[Quête] Liberté: Sur la route de Graëlon

[Ombre]

Quête : Liberté

Anoush, dès après sa remise sur pied après le coup en traître de l'homme, resta un instant statufiée de consternation devant la molle réaction de sa demoiselle en détresse. Un doute l'effleura brièvement : est-ce que c'était bien la personne qu'elle cherchait ? Une rôdeuse ? La rôdeuse Galathée ?
Avisant le captif qui bientôt arriverait à pousser de côté le faible poids de la femme qui le maintenait au sol, Anoush s'empara de la première masse légère venue et l'abattit sur son crâne. Il s'immobilisa aussitôt. Peut-être était-il juste assommé, peut-être mort, peu importait. La barde poussa brutalement Galathée de côté et à la seconde tentative parvint à renverser un râtelier d'armes sur le corps immobile. La rôdeuse, restée debout, ne retint pas une exclamation devant le fracas provoqué par l'écroulement, tandis qu'Anoushivaran courait du côté opposé de la tente, renversant le flambeau, seule source de lumière restante, avec la ferme intention de mettre le feu à la structure, et ouvrait d'un coup de poignard la toile.
Plus vif encore fut l'étonnement de Galathée lorsque sa course pour rejoindre Anoush à la nouvelle sortie improvisée de la tente fut cavalièrement interrompue par cette dernière, qui profitant de sa surprise la ceintura et la plaqua au sol. Elle eut le temps de réajuster le capuchon de son uniforme pour en cacher les mèches de cheveux échappées avant qu'une paire de gardes alertés ne franchissent l'ouverture de la tente, au passage entravé par le corps du garde et les armes pêle-mêle.

- J'en tiens une ! fit-elle triomphalement, maintenant une Galathée dépassée la joue dans la poussière. L'autre a pu s'échapper ! Elles ont tenté de m'empêcher de vous alerter ! Nous sommes attaqués ! Le camp est infiltré ! A la tente du capitaine, vite ! Elle veut l'assassiner ! A la tente du maître !!

La voix rauque de colère et d'excitation, le chaos dans la tente entretenu par les armes dispersés çà et là, les présentoirs renversés comme lors d'une lutte très violente, le crépitement de la paille qui prenait feu au sol et la fumée qui commençait à envahir l'espace réduit, tout devrait concourir à leur laisser assez de champ libre pour se glisser dans l'obscurité sans encombre.

Pauvre Galathée :fleur:

[Althéa]

Quête : liberté

Dans le camp, on se précipitait Aveuglé à cause de la fumée, toussant à cause des flammes, accablé par la chaleur. Les gardes couraient partout sans savoir où donner de la tête. C'est alors, que, profitant de la panique, les esclaves profitèrent pour s'enfuir de leur prison. Ils fondirent sur les gardes à poings raccourcis, impatients d'en découdre. Un combat s'engagea rapidement.

Nul ne remarqua, dans la cohue les deux jeunes femmes. Elles avaient maintenant un choix : se mêler aux esclaves pour se venger des gardes ou s'enfuir directement.

[Galathée]

Quête: Liberté

Galathée s'était dégagée de l'étreinte imprévue d'Anoush. La méthode avait été peu orthodoxe, passablement douloureuse, mais la rôdeuse devait lui reconnaître une certaine efficacité.
Le chaos qui régnait désormais dans le camp leur laissait le champ libre. L'incendie s'étendait de tente en tente, embrasant la plage d'une lumière infernale. L'air était saturé d'une fumée suffocante, et des cendres à peine refroidies pleuvaient tout autour des deux jeunes femmes.
Une fois encore, la tentation de fuir était grande. Après tout, chacun semblait maître de sa destinée, désormais, et un bras de plus ou de moins ne changerait sans doute pas l'issue de l'affrontement. Le regard de Galathée tomba néanmoins sur le navire qui mouillait non loin.
" Nous devrions faire en sorte que ces gens ne puissent plus jamais vivre de cet infâme commerce..." murmura-t-elle, à moitié pour sa compagne, à moitié pour elle-même.
Disant cela, elle réalisa qu'elle n'avait toujours aucune idée de qui était cette jeune femme, de pourquoi elle se trouvait là, de comment elle connaissait son nom. Elle lui jeta donc un regard qu'elle espérait amène, en dépit de son épuisement.

[Ombre]

Quête : Liberté

La barde n'avait qu'une envie, comme un animal traqué : s'échapper et s'éloigner le plus loin et le plus vite possible de ce camp où ses nerfs étaient à chaque seconde mis à l'épreuve. Tirant Galathée par le bras, elle fut pourtant stoppée dans sa course lorsque cette dernière s'arrêta brutalement, le regard tourné vers les mâts qu'on distinguait à peine sur le fond du ciel noir.

