[Quête] La maison des morts : Linceul

[Bellatrix]

L'homme sourit à son tour, visiblement flatté.

"Hé bien, mon bon monsieur, pour vous, ce sera un prix d'ami. Deux pièces d'or pour vous et pour votre dulcinée. Vous y serez très bien, croyez-moi. Il fait très calme à Linceul"

La transaction réglée, l'aubergiste remit une petite clé à Vel Cheran, avec un petit avertissement étrange.

"Au fait, quoi que vous entendiez, évitez de sortir de la chambre. C'est juste que la femme de ménage est très timide et n'aime pas être dérangée pendant qu'elle travaille"

Et il les laissa monter à l'étage. Fourbus par leur journée de voyage, Vel Cheran et Bellatrix ne tardèrent pas à s'endormir. Au beau milieu de la nuit, le barde fut réveillé par une étrange conversation.

"Echec et mat mon cher. C'est l'armée de l'ombre qui triomphera
- Pour demain, mon cher. Seulement demain. Tout n'est pas encore joué"

En ouvrant les yeux, Vel Cheran découvrit deux pantins assis devant un jeu d'échec. Deux pantins de bois, des sortes de poupées de ventriloque. Ils tournèrent vers lui leurs yeux peints.

"Tiens, nous avons un curieux, je crois que l'avenir l'intéresse lui-aussi.
- Oui, de toute façon, il s'y trouve mêlé"

C'est à ce moment que Bellatrix se réveilla en hurlant :

"Mazrouuuuuuuuut" et se redressa toute droite sur son séant. Elle regarda autour d'elle avant de demander.

"Quelque-chose ne va pas, Vel Chéri ?"

Le barde allait répondre quand il s'y rendit compte qu'à part lui et Bellatrix, il n'y avait plus personne dans la pièce.

[Vel Cheran]

Je... je ne sais pas... j'ai cru voir...

Vel'Cheran soupira.

Rien, rendors-toi, j'ai dû faire un mauvais rêve.

Après avoir attendu que Bellatrix se soit rendormie, le barde ne put s'empêcher de se lever, Reytarh en main, et de jeter un coup d'œil dans le couloir : personne. Pas le moindre bruit. Haussant les épaules, il retourna dans la chambre et se recoucha. Mais, après le regard des deux enfants, c'étaient maintenant les deux pantins qui hantaient ces pensées. Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Vel'Cheran était persuadé que ce n'était pas un rêve, et qu'il les avait vu distinctement. Avait-il des hallucinations ? Non, bien sûr que non. Il s'agissait de magie, encore et toujours. Et s'il y avait un domaine dans lequel Vel'Cheran n'avait aucune connaissance, c'était bien la magie.
Espérant ne plus être réveillé par des visiteurs nocturnes, le jeune homme ferma les yeux et ne tarda pas à s'endormir, révant de pantins au regard étrange peuplant une tombe, six pieds sous terre...

[Bellatrix]

Ce fut la pluie qui tira Vel'Cheran du lit, peu de temps avant l'aube. Le soleil n'était pas encore levé, mais le ciel était déjà moins clair. La fenêtre ouverte battait au vent. Mais ne se souvenait il pas de l'avoir fermée avant de dormir ? Il faisait froid dans la pièce. Il se leva et alla fermer le battant. C'est lorsqu'il jeta sans y penser un regard dans la rue qu'il le vit.

Là, tout seul, les yeux levés vers sa fenêtre se tenait le garçon à l'étrange regard. Il sourit lorsqu'il vit que le barde l'avait remarqué, mais ne bougea pas.

A ce moment, derrière-lui, Bellatrix se leva toute droite, comme au sortir d'une tombe.

"Je me suis sustentée d'un sommeil funèbre demain, mon chéri. Oh, regarde ! Mais qu'est- ce que c'est ? On dirait une grignoute"

Dans sa main tendue, elle tenait une petite toupie.

