[Lieu] La Résidence

[Galathée]

Soudain, le sous-bois se densifia jusqu’à former une véritable barrière végétale. Le groupe se plaça petit à petit en file indienne et, guidé par Mélaine, s’introduisit dans les buissons épineux en suivant une sente invisible à l’œil nu, que mêmes les rôdeurs eurent du mal à discerner alors même qu’ils l’empruntaient. Ils cheminèrent ainsi quelques minutes dans un tunnel de ronces et de branchages, sans plus voir le ciel, à l’abri même du froid et du vent. Les cavaliers durent démonter, les chevaux baisser la tête. Au bout de leur périple végétal, ils débouchèrent dans une vaste clairière couverte de neige. Il y rayonnait une énergie sereine, lumineuse, une quiétude en ces lieux sinistres. Au centre de l’espace ouvert poussaient huit arbres gigantesques, aux troncs fabuleux, qui s’étiraient haut dans le ciel. Ceux qui gardèrent les yeux au sol virent quelques cahutes blotties entre les racines, aperçurent une vache velue, quelques poneys, un groupe de sangliers tranquilles. Ceux qui lorgnèrent vers le ciel aperçurent un enchevêtrement de cabanes dans les hauteurs, reliées par des ponts de cordes et de planches, des escaliers tournicotants, des creux au cœur même des troncs. Les demi-elfes avaient relâché leur vigilance et ils proposèrent aux aventuriers de décharger leurs bêtes avant de les laisser aux bons soins de quelques uns d’entre eux, tandis qu’ils commenceraient l’ascension vers ce qu’ils appelaient la « résidence » et qui semblait déconseillée aux personnes sujettes au vertige.

Une fois ces formalités accomplies, ils furent entraînés vers l’arbre central, un curieux hybride de chêne et de hêtre, comme aucun d’entre eux n’en avait jamais vu, ni elfes, ni rôdeurs. Son tronc était partiellement creux et des marches y serpentaient vers le haut. Mélaine passa la première, puis on les invita à monter, la vieille Rowena fermant la marche. Alors qu’ils grimpaient, ils notèrent que le tronc autour d’eux était toujours vivant. On voyait la sève cheminer sous l’écorce intérieure, en mille veinules, et la puissance, la force et la majesté de l’arbre en soulignaient le statut indéniable d’être vivant. Le conduit était étroit mais on ne ressentait aucune impression de claustrophobie, ni même de fatigue, alors que les marches succédaient aux marches, comme si l’arbre lui-même insufflait de l’énergie à ses visiteurs. Ils ne s’arrêtèrent qu’au second palier, traversèrent une petite pièce déserte, puis une seconde, débouchèrent à l’air libre et contournèrent le tronc, encore gigantesque malgré la hauteur, avant de s’engager sur une passerelle. Plusieurs de leurs hôtes les encadrèrent, au cas où l’un d’entre eux sentirait le besoin de s’appuyer sur quelqu’un de stable. Ils gagnèrent ainsi un second arbre, y pénétrèrent, et s’arrêtèrent dans une salle éclairée de chandelles vertes qui dégageaient une délicieuse odeur de printemps et éclairaient étonnamment bien malgré leur petit nombre. Des coussins et des fourrures d’aspect moelleux étaient posés sur le sol, en cercle, accueillants. Il faisait curieusement chaud malgré l’absence visible de feu. Mélaine leur fit signe de s’installer.
« Je vais prévenir le conseil de votre arrivée. Installez-vous. Le thé devrait arriver. »
Elle s’éclipsa ensuite par l’une des trois portes qui perçaient la pièce, laissant les cinq aventuriers en compagnie de Rowena, laquelle les dévisageait toujours de son regard perçant et malicieux. Une seconde plus tard, un jeune homme et une jeune femme entraient, toujours demi-elfes, portant des plateaux couverts de tasses et de biscuits.

Belenn sourit et sans plus de cérémonie, s’assit sur le coussin le plus proche, avec une mine ravie, et un soupir de satisfaction.

[Voyageuse]

Astrée avait suivi avec une stupéfaction mêlée d'admiration leurs guides dans cet extraordinaire cité. Elle avait caressé pensivement le tronc de l'arbre central, grimpé les marches avec légèreté, heureuse de sentir le bois vivant sous ses pas. Tout ici était magnifique, lumineux, serein. On y était à l'abri de la sombre forêt et de ses menaces. Elle se demanda un instant si elle ne rêvait pas. Comment une telle cité pouvait-elle exister? Elle avait certes entendu parler de cités elfiques cachées dans les forêts, mais rien de ce qu'elle avait imaginé n'approchait ce qu'elle avait sous les yeux.

Elle se sentait le cœur étonnamment léger en entrant dans ce qui convenait sans doute d'appeler la salle du conseil. Imitant Belenn, mais un peu plus timidement, elle s'assit à son tour sur l'un ses coussins et accepta les gâteaux qu'on lui offrait. Bientôt viendrait le moment des discussions graves et sérieuse. Mais pour l'instant, elle se laissait pleinement aller à la magie de l'instant.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi jetait un regard émerveillé sur le refuge des demi-elfes. Jamais il n’aurait pu soupçonner l’existence d’un tel havre en pareil endroit. Il resta un moment à contempler les arbres d’en bas jusqu’à ce qu’un demi-elfe lui tape sur l’épaule, l’invitant à avancer. Tout au long de l’ascension, il sentit les soucis et les douleurs couler de lui comme si l’arbre avait un effet apaisant. Il jeta un regard nouveau sur la conversation qu’il avait eue à Arya, retrouvant le sourire.

