[Commerce] Au Loyal Paladin

[Elzen]

La grande salle du Loyal, plongée dans les ombres, prenait une toute autre apparence. Elza songea avec un peu d'amusement que le fait de trouver la situation étrange indiquait qu'elle s'était probablement trop attachée à l'endroit: D'ordinaire, surtout dans un établissement de cette importance, elle aurait dû mieux connaître les lieux sous leur aspect nocturne que sous celui diurne. Raison de plus pour qu'elle en veuille à leur cible: Si elle ne voulait pas cambrioler pas une demeure, personne n'avait le droit de le faire à sa place.

Suite à la suggestion de son alliée, Elza s'assit dans l'ombre sous l'escalier, aussi discrètement qu'elle le pût, et se prépara à une longue attente. Dans les premiers instants, elle fut aussi attentive que possible, sur ses gardes, prête à disparaître dans les ombres au moindre mouvement suspect pour mieux surprendre l'adversaire. Cependant, l'inactivité chassant l'adrénaline, sa fatigue revint de nouveau la taquiner.
Au bout de quelques instants, Elza était entrée dans une sorte de phase de semi-repos. Ses paupières s'entre-ouvraient à intervalles de temps presque régulier pour scruter l'obscurité, mais, la majeure partie du temps, son ouïe fine et la sorte d'instinct qui lui permettait de repérer les formes de vies autour d'elles étaient les seules parties de sa personne à demeurer en état d'alerte.

Cet état lui coûta d'ailleurs l'initiative lorsqu'une présence étrangère se manifesta bien plus brusquement qu'elle ne l'aurait souhaité: l'infime fraction de seconde qui lui fut nécessaire à reprendre pleinement le contrôle de son corps avait suffit pour que la porte s'ouvre entièrement. Bouger l'aurait désormais trahi plus qu'aidé à se dissimuler. La main serrée sur son boomerang, elle se contenta d'observer qui arrivait, espérant que l'endroit discret où elle se trouvait lui suffirait pour passer inaperçu.

[Althéa]

Althéa quant à elle s'était remise prestement sur ses pieds et avait couru vers l'inconnu, l'épée au clair. Le dit inconnu, loin de s'en offusquer lui fonça dessus avec la force et l'enthousiasme de trente six chevaux lancés au galop dans la même direction. Il semblait porter dans ses bras un paquet qui se mit à bouger et supplier, révélant ainsi son appartenance au genre humain. Très vite, une fragrance de mousse et de terre mouillée envahit la pièce. Et les meubles eux même semblèrent se pousser devant une semie-orque en rut qui rentrait chez elle.

"Ah, Althéa, tu es là, dit elle en poursuivant son chemin en laissant à l'humaine juste assez de temps pour l'éviter, tu ne m'as pas vu hein ? Je remettrai tout en place demain. Et le bonhomme aussi. Il sera un peu sonné mais un bon repas le retapera.
-Plait il ?" reprit Althéa interloquée mais Dryade avait déjà gravis les étages.

Avec un air contrit, la bretteuse se tourna vers Elza.

"Hé bien, je crois que personne n'entrera ou ne sortira d'ici jusqu'à demain. Nous ferions bien d'aller nous coucher"

[Elzen]

[J'étais sûr que c'était Dryade ]

Elza adressa à la bretteuse un sourire réconfortant. Au moins, son assoupissement n'avait pas eu de trop graves conséquences. Certaines nuits au Loyal paraissaient particulièrement mouvementées.

"Hem, je crois en effet qu'il est inutile d'attendre d'autres surprises de ce genre. Mais que notre homme ne s'imagine pas qu'il nous a échapé! Nous y verrons certainement plus clair à la lumière du jour..."

Elle passa le dos de sa main devant sa bouche et, un large baillement plus tard, reprit: "Nous ferions bien, en effet. Ne serait-ce que parce que nos protégés respectifs vont finir par nous réclammer. Espérons que rien d'autre ne vienne troubler le reste de la nuit..."

