[Commerce] La Taverne de la Bienveillance

[Taliesin]

Quelques minutes plus tard, le tenancier lui apportait un petit déjeuner identique à celui qu'il lui avait servi la veille. L'homme paraissait avoir une excellente mémoire en ce qui concernait les goûts et les consommations de sa clientèle, ce qui était une prouesse vu la multitude de cette dernière.
-Toujours aussi matinale, dites-moi ! fit-il en déposant ustensiles et récipients pleins sur la table. J'espère que vous êtes parée pour vos premiers cours... Non pas que je m'inquiète réellement, mais les étudiants de l'université ont une solide réputation de trublions... Enfin, il faut bien que jeunesse se passe, comme on dit !

[Arya Du Varden]

Le regard d’Arya se fit sympathique au vu du petit déjeuner qui lui était servi. Le Tavernier était vraiment un homme remarquable et une nouvelle fois elle se réjouissait d’être logée ici.
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Merci, c’est un régal que vous m’apportez. Oui, par habitude … ma journée va être bien chargée …. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, l’Elfe éclata de rire, aujourd’hui je ne ferai que préparer les cours pour demain, en principe des élèves studieux qui ont choisi l’alchimie comme branche principale … … quoique … Mais j’ai eu hier un petit aperçu des vauriens qui hantent l’Université … j’en ai vu d’autres, je m’y ferai … un sourire de confidence fleurit sur les lèvres d’Arya … quoique … ils se feront à moi ….

Elle finit en éclat de rire, puis devenant mi-sérieuse, mi-amusée, elle tendit la pochette contenant les pièces d’or à l’aubergiste
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Soyons un peu sérieux ! Prenez ceci en acompte, je vous oblige ainsi à accepter ma présence un certain temps. Ne pas avoir de soucis de toit et de table m’arrange bien, alors avant que je déguerpisse vous devrez compter une chambre en moins et des repas en plus à préparer.

[Taliesin]

L'aubergiste accepta la pochette et la soupesa une seconde dans sa main.
-Hum... Rien ne pressait, mademoiselle, et j'espère qu'en me versant une telle somme en une seule fois, vous n'empiétez pas trop sur vos finances. Enfin, vous savez ce que vous faites... Dans tous les cas, avec ça, vous aurez le gîte et le couvert pour un bon mois... Et ce sera un plaisir que de vous héberger : vous n'êtes pas le type de client qui ravage sa chambre ou cause du bazar !
Il lui sourit, empocha l'argent et dût s'esquiver pour satisfaire la demande d'un marchand qui,, à en croire les beuglements impatients qu'il poussait, avait l'air d'appartenir justement à l'espèce potentiellement semeuse de désordre.

[Arya Du Varden]

Dès que le Tavernier s’en fut vers ses autres clients, Arya savoura lentement son petit-déjeuner laissant son esprit naviguer pour fuir les cris du client dont l'impatience était un peu trop bruyante.

Le pain frais croustilla avec délice sous ses dents, les œufs pondus depuis peu avaient la juste cuisson et leur cœur jaune comme un soleil d'été coula onctueusement sur sa langue, le fromage bien fait et goûteux vint piquer ses papilles avant que les fruits sucrés et juteux apportent cette touche de douceur qui ensoleilla la fin du repas. Mais le temps fila vite et l’astre du jour fit signe à l’Elfe qu’il était temps qu’elle commence sa journée.
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La jeune femme fit un signe amical à l’Aubergiste occupé à servir d’autres clients avant de prendre sa besace et de se diriger d’un bon pas vers le .

[Kasumi]

Le soleil se couchait sur le port lorsque le rôdeur franchit la porte de la salle animée. Il avait pris le temps de se débarbouiller après ses efforts d’aménagement du bosquet des docks et entendait bien profiter d’une soirée de détente longuement méritée.

