[Quête] La maison des morts : sur la route de Linceul

[Althéa]

Une ombre de sourire se dessina sur le visage de Guillemin. A ce moment, la paladine remarqua à quel point la main de l'enfant était froide.

Le repas se termina dans une ambiance morose. Les enfants, une nouvelle fois picorèrent beaucoup plus que mangèrent. La dernière gorgée de soupe avalée, l'ermite envoya tout le petit monde au lit. Il fut décidé que les enfants dormiraient ensemble dans un grand lit dans une chambre et que Chandara aurait son lit propre dans une chambre à coté. L'ermite quant à lui conservait la sienne à l'autre bout du couloir.

La paladine s'endormit sitôt la chandelle soufflée. Au milieu de la nuit, elle se réveilla en sursaut. Les trois enfants hurlaient, l'appelant à l'aide.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine émergea sans transition d’un sommeil sans rêve à l’hébétude d’un réveil en sursaut. Toutefois, elle ne perdit pas un instant à se poser de questions. Habituée au danger, elle était mue par l’instinct qui prenait le relais sur une conscience embrouillée. Machinalement, ses mains trouvèrent son marteau tout près du lit et elle se précipita dans le couloir, pieds nus et ne portant que sa chemise et ses sous-vêtements. Elle ne perdit pas de temps à se soucier de la pudeur alors qu’elle ouvrait la porte de la chambre que partageaient les enfants.

[Althéa]

William gisait de tout son long devant la porte de la chambre, visiblement assommé. Les cris venaient visiblement de la chambre de l'ermite. La paladine s'y précipita assez vite pour voir l'homme tenant Coraline par les cheveux d'une main, Guillemin par le poignet de l'autre.

La porte de sa chambre était ouverte ainsi qu'une autre porte au fond de la pièce dont s'échappait une lueur étrange. L'homme se redressa en voyant la paladine.

"Aidez-moi, je dois leur donner le châtiment qu'ils méritent. Allez donc chercher l'autre"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine était abasourdie par la scène qui se révéla à ses yeux lorsqu’elle pénétra dans la chambre de l’ermite. Son regard croisa un instant celui de la fillette. Un regard paniqué et éperdu. Les mains de Chandara se crispèrent sur son arme qu’elle pointa vers le vieil homme d’un geste accusateur et menaçant :

- Relâchez immédiatement ces enfants ou je vous rosse. Jamais nous n’aurions du accepter de dormir ici. Quelle folie vous anime pour agresser ces jeunes enfants sans défense ?

La jeune femme fit un nouveau pas en avant, les yeux furieux plantés dans celui du vieillard.

[Althéa]

L'homme tira un peu plus les enfants, les faisant passer dans la pièce d'à coté. Un gigantesque pentacle, orné de bougies était dessiné sur le sol. En le voyant, les enfants se mirent à hurler.

"Mais vous ne comprenez donc pas ? Ce sont des monstres transformés en enfants ! Ils vous ont dupé avec leurs ruses et vous tueront à la première occasion. Libérez-vous de leur emprise avant qu'il ne soit trop tard"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine fut soudain prise d’un affreux doute. Le cri de terreur des enfants à la vue du symbole religieux fit vaciller ses convictions. Soudain l’image de la femme mordue au poignet et le masque de terreur de son compagnon prirent une nouvelle signification. En un éclair de lucidité, elle vit les événements de la veille sous un jour plus sombre encore. Mais elle devait être sûre, ne pas laisser un vieillard s’en prendre à d’innocents enfants traumatisés. Chandara en fit appel à la vigilance de son dieu par une simple prière.

Chandara ---> Détection du mal ---> Les enfants.

[Althéa]

En une fraction de secondes, Guillemin et Coraline furent entourés d'un halo rougeoyant. Le prêtre effrayé les lâcha. Ils se tournèrent vers Chandara, le visage indéfiniment triste. Le petit Guillemin se mit à pleurer, cachant son visage dans la robe de sa soeur.

