[Bâtiment] Domaine des Lentemort

[Led Shark]

Led Shark laissa la chaleur des flammes accroître sa température corporelle, il savait qu'un peu d'hyperthermie donnerait à son organisme le coup de fouet indispensable à de meilleurs réflexes. Son instinct lui soufflait de mettre plus d'espace entre les flammes et lui, une fois suffisamment stimulé il initia un mouvement de repli a peu près en même temps que le chancelier...
Il ignorait les questions de celui-ci pour le moment, toute son attention était focalisé sur l'incendie, les bruits, les odeurs, le rhytme des flames et des explosions, les couleurs des flammes et des braises...

Malgré de long instants d'une observation indifférente aux événements autres que les flammes elles même, il ne parvint pas à identifier d'autres composants que la base du mélange, le soufre. Il prenait le risque d'être fasciné par l'incendie... Il lui fallut de longs instants et de nombreux soubresauts de son compagnon animal pour enfin s'extraire de la contemplation des flammes.

Mornagest était là avec ses questions et la petite esclave, il envisagea un temps d'agir pour aider à vaincre les flammes, il disposait du sort adéquat, mais il y renonça, que les Humains du clan Lentemort se débrouillent sans lui, il était herboriste libre, pas soldat du feu, et Hulven ne lui inspirait au mieux que du mépris...

Toutefois il était maintenant certain que la ou les coupables avaient de solides connaissances en alchimie et en architecture, les explosions avaient eu lieux au bons endroits aux bons moments, et le manque d'eau pour lutter contre les flammes éclairait sous un nouveau jour les véritables raisons de la condamnation des puits, c'était à n'en plus douter le véritable objectif des criminelles lorsqu'elles ont contaminé les deux puits, peut être le poison vivant et fortement contagieux n'avait était choisi que pour sa capacité à contaminer durablement tous les points d'eau du domaine, mais là il s'avançait un peu trop...

Il fit rapidement part des ses conclusions aux deux humains, le guerrier et l'esclave.

Mon avis, Chancsselier, est que le véritable objectif des donzzzelles viens d'apparaître, le poiszzon n'était manifesssstement qu'un moyen de faire condamner les puits et donc de retarder les ssssecours. Leurs raiszzons ssssont toutefois pour le moins-zobscurs, quel motifs ont-elles pour détruire les ssssymboles de la puissssance de leur clan ainssssi qu'un tel refuge ? Étant donné l'efficacsssité du ssssinisssstre il y a fort à parier que les criminelles-zont pour but la desssstruction des bâtiments du domaine, pour cssse faire elles-zont utilizzsé des compozzsitsssions alchimiques à baszze de çulbâri dissssséminés dans toute la sssstructure du bâtiment, aux bons-zendroits pour le détruire, cssse genre de compétencssses ne ssssont pas normalement à la portée d'humaines ausssssi jeunes, et donnent plussss de poids à la prészzzence posssssssible d'un troiszzzième criminel...

Je doute de pouvoir trouver quoi que ssssse sssssoit d'autre icsssi, les-zesssclaves resssstants ssse ssssont enfuis, les indicssses hypothétiques flambent, nous perdons tous deux notre temps à contempler cssse foutu gâchis. Pourquoi ne pas convoquer les Lentemorts en lieu où ils n'auraient l'avantage ni du terrain, ni cssselui du nombre ? Je gage que Mélandissss regorge de lieux disssscrets où nous pourrions mettre un termes aux frassssques de cssses deux femelles avants que leurs dangereux-zoutils ne leur échappent et ne provoquent des problèmes plus gênants, les exsssploszzzifs et les poiszzzons ssssont une combinaiszzzon très dangereuse et très volatile...

La tendance à siffler les mots de l'homme lézard allait en empirant, signe que la fatigue commençait à lui peser...