Il prit place entre Belenn et Astrée, tout à fait serein à présent. Passer une soirée et une nuit en sécurité était un bienfait inespéré. Mais il se réjouissait encore davantage de pouvoir partager l’hospitalité de la communauté demi-elfe.

[Arya Du Varden]

Lorsque le rythme s’était ralenti, l’elfe sortit de ses pensées se demandant se qui se passait et elle en comprit la raison lorsqu’elle atteignit l’étroit passage surprise de voir celui qui la précédait semblait emprunter un passage qu’elle avait peine à distinguer alors même qu’elle allait l’emprunté. Elle avançait simplement en toute confiance et lorsqu’elle déboucha sur la vaste clairière, elle ressentit avec un bonheur total la sérénité qui y régnait, il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas rencontrer tant d’énergie positive qu’un sourire naquit spontanément alors que son regard se portait vers le ciel à nouveau visible. Elle fut surprise par les constructions qui lui rappelèrent les elfes des bois, mais lorsqu’elle pénétra dans l’antre de l’arbre et qu’elle gravit les marches, son regard marquait l’étonnement et la fascination. La magicienne qui aimait à puiser de l’énergie dans la nature ressentait la force vitale que l’arbre leur apportait avait nul pareil avec ce qu’elle connaissait. L’odeur de printemps qui les accueillit et l’aspect doux et moelleux des coussins et fourrure finirent de faire disparaître toutes autres pensées de l’esprit de l’elfe que celle du bonheur de ce trouver en cet endroit.


Elle s’avança rayonnante de bien-être, prit place délicatement et regarda en souriant leur hôtesse, sa voix était douce et chantonnante.

Merci madame, vous êtes bien aimable de nous offrir autant de plénitude en nous accueillant en votre résidence.

[Taliesin]

Si Taliesin n'avait pas pipé mot depuis qu'ils étaient entrés dans le domaine des demi-elfes, il n'en était pas pour autant resté absorbé dans ses pensées. Au contraire, les yeux grands ouverts, il avait observé avec attention les moindres détails du décor et devait bien admettre qu'il ne s'était pas attendu à trouver semblable endroit dans la si néfaste Forêt Hantée. Il lui rappelait les cités elfiques dans lesquelles il avait autrefois séjourné, mais la ressemblance était surtout de façade et l'impression de familiarité perdait de son emprise au bout d'un moment : le village était, par bien des points, plus rustique, mais le barde n'allait pas s'en plaindre. Il n'avait pas spécialement envie de se perdre dans de vieux souvenirs... Profiter de l'instant présent, de la quiétude ambiante, d'une calme veillée et d'une bonne nuit de repos, voilà un programme qui obtenait tout son agrément.
Imitant ses compagnons, il ne tarda pas à s'asseoir et accepta bien volontiers la tasse de thé et les biscuits qu'on lui offrit. Ah, pour sûr, il ne s'était vraiment, vraiment pas attendu à ce que les choses tournent ainsi...
Sur son épaule, Plume commença à s'agiter : elle était revenue vers lui sitôt qu'ils s'étaient mis en route et n'avait plus bougé de l'abri de son capuchon. Mais il se faisait tard : bientôt, elle s'envolerait pour une exploration de la bourgade.

[Galathée]

Le thé était sucré et revigorant, les biscuits moelleux et garnis de fruits confits. La vieille femme finit par s’asseoir à leurs côtés et sourit.
« C’est la forêt qui vous offre cette plénitude. Dans les petits endroits où elle a réussi à se préserver, à chasser la souillure, sa bienveillance est d’autant plus resplendissante. » fit-elle doucement.
La fourrure orangée qui masquait l’une des entrées s’entrouvrit, et Mélaine reparut, la mine embarrassée, suivie par quatre hommes et une femme, qui portaient, comme elle, des vêtements relativement frustes. Ils avaient l’air passablement surpris, un peu intimidés, et en même temps intéressés. Tous étaient d’un âge respectable pour des sang-mêlés. Derrière eux, un instant, par l’embrasure de la porte, les voyageurs aperçurent une dizaine de visages curieux, mais Mélaine les chassa d’un geste agacé, comme on disperse des pigeons ou des enfants, et referma la tenture, leur masquant la vue.
Les cinq nouveaux venus s’assirent et saluèrent leurs invités, d’un signe de tête accompagné d’un geste de la main droite.
« Bienvenue dans notre résidence. Je me nomme Vesper. » annonça l’un des hommes, les yeux et les cheveux sombres, le visage taillé à la serpe, d’une voix beaucoup plus douce que ne l’aurait laissé supposer son physique rugueux. « Nous avons appris quel malheureux concours de circonstances vous a menés jusqu’ici. Nous espérons que notre modeste hospitalité pourra rattraper la… brutalité de cette rencontre. Nous ne recevons jamais, j’espère que vous ne souffrirez pas de notre manque de convenance. Lorsque vous le désirerez, nous vous mènerons aux alcôves de nuit, mais j’imagine qu’avant cela, vous désirerez vous restaurer. La communauté prend ses repas dans un arbre voisin où nous pouvons vous conduire. Mais vous préférerez peut-être vous sustenter ici, à l'abri des mille et une questions de nos pairs... Avant cela… Et bien… Peut-être pourrez-vous combler notre curiosité, et nous, peut-être, la vôtre. »