Au même instant, William entra dans la pièce, le visage sombre. Un grand silence plana dans la pièce. Au loin, on entendit le grondement d'un orage.

"Maintenant tu sais", dit Coraline, les larmes aux yeux

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine rendit un regard attristé à la petite Coraline. Les signes ne trompaient pas. Sous l’apparence d’enfants innocents se cachaient de toutes autres créatures. Les sentiments de la jeune femme étaient étrangement confus. Son devoir lui dictait de détruire ces monstres mais une partie de son cœur répugnait à le faire.

- C’est vous qui les avez tué, n’est-ce pas ? Les gens sur la route. Je peux vous aider à trouver la paix si vous l’acceptez. Il doit en être ainsi.

[Althéa]

Guillemin et Coraline fondirent en larmes. La petite fille se jeta à genoux, aux pieds de la paladine. Guillemin tendit les bras dans l'espoir d'être consolé. La petite fille se mit à implorer.

"S'il te plait, ne nous fais pas mourir, pas maintenant ! Nous n'avons pas assez vécu. Nous étions sur la route nous aussi quand nous avons été attaqués. Nos parents nous ont laissés tout seuls et ils ont réussi à fuir. Nous dormions tous les trois et quand nous nous sommes réveillés, nous étions ... morts"

Ses yeux se firent soudain effrayés et elle fixa un point derrière la paladine. Celle-ci n'eut pas le temps de se retourner qu'un objet lourd l'atteignit en pleine tête et elle s'écroula sur le sol.

Quand elle revint à elle, le prêtre gisait mort à ses cotés, les yeux grands ouverts dans un rictus de terreur pure, exsangue. Quelqu'un lui avait attaché les mains. Coraline fut auprès d'elle dès qu'elle la vit bouger.

"Je suis désolée de tout ça, mais tu ne devais pas savoir. Tu nous avais sauvée. Nous aurions pu t'épargner"

Le visage de William apparut au dessus d'elle. Il la remit debout d'un geste sans douceur. Seul ses yeux affichaient une pointe de regret.

"Puisque tu nous a sauvé du chien, nous allons te laisser un peu d'avance. Mais nous ne pouvons pas te laisser vivre avec ce que tu as vu, tu comprends ? Nous allons te laisser partir puis nous nous mettrons en chasse. Une dernière requête à formuler ?"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Le cœur de Chandara battait la chamade lorsque la petite fille l’implora de l’épargner. Certes, la jeune femme avait beau se dire qu’il ne s’agissait plus d’une petite fille mais d’un monstre, les larmes et les supplications affaiblissaient sa résolution. Elle ne vit donc pas l’objet qui la heurta violemment à l’arrière du crâne. Lorsqu’elle reprit connaissance, elle sentit le sang qui souillait sa chevelure.

Elle était horrifiée de voir le corps du clerc à ses côtés, songeant que sa mort était de sa faute. Lorsque les « enfants » lui adressèrent à nouveau la parole, la compassion avait fait place à une colère impuissante. On avait lié ses mains et il était peu probable qu’elle put ses défendre seule contre les monstres qui avaient si facilement terrassé le vieux prêtre. Se sentant prise de nausée, elle ne songeait désormais plus qu’à fuir le lieu cauchemardesque. Sa raison lui dictait de tenter de s’échapper pour revenir dans de meilleures conditions mais une petite voix lui susurrait que c’était la frayeur et la lâcheté qui lui dictait sa conduite. Elle se força à se redresser malgré les courbatures dues à la fatigue et la chute brutale sur le parquet, faisant preuve d’une assurance qu’elle était bien loin de ressentir :

- J’aurais pu aussi vous pardonner, malgré ce que je suis et votre état. Vous ne l’aviez pas choisi, mais ce n’est plus le cas. Je vois maintenant que vous êtes capable de meurtres de sang froid. Lorsque nous nous recroiserons, j’essaierai de vous tuer, sans haine, pour le salut de vos âmes souillées par le crime.

