[Bâtiment] Domaine des Lentemort

[Mornagest]

Le chancelier soupira. Que faire de lui ? Bonne question... le garder là, tout d'abord. Une confrontation ultérieure avec cette peste de Brunehaut serait peut-être déterminante pour découvrir l'entière vérité sur cette affaire des plus étranges. Tuer des esclaves et brûler le manoir familial pour impressionner un gamin voisin... fallait-il être stupide. Cette fillette méritait quant à elle la mort... si son père ne venait pas se mêler de rendre lui-même justice.

"Pour l'instant, vous allez rester sous bonne garde. Une fois l'affaire terminée, je ne vois pas de raison de vous retenir davantage."

[Galathée]

L’elfe acquiesça lentement, les lèvres serrées, puis croisa les bras et attendit. Derrière eux, le manoir continuait de se consumer lentement. L’incendie avait ravagé une bonne partie des bâtiments, le reste était circonscrit, mais la demeure autrefois impressionnante des Lentemort n’était plus qu’une carcasse de poutres et de briques à moitié calcinée. La température restait très élevée et les fumées âcres faisaient tousser les gardes, de temps en temps.
Au bout d’une vingtaine de minutes, les gardes que le Chancelier avait envoyés à la recherche des fils DouceChute revinrent, seuls.
« Monseigneur, Sire DouceChute refuse que ses enfants se rendent sur le domaine des Lentemort que l’on dit empoisonné de brumes mortelles et d’une eau morbide. Il dit que si vous désirez vous entretenir avec lui, vous devrez vous déplacer, monseigneur, je suis navré. » annonça leur capitaine, embarrassé.

[Mornagest]

Le chancelier grogna. Tous ces aristocrates étaient-ils demeurés ? Si le domaine était aussi dangereux, pourquoi y resteraient-ils de la sorte depuis plusieurs heures ?

"Bon... je vois qu'il ne me laisse pas le choix", maugréa-t-il. "Messire Led Shark, vous m'accompagnez, je suppose ? Vous autres, surveillez attentivement le domaine, et gardez-le sous haute sécurité", termina-t-il en désignant l'elfe du regard.

Ils se mirent en route vers le domaine DouceChute.

[Galathée]

Revenant du jardin ombragé des DouceChute, Mornagest et Led Shark débouchèrent à nouveau sur l’esplanade d’herbe rase des Lentemort, où les odeurs de fumée et de désinfectant étaient toujours aussi prégnantes et désagréables. Ils retrouvèrent les gardes qu’ils avaient abandonnés en arrière, avec la petite esclave manchote et l’elfe brûlé, qui était à nouveau inconscient. Le chef de la petite escouade expliqua au Chancelier que l’énergumène avait fait des tentatives répétées d’évasion, et qu’ils avaient fini par ne plus avoir le choix de la méthode s’ils voulaient le conserver à leurs côtés. Les quelques esclaves encore entiers, qui n’avaient pas réussi à s’enfuir, et l’intendant du domaine étaient près du mur d’enceinte, contemplant le manoir qui continuait à flamber en dépit des efforts de la garde pour éteindre le sinistre. Presque rien n’en réchapperait. Le visage de Siméon démontrait sans fard son effroi face à cette destruction totale de la demeure familiale de ses maîtres.

[Mornagest]

L'homme-lézard et le guerrier arrivèrent auprès du majordome, dont la longue figure laissait supposer plusieurs questions. Était-il si sentimentalement attaché au domaine de ses maîtres ? Ou avait-il un quelconque intérêt à ce que la maison ne brûle pas ? Le chancelier lui tapa la main sur l'épaule, ce qui ne manqua pas de le faire sursauter ; ils avaient approché sans faire trop de bruit.

"Eh bien... voilà une perte qui vous affecte particulièrement. Vous aviez des affaires précieuses dans la demeure ?", demanda Mornagest sur un ton condescendant.