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi en était à son troisième biscuit qu’il savourait avec délice lorsque les nouveaux venus entrèrent. Lui aussi était curieux d’échanger avec les membres de cette communauté, se sentant d’emblée à l’aise avec ceux qui avaient pourtant failli le tuer par mégarde. Il avait totalement oublié cet incident lorsqu’il prit la parole :

- Mon nom est Kasumi. C’est nous qui vous sommes gré de votre accueil. Votre refuge est des plus remarquables et je gage que le repas sera aussi savoureux que ces biscuits. Je vous en suis d’autant plus reconnaissant que c’était el tour d’Arya de cuisiner ce soir.

Il adressa un clin d’œil taquin à cette dernière avant de poursuivre :

- Je gage que vous n’avez que de rares nouvelles de l’extérieur ici, que souhaitez-vous savoir ?

[Galathée]

Les membres du conseil se dévisagèrent.
« En réalité, nous sommes plus intéressés de savoir ce qu’un groupe disparate comme le vôtre peut bien faire perdu au cœur de la Forêt Maudite que de savoir quoi que ce soit sur le monde… » reprit le premier.
« Nous n’avons que peu de contacts avec l’extérieur » dit un autre, aux cheveux argentés qui lui tombaient jusqu’aux reins. « A priori, nous n’en désirons pas davantage. »
« L’île est-elle toujours dominée par des forces bienveillantes ? » demanda simplement un troisième, d’une voix fluette presque enfantine.

[Taliesin]

-Elle l'est... intervint Taliesin. Il songea à évoquer l'épisode morféen, mais préféra se taire. L'essentiel était que Hélonna soit à nouveau entre de bonnes mains. Quant à la raison de notre présence en ces bois... Comme je l'ai dit lors de notre rencontre avec les vôtres, nous sommes sur la piste d'un groupe de paladins partis en quête en un lieu aussi périlleux peut-être que l'est cette forêt. En tout cas aussi bien pourvu en matière de gente morte-vivante... Nous voulons joindre nos forces aux leurs et, ensemble, régler le problème, si cela est possible.
Propos sibyllins, mais il ne jugeait pas utile d'en dire plus de prime abord. Les autres, à commencer par Belenn, le feraient, s'ils le jugeaient opportun.

[Galathée]

La vieille sourit d’un air goguenard mais ne dit rien. Les conseillers acquiescèrent. Ils étaient conscients que la réponse était sibylline, mais semblaient n’avoir pas d’intérêt particulier à extirper leurs secrets à leurs visiteurs.
« Il faut que cette mission soit d’importance pour que vous ayez décidé de traverser la forêt de part en part… » dit simplement d’un d’entre eux, sans désir d’épiloguer.
« Extirper le mal du monde est une tâche infinie pour ceux qui ont le désir de s’y plonger. » ajouta un second.
« Vous êtes les bienvenus en nos murs. » reprit le premier. « Si nous pouvons vous aider d’une manière ou d’une autre, dans la limite de nos possibilités, nous le ferons. »
« Myra et Norun se tiendront à votre disposition pendant votre séjour. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ils vous le trouveront. » ajouta la femme, rousse et sereine, en désignant les deux jeunes gens qui leur avaient apporté les rafraîchissements.

[Voyageuse]

Astrée connaissait le secret qui entourait leur mission, et ne fut qu'à moitié surprise par la réponse un peu évasive de Taliesin. Elle-même en aurait sans doute dit davantage : ici, loin de Luménis, un tel mystère autour de l'expédition lui semblait bien dérisoire. Mais elle comprit aux réactions de leurs hôtes qu'ils n'avaient pas de réel désir d'en apprendre davantage.
S'adressant au dénommé Vesper, elle dit avec un sourire de gratitude :
- Nous vous sommes grandement reconnaissant de nous offrir ainsi l'hospitalité. Pouvoir passer une nuit au calme et en sécurité, sans crainte d'une attaque de morts-vivants, est un luxe que nous n'osions même pas imaginer.

Elle hésitait à poser les mille questions qui lui étaient venues à l'esprit durant leur court périple, ne voulant pas paraître inconvenante. Mais sa curiosité fut la plus forte :
- Je ne voudrais pas paraître indiscrète mais... Nous ne nous attendions pas à croiser une communauté telle que la vôtre dans ces bois. J'ignorais qu'on pouvait trouver des parcelles de nature préservées de l'influence maléfique de cette forêt. Et je me demandais... Quel hasard a pu conduire votre communauté à vivre par ici ?
Elle rougit en prononçant ces derniers mots, et ajouta immédiatement:
- Enfin, si ce n'est pas trop indiscret, bien sûr.

