[Quête] La maison des morts : Linceul

[Althéa]

Le village de Linceul s'étend au coeur d'un val, non loin du cap du vigilant. On ne le distingue pas de la route et en général, les gens n'aiment pas s'y aventurer.

Quand on entre à Linceul, ce qui étonne en premier est le silence. Un silence profond, presque pesant, qui sonne comme une attente. Peu d'habitants circulent dans les rues. On aperçoit quelquefois des ombres derrière les rideaux, signe que la ville n'est pas complètement abandonnée.

Le village en lui-même n'est pas grand, deux grandes rues en réalité. De grands arbres sombres bordent les allées. Un observateur attentif en compterait un assez grand nombre, des peupliers pour la plupart.

Les maisons quant à elles sont toutes d'assez prestigieuse facture, assez vieilles pour la plupart. Elles projettent leur ombre impressionnante sur les allées. Il y a peu de place pour le soleil à Linceul.

A part les maisons, le village compte un temple dédié à Kelemvor et une seule auberge, très peu fréquentée.

Au delà du village s'étend un immense cimetière signe du temps qui passe inexorablement.

[Vel Cheran]

Bellatrix et Vel'Cheran amenèrent leurs chevaux au pas en direction du village. Tout paraissait complètement vide, comme si une épidémie de peste avait ravagé la population. Un habitant traversa la rue pour entrer dans une maison, prouvant à Vel'Cheran que le hameau était encore habité. Celui-ci semblait en tous cas porter son nom avec une logique implacable, et le barde jugea que le cimetière lui-même devait être plus animé.

Ils entrèrent dans ce que Vel'Cheran supposa être la rue principale, et le barde se tourna vers sa compagne.

Eh bien, dis-moi, je crois savoir ce qui a disparu ici : la joie de vivre ! Rarement vu un trou pareil. Il est de mon devoir de barde de remuer tout ça, d'ailleurs je pense que même mes piètres talents d'artiste suffiraient à donner à ce village plus d'agitation en une journée qu'il n'en a connu durant les trois dernières années ! Enfin bref, as-tu un contact ici ? Une personne à menacer ? Un magistrat à qui graisser la patte ? Un point de chute quelconque ? Ou allons-nous improviser avec brio, comme d'habitude ?

[Bellatrix]

Bellatrix s'était soudainement baissée, avait ramassé du crottin de cheval et l'avait envoyé dans les airs et s'était mise à crier :

"Il neige, il neige. Quelle beauté sur le monde"

Elle s'était retournée vers Vel Cheran, un grand sourire aux lèvres.

"Nous allons rajouter de la gaieté dans leur coeur. Oui, ils vont adorer notre yé, yé, yo, yo !!! Ce sera beau"

Elle partit en courant dans la taverne. Vel Cheran ne trouva rien de mieux à faire que de la suivre.

A l'intérieur, tout baignait dans une semi obscurité. Outre le tavernier, il n'y avait personne à part des rangées de tables et de chaises nettoyées avec un soin presque maniaque. Quand il les vit, l'homme se leva de derrière son comptoir, et alla jusqu'à eux à grands pas. Il détailla quelques instants Bellatrix avec un petit sourire complice avant de demander au barde qui l'accompagnait :

"Avez-vous une tombe ?"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran se cracha dans les mains, retroussa ses manches, et empoigna le tavernier par le col. Il tenta de le soulever de terre, mais, au vu de son propre poids et de celui de son interlocuteur, il dut se résigner à juste lui remonter le col jusqu'au menton.

Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Quelque chose te dérange chez la dame ? Je peux t'en trouver une, de tombe, si tu veux !