[Galathée]

Les gardes n’avaient pas réussi à endiguer la débandade de tous les esclaves, mais certains s’élancèrent dans la rue à la poursuite des fuyards. Ceux dont la progression avait été arrêtée, réagirent de manière diverse. Certains partirent en courant dans la direction opposée, d’autres s’écroulèrent en sanglots sur le sol, quelques uns s’attaquèrent aux gardes à mains nues, pour se voir abattus à grands coups de lame. Led Shark distingua la silhouette d’une jeune femme qui se jetait dans le brasier, préférant apparemment cette mort horrible à un avenir aux mains des Lentemort. Petit à petit, les esclaves survivants furent rassemblés, ils n’étaient plus qu’une dizaine, échevelés et vacillants. Peu après, les gardes qui avaient poursuivi les esclaves au dehors du domaine revinrent en encadrant trois jeunes hommes, dont l’un était soutenu par les deux autres. Au moins quinze des hommes de Lentemort avaient pris la poudre d’escampette. De Siméon, nulle trace.

Traversant la pelouse, un garde s’approcha en courant et il s’immobilisa, hors d’haleine, à quelques mètres du Chancelier et de ses interlocuteurs. Il esquissa une courbette maladroite.
« Me…Messire… Nous avons… Ah… trouvé un… un homme… dans… ffffou... dans le brasier, mais… il est agressif et blessé, nous l’avons, ah… coincé mais… nous ne… savons pas si… si nous pouvons le tuer. » articula-t-il, reprenant son souffle avec peine.

[Mornagest]

Le chancelier darda un regard mauvais à l'adresse du garde, puis tonna :

"Pas question de le tuer. Messire Led Shark, disposez-vous de quelque potion capable de le calmer ? Nous n'allons pas abattre un témoin potentiel parce qu'il est remuant..."

À part lui, il se demandait parfois pourquoi il se creusait les méninges à commander une garde et une cité d'abrutis. Melandis ne manquait pas de charmes, mais ils étaient par trop bien cachés par la corruption, la cruauté, l'esclavagisme et d'autres joyeusetés encore moins avouables.

Regagnant son calme, Mornagest donna un nouvel ordre.

"On emmène tout le monde, une fois celui-ci rendu plus sage. Nous reviendrons quand l'incendie sera éteint. Faites surveiller étroitement les ruines. Pas un intrus, compris ?" Le garde ne put qu'aquiescer. "Maître herboriste ? Allons-y, si vous avez de quoi faire..."

[Galathée]

Le garde jeta un coup d'oeil à Led Shark, puis revint sur son supérieur, manifestement embarrassé.
" C'est que... qu'il est armé, votre seigneurie, et... hum... il n'a pas l'air d'être prêt à se rendre... Si vous avez une méthode..."
Il se tourna plus franchement vers l'homme-lézard.
" Je peux vous y mener."

[Mornagest]

Mornagest grogna.

"Une méthode ? Vous n'êtes pas capables de l'assommer ? Je vais m'en charger, si c'est comme ça..."

Il se mit en route, accompagné du garde et de Led Shark, tandis que la jeune fille restait près des gardes mélandiens.

[Galathée]

Mais la petite esclave ne resta pas longtemps en arrière et rattrapa le Chancelier et l’homme-lézard en courant, se suspendant par réflexe au coude de l’homme d’état. Le regard noir qu’il lui décocha suffit pour la faire lâcher prise et elle resta, confuse, dans leur ombre.
Le garde les entraîna jusqu’à une allée latérale du domaine, où un mur du manoir tenait toujours. Trois de ses collègues encerclaient une silhouette ramassée sur elle-même, adossée aux pierres.

L’intrus portait une armure de cuir usée qui avait souffert des flammes, et la peau de ses mains était rouge sombre, couverte de cloques. Son visage était méconnaissable et susceptible de provoquer la nausée chez les plus sensibles : plus de la moitié avait en effet été ravagée par l’incendie, et ses yeux fous, exorbités par la douleur et la folie, roulaient dans ses chairs suintantes. Ce qui restait de sa face trahissait son origine elfique, au delà, il n’était plus qu’une bête prête à mordre. Il brandissait d’ailleurs deux dagues, lesquelles tenaient ses adversaires à distance, tandis qu’il éructait des syllabes incompréhensibles.