[Galathée]

« Il n'y a pas de hasard dans notre présence en ces lieux. Notre communauté est très ancienne. » commença Vesper. « Elle date de plusieurs siècles. D’une époque où la Forêt Maudite ne l’était qu’en partie, était en train d’être colonisée… »
« Luménis n’existait pas. Les colons lathandrites n’étaient pas encore arrivés sur l’île. Mais il y vivait déjà de nombreuses communautés elfiques, naines, humaines aussi. »
« Il y avait une cité elfique sans cette forêt, à l’extrême sud. Le Mal a d’abord grandi au Nord, et des guerriers ont été envoyés pour le combattre. Lorsqu’ils sont revenus, victorieux, la cité avait été dévastée par un seigneur liche et ses sbires. Tous leurs frères et sœurs étaient morts. Il ne restait qu’eux treize. Les treizes ombres d’Anchysias. Ils ont continué à combattre, petit à petit, la salissure s’est étendue, étendue… Seul est resté ce bosquet druidique, dont la puissance était telle qu’aucune flétrissure n’a pu la toucher… A eux sont venues des femmes humaines, dont les villages forestiers avaient été décimés, qu’ils ont recueillies et protégées. »
« Toute notre communauté est issue de ces treize elfes et des femmes qui ont partagé leur vie. Nous veillons depuis sur le dernier vestige de la forêt d’autrefois. »
« Voilà l’histoire de la résidence. »

[Taliesin]

Le récit avait été concis mais complet, et Taliesin comprenait mieux, à présent, la présence presque incongrue d'un tel lieu de paix au milieu de ces bois de ténèbres et de mort. C'était une belle histoire, à la fois tragique et porteuse d'espoir. Une parabole, également, en quelque sorte : aussi loin que s'étendent le mal et la nuit, il reste toujours un peu de lumière, de chaleur...
Et cette lumière, cette chaleur, Taliesin comptait bien en profiter tant qu'il en aurait la possibilité. Les jours à venir s'annonçaient difficiles, périlleux : le destin avait mis ce havre inespéré sur leur route. Il s'y sentait étrangement détendu, sans doute à cause du pouvoir qui résidait ici... Alors, il irait sans doute se mêler au repas de la communauté. Boire et manger en bonne compagnie, au milieu du brouhaha de nombreuses conversations... Peut-être pourrait-il se donner un temps l'illusion d'être à la Bienveillance, ou en quelque autre taverne chaleureuse et animée. De quoi tenir loin les idées noires, les grandes questions, les tourments abyssaux...

[Galathée]

Le silence succéda au récit des demi-elfes. Il était pour le moins curieux et leur étrange ressemblance trouvait là une explication toute simple. Il serait temps pour chacun d’entrer en matière sur ce sujet plus tard, s’ils le désiraient. Mais la solennité de l’histoire ne permettait pas de réactions faciles. Leurs hôtes ne semblèrent pas s’en offusquer, et le rire de la vieille femme retentit, crécelle dans l’air tiède de la salle, finissant de détendre l’atmosphère.
« Nous allons vous laisser vous reposer et vous débarrasser. » murmura Vesper en se relevant, suivi par ses quatre homologues. « Myra et Norun vont vous montrer vos alcôves. Revenez ici ensuite, et si vous le désirez, nous vous mènerons à la salle à manger. »
Ils s’inclinèrent pour saluer les voyageurs, puis s’esquivèrent, suivis par Mélaine. La vieille Rowena ne quitta pas son coussin, tandis que les deux jeunes gens repoussaient la fourrure qui masquait la troisième ouverture et invitaient les invités à les suivre.
« Je vais rester un instant ici, je pense que nous devons nous parler… » murmura Belenn en dévisageant la vieille, et il faussa ainsi compagnie au groupe.

Ils circulèrent à nouveau dans les hauteurs et cette promenade leur permit de prendre une meilleure mesure de la résidence, bien que la nuit soit tombée. Les huit arbres étaient illuminés de partout. Ils gagnèrent un premier tronc, puis un second, et entrèrent dans un petit couloir dans lequel débouchaient une dizaine d’ouvertures. Chacune donnait sur une petite alcôve munie d’un lit et d’une tablette creusées à même le tronc, et Myra entra dans cinq d’entre elles pour y allumer des chandelles. Il y faisait bon, un broc d’eau tiède attendait sur le sol et les draps sentaient bon le frais. Malgré les dires des conseillers, ils semblaient savoir recevoir.

[Voyageuse]

C'est seulement en entrant dans l'alcôve qui lui était réservée qu'Astrée prit conscience de la lassitude qui lui coupait les jambes, et de la saleté dont elle se sentait imprégnée après ces deux derniers jours de voyage.
Elle se laissa tomber sur son lit, et ferma les yeux durant quelques minutes. Avoir rencontré cette famille était un véritable miracle. Une nuit de repos... De vrai repos... Elle n'aurait pas cru cela possible le matin même.

