[Quête] La maison des morts : une maison à Linceul

[Oriane]

La jeune femme répondit d'une voix où, malgré elle, perçait l'amertume :

"Ai-je vraiment le choix ? Vous me voyez rentrer avec cette...chose et dire aux enfants 'je l'ai retrouvé !' ? Vous imaginez leur expression quand ils réaliseront que ce que je leur ramène n'a plus grand chose en commun avec le chien qu'ils ont perdu ? Et vous m'imaginez leur expliquer 'oh, ce n'est rien les enfants, c'est juste le climat' ?"

Elle baissa les yeux et sentit son coeur se serrer comme son regard passait sur l'animal. Puis elle releva la tête et poursuivit :

"Excusez-moi...je n'aurai pas du vous répondre ainsi. C'est juste que..."

Que quoi ? Qu'elle ne voulait pas les décevoir ? Qu'elle détestait l'idée de leur imposer cette vision, mais qu'elle détestait encore plus celle de leur mentir en leur avouant qu'elle n'avait pas retrouvé leur chien ? Qu'elle lui en voulait presque de lui fournir comme seul élément de réponse...des choses qui n'avaient aucun sens ?
La jeune femme secoua lentement la tête, laissant échapper un long soupir. A quoi bon insister...

"Non...rien. Désolée. Je suppose que...j'avais fini par m'attacher à cet animal. Et le voir ainsi...
Mais vous avez sans doute raison, mieux vaut...dire aux enfants que je ne l'ai pas retrouvé..."

[Althéa]

"Oui, il vaut mieux. Ils seront trop tristes. Là, ils vivront dans l'espoir de le retrouver un jour. Ils le rejoindront dans leur rêve. Et vous savez, un mensonge ne fait jamais de mal, il peut préserver de la peine, et de la peur"

Nouveau sourire affable.

"Vous feriez bien de retourner les voir maintenant. Mieux vaut ne pas trop les faire attendre"

[Oriane]

La jeune femme hocha silencieusement la tête. Oui...sans doute valait-il mieux annoncer la nouvelle au plus vite. Elle jeta un dernier coup d’œil au chien, qui continuait à serpenter sans but précis entre les tombes, le nez en l’air. N’eut été cette odeur qui lui parvenait encore jusqu’aux narines, elle aurait été tentée de le rattraper et de le ramener. Mais...non. Il était mille fois plus raisonnable de le laisser là. Elle ne savait toujours pas ce qui lui était arrivé. Qui pouvait savoir si ça ne risquait pas de s’étendre aux enfants, s’il restait en leur compagnie ? Comme à regret, elle détourna le regard pour se tourner une nouvelle fois vers Colin.

"Vous...restez ici ?"

[Althéa]

"Non, je vais vous accompagner. Je vous dois bien ça. Pour tout vous dire, vous me plaisez beaucoup. Enfin, le cimetière n'est pas le meilleur endroit pour compter fleurette. Plus tard, nous aurons tout notre temps pour faire connaissance"

Il partit à grandes enjambées vers la maison, sans hésiter. Il connaissait parfaitement le chemin et se sentait chez lui à Linceul. Arrivé devant la maison, il se retourna face à Oriane et lui demanda :

"Avez vous besoin de moi pour annoncer la nouvelle aux enfants ?"

Tout en parlant, il avait avancé la main vers elle, l'air soudain câlin.

[Oriane]

Sans répondre aux avances de Colin, Oriane poussa la porte d’entrée et avança de quelques pas dans la maison. L’attitude du jeune homme l’étonnait. Elle avait d’abord cru en sortant du cimetière qu’il essayait juste de lui changer les idées, quoique d’une manière assez maladroite et assez peu adaptée à la situation. Mais maintenant...il lui semblait que ses paroles avaient été plus sérieuses que ce qu’elle imaginait., même si elle n’en considérait pas moins le moment particulièrement mal choisi. Néanmoins, songea-t-elle en s'arrêtant, ce n'était certainement pas une raison pour le planter là. Il avait tout de même eut la gentillesse de l'accompagner...aussi s'efforça-t-elle d'adopter un visage souriant avant de se retourner.

"Pourriez-vous...plutôt attendre ici un instant ? Si cela ne vous fait rien, je préfèrerais être seule pour leur annoncer la nouvelle...Peut-être ensuite voudront-ils sortir un peu pour se changer les idées ? Auquel cas vous pourriez continuer à nous faire visiter la ville..."