[Vel Cheran]

Frissonnant malgré lui en croisant de nouveau le regard du garçon, Vel'Cheran se retourna et jeta un coup d'œilà l'objet que tenait Bellatrix. Il s'agissait d'une petite toupie, le genre de toupies que tous les enfants ont un jour ou l'autre pour leur anniversaire. Il ignorait pourquoi, mais cette toupie lui rappelait les deux pantins qui jouaient aux échecs. Il y avait probablement correllation entre ces jouets et les enfants au regard étrange. Mais dans quelle ville de fou était-il venu ?

Dis-moi, Bella, où as-tu trouvé ça ?

[Bellatrix]

"Hé bien, hé bien ... Pas dans la marmite de rutabaga, pas où le soleil ne brille pas, pas chez le grand Yaka. En fait, j'ai rêvé. D'abord, tu avais des palmes et un bec de canard, mais tu as sauté dans l'eau et après je ne t'ai plus vu. Et ensuite, un garçon, tu sais, celui que nous avons vu sous la terre. Hé bien, il a dit qu'il avait posé ça sous mon oreiller et que je pouvais m'amuser avec. Que ce serait rigolo"

Prononçant ces mots, Bellatrix fit tourner la toupie sur le bureau où s'étaient tenus les deux pantins. Elle et le barde s'étaient laissés emporter par cercles quasi hypnotiques qu'elle décrivait ...

C'est alors que Vel'Cheran les vit. Des ombres presque réelles, presque palpables, d'une réalité se déroulant devant lui, mais qu'il n'arrivait pas à saisir. Ce n'était pas dans la chambre d'hôtel, mais dans une pièce plus grande. Il reconnut le garçon. Il jouait à la toupie avec une petite fille. Soudain, les deux enfants levèrent la tête, inquiets. Soudain, ils se levèrent et sortirent de la pièce en courant. La toupie resta par terre à tourner. Jusqu'à ce qu'elle s'arrête ...

... jusqu'à ce qu'elle s'arrête. Bellatrix tomba mollement assise sur le sol en se tenant la tête.

"Veron, veron, tu sens le savon ...", parvint elle à articuler.

Mais l'on voyait bien que quelque chose n'allait pas.

[Vel Cheran]

Clignant des yeux, Vel'Cheran se demanda s'il avait encore eu une vision, s'il avait déliré. Mais, voyant que Bellatrix ne se sentait pas bien, il se précipita à ses côtés et lui passa un bras autour des épaules.

Bella ? Ca ne va pas ? Dis-moi quelque chose !

S'emparant de la toupie, il la jeta d'un geste rageur sur le lit.

[Bellatrix]

"J'ai vu ... tu sais, des choses bizarres là"

Elle se blottit dans les bras de Vel'Cheran avec un soupir.

"Des marmots qui jouaient avec la toupie. C'était bizarre. Ils ont eu peur parce que le grand yaka est arrivé. Enfin, je crois. A moins que ce ne soit l'aminaurité troglodythe des amphibiens et associés. On ne sait jamais ... Et toi, tu les as vus ?"

[Vel Cheran]

Oui, je les ai vus aussi... C'est vraiment bizarre, parce que j'ai eu une autre vision cette nuit, et ce qu'on vient de voir me donne l'impression que c'était bien réel...

Vel'Cheran frissonna. Décidément, cette ville ne lui disait rien de bon.

J'ai vu deux pantins, en train de jouer aux échecs. Ca n'a peut-être aucun rapport avec les deux gamins, mais je pense le contraire. Peut-être que les personnes responsables des disparitions dans le coin essaient de nous effrayer en nous envoyant des visions inquiétantes...

Le barde se redressa ; il était désormais en colère de se sentir manipulé par quelque entité étrange. Serrant la garde de son épée, il jeta un coup d'oeil alentours.

Si c'est le cas, ils se trompent lourdement, car je ne suis pas prêt de renoncer.

[Bellatrix]

"Deux pantins en train de jouer aux échecs ? Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? Vel'Cheri, je commence à m'inquiéter un peu. Je sens les patapoufs de mes thermidor ironiser droitement avec l'intégrité des hémoglobines. Et crois moi, cela ne donne rien de bon"

Elle regarda son compagnon, les yeux dans le vague.

