[RP : l'inattendu] Dans les cryptes abandonnées

[Lothringen]

L'épée de Mornagest ? Peut-être ses haches n'étaient-elles pas loin... Il lui fallait en savoir plus avant d'aviser. Lothringen avança prudemment de quelques pas, afin d'avoir une meilleure perspective sur le local et les individus qui s'y tenaient. Il voulait voir un peu mieux à quoi ressemblait ce rituel, et vérifier à quel point les cinq fanatiques y étaient absorbés. Selon la position qu'ils occupaient, remarqueraient-ils l'absence de l'un des leurs ? Celui qui portait l'épée de Mornagest se rendrait-il compte de sa disparition ? Autant de questions auxquelles il se devait d'avoir une réponse, avant de prendre le risque d'un nouveau combat aussi disproportionné... Il n'était pas vraiment pressé de retomber entre leurs griffes.

[Mornagest]

Le rituel paraissait strictement ordonné. Disposés en pentagone - deux derrière, deux au milieu et un devant, qui officiait - ils murmuraient des paroles dans une langue inconnue de Lothringen et, a fortiori, de Mornagest ; quelque curieuse mélopée dont les accents gutturaux laissaient présager un rapport avec les démons.

Lothringen se trouvait maintenant presque en face de l'autel, répugnant et effroyable. Un immense tableau représentant une espèce de tanar'ri aux yeux rouges globuleux était affiché en son centre, tandis que des colonnes grossièrement taillées dans du grès rose sombre encadraient la peinture, réalisée dans des couleurs vives et agressives pour les yeux. Sur la table, un gros calice en or grossier contenait un liquide épais et marron, dont la nature ne laissait que peu de doutes.

Brusquement, les fanatiques cessèrent de psalmodier, et une voix rauque et sinistre retentit faiblement dans la pièce, répondant dans la même langue, mais avec un accent beaucoup plus étranger encore.

Un cri retentit du couloir opposé à celui qu'ils avaient emprunté ; arrivèrent leur geôlier, qui tirait par le bras une jeune fille d'une quinzaine d'années. Elle était en larmes, et portait plusieurs blessures sur les bras, les épaules et le visage. L'homme la tira jusque devant les fanatiques, qui l'aidèrent à lui lier les poignets et les chevilles.

La table fut dégagée, et la fille allongée sans ménagement sur le napperon. Le calice faillit être renversé au passage, ce qui parut exaspérer les fanatiques, qui s'empressèrent. Une dague énorme, sertie de grenats et marquée de runes étranges fut exhibée d'un fourreau, et l'un des fanatiques s'approcha de leur victime sacrificielle, prêt à frapper...

Littéralement subjugués, Lothringen et Mornagest n'étaient toujours pas intervenus.

[Lothringen]

Ils étaient six, à présent. Sans compter le Tanar'ri qu'ils étaient en train d 'invoquer, et qui ne se laisserait pas prendre à une simple invisibilité... Le semi-drow se secoua mentalement. Il devenait urgent d'intervenir, ou alors de vider les lieux. Mais Lothringen ne pouvait abandonner leur victime à son sort sans rien tenter... Il avait profité des psalmodies des autres pour y mêler les siennes en sourdine.

Lothringen = = > manipulation à distance: calice = = > sacrificateur pervers

Le sacrificateur eut la mauvaise surprise de se prendre un calice dégouttant de sang en plein dans le visage, ce qui perturba quelque peu le bel ordonnancement de son rituel. Les fanatiques commencèrent à jeter des regards de droite et de gauche mais Lothringen n'avait pas attaqué directement : il demeurait invisible.

Lothringen = = > ténèbres = = > salle du rituel

Une nouvelle silhouette apparut, rougeoyante dans l'infravision : Mornagest. Le semi-drow ne se précipita pas aussitôt vers lui, pourtant, mais vers la jeune femme, dont il délivra les chevilles et qu'il tira avec lui au milieu de la confusion jusque dans le couloir par où elle était arrivée. Il lui délivra alors les mains en lui recommandant de s'éloigner de cet endroit au plus vite et de se cacher quelque part. Revenant à Mornagest dans l'obscurité, Lothringen lui saisit le bras et lui murmura rapidement à l'oreille:

"Du calme, c'est moi. Je n'ai pas reconnu notre conseiller parmi ces hommes, mais peut-être ai-je mal vu ? Nous sommes encore invisibles, nous pouvons passer outre sans les affronter, mais l'alerte sera donnée et il faudra faire vite... "

Inutile de préciser que Lothringen n'avait plus beaucoup de sorts et qu'ils n'avaient plus droit à l'erreur ?

[Mornagest]

Il avait sursauté quand Lothringen l'avait saisi, et retenu un cri nerveux. Cette mise en scène monstrueuse lui avait tendu les nerfs comme des cordes de violon - si tant était qu'ils puissent exister sur les Royaumes. L'idée de filer était bonne. L'épée de Mornagest était toujours en possession de l'un des fanatiques, mais il ne tenait pas autant à son arme que son compagnon à ses haches puissamment enchantées...

