[Bâtiment] Taverne du chat-pitre

[Lothringen]

Malgré le caractère temporaire du festival, la taverne a été construite en dur, et une toile beige est prête à recouvrir la treille qui surplombe les clients, en cas d'orage. Suivant la tradition des tables d'hôte, elle propose de longues tables de bois rectangulaires pour six ou huit personnes, flanquées de deux bancs latéraux.

[LEFT]A l'entrée de la taverne, le visiteur se voir importuner par un chat qui parle et fait des cabrioles, non loin de son maître qui le surveille en commentant le menu ou décrivant les numéros au programme de la soirée, pour les curieux. Avec un peu d'attention, le visiteur finit par comprendre que ce n'est pas le chat qui parle, mais son maître qui est ventriloque, ce qui ne diminue en rien la chaleur de l'accueil.

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[LEFT]"Damoiselles, damoiseaux ! Emotion ! Liesse ! Bombance ! Bienvenue à la taverne du chat qui parle et qui vous casse les oreilles ! Youh ! ..."

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[LEFT]Un saut périlleux arrière plus tard (avec un coup de patte de secours contre le mur de la taverne, tout de même) le chat reprend :

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[LEFT]"Ici vous pouvez vous contenter de boire dans un coin, et on vous accueille quand même! Si vous vous pensez astucieux, vous pouvez essayer de coincer l'assistance avec une énigme, et si personne ne trouve, vous remporterez une chopine gratuite au contenu de votre choix !"

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[LEFT]La diatribe continue, et l'on apprend aussi qu'un ménestrel de talent vient jouer de la harpe à intervalles réguliers dans la soirée. Il est de tradition de laisser les bardes de passage monter sur scène quand bon leur semble (les organisateurs ont tout de même prévu un service d'ordre pour l'évacuation des poivrots trop expansifs.)[/LEFT]

HRP: Plusieurs services disponibles donc:

- Consommation de boissons, repas... il suffit de passer commande;
- Si vous voulez faire des économies, essayez de "coincer" l'assistance avec une énigme. Faute de réponse valide d'un joueur dans un délai raisonnable (laissez aux autres le temps de chercher tout de même), le tavernier (moi en l'occurrence) viendra vous offrir la boisson ;
- Si vous êtes barde ou vous en sentez la fibre, vous pouvez monter sur scène et improviser un spectacle... de qualité o

Si vous voulez entamer des conversations longues, mieux vaudra migrer vers des topics plus "tranquilles" (Bordécume, les feux sur les falaises...), afin de ne pas gêner les autres joueurs.

[Taliesin]

Sitôt après avoir entendu le message abracadabrant de Mornagest, Taliesin et Victor gagnèrent la taverne. Là, l'elfe observa la clientèle déjà nombreuse, hésita un instant puis lança d'une voix forte.
-Mesdames, messieurs ! Pour fêter sa demande en mariage, le conseiller Mornagest offre une tournée générale ! Que chacun boive à sa santé dans la joie et l'allégresse !
Décontenancés, les serveurs s'entreregardèrent mais, face à la jubilation et à l'empressement provoqués par l'annonce, ils se mirent à servir tous et chacun. Taliesin se joignit à la fête et se fit offrir une bière. Et, pour Victor...
-Du lait ? J'en ai marre du lait ! J'suis plus un bébé !
-Tu veux un jus de fruits, alors ?
-Non, je suis pas un elfe non plus ! Je veux de la bière !
-Victor...
-Allez, c'est les vacances, quoi !
Taliesin sourit et poussa sa pinte vers le gamin.
-Goûte.
Victor écarquilla les yeux.
-Je peux ? Vraiment ?
-Oui, vraiment.
Un sourire lumineux s'épanouit sur le visage du petit garçon qui, des deux mains, s'empara de la pinte et s'envoya une formidable lampée, dont une bonne partie dégoulina sur son menton et le col de sa chemise.
A peine eut-il déglutit que son expression changea du tout au tout.
-Alors ? s'enquit le barde.
Le teint rouge, les yeux plissés, les traits grimaçants, Victor secoua la tête.
-C'est... C'est... C'est dégueulasse !
Taliesin éclata de rire.
-Alors, je te commande une pinte ?
-Nooon ! Je veux plus rien boire ça ! Jamais !
L'elfe récupéra sa bière, la termina rapidement puis se leva.
-Allez, viens. Faut pas qu'on traîne ici. Si Mornagest débarque, on est mal. : tous les participants du Festival ont l'air d'avoir entendu l'annonce de de la tournée qu'il offrait...
Et les deux compères de se carapater sans demander leur reste.

Et ils fuirent par là.

