[Lieu] Dans les profondeurs du parc verdoyant

[Ravestha]

[Quête : l’invasion des ombres]

"Parfait. Plus vous pourrez les divertir, plus ça nous donnera du temps. Je trouverai bien un moyen de contacter la résistance. Il le faudra, notre réussite en dépend. Je dois retourner tant que mon sort fait effet, avec un peu de chance je passerai quand les barrages ne seront pas encore en place. Sinon j'espère que Terens a assez d'influence ici pour pouvoir passer outre le blocus."

Il s'apprêtait à repartir quand il s'adressa une nouvelle fois à Kasumi :

"Où Galathée est-elle partie ? Je peux essayer de la retrouver et les conduire dans un lieu plus sûr que les ruelles. Notre navire est un abri relatif mais c'est toujours mieux que de rester à la merci des gardes. Je ne peux rien promettre cependant."

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi donna l’adresse où devait se trouver la famille du prisonnier ainsi que des indications pour se repérer dans les rues de Luménis. Après avoir souhaité bonne chance au Conseiller et lui avoir serré la main, il se tourna vers les cinq archers. Il prit un ton qu’il espérait rassurant :

- Messieurs ! Cet après-midi, nous allons libérer vos concitoyens et par là même mettre la pagaille dans les plans du Seigneur Noir. Vous êtes tout désignés pour cette nouvelle mission compte tenu de votre mobilité. Ne décevons pas les espoirs que les résistants nous portent et les prières des citoyens du quartier ouest ! En route pour le nord et notre ambassade !

Après ce bref discours, les cinq archers suivirent le rôdeur comme un seul homme à travers les allées désertes du Parc. Le groupe emprunta un itinéraire limitrophe du quartier ouest et évita soigneusement toutes les artères trop fréquentées. Alors qu’ils arrivaient à deux rues de l’ambassade de Manost, Kasumi ordonna une halte pour repérer les lieux.

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.


Après avoir erré des heures dans le quartier ouest, retrouver le couvert des arbres eut un effet paradoxal sur la rôdeuse. Elle se sentit à la fois plus en sécurité, mais aussi plus proche de la rupture, comme si ce refuge affaiblissait les remparts qu’elle avait érigés autour d’elle-même. En cheminant entre les arbres, elle eut l’impression de mesurer l’étendue de sa fatigue, à nouveau, de retrouver la douleur dans son poing, dans son dos, dans son âme, qu’elle avait pourtant réussi à refouler dans le feu de l’action. Prise de vertiges, elle s'arrêta quelques secondes contre le tronc d’un chêne, et le contact avec l’écorce brute de l’arbre agit comme un baume furtif, lui redonnant un peu d’énergie pour continuer.
Les corbeaux continuaient à la guider, sans cesse moins nombreux comme ils retrouvaient leurs branches, leurs nids, leurs territoires. Même Anthracite finit par l’abandonner alors qu'elle gagnait le repli d’une clairière, à l’ombre de deux saules et d’un cercle de bouleaux, où se trouvaient le Manostien et son prisonnier.
Lorsqu’elle s’avança dans la lumière tamisée, elle nota que le soldat s’était endormi, sans doute trahi par sa blessure. Il reposait, la tête penchée sur l'épaule, entre les racines d'un des saules, et son arme lui avait glissé des mains. A ses côtés, le sergent lorgnait les nuages au travers des branches, stoïque mais visiblement épuisé. Il baissa les yeux alors qu’elle approchait et son visage se décomposa lorsqu'il reconnut le fardeau qu’elle transportait.
« Il est vivant... » souffla-t-elle en s’approchant de lui.
Elle déposa l’enfant sur le sol, et sans réellement réfléchir, trancha les liens du prisonnier.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
<o></o>
L’homme s’agenouilla aussitôt auprès de son fils. Son visage était ravagé par l’inquiétude, mais il sembla se rasséréner un peu après l’avoir examiné. Un peu seulement, car le gamin n’était pas beau à voir. Et sa fracture, surtout, avait une vilaine tête. Passant une main légère dans les cheveux de l’enfant, il leva les yeux vers Galathée.
<o></o>
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Par tous les dieux, on dirait que vous revenez de l’enfer… Et sans doute est-ce le cas… ajouta-t-il en voyant l’état pitoyuable dans lequel se trouvait également la rôdeuse. Que c’est il passé ? Sont-ce des gardes qui lui ont fait ça ?