Elle se déshabilla et s'approcha du broc d'eau tiède pour faire un bon brin de toilette, soulagée de pouvoir oublier pour un temps les dangers du voyage, heureuse de se délasser un peu. Elle enfila sa tunique la plus propre, démêla ses cheveux, laissant les boucles brunes tomber librement sur ses épaules.
Elle prit aussi le temps de laver quelques vêtements, qui sècheraient facilement durant la nuit tant il faisait bon dans l'alcôve.
Elle profita enfin des quelques minutes de répit qui lui restaient pour s'allonger un moment et laisser son esprit vagabonder, profitant de la magie qui imprégnait le lieu. Elle refusa de penser au but de leur périple, préférant songer aux moments agréables qu'elle vivait avec ses nouveaux amis, et se transporter en pensée dans son petit chez-elle qu'elle retrouverait bientôt.

Détendue, souriante, elle sortit ensuite dans le couloir pour retrouver ses compagnons. Malgré sa fatigue, elle était curieuse de faire plus ample connaissance avec leurs hôtes, et enchantée de pouvoir partager leur repas.

[Taliesin]

En quittant son alcôve, Astrée tomba sur Taliesin qui, visiblement, revenait de l'extérieur. A voir la pipe qu'il tenait encore à la main, il n'était pas dur de devenir ce qu'il était allé y faire... Il s'était lavé, peigné et avait revêtu pour l'occasion sa mise la plus présentable. Son visage rougi par le vent frais du dehors était détendu et souriant : l'atmosphère du havre semblait lui faire meilleur effet que celle de la clairière aux trépassés dans laquelle ils avaient campé la veille. En tout cas, il présentait un visage bien différent de celui auquel il avait habitué la rôdeuse et ses autres compagnons.
En réalité, le barde n'était pas tout à fait aussi serein qu'il en avait l'air. Quelque chose lui disait qu'il ne devrait pas à ce point baisser sa garde. Que leur chance était par trop insolente. Que, même s'il n'y avait nul traîtrise ici, le retour à la réalité serait des plus violents, des plus douloureux s'il se relâchait trop.
Pourtant, il se fit un devoir de ne pas écouter cette voix discordante. Ce soir, il comptait s'abandonner à la quiétude du lieu sans songer aux conséquences. Sans songer à l'avenir. Au passé.
Simplement profiter de l'instant présent.

[Arya Du Varden]

Pénétrant dans l'alcôve qui lui était destinée pour cette nuit, Arya n'avait nul besoin de s'allonger, la seule chose qui retint son attention était l'eau claire mise à sa disposition, elle en profita pour faire une toilette, puis pris le temps de s'occuper de sa chevelure, avant de mettre des affaires propres, tout en constatant qu'il ne lui restait plus beaucoup de change et que viendrait rapidement le jour où elle devrait soit rester avec les vêtements qu'elle portait soit mettre les moins sales du lot.

Mais, elle ne s'attarda pas à ce futur désagrément, elle préféra sortir pour profiter de la sérénité qui régnait en ce lieu privilégié perdu dans cette maudite forêt.

[Taliesin]

Lorsqu'il vit paraître la magicienne, Taliesin lui adressa un sourire et esquissa même une révérence, comme il l'avait fait en apercevant Astrée. Il était de bonne humeur, et cela se voyait.
-Et bien, Arya, si j'en juge à votre mine et à votre mise, je crois pouvoir avancer que cette petite halte imprévue vous sied autant qu'elle m'est agréable ! C'est une bénédiction, à n'en pas douter. Peut-être nous permettra-t-elle de nous remettre de nos émotions et d'attaquer, fringants, la dernière partie de notre voyage et ce qui nous attend au bout... Quels sont vos projets, pour ce soir ? Pensez-vous vous mêler au repas de nos hôtes ? Pour ma part, et sauf si le groupe en décide autrement, je serais fort tenté de le faire... Leur compagnie promet d'être agréable autant qu'instructive, et je ne suis pas contre un peu de détente...

[Arya Du Varden]

Le regard perdu dans les flocons de neige qui tombaient légers et virevoltants Arya ne s’attendait pas à trouver en face d’elle son congénère comme elle ne l’avait jamais vu auparavant. Sa mine était réjouie, sa tenue soignée et son langage positif. Le regard de l’elfe brilla de plaisir de voir le barde profiter lui aussi du bien-être que leur offrait cet halte imprévue et surtout qu’il eut perdu son air renfrogné et son ton amer. Elle lui rendit son sourire et dit d’une voix enjouée.

Que te voilà fringuant Taliesin, cela me réjouit de te découvrir si bel homme courtois et enjoué. Elle prit un ton taquin. Je ne sais, mais peut-être te ferais-je des avances, il faut que j’y réfléchisse sérieusement maintenant. Son regard parlait du bonheur de pouvoir assister à un repas au milieu de la communauté des demi-elfes autant que sa voix. Je vais profiter de la présence de nos hôtes, cela m’est familier de me retrouver ainsi en nombreuses compagnies. Elle se mit à rire. Où tout le monde parle en même temps, voulant tout savoir et tout dire. Elle eut un petit haussement d’épaules comme si le fait fut accepté par elle. Cela me manque depuis que je suis à Luménis, mais ce n’est que de ma responsabilité de ne pas avoir su prendre un peu de bon temps. Son ton se fit amuser. A croire que la seule compagnie que j’apprécie est celle de mes élèves indisciplinés et de mes éprouvettes qui me donnent du fil à retordre. Mais ce qui est certain, c’est que nous sortirons d’ici en pleine une forme pour poursuivre notre route, nous en avions besoin, en tout cas moi.

