâmes de la route qui portera nos pas vers notre destinée commune ?

Deux choix sont possibles : emprunter la route côtière pour contourner la Cordillère du Faucon par l’ouest et enfin traverser les forêts qui s’étendent au-delà pour rejoindre Cojum. Ce voyage durerait environ quatre jours, peut être cinq. L’alternative nous ferait gagner un ou deux jours mais elle semble plus risquée pour des personnages ayant l’habitude de la ville.

Le rôdeur avait tourné son regard vers Anoushivaran à la mention de cette dernière remarque mais il s’efforçait de détailler l’expression de chaque membre du groupe, guettant leur avis et leurs sentiments.

[Ombre]

Quête : le Festival de Cojum

- J'ai déjà traversé la Cordillière vers Graëlon récemment. La voie est assez malaisée, mais les orages risquent de la rendre réellement dangereuse en cas de coulées de boue. Puisque vous semblez prendre tant de plaisir à cette excursion, autant prendre le chemin agréable, non ?

Anoush se campa face à Kasumi, un imperceptible air de défi sur le visage - ou surtout un air de dire qu'elle avait déjà fait la route, elle, et pas lui.