[Althéa]

William lui posa doucement un doigt sur la bouche.

"Et moi, je pourrais te tuer d'une simple parole mais je ne le ferai pas, Guillemin sera traumatisé, et je lui ai promis. Mais trêve de parlotes inutiles. Nous allons te laisser t'éloigner un peu puis nous te donnerons la chasse. Si tu arrives assez vite à Linceul, tu seras sauvée. Par contre, si tu échoues ... Je n'aimerais pas être à ta place ... Allez, va maintenant"

Et il ouvrit en grand la porte de la chaumière, lui laissant les mains attachées.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine jaugea ses chances de survivre à la nuit si elle prenait le pari de fuir à pied et sans aucun équipement. Sa tenue actuelle ne faciliterait assurément pas sa course sans compter que ses mains liées étaient attachées. Son marteau l’attendait dans la chambre mais ne lui servirait de rien avec ses mains entravées. Sa seule véritable chance était de récupérer son cheval attaché à l’arrière de la maison avec quelques-unes de ses affaires dont son épée.

Elle se précipita donc vers la sortie et entreprit de gagner l’arrière de la cabane. Soit elle pourrait atteindre le cheval avec suffisamment d’affaires pour détacher le cheval, soit il lui faudrait affronter son destin face aux monstres.

[Althéa]

Les trois enfants restèrent sur le pas de la porte à l'observer, sans faire mine de bouger. Ils attendaient. Quoi ? La paladine n'aurait su le dire. En la voyant s'approcher du cheval, William émit un ricanement méprisant.

"Laisse-tomber, tu n'auras pas le temps"

L'espace d'un instant, Chandara vit les traits du jeune garçon changer. Son sourire surtout. Il semblait s'être étendu d'une oreille à l'autre et était barré de plusieurs dents effilées. Ses yeux s'étaient fait globuleux, dépourvus de paupières. Mais très vite, son visage reprit sa candeur originelle.

"Allez, fiche le camp pendant qu'il est encore temps"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine interrompit sa course pour ramasser une des pierres effilées qui lui entaillèrent ses pieds nus et obtempéra. Elle espérait que la pierre l’aiderait à trancher les liens qui lui entravaient les poignets. Alors, il serait toujours possible d’affronter les monstres à ses trousses puis, de revenir chercher ses affaires et son pauvre cheval si William et les siens ne lui avait pas fait de mal par pur sadisme, profitant de sa fuite.

Chandara savait que les chances de rencontrer un voyageur amical en ces lieux et à cette heure étaient illusoires. Si elle restait sur la route, elle progresserait plus vite mais serait aussi plus facile à suivre et à repérer. Aussi s’enfonça-t-elle dans les bois où ses réflexes de jeunesse pouvaient encore lui permettre de distancer ses poursuivants.

[Althéa]

Quelques secondes plus tard, elle entendit un bruit de sabots venant dans sa direction. Chandara crut un instant qu'il s'agissait d'un cavalier isolé, ou pire d'un des enfants monté sur son cheval pour la rattraper plus vite. Mais à mesure que l'animal se rapprochait, elle se rendit compte que la monture ne portait pas de cavalier. Quelques instants plus tard, son cheval déboucha sur le sentier.

Les naseaux dilatés, il frappa le sol en guise de nervosité, prêt à s'enfuir mais en même temps, une chose était sûre, il l'avait retrouvée. Les enfants, peut être par compassion ou par sadisme l'avaient détaché ...

