[Lieu] Dans la forêt maudite

[Taliesin]

Le barde, qui jusqu'ici était demeuré au côté de sa monture, les bras ballants, lorgnant les environs comme s'il craignait quelque danger, ne sut d'abord que répondre à Astrée. Celle-ci, timide et réservée, ne lui avait guère adressé la parole jusqu'ici, et lui-même ne l'avait pas souvent abordée, trop accaparé qu'il était par ses propres affres. Pourtant, la démarche de la jeune femme ne le laissa pas insensible : elle ne mentait pas, elle avait vécu la même chose que lui, il pouvait le lire dans son regard. Au moins, elle ne le prenait pas de haut... Mais savoir cela ne réglait pas le problème de la répons à lui apporter : il refusait de trop s'épancher - si elle avait subi l'assaut des esprits, c'est qu'elle avait son lot de blessures, et il n'était pas besoin d'en rajouter -, mais il ne pouvait pas non plus faire comme si de rien n'était, sous peine de donner à sa coéquipière l'impression qu'il l'éconduisait poliment mais fermement.
-Je n'ai guère de mérite... finit-il par dire, une ombre de sourire étirant les commissures de ses lèvres. Il est plus simple de tenter d'ignorer ces choses lorsque l'on est dans le feu de l'action, qu'il faut impérativement se défendre... Par contre, je n'ose imaginer ce que cela donne, lors d'une calme veillée... Vous avez bien du courage d'avoir accepté de retraverser cette forêt et, par là-même, de subir à nouveau les assauts de ces choses... Honnêtement, s'il existe un autre chemin, je militerai pour que nous l'empruntions, au retour. Sinon, je trouverai bien le moyen de m'assurer un sommeil sans rêves... Ma compagne est rôdeuse, comme vous, et je ne suis pas sans lui avoir subtilisé certains de ces petits secrets touchant aux plantes, aux racines...
Son sourire s'élargit. Plutôt que ses secrets, c'étaient toutes ses réserves qu'il lui avait "empruntées". Toutes ou peu s'en fallait.

[Arya Du Varden]

Le vent glacé qui soufflait cherchant à s’infiltrer dans chaque interstice, Furet qui ne cessait de montrer son impatience et qui souvent allongeait le pas plus qu’il ne faillait, Arya ne put que ce réjouir d’avoir pu se reposer quelques heures et puiser dans son âme pour y trouver de quoi effacer la fatigue de la nuit.

Bien qu’elle chercha à superposer des images de ses forêts natales pour donner au paysage un aspect moins lugubre et inquiétant, elle ne partageait pas l’impatience de sa monture de filer devant et s’enfoncer dans les bois. Sa position au milieu de la caravane lui convenait parfaitement. Devant elle les rôdeurs avaient l’œil pour les guider au mieux dans cet environnement de plus en plus hostile et derrière elle le clerc veillait sur le barde, elle chevauchait l’âme légère ou presque, sa transe ayant adouci les images lugubres comme la neige le faisait en couvrant les cadavres et dissipent les relents nauséabonds.

Lorsque les rôdeurs s’arrêtèrent dans une clairière, la magicienne fut ravie de poser pied à terre non seulement pour se dégourdir les jambes, mais aussi pour décrisper ses muscles qui étaient tendus à force de retenir sa monture. Mais son premier geste furent pour elle, elle la caressa longuement pour la raisonner avant de s’enquérir de sortir quelques provisions afin qu’ils se sustentent avant de reprendre la route, d’autant que la nuit viendrait vite à les rattraper et elle n’avait aucune envie de passer plus de temps qu’il ne le fallait dans cette forêt dont elle ressentait de plus en plus les ondes négatives.

[Voyageuse]

Astrée sourit en retour à Taliesin.
- Si vous avez besoin d'un peu de valériane ou de camomille, n'hésitez pas, j'en ai une bonne réserve. Et j'avoue que j'aurais vraiment préféré ne pas traverser à nouveau cette forêt. C'est même dans cet espoir que j'avais évoqué l'idée d'une téléportation depuis Luménis. Mais puisque ce n'était pas possible... Ce chemin est le plus court. Et puis, j'essaie de me dire que la douleur que peuvent réveiller ces esprits n'est rien à côté de ma douleur de l'époque. Et que j'y ai survécu... Mais je ne sais pas si je saurai résister s'ils s'en prennent à nouveau à moi.
Au retour, peut-être pourrez-vous contourner la forêt par le nord. Cela rallongerait le voyage de plusieurs jours, et retarderait donc d'autant votre retour parmi les vôtres... Il faudra voir ce qu'en pensent les autres. D'ailleurs, vous n'aurez peut-être pas le choix : cela dépend aussi de l'état dans lequel nous retrouverons votre conseiller.