Saluant sobrement les clients attablés, il s’approcha du comptoir et du tavernier qu’il n’avait rencontré qu’une seule fois auparavant. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose d’ailleurs : il y avait peu de chances qu’on le reconnaisse comme un ancien résistant. Kasumi n’avait pas cœur à revenir longuement sur les évènements surtout après la triste commémoration qui lui avait laissé un goût amer. Le rôdeur s’assit donc sur un tabouret au comptoir, entre un nain et un marin apparemment et attendit que le tavernier prenne sa commande.

[Taliesin]

Sans être tout à fait l'heure de pointe, il régnait déjà dans la taverne une intense activité. Le tenancier, prompt, efficace, servait les assoiffés et les affamés les uns après les autres, adressant quelques mots à chacun et promettant à ceux désirant pousser plus avant la conversation qu'il reviendrait les voir dès qu'il en aurait le temps Ce qui n'était pas près d'arriver, mais les véritable piliers de bar n'étaient pas vraiment pressés et seraient encore là à la fermeture...
Enfin, ce fut le tour de Kasumi.
-Bien le bonsoir, messire ! Que puis-je pour votre service ? fit le tavernier d'un ton joyeux.
S'il avait reconnu le rôdeur, il n'en montrait rien.

[Kasumi]

Le tavernier ne reconnaissait pas le rôdeur, ce qui n’avait somme toute rien d’étonnant. En revanche, celui-ci se souvenait des traits tirés et marqués par la fatigue et la guerre de l’homme maintenant avenant et visiblement débordé. L’homme avait visiblement changé, gagné par l’activité fébrile d’une taverne renommée, gagné par le climat de paix. En empathie avec les conspirateurs et les citoyens brimés de l’époque, il l’était tout autant avec ses clients avides de divertissement en cette époque moins troublée.

- La dernière fois que je suis venu ici, je n’ai pas pu terminer ma bière. Elle était délicieuse mais des affaires m’appelaient. Ce soir, je pense avoir davantage de temps pour déguster votre cuvée spéciale.

[Taliesin]

Le tavernier acquiesça.
-Messire à bon goût... et de la chance. Le brasseur m'a livré aujourd'hui, sinon, vous n'auriez point eu de cuvée spéciale ! Les gens ont sacrément soif, ces temps-ci. Sans doute à cause du temps. Rien de tel qu'un bon verre pour se réchauffer et se donner du cœur à l'ouvrage par ces froids humides !
Il saisit une et alla la remplir à un tonneau. Il la reposa bientôt sur le comptoir, pleine d'une bière sombre et mousseuse.
-Voilà pour vous ! J'espère que vous pourrez boire en toute tranquillité.

[Kasumi]

Le rôdeur but une gorgée mousseuse. La bière était fraîche et ambrée, la mousse onctueuse. Après un soupir d’extase, il répondit au tavernier déjà affairé à préparer d’autres commandes :

- Je pense que j’ai le temps et j'ai bien mérité une soirée de relâche. Les temps sont moins troublés que la dernière fois où j’ai goûté à votre hospitalité. Que de chemin parcouru depuis lors ! Je suis… revenu récemment en ville, quelles sont les dernières rumeurs ?

[Taliesin]

Un sourire en coin éclaira le visage de l'homme.
-Ce qu'il s'est passé durant vot' petit roupillon au bosquet, j'imagine que vous avez eu l'occasion de l'apprendre. Quant aux dernières jours... Le commerce est plus vigoureux que jamais, et les navires se succèdent dans le port. On finira par être aussi visités qu'avant la dictature, sinon plus... h, et il y a eu une cérémonie pour commémorer les victimes du massacre du quartier... C'était ce matin. J'ai pas encore pu voir la statue réalisée par le maître de la Forge Flamboyante, mais elle est plutôt réussie, de ce que j'en ai entendu...
Son sourire s'élargit.
-Enfin, la vie suit son cours, bien plus tranquille que quand des résistants faisaient leurs réunions dans mes étages et que j'avais les services secrets d Nwalk sur le dos. Bien pus tranquille, oui. Et on va pas s'en plaindre, ça non

[Kasumi]

Kasumi s’étrangla avec une gorgée de bière et son voisin de droite lui porta une main secourable en lui tapant dans le dos avec un commentaire sur les demi-elfes qui ne tenaient visiblement pas l’alcool.