[Taliesin]

Taliesin éclata de rire à la boutade de sa congénère.
-Des avances ? Fichtre ! Prenez garde à ne pas être surprise par ma chouette, alors. Elle rapporterait tout à sa véritable maîtresse qui, à n'en pas douter, viendrait vous trouver à bride abattue pour vous demander des comptes...
Il sourit.
-Dans tous les cas, je suis heureux de vous trouver en semblables dispositions et de constater que nous sommes d'accord sur la chance que nous avons d'être ici...
Il se tourna vers la rôdeuse.
-Et vous, Astrée, que voulez-vous faire ? Seriez-vous plutôt pour un repas à l'écart, ou au contaire pour nous mêler à nos hôtes ? Notre enthousiasme ne doit pas vous contraindre, n'hésitez pas à dire où va votre préférence...

[Voyageuse]

Astrée avait écouté d'une oreille distraite la conversation entre ses deux compagnons, qui visiblement étaient aussi sensibles qu'elle à la magie de l'endroit. Elle se réjouissait de voir Taliesin d'humeur aussi enjouée.

- Je serais ravie moi aussi de me joindre à nos hôtes pour la soirée. Cela nous changera les idées avant la suite de notre périple. La magie qui semble imprégner cet endroit nous revigorera.

Elle sourit à ses deux compagnons.
- Nous avons vraiment eu de la chance de croiser la route de cette communauté. Mais Belenn et Kasumi ne devraient plus tarder. Attendons de voir ce qu'ils en pensent.

[Arya Du Varden]

Le regard rieur d’Arya parlait pour elle, lorsque le Barde évoqua que la chouette fut à sa compagne, alors qu’elle se souvenait du regard soupçonneux de celle-ci lorsqu’elle avait lentement et consciencieusement emballé Taliesin dans des couverture pour le protéger du froid. A aucun moment, elle n’avait eu le moindre doute que la chouette lui aurait lacéré tout ce qui sortait de son vêtement si elle avait osé le moindre geste qui lui eut déplu.

La soirée s’annonçait conviviale et la magicienne ne pouvait que s’en réjouir.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi sortit de son alcôve à ce moment de la discussion. Il avait prit son temps pour peigner ses cheveux et les lier par un bandeau en une coiffure à la fois raffiné et guerrière. Il avait également enfilé sa tunique la plus présentable signe qu’il prenait la rencontre très au sérieux. Il jeta un regard qui défiait quiconque de lui en faire la remarque avant d’aviser que chacun avait profité du moment de calme pour effectuer ses ablutions et enfiler une tenue aussi décente que le permettaient les rigueurs du voyage.

- Ne faisons pas attendre nos hôtes ! Ils doivent être aussi impatients que moi de discuter et surtout je meurs de faim. Nous n’aurons pas l’occasion de festoyer avant des jours après cela, pensez-y !

Joignant le geste à la parole, il pressa le pas en direction de la salle où ils devaient retrouver leur guide. Le rôdeur manifestait un entrain manifeste qu’il essayait sans succès de dissimuler à ses compagnons.

[Galathée]

En réalité, Belenn n’avait pas quitté la petite salle où ils avaient été accueillis, et il se leva lorsque les autres entrèrent. Il avait troqué sa tunique salie contre un pourpoint de toile sombre, manifestement prêté par leurs hôtes, et qui lui donnait un air étrangement décalé, comme si les couleurs ne lui allaient pas vraiment. Il leur sourit tandis que les dénommés Myra et Norun surgissaient de l’ombre et s’enquéraient de leur décision. Ils accueillirent celle-ci avec retenue, bien que leur propre curiosité soit lisible dans leurs prunelles, et ils entraînèrent les visiteurs vers l’arbre qui accueillait le réfectoire. Alors qu’Astrée et Arya s’engageaient sur leurs traces, Belenn retint Taliesin et Kasumi par le coude.
« Je dois vous parler, une seconde, si vous le permettez. »

Les deux jeunes femmes atteignirent donc les premières la salle à manger, ou plutôt les salles à manger, puisque celle-ci s’étageait sur trois niveaux reliés entre eux par des escaliers centraux. Les convives étaient en train de s’installer dans un brouhaha bon enfant, tirant les chaises, distribuant les assiettes, dans une atmosphère feutrée de lumière verte, diffusée par de grands lustres chargés de bougies. Une odeur délicieuse, difficilement identifiable, flottait dans l’air. Lorsqu’Arya et Astrée pénétrèrent dans la salle, tous les regards convergèrent vers elles, puis se détournèrent, embarrassés d’avoir été si indiscrets. Pourtant, les demi-elfes étaient manifestement curieux de cette visite impromptue.
« Vous pouvez vous installer où vous voulez… » murmura Myra à mi-voix. « Si vous voulez qu’on vous dégage une table, c’est possible… »
Pour l’heure, il restait des places à droite à gauche. Les habitants de la résidence s’étaient distribués sans hiérarchie particulière, sans ordre, il y avait des hommes et des femmes un peu partout, les conseillers étaient aussi mélangés, comme les soldats qui les avaient attaqués plus tôt, la vieille Rowena ou Mélaine. Seuls les enfants, une poignée, étaient attablés tous ensemble. Au total, Astrée et Arya estimèrent qu’ils devaient être une quarantaine.

