[Lieu] Respelm

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le plus jeune des deux gardes porta ausitôt la main à sa ceinture où pendait un cor imposant. Mais son collègue, un immsnes gaillard musculeux dont la stature le faisait passer pour un gringalet, lui posa fermement la main sur le bras et lui glissa quelques mots à l'oreille, avant de faire à nouveau face aux bois.
-Montrez vous ! lança-t-il d'une voix de stantor qui portait fort loin. Tout de suite, et les mains en l'air ! Ou nous serons conrtraints de lancer la chasse.
Si son appel avait été entendu dans le camp, ce qui n'était pas impossible, Kasumi n'avait pour l'heure aucun moyen d'en être avisé.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le demi-elfe ne répondit pas tout de suite : visiblement les deux gardes ne l’avaient pas repéré mais cela ne saurait tarder s’il restait immobile. Par ailleurs, ils disposaient d’arcs ce qui rendait imprudent d’avancer en terrain découvert. Kasumi n’était pas décidé à s’en remettre à eux avec une confiance aveugle.

Il quitta sa position initiale pour se décaler légèrement sur la gauche avant de répondre, toujours dissimulé :

- Je ne suis pas tout à fait prêt à me constituer prisonnier. Lancez votre chasse et vous tenterez de mordre le vent. Je veux parler à l’un de vos représentants, dans une heure et près du grand chêne frappé par la foudre que j’ai croisé en suivant vos traces. Si vous êtes bien intentionnés, venez à ces pourparlers.

Le rôdeur changea encore de position et attendit un instant la réponse des gardes.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Les deux gardes s'entreregardèrent, et le colosse éclata d'un rire sonore.
-Tu veux ? lança-t-il, visiblement amusé. Si on est bien intentionnés ? T'as du culot, mon gars, où j'm'y connais pas ! Tu te pointes ici, tu montre pas ta trogne, tu parles de nos intentions sans rien dire des tiennes et tu crois qu'on va envoyer un chef t'parler comme ça, tout seul ? T'veux pas qu'on t'remette nos armes et qu'on implore ta pitié, aussi ? Quant à mordre le vent... Ben, si c'est Vent qu'tu t'appelles, peut-être ben qu'on te mordra : y a de fameux limiers, parmi nous, tu sais... Qui r'trouveraient un mulot planqué à une lieue rien qu'en entendant ses p'tits pas dans l'herbe... Alors arrête d't'ficher d'nous et montre toi. Tu pourras pas filer, d'toute façon, crois m'en. Pis p't'être qu'on s'ra sympas, noujs, si tes intentions sont bonnes...

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

La forêt se fit silencieuse une longue minute, laissant les gardes circonspects. Alors qu’ils allaient donner l’alerte, le rôdeur sortir des ombres de la forêt sur leur droite, les mains en évidence mais non loin de ses épées au fourreau. Il s’arrêta à bon distance, regarda lentement de droite et de gauche puis toisa les gardes d’un regard assuré :

- Voyons donc vos intentions ! Les miennes ne sont pas hostiles. Je n’ai pas pris tant de peine à relever la piste de vos éclaireurs pour m’en retourner maintenant.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le colosse sourit largement.
-Tout seul que t'es, hein ? Et t'as suivi nos traces ! C'est donc pas un hasard qui ta m'né là ! Et j'ai comme dan l'idée qu'ça en dit long sur qui c'est qui t'envoie.
Il jeta un regard à son compère, puis revint à Kasumi.
-Bon, l'seul souci, c'est qu'on a des ordres, nous. D'arrêter qui qu'ce soit qui viendrait dans les parages et d'le mener devant l'conseil. Hum, mais comme tu veux voir un chef, ça va sans doute pas beaucoup d'géner, hein ?