[Bellatrix]

Bellatrix éclata de rire en montrant le tavernier du doigt et se tapant sur la cuisse :

"Ah, ah, qu'il est drôle ce bonhomme, tu ne trouves pas ? C'est fou ce qu'on s'amuse dans cette cité. Ces visages blafards, ce soleil qu'on ne voit pas. Une vraie cure de jouvence. Mais à mon avis, il est jaloux de ton sexe à piles chéri. Ou il n'a pas vu de barde depuis longtemps, hein Norbert. Tu permets que je t'appelle Norbert, dis ?"

Le tavernier hocha la tête, quelque peu décontenancé.

"Donc Hector, pourrais-tu nous servir quelque chose, un petit remontant ?"

Nobert/Hector acquiesça et partit d'un pas lent vers les cuisines.

"Charmant petit patelin. J'ai bien envie d'explorer leur cimetière. Qu'en dis-tu ?"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran s'étira longuement, avant de se tourner vers Bellatrix.

Ma foi, on y trouvera peut-être plus d'agitation qu'ici. Même en menaçant le tavernier, je n'arrive à déclencher aucune rixe. C'est d'un frustrant... Et puis, qui sait, les morts apprécieront peut-être ma musique ?

Le barde pris le bras de Bellatrix et sortit de la taverne en sifflotant un air connu*.




(*Laaaa, laaaaa, lalalalaaaa, laaaa, lalalalaaaaa, laaaa, lalalalaaaa ! Celle/celui qui reconnaît gagne un paquet de smarties)

[Bellatrix]

"Oh, s'exclama Bellatrix, tu sifflotes "Un jour mon prince viendra de Blanche Neige, comme c'est joli, joli, joli. J'aime cet air lacrymal encaustique généralement retors d'un luminaire décalé"

Ils se rendirent donc dans le cimetière. Un grand cimetière, même immense. Bellatrix partit en courant, folâtrant entre les tombes, criant les noms de morts à mesure qu'elle les lisait :

"Monty Pyton, Justine Titegoute, Corine Titegoute, Mélusine Titegoute. Oh, on dirait qu'il y a toute la famille Titegoute. Peut être des Manostiens. Vel, je trouve ce paysage très excitant, comme au pays des nounours"

Le pauvre Vel'Cheran allait répondre quand deux mains sorties de terre lui attrapèrent la cheville.

[Vel Cheran]

Alors qu'il allait répondre à Bellatrix, Vel'Cheran sentit quelque chose saisir sa cheville. Baissant le regard, il vit avec horreur que deux mains avaient surgi de terre et l'avait fermement attrapé. N'hésitant pas une seconde, le barde dégaina son épée et s'échina à découper les mains en divers fragments afin de se libérer de l'étreinte du revenant.


et je fais des rimes, en plus... Faut bien que je justifie mon statut de barde !

[Bellatrix]

"Au non, au secours, mes mains !"

Un hurlement strident s'était fait entendre. Vel Cheran et Bellatrix se tournèrent vers l'origine du cri et découvrirent un homme dans un trou, monté sur une échelle. Ses mains étant coupées, il ne conservait son équilibre qu'en s'appuyant du torse contre l'échelle, en grand danger de tomber et de se rompre le cou. Des lambeaux de main pendaient de part et d'autre du trou.

"Aidez- moi au lieu de rester plantés à me regarder avec vos yeux de merlans fris.
- Ah bon, demanda Bellatrix, vous préférez qu'on vous regarde avec des yeux d'oeuf pochés ?"

Un détail attira l'attention de Vel Cheran mais il fut incapable de savoir de quoi il s'agissait précisément.

[Vel Cheran]

Vel'Cheran, avisant que la créature réagissait bizarrement pour un mort-vivant, en conclut qu'il s'agissait en fait d'un être vivant, et de race humaine qui plus est. Pas très malin, apparemment, pour saisir sans crier gare la cheville d'un homme armé dans un cimetière. Le barde avait bien envie de le laisser moisir ici, mais peut-être avait-il des informations qui intéresserait Bellatrix (à propos de quoi ? Ils le sauraient bien assez tôt).