Sa voix tremblait, et, pour une fois, il ne fit rien pour la maîtriser. La colère grandissait en lui, embrasait son regard et durcissait ses traits

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée eut un pauvre sourire.
« Je... » fit-elle. « Non, c’était un accident... un stupide accident... les Gardes Rouges... Nous en avons vu beaucoup mais... Dans ce massacre... »
Une lame d’épuisement lui coupa les jambes et elle s’assit dans l’herbe, puis se prit la tête entre les mains.
« Je vous prie de m’excuser. » murmura-t-elle. « J’aurais voulu pouvoir ramener Victor en meilleur état, mais c’était au-dessus de mes forces... Je suis... tellement désolée... »

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Le sergent demeura un instant silencieux. Il n’avait qu’à regarder ces deux rescapés pour comprendre l’ampleur de l’horreur qui s’était abattue sur le quartier ouest, et cela le révolta au plus haut point. Oui, ils en avaient croisé, des Gardes Rouges : la jeune femme portait l’un de leurs uniformes…
<!--[if !supportEmptyParas]--> <o></o><!--[endif]-->
Il eut alors un puissant élan de sympathie pour la rôdeuse. Se relevant, il s’approcha d’elle et lui posa une main sur l’épaule.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
-Vous n’avez pas à vous excuser, madame. Vous me l’avez ramené vivant, et c’est un vrai miracle… Lui se remettra, contrairement à tant d’autres… Je... J'ai une énorme dette envers vous...

Une sinistre pensée lui traversa l’esprit, et il fut parcourut d’un frisson.
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[font=&quot]-Et… ma femme ? souffla-t-il. Est-elle… ?[/font]

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Comment pouvait-il estimer lui être redevable alors qu'elle était à la source de ce désastre?
" Je ne l'ai pas trouvée... Elle était partie aux nouvelles, vu votre..."
Elle ferma les yeux une seconde.
" Vu votre disparition... Nous avons attendu longtemps, et Victor ne voulait pas partir avant son retour... Mais... à un moment... Nous n'avons plus eu le choix. Je n'ai aucune idée de ce qu'il est advenu d'elle... Victor pensait qu'elle était allée vers le port, hors de la zone des combats... Elle a peut-être..."
La rôdeuse s'interrompit.
" Je n'en sais rien." murmura-t-elle piteusement.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Le sergent serra l’épaule de la jeune femme, puis retira sa main.
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-Oui, elle sera sans doute allée à la caserne, voir à la capitainerie pour savoir ce qui s’était passé. Mais… Mais même si elle était en dehors de la zone entourée par les gardes, elle aura… elle aura tout fait pour rentrer chez nous. Sachant ce qui allait se passer, elle n’aurait… Elle aura voulu aller chercher Victor.
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Il poussa un profond soupir, observa un instant son fils endormi, puis hocha la tête. Se penchant sur Victor, il lui embrassa le front, puis se tourna à nouveau vers la rôdeuse.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
[font=&quot]-Je vais aller la chercher, dit-il d’un ton décidé.[/font]