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le rôdeur afficha une mine neutre et se dirigea vers le garde qui l’avait interpelé avec tout le calme dont il était capable. Le rôdeur jeta ses armes en direction du second garde tout en avançant lentement. Cependant, derrière cette composition, le doute sur ce qui l’avait inspiré à se livrer ainsi résonnait dans sa tête et dans le débit de ses veines. Kasumi fut étonné quand sa voix ne le trahit pas alors qu’il arrivait à portée du colosse :

- Les ordres sont les ordres : vous êtes là pour me capturer semble-t-il et moi pour parler à votre Conseil.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le grand garde parut satisfait de l'attitude du rôdeur et tndis que son collègue, plus suspicieux, ramassait les armes tout en lorgnant l'orée des bois, il alla toquer aux portes. Celles-ci s'ouvrirent presqu'instantanément et plusieurs hommes en armes firent leur apparition.
-S'est rendu d'lui même, fit le colosse en guise d'explication. Hyle, tu prend ma place, j'l'amène d'vant l'Conseil.
L'un des soldats obtempéra sans mot dire et vint se placer à l'extérieur de la palissade.
-Si tu veux bien t'donner la peine de m'suivre... fit le colosse au demi-elfe.
Il l'introduisit alors dans le campement et tout deux, côte à côte, remontèrent ce qui devait tenir lieu de rue principale. Des visages curieux apparaissaient aux fenêtres des cabanes, et les badaux qu'ils croisaient s'arrêtaient pour les observer. Kasumi nota que presque tous étaient armés, y compris de très jeunes adolescents arborant de longues dagues à leur ceinture. Mais comme l'immense garde qui accompagnait le nouveau venu faisait montre d'une sérénité à toute épreuve, aucun ne parut inquiet ni ne manifesta d'hostilité apparente.
Ils arrivèrent finalement sur la place centrale. Autour du feu, toujours allumé, un grand nombre de personnes étaient en train de déjeûner. Là encore, l'arrivée du rôdeur suscita moult regards étonnés, mais personne ne fit de remarque ou ne s'alarma outre mesure.
Continuant leur route, ils parvinrent finalement devant la plus grande construction du hameau. Le géant toqua légèrement à l'huis, puis ouvrit la porte, faisant signe à Kasumi d'entrer.
La vaste salle était quasiment nue, en dehors d'une demi douzaine de sièges, placés en demi cercle près du mur opposé. Trois personnes s'y tenaient pour l'heure : un damoiseau de fort belle allure, pinçant distraitement les cordes de son luth. Un vieillard en robe de bure en train de fumer la pipe. Et, enfin, une jeune femme grande et élancée, ses longs cheveux auburn retombant librement sur ses épaules.
-Salut, Manjo, fit cette dernière. Que nous amènes-tu là ?
-Salut Lyanna. C't'un gars qui s'est présenté aux portes. Voulait qu'on lui envoie un chef dans la forêt pour discuter, mais bien sûr, j'ai pas dit oui. Alors il est v'nu d'lui même et à donné ses armes. J'l'ai donc am'né.
-Bien bien, dit-elle, songeuse, en dévisageant Kasumi. Les deux autres personnes présentes l'examinaient de même de la tête aux pieds. Alors, messire, faites-nous part sans plus tarder de votre identité et des raisons qui vous mènent en nos murs.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi n’avait pas repris la parole lors de la traversée du village. Face aux regards curieux, il se contentait d’afficher une mine la plus naturelle possible comme s’il avait naturellement sa place au milieu de ce campement remplis d’hommes et de jeunes gens en armes. Le rôdeur nota bien que les enfants aperçus la veille n’étaient nulle part en vue que ce soit à cause de l’heure matinale ou de sa présence.

Le rôdeur suivit le colosse à l’intérieur de la bâtisse. Il prit conscience des occupants, tentant de noter des détails révélateurs dans leur attitude. Le rôdeur n’hésita pas un instant avant de répondre poliment :

- Mon nom est Kasumi. Quant à la raison qui m’amène à gouter à votre hospitalité, c’est la volonté de comprendre les vôtres. Comprendre pourquoi les biens des habitants de Respelm vous accusent de leur voler vivres et bétail.