Sur ces dernières paroles, elle rejoignit le reste du groupe pour partager un rapide et frugal repas. Il n'était pas nécessaire de s'arrêter trop longtemps.

[Galathée]

Le groupe repartit peu après, toujours dans le même ordre, cheminant lentement entre les troncs et les racines, dans les buissons d’épineux touffus, sous les branches basses et griffues des sapins, le long de petites ravines caillouteuses, par-dessus les ruisseaux gelés. La forêt restait relativement plane : elle débouchait sur des collines couvertes de lande qui se muaient peu à peu en montagnes plus arides et escarpées. Rien de notable ne se produisit, les bois restaient pareils à eux-mêmes, sombres et sauvages, plus silencieux qu’une forêt ordinaire, plus hostiles aussi. De temps en temps, ils voyaient quand même les traces d’un sanglier, d’un renard ou d’un écureuil traverser leur chemin, signe qu’ils n’étaient pas les seules créatures vivantes dans les parages. La neige s’était arrêtée mais elle était tombée drue pendant longtemps, et lorsqu’ils parvenaient dans des endroits dégagés, les chevaux en avaient parfois jusqu’aux genoux, et peinaient pour tracer leur sillon à travers la poudreuse. La toux caverneuse de Moïse résonnait parfois de l’arrière, ou l’un des cavaliers éternuait brusquement, surprenant parfois sa monture.

En fin d’après-midi, alors que le soleil déclinait déjà depuis longtemps, que la température baissait, et que les ombres se faisaient plus longues, Kasumi et Astrée eurent soudain une étrange impression, comme s’ils étaient épiés. Pourtant, ils ne voyaient rien de précis, aucun signe particulier d’un passage ou d’un être, n’entendaient pas de bruits curieux, c’était juste un vague sentiment…

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi tourna son regard vers Astrée pour confirmer sa propre impression. Il lui fit pourtant signe de continuer comme si de rien n’était. Ainsi, si on les épiait, peut être croirait-on qu’ils n’avaient rien remarqué et l’effet de surprise se retournerait. Pour autant, le rôdeur s’assura que ses armes glissaient bien dans leurs fourreaux, une précaution toujours utile à cause du gel. Il tendit ensuite son esprit vers son environnement immédiat en quête d’information dans l’esprit des animaux autochtones.

- La journée s’avance, nous serons bientôt forcés de faire halte pour la nuit si nous voulons éviter d’être pris de court. Mais cherchons un endroit plus approprié.

Si on les attaquait ici, il fadrait combattre. Même avec des montures fraîches, la neige ralentirait par trop leur progression et certaines des bêtes semblaient à la traîne. Il fallait avant tout éviter de les disperser.

[Voyageuse]

Astrée avait senti, elle aussi. Cette étrange impression de ne pas être seuls. Comme si on les épiait. Était-ce l'un de ces fameux esprits? Ou bien un être tangible? Hostile ou pas?
Elle aussi tendit son esprit vers les animaux alentours, espérant voir à travers leur regard quelque chose qui lui aurait échappé.

Elle comprit l'intention de Kasumi quand il décida de continuer comme s'ils n'avaient rien remarqué. Il était clair pourtant qu'il leur faudrait bientôt s'arrêter. La nuit approchait et ils n'y verraient bientôt goutte.
Ils n'accélérèrent pas leur allure, continuant du même pas tranquille pour tromper d'éventuels observateurs. Astrée, comme Kasumi, tentait d'en apprendre plus en scrutant l'esprit des animaux alentours. Elle se demandait si leurs compagnons avaient remarqué quelque chose, eux aussi... Mais les prévenir aurait également alerté le mystérieux observateur.

[Galathée]

Ils continuèrent leur périple pendant quelques minutes encore et l’impression décrut, même s’ils sentaient toujours une certaine tension dans l’air. Astrée chercha des informations dans le regard des animaux, mais ils étaient très peu nombreux, et elle devait passer d’une créature à l’autre, au petit bonheur la chance, pour tenter d’en savoir plus. Le problème c’est que la martre, le pivert et le lapin qu’elle frôla étaient fascinés par leur équipage et le raffut que faisaient les chevaux en traversant les fourrés, et par rien d’autre. Elle finit cependant par s’emparer du regard d’un coucou qui, une seconde, lui donna l’image d’une silhouette furtive, perchée dans un arbre, mais en mouvement. L’oiseau s’envola la seconde suivante, lui coupant toute possibilité d’y voir plus clair. Et le temps qu’elle songe à s’en ouvrir à son voisin, les hostilités étaient déclenchées.