[Taliesin]

Taliesin et Victor refirent leur apparition à la taverne peu de temps après qu'un Kasumi encore trempé s'y fût installé pour boire une bière. L'enfant, lavé, habillé, peigné, ne présentait plus rien en commun avec le Viquetaure des Moulins qui avait semé terreur et désolation au sein du festival. Il offrait cependant aux regards une mine taciturne, à l'image de celle du barde. Les horreurs débitées par Kasumi à l'encontre du petit garçon avaient fait leur effet : outre de le blesser profondément, elles l'avaient poussé à se réconcilier avec son tuteur afin qu'ils forment un front commun contre la vilénie du demi-elfe.
Ils échangèrent un regard. Taliesin acquiesça et, d'un pas rapide, se rapprocha de la table de Kasumi à la figure duquel il jeta son gant.
-Je vous défie, vil faquin ! cracha-t-il. Votre langue vipérine à meurtri mon garçon jusque dans son âme, et il est de mon devoir de venger cet affront ! Retrouvez-moi dans une heure sur le. Nous nous y battrons usqu'à ce que mort s'ensuive ! Et vous mordrez la poussière, comme de juste !
Sur un regard dédaigneux, il tourna les talons et rejoignit Victor Un instant plus tard, ils étaient partis..

[Manfred]

Un bruit d’aile, un croisement affreux, voilà Bataki à l’intérieur de l’auberge. Telle une flèche noire, il traversa la pièce en un instant et effectua un atterrissage si brusque et net sur le comptoir, juste devant l’aubergiste, qu’on aurait put croire que l’inévitable dérapage inhérent à la vitesse avait été gommé. Le volatil resta planté là, parfaitement immobile, dans une posture digne, en attendant sans doute qu’on lui adresse la parole. Au début, il n’attira à lui que des regards intrigués. Pourquoi diable ce corbeau portait-il des moustaches en papier crépons, des lunettes jaunes fluo et un bonnet à pompon rouge et blanc ? Bataki, lassé d’attendre après quatre secondes d’immobilité, réclama une pinte de bière tout en crachant plusieurs pièces d’or. L’aubergiste la lui servit et il y plongea alors la tête. On entendit alors des glouglous. Le pauvre animal était-il entrain de se noyer ? Non, il buvait et cul sec. Il releva la tête et demanda une seconde pinte qui subit le même sort, tout comme la troisième et la quatrième. A présent, le corbeau semblait avoir doublé de volume et le glouglou se produisait à l’intérieur de son ventre au moindre mouvement. A la dernière pinte, il releva la tête. Sa moustache était tombée, ses lunettes étaient de travers et l’avant du bonnet était imbibé de bière. Ses yeux se mirent à rouler dans leur orbite puis, tout d’un coup, il s’immobilisèrent en faisant un bruit de caisse enregistreuse. Inutile de préciser que le volatil était devenu le centre d’intérêt de la clientèle de l’établissement.
-Qu’est-ce que vous regardez comme ça ? Hic ! Hihi… Hic !
Bataki regarda autour de lui. On ne parlait plus, on chuchotait à peine.
-Vous savez pas ce que c’est d’être un familier rejeté par son maître ! Hic ! Je veux oublier ! Hic… alors je vais… hic ! DANSER !!!
Aussitôt dit, aussitôt fait. Bataki commença à se dandiner en poussant des croisements étranges provoquant quelques rires puis, tout d’un coup, comme par magie, comme si le dieu de la danse ne supportait pas cela et avait décidé d’intervenir, l’oiseau entama un numéro de claquettes époustouflant. Il se déplaçait légèrement sur le comptoir, les ailes brandi et en tournant lentement sur lui-même tout en frappant le bois de ses pieds selon un rythme effréné et entraînant. Le comptoir devint une caisse de résonance, amplifient encore l’effet. Comment y résister ? Il aurait fallut être sourd ou paralytique. La subjugation gagna les clients puis, ceux-ci se mirent à frapper des mains en suivant le rythme enchanteur. C’est alors que la chanson arriva, tout aussi irrésistible.
-Hic ! Hic ! Hic ! Hic ! Hachichoc ! Hochichac ! Hic ! Hic ! Hic ! Hic ! Hachichoc ! Hochichac !
Une clameur rythmique diabolique se mit à faire vibrer les murs alors que les clients se mettaient à chanter à l’unisson et à danser sur les bancs et les tables. Ce n’était plus une auberge, c’était le nirvana du rythme ! La quintessence ultime de la dense divine ! Même le chat trop bavard s’y était mit et il n’avait plus besoin de son mettre pour dire :
-Hic ! Hic ! Hic ! Hic ! Hachichoc ! Hochichac ! Hic ! Hic ! Hic ! Hic ! Hachichoc ! Hochichac !

