[Quête perso] Retour à Melandis, depuis le Bosquet des Druides

[Mornagest]

Son voyage lui paraissait interminable. Monotone, insipide, douloureux de pensées sans cesse ressassées... Mais il n'avait guère le choix. Il ne disposait pas des talents magiques de Lothringen, et devait marcher, au lieu de se déplacer instantanément à l'endroit de son choix... mais le trajet était surtout pénible parce qu'il le mettait face à ses réflexions. Toujours les mêmes hésitations, les mêmes interrogations... qui ne menaient à rien. Il le savait, mais ne parvenait pas à changer cela.

Ses nuits étaient tourmentées, ses journées encore plus, et finalement, sa bonne humeur des jours passés avec son compagnon s'était étiolée comme neige au soleil. Ne restaient que sa rancoeur, et son envie de déloger le Conseil en place. Au moins cette idée lui donnait du courage pour poursuivre sa route, et arriver au plus tôt à Melandis. Il voulait reporter sa rage sur ceux qu'il considérait maintenant comme ses ennemis, au lieu de chercher à se détruire davantage... s'il n'était pas trop tard. Un jour, peut-être, connaîtrait-il la quiétude ? Sans doute une fois mort.

[Mornagest]

Il s'était endormi aux premières lueurs du jour. La fatigue avait supplanté les tortures mentales, et, exténué, le guerrier s'était enfin relâché. Son visage exprimait encore la profonde douleur qui le tenaillait, celle d'avoir laissé, pour toujours peut-être, le seul être qui comptait vraiment pour lui. Devrait-il en souffrir les regrets, si les choses tournaient mal pour l'un ou l'autre ? Se reverraient-ils ? Maintenant que Lothringen n'était plus à ses côtés, il en doutait fortement. Et cette incertitude croissait avec le nombre de lieues qu'il avait parcouru depuis le Bosquet des Druides.

Son sommeil fut de courte durée. Il était en plein cauchemar, aussi délirant et inquiétant que celui dans lequel son compagnon était en réalité un démon, lorsqu'un bruit sec de bois mort cassé le tira hors de ses songes. Le temps de lever la tête et d'agripper son épée, il aperçut une énorme boule d'un vert pâle repoussant tournée vers lui, puis, immédiatement après, une immense paire de mâchoires aux dents protubérantes et sales. Un ogre...

Se relevant promptement, Mornagest évita par là un formidable coup de masse, qui lui aurait certainement écrasé la cage thoracique en mille morceaux. Il recula de plusieurs pas, serrant sa garde en sa main crispée, puis, complètement réveillé, envisagea une méthode pour occire ce monstre...

[Mornagest]

La meilleure option contre un mastodonte de ce type restait la rapidité. Combinée à une agilité précise, elle pourrait lui permettre de s'en tirer sans trop de dégâts. Fuir était inutile, le monstre le rattraperait, avec son endurance hors du commun, dut-il pister le mélandien pendant plusieurs jours...

Soudain, le guerrier attaqua. L'ogre s'y attendait visiblement, car il positionna sa masse en guise de bouclier, pour freiner l'élan de Mornagest. Mais ce dernier parvint néanmoins à porter un coup dans le cuir du monstre, le touchant au bras gauche. Une coulée de sang brunâtre jaillit de la plaie, et l'ogre grogna quelque peu, mais répliqua avec un formidable coup de poing dans l'épaule du mélandien, qui fut littéralement projeté plus loin, trébuchant et s'étalant au sol.

Se relevant péniblement, l'épaule et le bras droit endoloris, Mornagest serra les dents. La partie allait être serrée... l'ogre s'avançait déjà, levant son immense arme, prêt à écraser le crâne de son adversaire. Le mélandien recula vivement, craignant de ne pouvoir éviter le coup à temps. La masse s'écroula, mais rata sa cible d'un bon demi-mètre. Mornagest en profita pour contrer, en passant à côté de la masse toujours abattue, puis en pointant sa lame vers la poitrine de l'ogre, qui ne put l'éviter. A nouveau, un grognement. Mais il ne montrait aucun signe de faiblesse...

[Mornagest]

Agacé par tant de résistance, le guerrier tenta de frapper immédiatement la créature, en renvoyant une série de coups, tandis que l'ogre lâchait désormais sa masse pour terminer le combat aux poings. Plusieurs entailles décoraient maintenant son cuir, mais il tenait bon. Et même, gagnait en agressivité. Il décocha un formidable coup de poing dans la poitrine de Mornagest, qui eut le souffle coupé, et fut projeté en arrière, trébuchant et tombant au sol. L'ogre se jeta presque sur lui, essayant de l'écraser sous son poids. Le mélandien s'extirpa à grand-peine, le visage cramoisi par l'effort, et le manque d'air.

Récupérant en vitesse sa lame, il évita un nouveau coup au visage, puis contre-attaqua en visant celui de son adversaire. Cette fois, enfin, l'ogre faillit. L'épée transperça le crâne de la créature, et, après un cri sourd et rauque, elle s'abattit sur le flanc, déplaçant un large nuage de poussières et de sable, qui vint se coller sur le corps en sueur du guerrier essoufflé.

Alors qu'il décoinçait son arme du cadavre de l'ogre, ce dernier saisit la cheville de Mornagest et la broya littéralement sous sa poigne. Le guerrier hurla, et, enragé, frappa une dizaine de coups frénétiques sur la tête du monstre, qui cessa enfin de bouger à jamais.

La cheville décomposée, Mornagest entreprit de mettre une petite distance entre le cadavre - qui allait immanquablement attirer des charognards - et lui, pour espérer passer le restant de la nuit tranquille...