Leurs agresseurs attaquèrent la colonne par l’arrière. Les chevaux les plus lents avaient étiré le convoi sur plusieurs dizaines de mètres, et les rôdeurs étaient tout à l’avant. La densité du sous-bois ne permettait pas de mouvements aisés et c’est le son d’une première chute qui attira leur attention. Les flèches fusèrent de la ramure des sapins, vert sombre, denses. Le clerc, à moitié assoupi sur sa monture, fut pris au dépourvu par le trait qui le toucha à l’épaule et l’envoya voler sur le sol. Sa jument s’emballa, bouscula Moïse et Epervier, avant d’aller piler droit sur Vive. Taliesin ressentit le choc et fut déséquilibré vers l’avant, sa jument fit un écart, mais il ne chuta pas. Par contre, Furet prit le mors aux dents, surprenant Arya, et s’enfonça droit dans les broussailles, sans se soucier de sa cavalière. D’autres flèches frappèrent des troncs, la croupe du mulet, le paquetage de Taliesin, le sol, et ce fut la débandade parmi les bêtes, tandis qu’à l’avant, les rôdeurs, relativement épargnés, avaient toutes les peines du monde à contrôler leurs animaux que la panique gagnait.

[Taliesin]

Revenu de sa stupéfaction, Taliesin fit volter sa monture et tenta de se porter vers Belenn, à travers le chaos d'animaux en fuite et de flèches sifflantes. Il n'avait pas le temps de localiser les assaillants, pas le temps de trouver un abri d'où agir ensuite : il était le seul à proximité du clerc désarçonné. Si celui-ci était tué, il ne donnait pas cher de la survie de leur groupe... Il fallait donc lui servir de bouclier...
Vive était nerveuse, et l'elfe peinait à la garder sous son contôle. Il y parvint, cependant, et commenaç à se raprocher de Belenn. Dès qu'il l'aurait atteint, il sauterait à terre et lancerait un sort de ténèbres... Cela leur offrirait un court répit : si leurs ennemis pourraient toujours viser la zone d'obscurité, leurs coups seraient peu précis, et ils ne sauraient pas par où leurs cibles tenteraient de s'échapper.
A cet instant, une flèche frappa violemment l'elfe dans le dos. Il réussit à rester en selle et se félicita d'avoir conservé ses mailles sous son lourd manteau. Mais ce n'était pas le moment pour l'autosatisfaction : il devait mettre son plan en action... Et espérer que Vive ne se carapate pas pendant qu'il lancerait le sort...

[Voyageuse]

Astrée stoppa net et se retourna dès qu'elle entendit le bruit de chute. Kasumi et elle étaient sur leurs gardes, prêts à réagir, mais l'étalement du convoi ne leur facilitait pas la tâche. Le sous-bois était trop dense pour qu'ils puissent aisément manœuvrer leurs montures.

Sentant la panique des chevaux, Astrée se concentra tout d'abord sur eux pour tenter de les calmer. Il était absurde de tenter une fuite en avant qui aurait davantage éparpillé le groupe : les animaux les plus lents ne pourraient pas suivre et seraient une cible de choix. Et de toute façon Belenn était à terre. Elle leur transmit simplement le message d'avancer et de rejoindre rapidement la tête du convoi sans céder à la panique.

Quant à elle, elle mit pied à terre armée de son arc et son bâton, et intima à sa monture l'ordre de l'attendre. Elle expliqua par gestes ses intentions à Kasumi : elle allait retourner à pied vers l'arrière. Se coulant dans l'ombre du sous-bois, à l'écart du chemin, elle se rapprocha le plus discrètement possible de l'arrière du convoi, espérant surprendre leurs agresseurs à revers. Et au moins mieux évaluer leurs forces. Elle se retourna un instant pour voir si Kasumi l'avait suivie ou s'il avait une autre stratégie en tête.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi comprit la stratégie d’Astrée et lui fit signe de la tête de poursuivre. Quant à lui, il talonna Ombrage et le fit louvoyer bruyamment vers l’arrière du convoi, évitant de constituer une cible trop facile. Tout en guidant sa monture de ses genoux, il décocha une série de flèches peu précises en direction des ombres mouvantes dans les arbres. Il espérait ainsi créer une diversion suffisante pour masquer les manœuvres de ses compagnons et la progression des montures. L’hiver jouait peu contre les assaillants qui bénéficiaient de la protection du feuillage des conifères en plus de leur position avantageuse. Lorsqu’il eut attiré leur attention, il sauta à bas de sa monture et poursuivit son pilonnage sur le flanc opposé à celui d’Astrée. A pied, il formait une cible plus petite et ses tirs étaient plus précis mais il risquait à tout moment de prendre une flèche bien ajustée que son armure de cuir ne repousserait peut être pas.