[Althéa]

La nuit s'était passée, dix fois plus paisible que la fin de la soirée. Les portes avaient été vérouillées. Et le soupirant de Dryade s'était enfui au matin, honteux et commotionné. Jamais il ne reviendrait au Loyal mais jamais non plus il n'oserait parler de sa folle nuit. Au matin, Althéa s'était réveillée avec la sensation de ne pas avoir fermé l'oeil. Pourtant, elle était tombée comme une masse sur son oreiller après avoir bordé sa fille. Leodacya sans doute fatiguée par son réveil nocturne avait dormi d'une traite mais n'avait pas pu rester impassible face à l'appel de son estomac vide. Tout en lui donnant à manger, la bretteuse avait retiré les rideaux. Le jour se levait à peine. Baillant à se décrocher la mâchoire, elle se demanda à quand remontait sa dernière nuit complète : à trois mois maintenant. Elle connaissait donc la responsable. Et à en croire les dames aux yeux cernés dans le même état qu'elle les réjouissances allaient durer encore longtemps. Mais baste. L'appettit de Leodacya repu, elle se lança dans l'exercice périlleux de son habillement. Il était difficile sans une troisième main voire une quatrième d'empêcher sa fille de gigoter ou de saisir tout ce qui se trouvait à sa portée pour le porter à sa bouche tout en usant de tact, de force, de diplomatie ou de chance pour parvenir à lui enfiler ses habits. Une fois l'opération militaire terminée, elle put s'habiller à son tour ce qui lui parut mille fois plus facile, si facile qu'elle se prit à rêver du jour où sa fille arriverait à se vêtir seule. Mais on n'en était pas là.

Une fois ses bottes enfilées, elle descendit à la salle commune. Leodacya s'était prise de passion pour son oreille droite. Peut être voulait elle lui donner une autre forme car elle n'arrêtait pas de tirer dessus tout en essayant - dans la mesure du possible- de la porter à sa bouche pour la voir un peu mieux. Histoire de ne pas ressembler à un demi elfe de par son pavillon devenu soudainement pointu, elle avait confié l'enfant à Titoeil - Leodacya ayant trouvé un nez à son goût décida qu'elle n'avait pas perdu au change et se tint donc tranquille - et avait pris son petit déjeuner. Assise tranquillement dans un coin, elle attendit qu'Elza descende à son tour.

[Elzen]

Elza se réveilla en meilleure forme que la fois précédente. Le fait de s'être déséquipée et allongée avait probablement dû jouer. Elle commençait à récupérer agréablement des douloureux jours précédents. Mais elle n'oubliait pas la visite nocturne et sa ferme intention de rendre la monnaie de sa pièce à leur visiteur nocturne.

Après avoir rapidement vérifié que rien ne manquait dans les affaires que l'homme avait tenté de fouiller, elle décida de se vêtir d'une manière un peu moins austère. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas laissé libre court à sa féminité. Elle choisit dans son paquetage une robe claire, suffisamment ample pour lui permettre de courir ou de se battre sans encombres. Toucher le tissu ramena en elle de nombreux souvenirs de son plan d'origine. Cet habit avait été confectionné pour elle dans le village où elle avait grandi, et elle avait toujours soupçonné ceux qui le lui avaient fait d'avoir voulu lui rappeler qu'elle était née Princesse et qu'elle le restait à leurs yeux.

Une fois enfilée, la robe lui laissa un sentiment étrange. C'était tellement différent des combinaisons moulantes qu'elle portait habituellement qu'elle l'avait presque oublié. Elle resta un instant à rêvasser, jusqu'à ce que Bryan se rappelle à elle. Souriante, elle lui choisi à lui aussi des habits plus élégants qu'à l'accoutumée et l'aida à s'habiller, après un brin de toilette et avant une délicate séance de peignage.
Sans oublier de dissimuler dans ses néanmoins nombreuses poches et autres replis appropriés son boomerang et le reste de son matériel habituel, elle quitta ensuite la pièce pour rejoindre la grande salle, avec un air probablement beaucoup plus noble et plus gracieux que celui qui était le sien en quittant les lieux la veille au soir.

Constatant qu'Althéa se trouvait déjà sur place, elle se hâta de venir la saluer, demandant si la fin de sa nuit avait été agréable, sans évoquer pour l'instant celui qui leur avait échappé.

[Althéa]

Althéa l'avait saluée distraitement, en gardant un oeil sur sa fille dans les bras de Titoeil. Leodacya quant à elle s'était lancée dans l'observation d'une casserole que le tavernier tenait dans son autre main.