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Ainsi donc, les monstres avaient libéré sa monture. En voyant son épée toujours au fourreau harnachée sur ses fontes de selle, la paladine se dit que sa situation s’améliorait. Elle n’avait laissé que son armure, une tenue et son fidèle marteau dans la cabane du vieil ermite. Maladroitement, elle se hissa sur le dos de l’animal. Il serait toujours temps de trancher ses liens en route. Pour l’heure, la priorité était de mettre le plus de distance entre elle et ses poursuivants. Il lui fallait prévenir les autorités de leur présence au plus vite et une fois qu’elle serait mieux préparée et aurait accompli sa mission, elle se joindrait à la traque des morts vivants. Le pauvre ermite devait être enterré aussi.

[Althéa]

Chandara chevauchait assez rapidement. Dans peu de temps, elle aurait atteint les portes de Linceul. Du moins, l'espérait elle. Elle rejoignit bientôt le sentier côtier qui serpentait au sommet des falaises. La pluie qui avait commencé à tomber le soir redoublait et des éclairs illuminaient le ciel.

Soudain, au détour de la route, apparut une silhouette. Quelqu'un se tenait au travers du chemin.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara avait réussi au prix de grands efforts et quelques contorsions à tirer une partie de son épée et à trancher ses liens tout restant en selle. Elle s’éloigna encore quelques minutes après cela avant de fouiller dans ses fontes pour enfiler à la va-vite des affaires plus appropriées par-dessus sa chemise. Après cela, elle fit prendre une allure plus rapide à as monture pour ne pas risquer d’être rattrapée par les monstres si ceux-ci lui avaient donné la chasse avec l’autre animal. Elle retrouva avec un peu de soulagement la route quelques lieux plus tard et elle laissa alors la bride à son cheval qui gagna rapidement en vitesse. A force de trop regarder derrière à la recherche de ses poursuivants, elle vit au dernier moment la silhouette qui se mit en travers de sa route. Le cheval pila nerveusement et il en fallut de peu qu’elle vide les étriers. Lorsqu’elle eut retrouvé son équilibre, sa main se porta à son épée tandis qu’elle tentait de déterminer si le nouveau venu était hostile.

[Althéa]

L'homme portait un bâton. Dès qu'il vit la cavalière avec sa monture, il se plaça derrière son arme, plus pour se défendre d'un agresseur éventuel qu'attaquer et appela.

"Halte-là !"

A sa voix, Chandara s'apperçut qu'il s'agissait non d'un homme mais d'une femme âgée d'une trentaine d'années à peu près. Elle portait une tunique et des chausses bleues ainsi qu'une cape à capuchon verte. Ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules et ses grands yeux de ciel illuminaient son regard. Elle écouta la monture ralentir et parut soulagée.

"ça va, laissa-t-elle tomber, d'habitude, ils n'utilisent pas de cheval. Ils leur font bien trop peur"

Elle s'approcha vers Chandara en s'aidant de son baton et celle-ci réalisa qu'elle ne voyait pas.

"A qui ais-je l'honneur ?" finit elle par demander.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle fut assez près de la silhouette pour la distinguer un peu mieux. La voix et les paroles de ce qui se révéla être une femme ramenèrent la cavalière à la réalité, lui faisant quitter la scène onirique qui s’était jouée bien contre son gré. Comme si elle n’avait pu s’en arracher par elle-même, elle fut reconnaissante envers cette femme pour la simple rencontre avec un autre être humain après sa fuite éperdue et son voyage sinistre. Elle répondit d’une voix qu’elle voulait engageante mais qui rendit faux à ses propres oreilles tant la tension menaçait de la submerger :

- Je suis Chandara, aspirante paladine de Helm en route pour le village de Linceul. La route n’est pas sûre en effet : j’ai été surprise par trois créatures ayant pris l’apparence d’enfants. Elles ont déjà commis au moins trois meurtres. Vous ne devriez pas vous attarder dehors, Madame…

L’hésitation marquée invitait son interlocutrice à se présenter à son tour.

[Althéa]

Le visage de la jeune femme s'éclaira.