Lorsqu’il reprit son souffle, celui-ci lui adressa un sourire amusé avant de revenir à l’aubergiste d’un air de conspirateur :

- Vous m’avez démasqué mais je sais pouvoir compter sur vous pour garder mon secret. Le Bosquet des docks est accueillant et le sommeil y est profond mais par un temps frisquet et humide, je préfère encore les murs, la bière et les repas chauds de la Bienveillance. Il y a six mois, je n’osais rêver à de tels moments.

Visiblement, le nain avait percé à jour le manège et compris la teneur de leur conversation. il leva sa chope et inclina la tête à l'adresse du rôdeur.

[Taliesin]

L'aubergiste jeta un regard sur la salle et, comme personne ne requerrait pour l'heure ses services, il se versa une pinte.
-Six mois que vous y avez passé, n'est pas ? fit-il à mi voix après avoir bu une gorgée. Joli p'tit somme... Vous vous doutez que ça a fait parler les gens, mais ce que vous devez ignorer, c'est que ça turlupinait pas mal les adolescentes du quartier. "Le demi-elfe au bois dormant", qu'elles vous appelaient, en se proposant de vous donner un baiser pour voir si cela vous ramènerait à la vie... Je me demande si certaines ont essayé.
Il sourit largement et vida sa pinte d'une traite.
-Enfin bref, vous avez ajouté à la curiosité que suscitait déjà cet étrange bosquet sorti d'on ne sait où. Chacun à sa théorie, en vérité, mais moi, je sais ce qu'il en est : des mains d'un alchimiste, qu'il est sorti. Même que je l'ai logé sous mon toît, cet alchimiste. Mais s'il désire garder l'anonymat, je me garderai bien de lui faire de la publicité. Comme je me garderai de vous en faire, n'ayez crainte. Tant que vous serez sous mon toit, personne ne vous importunera.

[Kasumi]

Le demi-elfe piqua un fard mémorable qui n’avait rien à voir avec la chaleur de l’alcool. Il essaya de se convaincre que l’aubergiste cherchait à plaisanter et finit par reprendre contenance à l’évocation de l’histoire du bosquet. Une nouvelle gorgée de bière pour dissimuler les restes de son trouble. Il n’y avait vraiment que des adolescentes pour inventer des histoires pareilles !

- S’il souhaite rester anonyme, je respecterai moi aussi son vœu en ne vous posant pas de questions sur lui. Toujours est-il qu’il a redonné vie aux arbres. Je sens que je me dois de m’en occuper à présent. Ils m’ont abrité pendant mon inconscience, même s’ils ne m’ont visiblement pas protégé contre les dangers du cœur, ajouta-t-il avec humour.

- J’ai parlé à Garance du sanctuaire de Lathandre ce matin. Elle m’a donné quelques conseils pour m’en occuper. Nous verrons si j’arrive à opérer moi aussi un miracle en ce lieu. J'y sens la marque de la dame des forêts à moins que ce ne soit la saison qui me donne cette impression. J’en aurai le cœur net.

[Taliesin]

L'homme haussa les épaules.
-Je n'y connais pas grand chose en divinités de la nature. Mon rayon, c'est plutôt Waukyne. Et Lathandre, bien sûr... Mais je veux bien vous croire quand vous dites que vous sentez la présence de votre déesse, là-bas. Après tout, ce bosquet est l'un des seuls trucs positifs qui soit sorti de ces mois de tyrannie... C'est pour ça que je suis plutôt pour qu'on le laisse tranquille, moi. Contrairement à certains armateurs qui seraient contents de récupérer certains troncs pour leurs bateaux... Ils pensent que les arbres sont magiques, que ça ferait de beaux bâtiments... Mais on manque pas de forêts, sur Hélonna, et ces arbres, je les préfère autant avec leurs feuilles.