En revanche, il n'était pas certain d'avoir reconnu celui qu'ils cherchaient... la stupeur avait également frappé Mornagest, plus tôt, puis la rage sourde qui le caractérisait lorsqu'il s'apercevait qu'il avait été roulé.

Il se décida à suivre son compagnon au dehors de cette pièce sordide, et ils remontèrent le boyau par où la fille et le geôlier étaient entrés, et se mirent hors de portée de murmures de la clique de fanatiques probablement en colère noire contre leur inopportun perturbateur.

"Cette espèce d'ordure de salopard de T ! Il nous a roulé sur toute la ligne... ce n'était pas Enetos, mais Dargor ! Ses fichues informations, on peut pratiquement imaginer l'inverse de ce qu'il nous a dit."

Lothringen ne pouvait pas voir le visage de son compagnon, mais il ne fallait pas être devin pour se douter qu'il tirait une tête à vouloir dévisser celle de leur "indicateur"...

"Je m'occuperai de lui après que nous soyons sortis d'ici...", cracha-t-il d'un ton sinistre. Puis il reprit, plus calmement : "Nous devons éliminer Dargor... ne serait-ce que pour ce... cette chose qu'il a voulu faire. Ça me répugne. C'est le plus petit. Le gros.", précisa-t-il.

[Lothringen]

Les mensonges de monsieur T., ce n'était pas une si grande surprise. Bien que ce soit pour les piéger, ce dernier leur avait bien indiqué le repaire d'un homme à abattre de toute urgence, qu'il ait été ou non mêlé à la première tentative d'assassinat contre Mornagest: sur ce point, Lothringen était parfaitement d'accord avec son compagnon. Même si cela signifiait que le véritable responsable allait peut-être dormir tranquille une nuit de plus, après avoir jeté ses collègues les uns contre les autres...

"Bien sûr, mais à deux contre six, avec le peu de sorts qui me reste, sans compter ces deux cure-dents avec lesquels je ne suis pas certain de pouvoir tenir la reprise contre une charge de rats d'égout, c'est courir à la catastrophe, non ?

Je suis d'avis de retrouver nos hommes qui logiquement doivent nous attendre en surface, et d'y revenir. Il doit y avoir une cage à ouvrir, aussi, avant qu'ils ne réussissent leur rituel : je ne tiens pas à voir débarquer un tanar'ri dans les parages. Oh, et si on retrouve mes armes au passage, ce sera vraiment bienvenu. C'est un cadeau, j'y tiens..."

Un cadeau divin, qui plus était. Il ne se remit néanmoins pas en route, attendant de savoir si Mornagest approuvait ce plan.

[Mornagest]

La réflexion n'était pas le fort du mélandien ; il connaissait ses faiblesses, aussi accepta-t-il volontiers la proposition de Lothringen. Se battre avec des alliés sûrs leur faciliterait grandement les choses ; du reste, les fanatiques ne pourraient pas s'échapper, étant donné qu'ils n'avaient vu aucun autre passage que celui dans lequel ils se trouvaient pour l'instant.

"Tu as raison. Allons libérer les éventuels autres prisonniers, et remontons rapidement là-haut. Mais j'avoue que ça me démange de frapper, là", ajouta-t-il nerveusement. S'il avait pu le voir, Lothringen aurait pu constater que son compagnon tremblait et qu'il jetait des coups d'œil fréquents en arrière. Ce qu'il avait vu dépassait les limites de ce qu'il avait pu voir en matière de cruauté barbare et gratuite... sacrifier une jeune fille. Il savait que cela s'était déjà fait, mais entre le lire ou l'entendre dans une ballade quelconque, et y assister de ses propres yeux - enfin, presque, sans l'intervention prompte de Lothringen - il y avait une marge qu'il découvrait soudain.

"Allons-y", décida-t-il avec un peu plus d'assurance. Mettre le plus de distance entre ces ordures et eux lui ferait le plus grand bien, dans l'immédiat. Ensuite, les représailles.

Le boyau se poursuivait, et fut rapidement parsemé de grilles semblables à la leur, donnant pour la plupart sur des cages vides. L'une d'entre elles était occupée par une autre jeune fille, dont l'état de santé paraissait dramatique.

[Lothringen]

Comme il avait utilisé la téléportation pour s'extraire de leur cage, Lothringen n'avait pas vraiment pris le temps de l'examiner. Il allait en avoir tout le loisir désormais. L'état de la serrure ressemblait-il à celui de la porte des égouts ? Le geôlier devait avoir la clef, mais peut-être y en avait-il un double dans une salle non loin ?

Il serra le poing, se concentrant juste assez pour relâcher temporairement son sort d'invisibilité. Deux formes vagues apparurent, translucides, dans le couloir. Lothringen tenta d'attirer l'attention de la jeune fille, pour savoir si elle était en état de s'évader, ou si elle pouvait les aider.