[Mornagest]

Un homme souffrant de la sorte, acculé par des gardes et certain de mourir dans les minutes qui allaient suivre représentait un danger non négligeable. Même si ses forces paraissaient sur le point de l'abandonner, la peur pouvait lui insuffler suffisamment de puissance pour tenter un vain et ultime assaut désespéré, alors même que les hommes qui l'entouraient ne lui voulaient pas de mal.

Conscient de tout cela, et habitué aux situations de combats délicats, Mornagest ordonna à ses hommes de baisser leurs armes et de reculer, puis il tenta de s'adresser au blessé.

"Nous ne sommes pas là pour vous tuer, messire. Restez calme, rengainez vos dagues et sortons de cette fournaise. Mon ami est herboriste, il dispose de quoi vous soigner de vos plaies."

[Galathée]

Mais l’elfe resta insensible aux paroles du Chancelier. Ses yeux s’agrandirent d’horreur, il poussa une plainte étouffée, puis son regard terrorisé et dément fila d’un garde à l’autre, lesquels formaient un arc de cercle en retrait. Ses mains se serrèrent convulsivement sur les manches de ses dagues, ses yeux se révulsèrent et son corps se détendit. La seconde suivante, il retourna une de ses armes contre lui, et l’enfonça brutalement dans son propre ventre.

[Mornagest]

Jurant allègrement, le chancelier se précipita sur l'elfe afin de lui ôter les armes des mains, qu'il gardait cramponnées sur le manche de ses dagues. Il tenta de s'assurer qu'il n'était pas mort ; l'elfe respirait encore, mais il avait bien visé... le sang coulait abondamment, et un morceau de l'intestin grêle tentait de sortir du ventre du blessé.

Le chancelier arracha un pan de sa tunique, qu'il sépara ensuite en deux, puis, retirant une dague, appliqua son poing enrobé de tissu sur la plaie béante. Il agit de même pour la seconde.

"Allez me chercher un prêtre, au trot ! Il ne va pas survivre longtemps sinon."

[Led Shark]

Mornagest n'avait même pas laissé à l'herboriste le temps de répondre au garde, de toute façon à part des potions de soins génériques et des contres poisons à large spectre, ce dernier n'avait plus grand chose d'utile dans sa besace. Il suivit d'un pas résigné les humains vers ce nouvel acteur d'une énigme qui commençait à le fatiguer.

Il observa impassible la suite des événements, le chancelier avait repris les choses en mains, et semblait bien s'en tirer. Une fois que l'humain eut parré au plus urgent il tendit deux fioles au garde le plus porche, l'une était en verre épais et contenait un liquide bleu translucide, l'autre plus petite était en métal.

Faites lui boire sssça : une posssion de ssssoin majeure et un anti-douleur puissssssant, çssssa devrait l'aider...

[Galathée]

L’elfe mutilé se contorsionnait sur le sol, en proie aux affres de l’agonie, tandis que Mornagest le maintenait d’une poigne ferme mais salvatrice. Le Chancelier, s’il avait accordé la moindre valeur à ses fripes, devrait en faire le deuil : elles étaient désormais maculées de suie et de sang.
Le garde qu’avait harponné Led Shark s’exécuta en tentant de maîtriser le dégoût qui lui nouait les entrailles et entrouvrit ce qui restait des lèvres du blessé pour lui glisser les deux potions dans le gosier. Une bonne partie de celles-ci se répandit néanmoins sur ses joues et dans son col. Cependant, ses soubresauts cessèrent subitement, et il demeura inerte dans l’herbe jaunie, vivant mais inconscient. La mixture de l’herboriste avait fait son œuvre, calmant la douleur avec une soudaineté telle que la torpeur avait saisi l’étranger. Son corps demeurait meurtri, immonde, mais les plaies de son ventre s’étaient refermées, jugulant l’hémorragie sinistre qu’il s’était infligée.

[Led Shark]

L'herboriste commençait à sentir la fatigue lui réclamer son du d'attention et d'élancements dans les muscles. Ça commençait vraiment à lui peser, il farfouilla fébrilement dans sa besace à la recherche de ses potions "spéciales" qu'il gardait en permanence sur lui. Finalement son choix se fixa sur une fiole contenant un tonifiant puissant qu'il ingurgita rapidement.