[Arya Du Varden]

Sans avoir l’esprit vraiment en alerte, Arya n’était pas entièrement rassurée. La colonne qui s’était étirée n’avait que l’avantage de pouvoir tenir Furet loin des chevaux de tête afin de réfréner son envie de partir devant, mais elle se sentait vulnérable et lorsque sa monture fit un écart et prit le mors aux dents, la magicienne surprise ne fut pas loin d’être éjectée et poussa un cri strident.

Elle réussit le tour de force de rester en selle en s’accrochant à la crinière ce qui lui évita de choir dans ce mouvement brusque de l’animal. Mais immédiatement, elle dut se rendre compte qu’elle ne pouvait rien faire pour l'arrêter et n'avait rien d'autre à faire que de se tenir solidement en rentrant le plus possible son visage entre ses bras pour éviter de se voir flageoler le visage par les branches qui se trouvaient au milieu du tracé de l’animal.

Pendant près d’une dizaine de minute, l’animal fou avança bon train dans les broussailles, s’enfonçant dans la forêt de plus en plus épaisse et lorsque enfin il ralenti son pas et s’arrêta dans une minuscule clairière, Arya chercha du regard dans la direction d'où elle arrivait un de ses compagnons, car ils ne pouvaient avoir manqué d’entendre les violents coups de sabots de Furet lorsqu'il avait démarré ou au moins son cri. Voire qu’elle avait disparu du milieu du convoi.

Mais apparemment …. nul ne s’était inquiété d’Arya …

[Galathée]

Taliesin arriva rapidement à l’endroit où était tombé Belenn et constata immédiatement que le clerc était inconscient. Dans sa chute, il avait heurté le tronc d’un sapin et gisait sur le dos, la tunique blanche ensanglantée. Au moment où l’elfe se préparait à lancer son sort, deux flèches de plus vinrent frapper l’arbre voisin, déconcentrant le barde. Kasumi, de son côté, dut incurver sa trajectoire car de nombreux traits vinrent frapper la neige piétinée devant lui, lui bloquant momentanément le passage. Dans sa course folle, il finit par déraper sur une plaque de verglas dissimulée par la neige et chuta sur un genou. Il avait la vague impression que les embusqués auraient pu l’atteindre dix fois. Et à compter le nombre d’empennages qui constellaient désormais la neige, ils devaient au moins être vingt, peut-être plus.
« Retenez vos traits ! » cria alors une voix féminine, venue des hauteurs.
Et la pluie mortelle s’interrompit aussitôt.
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous dans la forêt maudite ? Dites la vérité et vous vous en sortirez peut-être vivants ! » reprit la voix, impérieuse. « Et pas un geste, ou vous êtes morts. Ça vaut aussi pour vous, jeune dame ! »
Un trait vint se planter dans l’arbre derrière lequel s’abritait Astrée. Si elle avait espéré les prendre par surprise, c’était raté.

Furet, de son côté, s’il avait continué à galoper pendant de longues minutes, ne s’était en fait pas tellement éloigné de la zone de l’embuscade : bien que nerveux et effrayé, il avait perçu les appels au calme qu’Astrée avait dirigé vers l’esprit de tous les chevaux. Il n’avait pas obtempéré mais n’avait pas non plus réussi à se soustraire totalement à l’emprise de la jeune femme. Alors qu’elle se remettait doucement de ses émotions, l’elfe entendit d’ailleurs bientôt les clameurs du combat.

[Arya Du Varden]

Arya entendant le combat ne pouvait pourtant pas revenir, Furet bien que quelque peu calmé n'avait nul envie de se voir à nouveau au milieu du troupeau et avait envie de découvrir le premier ces chemins qu'ils parcouraient. Avoir enfin un peu de liberté d'être le premier pour fois.

Alors que l'elfe se sentait rassurée, sa monture se fit plus têtue et bien qu'excellente cavalière, elle ne put dompter cette fougue d'impatiente et de curiosité qu'elle avait jusqu'alors pu réfréner et qui habitait sa monture.

Avant même qu'elle put réellement comprendre ce qui arrivait, Furet s'enfonça dans la forêt.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi jeta un regard autour de lui pour évaluer la situation : Belenn était étendu et semblait inconscient peut être même pire. Taliesin était penché au dessus de lui et constituait une protection dérisoire pour le clerc. Astrée, bien qu’en bonne position avait manifestement était repérée par les tireurs embusqués. Arya avait disparu dans la forêt sans qu’il ne la voie pour l’immédiat. Une bonne chose s’il en était de même pour leurs assaillants. L’elfe pourrait en profiter pour ne pas subir leurs sort voire leur venir en aide si l’occasion se présentait. Elle aurait un certain avantage si les tireurs ne l’avaient pas repérée au début de leur attaque.