"Mademoiselle... vous m'entendez ? Nous voudrions vous faire sortir d'ici... Etes-vous en état de marcher ? Connaissez-vous un moyen d'ouvrir votre cage? "

Il demeurait sur le qui-vive, les oreilles aux aguets, songeant à autre chose. On ne semblait pas avoir seulement tenté de les poursuivre...

[Mornagest]

Éberluée par ce qu'elle venait de voir, la fille recula sur ses genoux, mais lorsqu'elle entendit le ton relativement rassurant du semi-drow, elle repoussa ses craintes pour écouter ce qu'il avait à dire. Ouvrir la cage ? Était-ce seulement possible ? Elle demeurait dans un état de fatigue intense, et prit quelques secondes avant de comprendre ce qu'il voulait exactement dire. Elle bredouilla alors :

"Je... euh, je crois que... la clef est sur le geôlier. Je l'ai vu partir, par là" elle indiqua le couloir qu'ils venaient d'emprunter. "Il avait son trousseau, j'en suis certaine".

Des bruits de pas résonnaient lugubrement dans le boyau, tout à coup. Les poursuivants venaient de parvenir à se dégager de la zone de ténèbres. Mornagest regarda Lothringen. Tenter de libérer maintenant la fille les ralentirait, et le combat deviendrait inéluctable... mais si elle était utilisée en sacrifice...

[Lothringen]

Lothringen était soucieux ; il avait très peu de temps pour se décider, et de part et d'autre, il n'y avait que deux formes de pire. Il doutait vraiment de leur capacité à repousser l'assaut d'hommes trois fois plus nombreux qu'eux... Il avait bien quelques sorts encore, mais leur réussite était assez aléatoire, allant d'une victoire facile à un effet quasi nul. Trop risqué...

Il jeta sa dague à travers les barreaux de la cellule, en murmurant : "S'ils viennent vous prendre, ce sera pour vous offrir en sacrifice à un démon... A vous de voir. Je vais essayer de les entraîner derrière nous..."

Il demeura effectivement devant la cage, partiellement visible, jusqu'à ce que leurs poursuivants apparaissent dans un coude de la galerie. Alors il fit signe à Mornagest de le suivre et se mit à courir dans la direction opposée. Leur invisibilité, il ne la rétablirait qu'en cas de besoin. Pour l'instant, ils faisaient un bon appât...

[Mornagest]

Et leurs poursuivants ne se firent pas prier pour les rattraper. L'identité des coupables n'avait pas échappé aux fanatiques, et ils avaient pris la précaution de déjà dégainer leurs armes. L'un d'eux pointa un index accusateur vers le duo, et, les traits déformés par la rage, il beugla :

"Tuez-les ! Plus question de finasser. Leur crime est irréparable !"

Une menace des plus péremptoires ; il s'agissait de ne pas traîner. Lothringen et Mornagest s'empressèrent donc de remonter le tunnel en veillant à ne pas trébucher, et ne pas trop distancer leurs ennemis. Leur nombre plus élevé réduisait leur mobilité, mais ils avaient l'avantage énorme de connaître le terrain... toute erreur serait fatale.

Fort heureusement, le boyau naturel n'avait été que peu aménagé, et les embranchements n'étaient que très rares ; tout juste menaient-ils vers des caves peu profondes et non éclairées. Néanmoins, ils ne prirent pas le temps d'examiner plus avant certaines traverses creusées perpendiculairement au tunnel. Le repère de la secte disposait probablement de plusieurs issues, c'était une règle de prudence élémentaire... quant à savoir s'ils allaient parvenir à sortir par la bonne porte, c'était autre chose.

Au bout d'une course qui ne dura guère plus d'une minute, ils arrivèrent en vue d'une porte massive. Un curieux sentiment de déjà-vu frappa Mornagest ; c'était l'issue par laquelle ils étaient passés, plus tôt...

"On y est déjà ?" souffla Mornagest. "Tymora ne t'a pas abandonné."

Un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule lui indiqua qu'une partie seulement des poursuivants étaient encore derrière eux, et cela l'inquiéta. Les jours de la fillette allaient probablement être mis à mal...

[Lothringen]

Au moins tout ne semblait-il pas être faux dans les informations dont ils disposaient ; leurs adversaires paraissaient bien n'être que six dans ce repaire, et nul importun supplémentaire n'était venu leur couper la route. Lothringen remarqua lui aussi l'évaporation de certains de leurs poursuivants. Ils allaient donc recommencer leur rituel... Combien de temps cela prenait-il? Il n'en avait aucune idée, mais un peu de temps tout de même. Ils n'étaient plus très loin de la sortie à présent, mais si leurs adversaires se faisaient moins nombreux, il y avait lieu d'en profiter.

"Quand nous serons dans les égouts, je rétablirai notre invisibilité. Patauge bruyamment jusqu'à ce qu'ils arrivent, histoire qu'ils nous croient avoir rejoint l'échelle..."