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

"Je vous en prie, ne faites pas ça..." s'exclama Galathée. " La zone est... est incroyablement dangereuse et... un homme seul ne peut rien dans un tel enfer... Vous... vous risqueriez d'être tué par les Gardes Rouges ou par les résistants... Vous devriez... Vous devriez rester avec Victor, il a... il en a déjà tellement vu aujourd'hui, tellement subi... Il ne peut pas... Vous n'avez pas le droit d'en faire un orphelin! Votre femme... Votre femme, elle... Elle ne voudrait pas que vous abandonniez cet enfant..."
Galathée se mordit les lèvres.
" Je peux aller la chercher, moi." fit-elle en se redressant tant bien que mal, des papillons devant les yeux.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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S’avançant d’un pas, le sergent lui posa les deux mains sur les épaules et la força à s’asseoir, doucement mais fermement.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
-Vous n’irez nulle part. Vous tenez à peine debout ! Vous aussi en avez bavé, aujourd’hui… Vous devez vous reposer. Quant à moi… Je pourrais peut-être convaincre certains de mes collègues de se joindre à moi. Les Gardes Rouges sont des pourritures, mais il y a de braves gens dans la garde… Beaucoup ont cru que Morféa offrirait un nouvel espoir… Qu’il cesserait de faire couler le sang, lorsque les derniers vestiges de l’ancien régime seraient balayés… Qu'avec lui, les choses iraient mieux... J’étais de ceux là. Mais il nous a trompés. Il s’est servi de nous…
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
La colère montait dans sa voix, la faisant vibrer. Colère contre lui-même, colère contre les autres, colère contre le tyran qui avait déclenché de telles atrocités.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
-Il faut arrêter cela.. Je ne peux pas rester là pendant qu’on massacre mes voisins. Et que ma femme… Je… J’aurais été parmi ces gardes qui encerclent le quartier, si vous ne m’aviez pas enlevé, hier. J’aurais… Je n’aurais pas aimé ça… Je ne sais si j’aurais eu le courage de désobéir aux ordres… Beaucoup doivent être dans ce cas. Il faut les pousser à rompre les rangs, à laisser fuir les habitants…
<!--[if !supportEmptyParas]--> <o></o>
Il jeta un nouveau regard à Victor.
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[font=&quot]-Et lui… Savez-vous ce qu’il pensera de moi, maintenant qu’il a vu que j’étais du côté des bourreaux ? Nous avons toujours essayé de lui montrer ce qui était juste… Et voilà qu’il découvre que son père porte les armes pour un tyran… Je ne veux pas qu’il pense que je suis un monstre, vous comprenez ? Et je ne veux pas rester ici les bras croisés pendant qu’on massacre ma femme...
[/font]

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.


Galathée secoua la tête.
« Victor ne pensera jamais... Il n’a vu que les Rouges. Il ne sait pas que... Il ne vous en voudra jamais... Je vous en prie. Votre femme est sans doute sauve... ou déjà morte... Vous... Y aller ne servira à rien. Vous ne la retrouverez pas avant la fin des combats et... et on raconte que vous avez déserté... »
Mais elle comprit qu’il ne se laisserait pas fléchir, qu'il avait déjà envisagé ces différentes choses, qu'il s'agissait de plus que ça. Il avait été trompé, il voulait racheter ce qu'il imaginait être un errement personnel.
« Que dois-je faire de votre fils ? » demanda-t-elle finalement, avec lassitude.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Les épaules de l’homme s’affaissèrent comme il se tournait une dernière fois vers les deux rescapés. L’indécision qui lui déformait les trait faisait peine à voir.

-Je… je reviendrai…murmura-t-il.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
[font=&quot]Il fit mine d’avancer vers Victor, puis changea d’avis. Sans doute redoutait-il de ne plus avoir le courage de partir, si l’enfant se réveillait. Il adressa un signe de la main à Galathée puis, à grands pas, sans un regard en arrière, il disparut dans les profondeurs du parc.[/font]

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

A peine quelques minutes après le départ du sergent, un flot de réfugiés commença d’affluer vers l’abri relatif de la végétation. Certains ne tenaient plus sur leurs jambes et s’affalèrent plus ou moins lourdement sur l’herbe de la petite clairière. Peu après avoir atteint le parc, la colonne formée par les rescapés du quartier ouest s’était étoffée du personnel de l’ambassade et des douze hommes en armes qui avaient auparavant quitté l’escorte de l’ambassadeur.

Les combats ayant débuté plus tôt que prévu sur les quais, les gardes avaient préféré mettre les civils à l’abri plutôt que de les exposer à une bataille rangée. Ne s’arrêtant pas parmi le groupe de bonne importance, Kasumi s’approcha de Galathée qui tenait un enfant endormi dans ses bras. Il parla avec douceur et lassitude sans oser croiser le regard de la jeune femme :

- Le fils du sergent, je suppose. Vous l’avez laissé partir…

Ce n’était pas une question, un simple constat.

- Merci Galathée, une bonne action sera ressortie de ce carnage.