Belenn avait arrêté Kasumi et Taliesin sur la passerelle qui reliait les deux arbres.
« Bon, j’ai promis à Rowena de vous dire ce que je vais vous dire. Je sais que vous allez refuser, l’un et l’autre, mais… mais je vous en parle par principe. Je voudrais juste que vous ne vous sentiez pas insultés. Il n’y a pas de raison, même si la proposition est… particulière. Ils ont trouvé plus délicat que ce soit moi qui vous en parle. Je vous demanderai ensuite de ne plus y faire référence en leur présence, quelle que soit votre réaction. C’est déjà difficile pour eux, et je voudrais que vous n’ajoutiez pas à leur… à leur gêne. »
Devant la mine sceptique de ses compagnons, il embraya.
« Comme vous le savez, nos hôtes sont tous issus des treize elfes qui ont survécu à la destruction de leur cité, et de dix femmes humaines qui les ont rejoints. Les résidents sont aujourd’hui quarante-huit. Malgré la longévité des demi-elfes, la mortalité est élevée, pour des raisons diverses… Notamment l’hostilité de la Forêt. »
Il fit une pause et les dévisagea avec un petit sourire embarrassé.
« Des problèmes se posent avec les naissances… Les enfants sont… moins nombreux, moins solides et… Disons qu’il leur manque un apport de sang neuf. Vous comprendrez qu’ils peuvent difficilement approcher nos amies… La situation est un peu plus… enfin un peu moins… peut-être complexe, en ce qui nous concerne, vous et moi. »
Puis il se tut avec une grimace, laissant ses interlocuteurs assimiler ce qu’il venait de dire.

[Taliesin]

Taliesin écarquilla un instant les yeux, puis secoua la tête. Aussi étrange que puisse paraître de prime abord cette demande, elle était en fait des plus compréhensibles. Il fallait bien que se perpétue le havre... Il ne devait pas y avoir beaucoup de gens pour venir s'y installer, et peut-être encore moins de voyageur pour y passer une nuit...
Il ne se sentit donc pas insulté. Il fut même amusé en songeant qu'autrefois, il aurait sans doute accepté avec bonheur cette proposition. Il n'avait jamais été contre les aventures galantes, et s'il était possible de joindre l'utile à l'agréable, pourquoi s'en priver ?
Mais, malheureusement pour les habitants du havre, on n'était pas autrefois. Taliesin avait une compagne, désormais. Il n'était plus temps de folâtrer... La pensée le fit sourire : c'était l'une des premières fois qu'il prenait vraiment conscience de sa nouvelle situation familiale. Pour lui, c'était un sentiment neuf, et...
Presque neuf.
Un instant, un souvenir frôla sa conscience, et le barde grimaça. Mais il le repoussa avec force, presque par réflexe, et se concentra à nouveau sur le clerc.
-Je comprends la demande de nos hôtes. Et si vous en reparlez, dites-leur qu'elle ne m'a en rien gêné ou choqué. Mais je suis au regret de devoir décliner : je doute que ma compagne apprécie cet acte, même s'il n'est motivé que par la pure générosité...
Il sourit à nouveau.
-Ce qui ne serait pas forcément le cas,d 'ailleurs... Certaines de nos hôtesses sont fort accortes...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi regarda sans sourciller le clerc pendant une longue minute avant de secouer la tête. Il avait pris le temps de réfléchir pour s’imprégner des conséquences de son choix après un premier élan de rejet. C’était pourtant un véritable problème qui se posait. La consanguinité guettait les communautés isolées telle que celle de leur hôte. La souche originelle était tout juste viable pour assurer une diversité pérenne mais au bout de quelques générations, les mariages croisés finissaient immanquablement par poser problème. La faible natalité des peuples elfiques n’avait rien pour arranger le phénomène. Pourtant, bien qu’il comprenait la nécessité derrière la proposition, le rôdeur déclina poliment qouoique pas tout à fait définitivement :

- Non, j’ai moi-même très peu vu mon père qui était presque comme un inconnu de passage dans la communauté de ma mère. Si je me sens un devoir envers cette communauté, je n’en oublie pas moins que j’aurais un devoir envers l’enfant d’une telle union. L’éloignement n’a pas empêché mes parents de s’aimer profondément mais il ne s’agit pas de cela dans ce cas. Ce serait réduire l’acte à un aspect mécanique ce qui ne m’attire guère. Mais je ne suis pas fermé au charme de nos hôtesses et l’une d’elle pourrait me donner de meilleures raisons d’accepter, qui peut savoir ?