[Kasumi]

Le rôdeur se fit pensif, songeant aux difficultés à faire accepter le bosquet dont avait fait part le conseiller Albérich. Kasumi comprenait aisément que la nécessité poussait parfois les hommes à sacrifier de belles choses. Si du bois des bosquets devait dépendre la construction de logement ou de navires nécessaires à la cité, nul doute qu’il serait utilisé. Pourtant, certains habitants ne partageaient pas cette vision terre à terre et sentait l’aspect symbolique et même mystique du lieu. Au rôdeur revenait la charge de faire vivre cette étincelle qui permettrait la préservation du bosquet.

Les remarques de l’aubergiste firent à nouveau dériver ses pensées sur les conséquences plus ou moins directes du conflit :

- Je ne me targue pas d’être un connaisseur en symboles ou en art mais vous parliez tantôt de la statue érigée dans le quartier. Je suis allé la contempler ce matin. Je me range à l’avis qu’elle est réussie. Peut être le bosquet sera-t-il aussi accepté pour ce qu’il est : un symbole bien improbable que la vie ressort parfois de la destruction. J’y vois autant la marque de Lathandre que celle de Mielikki.

Puis, changeant totalement de sujet :

- Je pense que je vais prendre mon dîner ici. Qu'avez-vosu à me proposer ?

[Taliesin]

Sans un regard pour l'ardoise qui détaillait le menu du jour, l'aubergiste entama une litanie qu'il avait déjà dû répéter cent fois depuis l'aube.
-Alors... Canard aux poires sauvages, pavé de saumon grillé, moules et pommes de terres frites dans l'huile, pâté de faisan,, plateau de fruits de mer... Hum, sinon, plus simplement, gruau d'avoine au miel ou tourte au lard... Il y a aussi des fromages, bien sûr, et pour le dessert, des tartes ou une pompe aux pommes, ou des fruits... Je crois que j'ai tout dit... Si vous avez une envie particulière, ça peut toujours se négocier, mais ça risque d'être un peu plus long.

[Kasumi]

La carte de la taverne ne laissait que l’embarras du choix et le demi-elfe fut bien en peine de se décider. Depuis son réveil, il avait surtout mangé ce qui s’offrait sur le moment. C’est l’eau à la bouche qu’il se décida finalement pour le canard. Alors que le tavernier préparait sa commande, il tenta d’engager la conversation avec ses voisins de table en se présentant. Il était bien puéril de nier sa participation aux évènements de la cité même s’il n’en tirait aucune gloire. Il avait fait ce qui s’était avéré nécessaire et n’avait pas rencontré que des succès.

[Taliesin]

Il s'avérait que le nain qui l'avait coudoyé au bar se retrouvait à la même table que lui Il s'appelait Timbur Timburson, et travaillait à la principale brasserie de Luménis. Non content de brasser de la bière toute la journée, il venait régulièrement à la Bienveillance consommer une partie non négligeable de sa production. Leur deux autres commensaux étaient des matelots débarqués d'une galère marchande fraîchement arrivée d'Haradhar, ses câles emplies des dernières récoltes de blé de la Vallée du Nirvana. Sympathiques, ils se firent un plaisir de transmettre à leurs compagnons de table les dernières rumeurs de leur région, à savoir, surtout, la catpure d'un noblieau de l'intérieur des terres, le comte de Montserf, qui s'était acoquiné avec des Morféens et avait tenté d'asservir les villages voisins. Prévenues par un habitant, les autorités luméniennes avaient dépéché sur place un important détachement de l'armée et réglé le problème.
Quant à Timbur, il narra avec force exclamations l'accident qui était arrivé à l'un des apprentis de la brasserie, tellement soiffard qu'il avait manqué se noyer dans un fût de bière...