Ce serait folie de tenter de se battre dans ses conditions et Kasumi posa la pointe de son arc au sol avant de faire un signe de la tête en direction de Taliesin. Le barde pourrait peut être amadouer la chef des brigands.

[Voyageuse]

Astrée, se sachant repérée, se redressa lentement, écartant légèrement les bras en signe d'apaisement.

Mille questions lui traversaient l'esprit... Qui étaient leurs agresseurs, pourquoi les attaquaient-ils, pourquoi avaient-ils cessé leur attaque, que voulaient-ils? Amis ou ennemis?

Surprenant le signe que faisait Kasumi en direction de Taliesin, elle préféra garder ses questions pour elle. Pour l'instant.
Taliesin était sans doute le plus apte du groupe à parlementer. Il avait un certain charisme...
Elle attendit donc qu'il parle le premier.

[Taliesin]

Lorsque la voix parla, Taliesin cessa de se vilipender pour ne pas avoir emporté ses bracelets de concentration (si ç'avait été le cas, il aurait pu lancer son sort et serait à présent en relative sécurité) et chercha à toute allure une réponse adéquate. Dire la complète vérité, c'était hors de question. Mentir... Cela aurait nécessité plus de temps pour élaborer quelque chose de cohérent. Et puis, il n'en savait pas assez sur leurs adversaires pour viser juste et les sortir à coup sûr de ce mauvais pas... Mieux valait donc coller au plus près à la réalité et se contenter de passer certains éléments sous silence. Les assaillants ne devaient pas être si méchants, de toute façon, puisqu'ils les avaient laissés en vie....
-Nous sommes Luméniens, fit-il d'une voix calme. Quant à la raison de notre présence ici... Une escouade de paladins a traversé la forêt, il y a quelque jours. Or, il est possible qu'ils aient besoin de soutien dans leur mission. Nous nous empressions donc de les rejoindre.

[Galathée]

Il y eut un instant de silence apparent, tandis que des bribes de conciliabule parvenaient aux compagnons. La neige avait recommencé à tomber.
« …fantômes mais… »
« …cinq, pas vu… envoyé ? …pense que oui… »
« …pourrait… ces paladins… »
« …même ! …ensuite, je crois… »
Puis la voix reprit.
« Mettez-vous tous les trois près de l’archer sur un genou. Le suicidaire en armure de cuir, là… Vite ! Mains en l'air, armes au sol ! »

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Dans un signe de bonne volonté et parce qu’il sentait que la situation pouvait s’améliorer, Kasumi déposa son arc et mit ses mains en évidence, invitant ses compagnons à faire de même. Il eut tout de même une pensée pour Belenn toujours gisant au sol. Un petit sourire illumina son visage à la description que les brigands faisaient de lui. Il espérait que ces derniers n’aient pas commis l’irréparable sur le clerc. Il lui était sympathique et constituait peut être la seule chance de sauver Albérich de l’enfer et eux-mêmes par la même occasion.

[Voyageuse]

Ils n'avaient guère le choix. Et puis, si leurs agresseurs avaient vraiment eu des intentions hostiles, ils se trouveraient déjà tous avec une flèche dans le corps. S'ils étaient encore en vie... c'est qu'ils avaient de fortes chances de le rester. Elle espérait de tout coeur ne pas se tromper...

Astrée obtempéra donc, et se dirigea vers Kasumi d'un pas tranquille, espérant que sa démarche démontrait son absence de peur et sa confiance dans une issue favorable de la discussion.
Elle posa ses armes au sol comme on le lui avait demandé, se sentant soudain très vulnérable sans son arc. Hésita un peu. Et leva lentement les mains.

[Taliesin]

Maudissant plus que jamais le manque de concentration qui avait fait échouer son sort, Taliesin demeura un moment immobile près de Belenn. Il rechignait à laisser le clerc ainsi étalé dans la neige, inconscient, tandis que le sang continuait à couler de son épaule blessée. Il aurait au moins aimé pouvoir lui prodiguer quelques soins... Mais, surtout, la perspective de se désarmer et de se rendre à leurs ravisseurs le révulsait. Il était hors de question d'être à nouveau le prisonnier de quiconque. Hors de question... Jamais il n'accepterait de revivre ce qu'il avait déjà vécu.
Une flèche frappa le tronc derrière lui, passant à un cheveu de sa tempe gauche.
Il n'avait malheureusement pas le choix. S'il jouait les têtes brûlées, il mettrait sa vie et celle des autres en jeu. C'était obéir ou mourir. Aussi douloureuse que fut l'obéissance, elle laissait peut-être un espoir...
Après un dernier coup d'œil à Belenn, Taliesin poussa un profond soupir, serra les dents et rejoignit les autres. Il se débarrassa alors de son arc, de son épée, et attendit la suite, ne pouvait faire disparaître de son visage une expression farouche qui en disant long sur son état d'esprit.
Arya au moins était sauve, songea-t-il. Elle pourrait rentrer à Luménis et raconter ce qui c'était passé...
Plume aussi était hors d'atteinte. Elle s'était envolé au moment où Vive avait fait un écart, pour sans doute gagner l'abri de quelque branche haute...
Tant mieux. Elle retrouverait sans mal le chemin de la maison.