"Je ne sais pas pourquoi mais cette ville a des vibrations étranges. Intéressant, intéressant. Mais que dirais-tu d'un bon petit déjeuner ?"

[Vel Cheran]

Bonne idée, ça nous remettra les idées en place... Espérons que l'aubergiste aura quelque chose de comestible à nous proposer.

Ils sortirent de la chambre et descendirent les marches menant à la salle commune. Celle-ci était déserte, et l'aubergiste était accoudé à son comptoir en train de somnoler. Vel'Cheran s'approcha de lui et se racla la gorge pour attirer son attention, sans succès. Il s'approcha donc de l'oreille du tenancier et lui chuchota :

BONJOUR !!!

Le pauvre aubergiste se réveilla en sursaut et tomba de son tabouret. Alors qu'il se relevait en se demandant ce qu'il se passait, Vel'Cheran ajouta :

Quelle belle matinée pluvieuse, n'est-ce pas ? Servez-vous le petit déjeuner, ici ?

[Bellatrix]

L'aubergiste se remit péniblement debout tout en fusillant Vel'Cheran du regard.

"Oui monsieur, nous servons tout et tout le monde ici. J'espère que vous avez apprécié votre première nuit ici. Il y fait calme, n'est-ce pas ? On se croirait sous une pierre tombale"

Il eut un petit rire avant de se reprendre.

"Dans deux jours exactement, nous organisons une petite fête pour souhaiter la bienvenue à nos nouveaux arrivant. Une petite réception sans fioritures mais dont chacun se souvient d'années en années. Et cela fait longtemps que nous n'avons pas eu de musique"

[Vel Cheran]

Les paroles de l'aubergiste surprirent Vel'Cheran. Ainsi, ils n'étaient pas les seuls nouveaux venus - du moins les seuls nouveaux venus encore en liberté... Il serait intéressant de rencontrer les autres afin de savoir ce qui avait bien pu les attirer dans ce trou perdu, et s'ils étaient potentiellement eux-mêmes de nouvelles victimes des disparitions.

Nous ne serions donc pas les seuls étrangers en ville ? Il faudra que nous rencontrions les autres, alors... Ma foi, nous essaierons peut-être de venir. Qu'en penses-tu, Bella ?

Adressant un regard interrogateur à sa compagne, il attendit sa réaction.

[Bellatrix]

Bellatrix ébouriffa ses cheveux sur sa tête, bailla et sauta en rond avant de répondre.

"Hé bien, la fête ressemblera à une bouilloire en effervescence mon chéri. On entendra le bruit de l'eau qui dort. L'eau, l'air, les éléments chimiques mon amour. Tout en ébullition, allons, allons. La vie est un rêve et j'aimerais me rendre à cette fête avec toi"

Au même moment, la porte s'ouvrit et le dénommé Joffrey entra. Il parcourut la salle[/color] du regard avec un léger sourire. Quand ses yeux tombèrent sur le barde, il prit une mine stupéfaite et s'en fut en courant ...

"Rattrapons-le, proposa Bellatrix, ça nous dégourdira les jambes"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran sourit, s'étira, et acquiesça.

Bonne idée, et puis les gens qui s'enfuient en me voyant sont toujours suspects !

Si vous voulez bien nous excuser... ajouta-t-il à l'intention de l'aubergiste en se fendant d'une courbette.

Ils partirent alors en courant hors de l'auberge, à la poursuite de "Joffrey".

[Bellatrix]

Bellatrix courait en hurlant à tue tête, les bras en l'air ballants à mesure de sa course derrière Vel Cheran. Le gamin courait plutôt vite et assez vite le couple qui le perdit de vue au détour d'une maison pour le voir réapparaître quelques ruelles plus loin. La ville semblait s'étendre plus qu'elle n'y paraissait. Vel'Cheran accéléra le pas, Bellatrix se laissa distancer.