- Nous n'avons rien à y gagner ! hurla Anoushivaran par-dessus le vacarme, devinant les intentions de la rescapée.

C'est plutôt que nous avons tout à y perdre... Celle-ci ne bougea pas d'un cil, la regardant l'air suppliant. Un regard difficile à ignorer, tout chargé d'épuisement et de gravité qu'il était. La mercenaire soupira lourdement et roula les yeux au ciel... Tout autour, les esclaves démunis et peu préparés tombaient les uns après les autres sous les coups des brigands, hors de tout contrôle ; et c'était un miracle qu'aucun d'entre eux ne se soit encore intéressé à l'improbable duo...

- Nous n'avons pas le temps ! Ils reprendront la situation en main dans quelques minutes, le temps d'abattre les derniers fuyards ! Très bien, si tu persistes à rester dans cet enfer, je ne pourrai pas dire à Keens que je n'aurai pas tenté de te ramener ! conclut Anoush avec aigreur.

Puis elle relâcha sa pression sur le bras de la rôdeuse et s'écarta d'un pas, dans l'expectative de sa réaction.

[Galathée]

Quête: Liberté

Keens? Ainsi c'était Elissa qui avait envoyé cette inconnue à sa recherche? Galathée y songea avec surprise et reconnaissance, puis l'urgence de la situation la rattrapa.
Le vent s'était levé, soulevant sable et cendres, piquant les yeux des assaillants et de leurs bourreaux, qui bien que moins nombreux, étaient bien nourris, reposés, maîtres d'eux-mêmes et de leurs armes...
Quel gâchis, songea Galathée, et tout ça est de ma faute.
L'évidence la frappa comme une lame en plein ventre. Si elle avait agi avec moins d'impulsivité, si elle avait attendu son heure, peut-être ce massacre n'aurait-il pas eu lieu, peut-être les esclaves auraient-ils trouvé une autre opportunité, moins sanglante, de s'échapper, peut-être auraient-ils gagné Mélandis vivants et auraient-ils... auraient-ils quoi? Eté heureux de servir des maîtres?
Elle eut un haut le coeur.
Elle devait y retourner. Elle ne pouvait pas laisser ces gens, ces innocents, périr sans leur porter secours, sans essayer, au moins, d'en sauver un ou deux, ou dix.
Mais elle était seule et épuisée, et la femme qui se tenait devant elle était prête à tourner les talons pour regagner Manost.
Je ne peux rien, je ne peux rien faire.

" Vous avez raison..." lâcha finalement la rôdeuse, et à contrecoeur, elle rejoignit Anoush.

[Althéa]

Quête : liberté

Dans la cohue, personne ne remarqua les deux jeunes femmes. Ici, c'étaient deux esclaves empalant un soldat sur un piquet de clôture, là, c'était un garde passant par le fer un esclave. La fureur, le sang et le bruit. Au milieu de la cohue, on était trop occupé à tuer pour les remarquer.

Galathée et Anoushivaran avaient donc le champ libre ... Mais pour combien de temps ?

[Ombre]

Quête : Liberté

Entraînant Galathée, ballottant d'un côté et de l'autre au gré des détours pour éviter quelque soldat plus hargneux ou désoeuvré, Anoush filait à travers le camp ennemi en quête des fourrés les plus proches, de quoi couvrir leur fuite éperdue. Des cris hystériques lui firent néanmoins tourner la tête, jusqu'à s'arrêter si brutalement que la rôdeuse manqua de s'écrouler dans la poussière.

A quelques mètres de là, une silhouette féminine vociférait avec une hargne peu commune contre deux soldats courant devant elle et portant avec grand-peine un lourd coffret et des robes en pagaille. La femme, probablement noble au vu de son maintien et de ses parures, leur lançait tout ce qui lui tombait sous la main et les rouait de coups dès que les deux subalternes s'arrêtaient à son ordre pour ramasser les affaires éparpillées, et le trio qui aurait été cocasse dans des circonstances moins tragiques avançait en direction de la rive.

L'attention de la barde fut attirée par une silhouette tentant de s'échapper furtivement de la tente d'où semblait provenir la furie, et qui glissait avec précaution quelque chose dans son vêtement. Le garde s'en fut ensuite vers l'intérieur du camp. Hmm... Finalement, peut-être qu'il y avait quelque chose à gagner dans cette ruine... Quittant la tente du regard pour le poser sur le trois-mâts, elle en était presque à oublier une Galathée qui assistait à la même scène bouche bée.