[Arya Du Varden]

Arya avait heureusement réussit à dompter sa monture rapidement et cet acte de rébellion de l'impatient et curieux Furet avait eu l'avantage de l'éloigner du groupe suffisamment longtemps pour que le bruit des sabots de sa monture ne soient pas repérés et lui offre ainsi la liberté.

Ne sachant ce qui se passait, Arya revint le plus rapidement possible vers la route où se trouvait la caravane, mais s'arrêta toutefois à bonne distance pour y laisser Furet et avancer tous les sens aux aguets afin de ne pas se faire prendre elle-même. Veillant surtout à vérifier autant au sol que dans les arbres que nul n'était posté. Cela ralentissait son avance, mais lui assurait de ne pas être repérée si des sentinelles se trouvaient encore dans les branches du côté où elle arrivait.

Au vu des premiers mots qui lui parvinrent suffisament nettement pour qu'elle les comprenne, ils étaient tous en vie, mais prisonniers. et que les agresseurs n'avaient pas remarqué qu'elle manquait à l'appel.

Lorsqu'elle fut suffisament près, elle constata qu'une action de sa part était en l'intant trop risquée du fait que Belenn était inconscient et que déjà ils étaient tous désarmés. Elle resta à l'affut en décidant d'agir si elle le pouvait, mais pour l'instant de laisser faire pour ne pas mettre en danger autant ses co-équipiers qu'elle-même.

[Galathée]

Dès qu’Astrée et Taliesin eurent rejoint Kasumi, il y eut du mouvement dans les arbres. Moins d’une minute plus tard, une vingtaine de personnes, comme l’avait supputé Kasumi, étaient à terre. Tous portaient des vêtements couleur terre et bois, en cuir et toile, étaient armés d’arcs et d’épées courtes. Tous étaient aussi des demi-elfes, et ils avaient immanquablement un air de famille. Leurs visages étaient, pour la plupart, plutôt curieux qu’hostiles. Il y avait parmi eux une femme dans la trentaine, musclée et aux traits durs, qui surgit à seulement quelques mètres des voyageurs, et ils devinèrent que c’était la propriétaire de la voix. Elle était encadrée par trois hommes dont les arcs restaient bandés. Derrière elle se trouvait une vieille femme ridée comme un pruneau, qui s’approcha, puis la dépassa. Taliesin nota que trois personnes s’étaient approchées de Belenn, Astrée que quatre autres étaient à présent près de leurs chevaux et qu’elles avaient déjà saisi les brides. Aucun geste agressif ne fut esquissé. La vieille femme avait un sourire goguenard et des yeux pétillants. Ses cheveux étaient entremêlés de petits ossements et de plumes disparates. Elle ne le avait probablement pas lavés depuis des lunes. Elle s’approcha d’Astrée, la regarda droit dans les yeux, puis leva un index filiforme qu’elle poussa dans les côtes de Taliesin en gloussant. Elle recula d’un pas et esquissa un mouvement rapide des doigts, avant de ricaner de plus belle, puis elle s’écarta et repartit en arrière.
« Alors ? » demanda la femme, les mains sur les hanches.
« Ce ne sont pas des fantômes et ils ont leur cœur pur. J’appellerais ça une méprise, Mélaine. » répondit la vieille avec une rire de crécerelle.
Puis elle s’agenouilla près de Belenn.
« Heureusement, il n’est pas trop amoché. Il ne te reste plus qu’à proposer un toit pour la nuit à nos terribles morts-vivants, je pense que ce ne serait pas de trop. »
Son rire claqua à nouveau comme le reste de la troupe semblait désemparé et se tournait comme un seul homme vers la dénommée Mélaine.
« Ahum… Je pense qu’il y a eu comme un… une petite erreur. » fit-elle alors avec une grimace, se tournant vers les prisonniers.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi laissa échapper un soupir et dévisagea la femme aux mains sur les hanches.