Il laissa la potion se propager, compta dix battements de cœur avant d'avaler la poudre contenue dans le bouchon de la fiole.

Lorsqu'il fut à nouveau pleinement conscient et alerte il réalisa que ses potion avaient fait tourner de l'œil leur suspect grièvement blésé. La peste soit de cette petite nature qui n'a pas su encaisser un choc métabolique aussi faible, ils allaient devoir le faire reprendre conscience...

Bon il viens de tomber dans les pommes, çsssa n'est pas grave, il ssssuffira de le ssssurveiller jussssqu'à sssson retour parmi nous, je sssuggère de profiter de ssson "absssence" pour le ligoter. Ssssa vie ne me sssemble plus-zimmédiatement en danger du moins je dirais qu'il tiendra jussssqu'à cssse qu'un vrai guérisssssseur se penche ssssur sssson cas. Il consssstitue toutefois une inconnue de plussss à traiter dans notre étonnant problème...

Il s'adressa à la petite esclave qui se cachait derrière un des gardes.

Petite ! Regarde bien cssset homme, prends ton temps et dis nous ssssi tu le connais...

[Galathée]

La petite esclave se pencha sur le blessé, réprimant difficilement des spasmes de dégoût qui lui soulevaient la poitrine.
" Je..." commença-t-elle. " Ce n'est pas un esclave de chez nous... ni des voisins..."
Elle frissonna, ferma une seconde les yeux.
" Pourtant... J'ai l'impression..."
Avec une profonde expiration, elle le fixa à nouveau.
" Je l'ai vu une fois avec Brunehaut, je pense... En tout cas, c'est à elle que je l'associe. Mais je ne pense pas qu'il était un habitué de la maison... Pas un noble... Je... Je me souviens ! C'était lors du marché il y a trois semaines... Oui, c'est ça. Ils ont bavardé près d'une échoppe. Ça m'avait marqué, parce qu'en général, les Lentemort n'adressent pas la parole aux elfes. Sauf à leurs esclaves."

[Led Shark]

Bien, les choses avançaient tout de même un peu, la jeune esclave reliait l'inconnu suicidaire avec les furies du clan Lentmort...
L'essentiel était maintenant de garder l'inconnu en vie suffisamment longtemps pour lui faire cracher tout ce qu'il savait. Le deux potions avaient manifestement affecté ce dernier profondément, dans un premier temps l'herboriste avait attribué l'évanouissement du nouveau venu au choc métabolique imputable aux potions, mais la fatigue lui avait fait omettre d'autres possibilités...
Tout en cherchant des yeux l'arme qu'il avait entre les mains quelques minutes plus tôt, l'homme lézard s'accroupit aux côtés du Chancelier pour examiner de plus près son nouveau patient. Il cherchait des signes qui pourraient contredire son analyse, un parfum d'une substance alchimique, une respiration désordonné ou ralentissant, il prit même le poignet du blessé à la recherche d'un pouls inhabituel...
Rien d'anormal, tout allait pour le mieux en attendant un guérisseur plus doué et moins fatigué que lui...

Les traits du monstre se relâchèrent un peu, nul n'aurait pu dire si c'était dû à la fatigue ou au soulagement de n'avoir finalement pas fait d'erreur, ou même volontaire, mais le visage de l'herboriste était indubitablement plus avenant...

Il regardait encore le visage de l'elfe, mais il posa encore une question à la petite esclave :

Tu ne te sssouviendrait pas de quel boutique il sssssssss'agisssssssssait par chansssssce ?

[Galathée]

L’adolescente grimaça.
« Non, je ne sais plus… En fait… Je ne pense pas qu’il était boutiquier, il ne vendait rien, non… Il a juste abordé Brunehaut comme ça… Sans rien lui proposer. Je me souviens qu’elle lui a d’abord rétorqué quelque chose de bien senti, puis qu’il a dit autre chose, et elle a eu l’air intéressé. Mais c’est tout. Je n’en sais pas plus. Je devais porter les paquets de sa sœur. »

[Mornagest]

Le chancelier marmonna dans sa barbe. L'elfe avait probablement proposé quelque artifice magique à la fille Lentemort pour lui permettre d'accomplir ses méfaits. Le poison, directement ? Pourquoi pas... restait à espérer qu'il se réveille, pour pouvoir l'interroger. Pas étonnant qu'il avait tenté de se suicider, voyant qu'il était cerné. Cet incident venait s'ajouter aux soupçons de culpabilité qui pesaient d'ores et déjà sur lui.