Le barde touchait presque le gamin quand celui-ci disparut comme par enchantement. Quand il se retourna pour voir si Bellatrix avait été témoin de ce prodige, il ne la trouva pas. Il revint sur ses pas en l'appelant. Mais de sa bien aimé, il n'y avait aucune trace ...

[Vel Cheran]

Vel'Cheran commença à paniquer. Il tenta de repérer ses traces, mais seuls ses pas étaient visibles dans la poussière qui maculait la route. Retournant à l'auberge, il se pointa devant le tenancier, mais celui-ci n'avait pas revu sa compagne après leur départ précipité. Criant le nom de Bellatrix, le barde se mit à courir dans les rues au hasard, le coeur battant.

Sillonant le village, demandant aux rares passants qu'il croisait s'ils n'avaient pas vu sa bien-aimée, le jeune homme ne tarda pas à désespérer. Il sentit qu'il lui était arrivé quelque chose qui lui échappait complètement, un phénomène magique sur lequel il n'avait aucune prise. Tombant de fatigue dans une rue qu'il ne connaissait pas, il s'adossa à un mur et jeta au loin sa dague de frustration. Se laissant glisser au sol, il se prit la tête à deux mains.

Combien de temps resta-t-il ainsi ? Vel'Cheran l'ignorait. Mais il releva soudain la tête, et décida de reprendre ses recherches. Tout cela semblait mêlé aux deux gamins, il décida donc de se rendre là où ils les avaient vus pour la première fois : dans la tombe. En temps normal, cela ne l'aurait pas du tout enchanté de retourner là-dessous ; mais la vie de Bellatrix était peut-être en jeu, et pour cela, il aurait visité toutes les tombes de tous les cimetières de Dorandin et d'Helonna s'il le fallait.

Arrivé au bord du gouffre, Vel'Cheran s'aggripa à l'échelle et commença la descente. Arrivé en bas, il se dirigea de nouveau en direction de la salle inquiétante où les deux enfants leur avait précédemment réservé un si étrange accueil...

[Bellatrix]

Personne dans la crypte, ni même quelque chose pouvant indiquer une quelconque présence. A part peut être un mot posé en évidence dans le cercueil.

"Monsieur,
oui, c'est vous à qui je parle. Vous qui êtes venu dans cette tombe pas plus tard qu'hier. Je n'irai pas par quatre chemins : nous tenons votre compagne. Elle sera à la réception que nous avons organisée spécialement pour vous ce soir. Vous y retrouverez quelques invités de marque. Venez seul et sans armes. Nous vous retrouverons. Amicalement. Joffrey et Sansa. Ps : la mort tout comme la vie n'est qu'un passage"

[Vel Cheran]

Venir seul ? Sans armes ? Cela sentait le piège à plein nez. Vel'Cheran détestait ce genre de situations, il n'aimait pas devoir se plier aux règles dictées par son adversaire. Faire comme bon lui semble, voilà qui avait toujours été sa doctrine, surtout depuis sa désertion de l'armée. De plus, se plier aux exigences de ces gamins surnaturels le mettrait lui-même en position de se faire capturer. Bellatrix était-elle seulement encore en vie ? Il le souhaitait de toute son âme, mais tous les cas devaient être envisagés.

En arrivant à la fête, il lui faudrait savoir le plus rapidement possible si son aimée était encore de ce monde. S'il advenait que c'était le cas, il pourrait alors envisager de parlementer. Par contre, si le contraire venait à être vérifié, il ne se plierait sûrement pas aux règles de bienséance...

Il pourrait éventuellement cacher sa dague sur lui, dans une botte ou sous sa chemise. En cas de danger, elle ne lui serait pas d'un très grand secours, mais cela serait toujours mieux que ses poings. Par contre, si les mômes maîtrisaient la magie aussi bien qu'il le semblait, il serait peut-être capable de savoir que le barde venait armé.

Vel'Cheran était devant un dilemme difficile. Certes, venir armé mettrait en danger la vie de Bellatrix, mais venir sans armes serait également risqué pour eux deux si la situation dégénérait.