- Je peux être discret mais c’est bien la première fois que l’on me prend pour un fantôme. Heureusement que vous n’avez pas attendu de voir que les flèches ne passaient pas à travers ma carcasse pour vous convaincre de votre méprise. Nous avons essuyé une attaque de morts-vivants puissants hier, sont-ils si nombreux dans les parages ? Sauf votre respect évidemment.

Le rôdeur s’efforçait de conserver un ton calme mais que les inconnus s’étaient attaqués à eux sans crier gare et il s’en était fallu de peu qu’il provoque des conséquences irréparables.

- Est-ce que notre compagnon est gravement touché ?

[Voyageuse]

Astrée sentit le soulagement l'envahir en entendant les paroles de la vieille femme. Non, ils n'étaient ni des morts-vivants, ni des individus malfaisants... et elle était heureuse que leurs agresseurs se soient enfin rendu compte de leur méprise.
Mais sa surprise était grande de découvrir toute une famille de demi-elfes dans la forêt maudite. La veille encore, elle aurait juré qu'aucun être vivant sain d'esprit n'aurait l'idée d'y demeurer, et que nul ne traversait jamais cette forêt à moins d'y être contraint par une raison impérative.

Elle mourrait d'envie de questionner ces étranges personnes... Mais elle voulait éviter qu'ils se sentent agressés par une avalanche de questions. Elle laissa donc Kasumi parler le premier. Puis ne put s'empêcher d'ajouter à l'adresse de celle qui semblait le chef de la petite troupe :
- Je veux bien comprendre votre méprise : j'étais moi aussi persuadée de ne rien rencontrer d'autres que des morts-vivants dans les parages. Mais si ce n'est pas trop indiscret... Qui êtes-vous donc?
Elle s'était efforcée de parler d'un ton le plus calme et amical possible, comme si cette petite erreur d'identification était chose banale et n'avait pas mis en danger la vie de Belenn. Sans compter Arya qui n'avait pas reparu...

[Galathée]

Les archers avaient baissé leurs armes et rangé leurs flèches. La vieille femme était toujours accroupie près de Belenn et elle saisit la flèche de la main gauche avant de tirer un coup sec dessus, la dégageant dans une gerbe écarlate des plus sinistres. Elle ne se départit pourtant pas de son sourire et se mit incanter longuement. Une lueur verte, éclatante, l'enroba une seconde, puis elle posa les deux mains sur la blessure. Le clerc ouvrit brusquement les yeux, la vieille frémit, et ils se dévisagèrent un instant, interdits. Si sa tunique était toujours écarlate, il était indemne.
“ Rillifane...” murmura Belenn.
“ Lathandre.” répondit la vieille.
Ils retombèrent dans le mutisme, sans cesser de s'observer. Puis la vieille se releva.
“ Voilà pour votre ami, la suite dépend de son caractère.” fit-elle en s'époussetant les genoux, puis elle revint vers eux, tandis qu'assis, le clerc reprenait ses esprits.
“ Nous sommes navrés...” reprit Mélaine tandis que ses hommes se dispersaient sur la piste, certains rapprochant les chevaux, un autre examinant la plaie que le mulet avait à la croupe, d'autres scrutant les bois. “ Disons que sur cent rencontres en ces bois, une, parfois, s'avère positive. Nous avons des ennuis continuels avec des créatures maléfiques... Et toutes ne sont pas intangibles...”
“ Les esprits démoniaques de cette forêt ont développé mille stratégies pour piéger les vivants.” ajouta un homme plus jeune, les yeux très sombres et les oreilles très pointues.
“ Vous êtes fort proches de notre résidence. Nous ne pouvions pas prendre de risques.” dit encore Mélaine. “ De notre vigilance dépend notre survie.”
“ La nuit tombe, nous devrions rentrer sous peine de mener un combat réel, cette fois.” intervint la vieille. “ Tout ceci pourra être discuté à la résidence... Si cela vous sied, bien sûr. Vous y serez au chaud et à l'abri.”
“ Si vous acceptiez notre hospitalité... Nous nous sentirions un peu moins honteux de cette méprise. Et nous avons peu de nouvelles du monde...”
“ Plus tard, plus tard.” répéta la vieille.
“ Mais vous étiez cinq en selle, n'est-ce pas ? Nous devrions nous mettre en quête de votre amie.”