[Galathée]

L’intendant semblait à peine l’entendre.
« Ça fait vingt… vingt ans que je travaille ici… » murmura-t-il. « Sire Lentemort va devenir fou en voyant un tel gâchis… Tout ce manoir… Les trois-quarts des esclaves… Il va me tuer. »
Prononçant ces mots, son visage s’altéra.
« Il va vraiment me tuer. » fit-il d’une voix blanche.

[Mornagest]

À nouveau, Mornagest tapota paternellement l'épaule du majordome, en annonçant :

"Ne vous inquiétez pas, on ne va pas le laisser faire... seul. On lui donnera un coup de main, s'il le faut. Si vous ne vous décidez pas à cracher le morceau... profitez-en tant qu'il n'est pas encore revenu, les gardes sont allés les récupérer avant qu'ils ne s'en aillent."

Il arborait un sourire mi-sadique, mi-ironique sur le visage. Il avait envie de s'amuser un peu, et Siméon était une victime toute désignée, vu son détestable comportement.

De son côté, le majordome regardait vaguement autour de lui. Envisageait-il de prendre la fuite ? Outre Mornagest et Led Shark, il y avait leur escorte de deux gardes, et ceux postés devant les grilles du domaine. Il n'irait pas loin...

[Galathée]

Siméon détourna le regard du brasier, dévisageant ses interlocuteurs sans les comprendre.
« L’aider ? » articula-t-il finalement, livide. « Cracher quel morceau ? »
Puis, si cela était encore humainement possible, il blêmit davantage.
« J’ai été un mauvais intendant, certes… J’ai… J’ai failli à ma tâche… Manqué de surveiller… Les biens… Mais les gardes aussi ont leur part… Vous n’allez pas me tuer pour si peu ? J’ai bien… Lentemort pourrait exiger que je sois… réduit au rang d’esclave, mais… mais légalement… Ce n’est pas passible de mort, si ? »
Il semblait garder une sorte de foi, risible, en la justice melandienne, comme tous ceux, sans doute, qui ne l’avaient jamais expérimentée directement.

[Mornagest]

Il prit un ton sentencieux, et s'arma d'un air sévère.

"Tout dépend de votre participation à l'élucidation de ce désastre. Je gage que votre maître saura se montrer clément si vous nous aidez ; je pourrai orienter son choix quant à votre avenir... dans un sens comme dans l'autre. La balle est dans votre camp, Siméon."

Il commençait seulement à s'amuser un peu. Un peu d'abus de pouvoir, ça ne faisait de mal à personne. Pas à lui, du moins.

[Galathée]

Siméon le dévisageait sans comprendre, paralysé par sa propre nervosité. A part son regard hanté, le seul signe de la terreur qui l’habitait était la manière rythmique, compulsive, dont il se frottait les mains l’une contre l’autre.
« Je ne comprends pas… » murmura-t-il finalement avec un minuscule filet de voix. « Je pensais que vous aviez arrêté le coupable… En quoi pourrais-je… pourrais-je vous être utile ? »
Il jeta un regard implorant vers l'homme-lézard, toujours debout dans l'ombre du conseiller, mais il n'y avait nulle pitié à trouver dans ce regard reptile dardé sur lui.

[Mornagest]

Le chancelier haussa les épaules. Un coupable... s'il n'avait dû y en avoir qu'un seul, c'eut été trop simple. Du reste, l'elfe dingue qu'ils avaient débusqué ne devait pas être plus coupable que lui. Un simple exécutant, rien de plus. Il se garda évidemment de faire part de ses sentiments à Siméon.

"Il reste de très nombreux points d'ombre dans cette affaire. L'incendie a été provoqué par notre homme, certes, mais cet empoisonnement est le fait de quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui dispose de davantage de moyens pour parvenir à cela, et non un malheureux esclave comme lui. Avec votre connaissance de la maison, je gage que vous avez quelque idée de qui, dans la famille, aurait pu commettre cela."

Tout net. Le majordome, dont les yeux s'agrandissaient, parut manquer s'étrangler. Le chancelier lui décocha un regard sinistre, avant de poursuivre :

"Oh, cessez de faire votre biche effarouchée. Je suis sûr que vous en savez bien plus là-dessus que vous ne le laissez entendre. Parlez."