Désolé pour vos mains, mais vous auriez pu crier avant de surprendre les gens en vous faisant passer pour un mort-vivant ! Vous n'êtes pas très malin, dans votre genre !

Saisissant les moignons sanglants, Vel'Cheran souleva l'inconnu et le tira sur la terre ferme.

Bon, et maintenant, si vous nous disiez ce que vous faites là ? Pour vos mains, ne vous en faites pas : on vous greffera une faux et un panier et vous pourrez labourer facilement toute l'année !

[Bellatrix]

"Oh, oui, gloussa Bellatrix, et ensuite, on pourra vous nommer Edward"

L'homme les regarda, une lueur de haine dans le regard. Avec mille efforts, il parvint à s'asseoir, sans quitter Vel Cheran des yeux.

"Vous, apparemment, vous n'êtes pas originaires de Linceul, ça se voit tout de suite" finit il par dire sur le ton de la conversation.

Pendant qu'il parlait, un groupe d'enfant passa devant eux en chantant, sans leur adresser un regard. Ils allèrent jusqu'au bout du cimetière. Vel Cheran, qui les suivait des yeux les vit diminuer un par un, comme s'ils s'enfonçaient dans la terre puis disparaître ...

[Vel Cheran]

Des gens qui vivent dans des tombes ? Ce serait donc cela, la réponse à l'étrange manque de vie de cette ville, et de la question saugrenue de l'aubergiste ? Chez les fous. Ils étaient tombés chez les fous.

Qu'est-ce que c'est que cela ? Vous vivez dans une tombe ?

[Bellatrix]

L'homme regarda Vel Cheran l'air stupéfait durant quelques minutes puis finit par éclater d'un grand rire.

"Vivre dans les tombes, mon bon monsieur ? Mais vous lisez trop de Stephane Roy mon petit !"

Et plus il regardait le barde, plus il se mettait à rire, comme s'il venait de faire la blague la plus drôle du monde.
Gagnée par l'hilarité, Bellatrix poussa l'échelle qui tomba au fond du trou avec un grand cri et se mit à crier :

"Regarde moi Vel, je suis un feu follet. Je vais te courir après"

Et elle fit mine de poursuivre son compagnon ...

[Vel Cheran]

Faisant mine de fuir, Vel'Cheran bouscula le Linceulien et le fit retomber dans le trou. Haussant les épaules, le barde se tourna vers Bellatrix.

Bon, tant pis pour lui, de toutes manières j'aimais pas son ton condescendant. On va chercher nos disparus ? Ils sont peut-être cachés six pieds sous terre... ou peut-être les morts sont-ils cachés ici dans les maisons, vu les moeurs étranges des gens de cette ville. Qu'en penses-tu, Bella ?

[Bellatrix]

"Je pense à l'outrecuidance pacifiste du pissenlit nyctalope, à encéphalographie purpurine de la diatribe gargantuesque. Dans ce moments, là, las, je me sens soudain lyrique. J'appartiens au cosmos tu sais ? Oui, je sais que tu le sais. Je crois que cela peut être une bonne idée de voir les us et coutumes de ces habitants, car cette ville me plaît. Nous pourrions peut être nous installer tous les deux ici en villégiature ? Tu ne crois pas ?"

Bellatrix partit en sautillant vers les tombes où les enfants avaient disparu. Une échelle de corde semblait les attendre ...

[Vel Cheran]

Vel'Cheran s'approcha de la tombe et contempla l'échelle qui s'enfonçait dans les ténèbres.

Hmm. Allons d'abord voir ce que font les enfants là-dessous avant de penser investir dans l'immobilier local. Par exemple, l'école où ils apprennent à lire et compter me semble assez sombre et humide.

Le barde se suspendit au premier barreau de l'échelle et commença la descente vers les profondeurs infernales... Enfin, tel était sa supposition, puisque, ne possédant pas l'infravision des elfes, il ne pouvait savoir si le sol se trouvait à cinq ou cinquante mètres en-dessous de lui.