[Kasumi]

Kasumi écouta les récits de ses voisins de table tout en dégustant le délicieux repas servi à son intention. Les parts étaient généreuses et la viande dorée à point craquait sous la dent. Le demi-elfe dévora le tout avec grand appétit sans vraiment participer à la conversation sauf pour demander telle ou telle précision. Le récit de l’apprenti brasseur lui arracha un sourire tandis que celui des marins le désola. La vermine et la corruption du dictateur n’avait pas été réduite à néant. Les semences de la nuisance s’étaient répandues aux quatre vents à la recherche de terrains plus propices où prospérer. Il faudrait sans doute des années à déraciner tous ces foyers de mal si tant est que la bataille pouvait être gagnée définitivement.

Sentant l’humeur maussade le regagner, le rôdeur héla le tavernier et commanda une tournée de bière pour ceux qui partageaient sa table les incitant à poursuivre leurs récits. La tablée se laissa vite gagner par la joyeuse atmosphère de l’ébriété, les révélations cocasses se succédèrent et même Kasumi finit par parler d’un épisode plutôt compromettant qui s’était déroulé à la demeure du seigneur Artwin.

[Taliesin]

L'anecdote fit tant rire Timbur qu'il recracha une partie de sa bière. Dès qu'il eut fini de se tenir les côtes, il essuya sa barbe d'un revers de manche et commanda derechef une nouvelle tournée.
L'alcool aidant, chacun y alla de son histoire cocasse. Les deux marins ne furent pas en reste, et l'un d'eux narra l'aventure survenue à son cousins. Matelot comme lui, son navire avait fait escale à Luménis dans les derniers temps de la dictature. Ils avaient pris à leur bord un étrange trio de réfugiés : un elfe mal en point, une jeune femme et un petit garçon. Puis ils étaient repartis... Si la navigation s'était bien déroulée au début, ils n'avaient pas tardé à se retrouver sur une mer d'huile. Pas un souffle de vent. Et cela se poursuivit, malgré les bons présages qu'ils avaient pu avoir auparavant. De là à croire que quelqu'un portait malheur à bord, il n'y avait qu'un pas... Or, le gamin s'était mis à raconter d'étranges histoires, prétendant que la jeune femme qui l'accompagnait - sa mère ? - pouvait commander aux corbeaux et que l'elfe était en réalité le Monstre qui terrifiait Luménis. L'équipage l'avait cru, au début, et était tout prêt à jeter le malheureux par dessus bord. Mais l'enfant avait raconté des choses de plus en plus abracadabrantes, allant jusqu'à avancer que la jeune femme était un avatar de Waukyne capable de parler aux monstres marins et qu'elle escomptait leur faire attaquer le navire... Quant au Monstre, il aurait été en réalité un rejeton infernal envoyé par les Mélandiens pour se venger des matelots... Bref, face à tant de fadaises, les marins avaient oublié leurs craintes, prié le mioche d'aller jouer ailleurs. Et le vent était revenu, les menant finalement à bon port.
-Tant mieux pour l'elfe ! s'esclaffa Timbur. Vous m'verez pas souvent dire ça, notez bien, mais... S'faire bazarder à la flotte à cause d'un merdeux ravagé ! Remarquez, la tête du gars aurait été comique...
Et de rire à gorge déployée.

[Kasumi]

Kasumi tiqua à la mention de la Dame aux corbeaux et du Monstre. L’image de Galathée s’imposa immédiatement à son esprit mais cela ne suffit pas à le dégriser totalement. Lui avait-elle parlé du monstre, un jour sur les quais ? Le demi-elfe se débattait avec ses souvenirs. Les effets de l’alcool se firent une nouvelle fois sentir et l’idée eut du mal à percer la barrière éthylique. Finalement, des histoires autour du monstre n’étaient pas étonnantes. De même, il était probable que les exploits de la rôdeuse aient inspiré quelques histoires.

Le nain asséna un coup de coude au demi-elfe avec un commentaire peu courtois sur son ébriété.

- Je réfléchissais ! se défendit celui-ci ce qui déclencha l’hilarité des marins. Le rôdeur garda le silence, boudeur et déjà oublieux de ce qui avait retenu son attention.