Ils ouvrirent la porte, arrivèrent dans le cloaque, redevinrent invisibles, et Mornagest, refoulant son envie d'en découdre, se calla contre un mur, remuant les jambes pour faire croire qu'il continuait d'avancer. Quant à Lothringen, il avait mis à profit le délai pour lancer l'un de ses derniers sorts. Ce dernier avait la particularité de ne pas nécessiter d'incantation à voix haute.

Lothringen = = > lueur d'arc en ciel = = > la galerie d'égout

Apparut alors une lueur féerique aux reflets multicolores, qui exerçait un véritable pouvoir de fascination sur tous ceux qui pouvaient la voir. Elle faisait naître un désir irrésistible de la suivre, où qu'elle aille. Quand ils déboulèrent à travers la porte demeurée ouverte, les fanatiques ne virent qu'elle, et nulle trace des conseillers...

Immobile à quelque distance, Lothringen espéra que, pris par surprise, ils ne parviendraient pas à résister à l'injonction magique. C'était, après la téléportation, l'un de ses sorts les plus puissants...

[Mornagest]

Le vacarme provoqué par Mornagest, combiné au sort très efficace de Lothringen, amena leurs poursuivants à passer devant eux sans les remarquer ; a fortiori parce qu'ils étaient invisibles. Les fanatiques, maintenant au nombre de trois, étaient en train de remonter l'échelle par laquelle ils étaient arrivés plus tôt.

Lorsque le champ fut de nouveau libre, le guerrier appela son compagnon, sans savoir où il était.

"J'espère qu'ils ne sont pas déjà en train de poignarder la gamine... on y retourne ?"

[Lothringen]

Concentré sur les sorts qu'il maintenait actifs, Lothringen avait un peu de peine à rester disponible pour une conversation. Orienter la sphère de manière à ce qu'elle conduise les trois fanatiques jusqu'à la sortie lui demandait certains efforts coûteux, notamment en termes de remémoration du parcours.

Il répliqua tout de même.

"On y retourne. Ce sort les amènera à déambuler un peu dans le cimetière mais pas pour très longtemps. S'ils ne tombent pas sur nos hommes, ils vont revenir."

Ils se remirent donc en route, en sens inverse et au pas de course. Lothringen avait quelques scrupules ; Mornagest semblait se soucier plus de la gamine qu'il ne le faisait lui-même. Ils la sauveraient s'ils le pouvaient, et sinon, hé bien... ils faisaient quand même leur possible, et maintenir son compagnon en vie lui paraissait quand même prioritaire.

Quand ils parvinrent non loin de la cellule de la fille, ils ralentirent le pas, afin que le bruit qu'ils faisaient ne les trahisse pas en dépit de leur invisibilité.

[Mornagest]

Glissant aussi silencieusement que possible sur le sol, les deux hommes approchèrent de la cage qu'ils avaient délaissée voici quelques minutes. Comme ils le craignaient, elle était maintenant vide. La dague gisait dans un coin, inutile. La gamine n'avait peut-être pas eu l'occasion de s'en servir... aucune trace de lutte n'était visible, mais sur du calcaire, difficile d'être sûr de quoi que ce soit.

"Ils sont trois... on devrait arriver à leur tenir tête, non ?"

Ils n'étaient pas très loin de la chapelle maudite des fanatiques, mais les autres pouvaient rapidement revenir...

[Lothringen]

"D'accord, d'accord, on y va... Je vais quand même profiter de ce que j'ai pour une fois le temps de ne pas me faire prendre par surprise. La préparation, c'est précieux pour un mage..."

Les incantations se succédèrent.

Lothringen = = > armure de mage = => Lothringen

Lothringen = = > peau de pierre = = > Lothringen

Lothringen = = > force de taureau = = > Lothringen

"Pfiou ! Après ça, j'ai la mémoire vide, mais je me sens moins stupide qu'avec ma seule rapière... Allons."

Ils remontèrent la galerie en direction de la salle de rituel. Lothringen se demanda si son sort de ténèbres y était encore actif...

[Mornagest]

Dissipé avec le temps ou suite à une incantation magique destinée à contrer le sortilège, les ténèbres ne frappaient plus la salle, d'après la luminosité qui en provenait, quelques mètres devant eux. A nouveau, ils pouvaient entendre les sinistres mélopées aux accents rudes et gutturaux que les fanatiques prononçaient. Pour l'instant, ils ne les voyaient pas, mais la préparation de l'incantation et de la convocation du monstre était en cours.

Mornagest savait que c'était une grossière erreur de leur part. Longue, elle ne s'improvisait sûrement pas comme cela, a fortiori lorsqu'une paire de guerriers plutôt hargneux venait de leur échapper... il soupçonnait vaguement les fanatiques d'en être à leur première tentative de convocation de démon, mais préférait largement interrompre celle-ci avant de vérifier ses supputations.

Le guerrier était toujours excité avant un combat, malgré l'habitude et la prudence qui devait pourtant s'imposer, et il masquait difficilement son envie d'en découdre avec ces imbéciles.