[Bellatrix]

A mesure qu'il descendait, Vel Cheran distingua une lueur diffuse qui s'intensifia quand il posa le pied par terre. Il y avait bien une lumière au bout d'un tunnel. Des voix d'enfants lui parvinrent.

"Non, Sansa, tu ne dois pas bouger, ne pas respirer. Attention Eliana, je te vois
- Ah non, Joffrey, je te dis que je n'ai pas bougé. Ce n'est pas juste.
- Oui, mais là, tu parles. Un peu plus, et tu auras perdu. Fais attention à toi.
- Mais tu triches, et toi non plus, tu ne dois pas parler"

Une main glacée prit celle du barde. La voix de Bellatrix retentit.

"Protège-moi, j'ai peur du caribou des couloirs"

Devant eux, les voix se turent quelques instants avant de reprendre.

"Attention, il y a quelqu'un qui nous espionne. C'est peut être le Grand Méchant"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran entoura ses épaules d'un bras protecteur, et, de l'autre, dégaina Reytarh, pointa la lame vers le couloir.

Ne t'inquiètes pas, Bella. S'il y a un caribou dans ce couloir, il aura affaire à moi, lui chuchota-t-il. Et si un autre idiot me saisit la cheville, il perdra ses mains lui aussi !

Marchant à pas feutrés, ils s'avancèrent dans le tunnel sombre.

[Bellatrix]

Ils débouchèrent sur une cavité emménagée dans le sol meuble. De l'autre coté, un grand tunnel semblait s'étendre dans les entrailles de la terre. A leur pieds, quelqu'un avait allumé une vingtaine de bougies. Au milieu d'elles, couchés dans une immobilité de pierre se tenaient deux enfants.

Le visage pâle, les yeux fermés. Aucun souffle ne semblait animer leur poitrine. Rien n'indiquait qu'ils vivaient.

[Vel Cheran]

Se détachant de Bellatrix, Vel'Cheran s'avança lentement des deux enfants, circonspect. Rengainant son arme, il s'accroupit près d'eux et toucha l'épaule du plus près d'entre eux.

Vous m'entendez ? Etes-vous en vie ?

N'obtenant aucune réponse immédiate, Vel'Cheran se releva lentement en haussant les épaules.

Ils ont l'air morts, ou alors ils dorment très bizarrement. Que fait-on ? demanda-t-il à Bellatrix.

[Bellatrix]

"Alors, théoriquement, nous devrions pleurer, je crois. Peut être chanter un ode, inventer une oraison funèbre, enterrer les corps, les brûler, ou peut être attendre les vachekiries. Ou nous pourrions peut être les adopter. Ils ont l'air si sages, tu ne trouves pas ? Ho, mais regarde Vel chéri, on dirait qu'il vient de bouger un orteil"

Et c'était vrai, le garçonnet se redressa sur son séant.

"On vous a bien eus, n'est-ce pas ?"

Bellatrix se mit à taper des mains en hurlant puis s'ébouriffa les cheveux, l'air contente d'exister.

"J'adore les surprises. Une fois, on m'a offert des chaussettes ... avec trois trous ! Je m'en suis servie comme bonnet de nuit"

Elle se tourna vers Vel Cheran, l'air énamouré. Loin de se rendre compte que les enfants s'étaient levés et les regardaient bizarrement, une lueur étrange dans le regard.

[Vel Cheran]

Vel'Cheran sourit à Bellatrix, et, détendu, il se retourna vers les deux bambins. Il remarqua tout de suite que quelque chose n'allait pas. Les deux enfants n'avaient plus l'air amical, et ils s'avançaient lentement vers eux, le regard menaçant. Le barde, prudent, dégaina son épée et jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, mais ne vit rien. C'était bien après eux que les enfants en avaient.

