[Lieu] Le port d'Anarelis

[Philippin]

Sans même prendre le temps de réfléchir, Noum'nin leva sa main armée sous la gorge de l'homme tandis que les derniers vestiges d'invisibilité se dissipaient rapidement.
Jetant des coups d'œil à la volée; il jeta aux personnes présentes tout en resserrant sa dague sous le menton de l'homme:

-Cet homme doit de l'argent à mon maître; pas de quoi s'affoler, pas de quoi lui ouvrir une nouvelle bouche à moins que quelqu'un m'y force.
Mes camarades ont de petites surprises braquées sur vous.
Bien sûr, je ne vous dit pas où ils sont, où serait donc l'intérêt sinon...

Et il s'efforça de se composer un sourire cruel et détendu. S'il n'y réussit pas totalement, il élabora néanmoins une grimace approximative.

Chuchotant alors à l'oreille de l'homme;

-Sois gentil mon p'tit gars. Si tu me suis bien gentiment, tu reviendras finr ta partie et alourdit de quelque pièces d'or qui sait...
On aurait préféré ne pas faire de grabuge, alors ne nous force pas à repeindre le plancher, il me paraît suffisamment douteux sans y rajouter tes tripes.

Tout en chuchotant, Noum'nin continua en improvisant au fur et à mesure;

-Je vais te relâcher et t'attendre dehors.
Oui, tu as très bien entendu, je vais dehors et tu vas m'y suivre. Auparavant, puisque nous en sommes aux chuchotements et confidences; tu vas regarder dans le fond de ton verre. Il y normalement un drôle de dépôt, comme des cristaux. C'est une promesse, un petit tête à tête avec mon maître,...
Ne t'inquiète pas, tu ne ressentiras les enffets que dans une demi heure, juste le temps qu'il faut pour que tu réponde à quelques questions...

D'un coup, Noumn'in avait retiré sa dague.
Il repartit ensuite et faisant des clins d'oeils aux coins vides tout en se retirant et demandant aux quelques poivrots présents de l'excuser.
Il rejoint ensuite la sortie en s'efforcant de ne pas trembler ou courir à toute jambe.
Il espérait avoir suffisamment intimidé et l'homme et la salle.

[Mornagest]

Le grand homme n'envisageait pas le moins du monde de suivre cette demi... voire même, ce quart de portion au dehors. Il ne s'était jamais laissé intimider par quiconque, ce n'était pas ce nabot armé d'un cure-dents aiguisé qui allait être le premier !

Mais la présence d'une substance douteuse dans son verre changeait complètement la donne... qu'était-ce ? Totalement ignare en matière de poisons, l'homme eut des sueurs froides, tandis que, le teint bistre, il bégueya à ses partenaires de jeu :

"Je-je pense qu-que je dev-vrais y alllller, non ?"

Ils se contentèrent de glousser méchamment, tout en indiquant la porte du menton.

"Tu as trouvé ton maître, femmelette !"

Trop effrayé pour répliquer, l'homme sortit enfin.

[Philippin]

Aussitôt sorti, Noum'nin s'était plaqué au mur s'apprêtant à se cacher dans un coin sombre de toiture lorsque son regard rencontra sylveneissa.
Aussitôt, il lui chuchota;

- Suis nous à distance sans te faire remarquer, j'amène ce larron chez Morcar pour avoir une petite discussion. Surveille la fenetre là au cas où il essaierait de nous fausser compagnie. Si dans 5 minutes, il n'est pas sorti, il faudra réagir rapidement pour ne pas le perdre.

Puis il se jeta rapidement de l'autre côté pour attendre. Adoptant une série de positions qu'il jugeait les plus 'détendues'.

edit;
L'homme sortit juste après, jetant de rapides coups d'œil nerveux autour de lui.
Lui présentant le plus large sourire possible, Noum'nin se mit en marche sans rien dire, suivit de l'homme et -espérait-il - de la lytharii.
Arrivé près des quais, il ordonna à l'homme de rester sur place, lui banda les yeux et lui lia les poignets. (dans un peitte ruelle désaffectée, un petit coin tranquille)
Il courut et alla quérir Morcar et Finrod, espérant que l'homme soit encore sur place, avec Sylveneissa pour le surveiller.