"Eliessan de Valnor mais vous pouvez m'appeler Elie. Et même, c'est ce que je préférerais. Mais vous avez raison, il ne fait pas bon s'attarder ici. Je viens juste de cueillir quelques simples pour ma tisane, j'allais rentrer chez moi. Si vous voulez me suivre, nous serons bien plus à l'aise pour bavarder"

Et elle partit devant, sans attendre la réponse de la paladine.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine fut ravie de l’invitation et accepta chaleureusement de suivre son aînée. La perspective de se retrouver avec une personne aimable après ses heures d’errances solitaires et cauchemardesques surpassaient presque son inquiétude concernant les monstres à sa poursuite. Elle suivit donc Elie tout en la remerciant, la voix empreinte de soulagement :

- C’est une bénédiction que je sois tombée sur vous Elie. Je ne vous cacherais pas que les dernières heures m’ont glacé les sangs bien au-delà de la fraîcheur de la nuit. Mais j’espère ne pas vous mettre en danger : je me dois de vous avertir que les monstres sont à ma poursuite.

[Althéa]

Elie hocha la tête.

"Je le sais. Tout retient son souffle par ici. Nous allons pas nous attarder par ici surtout que si je ne me trompe pas, vous êtes transie jusqu'à la moelle. Nous avons toutes les deux besoin de quelque chose de chaud"

Tout en parlant, elle poursuivit sa route, serpentant entre les arbres, suivant un chemin qu'elle seule semblait connaître. Là bas, en contrebas de la route se nichait une petite chaumière. Elie s'y dirigea sans hésiter et ouvrit la porte pour laisser entrer son hôte.

L'intérieur de la maison était minuscule, à l'image de l'extérieur. Une petite table, deux chaises, un lit dans un coin, un évier avec une pompe, une cheminée ... Rien d'autre. Elie referma la porte.

"Si vous voulez bien m'attraper les deux gobelets à coté de la pompe, je vais faire infuser les herbes pour la tisane"

Le breuvage préparé, elle et la paladine prirent place à table, un gobelet entre les mains.

"Maintenant, vous allez pouvoir me raconter ce qu'il vous est arrivé"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine laissa un moment ses mains se réchauffer contre le gobelet avant de répondre. Elle était courbaturée et transie comme l’avait remarqué Elie. Elle lui était d’autant plus reconnaissante pour son accueil et la tisane qui infusait lentement dans le récipient chaud entre ses doigts rendus gourds par le froid. La jeune femme se sentait en confiance et ne sentait pas la nécessité de cacher ce qui lui était arrivé. Du reste, une petite part égoïste en elle avait besoin d’exprimer par des mots les évènements comme pour chasser un cauchemar persistant au réveil :

- J’ai pris la route menant à Linceul il y a deux jours en partant de Manost. Sur la route des crêtes, j’ai aperçu trois enfants poursuivis par des molosses que j’ai mis en fuite. Les enfants m’ont alors révélé avoir été attaqué par des brigands qui avaient tué leurs parents. Je ne pouvais décemment pas les abandonner mais j’ai été aveugle, Helm me pardonne. J’ai fermé mes yeux à tous les signes jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Après une pause pendant laquelle la paladine tenta de tremper ses lèvres dans le breuvage pour les humecter, elle poursuivit :

- Les « enfants » ont révélé leur vraie nature en tuant un vieil ermite qui nous avait accueillis pour la nuit. Le prêtre avait su voir leur vraie nature et voulait les exorciser mais j’ai hésité et les monstres ont profité de ma faiblesse pour m’assommer et tuer le clerc. Ils m’ont ensuite laissé m’enfuir car j’avais fait preuve de bonté à leur égard ou pour une toute autre sinistre raison, je ne sais pas.