Elle avait parlé légèrement plus vite qu’à son habitude puis, sans attendre de réponse, elle avait tourné le dos au jeune homme.
Son regard s'arrêta rapidement sur les escaliers, son attention à nouveau totalement dirigée vers ce qu'elle avait à faire. Les enfants devaient probablement attendre dans leur chambre. Qu'elle leur rapporte leur chien. Réprimant un soupir, elle se remit à avancer, réfléchissant au meilleur moyen de leur apprendre la nouvelle...

[Althéa]

Les trois enfants vinrent à elle l'air grave. Lizzy se jeta dans ses bras et se serra contre elle. En tant qu'ainée, ce fut Jeanne qui prit de nouveau la parole. Les petits Banks étaient sur le pied de guerre.

"Il n'est plus là hein ? Sinon, tu nous l'aurais ramené. Tous les trois, nous pensons que quelque chose ne va pas dans cette ville, que quelque chose d'étrange s'y cache. Et nous, on pense que ça se passe dans le cimetière. S'il y a des fantômes, c'est par là que ça se passe. Il faut qu'on aille voir. Mais pas quand maman et papa seront là. Cette nuit, ils seront à une fête. On pourra y aller pendant ce temps là"

Elle regarda Oriane d'un air suppliant.

"Et il faudrait qu'on y aille tous les quatre"

[Oriane]

Jeanne venait en deux phrases de résumer la situation, et Oriane réalisa soudain que ce n’était pas les ‘peut-être le retrouverons-nous ?’ ou ‘il finira bien par revenir...’ qui réussiraient à convaincre les enfants. Ils avaient parfaitement évalué la situation, la suite d’ailleurs le lui confirma. Lorsque Jeanne eut terminé, la jeune femme hésita un instant et finit par répondre, d'une voix où perçait l'hésitation :

"Je...ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée..."

Elle-même n'était pas très convaincue par ce qu'elle venait de dire. Agir était peut-être la meilleure solution, elle le savait. La seule chose qui la faisait encore hésiter, c’était l’idée d’exposer les enfants au danger. Et celle qu’en allant au cimetière, ils risquaient de croiser leur animal. Savoir qu'il ne reviendrait pas était une chose. Voir pourquoi...en était une autre...

[Althéa]

Jeanne regarda Oriane, les sourcils froncés. Michael hocha la tête l'air grave et Lizzy serra un peu plus la jeune femme dans ses bras.

"Je savais que tu penserais cela. Tous les trois, on a retourné le problème au moins cent fois dans nos têtes et on pense qu'il n'y a pas d'autres solutions. On sait que ça peut devenir dangereux mais si on ne fait rien, on sera sûrement encore plus en danger. Et en plus, ils ne s'attendent pas à ce qu'on aille dans leur camp. Si on y va, il va falloir nous préparer. Déjà, ils ont l'air d'avoir très peur des lumières très vives. Peut être même qu'ils craignent le soleil quand il est pas caché derrière les nuages ... Et toi, je suis sure que tu as d'autres idées. Hein ?"

Elle avait souri. L'espace d'un instant, elle ressembla presque à une adulte.

[Oriane]

Oriane sentait sa résolution déjà faible fondre comme neige au soleil. Jeanne avait l’air si déterminée...et elle avait tellement raison. Les choses n’allaient certainement pas en rester là. Il fallait qu’ils agissent, qu’ils les prennent par surprise. C’était leur meilleure chance. Peut-être leur seule...

"Ils ont peur du feu."

En prononçant ces mots, elle avait clairement signifié son accord. Ils iraient. Elle était toujours quelque peu réticente à l'idée d'exposer les enfants. Mais avaient-ils vraiment le choix ? Il ne lui restait plus qu'à faire en sorte qu'il ne leur arrive rien...

"Il va falloir être très prudent. Je pense que vous en êtes conscients..."

Et surtout, ils ne devaient rien laisser au hasard. Il leur restait sans doute suffisamment de temps jusqu’au soir pour se préparer, mais il valait mieux ne pas traîner. Ils allaient avoir besoin du briquet d’amadou, bien évidemment. Peut-être ferait-elle bien également d’emporter son épée...
Toute à ses réflexions, la jeune femme oublia presque que Colin devait encore l’attendre devant la maison. Ce n’est que lorsque son regard glissa sur le petit Michael, et sur ses yeux encore rougis par les pleurs, qu’elle se souvint que le jeune homme l’avait accompagnée pour aller chercher le chien. Et qu'elle lui avait demandé de l'attendre, pendant qu'elle apprenait la nouvelle aux enfants.

"Vous pouvez monter dans ma chambre ? Je vous rejoins dans un instant, le temps de remercier M. Granstorm pour son aide."