Désignant une place à côté d’elle, il ajouta sur le même ton calme :

- Puis-je ?

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée avait regardé le défilé des survivants s'engager dans la clairière sans réellement y faire attention. Elle se sentait dériver petit à petit, réduite à une masse de chair ankylosée, une boule de nerfs éteints, des atomes glissant doucement vers l’inertie. Machinalement, elle caressait les cheveux humides de sueur de Victor. Il avait une légère fièvre, mais rien de très inquiétant. Il fallait bien sûr qu’elle rouvre le pansement, nettoie la plaie, la traite à la consoude. Mais tout cela semblait demander une énergie qu’elle ne savait plus où trouver. Les corbeaux avaient regagné leurs arbres, et elle sentait, lorsqu’elle frôlait leur esprit, qu’ils estimaient avoir remboursé leur dette à son égard. C’étaient des animaux intelligents, beaucoup plus qu’on n’aurait pu le croire compte tenu de la taille de leur petite cervelle, et Galathée n’était pas réellement surprise qu’ils aient repris leur indépendance.
Quand Kasumi lui adressa la parole, il lui fallut quelques secondes pour qu’elle comprenne ce qu’il lui disait. Il avait mauvaise mine, et l’état de ses vêtements en disait long sur ses activités des dernières heures. Son avant-bras gauche était bandé, il avait les jambes rouges d’avoir saigné et elle eut un instant honte d'avoir cru que son expérience du massacre avait été particulière.
« Je vous en prie. » dit-elle finalement.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

La voix de la rôdeuse était comme lointaine, voilée et lasse. Kasumi s’en voulait déjà d’être venu la déranger. Peut être souhaitait-elle simplement être seule. Surtout après tout ce qui avait pu lui arriver dans cet avant-poste des enfers. Le demi-elfe s’assit à côté d’elle, pas trop proche toutefois, comme une gêne indéfinissable le saisissait. Il lui répondit un simple merci. Laissant divaguer ses pensées un bref moment, sa tête s’appuyant sur le tronc d’arbre auquel il s’était adossé, il hésitait à engager la conversation : peut être ferait-il mieux de la laisser dormir après tout. Il regarda néanmoins la main bandée de la rôdeuse.

- Ne vous sauvez pas cette fois-ci !

Il se releva sans brusquerie pour ne pas réveiller le petit et s’éloigna pour revenir un instant plus tard avec une petite bassine d’eau, des linges et des bandages. Il posa la bassine au sol avant de reprendre sa place aux côté de la rôdeuse. Désignant le mouchoir serré et tâché de sang qui enveloppait la main de la rôdeuse, il ajouta :

- Montrez-moi cette main s’il vous plait !

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Avec un léger sourire, elle lui tendit sa main.
« C’est du verre... » expliqua-t-elle alors qu’il révélait les nombreuses coupures qui zébraient sa peau.
Certaines avaient déjà gonflé, rouges d’infection. La suie et la poussière n’avaient rien arrangé.
« Je n’ai pas vraiment eu le loisir... » commença-t-elle avant de s’interrompre.
« Je ne veux pas me montrer froide avec vous... Simplement je... je me sens tellement lasse. » murmura-t-elle à voix basse. « Je ne... suis pas certaine qu’en parler me fera le moindre bien. Au contraire... Avez-vous parfois cette sensation que les mots font exister les choses ? Que si elles restent tues... elles ont moins de réalité ? »

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur ne répondit pas tout se suite. Il ôta délicatement les morceaux de tissu gorgés de sang de la plaie. Il plongea un linge propre dans l’eau de la petite bassine. Celle-ci contenait des herbes communément employées pour nettoyer et soulager les blessures. Un remède peu puissant mais le petit groupe de réfugiés n’avait guère trouvé mieux avant de s’enfuir des environs du Temple. Il procéda avec douceur et l’expérience née d’une pratique manifestement courante.
Presque distraitement, il répliqua enfin :

- Les mots ont l’étrange pouvoir de blesser ou de consoler. Ils sont hasardeux à leur manière sauf si on décide des circonstances dans lesquelles les employer. Vous portez un lourd fardeau sur votre cœur, je le vois bien. Je ne puis que vous offrir de vous écouter quand vous le désirerez. Parfois les mots sont bien moins dangereux quand un ami est là pour les partager.