[Voyageuse]

Astrée entra discrètement dans la taverne. Le spectacle qui s'offrit à ses yeux - une espèce de corbeau dansant un numéro de claquettes - la confirma dans son hypothèse : oui, tout cela n'était qu'un rêve et elle allait sûrement bientôt se réveiller...

Le monde entier semblait devenu fou, les clients dansaient, le chat dansait, le corbeau dansait... Tant et si bien que, prise de tournis, elle s'affala sur une chaise...

Elle fouilla dans ses poches, espérant y trouver une petite piécette... Elle se sentait soudain assoiffée. Et s'aperçut avec stupeur que ses pieds s'étaient mis à battre la mesure, eux aussi. Comme ensorcelés...
Ouf... Une petite pièce d'or dans la poche. Elle héla d'un geste un jeune garçon qui ressemblait à un serveur.
"Auriez-vous un verre de lait, s'il vous plaît?"

[Lothringen]

Le jeune homme se retourna sur une demi-volte mal ajustée qui révélait un trop grand usage des consommations qu'il servait. C'était un humain aux cheveux déteints au henné, à peine adulte, aurait-on dit. Sûrement un travail d'appoint, pour la saison chaude.

"Hé hé... Du lait ?! Mais quel gâchis, alors qu'il commence juste à y avoir un peu d'ambiance. Chaud, froid ? Vous souhaiterez peut-être le couper, de crainte que votre estomac n'en soit agressé ?"

Il sourit à la grimace qui lui tint lieu de réponse.

"Je plaisante, je plaisante, vous aurez votre verre de lait, madame. C'est juste qu'ici et maintenant, c'est presque une insulte... En plus, le chancelier Mornagest paie la tournée pour tout le monde, vous l'aurez pour rien !"

Sur une révérence déséquilibrée qui manqua de peu le flanquer par terre, il retourna au comptoir transmettre l'improbable commande, qu'il ramena assez rapidement. Depuis ledit comptoir, le tavernier dévisageait sa cliente d'un air particulièrement gai.

[Voyageuse]

Ben quoi... On n'a plus le droit de se saoûler au lait? Vu la quantité de bière que j'ai ingurgitée plus tôt dans la soirée, de toute façon, je n'ai guère le choix...
Elle adressa un petit sourire au tavernier qui l'observait, amusé. Se demanda un instant si c'était bien du lait qu'il lui avait servi, vu son air hilare...

Fermant les yeux, elle se laissa aller à apprécier la quiétude de l'instant. Plus tard, elle irait faire un tour voir ce qui se tramait sous les tentes alentours. Plus tard... Pour l'instant, elle avait tellement sommeil que ses yeux peinaient à rester ouverts. Elle les ferma, juste un instant...Et se plongea dans la dégustation de son verre, buvant à petites lampées le délicieux breuvage... Offert par Mornagest. Le chancelier de Mélandis. Lui ici? Non, elle avait sans doute mal compris.

HRP : je suis absente 4j, donc je rajoute un épisode - pas la peine de venir m'embêter avant un moment

Elle réprima un bâillement. Ferma les yeux, juste quelques secondes... et s'endormit sur son banc, bien calée contre le mur.

[Kasumi]

Le rôdeur réussit à entraîner de mauvaise grâce ses deux anciens adversaires de l’arène. Il n’avait pas tenu compte de la force particulière du vent si près de l’océan ce qui s’avérait être une erreur de débutant qui lui valait force gratouillement à des endroits pas très convenables. Avisant que Taliesin et Victor n’avaient pas été épargnés par le sort, il y vit un signe du destin visant à leur offrir une chance de réconciliation. Comme il détenait la solution à leurs petits tracas du moment, Kasumi espérait regagner leur estime et leur amitié. Pour sa part, il jugeait les torts qu’il nourrissait contre eux comme redressés.

Aucun mot ne s’échangea toutefois entre les deux groupes bien distincts. Le demi-elfe soupira de soulagement en voyant ses compatriotes le suivre dans la salle commune de la taverne. Il se dirigea résolument vers le comptoir et montra au tavernier un étrange bracelet comportant l’inscription magique « Open Bar », un colifichet offert en même temps que le séjour aux Olympiades. Le rôdeur chercha à en tester le pouvoir en s’adressant au tavernier :

- Je voudrais un tonneau de bière et un tonnelet de lait.