[Althéa]

Cette fois, ce fut Michael qui prit la parole.

"Oui, tu devrais aller lui parler, sinon il va se douter de quelque chose. Lui, il a l'air bizarre. Les grands qui sourient tout le temps comme ça, j'aime pas moi. On aurait dit qu'il préparait quelque chose, comme une blague pas drôle. Il faut pas qu'il nous accompagne cette fois. Peut-être qu'il est avec eux et qu'il va tout leur dire. Peut-être même qu'il va tout répéter aux parents et ça, il faut pas. Tous les deux, ils ne voient rien et ils vont jamais nous croire. Mais toi, tu es avec nous. Mais il faut que tu sois prudente"

Sur ce, il la laissa rejoindre Colin.

[Oriane]

La jeune femme acquiesça silencieusement puis se dirigea vers la porte d’entrée. Elle partageait les doutes de l’enfant, ce Colin était bien trop aimable pour être honnête. Et il valait mieux faire en sorte qu’il ne fourre pas son nez dans leurs affaires.
Sur le seuil, le jeune homme était toujours là. Elle lui adressa un sourire désolé.

"Je m’excuse de vous avoir fait attendre. Il a fallut que je leur explique que...enfin plus ou moins ce que vous m’avez dit, que les animaux n’aimaient pas Linceul et que leur chien avait sûrement quitté la ville. Ils l’ont assez mal pris, comme vous pouvez vous en douter..."

Elle baissa d'un ton.

"J’ose à peine imaginer leur réaction, si je leur avais dit la vérité...Je crois qu’il vaudrait mieux qu’ils ne sortent pas. Nous risquerions de croiser à nouveau cette...chose. Et ça leur ferait trop de mal."

Elle s'interrompit, réprima un soupir puis reprit, un ton plus haut.

"Merci quand même d’avoir attendu, et de m’avoir accompagnée. C’était très aimable à vous."

[Althéa]

"Oh, de rien très chère. Et vous avez raison : mieux vaut que les enfants ne sortent pas. Qui sait ce que la douleur de la perte d'un ami peut entraîner dans ces stupides et inconscientes têtes blondes. J'ai bien peur qu'ils n'aient envie de partir eux-mêmes pour retrouver leur chien. Mais je sais que vous êtes responsable et que vous ne laisserez pas mettre le nez dehors, surtout la nuit. Les temps sont rudes et le noir engendre bien des chimères. A ce propos, une fois les enfants couchés, pourquoi ne pas me rejoindre à cette petite réception ? Un petit tour de danse ne pourrait vous faire que du bien ?"

Il lui fit son sourire le plus obligeant.

[Oriane]

La jeune femme avait sentit son cœur s’accélérer. On aurait presque dit...qu’il se doutait de ce que les enfants comptaient faire. Non...non c’était ridicule, comment aurait-il pu savoir ? Ils n’avaient pas parlé suffisamment fort pour qu’il ait pu entendre de là où il était. A demi rassurée par cette idée, elle lui rendit son sourire, une expression amusée sur le visage.

"Une danse ? Hmm...et bien...voilà une charmante idée. Je vais y penser..."

[Althéa]

"Oui, une danse. Et peut être plus qu'une. Vous serez une invitée de marque à cette réception. Et pas de danger que la famille vous reconnaisse, nous sortirons masqués. De beaux seigneurs dans de beaux atours, de belles demoiselles portant de belles robes. Vous ne dépareillerez pas par rapport à eux, croyez-moi. Allez, dites-moi donc oui gente dame ou vous m'en verrez marri. Et puis, ce serait l'occasion de vous connaître mieux. Allez Oriane, dites-oui"

[Oriane]

Oriane savait qu’elle ne pouvait refuser sans que le jeune homme se demande pourquoi. Elle ne pouvait non plus se présenter à cette réception, elle avait...des projets pour la soirée. Mais il était bien entendu hors de question qu’elle lui en fasse part. S’efforçant de dissimuler sa contrariété derrière un nouveau sourire, elle répondit :

"Comment pourrais-je refuser ? C’est demandé si gentiment...Très bien...c’est d’accord. Je vous retrouve à la réception donc ? Rappelez-moi d’ailleurs, où doit-elle avoir lieu ? Et dites m’en plus sur cette soirée, je n’y ai guère prêté attention jusque là, toute la ville y sera n’est-ce pas ?"

Et avec un peu de chance, il y aurait suffisamment de monde pour qu’il ne remarque pas immédiatement son absence...