Son ton était cette fois univoque. Malgré son attitude calme, le guerrier pouvait facilement se mettre en colère. Et, en général, c'était plutôt mauvais signe.

[Galathée]

Siméon jeta à nouveau un regard éploré vers l’homme-lézard, puis baissa les yeux.
« De la maison ? Mais ce n’est pas possible, pourquoi… »
Il secoua la tête.
« Je n’ai aucune idée de rien. Aucune preuve. » fit-il en secouant la tête. « Je ne peux pas incriminer mes maîtres de la sorte… »
Mais l’attitude de Mornagest ne permettait pas d’échappatoire.
« C’est certain que… Dame Alinoë n’a pas apprécié qu’Hulven prenne une seconde femme parce qu’elle était incapable d’avoir des fils, mais de là à ce qu’elle fasse une chose pareille… L’héritage aurait été aux garçons, mais le seigneur a toujours veillé à ce que ses filles et sa première femme jouissent de tout le confort auxquelles elles étaient habituées… Non, franchement… Si c’est quelqu’un de la famille, c’est qu’elle a dû être manipulée par ailleurs… Le contraire serait… tout simplement dément. On ne crache pas sur la main qui vous nourrit. »

[Led Shark]

Pour des raisons qu'il avait du mal à comprendre lui même l'herboriste été resté en retrait jusque là... Mais comme le pesant humain semblait implorer son intervention, il ne put s'en empêcher. Mais son humeur été entamée par le manque de sommeil et surtout par l'antipathie qu'il avait pour Siméon, aussi la laissa-t-il prendre le pas sur sa mesure habituelle.

Par la douce sylve ! À qui dont croyez vous devoir votre loyauté ? Un homme ne peut servir qu'un seul maître ! Qui donc servez vous ? Hulven ou sa marmaille ? Ce n'est tout de même pas à vous que je vais apprendre que plus une famille est riche plus ses membres se déchirent ! Vous n'avez pas idée du nombre de "nobles" qui s'abreuvent quotidiennement de mes contrepoisons juste au cas où. Cessez de tourner autour du pot pauvre crédule, vous avez failli y passer vous aussi !
Nous savons qui est responsable, inutile de protéger qui que se soit ! Vos informations nous permettrons peut être de découvrir qui tire les ficelles dans l'ombre. Si vous continuez à pleurnicher, le Chancelier et moi même en déduirons que soit vous êtes complice soit vous êtes inutile et comme vous nous déplaisez fortement à tous les deux, nous laisserons à des professionnels le plaisir de vous questionner jusqu'à ce que nous ayons obtenu toutes les réponses...

L'emphase que l'herboriste avait placé sur le mot "questionner" ne laissait aucun doute sur le sens qu'il donnait à mot. Led Shark espérait bien avoir remis le choses en place et suffisamment secoué Siméon pour le faire parler...

[Galathée]

Le regard de Siméon, hanté dans son visage livide, passa du Chancelier à Led Shark et revint vers l’humain, qui était finalement peut-être moins effrayant que son comparse. L’intendant semblait avoir parfaitement compris ce qu’on insinuait et son imagination devait lui promettre bien pire encore que ce que les deux enquêteurs avaient en tête.
« Je ne sais rien… » s’insurgea cependant Siméon. « Mon travail est de m’occuper des esclaves et de la tenue du domaine. Comment aurais-je accès aux secrets de celles qui ne descendent jamais dans les zones dont j’ai la charge ? Seul Sire Lentemort m’entretient des choses à faire, parfois dame Alinoë, parfois dame Clarence viennent vérifier que j’ai ce qu’il faut pour un dîner formel… Mais en général, elles passent par la cuisinière qui vient me trouver… Je ne fraie pas dans ce monde… Je ne les connais pas, je ne les fréquente pas. Je ne suis pas leur esclave, mais je ne suis pas leur ami. »

[Mornagest]

Le chancelier serra brièvement les mâchoires. Il s'énervait, et cela risquait de dégénérer pour le majordome s'il continuait à montrer une telle mauvaise foi. Il prit cependant sur lui, et décida de lui accorder une autre chance.