[Taliesin]

Taliesin, tout soulagé qu'il était, n'en avait pas moins promptement récupéré ses armes. Il n'était pas sans une certaine rancœur à l'égard de cette étrange tribu familiale, pour les émotions et les quelques dégâts qu'elle leur avait infligés. Mais, au fond, il pouvait les comprendre. Et si quelqu'un avait réellement le droit de leur en vouloir, c'était bien Belenn, et pas lui...
Lorsque la femme mentionna Arya, le barde opina du chef et fit un pas en direction de Vive. Après tout, il était le seul à avoir son cheval à portée de main.
-Je vais aller chercher notre compagne, fit-il. J'ai vu la direction qu'a prise son cheval... Elle ne doit pas être très loin, et nous serons bientôt de retour.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi hocha gravement la tête et se détendit visiblement en voyant que Belenn était manifestement rétabli. Tout serait arrangé pour le mieux dès que Taliesin aurait retrouvé Arya. Le rôdeur espérait qu’il ne lui était rien arrivé.

- Nous serons heureux d’accepter votre hospitalité pour la nuit. Ces bois ne sont pas sûrs et les ennemis du mal doivent faire cause commune. Nous vous devons des explications et un bon feu et plus approprié pour discuter à notre aise. Votre intervention tombe à point nommé, nous nous apprêtions à faire halte pour la nuit.

[Arya Du Varden]

Arya dissimulée non loin de là suivit avec inquiétude la scène qui se déroulait devant ses yeux. Leurs agresseurs étaient une vingtaine et ses compagnons désarmés, elle ne pouvait agir et n’eut d’autre choix que de se tapir en espérant que nul ne viendrait à déceler sa présence. Elle ne savait ce qu’elle pourrait faire, mais tant qu’elle était libre et que leurs ennemis ne viendraient pas à attenter à leur vie maintenant qu’ils étaient prisonniers, il restait de l’espoir.

Lorsque la situation changea, que les gestes se firent juste soupçonneux, l’elfe se sentit moins inquiète et ne put que se réjouir en sentant la situation se détendre. Un sourire naquit sur son visage lorsqu’elle entendit la dénommée Melaine dire que c’était une erreur. La magicienne prit immédiatement la décision d’aller rechercher Furet qui était restait calme là où elle l’avait solidement attaché et revint prudemment en le tenant par la longe vers le groupe, tout en restant à couvert des arbres, afin de ne pas recevoir un trait trop vite tiré au vu de la tension qui avait régné et des archers qui étaient probablement encore sur leurs gardes ne sachant si ceux qui venaient de les inviter avaient connaissance qu’un des leur avait eut la chance grâce à sa monture de disparaître de l’échauffourée sans qu’ils s’en aperçoivent restant attentive à la conversation.

Lorsqu’elle entendit les paroles de la vieille en parlant d’aller à sa recherche, elle n’osa pas directement se montrer, elle préféra prévenir de sa position avant.

Je suis là !

Puis, elle avança vers le groupe tenant toujours Furet par la longe.

[Voyageuse]

Astrée avait repris ses armes, et acquiescé aux paroles de Kasumi. Oui, ils seraient mieux autour d'un bon feu pour discuter. Et un peu de renfort ne serait pas de trop pour affronter les menaces nocturnes.
Elle eut un large sourire en voyant arriver Arya. Elle se doutait bien que la magicienne était restée cachée en attendant que la situation se décante, mais après tout elle aurait aussi bien pu avoir fait une mauvaise chute due à l'affolement de son cheval.

- Puisque que nous sommes tous là, je propose que nous ne nous attardions pas davantage. La nuit sera bientôt là... Et nous serons mieux chez vous pour discuter et faire plus ample connaissance. Nous vous suivons.

Joignant le geste à la parole, elle s'approcha du petit groupe de personnes qui s'occupaient de rassembler les chevaux. Tendant son esprit vers les bêtes, à présent calmées, elle leur donna mentalement l'ordre de se grouper et de suivre leurs guides. Elle-même prit la longe de Romarin, tandis que Moïse se rapprochait spontanément d'elle.

[Arya Du Varden]

Arya posa un regard soulagé et sourit à ses coéquipiers qui récupéraient leurs armes tout en se joignant au mouvement qui s’était amorcé, tenant toujours la longe de Furet qui suivait tranquillement. Discrètement, Arya dévisagea ceux qui étaient maintenant leurs hôtes. Elle n’avait pas pu suivre tous les échanges de paroles et ne comprenait pas pourquoi ils les avaient ainsi attaqués et malmenés. Mais, il serait temps de découvrire qui ils étaient et les raisons de leurs actes une fois arrivés là où ils habitaient ne voulant pas prendre le risque de les offusqués en questionnant discrètement l'un ou l'autre de ses compagnons, elle fit le choix de patienter pour avoir la réponse.

La perspective de passer une nuit au calme et surtout de savoir qu’ils ne seraient pas seuls en cas d’attaque, laissait sur le visage de la magicienne un sourire qui venait s’ajouter à celui qui était engendré en ayant pu constater que malgré que Belenn fut blessé, tous se portaient bien maintenant.