Puis, une fois sure que sa fille ne risquerait rien dans les cinq minutes qui allaient suivre se tourna vers Elza et Bryan. Elle allait leur proposer le petit déjeuner quand Titoeil fonça sur elle, les yeux quasi exhorbités et la mine inquiète.

"Mais qu'est ce que tu as à la main ? Regarde moi ça !" dit il en l'attrapant par le bras. Sur le poignet droit de la bretteuse s'étendait une marque violacée, un bleu dont la couleur indiquait qu'elle s'était ou qu'on lui avait fait tout récemment ...

"Hé bien ..., murmura Althéa perplexe, je ne sais pas"

[Elzen]

Elza sourit en voyant le regard qu'Althéa portait à l'enfant. C'était ce genre de choses qui faisaient toujours plaisir à voir, même si au fond d'elle-même, elle en ressentait quelque part un peu de tristesse vis-à-vis de sa propre situation.

Elle ne remarqua l'ecchymose au poignet de la bretteuse que lorsque Titoeil la leur désigna d'une manière certainement aussi discrète que possible. Curieux.

"J'ai... une assez bonne expérience de ce genre de bobos... (Elle jeta un regard en coin à Bryan) Voulez-vous que je regarde un peu celui-là ?"

[Althéa]

Sans bouger, elle avait laissé Elza regarder son poignet. Elle n'avait ressenti aucune douleur jusqu'à ce que Titoeil lui fasse remarquer qu'elle avait quelque chose. A présent, elle ne put réprimer une légère grimace quand Elza lui avait pris le bras.

Où avait elle pu se faire mal ? Peut être dans la soirée en poursuivant leur ennemi imaginaire. Ou peut être un peu plus tôt. Impossible de se souvenir.

Elza, quant à elle identifia assez vite la blessure. Un coup donné par un objet contondant en était l'origine. Il avait laissé une marque qu'elle identifia sans mal ...

[Elzen]

Oh. C'était le genre de blessure qu'un boomerang aurait tout à fait pu causer. Or, ce genre d'arme, de ce qu'Elza avait remarqué, était loin d'être particulièrement répandu dans la région. A vrai dire, le seul qu'elle avait aperçu dernièrement se trouvait dissimulé sous ses vêtements...

C'est alors qu'elle se souvint de son éveil de la nuit précédente. Et de l'endroit où elle avait touché le voleur. Juste au niveau du poignet. Son visage dût prendre un instant un air particulièrement soucieux.
Le voleur n'avait pas reparu, exactement comme s'il s'était volatilisé. Combien de temps s'était écoulé exactement entre sa fuite et le départ d'Elza à sa poursuite ? Assez pour recouvrer ses esprits, peut-être, mais sans doute guère plus.
Althéa avait dit ne pas se souvenir de la manière dont elle s'était fait ceci. Comme elle ne s'était pas souvenu, la veille, d'être montée sur la table et ce qui avait suivit.

"J'ai peut-être une explication... Mais si ce que je crois est exact, je crains que ça ne vous plaise guère."

Elle lâcha le poignet d'Althéa et la regarda dans les yeux. "Pouvez-vous m'expliquer ce qui s'est passé exactement quand il vous a réveillée, cette nuit ?"

[Althéa]

"Hein, me réveiller ? Mais qui ?"

Althéa ouvrait des yeux ronds. La conversation prenait une tournure bizarre. Et même gênante. Léodacya l'avait réveillée en pleurant ... Alors qu'elle se trouvait debout dans la pièce. Avait elle fait une crise de somnambulisme ?

La jeune femme en face d'elle semblait le savoir mieux qu'elle.

"Alors quoi ?" dit elle en se rasseyant posément, racontez moi tout.

[Elzen]

"Notre voleur nocturne. J'avais compris que c'était suite à sa visite que vous vous étiez éveillée. Mais vous ne l'avez pas vu, je suppose. Les pleurs de cette charmante petite elle désigna d'un geste Léodacya dont elle ne connaissait pas encore le nom sont la seule chose dont vous vous souvenez..."

Elle soupira. Puis sorti de l'une de ses poches un petit paquet dégageant une douce odeur, et saisit doucement le poignet de la bretteuse. Le bandage qu'elle entreprit de placer eût presque immédiatement un effet soulageant sur la marque du coup.