[Taliesin]

Le tavernier haussa les sourcils. Il avait entendu parler de ce genre d'objets. Les naïfs croyaient qu'ils avaient la propriété magique de leur ouvrir toutes grandes les portes des réserves alcoolisées des débits de boisson. Fadaises ! Mais puisque son "client" avait l'air de faire partie de ces bienheureux crédules, il n'allait pas laisser passer l'occasion. Il avait moult tonneaux de bière périmée depuis vingt ans qu'il comptait servir aux petites heures, alors que les soiffards étaient trop ivres pour faire la différence entre un grand cru et une piquette infâme. Quant au lait... le dernier orage avait fait tourner une partie de son stock. Ladite boisson puait et était plutôt grumeleuse, mais sans doute ces rustres ne feraient-ils pas la différence. Il manda donc l'un de ses serveurs et alla chercher la commande qu'il remit aux trio avec un sourire jusqu'aux oreilles, avant de leur faire remarquer que la salle était comble et qu'il vaudrait mieux aller consommer ça ailleurs. S'ils succombaient à l'ingurgitation de ces liquides fétides, leur trépas ne ferait pas bonne impression sur le reste de la clientèle...

[Kasumi]

Kasumi se frotta les mains en voyant les tonneaux qu’on leur amenait. Afin de devancer les reproches et remarques désobligeantes sur la dépendance des rôdeurs à l’alcool, le rôdeur tenta de rassurer Taliesin sur ses intentions :

- Un remède consisterait à ses saouler pour laisser les démangeaisons s’atténuer d’elles-mêmes mais je crois préférable de procéder autrement surtout en ce qui concerne Victor. Un bain de lait est tout aussi efficace de même qu’un bain de bière dans notre cas ! Cela rend la peau douce et ambrée et nous soulagera des herbes de gratte-ciel. Outre leurs effets qui sont maintenant évident pour vous, c’est une herbe particulièrement recherchée par les hommes d’un certain âge : il paraît qu’elle redonne du tonus une fois appliquée comme il faut. Mais ce serait très irritant à la longue.

Le rôdeur roula devant lui le tonneau de bière et l’amena jusque dans la cour où des chevaux s’abreuvaient placidement.

- Cet abreuvoir fera office de baignoire ! Je n’ai pas envie de rouler ce tonneau dans toute la ville.

[Taliesin]

Taliesin ouvrit des yeux comme des soucoupes à la mention des propriétés étranges de ladite herbe. Qu'avait réellement eu le rôdeur en la répandant ainsi ? Quel dessin étrange cachait-il dans son esprit retors ? Serait-il plus vieux qu'il n'en avait l'air ? Autant de questions sans réponses...
Quant à Victor, qui n'avait pas saisi, il lorgnait juste les tonneaux tout en se grattant avec acharnement.
-Bon, au lieu de parler, versez ça d'dans la mangeoire ! J'en peux plus ! hoqueta-t-il.
L'elfe acquiesça. Si on pouvait en finir avec ce supplice, il signait, quel que soit le procédé. Quels que soient les objectifs réels de Kasumi. Après tout, il se sentait de taille à se défendre, si le rôdeur se jetait à nouveau sur lui pour le prendre dans ses bras un peu plus tôt dans la journée, alors que lui-même poursuivait le Viquetaure des Moulins. D'autant que le rôdeur ne pourrait plus user de l'artifice qui l'avait vaincu aux lices : son apparence était ruinée, son amour propre détruit. IL ne pourrait plus jouer sur cette corde !

[Kasumi]

Le rôdeur versa le tonnelet de lait caillé qui glouglouta en émettant une odeur piquante. Lorsqu’il eut terminé, l’abreuvoir en forme de demi-tronc de bois était rempli sur une hauteur de quelques centimètres. Le gamin avait le choix entre appliquer le baume sur sa peau où se rouler au fond du récipient qui faisait approximativement sa taille.

- Laissons d’abord Victor se soulager s’il promet de ne pas souiller la baignoire bien sûr ! Taliesin, pendant ce temps, nous pouvons déjà tremper nos bras et laver nos visages dans les tonneaux de bière.

Le rôdeur déboutonnait déjà sa chemise pour gagner du temps. Il avait grande envie de se plonger au fond du baril pour ses soulager de ses démangeaisons.

[Taliesin]

Victor lorgna le contenu infâme de la baignoire et fit une grimace des plus explicites. Il se tourna vers les deux autres, observa le tonneau, puis ouvrit la bouche. kasumi s'attendit à des protestations véhémentes. Ce fut bien le cas. Mais pas sur le thème qu'il avait imaginé.
-Pourquoi moi j'ai pas droit à la bière ? J'ai le même problème que vous ! Pourquoi j'ai pas le même remède ? Je suis sûr que le lait est moins efficace que la bière, que Kasumi veut me jouer un mauvais tour ! Alors je prends la bière aussi ! Et sinon, je souille la mangeoire !
Il croisa les bras, oubliant un instant ses démangeaisons, puis ajouta, d'un ton plus conciliant.
-P't'être que si on mélange les deux, ça sera encore plus bien pour ce qu'on a !