Appliquant un étrange baume sur les lèvres de la plaie maintenant nettoyée, le rôdeur noua finalement un linge propre autour de la main blessée.

- Voilà, c’est fini. Reposez-vous sans crainte quelques heures. Il y a parmi nous certains soigneurs. Je vais leur demander de s’occuper de la jambe du petit.

Le rôdeur se redressa et s’apprêta à s’éloigner.

[Galathée]

Quête: l'invasion des ombres.

Galathée sourit doucement à Kasumi, sans rien ajouter. Elle était reconnaissante de son offre, mais elle ne savait pas encore très bien quelle était la cause réelle de son trouble. Bien sûr, elle avait vu des choses difficiles, avait croisé la route d’individus peu recommandables, mais alors qu’elle sentait petit à petit le sommeil prendre ses quartiers dans son corps, c’était surtout l’image de cette créature qui lui revenait, le mort-vivant à la voix rauque qui, elle en était de plus en plus persuadée, avait été l’elfe qu’elle connaissait. Comment une chose aussi terrible avait-elle pu se produire ? Que Taliesin puisse désormais être le « monstre » que craignaient les habitants du quartier Ouest semblait de l’ordre du délire… Pourtant, elle avait vu ce qu’elle avait vu. Etait-il possible que la peur lui ait inspiré des images mensongères ? Il fallait qu’elle en ait le cœur net.
Ses pensées se brouillèrent encore davantage comme elle glissait dans une torpeur agitée, à la fois consciente des survivants autour d’elle, à la fois plongée dans des songes sans queue ni tête. Deux fois, elle s’éveilla en sursaut, la première fois lorsqu’un homme vint s’enquérir de Victor, la seconde lorsqu’un cri déchirant s’éleva du groupe rassemblé autour d’elle, sans doute un malheureux prenant brusquement conscience de la réalité. Mais chaque fois, elle regagna bien vite l’abri relatif de sa pénombre personnelle.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi était resté un moment aux côtés de la rôdeuse. Mais lorsqu’il fermait les yeux, il revoyait les cadavres gisant à même le sol. A chaque fois, un sentiment d’urgence l’empêchait de trouver suffisamment de quiétude pour s’assoupir. Des gens se battaient alors même que lui se reposait. Bien sûr, son état actuel ne lui permettait pas de retourner au combat. Il ne fallait pas compter sur une guérison miracle cette fois-ci, il avait répandu et versé suffisamment de sang aujourd’hui pour repaître le sombre secret qui habitait tout son être.

Se sentant soudain parfaitement inutile, il se leva simplement et étendit sa cape sur les corps endormis de Galathée et de Victor. En claudiquant, il s’approcha de l’ambassadeur et des hommes qui l’entouraient, un peu à l’écart du groupe principal. Peu étaient réellement en état de se battre, mis à part les soldats qui n’avaient pas participé aux évènements du quartier ouest. En comptant les quelques volontaires les plus habiles, il serait possible de reformer une milice d’une bonne vingtaine d’hommes.

Si seulement la résistance qui avait été contactée plus tôt pouvait dépêcher quelques clercs sur le lieu de rendez-vous auquel elle avait été conviée, certains soldats pourraient être remis sur pieds. Quelques hommes de plus qui faisaient cruellement défaut alors que le besoin était urgent.

Le rôdeur se surprit soudain de cette pensée. Il avait quasiment occulté les autres blessés incapables de se battre. La soif de sang commençait-elle à lui dicter ses priorités ? Non, il restait tant à faire pour soulager les maux de la Cité toute entière. Les victimes en réel danger seraient soignées et les soldats potentiels constitueraient une priorité par rapport aux autres souffrants. Il n’y avait aucune honte à cela, c’est simplement ce qu’il convenait de faire en pareille situation.