"Tu es prêt ? Ils ne sont pas très prudents. J'espère que ça ne cache pas quelque chose, tout de même."

Il chuchotait juste assez pour couvrir la curieuse litanie continuelle en provenance de la chapelle. Soudain, un cri, probablement poussé par la fillette, déchira les murmures, puis il se mua en sanglots rapidement interrompus.

[Lothringen]

Par tous les dieux, ce cri...

Lothringen grinça entre ses dents.

"J'ai encore les moyens de savoir si c'est un piège..."

Il fouilla dans les innombrables poches de sa cape. Voilà, un oeil de verre...

Lothringen = = > Clairvoyance = = > salle du rituel.

Le sort leur permettrait de voir ce qu'il se passait dans la pièce, qui y était, qui n'y était pas, peut-être, et où en était le rituel... Le semi-drow ne s'en était servi que par acquis de conscience, et parce que Mornagest avait trouvé louche un pareil manque de prudence ; pour sa part, il brûlait désormais d'impatience de faire payer ces monstres.

[Mornagest]

La vision qu'eut Lothringen ressemblait à peu près à ceci : une jeune fille solidement maintenue sur la table par deux des fanatiques, tandis que le troisième s'emparait à nouveau de la dague maléfique afin de la lui planter dans le cœur. La pièce avait été mise sens dessus-dessous, avec les perturbateurs, mais peu importait, apparemment.

De ce qu'il pouvait en voir, Lothringen n'aperçut pas Dargor parmi les trois dingues. Ils se mirent en route, mais il était trop tard ; la fille poussa un vague cri rauque, et mourut, la lame plongée dans la poitrine.

Les deux guerriers arrivèrent juste à temps pour voir une espèce de vague portail rougeâtre s'ouvrir dans la pièce, pendant que les fanatiques regardaient avec des yeux émerveillés de folie l'accomplissement de leur rêve dément. Le bruit du portail se déployant faisait penser à une porte grinçante, avec un soupçon de bruit de chair qu'on écrasait en même temps. Un nuage vaporeux et grisâtre apparut, enveloppant une petite silhouette qui se formait à terre et gigotait quelque peu. La fumée se dissipa d'une façon peu naturelle, et tous purent enfin assister au spectacle de la créature venue envahir les cryptes.

Un misérable méphite poussiéreux se tenait devant les fanatiques, toussant vaguement des restes de fumée et agitant vivement la tête comme pour reprendre ses esprits. Il coassa une fois, puis voleta dans la pièce, suivi par dix yeux ébahis... les fanatiques portaient maintenant un masque terrorisé sur le visage, bien conscients que quelque chose ne s'était pas bien déroulé dans le rituel.

[Lothringen]

"Maintenant."

Lothringen s'élança avec la satisfaction supplémentaire de savoir qu'ils n'allaient pas trop perturber l'histoire de la magie. L'échec de l'invocation avait beau être un soulagement, songer qu'on avait tué cette jeune fille pour faire ça lui remuait les tripes.

Il n'y avait pas à finasser: le semi-drow choisit parmi ces trois hommes celui qui paraissait le plus vigoureux, et lui passa un bras sous la gorge tout en lui tranchant la carotide avec sa rapière. Il était ainsi redevenu visible, mais qu'à cela ne tienne. Que tous admirent sa belle humeur.

L'absence de Dargor le préoccupait plus que ces crétins. Faisait-il partie des trois qui étaient remontés en surface ? Il ne l'avait pas reconnu à ce moment-là, malgré son physique très reconnaissable de petit gros... Où pouvait-il être sinon ? Il n'y avait pas d'autre issue, non ? La seule idée que le conseiller ait pu leur échapper l'écœurait tout à fait, et il lâcha sa victime sanguinolente, prêt au carnage.

[Mornagest]

Le combat fut de courte durée. Tout à leur échec cuisant, les fanatiques n'eurent que le temps de voir leur camarade se faire proprement égorger par Lothringen, avant que Mornagest n'assène de son côté un coup en pleine tête à l'adresse de l'un des deux autres, lui arrachant une partie du crâne au passage. Le dernier tenta vainement de s'enfuir, pris de panique ; Lothringen lui sectionna une bonne partie du torse, provoquant une hémorragie fatale.

Le massacre était fait, pourtant. La jeune fille baignait dans son sang, l'immonde dague enfoncée jusqu'à la garde. Bien qu'elle paraissait très effilée, aucun des deux guerriers ne souhaitait s'en emparer pour l'utiliser en combat. Les armes maudites n'amenaient que des ennuis...

Restait le méphite, qui paraissait aussi inoffensif qu'un pot de confiture aux framboises. Il s'était contenté de regarder paresseusement le spectacle, battant des ailes, changeant de place, puis regardait maintenant fixement Mornagest, comme si son visage le faisait rire.

"Quel gâchis... tout ça pour ça", cracha ce dernier amèrement. "Nous devrions remonter. S'ils reviennent avant que nous soyons dehors, nous risquons gros..." Courir, toujours courir... quand pourraient-ils souffler un peu ?