Les yeux du demi-elfe ne cillèrent pas alors qu’il achevait sa déclaration en regardant la dite Lyanna dans les yeux.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Celle-ci ne cilla pas et lui opposa un sourire amusé.
-Ils nous accusent de leur voler leurs biens et leurs bétails tout simplement parce que nous les leurs volons. De même que nous volons ceux de Motte-la-Forêt, des Essarts ou de la Pinède. Quant aux raisons pour lesquelles nous les volons, c'est tout simplement parce que nous avons besoin de manger... Votre curiosité est-elle satisfaite ?
Elle se carra sur son siège et croisa les bras, l'air mutin.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi hocha la tête, conciliateur. Il observa un moment les autres personnes présentes et son garde du corps avant de répartir sur un ton compréhensif :

- Je ne suis guère en position de vous juger mais il est heureux qu’aucun sang ne fût versé jusqu’ici. Les habitants des alentours n’auront pas toujours de nourriture en excédent pour vous nourrir et eux en même temps. Vous leur êtes supérieur en armement et si j’en juge par ce que j’ai vu, vos connaissances tactiques vous assurerez une victoire rapide. Cependant, ces bois ne seront pas éternellement un abri enviable. Que ferez-vous si les habitants s’en vont ? Leurs terres ne sont pas irremplaçables. Vous terrerez-vous ici, sur ce sommet infertile pour y voir mourir vos enfants ? Ou irez-vous piller une autre région jusqu’à y trouver une opposition qui vous coûtera ?

Le rôdeur croisa les bras et toisa la jeune femme avant de reprendre d’un ton adouci :

- Je comprends que l’on puisse en venir à prendre la nourriture là où elle se trouve mais pourquoi avoir choisi ces bois ? Vous a-t-on interdit l’accès à des terres où vous pourriez nourrir les vôtres vous-mêmes ? Vous avez des gens robustes et leurs talents sont bien mal employés à terroriser de pauvres hères pour quelque pain.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

La jeune femme sourit largement.
-De pauvres hères, hein ? Il ne m'ont pas paru de si pauvres hères que cela... Si on leur quémande gentiment de quoi manger, ils montrent leurs crocs. Mais pour peu qu'on tire l'épée, ils se révèlent de vrais moutons. Moi, les moutons à crocs, je les musèle et je les tonds. Quant à les tuer... Ce serait stupide de se priver d'une récolte future de laine ! Il suffit de passer au mouton suivant et de revenir au premier lorsque sa toison a repoussé.
Les deux autres sourirent également, et l'homme en robe de bure retira la pipe de sa bouche.
-Et si le troupeau vient à partir, fit-il après avoir exhalé un rond de fumée bleutée, il ne reste qu'à s'installer dans son pré. Respelm m'a parut facilement défendable, et ses terres fertiles.
-Ne restera plus alors aux chantres qu'à vanter le triomphe de dame Lyanna et de Frère Toque contre les moutons à crocs ! lança joyeusement le luthiste en tirant de son instrument une trille enjouée.
-Sans oublier les prouesses de Marillion le Ménestrel, n'est pas ? le taquina la jeune femme.
-Cela va de soi ! fit l'autre, avec une mine comiquement modeste peu en accord avec son propos fanfaron.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le rôdeur choisit alors de se fier à son premier plan. Celui-ci était follement risqué et peut être guidé par la fatigue accumulée les derniers jours. Mais cela avait été la seule façon qu’avait entrevu le demi-elfe de tenter de résoudre la situation sans que le sang des uns et des autres soit versé. Au pire, il ne risquait que sa propre vie à court terme. Il afficha donc un sourire faussement enjoué lorsqu’il répliqua :

- Un plan digne des plus grands stratèges ce qui ne vous place pas dans le cadre des brigands ordinaires. Ne serait-ce un modeste détail : moi. Vous ne pouvez guère me relâcher en l’état puisque j’ai découvert votre retraite. Vous pourriez me tuer ou me garder indéfiniment ici, c’est certain. Je ne pense pas que les habitants de Respelm ne perdent de temps à me chercher. Mais ils finiront par envoyer un messager à mes employeurs lorsqu’ils se seront aperçus de mon inefficacité à arrêter vos rapines. Les prochains émissaires seront sans doute moins enclins à négocier… pacifiquement que moi. Epineuse question, n’est-ce pas ?