[Kasumi]

Kasumi haussa les épaules et grommela en réponse aux accusations de Victor. Il renversa cependant le tonneau de bière dans l’abreuvoir créant un mélange fétide et infâme. La mousse de la bière rance se mêlait aux morceaux de lait caillés qui surnageaient. Lorsqu’il aut versé tout le contenu du tonnelet, l’abreuvoir était rempli à ras bord et la mousse débordait des deux côtés. Le rôdeur crut bon de ses justifier auprès de l’ingrat petit garçon alors même qu’il trempait une main inquisitrice dans le « liquide » salvateur :

- C’était pour te préserver d’une nouvelle séparation d’avec tes parents : si les services sociaux tombent sur nous alors que tu quittes une taverne en puant la bière, ils vont probablement t’enlever pour négligence et te placer dans un foyer et essayer de te trouver une autre famille d’accueil.

[Taliesin]

Le môme en demeura un instant bouche-bée, et Kasumi crut bien qu'il allait se mettre à pleurer. Il n'en fit rien, cependant, et tira crânement la langue au rôdeur.
-Bah, tant qu'ils me refilent pas à vous, ça devrait aller. De toute façon, je leur dirait que vous m'avez battu. Et pis s'ils me mettent quand même dans une autre famille, Taliesin viendra me chercher et la tuera toute entière, na !
Il sourit, mauvais.
-En fait, je crois bien que je dirai aux services sociaux de me placer chez vous !
Puis le petit garçon tourna le dos au rôdeur, retira tous ses vêtements sans prêter la moindre attention au demi-elfe, les balançant le plus loin possible de lui - Kasumi écopa d'une chaussette douteuse dans la figure -, après quoi, sur un dernier regard au liquide nauséabond, il plongea tête la première dans la mangeoire. Il y barbota un long moment, manifestement heureux : ses démangeaisons avaient cessé ! Enfin, tout ruisselant, il sortit de la baignoire improvisée.
Kasumi le trouva changé : d'abord, il avait l'air parfaitement propre, cheveux y compris. Pas de trace de mousse ou de lait caillé. Et puis... Et puis... Il avait l'air plus lumineux. Plus beau. Comme s'il avait tout à coup hérité de la grâce elfique de son tuteur.

[Kasumi]

Le rôdeur fut estomaqué par les répliques acerbes et la chaussette crottée du petit morveux à son encontre. Il n’avait eu en tête que de le protéger comme lors du sinistre épisode de l’occupation Luménienne qui avait rendu le jeune garçon orphelin. Il avait gardé de cette époque l’image d’un gentil garçon très courageux. Visiblement, la compagnie du barde avait réussi à corrompre ces bonnes dispositions. Le demi-elfe s’apprêtait donc à tancer le sale garnement en lui signalant qu’il n’avait nulle intention de s’encombrer d’un boulet incapable de contrôler sa vessie lorsqu’il le vit ressortir du bain. Il rata son jet de sauvegarde contre les charmes ce qui ne fut pas sans conséquences : il retint son souffle et ravala ses critiques devant la pureté de la beauté de l’être qui se tenait devant lui, digne malgré son corps nu, attirant malgré sa petite taille. Le rôdeur se sentit soudain maladroit et repoussant et n’osa prendre la parole alors que ses yeux se fixaient sans contrôle sur la figure quais divine qui lui faisait l’honneur de sa présence. Bien vite, Kasumi se retrouva un genou en terre, oublieux de ses mesquines démangeaisons pour s’absorber complètement dans la glorification de Victor. Il espérait que celui-ci le gratifierait de son attention et lui donnerait un ordre...

[Taliesin]

Victor adressa un regard éberlué à Taliesin. Lequel avait noté le changement qu'il évaluait à un gain d'au moins dix points dans la compétence charisme. Et auquel in n'était pas insensible : il se sentit étonamment fier d'être le tuteur du môme. Il oublia instantanément les mauvais tours qu'il avait pu lui jouer et songea qu'il pourait désormais songer sérieusement à le faire monter avec lui sur scène : charismatique comme il était devenu, il ne dépareillerait pas et pourrait même chanter mal que les spectateurs n'en seraient pas moins conquis ! Enfin, si les effets du mystérieux liquide s'avéraient permanents...
Le liquide, d'ailleurs... Il avait changé de teinte, devenant aussi clair et transparent que la plus pure des eaux de sources. Et il exhalait un doux parfum fruité, entêtant... Peut-être ce changement avait-il été provoqué par les grains de poudre maléfique qu'y avait laissé Victor ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, l'elfe avait rudement envie de se baigner, tout à coup ! Oubliant le petit garçon aussi rayonnant qu'un astre tombé du ciel et le rôdeur envoûté, il entra dans l'onde et s'y abandonna avec délices. Ces démangeaisons cessèrent presque aussitôt, et un sourire béat naquit sur ses traits.
Quant à Victor, n'ayant obtenu aucune réponse, il reporta son attention sur Kasumi. Un instant, sa vue se brouilla. Il se retrouva au milieu d'une étendue de sable écrasée de soleil. Et, derrière le rôdeur, une étrange machine gisait au sol...
-S'il te plait, dessine-moi un mouton... lâcha-t-il sans vraiment s'en rendre compte et avant que le paysage ne redevienne ce qu'il devait être : l'arrière de l'auberge.