[Lothringen]

"Pas si vite. Dis-moi, tu as reconnu Dargor, parmi ceux que nous avons envoyés en surface ? Ne pas l'avoir trouvé ici me préoccupe..."

Une autre chose qui le préoccupait, quoiqu'à un degré moindre, c'était de retrouver leurs armes. L'épée de Mornagest était-elle sur l'un des corps ? Quant à ses haches, sans doute étaient-elles dans une des salles latérales où ils n'avaient pas eu le temps de regarder, durant leur fuite... Il l'espérait, du moins.

"Et, au risque de me répéter, je veux prendre le temps de retrouver mes armes."

A priori, leurs adversaires n'étaient plus que trois, et la partie lui semblait beaucoup moins périlleuse, à présent. Il ne voulait pas oublier quelque chose en partant. Il n'entrait pas dans ses intentions d'y revenir...

[Mornagest]

Le guerrier hésita une seconde, puis déclara :

"Je ne suis pas certain. Il me semble avoir vu quelqu'un de plus petit. Mais si nous fouillons les lieux et qu'il s'y cache, nous le débusquerons."

Il était en train de s'assurer que son épée n'était pas dans les mains de l'un des cadavres, et son visage s'éclaira quand il la retrouva, cachée sous l'un des fanatiques.

"Déjà ça de pris. Cherchons tes haches..."

Ils revinrent au premier embranchement qu'ils avaient vu. La luminosité était faible, mais ils purent voir qu'il contenait une grande bibliothèque remplie d'ouvrages en plus ou moins bon état. Peu versé dans les langues anciennes et étrangères, Mornagest ne put déchiffrer les titres des tomes, mais Lothringen constata qu'ils traitaient pour l'essentiel de démonologie, de théologie et d'autres joyeusetés du genre. Rien d'autre d'intéressant.

La seconde alcôve, plus loin, contenait une armurerie. Après avoir rapidement fouillé les lieux des yeux, le semi-drow perçut une faible lueur familière, dans un des recoins du râtelier d'armes. Ses haches, soigneusement emballées dans du tissu, l'attendaient sagement.

[Lothringen]

Il les déballa, les tourna et retourna entre ses mains : pas une égratignure, bien sûr, leur enchantement ne l'aurait pas permis. Mais il lui venait une furieuse envie de les plonger dans un bain d'acide, pour les désinfecter de ces mains étrangères qui avaient osé se poser sur elles.

Il n'avait jamais eu beaucoup d'attachement pour ses possessions terrestres, mais ses haches, c'était différent. Elles étaient le signe et le garant de son lien avec sa déesse... Il se souvenait de ce qu'il était arrivé avec Seina, au beau milieu de leur combat contre le vampire: aussi longtemps que durerait leur enchantement, il saurait qu'Elle ne le désavouait pas.

Le semi-drow replaça ses armes dans leurs gaines et se retourna vers Mornagest; il fallait continuer. Il pouvait s'être passé tout et n'importe quoi, en surface, et mieux valait partir d'ici avant que ne rappliquent d'éventuels renforts.

"Finissons de visiter l'endroit et regagnons au moins les égouts."

L'absence de Dargor continuait de le préoccuper. Il lui semblait étrange que ce dernier ait poursuivi lui-même les fuyards en laissant d'autres accomplir le rituel sans lui. Ne s'attendrait-on pas plutôt à l'inverse ? Cela lui ressemblait-il ? Tandis qu'ils reprenaient leur chemin, il fit part de sa surprise à son compagnon.

[Mornagest]

Le mélandien avoua son ignorance.

"Je ne le connais que très peu. Je ne sais pas s'il est plutôt homme à se mettre en avant, ou rester tranquillement assis pendant que les autres exécutent ses ordres. Il a peut-être senti le vent venir et décider de sauver sa peau, pendant que les autres se feraient massacrer par le... démon, ou nous ?"

Toutes les possibilités pouvaient être plausibles. Ils en sauraient sans doute davantage en remontant à la surface, mais ils espéraient que cela n'impliquerait pas de se faire assassiner par les derniers fanatiques...

Le retour fut plus calme. Ils barbotèrent un moment dans la fange avant de retrouver l'endroit précis où partait l'échelle, puis Mornagest souleva Lothringen, avant de sauter une première fois sans succès. Il éclaboussa copieusement ce qui restait de presque propre sur sa tunique, jura, puis réessaya, correctement, cette fois.

Ils remontèrent l'échelle, puis le couloir sombre menant vers la grille ouverte qu'ils avaient franchi des heures plus tôt.

La soirée débutait. La lune se montrait petit à petit, pâle, mais vaillante face aux dernières lueurs de la chaude journée qui s'achevait tranquillement. Les allées du cimetière offraient leur traditionnel spectacle de gens venus se recueillir un instant sur le tombeau d'un être cher, tandis que, plus tard dans la nuit, des pillards viendraient tenter leur chance en saccageant les sépultures tant entretenues par les proches des défunts...