Qu'est-ce qui se passe ? Encore un de vos jeux ? Vous voulez jouer aux vampires ? Allez, fini de rire. Où sont passés vos parents ?

Malgré son apparente assurance, Vel'Cheran n'était pas du tout rassuré. La sensation de se retrouver six pieds sous terre, devant des enfants étrangement menaçants dans une salle aux allures de crypte satanique, n'était pas l'une de ses favorites. Si Bellatrix n'avait pas été là, il ne serait pas resté plus longtemps.

[Bellatrix]

Les enfants s'étaient rapprochés de part et d'autre du couple. Bellatrix, quant à elle eut rictus menaçant avant de se sortir à grand peine quelque chose de l'oreille droite.

"Regardez, regardez, argua-t-elle en montrant ce qu'elle avait dans la main, un oeuf en plâtre"

Les deux enfants avaient reculé instinctivement. Elle agita frénétiquement les mains avant de lancer.

"Mais, quelque chose ne va pas ? On aurait dit que vous avez vu la nudité glaciale d'un courant d'air atmosphérique ! C'est vraiment un drôle de pays ici
- Oh, souffla la dénommée Sansa, à la longue, on s'habitue.
- Beau pays, belle petite. Quel esprit ! La crème des cuillères à peau. Et toi, Vel chéri qu'en penses-tu ? "

Vel Cheran était à présent devenu le centre des regards. Et quelque chose dans celui des deux enfants clochait, mais il n'aurait pas su dire quoi.

[Vel Cheran]

Vel'Cheran ne comprenait plus rien. Les enfants avaient l'air sympathique dans leurs paroles, mais pas dans leur attitude. Enfin, peut-être n'était-ce qu'une facade. On disait souvent de ne pas s'attacher à l'apparence. Le barde rengaina son arme et prit sa lyre.

Allez, les enfants, vous voulez que je vous chante une chanson ? La Geste de Balduran, par exemple. La connaissez-vous ? Etant donné qu'elle vient d'un pays lointain, je doute que cela soit le cas.

Pincant les cordes de sa lyre, le barde se mit à chanter.

Lorsque Balduran de son périple revint, En exposant à tous son merveilleux butin,
L'on fit bâtir des murailles pour protéger
Sa cité natale des attaques barbares.
Il décida alors de reprendre la barre
Afin d'être capable de bien renforcer
L'économie fragile de sa belle ville.
Tout le monde attendit qu'il fasse son retour
Triomphant, splendide, dans la mer alentour,
Ramenant richesses de ses belles îles.
Mais jamais Balduran ne revint, et ainsi
En mémoir' du marin qui leur avait permis
De devenir un peupl' respecté et puissant,
Ils donnèr'nt son nom à la Porte des Marchands.


Vel'Cheran n'avait pas une voix splendide, et le poème était assez quelconque. Ce n'était pas pour rien s'il s'était reconverti, d'abord en voleur de bourses, puis en soldat.

[Bellatrix]

Bellatrix s'était balancée en rythme au son de la chanson, les yeux dans le vague. Les enfants s'étaient balancés à leur tour, comme des cobras suivant des yeux le joueur de flûte. Mais leurs yeux s'étaient refait enfantins, comme s'ils laissaient de coté leur jeu pour redevenir des enfants. Car ce n'était qu'un jeu, non ? Quand la dernière note eut résonné dans le tunnel, Bellatrix se frappa les joues en guise d'applaudissement, ce qui lui amena un peu de couleur.

"Vel chéri. J'aime ta chanson. Elle est en osmose avec la cosmogonie universelle. Moi aussi je vais te chanter une chanson."

Et, joignant les mains derrière le dos, elle se mit à chanter.