Se tournant vers les deux derniers archers Manostiens qui l’avaient accompagnés dans le Quartier Nord, il parla d’un ton pesant :

- Messieurs, rendez-vous à proximité du Belvédère du Parc avec la plus grande discrétion. Votre mission est vitale : je vous charge de guider vers moi tout résistant avéré qui chercherait à nous contacter. Je fais appel à votre discernement. Des espions pourraient se cacher sous les traits de rescapés Luméniens. Je vous attendrai sur le chemin menant à cette clairière.

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée émergea de son sommeil au cours d’un cauchemar tortueux. Elle ouvrit les yeux, déboussolée, encore perdue dans le dédale de son rêve, et fixa les arbres au-dessus d’elle sans comprendre où elle se trouvait. Puis le vent agita les branches, doucement, un corbeau croassa quelque part vers la droite, et le murmure des conversations étouffées lui parvint.
« ...personne n’a pu me dire s’il avait pu sortir... »
« ...sûrement disparu, j’avais travaillé toute ma... »
« ...le sang, il y avait tant de sang... »
« ... voulu ! je n’oserai plus jamais... »
« ...maman ? Maman ?... »
« ...cette crevure de Nwalk, si je pouvais... »
« ...penses vraiment que les Manostiens font tout ça... »
« ...curieux quand même, si le monstre est... »
« ...nuit, le froid va tomber et... »
Angoisse, colère, tristesse, elle pouvait presque les voir danser dans l’air, avec les poussières qui se doraient au soleil. Elle n’avait pas besoin de regarder les Luméniens pour plier sous le poids de leurs émotions, elle les sentait sur sa peau, entrer dans sa carcasse pour l’ébranler de frissons.
Tant de souffrance, songea Galathée, s’émerveillant en même temps de la beauté simple des grands arbres du parc, des verts différents de leurs feuilles sur le bleu parfait du ciel, sourds aux conflits d’en bas.
Elle finit par se redresser, posa une main sur le front de Victor et constata que la fièvre était tombée. Il avait désormais une attelle propre sur la jambe, mais elle devinait qu’il dormirait encore longtemps. Elle réarrangea la cape de Kasumi pour qu’il soit bien au chaud, puis se leva et marcha dans la clairière, un peu au hasard. Elle portait toujours l’ignoble tunique de son agresseur, mais ce n’était pas le moment de s’embarrasser pour si peu. Croisant deux soldats manostiens qui devisaient contre un chêne, elle se fit indiquer la direction qu’avait suivie Kasumi, et partit à sa recherche.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur s’était retranché à la périphérie du dédale de végétation menant à l’abri où se reposaient les réfugiés. Il ignorait depuis combien de temps il était resté là à attendre. Les minutes lui paraissaient plus longues que des heures alors que ce répit lui aurait d’ordinaire permis de recouvrer une partie de ses forces. Il sortit de sa poche un petit couteau et s’assit en tailleur. Les sens toujours en alerte, il laissa néanmoins divaguer une toute petite partie de son esprit. Elle guidait sa main sans qu’il y fasse vraiment attention. Un don que chaque figure l’aidait à développer. Une activité si simple qu’elle en était devenue naturelle. Alors qu’il laissait glisser la pointe de sa lame une dernière fois pour souligner un petit détail, il fut surpris par l’irruption soudaine de Galathée. Se relevant brusquement, il cacha ses mains dans son dos et tourna la tête vers la rôdeuse, incrédule :

- Ma parole, vous devriez faire plus de bruit en marchant. Je fais un bien piètre garde ou vous êtes encore plus douée que je ne l’avais deviné.

Tout en parlant, il s’efforça d’enterrer distraitement des petits copeaux de bois qui traînaient sur le sol à ses pieds.

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

La rôdeuse haussa un sourcil en contemplant l’étrange manège de son homologue. Elle avait l’impression d’avoir surpris un enfant en train de faire une bêtise. A moins qu’il ne soit réellement offusqué de n’avoir pu prévoir son arrivée.
« Je pense surtout que vous êtes très fatigué... » fit-elle avec un léger sourire. « Et je vous ai manifestement dérangé. Telle n’était pas mon intention, j’aurais dû m’annoncer. »
Elle se détourna une seconde, prétenduement attirée par le jeu du soleil sur un parterre de mousse, pour lui laisser le temps de ranger ce qu’il cachait derrière son dos sans avoir à se dévoiler. L’incongruité de la situation lui laissa néanmoins le sourire aux lèvres.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur eut un bref sourire et tendit la main qu’il avait dissimulée dans son dos. Il répondit sur un ton contrit :

- Ne vous excusez pas, je laissais mon esprit divaguer et votre présence m’a brusquement rappelé à la réalité, voilà tout.