Pour l'heure, Lothringen et Mornagest arrivèrent au beau milieu d'un combat acharné entre les fanatiques, Dargor et d'autres brutes à l'identité pour l'instant inconnue, d'un côté, et les "mercenaires" probablement dégottés par le diplomate manostien, de l'autre. Une vingtaine de personnes s'affrontaient donc, la plupart au corps-à-corps, mais l'un des fanatiques avait visiblement tendance à incanter quelques sorts...

hrp : je me suis permis de nous faire remonter d'une traite, si tu avais quelque chose d'autre à nous faire faire, n'hésite pas à demander !

[Lothringen]

Qui se battait contre qui, ici ? Lothringen n'avait pas besoin de calculs savants pour déterminer que le compte n'y était pas. Si Dargor avait reçu des renforts, alors les quelques manostiens envoyés par Tagaryes n'étaient pas en mesure de soutenir une bataille rangée à leur encontre, à moins de recevoir des renforts eux-mêmes, ce qui commençait à faire beaucoup.

Il était presque plus plausible que les adversaires de Dargor soient les hommes du mystérieux conseiller auquel Monsieur T. avait fait allégeance, et qui étaient venus fort gentiment pour "nettoyer" les survivants après leur affrontement...

"Tant qu'ils ne se seront pas fait reconnaître, gardons-nous de prendre les ennemis de Dargor pour nos alliés " murmura un semi-drow plus défiant que jamais. "De même, n'avions-nous pas demandé qu'il y ait un mage, parmi nos hommes ? Je n'en vois qu'un, et je le vois dans son camp... Je ne prendrai pas parti avant d'en savoir plus."

Le devoir se lança alors dans une incantation simple:

Lothringen = = > détection de pensées = = > zone des combats

Ce sort permettait de détecter les pensées superficielles des créatures présentes. Au début, la cacophonie fut assez insupportable, mais peu à peu, il parvint à isoler les voix, à se concentrer sur certaines, s'il voulait. La plupart de ces hommes ne songeaient qu'à la prochaine parade, mais il y avait moyen de s'arranger. Il concentra son esprit sur Dargor, et aussi sur le mage, dont il attira l'attention de façon très personnelle.

Lothringen = = > projectiles magiques (un seul) = = > mage inconnu

Il avait un signalement suffisamment reconnaissable pour espérer qu'en découvrant sa présence l'inconnu lâcherait une pensée intéressante. De l'autre côté, ne pas laisser filer l'esprit de Dargor, qui pestait dans les combats. Il finirait bien par lâcher quelque chose, lui aussi...

[Mornagest]

Le magicien reçut le projectile au bras, alors qu'il semblait se préparer à incanter un nouveau sortilège. Complètement pris au dépourvu, il ne put que se tourner vers l'origine de la perturbation, totalement oublieux du combat, l'espace d'un instant... fatal. L'un de ses adversaires en profita pour lui porter un coup d'épée à la poitrine, lui ôtant la vie par la même occasion.

Lothringen avait cependant pu capter les pensées du défunt mage : il venait de reconnaître le semi-drow qu'ils devaient éliminer... Dargor, quant à lui, était visiblement content. Les renforts reçus auraient rapidement le dessus sur les manostiens envoyés, et ils pourraient ensuite se concentrer pleinement sur ces deux dangereux conseillers. Il n'avait pas vu ces derniers sortir de la crypte.

Mornagest restait à côté de Lothringen, avec une envie visible de se lancer dans la mêlée. Il avait toujours cette détestable habitude de frapper, puis de réfléchir ensuite. Mais il patientait en silence, attendant d'éventuels détails de son compagnon.

[Lothringen]

"Bon, je sais ce que je voulais savoir : ce sont bien nos alliés. Inutile de te recommander de concentrer tes efforts sur le petit gros, hum ? Il ne t'a pas encore vu. Je vais vous soutenir par mon dernier sort de zone, et je vous rejoins..."

Depuis le temps qu'il affirmait qu'il n'avait quasiment plus de sorts, Lothringen allait finir par dire vrai : mais celui qu'il comptait lancer était du genre à s'avérer particulièrement utile en combat. Tandis que Mornagest se ruait dans la mêlée sans beaucoup dissimuler sa joie d'en découdre, lui lançait son incantation.

Lothringen = = > lenteur = = > zone des combats

Le sort n'affecterait guère plus de neuf adversaires, mais c'était déjà ça de pris... Sans attendre de constater son effet, le semi-drow tira ses haches et courut rejoindre son compagnon.

[Mornagest]

Le sortilège atteignit les combattants au moment où Mornagest allait se jeter dans la mêlée. L'adversaire le plus proche, un des derniers fanatiques, donna brusquement l'impression de ne plus se mouvoir du tout. Paniqué, il cessa son mouvement et regarda autour de lui avec une lenteur impressionnante. Ce fut d'ailleurs son dernier geste, avant de périr sous un coup précis et efficace du guerrier, qui avait tout le loisir de viser les points vitaux.