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

-Pas tant que ça, fit la jeune femme en haussant les épaules. D'ici que d'autres enquêteurs viennent, nous aurons trouvé un nouveau refuge. La Forêt Maudite est immense et recèle bien des havres pour qui sait chercher. Elle est crainte, aussi, ce qui limite la probabilité de personnes osant s'y engager. De plus, nous ne reproduirons pas les négligences qui vous ont mené jusqu'à nous. Invisibles, mobiles, personne ne nous saisira jamais. Quant à votre sort... Pourquoi vous tuer ? Gaspillage inutile. Nous avons bien des moyens de vous faire perdre notre trace, de vous soumettre à notre volonté ou de vous faire tout simplement oublier que vous nous avez vus.
Elle jeta un regard en coin à l'homme en bure qui prit une mine perplexe.
-Oui... murmura-t-il finalement. Enfin, sans doute... Il faudrait que je rélise mes parchemins, mais... Oui, on doit pouvoir goupiller quelque chose...

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le demi-elfe adressa un regard méfiant l’homme en robe de bure avant de se tourner vers la dame Lyanna. Il était loin d’avoir encore joué toutes ses cartes et il comptait bien faire durer la partie et l’amener sur le terrain qu’il avait choisi. D’une voix presque familière, il répondit au plan exposé :

- Vous êtes rusée et assurément parmi les chefs avisés, Lyanna. Mais n’en serait-ce que par votre propre beauté, aucune chance qu’un groupe comme le vôtre se fonde éternellement dans les bois. Je vous ai retrouvé en moins de deux jours. Vous avez des chevaux et des enfants : cela limite les possibilités de demeurer terrés là où cela vous ouvrirait des opportunités ailleurs et dans d’autres circonstances. Vos pisteurs sont doués, assurément : j’aimerais les féliciter s’il y avait là matière mais ils ne vous garderont pas des fouineurs demi-elfes.

Puis, il ajouta, mutin :

- Et rien ne saurait me faire oublier de vous courir après, belle dame.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

La jeune femme, nullement offensée par les propos du rôdeur, éclata de rire.
-Que nous voilà un beau flagorneur... ronchonna le luthiste.
Lyanna lui adressa une œillade..
-Allons, Marillion, aurais-tu peur de la concurrence ?
-Non point. Mais de ta propension à te laisser séduire, oui.
-Voyons... Quand bien même cèderais-je à ses mots sucrés, tu garderai toujours une petite place dans mon cœur...
-Dans ton cœur, certes. Mais dans ton lit ?
Lyanna n'en rit que davantage puis, s'étant un peu calmée, revint à Kasumi.
-C'est gentil, en tout cas, de vous préoccuper de la survie de notre communauté. Mais, sans vouloir vous faire offense, je crois qu'elle veille très bien à ses propres intérêts. Vous nous avez pisté, vous devez donc être quelque rôdeur... Vous n'ignorez donc pas que bien des gens vivent dans les forêts. Et n'en sortent presque jamais. Des elfes, par exemple... A cœur courageux, rien n'est impossible. Et s'il faut abandonner les chevaux, qu'importe ! Mais sans doute n'aurons nous pas à en venir à de telles extrémités...
-Les dieux y veilleront ! renchérit frère Toque. Ils savent que nous sommes dans notre droit.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi se détourna des œillades de Lyanna pour se porter son attention sur Frère Toque, visiblement prêtre de son état. Faisant écho à la réplique de la jeune femme, il s’adressa au vieillard qui tirait de longues bouffées de sa pipe :