Dans la paume du rôdeur se trouvait une petite figurine sculptée dans un bois très clair et soyeux au toucher. L’objet haut de deux pouces environ représentait, dans un luxe de détail, une femme sur l’épaule de laquelle était perché un oiseau. En y regardant de plus près, les traits du visage ressemblaient comme deux ggoutets d'eau à ceux de Galathée. Comme s’il ressentait le besoin de s’expliquer, le rôdeur reprit sur un ton un peu précipité mais qu'il se voulait enjoué :

- La Dame aux corbeaux. Vous êtes déjà célèbre auprès des jeunes gens. Prenez-la, c’est un cadeau !

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

Galathée saisit doucement la petite sculpture entre ses doigts, à court de mots. Elle jeta un coup d’oeil à Kasumi, furtif, consciente du rouge qui devait lui être monté aux joues. Elle espéra à demi que la couche de crasse qui la recouvrait toujours dissimulerait son embarras.
« C’est très... très joli. » murmura-t-elle finalement, consciente de ne pas pouvoir rendre grâce à l’objet. « Vous êtes très... ça me touche beaucoup. »
Elle releva les yeux un instant, hésita. Elle sentait qu’il y avait beaucoup de bonté en cet homme qu’elle connaissait à peine, à côté de ses aptitudes guerrières et de son pragmatisme. Elle aurait pu s’ouvrir à lui, lui raconter les dernières heures, ce qui la tourmentait. Mais elle savait qu’aussi bienveillant soit-il, elle risquait de s’écrouler, et l’heure n’était pas propice à la faiblesse : tôt ou tard ils devraient se remettre en mouvement et elle n’avait l’intention d’être un poids pour personne.
« Je crains... » Elle s’éclaircit la voix. « Je crains que la réputation ne soit usurpée, cependant. Les corbeaux ont regagné leurs branches et je ne pense pas pouvoir les convaincre de repartir sur le sentier de la guerre. Ils avaient une dette envers moi, ils l’ont remboursée. Nous sommes quittes. La suite de cette bataille devra se jouer entre hommes... »
Vivants ou morts, lui souffla une petite voix.

[Agrippa]

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Agrippa avait fait le chemin depuis les égouts du Quartier Ouest accompagné d'une poignée de resistants, lesquels faisaient partie de la réserve constituée par Mekren en vue d'intervenir là où les combats le demandaient. Ces hommes et ces femmes étaient un mélange subtil des meilleurs et des plus mauvais éléments de la rebellion, les faiblesses des uns devant être compensés par l'enthousiasme et le professionalisme des autres.

Le clerc de Dénéir avait émergé une heure plus tôt de sa retraite souterraine pour découvrir que l'action violente avait déjà débuté, et que les officiers étaient sur le point de dépêcher des renforts aux forces du Quartier Sud. Agrippa avait pris la tête de ce détachement, et, guidé par un messager ayant réussi à trouver un chemin qui permmettait de depasser les lignes ennemies, aborda le Parc verdoyant sans avoir eu à livrer de combat significatif ni subit de pertes.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi eut un autre sourire bienveillant lorsque Galathée se saisit de la petite sculpture. Il hocha ensuite la tête à la mention des corbeaux. Son regard se fit distant quand il lui répondit, comme s’il fouillait dans quelque souvenir.

- Le cadeau qu’ils vous ont fait est loin d’être anodin. Quelque soit le service que vous leur ayez rendu, il est rare que les animaux en témoigne de la reconnaissance de façons aussi ostentatoire. Vous avez un pouvoir sur eux qui est très rare et précieux : ils ont décidé de vous suivre de leur propre volonté. Non, la réputation n’est pas imméritée quoiqu’elle puisse paraître un peu saugrenue. Qu’ils participent ou non au combat à venir n’a plus vraiment d’importance : les choses comme les êtres vont et viennent. Ce qui est vraiment important, c’est le lien qui vous unie désormais.