"Voyez-vous, ce bleu est le reflet exact de ce que je croyais avoir infligé au voleur hier soir. Il me semble que l'explication la plus plausible... Est que notre hypnotiseur d'opérette était bien aussi puissant qu'il s'en vantait. Et que ses intentions ne se limitaient pas à simplement épater la galerie."

[Althéa]

Elle avait hoché la tête. Les images de la veille étaient repassées devant ses yeux. La clé sur la porte du coté intérieur. Leodacya pleurant alors qu'elle se trouvait debout à coté d'elle. Elle comprenait à présent ...

Chaussette ...

La voix avait résonné dans sa tête. La seconde d'après, son corps ne lui appartenait plus. Elle n'était plus que la créature impavide dont un marionnettiste fou actionnerait les ficelles.

En un bon souffle, elle se dégagea d'Elza et tira la dague qu'elle portait à la ceinture pour la porter sur sa propre gorge.

"N'approchez pas où vous risqueriez de le regretter"

Le mage était entré silencieusement dans la salle commune. Les bras croisés, il observait le tableau avec le sourire satisfait d'un peintre qui s'apprête à ajouter sa touche personnelle ...

[Elzen]

Elza eût un geste pour retenir Althéa, mais la brusque réaction de celle-ci, alors qu'elle semblait l'instant d'avant plutôt bien prendre la nouvelle, et surtout cet air étrange sur son visage, ne pouvaient signifier qu'une seule chose.
La seule surprise qu'Elza éprouva en entendant le mage parler fût de le trouver si proche. Elle qui pensait pourtant avoir gardé tout ce qu'elle avait d'attention disponible pour surveiller les allées et venues à l'intérieur de la pièce... Cet homme était dangereux. Très.
Et il... il lui en voulait personnellement. Quelle autre explication ? Il avait tout d'abord eu ces remarques étranges, semblant connaître Elza mieux que quiconque autre que Bryan et elle, et puis, l'incident de cette nuit laissait à penser que seule sa chambre avait été visitée.
Elle se leva doucement, sans geste brusque, restant face à Althéa, puis pivota lentement vers le mage. Elle réfléchissait à toute allure. S'il la connaissait réellement, il saurait quelle était son arme de prédilection. Pouvait-il cependant deviner qu'elle le dissimulait même dans les repli de cette élégante robe, si opposée à ce qu'elle portait habituellement ? Il ne semblait pas l'avoir prévu en envoyant sa marionnette la nuit précédente...
Le mouvement le plus naturel qui soit suffit à rendre son boomerang accessible sans pour autant le dévoiler à la vue des spectateurs. Elle disposait aussi de plusieurs fioles que jeter violemment à terre aurait provoqué divers effets utiles. Si elle parvenait un court instant à laisser ses mains échapper à la surveillance de toutes ces paires d'yeux (la réaction des habitués du Loyal était malheureusement également à prendre en compte), elle pourrait peut-être prendre le mage par surprise.
Mais quels pourraient être les effets sur Althéa ? Et si... s'il était capable de lire dans son esprit ? Hypothèse intéressante, qui, si elle était vérifiée, bouleverserait grandement la donne. Mais après tout, ses meilleures armes étaient celles auxquelles elle ne pensait pas le moins du monde.

"Ça va... Laissez-la. C'est après moi que vous en avez. Que voulez-vous ?"

[Althéa]

L'homme secoua la tête et d'un geste de la main, invita Althéa à aller près de lui. La jeune femme, le visage impassible obéit sans réagir. A coté d'elle, Leodacya se mit à pleurer, les bras tendus vers elle. Le mage ne prêta aucune intention à elle. Il se tourna vers Elza, un sourire concupiscent sur le visage.