"Et tu n'as rien vu ? Il ne lui a pas remis quelque chose... un paquet, n'importe quoi ?"

[Galathée]

Elle secoua la tête.
« Sur le moment… Non, je ne crois pas, je ne sais plus… C’est possible. » balbutia-t-elle.
Le blessé gémit dans son sommeil. A cet instant, un des gardes revint, suivi par un homme en robe noir et argent, le crâne dégarni et l’œil de rapace. Un clerc de Talos, apparemment de rang raisonnable. Il se plia en deux en apercevant le chancelier, avec une déférence presque ridicule.
« Vous aviez besoin d’un clerc, semble-t-il, votre éminence. » sussura-t-il.
Se redressant, il jeta un regard critique sur Led Shark, sans rien dire, puis se tourna vers le blessé, remontant ses manches dans un geste théâtral. Il marmonna quelques paroles à mi-voix et fut bientôt entouré d’une lumière violacée, tirant vers le noir, qui tourbillonna autour de lui et se chargea d’éclairs minuscules. La tempête miniature gronda trois fois, puis l’un des éclairs s’échappa du nuage et vint frapper l’elfe inconscient. Ses traits se détendirent quelque peu, il poussa un soupir et papillonna des yeux. Aussitôt, il se mit à hurler.

[Led Shark]

À l'arrivée du prêtre talassan, l'herboriste eut un haut-le-cœur, il détestait les corbeaux du destin et leur divinité parvenue... L'adepte de Shar qu'il était n'appréciait pas le dieux des tempêtes et méprisait ses adeptes. Il s'écarta vivement, il connaissait le penchant que ces prêtres avaient à ajouter des effets destructeurs à tous leurs sorts. Il ne tenait vraiment pas à rester à portée de ce guignol...
La suite semblait lui donner raison, quelque soit le sort que le clerc avait utilisé, l'effet était minable, et le sujet était en état de choc. L'herboriste recula de quelques pas supplémentaires afin de ne pas ajouter son apparence à la frayeur manifeste du blessé. Il entraîna avec lui la petite esclave pour la mettre hors de portée de l'elfe et du prêtre , plus pour assurer leur seul témoin que pour protéger l'enfant...

Il guettait les réactions du Chancelier se tenant prêt à agir si l'elfe recommençait à faire quelque chose de stupide...

[Mornagest]

La réaction plutôt violente de l'elfe surprit Mornagest. Il n'avait guère l'habitude des sortilèges de soins, mais, pour en avoir déjà reçu à plusieurs reprises, il était plus ou moins certain que le visage de l'elfe déformé par l'effroi n'était pas normal. Il se tourna vers le prêtre et, suspicieux, l'interrogea.

"Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Pourquoi n'est-il pas soigné de sa blessure ?"

L'idée d'un imposteur avait déjà fait son chemin dans l'esprit du chancelier, et il se retint de dégainer et de menacer le "prêtre" immédiatement. Obtenir des explications leur serait peut-être primordial avant de l'expédier en enfer.

"Qui êtes-vous ?"

[Galathée]

« Mais heu… Ce n’était qu’un petit sort de soins… » balbutia le clerc, surpris. « Je ne savais pas que vous vouliez le soigner complètement ! »
Il apparut cependant bientôt au Chancelier et son acolyte reptilien que l’elfe ne hurlait pas de douleur mais bien de terreur.
« Je ne dirai rien ! » s’époumona-t-il d’ailleurs. « Rien ! »
« Je vais faire mieux… » ajouta le prêtre, et il recommença son petit manège.
Bientôt l’elfe avait meilleure mine, mais il ne semblait pas davantage prêt à collaborer.