[Kasumi]

Le rôdeur s’empressa de tenter tout son possible pour satisfaire le désir de Victor. Malheureusement, il ne disposait ni d’encre ni de papier et le sol boueux de la cour de la taverne était bien trop frustre pour y réaliser une œuvre digne du garçon. Il fouilla son sac à la quelques minutes à peine, il tendit sa réalisation au jeune homme avec révérence tandis que Taliesin se vautrait dans l’abreuvoir en chantonnant.

Le résultat que tenait le demi-elfe entre ses mains ne ressemblait guère à un mouton. On aurait plutôt pensé à un serpent difforme. Kasumi s’excusa auprès de Victor lorsqu’il s’en rendit compte :

- Le mouton est à l’intérieur, mon Petit Prince.

[Taliesin]

Victor observa le dessin, perplexe, se demandant s'il y avait un symbolisme quelconque là dedans, mais il dût admettre que le serpent était représenté avec précision, contrairement à ce qu'avait cru le rôdeur. Et qu'on distinguait parfaitement la forme du mouton, à l'intérieur.
-Heu... Merci... fit-il.
Il cherchait quelque chose à ajouter lorsqu'un bruit d'éclaboussures le fit se retourner. Taliesin sortait enfin de la mangeoire. L'elfe s'ébroua, étira sa carcasse musculeuse, puis lissa sa barbe touffue.
-A votre tour, Kasumi, cette mixture est rudement eff...
Il s'interrompit. Quelque chose lui paraissait bizarre, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Pourtant, les deux autres le regardaient avec une vive stupéfaction.
Il fut prit d'un doute subite et relu les lignes qui avaient précédé sa déclaration.
Une "carcasse musculeuse" ?? Une "barbe touffue" ???
Taliesin baissa les yeux et dut se rendre à l'évidence. Une barbe blonde et soyeuse lui descendait jusqu'au milieu d'un torse également velu. Et gonflé de muscles saillants. Comme l'étaient ses bras, ses jambes...
Il venait de gagner 10 points de virilité*.
Se tournant vers la mangeoire, il constata que le liquide avait prit une teinte vert sombre et qu'il fleurait bon les aiguilles de pins, comme une grande et profonde forêt du Nord lointain..
Et tout à coup, il se dit que s'il avait eu une hache et une chemise à carreaux, il serait parti couper du bois en sifflotant.
Faisant à nouveau face à Kasumi, il ne put s'empêcher de se demander quels imprévisibles effets auraient sur lui le bain merveilleux.

*Caractéristique intervenue dans la huit cent-soixante-quinzième version de D&D

[Kasumi]

Le rôdeur était aux anges : Victor avait accepté son cadeau aussi modeste fut-il. Ce petit était un modèle de générosité et de droiture visiblement. Il ne pouvait se tenir plus longtemps devant lui avec des vêtements dans un état douteux après les multiples péripéties de sa première journée aux olympiades. Il n’adressa qu’un regard désintéressé à Taliesin. En présence de Victor, l’elfe faisait pâle figure même à présent qu’il était débarrassé des fientes de mouettes et de l’herbe à gratter.

Kasumi ressentit immédiatement un grand soulagement en pénétrant à son tour dans le liquide verdâtre. Il poussa un soupir d’aise alors que la mixture guérissait la gêne dont il n’avait même plus conscience depuis la révélation de sentit le poids des ans couler hors de sa carcasse et la vitalité d’une jeunesse retrouvée faire pulser ses artères.

Du reste, lorsque Kasumi ressortit du bain, il avait l’apparence d’un jeune demi-elfe d’un âge équivalent à celui de Victor. Le liquide nourricier venait de lui faire gagner provisoirement 15 ans d’espérance de vie en le ramenant à la prime adolescence.