[Taliesin]

La discussion avait été animée, la bière abondante, et le temps avait passé bien plus vite que le rôdeur ne l'aurait pensé. Les autres aussi s'en rendirent compte : les deux matelots furent les premiers à quitter la table, manifestement déçus de devoir s'esquiver si vite, mais ils devaient regagner leur bord. Quant à Timbur, il s'attarda un moment, partagea encore une ou deux chopes en compagnie de Kasumi, puis fila à son tour : il commençait tôt, le lendemain matin, et son patron n'aimait pas les retardataires...
Le demi elfe se retrouva donc seul. Autour de lui, des tablées menaient encore grand tapage, consommant pichet après pichet. La soirée n'était pas encore terminée, à la Bienveillance...

[Kasumi]

A travers l’euphorie de l’alcool, le rôdeur prit lui aussi conscience qu’il lui faudrait se lever tôt le lendemain afin d’entraîner les troupes de la garde municipale. Il se leva alors d’un pas chancelant pour aller payer son écot. Il se dirigea ensuite vers la sortie où l’air frais le frappa au visage. De légères gouttelettes de pluie voletaient dans l’air nocturne, chassant la torpeur du demi-elfe. Il parvint à se hisser sur le dos d’Ombrage que l’état de son cavalier semblait amuser.

Le demi-elfe se laissa conduire plus qu’il ne dirigea l’animal. Mal lui en prit quand celui-ci décida de se défouler dans un galop sur les quais. Le rôdeur eut vite grand peine à garder son assiette et encore moins à le maîtriser. Il ne put que constater l’inévitable. Ombrage passa en trombe devant le bosquet qui se tenait à proximité de la jetée et pila des quatre fers envoyant son cavalier prendre un bain de dégrisement avant de s’éloigner au pas tandis que le rôdeur se débattait pour rejoindre la berge.

[Taliesin]

-Attrapez ça ! lança une voix qui parut familière au rôdeur sans qu'il puisse véritablement l'identifier.
Alors qu'il avait presque atteint la berge, on lui tendit un long bâton. Il s'y cramponna et, mi hissé, mi grimpant, parvint à remonter sur le quais.
-Soit votre cheval est particulièrement fougueux, soit vous avez trop bu, mon vi...
La voix de la petite rousse qui se tenait près de lui se tut brusquement, et, à travers l'eau saumâtre qui lui dégoulinait sur le visage, Kasumi, éberlué, reconnut Garance, la prêtresse de Chauntéa qu'il avait rencontré le matin même, dans les jardins du temple.
-Vous ? s'exclama celle-ci, visiblement tout aussi surprise que lui. Moi qui craignais de vous déranger en venant vous voir si tard au Bosquet, je vois que je n'avais pas de raison de m'inquiéter...

[Kasumi]

Le rôdeur fut reconnaissant de la perche tendu qui lui avait évité bien des efforts. S’apprêtant à remercier l’âme charitable qui l’avait sorti de l’eau, le demi-elfe fut à la fois surpris et atterré de constater qu’il en s’agissait ni plus ni moins que de la prêtresse de Chauntéa dont il avait fait la connaissance le matin même au sanctuaire de Lathandre. Sa déveine d’être ainsi pris en défaut le disputait au plaisir de comprendre que la jeune femme s’était déplacée pour le rencontrer. Cependant, le bras croisés et le pli sévère de ses lèvres incita le rôdeur à se confondre maladroitement en excuses :

- Je ne m’attendais pas à vous trouver ici si tard moi non plus. Idiot, se morigéna-t-il intérieurement avant de se reprendre :

- Une chance que vous étiez là ! En fait, je l’ai bien cherché ! J’aurais du prendre plus soin d’Ombrage. Je l’ai laissé un peu trop longtemps à l’écurie et il a protesté à sa façon. Mais je suppose que vous êtes ici pour le Bosquet. Puis-je vous y accompagner ? conclut-il en tendant une main. Il dégoulinait de partout et chancelait légèrement sur ses bottes mais ne pensait pas avoir perdu ses affaires dans le plongeon.