Relisant machinalement le message, Vel'Cheran s'arrêta sur la dernière phrase : "la mort tout comme la vie n'est qu'un passage". Un passage ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Qu'il y avait quelque chose après la mort ?

Le barde frissonna en pensant au sens de la phrase. Ce village serait-il peuplé de mort-vivants ? Peu probable qu'il s'agît de vampires, puisque les bambins avaient été aperçus en plein jour. Mais quoi alors ? Des spectres ? L'idiot qu'il avait amputé de ses deux mains dans le cimetière n'en était vraisemblablement pas un, par contre il ne se souvenait pas d'avoir touché les enfants. Mais Vel'Cheran haussa les épaules : il n'avait pas assez de connaissances dans ce domaine pour pouvoir espérer échaffauder des hypothèses fiables.

Que faire, alors ? Sortant du trou, Vel'Cheran retourna au pas à l'auberge, tournant et retournant dans sa tête toutes les solutions possibles. Il avait encore du temps devant lui avant le début de la "fête". Il pourrait éventuellement se faire discret en se mêlant à la foule, mais il n'était même pas sûr qu'il y aurait une quelconque foule. D'après le message et ce qu'avait dit l'aubergiste, il y aurait d'autres étrangers invités à la réception. D'autres personnes piégées par ce village infernal ? Sans doute. Il aurait été intéressant de se renseigner sur eux, mais Vel'Cheran préféra utiliser le temps qu'il lui restait avant la soirée pour préparer un plan - plan dont il n'avait pour l'instant même pas la trame.

Saluant vaguement l'aubergiste en passant, le barde se rendit directement à sa chambre et s'assit mollement sur son lit. Se délestant de Reytarh à regret, qu'il posa en travers des draps, il chercha un moyen de dissimuler au mieux sa dague. Son oeil fut soudain attiré par la toupie étrange qu'avait trouvé Bellatrix pendant la nuit. Pourrait-elle lui être d'une quelconque aide, ou bien avait-elle au contraire permis aux enfants d'accroître leur emprise sur eux ? Dans le doute, Vel'Cheran préféra ne pas l'utiliser, mais il la glissa tout de même dans sa botte gauche.

Finalement, le barde parvint à accrocher sa dague en travers de la poitrine, de manière suffisamment serrée pour qu'elle ne bouge pas lors de ses mouvements, et il l'enroula dans un morceau du drap, qu'il avait préalablement déchiré, afin d'éviter qu'un rayon de soleil ne vienne briller sur la garde ou une boucle de sa ceinture et ainsi révéler sa présence. Se regardant dans le miroir, il jugea le résultat plutôt satisfaisant : sa chemise était suffisamment épaisse pour qu'un œil avisé ne puisse y voir au travers et ainsi percer son secret. Il avait finalement décidé de venir armé, car mieux valait prévenir que guérir : il était de toute façon évident que les intentions des gamins n'étaient pas amicales, et il ne voulait pas tomber dans un piège. Il savait que Bellatrix aurait approuvé cette décision, mais lorsque le soir vint, il ne put s'empêcher d'être inquiet quant à la suite des évènements. Ces enfant semblaient partout, épiant ses moindres faits et gestes.

Descendant dans la salle commune, Vel'Cheran s'arrêta devant l'aubergiste.

Dites-moi, mon brave, où a lieu la fête de ce soir ?

[Bellatrix]

Le tavernier prit tout son temps pour répondre. Il essuya doucement un verre avec un torchon qui autrefois avait dû être propre et le rangea sur un rayonnage derrière lui. Où était la réception, c'était la question qu'ils posaient tous. On s'intéressait à eux, il se sentaient soudain auréolés de gloire parce que le chef du village s'intéressait à eux. Ce n'était que lorsqu'ils se rendaient compte du pourquoi de la chose qu'ils commençaient à regretter ... Le plus souvent trop tard. Il le savait. Lui-même était passé par là. Et le jeune barde ne ferait pas abstraction à la règle. Lui aussi connaîtrait l'initiation, le passage.