[Althéa]

"Oui, toute la ville y sera bien sûr. C'est notre cérémonie annuelle d'accueil des nouveaux. Linceul sait recevoir voyez-vous. Cette nuit là, nous mettons les petits plats dans les grands. C'est notre gala. Ce sera notre soirée. Vous et moi dans la lumière, guidés par la musique. Vous passeriez la meilleure soirée de votre vie. Et moi aussi. Cela fait tellement longtemps qu'il n'y a pas eu de jeune femme comme vous à Linceul"

[Oriane]

"Ce genre de cérémonie a lieu tous les ans ? Et bien dites moi, vous vous donnez du mal pour accueillir les nouveaux venus..."

Peut-être parce qu'ils étaient rares ? Durant le peu de temps qu'elle avait passé hors de la maison, elle n'avait pas croisé beaucoup de monde. Hormis ces...enfants. Et Colin. Elle lui sourit.

"Il est dommage que les coutumes de ce genre soient si inhabituelles. J’apprécie la chance que nous avons. La chance que j’ai d’avoir trouvé ce travail dans cette famille. Sans compter celle d’avoir pu faire votre connaissance..."

Elle se demanda un instant si elle n’en faisait pas un peu trop...Enfin...elle espérait au moins qu’ainsi, il serait assuré de sa présence à cette fameuse cérémonie.

"Mais je parle, je parle...je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Je vous dis donc...à ce soir ?"

[Althéa]

"Ho oui, vous en avez de la chance, s'exclama Colin, demain, vous appartiendrez à une élite dont vous ne soupçonniez pas l'existence. Cette assemblée, cet art de vivre. Je suis sur que vous adorerez. Par contre, dites aux enfants de ne pas faire quoi que ce soit d'insensé. A leur âge, il n'est pas bon de jouer avec le feu. Il y a des secrets qu'il vaut mieux tenir cachés. Ils l'apprendront en grandissant. Promettez-moi que vous allez le faire"

[Oriane]

La jeune femme commençait à avoir la désagréable impression que Colin savait qu'elle et les enfants avaient l'intention de faire quelque chose, bien qu'elle-même ne considère pas cela comme quelque chose d'insensé.

"Je...Bien sûr. Je ferai en sorte qu'ils ne fassent rien...d'insensé."

Elle s'efforça d'adopter un ton léger.

"Comme je le fais depuis que je suis leur nourrice..."

[Althéa]

La voix de Colin se fit soudain menaçante.

"Si vous voulez le demeurer. Je n'aimerais pas que vous ayez leur mort sur la conscience. Mais ne pensez pas que je vous menace. C'est juste un avertissement parce que je tiens à vous et à votre petite famille. Après, n'allez pas dire que je ne vous aurai pas prévenue"

[Oriane]

La jeune femme eut un mouvement de recul. Elle essaya de se souvenir de ce que, d'aventure, il aurait pu entendre de leur conversation, même si elle était pratiquement certaine que de là où il était, il ne pouvait pas entendre grand-chose. Ils comptaient aller dans le cimetière, de nuit. Pour essayer de comprendre ce qui se passait. Et après ? Y avait-il là si grand péril ?

"Je ne suis pas persuadée que vous aviez besoin de me parler sur ce ton, je pense avoir compris."

Le ton qu'elle avait employé était plus froid qu'elle ne l'aurait voulu. Elle laissa passer quelques secondes avant de reprendre, radoucie :

"C'est très gentil à vous de vous inquiéter autant pour eux, et je vous promets que je ferai en sorte qu'ils ne fassent pas de bêtises, pendant que nous serons à cette réception."

[Althéa]

"Il vaudrait mieux que vous les enfermiez. Ou ... attendez, j'ai une meilleure idée"

Il fouilla dans sa poche et en sortit une fiole.

"Voila. C'est un petit remède miracle que j'ai concocté moi-même. Une petite goûte dans leur verre ou leur nourriture et ils resteront bien sage. A vrai dire, ils auront juste assez de force pour aller dans leur lit. Ensuite, la soirée sera à nous"

[Oriane]

Non sans hésitation, la jeune femme prit la fiole dans ses mains. Quel curieuse idée que celle de se promener avec un somnifère sur soi...si c’en était réellement un. Quoiqu’il en soit de toute façon, il n’était pas question qu’elle en verse ne serait-ce qu’une goutte dans la nourriture des enfants. Néanmoins, si lui pouvait croire qu’elle le ferait...

"Merci c’est...décidemment très gentil à vous de...prendre leur sécurité autant à coeur..."