"Ma foi, je pourrais vouloir beaucoup de choses ... Mais c'est après ta robe que j'en ai. Ta belle robe est incrustée de fines pierreries. Des pierres plus précieuses que tu ne le croies. Donne les moi et je te laisserai tranquille"

[Elzen]

Fines pierreries ? Elza haussa les sourcils. Des cailloux du désert. S'il en voulait, il n'avait qu'à aller les chercher sur place. Et faire connaissance avec les soldats de Pharaon, par la même occasion... Enfin, cela changeait. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait un adversaire qui ne semblait pas en vouloir à Bryan. Pourquoi les gens en avaient-ils donc tous après Bryan, après tout ? Sa robe avait tellement, mais alors, tellement plus de valeur...
D'ailleurs, c'était bien connu. Les gens riches faisaient exprès de faire étalage de leurs richesses quand elle était dans les parages juste dans l'espoir qu'elles viennent les cambrioler vêtue de cette robe-ci. Pour pouvoir l'admirer.
D'ailleurs, elle-même ne volait que pour s'amuser, puisque de toutes façons, sa robe valait infiniment plus que la somme de tout ce qu'elle pourrait jamais récupérer durant toute son existence. D'ailleurs, en y réfléchissant bien, elle allait devoir nettoyer son sac. Il restait probablement quelques grains de sables de son désert natal au fond. Il ne fallait pas les perdre, chacun de ses grains valait plus qu'un morceau d'Illithium gros comme son poing. En même temps, elle s'en fichait, elle avait déjà la robe la plus formidable de tout le multivers. Une robe tellement formidable que toutes les entités douées d'intelligence ne désiraient que ça.
Certaines avec malhonnêteté, d'ailleurs. Elle revoyait encore distinctement l'image d'un Seigneur Balor qui s'était fait faire une copie sur mesure de sa robe pour essayer de faire croire qu'il avait réussi à s'en emparer. Très agréable vision. Surtout au moment où il avait commencé à danser la valse dedans.
Lisait-il vraiment dans ses pensées ? Si c'était le cas, Elza le plaignait énormément. Mais ça lui apprendrait à sous-estimer sa capacité à penser absolument n'importe quoi. Et il n'avait encore rien vu. Il voulait la robe ? Bien. Il n'allait pas être déçu.

Après la formulation de cette dernière pensée, et sans que l'ensemble ait prit plus d'une fraction de secondes, images très bien dessinées de balors dansant la valse en robe de princesse comprises, le vide complet se fit dans l'esprit d'Elza. Ça aussi, c'était un moyen de défense qu'elle maîtrisait à merveille. Des sensations, des actes, mais aucune pensée. Ce n'était pas comme si son esprit n'avait jamais dû subir de visites inopportunes.
La seule chose qui demeurait en elle, faisant obstacle à toute pensée consciente ou non qu'elle aurait pu formuler, était l'insouciance et le culot qui avaient été les traits dominants de sa personnalité à une époque pas si lointaine, et que sa robe avait ravivé.
Elle avança d'un demi-pas en secouant sa longue chevelure aux reflets de feu, puis leva lentement sa main vers son épaule, qu'elle dénuda lascivement, envoyant un baiser voler en l'air, puis amena de la même manière l'autre main, qu'elle glissa dans sa robe au niveau de l'autre épaule dans toute sa sensualité.
Puis elle se redressa, toisa le mage de son regard d'emeraude, et demanda simplement

"Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que je la retire en public ?"

[Althéa]

Le mage regarda Elza d’un air amusé.

« Voyons princesse. Vous n’avez ni le sexe ni l’age pour m’impressionner. Mais les gens ici seront sans doute heureux d’apercevoir vos si jolies formes. Allons, un peu de sérieux et donnez moi cette robe ou je me verrai dans l’obligation d’aller la chercher moi-même »

[Elzen]

Soit il témoignait d'une bonne maîtrise de soi, soit Elza dressait ses barrières mentales en vain. L'incertitude était trop grande pour qu'elle se permette de baisser sa garde. Un peu de sérieux ? A son aise. Elle pointa son regard droit dans celui du mage, et focalisa son esprit sur ce regard. Son visage prit une attitude dure, et sa voix se fit menaçante.

"Je n'ai pas pour habitude de marchander avec les gens de votre espèce. Libérez Althéa. Relâchez toute votre emprise sur elle. Nous verrons le reste par la suite."

[Althéa]

Le mage avait secoué la tête d'un air désolé et esquissé un geste infime de la main. Althéa avança un peu plus le couteau vers sa gorge. Un petit filet de sang commença à sourdre de la plaie.

"Désolé, mais vous n'êtes pas en mesure de négocier mademoiselle"

[Elzen]

"On est toujours en position pour négocier. Il suffit juste de savoir à quel moment utiliser les bons arguments."