"Elle se situe chez notre bourgmestre bien évidemment, c'est la plus grande maison de la ville. Au passage, vous feriez mieux de ne pas vous en faire, votre amie va bien. Du moins, pour le moment"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran acquiesça distraitement en entendant les paroles de l'aubergiste. Il se fichait éperduement de son avis sur la situation : ils pourraient lui raconter n'importe quoi, il ne serait pas tranquille tant que Bellatrix ne serait pas de nouveau à ses côtés. Sortant de l'auberge, il se dirigea vers la maison du bourgmestre. En chemin, il se demanda ce qu'il ferait ensuite. Une attaque de front, surtout avec une dague et Bellatrix captive, était hors de question. Il lui faudrait agir discrètement, ce qui n'était pas vraiment sa spécialité : certes, il n'était pas mauvais pour délester une personne de sa bourse. Mais assassiner quelqu'un dans le dos, c'était bien différent. De plus, aurait-il seulement l'occasion de le faire ?
Arrivant en vue de la maison, le barde se mit à espérer secrètement que quelques gardes soient présents afin qu'il puisse leur voler une épée si la situation dégénérait.

[Bellatrix]

Étrangement, Vel'Cheran ne vit aucun garde. A croire que personne n'était employé pour garder les entrées si ce n'est un homme habillé en couleurs vives, sans doute un héraut et une femme au regard sévère qui écarquilla les yeux en le voyant approcher.

"Vous, dit elle avec un immense sourire, vous êtes en avance. Mais qu'importe. Vous êtes le bienvenu. Nous vous attendions depuis si longtemps. Mais donnez vous la peine d'entrer"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran ne s'étonna pas des paroles de la femme : il avait vu assez de bizarreries dans cette ville pour y être anesthésié. Il haussa donc les épaules et pénétra dans la maison. Bellatrix serait-elle là ? Il l'espérait, mais il ne voulait pas montrer son inquiétude au comité d'accueil, aussi ne leur posa-t-il pas la question.

[Bellatrix]

"Vel'Chéri, Vel'Chéri !"

C'est une Bellatrix aux cheveux plus emmêlés qu'avant, plus pâle que jamais qui traversa la pièce et se jeta dans ses bras. Elle tremblait de tous ses membres et resta quelques secondes, secouée par des sanglots convulsifs avant de pouvoir parler.

"Vel, je ne veux pas jouer à cache-cache. Pas avec eux, ils me font peur"

[Vel Cheran]

Vel'Cheran serra doucement Bellatrix dans ses bras, soulagé de la savoir enfin près de lui. Mais il était clair désormais qu'il ne s'arrêterait pas là : les responsables allaient payer cher, très cher. Qu'ils soient des vampires, des démons, des demi-liches ou que savait-il encore, ils allaient regretter leurs actes. Sentant le froid de l'acier de sa dague contre son torse, il parcourut la salle du regard, cherchant parmi les « convives » les personnes susceptibles d'avoir pu ainsi franchir une limite impardonnable. Tout en murmurant des mots apaisants à sa compagne, Vel'Cheran se sentit empli d'une colère noire.

[Bellatrix]

Bellatrix regardait autour d'elle, sur le qui vive. Dans la salle, les convives commençaient à se rassembler. Vel Cheran reconnut le tenancier de l'auberge et quelques autres personnes dont il avait croisé la route.

Petit à petit, on dressait des tables et on allumait des lanternes. Des musiciens commençaient à s'installer.
C'est alors que Joffrey arriva dans la salle et se dirigea vers le barde et sa compagne sans crier gare.

Puis, les emmenant à l'écart, il chuchota.

"Un conseil, si vous tenez à la vie ne mangez rien, ne buvez rien et restez sur le qui vive. Quand ils vous proposeront la partie de cache-cache, acceptez la. Mais ne restez pas dans la maison"

Et il repartit comme il était venu.