[Voyageuse]

Astrée hésitait. L'idée d'aller s'installer seule à une tablée d'inconnus la paralysait. Elle aurait préféré avoir une table rien que pour eux. Mais elle se dit que leurs hôtes seraient peut-être vexés de les voir faire table à part. Elle n'osa pas regarder Arya, qui, sans doute, était beaucoup plus à l'aise et prête à s'installer et bavarder gaiement avec leurs hôtes.

Elle prit donc son courage à deux mains, et alla s'assoir à une table sur la gauche, amusée de voir que ce genre de démarche lui réclamait presque plus d'efforts que d'affronter une armée de morts-vivants... Pour se rassurer, elle se dit qu'il restait une ou deux places près d'elle, et que peut-être l'un de ses compagnons de route l'y rejoindrait.

Timidement, elle sourit à ses voisins de tablée. Elle ne savait que dire pour entamer la conversation. Et dire que quelques heures auparavant, elle mourrait d'envie de poser des dizaines de questions.... Elle ne s'en souvenait plus d'aucune !
Mais elle se connaissait, sa gêne finirait bien par disparaître dans le courant de la soirée.

[Galathée]

Belenn sourit.
« Bien. J’ai servi de messager. Si vous changez d’avis, et bien… J’imagine que vous trouverez sans peine le chemin que l’on voudra vous voir emprunter… Et je vous conseille de grappiller quelques heures de sommeil quand même… A présent, dépêchons-nous de rejoindre nos amies. Il serait hasardeux qu’elles nous questionnent trop assidûment sur notre retard. »
Joignant le geste à la parole, il tapota amicalement les épaules de ses compagnons, et reprit la direction de la salle à manger. Quelques secondes plus tard, ils débouchaient tous les trois dans une pièce où l’on commençait à servir aux convives une soupe épaisse et goûteuse, de pois et de lardons, sur la surface de laquelle flottaient quelques herbes séchées, une petite goutte de crème onctueuse et des croûtons dorés.

HRP : Je propose qu’on ne joue pas le repas et la soirée in extenso… Donnez-moi une idée vague de vos « activités » et de votre attitude, signalez si vous posez des questions particulières, et je ferai un post résumé pour terminer… Sentez-vous libres de décrire les résidents comme vous le voulez. Ils sont accueillants et curieux. Si vous avez des envies particulières, on peut développer, évidemment, mais songez à vos disponibilités...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi adressa un clin d’œil à Belenn avant de se diriger vers la salle à manger. Il s’assit à la première place de libre sans se soucier de choisir ses voisins de tablée. Lorsqu’il eut pris place, il salua poliment ses voisins avant de se détendre progressivement au cours de la soirée au hasard des conversations sur la vie en forêt puis sur ses voyages. Le demi-elfe parvenait à se détendre suffisamment pour échanger des plaisanteries ou des secrets sur les vertus de certaines plantes forestières. Cependant, il surprenait parfois des regards lourds de sous-entendus de la part de certaines demi-elfes et retombaient dans le mutisme.

[Voyageuse]

Astrée se détendit petit à petit, au fur et à mesure que la soirée avançait.

Son voisin de gauche était un demi-elfe relativement âgé, discret et prévenant, qui semblait prendre un grand plaisir à satisfaire ses moindre demandes avant même qu'elle les eût formulées.
Le couple qui était à sa droite, quant à eux, laissèrent libre court à leur curiosité. Le femme était grande et brune, et le jeune demi-elfe qui l'accompagnait avait de longs cheveux d'un bleu intense. Se rendant compte de la timidité d'Astrée, ils engagèrent les premiers la conversation.
Lorsqu'ils apprirent qu'elle vivait elle aussi au cœur des bois, leur intérêt sincère mit Astrée totalement à l'aise, et la conversation s'orienta vers la vie en forêt, les relations et l'harmonie entre les êtres qui y vivaient. Astrée put même parfaire ses connaissances de certaines plantes médicinales.

Rêveuse, elle se dit qu'elle se trouvait réellement bien dans cette communauté. Elle se sentait davantage d'affinités avec eux qu'elle n'en avait jamais ressenti pour sa famille de naissance. Elle envisagea même un moment de revenir les voir, plus tard, quand elle aurait accompli sa mission. Simplement pour se sentir appartenir à une grande famille. Il y avait si longtemps qu'elle n'avait pas eu ce sentiment...
Mais elle n'était pas certaine de pouvoir en retrouver le chemin, si bien caché. Et puis... Et puis ils étaient trop nombreux. Elle n'avait pas l'habitude de vivre ainsi au milieu d'une foule de personnes. Non, en y réfléchissant bien, cela finirait par lui peser.
Elle sourit intérieurement. Décidément, il régnait en ce lieu une bien étrange magie pour qu'elle s'y sente ainsi attirée. A moins que ce ne fut le fait d'avoir retrouvé une vie moins solitaire, depuis quelques jours, qui l'encourageait à se sociabiliser ainsi.
Toujours est-il qu'elle prit grand plaisir à discuter avec ses hôtes, et que le temps lui sembla défiler à une vitesse étonnante.