- Je ne cherche pas à nuire à votre communauté : on pourrait même dire que je suis l’émissaire le plus objectif que l’on aurait pu vous envoyer. Mais je dois de vous mettre en garde contre les limites de la vie dans les bois. Les hommes avancent toujours, poussés par la curiosité ou l’avidité. Même la forêt la plus impénétrable n’est pas une cachette suffisante pour l'être le plus discret et vous vous êtes fait remarquer. Heureusement, vous ne vous êtes pas abaissés aux extrémités qui m’auraient fait agir tout autrement envers vous. Maintenant que je suis là, peut être accepterez-vous de m’en dire davantage sur les raisons de votre présence ici, et ce qui vous fait penser que telle est votre place ?

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le prêtre machouilla le tuyau de sa pipe.
-Objectif, vous dites ? Vous avez été embauché pour nous retrouver par les gens de Respelm.. ou d'un village voisin, qu'en sais-je, moi ? Mais, de par la nature même de votre mission, votre regard est biaisé. Biaisé il fut en suivant nos traces, en contemplant nos murs, en découvrant nos visages. Je veux bien croire que vous ne cédiez pas à une totale subjectivité, mais vos aprioris sont contre nous. Quant à savoir si l'expérience empirique peut servir de chrysalide à la chenille de la subjectivité pour la transformer en papillon de l'objectivité...
Les deux autres levèrent les yeux au ciel, comme s'ils craignaient que le vieillard ne se lance dans quelque discours métaphysique. Il n'en fit rien, cependant.
-Quant aux raisons de notre présence, de nos choix... Nous sommes les sans places, les sans ordre, les sans guildes. Nous allons où nous mènent nos pas, restons ou nous pouvons rester, partons lorsqu'il nous faut partir, saisissant tout ce que le destin veut bien nous offrir, et nous en remettant à Tymora pour veiller sur notre route.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi adressa un bref regard complice avec le musicien et la jeune dame avant de reprendre son sérieux. Toujours debout, il sentait sa tête commencer à tourner suite à sa récente convalescence et à son manque de sommeil. Il tint bravement devant le vieil homme cependant :

- J’ai perdu ma subjectivité, je crois. On me l’a retirée. Et ce ne sont pas les gens de Respelm qui m’emploient, non. J’ai été envoyé pour enquêter sur les troubles, voire les régler si c’est en mon pouvoir. Vous voyez en moi un intrus des hameaux venu remettre en cause votre mode de vie, peut être est-ce là une vision subjective ? Peut être est-ce la Dame de la Chance qui m’a mis sur votre route. Pour le mieux ou le pire, je ne sais pas.

La vision du demi-elfe s’obscurcit sur ces dernières paroles prononcées d’une voix pâteuse. Le monde chavira alors que son corps s’effondrait.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Lorsqu'il reprit conscience, le rôdeur mit quelques secondes à comprendre où il se trouvait. Ses yeux ouverts contemplaient un plafond bas constitué de rondins grossièrement équarris. Tournant la tête, il se découvrit allongé dans une petite pièce carrée, sans fenêtres - la lumière provenait d'une minuscule lucarne située juste sous le plafond -, vide de mobilier en dehors de la couche de paille sur laquelle il reposait. Une réserve, peut-être, que l'on avait vidée afin de l'y installer.
Près de lui, une cruche d'eau et une assiette de bois contenant un morceau de pain et du fromage. Visiblement, on ne voulait pas qu'il meure.
Mais sans doute ne voulait-on pas non plus qu'il sorte. En tout cas, la porte épaisse qui lui faisait face paraissait hermétiquement close.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi se passa une main sur le front, cherchant à chasser les dernières bribes de sommeil lui obscurcissant l’esprit. Puis, les derniers évènements s’imposèrent à lui en bloc. Le demi-elfe fut pris d’un fou rire irrépressible. Dans son état, entrer dans un campement ennemi sans arme ne tenait plus de la témérité mais du déséquilibre mental. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur et gagné par un appétit soudain, le rôdeur mangea le repas laissé à son attention. Au moins, les brigands n’avaient pas jugé utile de l’attacher. Rasséréné par son repos forcé, le demi-elfe se leva et s’approcha de la porte. Celle-ci était verrouillée. Un œil jeté à la lucarne lui apprit que le soir n’était pas arrivé et qu’il ne pouvait espérer s’échapper par là. Il entreprit donc de tambouriner à la porte en criant à tue-tête :