[Taliesin]

-Ah, t'as l'air plus sympa comme ça ! s'exclama Victor en remarquant la transformation du rôdeur.
Taliesin, pour sa part, grommela quelque chose dans sa barbe - et en l'occurence, ce n'était pas une expression. Le liquide de la mangeoire avait pris une teinte dorée et exhalait un parfum de pâtisserie au miel, du genre de celles dont raffolent les enfants. L'elfe fut tenté d'y précipiter Kasumi afin, qui sait, d'enrayer les effets de rajeunissement qu'il avait subi. Non, arce que franchement, s'occuper d'un môme, c'était déjà pas simple, mais alors de deux,.. ça risquait fort de tourner au suplice !
Mais il renonça à son projet. Avoir l'apparence d'un enfant ne signifiait pas forcément être un enfant et, de ce fait, il ne serait pas oblitgé de s'occuper de Kasumi qui pourrait aller vaquer de son côté. De plus, vu l'inversion du rapport de force entre eux deux, il serait certain de gagner leur prochain duel, s'ils venaient à se défier à nouveau.
Non, en fait, tout était pour le mieux, songea-t-il.

[Kasumi]

Mais les effets alchimiques du bain ne s’arrêtaient pas aux illusions et le rôdeur, bien qu’il gardât des souvenirs de son ancienne vie se sentait également tiraillé par l’adolescent en lui, un demi-elfe n’ayant pas achevé sa puberté. Il s’empressa de doucher le soudain élan d’optimisme du barde en le tirant par la manche et en s’adressant à lui d’une voix enfantine :

- Victor et moi avons faim ! Offre-nous des friandises, j’ai vu une boutique où ils en vendaient tout à l’heure ! Tu viens Victor, Talie va nous offrir des bonbons !

[Taliesin]

Taliesin eut une brusque envie de courir vite, très vite, loin, très loin, de trouver une falaise surplombant des rochers acérés, et de s'élancer pour un dernier vol plané jubilatoire s'achevant dans une explosion aussi macabre que libératrice. Une autre partie de lui même rêva de se procurer un poignard, d'ouvrir le ventre de l'insupportable demi portion et d'ouvrir un éventaire de vente d'organes. Mais il renonça à ces deux projets pourtant alléchants et se contenta de pousser un profond soupir.
Quant à Victor, il paraissait ravi.
-Oui, chouette, je vote pour ! lança-t-il, aux anges. Hum, par contre.. Si tu promets d'être sage, je peux dire à talie de te prêter mes habits de rechange, parce que là, sinon, heu... Comme t'es plutôt du genre pudibond, ça va pas le faire, je crois.

[Kasumi]

En effet, la chemise bariolée qui s’ajustait plutôt bien sur un rôdeur de taille adulte teniat plus de la toge comique ou du pyjama sur le petit Kasumi sans parler des chausses qu’il ne pouvait remettre sinon en les enserrant autour de sa poitrine à l’instar d’un chasseur de sanglier de bande dessinée. Le gamin sourit à son camarade et lui murmura à l’oreille assez fort pour que l’elfe surprenne ses paroles :

- Taliesin pourrait me prêter ses affaires si tu veux garder les tiennes ! Vu son aspect actuel, ses vêtements d’elfe maigrichon ne doivent plus lui aller non plus. Viens, allons fouiller son sac, je suis sur qu’il y cache plein de trucs d’adultes qu’il ne voudrait pas qu’on découvre !

[Taliesin]

-Rêve, morveux ! s'emporta Taliesin. Je crois que je vais te ligoter et te vendre comme esclave au premier mélandien venu ! Non mais, je vous jure, ces jeunes, de nos jours, aucun respect pour leurs aînés ! Mais je vais pas me laisser faire, ah, ça non ! Parole de bûcheron !
Il fit un pas en direction du rôdeur miniature, mais à cet instant, un appel tonitruant ébranla jusqu'aux fondements du monde.

"Convocation immédiate des candidats inscrits à la course d'orientation ! Rejoignez-vous devant les tréteaux, le départ est imminent !"

Taliesin s'immobilisa, puis sourit. Ah, voilà qui tombait à pic ! Une superbe occasion de se débarrasser de Kasumi qui, avec un peu de chance, n'était pas inscrit à la course !
-Bon, désolé, morveux, mais Victor et moi, on a affaire. Va donc jouer au bord de la falaise, paraît que c'est rigolo.

[Kasumi]

Le gamin adressa un sourire triomphant à l’adresse de Taliesin. Ainsi donc Victor et son père adoptifs étaient inscrits eux aussi à la course d’orientation. Participer à ce concours serait une occasion mémorable de faire bisquer le tuteur de son ami ! Il tira la langue au vilain barde et vint se placer à côté de Victor.

- Enfin une attraction qui en vaut la peine ! Talie doit être redoutable dans ce genre de jeux : il est évident qu’il est plus doué pour courir que pour se battre dans une arène !

Kasumi faussa compagnie au barde en colère et salua Victor puis il courut en direction des tréteaux qui marquaient le point de rassemblement. Il avait un petit détail à régler avant de pouvoir participer à la course d’orientation.