[Althéa]

"Je vois ... Chacun dans la région a une histoire de ce genre à raconter. Des attaques, des poursuites, souvent des morts. Une fois par an, ils ont besoin de se nourrir et peu en réchappent. Ils ne font aucune distinction, hommes, femmes et enfants tant qu'ils ne courent pas assez vite pour leur échapper. Et ce soir, c'est le grand soir. J'ai payé un lourd tribut il y a deux ans. Cette année, c'est mon tour, mon soir. Et si je ne me trompe pas, vous allez m'aider ..."

Une larme coula. Elle la laissa couler le long de sa joue. Mais son visage était déterminé.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La paladine adressa un sourire compatissant à sa compagne et lui effleura le poignet en un geste qui se voulait amical et rassurant. Elle comprenait au travers des paroles d’Elie qu’elle avait du perdre des proches dans le combat contre les monstres. Mais elle voyait aussi une chance, un espoir dans le fait qu’elle fasse sa rencontre en cette tragique soirée. Une chance de se racheter en aidant cette femme qui l’avait accueilli sous son toit. Une chance d’amoindrir sa faute, son échec à protéger son précédent bienfaiteur.

- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider !

[Althéa]

Des coups furent frappés contre la porte avec une force presque surhumaine. Une voix à glacer le sang se fit bientôt entendre.

"Chandi, je sais que tu te caches ici. Coraline et Guillemin ont renoncé, mais moi, je suis venue spécialement pour toi. Quant à toi paysanne, dépêche-toi de nous ouvrir la porte. Cette fois, c'est ton tour"

Elie se leva lentement l'air amusé.

"Je vois que vous avez un soupirant ..."

Elle se rendit sans hésiter du coté de son lit et ramassa une flasque puis ramassa une torche. Puis, souriant à son invitée, elle lui chuchota.

"Nous sommes deux et il est tout seul. Nous pourrions lui faire une surprise qu'il ne serait pas prêt d'oublier. Qu'en dites vous ?"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara sursauta lorsqu’elle entendit les coups frappés sur la dérisoire protection que constituait le panneau de bois. Mais c’est la colère qui l’anima lorsqu’elle fut interpellée directement. Elle était bien décidée à châtier le meurtrier maintenant que le charme était rompu. Elle avait déjà saisi son épée qu’elle empoignait avec détermination.

- Oui, donnons une leçon à cette abomination. Que proposes-tu ? Y a-t-il une autre issue ?

[Althéa]

Les coups redoublèrent sur les battants. La voix au dehors devint crissante, parodie de voix humaine, que la chose ne prenait même plus la peine d'imiter. Elie, sans se laisser perturber murmura.

"J'ai une petite surprise pour lui, quelque chose qu'il n'aime pas du tout. Mais j'aurais besoin de ton aide. Et une aide plutôt dangereuse. Voila, j'aurais besoin que tu m'ouvres la porte. Il faudrait que tu trouves un moyen pour qu'il ne t'attrape pas, et pour ne pas te trouver dans mon champ de tir ... Du moins, devant lui. Si tu l'acceptes bien sûr. Ensuite, je crois qu'il va nous falloir combattre. Je n'ai pas d'autre issue malheureusement"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Son hôte semblait connaître son affaire de même que leurs adversaires et la paladine décida de lui faire confiance et de s’en remettre à son plan. La porte ne retiendrait plus très longtemps la sinistre parodie d’humain. Il fallait donc agir maintenant sans se perdre en considérations tactiques. La jeune femme se dirigea résolument vers la cheminée où elle saisit une branche incandescente. Elle enroula rapidement du tissu qu’elle déchira dans le bas de sa robe crottée afin d’obtenir une belle flamme propre à désorienté l’assaillant venant du dehors. Elle adressa alors un coup d’œil à sa compagne afin de s’assurer qu’elle était prête.

Puis tout alla très vite. Elle tira la porte à elle avec sa main libre et roula en avant au niveau des jambes de son adversaire en brandissant bien haut la torche. Son épée était prête à être dégainée si la manœuvre réussissait à déstabiliser le garçonnet.