- Frère Toque ! Belle Lyanna ! Venez m’ouvrir ! Hé ho ! Inutile de me garder ici, je ne vaux rien comme otage !

Face au peu de réaction suscité par ses appels, le rôdeur joua son dernier atout :

- Marillion ? Je veux bien écouter votre musique !

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le rôdeur entendit distinctement le bruit de pas qui se rapprochaient, puis une voix familière lança :
-Fais pas tant d'boucan ! Marillion pourrait t'entendre, et t'aurais à l'écouter jusqu'à l'ube...Le colosse qui l'avait "accueilli" à son arrivée devant les portes du camp déverrouilla la porte et l'ouvrit en grand.
-Remis d'ton p'tit évanouissement ? Les trucs que racontent frère Toque ont tendance à endormir, c'est vrai, mais c'est bien la première fois qu'on voit quelqu'un sombrer aussi vite que toi !

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le rôdeur émit un rire léger et sincère à la plaisanterie du colosse. Celui-ci ne semblait pas mauvais bougre et, du reste, ne serait-ce le brigandage auquel se livrait les occupants du campement retranché, il les avait trouvés plutôt accueillants et prévenants. Peut être même davantage que les Respelmiens… Mais il ne fallait pas s’y tromper : ceux-ci défendaient leurs modestes biens tandis que cela les leur dérobait sous la menace et sans aucune compensation. Le Luménien entendait trouver une solution pacifique à cette situation qui ne manquerait pas de dégénérer tôt ou tard en tragédie, quoiqu’en dise Lyanna. Il suffisait parfois d’un malentendu ou d’un accident ou d’une menace trop véhémente pour enflammer et ensanglanter ce genre de conflits. Kasumi reprit un air sérieux, reflet de ses pensées profondes :

- Merci pour la nourriture et le lit, je ne suis pas totalement remis mais je me sens déjà bien mieux. Pourriez-vous me mener auprès des autres ? Nous n’avons pas pu achever notre… négociation.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le colosse secoua la tête.
-Désolé, mais sont pas disponibles pour l'instant. Sont même pas au camp. Mais ils reviendront c'soir... Z'auront sans doute décidé c'qu'ils ovulaient faire de toi et te convoqueront à nouveau... En attendant, c'est à moi d'te surveiller. Hum... On m'a pas dit de te garder sous clef, juste d't'empêcher de quitter l'camp. J'suppose donc qu'on peut s'y promerner... Mais j'te préviens : si tu tentes un mauvais coup, j'te taille les oreilles en pointe. Enfin, façon d'parler, vu qu'tu les as déjà un peu pointues. Mais t'as compris ce que j'voulais dire.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le demi-elfe regarda le colosse mi-étonné, mi-amusé avant de répliquer sur le ton de la plaisanterie :

- Loin de moi l’idée ! Il est trop tard pour tenter une action stupide après s’être rendu volontairement sans arme dans le camp de l’ennemi, n’est-ce pas ? Dis-moi : quel est ton nom ? Je n’ai pas entendu la Dame Lyanna le prononcer. Il me semble injuste que tu n’en aies pas.

Puis, sans attendre de réponse, le rôdeur regarda sa tunique et fronça le nez, dégoûté :

- Je n’ai pas du impressionner grand monde ce matin. Avez-vous un endroit où je pourrais me débarbouiller un peu ?