[Mornagest]

Le chancelier rengaina sa colère et s'excusa vaguement auprès du prêtre, en constatant que l'elfe revenait vraiment à lui. En revanche, ce dernier semblait tout aussi peu disposé à parler... la torture était un moyen efficace, mais il n'était pas dans une situation favorable pour cela. D'autant que cela l'obligerait ensuite à éliminer l'elfe, la gamine... et les gardes risquaient eux aussi de parler. Récemment, les actes barbares devenaient mal accepté dans une certaine frange de la population...

"Peut-être pourriez-vous nous expliquer ce que vous faisiez ici, armé et dans un état proche de la folie ?"

Autant commencer par quelque part. Et essayer de l'amener progressivement à parler.

[Galathée]

Le prisonnier avait l’air désemparé et il jeta un regard effrayé autour de lui. Sa bouche s’ouvrit comme il s’apprêtait à dire quelque chose, puis se referma et il grimaça.
« Je ne peux rien vous dire. » répéta-t-il. « Si j’osais, si je… Je ne peux pas. Je ne peux rien. Je ne suis… Je ne peux rien dire ! »
Il essaya de se dégager de la poigne des gardes qui le maintenaient. Débarrassé des affres de la douleur, il semblait bien moins dément que dix minutes plus tôt.

[Mornagest]

Oser ? Voilà un mot qui pesait lourd... un intermédiaire, comme il fallait s'en douter, dans cette affaire qui prenait un tour bien tortueux. L'elfe en avait trop et pas assez dit ; le cuisiner un peu ne pourrait que leur enseigner quelque information primordiale.

"Vous n'avez rien à craindre. Votre coopération sera bien plus sûre pour vous que votre refus. Nous n'avons aucune raison de vous mettre en prison, ou quoi que vous puissiez imaginer."

Le ton du mélandien était raisonnable et se voulait calme. Inutile de prendre des airs agressifs, il allait bientôt se mettre à table...

[Galathée]

L’elfe secoua vigoureusement la tête.
« Vous ne comprenez pas… » souffla-t-il. « Vous ne comprenez pas… Elle le saura… Et alors… »
Il frissonna.
« Tuez-moi. Je ne dirai rien de toute façon. Quoi que vous fassiez, je ne dirai rien. » annonça-t-il.

[Led Shark]

Led Shark ne tenait plus en place, l'apathie et la fatigue s'effaçaient devant un état bien plus dangereux, la colère et l'exaspération. Il n'en pouvait littéralement plus ! Sans crier gare il fit trois pas rapides, saisi l'elfe par le peu de loques qui lui restaient et fit monter son visage à la hauteur du sien...

Sssstupide mammifère, la pissssseuse ssss'est jouée de toi ! Tu pensssses être ssssous le coup d'un ssssort puissssssant qui te lie à elle ? Cssss'est ainsssssi qu'elle manipule ssssses jouets ! Elle a sssssorti la même menacsssse à d'autre et j'ai pu conssssstater qu'il n'y avait aucun ssssssort. Nous en sssssavons assez pour l'arrêter, avec ou sssssans ton aide,mais pas assssssez pour te protéger d'elle. La sssseule chancsssse que aie c'est de nous ssssservir à quelque chosssse, ssssinon...

Et il laissa tomber l'elfe. Dans la foulée il incanta rapidement...

Led Shark->Détection de la magie->elfe anonyme
Il s'avançait un peu en prétendant que Mornagest et les gardes en savaient assez pour s'attaquer aux Lentemorts, mais au moins ça pousserait peut être l'elfe à parler... Il ne s'attendait pas non plus à trouver une quelconque trace de magie sur leur prisonnier, mais à Mélandis mieux valait être prudent...

[Galathée]

L’elfe se tut, soufflé par la brusque bouffée de violence de son interlocuteur. Ce dernier ne devina qu’une légère aura magique autour du prisonnier, ténue, rien dont on puisse réellement se prémunir ou s’inquiéter.
« Pi… pisseuse ? » fit l’elfe, abasourdi.
Puis il écarquilla les yeux, et se mit à rire, les larmes lui vinrent aux paupières, et il hoqueta quelques secondes. Mais le regard furieux de l’homme-lézard le fit rapidement taire.
« Excusez-moi. » murmura-t-il. « Oui. Elle m’a… Retorse petite créature. Et j’y ai cru, évidemment… Vous êtes sûr que je ne risque rien ? »
Comme Led Shark dardait toujours ses prunelles jaunes sur lui, il hocha la tête.
« La peste soit des Lentemort ! » ajouta-t-il.