Le rôdeur parut seulement remarquer l’accoutrement de la rôdeuse. Avec une grimace, il poursuivit :

- Pardonnez-moi mais cette tunique ne vous va pas du tout. : vous n’avez pas l’état d’esprit voulu pour la porter et je crains qu’elle ne soit jamais très populaire à Luménis. Si vous le désirez, je pourrais vous prêter une des miennes.

Edit : HRP : oups ! Je n'ai pas entendu l'ambulance arriver. Je t'intègre dans mon prochain message.

[Galathée]

Quête: L'invasion des ombres.

HRP: je m'en charge ^

Galathée baissa les yeux sur l’uniforme qu’elle portait toujours, rouge de la Garde et brun de sang séché.
« Je n’ai pas vraiment votre gabarit. » dit-elle avec un sourire. « Mais je reconnais que ce n’est pas exactement la tenue la plus... »
Elle s’interrompit, levant un doigt.
« On vient. » souffla-t-elle.
Elle vit sur le visage de Kasumi qu'il avait également repéré le craquement caractéristiques des bottes sur les feuilles mortes.
Et quelques secondes plus tard, les deux archers que Kasumi avait envoyés en éclaireur surgissaient des fourrés. Ils vinrent se camper devant le rôdeur et Galathée fut frappée par la fatigue sur leurs traits, mais aussi par leur stoïcisme.
« Messire... Un groupe vient de pénétrer dans le parc... Nous pensons qu’il s’agit de résistants mais nous ne sommes pas sûrs... » commença le premier, un peu embarrassé.
« L’un d’entre eux ressemble fortement au meneur que vous nous avez décrit... Cependant... Peut-être seriez-vous plus à même d’en juger... » ajouta le second.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur écouta attentivement le récit du guetteur et répondit dans la foulée :

- Merci soldat. Allez prévenir l’ambassadeur de leur approche. Je vais voir cela de plus près.

Une image cocasse se forma dans l’esprit du demi-elfe : celle du prêtre de Déneir et de ses robes empêtrées dans le réseau de ronces qu’il fallait franchir pour atteindre le campement. C’est donc avec un petit sourire aux lèvres qu’il suivit la direction indiquée par l’archer. Accompagné de Galathée, ils ne tardèrent pas à repérer le groupe qui avait pris place autour du Belvédère. Avisant une silhouette qui se tenait en arrière, Kasumi se tourna vers la jeune femme :

- Il s’agit bien d’Agrippa d’Orgeval et il n’est pas suivi. J’espérais sa venue.

Sortant des fourrés où tous deux étaient demeurés inaperçus, le rôdeur leva une main pour signifier qu’il n’avait pas d’intentions hostiles. Il s’arrêta à quelques mètres du groupe et adressa un signe de tête en gage de salut.

- Bonne rencontre. Il se trouve des gens nécessitant des soins parmi nous. Veuillez nous suivre, s'il vous plait !

[Agrippa]

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Les résistants nerveux serrèrent les rangs en voyant surgir l'homme de la végétation, mais se reprirent rapidement lorque celui-ci parvint à identifier son intrerlocuteur.
C'est bon. Il est avec nous.
Puis, sortant du cercle qui s'était formé autour de lui, le clerc passa devant le rôdeur pour s'enfoncer dans les bois.
Bonne rencontre en effet, mais quelle est la situation? Je vais soigner autant que possible vos blessés, avec l'aide d'une novice qui fait partie de mon groupe. Montrez le chemin.

[Iluvatar]

[Quête : l’invasion des ombres]

Iluvatar marcha jusqu'au belvédère du parc, depuis les habitations du quartier ouest, où il était fier d'avoir réussi son premier assaut. Il repensait aux débuts de la résistance, Agrippa et Mekren, la découverte de leur quartier général...

Soudain il arriva au lieu dit. L'endroit était sombre et beaucoup de buissons épais s'y trouvaient, il capta un murmure venant de l'un des bruissons. Il attendit, figé, espérant être tomber sur les bonnes personnes...