[Taliesin]

Garance l'observa un instant.
-Vous veniez de la taverne, non ? Peut-être auriez-vous dû lever un peu moins le coude...
Elle secoua la tête.
-Mais allons y, oui. J'avais des affaires à conclure chez un marchand de semences, et cela a pris un peu plus de temps que prévu... Et comme j'étais à côté de ce fameux endroit, je me suis dit que j'allais en profiter pour y faire un petit tour. J'avoue cependant que je n'aurais jamais imaginé devoir vous repêcher...
Elle hocha à nouveau la tête puis lui emboîta le pas en direction du bosquet.

[Arya Du Varden]

Arya avait quitté les taudis avec un certain soulagement et accompagnée de Podrick, elle pénétra dans la taverne qui à cette heure de début de soirée connaissait comme d’habitude une fréquentation importante. Elle dut bien regarder pour découvrir au fond de la salle deux places à une table de six. Quatre marins étaient déjà attablés et mangeaient goulûment une soupe épaisse et appétissante. L’Elfe et l’enfant y prirent place. Attendant la venue du Tavernier, Arya sourit ravie.
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Heureusement que tu ne connaissais pas d’autre estaminet, ici je me sens bien et j’espère que toi aussi. Ce que je sais surtout c’est que nous ne serons pas ennuyés et que le repas sera excellent.

[Taliesin]

Les choses tournèrent comme Arya l'avait espéré : les marins ne s'offusquèrent nullement de la présence de Podrick et se contentèrent de saluer les nouveaux venus avant de retourner à leur soupe. Et lorsque le tavernier arriva, s'il ne put manquer de noter la mise lamentable du gamin, il fit comme si de rien n'était et leur sourit avec chaleur.
-Bonsoir, jeune homme. Bonsoir, mademoiselle ! J'espère que votre journée à été bonne... Alors, que voulez vous ce soir ? Un truc bien chaud, j'imagine...

[Arya Du Varden]

Le sourire du Tavernier était une qualité de plus à porter à son crédit. Arya était ravie que l’enfant soit traiter comme n’importe quel client, tant pas leurs voisins de table que par le propriétaire, cela n’avait pas dû lui arriver souvent et peut-être même jamais. Petit à petit, dans l’ambiance détendue, l’esprit de la jeune femme s’était libéré de la colère générée par sa visite des taudis et elle n’avait plus que le souhait d’offrir au petit vendeur de journaux, une soirée qui l’encouragerait à ne jamais baisser les bras quelles que soient les difficultés.
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L’Elfe afficha le même sourire affamé que les autres soirs.
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- Excellente journée, merci ! J'espère que la vôtre aussi ? Elle fit mine de réfléchir alors qu'elle savait déjà ce qu'elle allait commander. Si votre menu du jour est aussi bon qu’hier, nous en prendrions bien volontiers. Vous pourrez m’apporterez aussi un pichet comme l’autre soir et du lait pour le jeune homme. Elle se tourna vers l’enfant. Cela te convient-il Pod ?

[Taliesin]

Le gamin, qui n'avait manifestement pas l'habitude qu'on lui donne le choix pour sa pitance, acquiesça d'un hochement timide. Le tavernier opina à son tour du chef puis s'en fut rejoindre son comptoir. Il revint quelques minutes plus tard, chargé des repas, et les servit rapidement avant d'être mandé par d'autres clients.
Podrick lorgna un instant son assiette et, sur un encouragement de la jeune magicienne, entreprit de la vider. Il avait l'air affamé mais s'efforça de ne pas tout avaler d'un coup, tentant de se servir des couverts mis à sa disposition. La maladresse gênée dont il fit preuve suffisait à faire comprendre qu'il avait plutôt coutume de manger avec les mains. Toutefois, il ne parissait pas prêt à passer pour un rustre sans manières, et tant pis si ses efforts n'étaient guère concluents...