Je suis une patate aux herbes
Le plan d'eau ondule sous le vent
Le livre ouvert conduit la robustesse du ventre creux
Un peu plus de sucre dans mon thé s'il vous plaît
Le vent emporte la palourde plus loin
Le paladin a essayé mon escarpin
L'ondulation de l'octogone varie selon la loi du carré
La scie remplace la hache et la coudée
Le papillon brode l'entourloupette de l'araignée
Le nuage est bas aujourd'hui ...
Je suis une patate aux herbes"

On aurait dit que sa voix passait du très grave au très aigu sans connaître d'intermédiaire. Et elle se servait de son nez en guise de percussion.

[Vel Cheran]

Vel'Cheran applaudit la prestation de Bellatrix et se fendit d'une courbette.

Superbe chanson, tu as des talents de barde !

Se tournant vers les enfants, il ajouta :

Bon, et bien, désolé de mettre fin à la fête, mais il est temps que nous remontions. Ce n'est pas que votre compagnie me dérange, mais se balader dans une tombe n'est pas une de mes activités favorites.

Prenant Bellatrix par la main, Vel'Cheran se dirigea vers la sortie. Il n'était pas mécontent de quitter ce trou.

[Bellatrix]

Les enfants restèrent quelques secondes sans bouger, un léger sourire toujours aux lèvres. Pendant que Vel Cheran la tirait hors du trou, Bellatrix, pendant par une main ne put s'empêcher de dire :

"Continuez-comme cela les enfants. Vous ressemblez à la peinture Esmelard de Merci. Qu'est ce que c'est déjà ? Ah oui, les Jeunes Cons !"

Une fois à l'air libre, Vel Cheran ne put s'empêcher de remarquer que la lumière avait baissé. Les ombres, accentuées par hauts peupliers s'étendaient sur Linceul. Un vent frais se leva, faisant osciller les branches. Il n'y avait pas grand monde dans les rues, mais les présents vaquaient à leurs occupations comme si de rien n'était. Pourtant, Vel Cheran ne pouvait oublier la lueur étrange dans le regard des enfants.

[Vel Cheran]

Vel'Cheran s'éttira, tentant de chasser de son esprit les deux étranges enfants. Constatant qu'il faisait plus sombre que lorsqu'ils étaient entrés dans le trou, le barde en conclut que la nuit devait approcher. Fait étrange, pourtant, car il n'avait pas eu l'impression de passer tant de temps que cela six pieds sous terre.

Et bien, Bellatrix. Que dirais-tu de trouver un endroit où nous loger pour cette nuit ? Nous reprendrons nos prérégrinations demain.

[Bellatrix]

Bellatrix leva le doigt au ciel, puis le rabaissa prestement en chantant.

"Stay aliiiiiiiiiive !!!"

Puis, elle tourna en rond et pointa d'un coup l'auberge qui vu les circonstances semblait leur ouvrir les bras.

"Un mur, deux murs, trois murs, quatre murs. Tout ça m'a l'air parfait. Je ne sais pas quoi, mais quelque chose me dit qu'on ferait mieux de ne pas rester dehors. Je vois plein de lapins albinos partout."

Sans lâcher la main de Vel Cheran, elle partit en courant et ne s'arrêta qu'à l'intérieur du bâtiment. Le tavernier tâchait tant bien que mal d'enlever la crasse d'un verre d'une propreté douteuse. Il leva la tête vers le couple avant de demander.

"Mais que se passe-t-il ? On dirait que vous avez-vu un fantôme"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran fronça les sourcils.

Qu'est-ce que vous racontez ? Les fantômes n'existent pas, mon bon monsieur. Voyons... Bon, nous voudrions une chambre pour la nuit. Combien cela coûte-t-il ici, dans votre charmant établissement ?

L'établissement en question n'avait rien de particulièrement charmant, c'était même une taverne tout à fait quelconque, s'il n'y avait une propreté douteuse (douteuse de par le fait qu'elle était parfaite, ce qui, pour toute taverne qui se respecte, est toujours douteux). Mais le barde avait pris la manie de dire des flatteries hypocrites et inutiles à tout bout de champ aux étrangers auxquels il demandait un service.