[Taliesin]

Taliesin s'assit sur le sol et se mit à pleurer, ses sanglots monumentaux secouant ses larges épaules. Victor l'observa, décontenancé : il n'avait jamais vu l'elfe pleurer. Et l'effet était encore plus saisissant lorsqu'on tenait compte de son apparence bûcheronnesque.
-Allez, pleure pas, tu vas très bien t'en sortir ! fit-il en se penchant vers son tuteur pour lui toucher le bras. Kasumi peut pas être pire que moi ! Pis maintenant que je vais avoir un copain, tu auras moins à t'occuper de moi !
Taliesin renifla, se moucha dans la manche de sa chemise à carreaux - il en avait trouvé une juste à côté de son sac, comme tombée du ciel - puis se releva et, sans rien dire, lui adressa un sourire vaillant. On ne pouvait rien faire d'autre que sourire à Victor, incarnation humaine de l'astre diurne. Enfin, il récupéra son sac, sa hache - autre découverte imprévue - et prit la direction du départ de la course, le gamin sur les talons.

[Thémis]

Thémis, qui venait du port, entra dans la taverne bondé. A l’intérieur, une musique entrainante était jouée par un barde chauve. La jeune femme put observer aussi un corbeau danser des claquettes sur une table, non loin de là, un chat faisait des cabrioles. Les clients, aux, étaient occuper à vider leur chope. Dans la mêlé elle entendit quelqu’un lui crier :

- Et vous, la nouvelle arrivante ! Dépêchez vous de commender une chope ! C’est le conseiller Mornagest qui régale !

La bretteuse ne se fit pas prier et se joignit aux personnes. Elle interpella un serveur et demanda d’une voix pâteuse :

- Alors pour moi ça sera un petit verre de vin et… une bouteille de Badoit s’il vous plait.

Pendant qu’elle attendait que sa commande arrive, elle entamma avec ses compagnons de table une chanson…

"Y a d'la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y a d'la joie dans le ciel par dessus le toit
Y a d'la joie et du soleil dans les ruelles
Y a d'la joie partout y a d'la joie"

Aller touuus en coeur !!! :russian:

[Voyageuse]

A l'intérieur de la taverne, Astrée dormait toujours...
Elle n'avait pas entendu l'appel des candidats à la course d'orientation, pas entendu la taverne se vider d'un coup d'une partie de ses clients, désireux d'assister au spectacle, pas entendu la chanson de Thémis reprise en chœur pas l'assistance, et n'entendait pas non plus le serveur qui essayait de la réveiller en douceur.

Le tavernier fut plus brutal que son serveur, et lui secoua durement l'épaule, la faisant presque tomber du banc :
"Z'avez pas entendu ? Ils appellent les candidats à la course d'orientation ! Ça vous concerne ou pas?"
"Ah... Heu... Oui, je crois."
Elle se souvenait vaguement avoir signé un formulaire un peu louche...
"Vous êtes en retard, alors!"
Elle sursauta à ces mots. Dévisagea le tavernier. Et bondit soudain de son banc, se ruant vers la sortie, craignant d'avoir loupé le début. Le début de quoi, d'ailleurs? Oh, et puis, quelle importance... Le début, quoi!

[Althéa]

Pour se remettre de ses émotions, de ses illusions perdues et de tout ce qu'on pouvait perdre comme santé mentale en croisant la route de Jeremy Merchandson, Althéa était allée s'asseoir dans un coin de la taverne. Leodacya, qu'elle avait débarrassée de son harnais observait d'un oeil critique (du moins, faisait semblant) tout ce qui l'entourait. Une main sous le menton, la seconde montrant tout et son contraire, elle hochait la tête d'un air entendu. Ce sérieux précoce chez sa fille effrayait Althéa aussi bien que la faculté de la petite à attirer tous les animaux errants du périmètre où elle se trouvait. Il y avait aussi les portes et les fenêtres qu'elle arrivait parfois à ouvrir ou fermer aléatoirement, surtout quand elle était prise de hoquet. Rien de très rassurant et elle se sentait plutôt démunie. Perdue dans ses pensées, elle remarqua à peine une jeune femme étrange qui venait de s'asseoir en face d'elle. Une jeune femme à la peau diaphane, aux gigantesques yeux noirs et aux cheveux emmêlés d'à peu près la même couleur. Ladite étrange personne se pencha vers elle, et pour essayer d'attirer son attention lui adressa un sémillant :

"Pssss"

Ce à quoi, perdue dans ses pensées, elle répondit naturellement.


"Au fond du couloir à gauche"

Quand elle releva la tête, l'apparition avait disparu.

"Bizarre"