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Le géant sourit.
-Mon nom, c'est Manfred Johan von Untergatten, mais tout l'monde m'appelle Manjo. Et pour les bains, c'est par ici !
Il se détourna et conduisit le demi elfe jusqu'à un coin du camp. Une source vive jaillissait et répandait ses eaux dans une large vasque naturelle où un vieillard, une mère et ses deux enfants procédaient à leurs ablutions vespérales. Ils saluèrent le colosse et Kasumi puis reprirent leur décrassage, apparemment pas le moins du monde gênés par leur présence.
-Vas-y, fit Manjo. Ici, c'ta la bonne franquette.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le demi-elfe salua avec naturel et flegme les inconnus qu’il surprenait en pleines ablutions puis haussa simplement les épaules. Loin de s’offusquer de telles pratiques – le rôdeur avait longtemps vécu à la dure loin de la gêne des conventions sociales – il s’approcha du bassin et se débarrassa de sa tunique, révélant bon nombre des stigmates de la campagne Luménienne, dont la cicatrice blanchâtre qui lui avait fait frôler la mort. Se délestant du reste de ses vêtements, il pénétra dans le bassin sous la surveillance de Manjo, bien décidé à garder un œil sur lui malgré la confiance apparente qu’il manifestait à son égard. Kasumi put ainsi se débarbouiller sans vraiment chercher à engager la conversation avec ses partenaires de bain. Pourtant, il ne manqua pas de noter leur attitude tranquille, nullement perturbés par sa présence.

Une fois satisfait, le rôdeur émergea de l’eau et se sécha avec une serviette offerte par son gardien. Puis, après en avoir demandé la permission, le Luménien farfouilla dans son sac à la recherche de vêtements secs. Une fois présentable, il s’adressa au colosse :

- Je me sens bien mieux ! Peut être accepterez-vous de me faire visiter le camp et de me présenter certains de ses habitants : je ne chercherai pas à leur nuire, vous avez ma parole.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

-Pas d'problème ! fit Manjo avec un sourire en coin. En route, alors !
Il entraîna Kasumi dans les rues du campement et se livra à une présentation exhaustive des lieux et de ses habitants. Il sembla prendre un plaisir manifeste à la chose mais, au delà de la bonhommie, le rôdeur crut déceler autre chose, comme si le colosse cherchait à lui montrer que les siens n'étaient pas que des brigands. Et, de fait, la petite communauté ne correspondait en rien à l'image traditionnelle que l'on se faisait de bandits de grand chemin. Hommes, femmes et enfants vivaient en bonne intelligence, pacifiques et apparemment heureux, même si les armes que chacun portaient témoignaient de leur existence précaire. Le demi-elfe vit des individus aux mines de soudard jouer tranquillement aux cartes ou aux dés, raconter de vieilles histoires à des groupes de gamins attentifs, voir même chanter des chansons en s'accompagnant de méchants crincrins ou de luths surannés.
Parmi les figures marquantes du groupe, que Kasumi estima à une centaine de personnes, il remarqua particulièrement Olaf, le maréchal-ferrand, qui s'avéra aussi colossal que Manjo. Et pour cause : c'était son frère, lui apprit ce dernier. Il y avait aussi Esméralda, vieille guérisseuse affable et attentionnée, Albert, l'intendant revêche mais bienveillant sous ses dehors rébarbatifs, ou encore Elayne, la palefrenière en chef après laquelle soupiraient tous les jeunes gens du camp. Tous traîtèrent Kasumi avec sympathie, nonobstant son statut de "prisonnier".
La visite touchait à sa fin lorsque sonna l'heure du repas, et Manjo ramena le demi-elfe près du grand feu, où l'on était en train de servir à manger. Comme les autres, il eut droit à une écuelle remplie de ragoût de viande et à une pinte de cidre doux. La nourriture était simple mais saine, suffisante sinon abondante.
-Alors, qu'est'tu dis d'nos installations ? lui demanda Manjo en engloutissant avec apétit son dîner.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Kasumi apprécia la visite pour le plus grand plaisir de son guide. Gagné par la simplicité de l’accueil, il échangeait avec naturel quelques mots avec chacune et chacun, posant ici ou là une question se rapportant aux activités personnelles des habitants du campement. Il se surprit même à échanger une ou deux anecdotes avec certains de ses interlocuteurs.