[Mornagest]

Le petit-homme courut le long du quai, mais ne retrouva pas directement Morcar et Finrod ; il pensa fort à propos qu'ils devaient se trouver sur le navire qu'ils convoitaient, en train de marchander âprement avec son capitaine. Il se déplaça aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient, manquant trébucher sur des pavés irréguliers, ou se prendre les pieds dans une corde d'amarrage, mais il arriva... à bon port, grimpant la passerelle quatre à quatre. Essoufflé, il chercha les deux aventuriers des yeux ; nulle trace. Le capitaine se trouvait toujours sur le pont.

"Dans les cales", indiqua-t-il laconiquement. Noumn'nin descendit donc et y trouva ses amis.

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Sylveneïssa restait seule en compagnie d'une espèce de géant sentant fortement la sueur, la peur, la bière et la fumée de tabac. Ajoutées aux relents de poissons et d'eau de mer, ces senteurs n'étaient pas loin de lui donner une belle nausée...

L'homme restait sage, mais cela ne dura guère. Inquiet sur son sort, et constatant que le petit-homme s'absentait apparemment pour un long moment, il se mit à gigoter, puis, aveuglé et réduit à l'impuissance, il paniqua et se mit à courir droit devant lui, sans prendre garde aux obstacles qu'il pourrait rencontrer sur son chemin.

[Finrod Felagund]

Finrod vit Noumn'nin arriver, essoufflé et visiblement pressé.
L'elfe se demanda ce qui s'était passé, et si l'halfelin fuyait un danger.
Il ne voyait pas non plus Sylveneïssa:

- Et bien, que s'est-il passé ? Et où est Sylveneïssa ?

[Philippin]

Peinant à reprendre son souffle l'halfelin résuma qu'il avait pister l'homme et que celui-ci attendait dans une ruelle annexe. Que palgré tout, il valait mieux se presser de peur que celui-ci décide de s'en aller ou encore que son employeur le trouve avant .

- Sylveneissa le surveille; suivez-moi.

Et ils se dépêchèrent de prendre la route inverse.

[Sylveneïssa]

La lythari n'avait guère tardé à rattraper son fuyard aveuglé et à l'étaler sur le sol d'un croc en jambe bien placé. Heureusement qu'elle n'avait pas à se battre : elle non plus ne disposait pas de ses deux bras. Se penchant sur leur prisonnier, elle le retourna sur le dos, tira son épée et lui en chatouilla la gorge du plat de la lame, juste le temps de lui faire bien comprendre que cette dernière était assez longue pour l'embrocher de part en part, et, au besoin, assez tranchante pour le décapiter.

"Il revient, d'accord ? Sage. Pas bouger."

[Mornagest]

Sage, alors qu'on venait de l'empoisonner, l'attacher, l'aveugler et le laisser à la garde d'une espèce d'amazone plus prompte à dégainer qu'autre chose ? Autant dire impossible... mais il essaya vaguement de reprendre le contrôle sur ses réflexes, et parvint bientôt à retrouver un rythme respiratoire normal. Il tremblait encore, cependant, et priait les dieux de lui accorder pitié.

"Que m-m-me voulez-v-vous ? J'ai rien f-f-fait d'mal moi !"

[Finrod Felagund]

Voyant l'homme étalé sur le sol et menacé par la pointe d'une épée, Finrod décida d'intervenir:

- Il suffit. Rengainez votre arme Sylveneïssa.

L'elfe fit alors signe à l'homme de se relever. Il semblait agacé et décida de tirer les choses aux clair:

- Alors ?

[Mornagest]

Il bredouilla derechef.

"On m'a emp-poisonnnné ! Vous m'avez empoisonné !"

La colère filtrait à travers ses paroles, et elle prenait petit à petit le dessus. Le ton montait.

"J'ai rien fait, moi ! J'vous ai r'mis un message. On m'a payé pour ça, c'tout !"

[Sylveneïssa]

La lythari haussa brièvement un sourcil stupéfait. Elle n'aimait pas le ton sur lequel l'elfe venait de lui parler (il se prend pour chef, celui-là, qu'il se mêle de me donner des ordres ?), et elle ne voyait pas non plus de raison de ménager un homme qui venait ni plus ni moins de les menacer de mort, qu'il soit ou non au courant de toutes les implications. Elle se redressa, mais ne rengaina pas son arme, et foudroya du regard le mage arrogant.

"Qui."

Puisque Noum'nin avait réussi à lui faire croire qu'il était empoisonné, autant profiter de l'avantage...