La bataille rangée devint plus facile pour bon nombre des manostiens. Ils étaient moins nombreux que les malandrins, mais ces derniers étaient grandement affaiblis par le sortilège. Rapidement, les bandits ralentis furent tués, et l'avantage numérique revint du côté des mercenaires.

Lothringen avait déjà défait son plus proche adversaire, et un bandit, non ralenti, lui faisait maintenant face. Mince et apparemment souple, il maniait une râpière avec beaucoup d'aisance. Le semi-drow, avec ses haches plutôt encombrantes, ne pouvait pas vraiment rivaliser avec l'agilité de son adversaire ; pour preuve, il reçut une estafilade sans gravité au bras, qui devint chaud et gênant.

De son côté, Mornagest en décousait avec une espèce d'escogriffe qui tenait plus de l'orc que de l'humain et qui maniait une espèce de fléau à deux têtes opposées. Le moindre coup de cette arme redoutable lui écraserait un membre, ou la tête... se tenant à distance respectable, il étudiait ses possibilités. La rapidité était primordiale, de même que la souplesse. Tenter de parer un coup relevait de l'illusion ; l'autre semblait prêt à fracasser son épée en deux avec son fléau. Il attaqua d'ailleurs, s'avançant d'un bon pas et fouettant l'air, visant le mélandien à la tête. Reculant prestement, Mornagest se retrouva adossé à un mur de pierres ; pris au piège ! Son adversaire profita de l'occasion et porta un nouveau coup, qu'il ne put que dévier partiellement. La tête, et ses pointes cruelles s'écrasèrent sur l'épaule droite du guerrier, qui serra les dents, mais ne put retenir un cri de douleur fulgurante. Il chancela et faillit tomber ; mais il reprit sa vaillance de justesse et bondit de côté afin d'éviter un nouveau coup fatal. La souffrance irradiait dans tout son torse. Il ne pouvait plus se battre avec sa main d'épée...

[Lothringen]

Le bretteur qui lui faisait face exaspérait la patience du semi-drow. Son habileté à l'esquive se doublait d'une étonnante facilité à se faufiler dans la défense adverse pour le harceler de coups apparemment bénins qui finiraient par faire la différence. Déjà, son bras droit perdait en précision, se refroidissait, s'engourdissait... Lothringen décida que le moment était venu de dédicacer ses derniers sortilèges, pour l'essentiel constitués de quelques sorts de combat dont il n'avait pas eu l'usage jusque là.

Il commença par se donner du temps en invoquant des doubles illusoires, ce qui lui permit de voir du coin de l'oeil dans quelle difficulté se trouvait Mornagest. Ne pouvant l'aider davantage, le semi-drow envoya des flèches enflammées dans le dos du propriétaire du fléau, comptant que le guerrier saurait mettre à profit la diversion. Puis il revint aussitôt à son bretteur à rapière qui commençait déjà à s'en prendre à ses doubles, et se lança un sort de mains ardentes. Peut-être ce dernier allait-il un peu regretter d'avoir voulu l'approcher de si près. Autour d'eux, les combats faisaient rage, mais l'avantage semblait avoir changé de camp... Lothringen surveillait leur évolution ; il était important que personne ne puisse leur fausser compagnie avant la fin.

[Mornagest]

Mornagest fut quelque peu surpris de voir son adversaire grimacer brutalement, et grogner de douleur. Il n'avait pas vu les carreaux enflammés atteindre son dos, mais cela ne l'empêcha pas de profiter de l'aubaine. L'hercule relâcha sa défense un instant, trop long pour que le mélandien rate son coup. Une fente, un moulinet, et il était désarmé, la main droite tranchée nette. Hurlant, cette fois, l'homme cessa rapidement son tapage lorsqu'il fut égorgé par Mornagest, qui, plutôt que de foncer de nouveau tête baissée dans la mêlée, se mit en retrait. Son épaule était en feu, et il se sentait trop faible pour tenter un nouveau duel. Du reste, s'aperçut-il en embrassant le combat des yeux, leurs alliés prenaient le dessus. Son regard se porta sur Lothringen, qui venait d'enflammer son opposant du bout des mains, puis de lui porter un coup de hache aussi puissant que s'il l'avait donné lui-même. Le bretteur tomba au sol, le crâne à moitié fracassé.

Le combat s'achevait. Dargor avait laissé tomber son arme, peu désireux de se faire perforer la peau par une troupe de types plutôt mécontents. Il se tenait presque sagement entre deux malabars "manostiens" qui le surveillaient sans relâche. Sans doute s'était-il rendu, le pleutre... mais cela ferait leurs affaires.

Quelques instants plus tard, la bataille était finie. Les derniers truands furent désarmés. Au total, avec Dargor, il en restait quatre en vie. Du côté des mercenaires, cinq hommes étaient blessés, et trois tués. Sans compter Lothringen et Mornagest.