Abordant un groupe d’enfants, il leur demanda à chacun de désigner son animal préféré, puis, il s’installa sur un rocher où il se mit à sculpter une figurine en bois représentant qui un ours, qui un chien, qui un chat ou encore un cheval, un oiseau. Les enfants lui rendirent un sourire émerveillé quand il les leur distribua.

Avec Elayne, il examina un à un les chevaux, visiblement bien portants et savamment entretenu malgré l’absence de fers en quantité suffisante pour garnir leurs sabots. Chacun dans le campement semblait se satisfaire de sa condition malgré la pénurie de telle ou telle denrée qui lui faciliterait le quotidien.

L’ombre de la nuit approchant, tous se réunirent autour d’un feu dissimulé pour ne pas être visible de loin et entamèrent dans la bonne humeur leur repas. Pour sa part, le rôdeur devisa tranquillement avec Manjo en attendant le retour des dirigeants de la communauté.

- Ce que vous avez réussi à faire avec si peu de choses est impressionnant mais je le comprends mieux car j’ai senti la force et le courage en chacun des membres de votre communauté. C’est une unité qui fait défaut à la plupart des villes ou villages. Cela me conforte dans ma décision de vous aider comme je le pourrais sans pour autant traduire mes autres allégeances. Il se pourrait que vous ayez à apporter plus que vous ne semblez prendre. Si les autres villages dont m’a parlé Lyanna sont à l’image de Respelm, il se pourrait que votre présence soit plus un bienfait que la nuisance que l’on vous prête. Je n’ai vu que peu d’enfants là-bas même si je ne me suis pas attardé. D’ici quelques générations humaines, ces villages mourront d’eux-mêmes. Ils ont avant tout besoin de commercer et de s’ouvrir à un sang neuf. La forêt a ses richesses à entretenir. Elles pourront nourrir les vôtres et leur apporter de quoi vous procurer pacifiquement ce qui leur manque. Je souhaiterais qu'il en soit ainsi du moins.

[Taliesin]

Quête : Chasse gardée

Manjo haussa les épaules.
-Tu peux souhaiter, l'ami, mais la réalité suit ses propres règles, et, bizarrement, c'est rarement celles qu'on souhait'rait la voir emprunter. Y a pas vraiment d'logique, et les gens voient pas toujours ce qui s'rait bien pour eux. Ou ils ont pas envie d'les voir, parce que ça les changerait trop, qu'ça modifierait leurs habitudes, leur façon d'penser... Z'aiment pas l'peuple libre. Pour eux, on est qu'des brigands, des parias. On viendrait avec des fleurs et des fruits qui pens'raient qu'on a des épées à la main. F'ront jamais d'accord avec nous: tu penses bien qu'on a essayé... Au bout d'un moment, y en a marre d'essayer, ceci dit.

[Kasumi]

Quête : Chasse gardée

Le rôdeur garda un instant le silence, les reflets brillants du feu dansant dans ses yeux. Au bout d’un moment, il se décida à répondre, d’une voix résolue :

- C’est dommageable que vous ayez essayé sans succès. Mais désormais vous avez un otage volontaire : tant que nous ne parviendrons pas à les raisonner, j’accepterai de me priver de ma liberté, quitte à négocier pour vous si vous m’accordez votre confiance. Mais nous verrons cela. Que s’est-il passé ? Comment êtes-vous arrivés ici et pourquoi ?