Elza saisit son boomerang et le lança d'un geste extrêmement rapide. Le mage eût d'abord l'impression que le coup le visait lui, et n'eut que le temps d'un mouvement de recul, mais l'arme ne fit que passer à proximité de lui. La véritable cible était l'arme que tenait Althéa, qui échappa à sa main avant que son marionnettiste ait eu le temps de réagir.
Le couteau se planta dans une table un peu plus loin, tandis qu'Elza récupéra son boomerang au vol et le rattacha calmement, bien en évidence.

"Si nous allions en discuter dans un endroit un peu plus isolé ? Inutile de risquer une action inconsidérée comme celle-ci de la part de quelqu'un d'autre que moi, non ?"

[Althéa]

Le mage avait considéré Elza d'un autre oeil. Décidément, la jeune femme ne manquait pas de ressources.

"Je vois, dit il, alors, si c'est comme ça ..."

Sans se préoccuper d'Elza, il incanta.

Mage ==> projectiles magiques ===> Althéa

La jeune femme toujours sous hypnose ne réagit pas. Les projectiles l'atteignirent à l'épaule. Elle tomba sans un cri.

"Dois-je continuer ?" demanda l'homme sur un ton badin.

[Elzen]

Oui, c'était comme ça. Et ça ne risquait pas de changer.

La surprise manifeste de l'homme indiquait qu'Elza l'avait probablement surestimé en le croyant capable de lire dans son esprit. Et voilà qu'il venait de commettre une terrible erreur. L'Elfe jeta un rapide regard autour d'elle, puis toisa son adversaire de l'air réprobateur et quelque peu supérieur d'un adulte surprenant en flagrant délit un enfant qui s'amuserait à casser des objets.

"Bravo. Je pense qu'il apparaît désormais clairement pour tout le monde ici que vous êtes un malfaiteur, et qui plus est qui s'en prend à une personne connue et appréciée. Pensez-vous réellement pouvoir recommencer sans que personne ici ne réagisse ? Mon arme vole plus vite que vos incantations..."

[Althéa]

Althéa s'était redressée sur un coude et était retombée, manifestement incapable de se relever. Titoeil quant à lui avait reserré ses bras autour de Leodacya. Lui aussi se trouvait immobilisé. Seule Elza pouvait agir. Le mage lui lança un sourire moqueur.

"Cette petite démonstration ne vous a pas convaincue à ce que je vois"

Et il recommença à incanter.

[Elzen]

En voilà un qui se prenait pour un sourd. Eh bien, il allait apprendre à prendre les avertissements au sérieux... Althéa ne pouvait visiblement pas se relever. Même si elle était encore sous son contrôle, elle ne présentait plus de danger. En revanche, il fallait impérativement la mettre hors de sa portée.

A peine avait-il recommencé ses incantations qu'Elza avait décroché son boomerang et le lançait, visant cette fois très clairement la tempe du mage. Se doutant toutefois qu'il voyait très certainement le coup venir, elle décrocha de l'autre main une petite fiole de sa ceinture, qu'elle envoya du même geste rouler vers son adversaire. Cette seconde attaque avait été si coordonnée avec la première que personne ayant gardé les yeux fixé sur le boomerang n'aurait pu la remarquer.

Les fractions de secondes suivantes parurent durer une éternité. Le boomerang sifflait dans les airs, pendant que la fiole roulait silencieusement à terre. Lorsqu'elle se briserait entre les jambes du magicien, le liquide qu'elle contenait exploserait normalement juste assez fort pour le faire lui aussi tomber au sol.

[Althéa]

Juste avant que le boomerang le touche, l'homme disparut. Il avait incanté pour se téléporter. Ne resta bientôt de lui qu'une trace de présence malsaine.

Elza avait gagné, pour le moment. Titoeil se tourna vers elle et lui murmura.

"Hé bien, je crois que nous l'avons échappé belle"

[Elzen]

L'homme disparut, la fiole de potion explosive ne heurta rien qui déclencha l'explosion. Elza attendit calmement de récupérer son boomerang, puis se précipita vers Althéa. Elle n'oublia cependant pas de récupérer discrètement la fiole au passage. Le mélange lui avait coûté assez cher pour qu'elle préfère le garder, et elle tenait à ce que son arme secrête reste secrête.