[Althéa]

"Mais c'est normal très chère, c'est normal. Dans quelque temps, ils feront partie de notre grande communauté. Enfin, ils en font déjà partie. Mais la réception de ce soir officialisera la chose avec leurs parents, puis avec eux bien sûr. Et pour vous bien entendu ! Mais, je vous sens inquiète. Vous ne devez pas avoir peur de nous, nous sommes vos amis. Oh, regardez, ces chers petits nous espionnent"

En effet, quand Oriane tourna la tête, une tête rousse recula brusquement derrière un rideau.

[Oriane]

Oriane secoua brièvement la tête, un sourire légèrement crispé sur les lèvres. Ils les observaient. Dès qu’elle avait vu la tête rousse se reculer, une pensée inquiète avait traversé son esprit. Avaient-ils entendu ? Oh...pourvu qu’ils n’aient pas cru qu’elle comptait vraiment se servir de cette potion...

"Ils doivent s’impatienter...Je leur ai dit que je n’en aurais que pour un instant, et cela doit bien faire dix minutes pour le moins que nous sommes là à discuter. Je ne vais peut-être pas les faire attendre davantage...Vous même avez sans doute à faire, je suppose ?"

Elle glissa la fiole dans sa poche et baissa d’un ton.

"Merci encore pour la potion. Et je vous dis donc à ce soir ?"

Elle sourit une nouvelle fois, espérant qu’il ne relancerait pas la conversation et se contenterait de partir. Il fallait qu'elle parle aux enfants.

[Althéa]

Colin, les yeux levé vers la fenêtre mit du temps à répondre. Oriane surprit dans ses yeux une sorte d'étincelle de défi. Oui, il défiait les enfants. Mais très vite, il repris son sourire enjôleur.

"Quels adorables petits"

Il fit mine de rejoindre le portail mais se retourna juste avant de le passer.

"Venez ce soir. Ou sinon, nous serons obligés de venir vous chercher"

Et il partit avant qu'Oriane ait eu le temps de répondre.

[Oriane]

Oriane resta un court instant sur le seuil, immobile, les yeux rivés sur le portail. Une pensée fugace lui traversa l’esprit. Dans quoi s’était-elle embarquée ? Elle soupira. Quoique ce soit, elle avait la sensation que la fin en était proche. Tout allait se jouer ce soir. Il fallait qu’ils soient prêts.
Sans plus attendre, elle rentra dans la maison. Les enfants étaient là, à côté de la porte. Elle les dévisagea, l’un après l’autre, avant de prendre la parole.

"Il se doute de quelque chose. Il va falloir être vraiment très prudent..."

[Althéa]

Jeanne hocha la tête.

"Oui, mais c'est nous qui nous méfions encore plus que lui. Et il nous croit trop petits et pas assez intelligents pour voir que c'est un méchant. Et avec toi, il croit que son vilain sourire va te faire tomber amoureuse de lui et que tu oublieras tout. Moi, je sais que tu est pas une méchante et que tu ne nous trahiras jamais"

Michael lui serra le bras avec affection et finit par dire.

"Et tu sais, même si tu es pas une vraie nounou, on t'aime quand même"

[Oriane]

Oriane avait écouté la fillette avec attention, attendrie par cette confiance qu’elle plaçait en elle. Elle se jura de ne jamais la décevoir. Elle, ainsi que ses frère et sœur bien entendu. Elle ferait tout pour les protéger. D'autant plus, se surprit-elle à penser, qu'elle commençait vraiment à se prendre d'affection pour ces trois petits. Ils étaient si adorables...Michael venait de s’agripper à son bras, le serrant avec affection. Oui...elle ferait tout pour qu’il ne leur arrive rien. Elle s’apprêtait à leur proposer de monter pour se préparer, quand la voix du garçon se fit entendre :

"Et tu sais, même si tu es pas une vraie nounou, on t'aime quand même."

La remarque la déstabilisa un court instant. Une expression surprise se peignit sur son visage, rapidement remplacée par un sourire amusé. Jouait-elle donc si mal son rôle ?

"Pas une vraie nourrice hmm ? Mais qu’est ce qui te fait dire ça ?"

[Althéa]

"Michael, tu n'aurais pas dû dire ça. Elle va être triste ..."

Jeanne tordait ses mains, visiblement gêné. Michael fit à Oriane un petit sourire complice.

"Tu sais, avant que nous partions, notre nounou a dit qu'elle était malade et qu'elle devait rester chez sa maman plutôt que de venir avec nous. Mais moi, je suis allé la voir et elle allait bien. Et là, elle m'a dit qu'il allait y avoir quelqu'un d'autre qui allait nous protéger. Je l'ai dit à Jeanne et on a fait semblant de croire pour ne pas inquiéter les parents"