[Philippin]

Arrivant sur ces entrefaites (oui, j'ai du mal à suivre les longues gambettes des elfes moi; je suis court sur pattes!!)
Le premier réflexe de Noum'nin fut de rester hors de vue. Néanmoins, il se reprit vite (principalement en voyant que l'homme était toujorus attaché (même si le bandeau sur ses yeux est apparemment tombé)
Se positionnant avec un sourire neutre sur le visage; il interpella l'homme.

- A vue de nez, il te reste encore une bonne dizaine de minutes. Raconte-nous tout ce qui est susceptible de nous intéresser, en n'oubliant aucun détail. Je te conseille de faire marcher tes restes de cervelle...

puis haussant légèrement le ton d'un air agacé;

- ...et assieds-toi !

Noum'nin voulait avant tout laisser parler l'homme. Il savait qu'en général, les gens laissaient échapper beaucoup plus d'inforations lorsqu'on ne posait pas de questions et qu'on se contentait de les laisser face à eux-mêmes.

- Nous avons déjà une partie, maintenant, on va confronter nos informations aux tiennes; on t'écoute.
Commence donc par le comment tu en es arrivé à venir nous bousculer dans la rue...

[Mornagest]

Entouré par les quatre aventuriers, l'homme n'en menait plus large. Croyant réellement qu'il risquait de succomber à un mortel poison endéans les quelques minutes, il était pâle, et jetait des coups d'œil nerveux successivement à tous les quatre. Des elfes, un nain, une demi-portion... pas étonnant qu'ils n'étaient que de la racaille assassine ! Des humains n'auraient pas joué un jeu aussi vicieux. Acculé, le type ne put que parler.

"On m'a payé pour vous croiser que'qupart. Et pour vous r'mettre ce message que j'vous ai répété. Rien d'plus. J'suis pas censé vous tuer si vous respectiez pas ça. J'devais juste vous parler, point."

[Finrod Felagund]

Il manquait un point essentiel dans les propos de l'homme, et Finrod était bien décidé à l'obtenir:

- Qui vous a payé ? A quoi ressemblait cette personne ?

[Mornagest]

Il grommela : "Un type. Pas vu sa tête, il était enveloppé dans une robe rouge avec un capuchon. Je voyais que son menton. Et sa bourse bien remplie."

[Finrod Felagund]

Finrod ne dit rien, mais réfléchit intensément. Un homme vêtu d'une robe rouge... Cela pourrait bien être...
Il alla alors jusqu'à l'homme, sortit dix pièces d'or de sa bourse et les lui donna.
Il se tourna alors vers Noumn'nin:

- Que sont ces histoires d'empoisonnement ?

[Philippin]

Écarquillant les yeux devant les dix pièces d'or donnée, Noum'nin réceptionna l'argent (après tout l'homme est toujours attaché)

Il délia l'homme avant de lui en tendre une sur les dix;

- garde une pièce d'or sur la langue une à deux heures, en ne buvant que de l'eau.
C'est un remède original, mais qui est radical. N'oublie pas: beaucoup d'eau et la pièce bien calée sur la langue.

Et alors que l'homme s'en allait rapidement en lançant des petits regards en arrière mi-furieux mi-craintif;

-et ne l'avale, ni ne t'étrangle avec!

Se retournant vers Finrod, il lui rendit les neufs pièces restantes et expliqua rapidement l'histoire.

- ... et je le laissai aux soins de Sylveneissa pour venir vous ramener, je préférais qu'il ne voies pas où nous logeons.

[Finrod Felagund]

Le regard de Finrod n'augurait rien de bon, et il s'adressa à l'halfelin sur un ton dur:

- Ce ne sont pas des méthodes tolérables ! Avais-tu une raison d'agir comme tu l'as fait ? Cela nous a-t-il apporté quelque chose ?
La fin ne justifie pas les moyens !

Puis il remonta sa capuche sur sa tête et s'éloigna en direction du navire, discret comme une ombre, et guère satisfait de la tournure que prenait la situation.
Il espérait rencontrer l'homme afin de pouvoir s'excuser et lui donner le dédommagement prévu initialement.

[Philippin]

Un froid s'installa entre le maigrelet et la demi-portion. Sans savoir si l'halfelin s'apprêtait à répondre ou s'expliquer, Finrod partit.
Toute ombre de sourire avait déserté la visage du semi-homme. Lui, pourtant satisfait de sa filature et de sa conclusion, regarda la silhouette de l'elfe disparaître le long du quai.