[Althéa]

Quête : liberté

Anellia de Lochnohan était hors d'elle. D'une part, on courait partout, soulevant de la poussière qui venait se ficher dans ses anglaises dorées. Ensuite, on avait eu l'impudence de venir mourir à ses pieds et de l'éclabousser de sang. Pouah, que c'était salissant. Heureusement, il s'agissait de cadavres d'esclaves et non de gardes. Ceux là étaient plus polis. Au moins, ils ne s'en aillaient pas avec ses bijoux. Déjà, la moitié de sa garde robe s'était enfuie dans la nature. Impossible de la retrouver. Il fallait qu'elle s'en aille en un lieu plus paisible. Le bateau ferait l'affaire.

Elle était donc partie d'un pas décidé vers l'esquif quand soudain, une silhouette familière attira son attention. Là, à coté d'une tente ... Mais oui, c'était bien sa dame de compagnie. Comment s'appelait elle déjà ? Ah oui.

"Galathée, je te vois. Viens donc par ici, j'ai besoin de toi !!"

[Galathée]

Quête: Liberté

Il est des instants où lorsqu'on est à bout de forces, un petit événement, un rien, le souffle du vent, le craquement d'une branche, peut soudainement vous rendre pleine possession de votre énergie. C'est une énergie dangereuse, une énergie volatile, mais c'est parfois tout juste ce qu'il vous faut pour changer le cours des choses. Pour Galathée, c'était un de ces instants.
De voir cette arrogante pimbêche, clopinant dans le sable comme si la seule chose importante au monde fut ses nippes, nippes achetées avec le sang des innocents, suffit à lui faire monter le sang à la tête. Brusquement secouée par l’adrénaline et la colère, la rôdeuse sortit de l’ombre, sans se soucier du regard alarmé de sa compagne, et alla se planter devant Anellia.
« C’est ça, montons à bord, votre grâce ! » grommela-t-elle avec mauvaise humeur, et sans lui laisser le temps de réagir, elle prit le bras de la jeune femme.
Dans le fracas ambiant, personne ne semblait se soucier d’elles, et les deux soldats chargés des effets de la jeune femme avaient pris une avance bien opportune. Une minute plus tôt, fuir avait semblé la bonne solution. Le seul échappatoire. Mais pourquoi se défiler quand on peut profiter d’une belle flambée sur la plage ? Le bois ne manquait pas.

[Althéa]

Quête : liberté

Il est des instants où la peur vous saisit. Un rien, un bruit dans le noir, une parole au détour d'une conversation et tout bascule. Une décharge d'adrénaline vous envahit des pieds à la tête, vos poils se hérissent d'un seul coup pendant qu'un frisson glacé traverse tout votre corps. Vous vous demandez pourquoi vous, vous aimeriez revenir à n'importe quel instant pourvu que ce soit avant. C'est précisément ce que ressentit Anéllia.

"Non, tu n'as pas le droit. Tu es ma dame de compagnie. Tu dois te montrer douce et docile. Sinon, mon papa va te corriger sévèrement"

Puis voyant que son discours n'atteignait pas la rôdeuse outre mesure.

"Mais où m'emmène tu ? Tu ne vas pas me faire de mal non ? Tu m'emmènes en lieu sûr ?"

[Galathée]

Quête: Liberté.

Galathée ne put réprimer un sourire désolé.
" En lieu sûr, certainement. Votre navire me semble tout indiqué, très chère. J'imagine qu'il n'appareillera pas sans vous."
La rôdeuse saisit une flèche du carquois qu'elle avait troué plus tôt, et la soupesa un instant, sans réellement réfléchir. Il était trop tard pour faire demi-tour.
" Allons-y, nous n'avons pas toute la nuit..." dit-elle finalement, et d'un mouvement ferme, elle entraîna la jeune femme vers la plage.
Elle s'immobilisa quelques mètres plus loin, et jeta un regard en arrière, pour voir ce qu'avait décidé Anoush.

[Althéa]

Quête : liberté

Quand elle avait tourné la tête pour voir ce que faisait Anoushivaran, elle ne put que constater que la jeune femme s'était évaporée sans laisser de traces, aussi discrète que quand elle était arrivée. Les hommes s'étaient enfuis et il ne resta bientôt plus du camp que quelques baraques enflammées.

Annélia avait regardé le spectacle, éperdue. Son père monté sur un hongre noir s'arrêta près d'elle. En voyant Galathée, il dégaina son sabre mais se ravisa avant de s'en servir. Il fit monter en croupe sa fille sans se préoccuper de son ancienne esclave. Juste avant d'éperonner sa monture, il lui dit simplement :

"Oublie ..."