La bande qu'Elza avait tenté précédemment de passer au poignet de son amie était toujours à moitié décrochée, et la marque des projectiles sur son épaule restait bien visible, cependant, Althéa ne semblait à première vue rien avoir de trop grave. Peut-être même que ce serait à la portée des talents de guérisseuse de l'elfe.

Elza tourné vers Titoeil un regard à la fois soulagé et déterminé. "Oh, ce n'est pas terminé. Il reviendra. À moins que je ne le retrouve avant." Ce qu'il avait fait et projeté de faire, il ne l'emporterait pas aux Champs Élysées.

[Althéa]

Avec un grognement, Althéa s'était laissée allée sur le dos. Là, acceptant la main que Titoeil lui tendait, elle se releva pour s'asseoir sur une chaise. Assise à califourchon, elle regarda les deux impacts laissés par les projectiles magiques. Une plaie à l'épaule, l'autre au bras. Rien de très grave. Mais quand elle releva la tête, son visage était pâle.

"Non, ce n'est pas terminé. Et il ..."

Elle regarda Leodacya qui lui tendait les bras depuis ceux de Titoeil. Elle caressa la joue du bébé sans pour autant la prendre.

"Il faut que je m'en aille. Tant qu'il peut encore me contrôler, je suis un danger pour vous. Je n'ose pas imaginer ce qui pourrait se produire s'il m'ordonne de vous faire du mal ... Je vais le chercher."

[Elzen]

Une fois Althéa assise, Elza fit de même. Elle sortit d'une de ses insondables poches une sorte de compresse qu'elle pressa contre l'épaule de la bretteuse. Le contact de l'objet était assez agréable, calmant la sensation de douleur. La jeune femme prit le relai pour maintenir la compresse contre sa blessure de sa main valide, et l'Elfe pût alors utiliser les siennes pour s'occuper de reprendre le bandage du poignet blessé. Jeux de mains...

"A nous deux, nous trouverons le moyen de retourner ses sortilèges d'opérette contre lui. Il est temps de lui apprendre qu'on ne s'en prends pas impunément à nous."

Le ton de sa voix était décidé, sombre, presque menaçant, mais son visage souriant et le regard qu'elle posait sur Althéa était plein d'amitié et de confiance.

[Althéa]

Althéa, les yeux posés sur Leodacya n’avait pas remarqué le regard. Partir de nouveau ne l’enthousiasmait guère. Pis encore, elle était terrifiée. Que deviendrait sa fille si elle devait ne pas revenir ? Certes, elle avait son père mais elle aurait besoin des deux pour grandir. On pourrait toujours lui raconter qu’elle était morte en essayant de la protéger. Mais quelle consolation ? Plus jamais ces petites mains, plus jamais ces grands yeux, plus jamais son regard où se lisait l’affection aussi bien que la confiance, plus jamais ses sourires. Il n’y aurait plus rien dans l’étendue glacée de la mort. Et Leodacya aurait besoin d’elle.

Ne montrant rien de ses peurs, elle se leva. Grâce à Elza, ses blessures n’étaient plus qu’une douleur sourde.

« Il se trouve peut être à la Taie dorée. En général, ce genre de personnage aime bien établir ses quartiers par là »

[Elzen]

La Taie Dorée. Évidemment.

"Oui, je crois que c'est effectivement le meilleur endroit où trouver un individu de ce genre."

Elza frémit. Le souvenir des évennements récents s'étant écoulés précisément à la Taie Dorée était encore trop vif dans sa mémoire. Mais il faudrait bien surmonter ça.

"Je devrais aller me changer. Ma tenue pourrait s'avérer fort peu pratique compte tenu du but de l'opération." elle soupira légèrement. "Je serais élégante une autre fois..."

Elle se leva à son tour à la suite d'Althéa.

[Althéa]

"Par contre, il serait peut être mieux de nous déguiser. La patronne de la Taie Dorée ne me porte pas vraiment dans son coeur. C'est réciproque mais comment dire ... Elle est sur son territoire"

Un petit sourire sans joie.

"Et à mon avis, notre cher ami n'appréciera pas non plus de nous voir à ses trousses. Une petite idée de camouflage ?"