Eh bien, j'aurai intérêt à faire gaffe dans leur fameuse île; s'ils sont tous du même tonneau, je vais devoir apprendre leur culture, et vite encore!
Personnellement, il lui semblait avoir mené l'histoire relativement bien, sans aucune mort ni coup. Et l'homme s'en était allé ''guéri'' et plus riche d'une pièce.
Pour une homme qui les avait menacés clairement après l'avoir envoyé valdinguer dire bonjour de près au trottoir.
Noum'nin avait suffisamment croisé ce genre de faune des bas-quartiers, elle ne lui inspirait qu'une considération ô combien relative.

Haussant les épaules, il précisa qu'il serait de retour avant la tombée de la nuit avant de prendre la direction des bars; il avait mérité un peu d'animation.
Et puisque Finrod ne voulait les neuf pièces restantes, il allait leur trouver une utilité. (usage d'ailleurs fort proche que celui qu'en aurait fait l'homme 'empoisonné').


hrp/ ça s'appelle la confrontation des alignements! eheh.
ah, je me suis permis de garder les pièces; parce que sinon j'allais devoir voler de quoi boire à la taverne et je risquais de me faire gourmander pour vol à la tire ! (et moi, je suis sans le sou; pas facile )

[Finrod Felagund]

Finrod ne croisa pas l'homme en chemin, et arriva rapidement au navire. Il décida de ne pas s'attarder sur la discussion qui venait d'avoir lieu. Il y avait des choses plus importantes auxquelles penser. La route à prendre, par exemple.
Il décida donc d'attendre tranquillement le retour de ses compagnons.

[Philippin]

Noum'nin passa quelques heures dans la taverne, il chercha une place au bar et n'en trouvant aucune se contenta d'acheter une bouteille. Il marchanda à peine la bouteille avant de sortir avec un dernier coup d'œil à la taverne. Dehors, il s'étira avant de déambuler le long du quai, il trouva un escarpement au bord de l'eau et vint se percher là où clapotaient les vagues.
A l'abri des regards, il nettoya sa dague à l'alcool avant de s'en payer un petite gorgée.
Il sirota tranquillement sa dive bouteille, contemplant ls navires glisser vers l'infini et le bruit des docks l'étourdir.
C'est en contemplant le soleil se fondant dans l'océan qu'il se leva, faisant crquer ses articulations avant de prendre le chemin de leur navire.

[Sylveneïssa]

Devant cette collective débandade, la première réaction de Sylveneïssa avait été de pure stupéfaction. Elle n'était pas certaine de comprendre d'où venait cette aigreur donneuse de leçons dont le mage venait de leur donner de si magnifiques exemples. En cette affaire, elle s'était même sentie beaucoup plus d'admiration pour l'ingéniosité du halfeling, même si elle se savait bien incapable de l'imiter, que pour les grands chevaux de son frère de race. Au point qu'elle pouvait même dire qu'elle le comprenait beaucoup mieux! Etrange.

Peu désireuse de suivre l'un ou l'autre, ni même d'explorer plus avant ce port où tout la faisait rêver avec nostalgie de forêts profondes ou de tanières obscures, elle avait décidé de demeurer près du nain. C'était le premier specimen de cette race qu'elle pouvait rencontrer, et elle aimait s'imprégner de son odeur de pierre.

Elle était donc rentrée au navire en sa compagnie, tout en devisant difficilement de tout et de rien, des dispositions à prendre et des risques encourus : Sylveneïssa n'avait d'opinion sur rien, mais n'en voulait pas moins tout savoir.

[Mornagest]

Tout aussi dépité que l'elfe, Morcar avait regardé, impuissant, les deux compagnons s'en aller chacun de son côté, se disputant vainement pour une histoire de petits sous...

"J'espère qu'ils ne nous referont pas ce coup lorsque les choses deviendront sérieuses. Nous risquons de rencontrer bien des ennuis avant d'atteindre le terme de cette aventure..."

Il marmonnait plus pour lui-même que pour Sylveneïssa, et s'en rendit compte. Chassant sa mauvaise humeur, il changea de sujet.

"Vous n'avez jamais navigué, je pense ? J'ai cru comprendre que vous veniez des bois. Je vous avouerai que je n'y vais que rarement..."

[Sylveneïssa]

Elle esquissa ce qui chez elle ressemblait de plus près à un sourire. C'était un sujet qu'elle avait à cœur.

"Je viens des Pierres Aînées : grande forêt au milieu des terres. Très vieille. Très belle. Très loin de tout."