[Mornagest]

Led Shark le tenait. Il se rendait petit à petit compte que la fille Lentemort l'avait embobiné, avec ou sans l'aide de sa magie... Il songea un instant qu'elle avait peut-être même promis ses charmes pour attirer cet imbécile.

"Je peux vous assurer toute la protection dont vous aurez besoin. Tout ce que vous avez à faire, c'est coopérer et nous expliquer ce que vous savez sur cette histoire."

Dans le fond, c'était vrai. Quel intérêt aurait-il à mettre à mort un minable petit exécutant ? Les Lentemort étaient les véritables instigateurs de cet empoisonnement ; eux devaient payer le prix fort.

[Galathée]

A nouveau, l’elfe jeta un coup d’œil vers l’homme-lézard et frissonna, avant de reprendre la parole.
« C’est cette petite sorcière, Brunehaut. Elle m’a jeté un sort terrible. Du moins, c’est ce qu’elle a dit. Nous nous sommes rencontrés dans un marché, il y a quelques temps. Elle cherchait quelqu’un pour ses basses besognes, moi je ne demandais rien ! Mais elle m’a ensorcelé, me promettant une mort horrible si je venais à ne pas lui obéir. Elle voulait détruire le domaine familial, je pense, pour s’attirer les bonnes grâces des fils du seigneur DouceChute. Je ne sais pas très bien dans quelles circonstances… DouceChute et Lentemort ne se sont jamais appréciés. De vieux conflits de voisinage… »
Il haussa les sourcils. Son anxiété était toujours apparente en dépit de son discours, et il buttait sur ses mots.
« Bref, Brunehaut m’a demandé de venir mettre le feu au manoir. Et je me suis exécuté. Maintenant, vous me dites qu’elle est sans pouvoir… Je me sens stupide. »

[Led Shark]

L'herboriste n'écoutait pas le prisonnier, il se concentrait sur l'aura qu'il venait de détecter, c'était un aura faible, après quelques secondes de concentration, il eut un sourire mauvais. C'était une aura de l'école d'invocation, une aura faiblissante et électrique, bref les relents du pitoyable sort de soin que le "sujet" venait de recevoir... Rien à craindre dans l'immédiat.

Il fit cesser sont propre sort, et repris le cours de la conversation, les aveux de l'elfe étaient presque trop beaux pour être vrais. Il aurait à en toucher un mot au chancelier quand l'occasion se présenterait. Il avait quelques question à poser et en se priva pas de le faire, non sans rabaisser sa proie...

Stupide, si vous le dites, je n'irais pas vous contredire... Les seules stigmates de magie que je décèle sont les relents des soins que vous avez gracieusement reçus.
Dites moi quand vous a-t-elle contactée ? Quels étaient ses ordres exacts ? Et une dernière chose : d'où tenez vous ces objets incendiaires ?

Puis il se tourna vers Mornagest.

Chancelier, les fils du seigneur DouceChute réapparaissent, il me semble urgent d'aller obtenir leurs dépositions, et leurs aveux...

Acquiesçant muettement, Mornagest dépêcha quelques gardes afin de surveiller le retour des DouceChute et les amener ici dès qu'ils seraient présents. Nul doute qu'ils auraient des choses à raconter...

[Galathée]

L’elfe opina du chef, attentif aux questions qu’on lui posait.
« Hum… Ce sont elles qui m’ont donné de quoi… de quoi brûler le manoir. Elles ont juste dit d’y mettre le feu. Quand il serait vide, je veux dire. Alors j’ai attendu qu’elles soient parties. Brunehaut m’avait repéré dans les rues commerçantes alors que je… je… je m’adonnais à quelque activité pendable, j’en ai bien peur. »
Il grimaça.
« Mais elle m’a pris la main dans le sac, je ne lui ai rien dérobé… »
Il dévisagea le chancelier avec angoisse.
« Qu’allez-vous faire de moi ? »