Elle prit son inspiration en vue d'une tirade que sa faible maîtrise du commun risquait de rendre un peu difficile.

"Nous étions là avant. Avant les hommes, les colons, les toits. S'il est venu par mer, mon peuple ne s'en souvient pas. Première fois que je vois la grande eau. Je ne... la sens pas. Mon ventre ne l'aime pas non plus."

Elle se rappela alors ce qu'on lui avait dit de Morcar: que c'était un nain qui vivait là-bas, sur l'île des elfes du soleil qu'ils cherchaient à rejoindre. Leur sens de la tolérance n'était pourtant pas légendaire...

"Comment un nain va à Eternelle-Rencontre ?"demanda-t-elle maladroitement.

[Mornagest]

Il avait sourit lorsque l'elfe avait mentionné son ventre. Le mal de mer, il l'avait subi pendant des mois avant de pouvoir se faire à l'idée de monter sur un navire sans en devenir vert à l'avance. C'est ce qu'il expliqua à Sylveneïssa, ajoutant :

"L'habitude gagne tout le monde. C'est bénéfique, parfois, mais cela peut également s'avérer... dénaturant. Ne perdez pas vos origines ; gardez-les précieusement dans votre tête, dans votre corps. Une fois trop écarté, difficile de revenir en arrière..."

Il songeait, avec un lourd pincement au cœur, à sa famille, son clan, dans les montagnes. Une vie qu'il avait quittée, pour une autre. Y avait-il gagné au change ? Cette question, il se la posait dix, vingt, cent fois par jour. Là était son erreur, et il le savait. Les regrets ne servaient nullement. Il préféra répondre à la lythari.

"Habituellement, les nains ne sont certainement pas accueillis à Éternelle Rencontre. Ni les humains, d'ailleurs, et les autres elfes sont tolérés, sans plus. Je dois probablement être une exception unique depuis au moins trois siècles. J'ai rendu divers services très utiles à un mage proche d'Amlaruil, ce qui m'a valu sa gratitude et l'autorisation de poser le pied dans le royaume sacré des elfes."

[Sylveneïssa]

Elle fronça les sourcils sous l'effort de réflexion. Ce n'était pas son fort...

"Oh. La cargaison doit vraiment valoir la peine, alors ?"

A voir les attaques dont ils avaient fait l'objet avant même de pouvoir rejoindre le navire, elle ne pouvait pourtant pas en douter. Et le nain ne dirait probablement rien de plus. Que de mystères. Ils allaient peut-être se noyer dans la grande eau sans même savoir pourquoi...

Tout en parlant, ils s'étaient rapprochés du navire par lequel ils étaient revenus de Melandis. Il allait encore falloir transférer leurs affaires dans celui qu'ils venaient d'acheter, mais en ce qui concernait la lythari, ce serait vite fait.

"Durangeaud était parti avec blessés pour temple. Sans doute rentrés."

[Philippin]

Noum'nin choisit ce moment pour refaire son apparation sur le pont. Légèrement grisé par l'alcool, il se rapprocha du nain et de la lythari avant de se camper jambe fléchie sur un tonneau.
Il sortit sa dague fraîchement nettoyée pour chipoter dans le bois tout en écoutant la conversation de Morcar et Sylveneissa.

[Mornagest]

Le nain hocha la tête.

"Je pense qu'ils sont à l'auberge. Nous irons les mettre au courant dès que notre ami Finrod sera remis de leur dispute." Il jeta un coup d'œil amusé vers Noumn'nin, puis souffla :

"La cargaison est très importante. L'avenir des elfes d'Éternelle Rencontre en dépend, je le crains. Nous ne pouvons dès lors échouer."

[Finrod Felagund]

Finrod sortit alors des cales du navire. Il ne fit aucun commentaire sur ce qui venait de se passer, mais hocha la tête, signe manifeste qu'il avait suivi la fin de la conversation:

- Nous pouvons y aller.

[Mornagest]

Le groupe n'avait plus qu'à rejoindre Bertrand et ses hommes à la taverne, où ils devaient se reposer tranquillement en attendant de leurs nouvelles. Il était plus que temps de charger le minerai et mettre les voiles ; le voyage était long, et seuls les dieux savaient de quoi il serait composé.

"Allons à l'auberge, alors, et organisons-nous pour charger tout cela discrètement."

Ils se mirent en route et gagnèrent le bâtiment. L'ensemble de la troupe était prête, désormais : les hommes soignés, reposés, et n'attendant plus que le signal de départ.