"Et concernant les visites d'Hulven ? Il a bien des relations dans la cité, non ? Des érudits, des historiens, des mages... n'importe qui ?"

[Galathée]

Il y eut alors un certain brouhaha provenant de l’allée principale du domaine. Les gardes venaient de réapparaître, escortant une famille Lentemort chez qui la colère fit bientôt place à la surprise la plus totale. Aucun des membres de la famille ne put retenir sa stupeur, chacun à leur manière, en découvrant les ruines fumantes qui dénotaient l’emplacement de leur manoir. C’était le choc qui prédominait sur les visages, bien sûr, mais le premier à recouvrer un semblant de tonus fut évidemment Hulven, qui marcha droit sur le Chancelier, l’homme lézard et l’intendant. Sa peau avait pris une teinte rouge sombre à la limite du violacé, et il s’époumona tel un volcan en éruption.
« Qu’est-ce que c’est que ce cirque ! Nous avions parlé d’un assainissement ! Je vais saisir les tribunaux ! Vous ne vous en tirerez pas comme ça ! Vous pensez que parce que j’ai le dos tourné vous pouvez détruire mes avoirs ! Mais Hulven de Lentemort ne se laissera pas bafouer par de la racaille ! »

[Mornagest]

Cette fois, la coupe était pleine. L'arrogance des DouceChute, la mollesse et l'hypocrisie de Siméon, et désormais, la rage mal placée de Lentemort provoquèrent chez le chancelier un accès de colère noire qu'il s'empressa de déverser, non sans une certaine satisfaction et un soulagement notoire sur Hulven, dont les yeux s'agrandirent à mesure que Mornagest déballait son discours.

"Écoutez-moi bien, que je n'aie pas à le répéter. Votre comportement depuis le début de cette affaire m'a suffisamment exaspéré. Vous avez traité cette histoire d'empoisonnement à la légère, en n'alertant les autorités qu'après un délai impardonnable, vous avez laissé crever vos esclaves sous prétexte de ne pas ébruiter le scandale, vous avez quitté ensuite les lieux pour satisfaire votre troupe de femmes incapables de soutenir une odeur à peine désagréable, alors cette fois, si vous dites encore un seul mot de travers, vous verrez les tribunaux de tellement près que vous risquez d'être pendu haut et court avant même d'avoir compris ce qui vous arrivait. Est-ce clair ?"

Il avait parlé sur un ton qu'il voulait calme et posé, donnant aux propos un aspect plus menaçant encore.

[Galathée]

Mais Mornagest surestimait son ascendant auprès des nobles, ou en tout cas, de ce noble-là. Si la virulence de ses paroles se réduisit considérablement, son ton resta glacé, coupant, et sans la moindre déférence.
« Ainsi vous pensez que vous pouvez me menacer, Chancelier. En vertu de quoi pensez-vous que vous êtes toujours là où vous vous trouvez ? Sans doute parce que vous ne vous êtes pas fait suffisamment d’ennemis. Mais les ennemis viennent vite, quand on commence à faire n’importe quoi. Et les rumeurs circulent rapidement. Que pensez-vous que les gens vont penser lorsqu’ils vont apprendre que mon manoir a brûlé, sous votre garde ? Méfiez-vous de votre attitude. »

[Mornagest]

Le guerrier goûtait assez peu aux menaces, mais l'absurde de la situation lui tempéra quelque peu son ardeur. Un petit bonhomme qui le menaçait de la sorte, c'était... grotesque. Il n'en poursuivit pas moins, moins agressif mais toujours déterminé :

"Je suis tout à fait capable de garder ma position, rassurez-vous. En revanche, vous devriez nous expliquer pourquoi votre demeure a été incendiée par une connaissance de votre fille..."

Tout net. Plus question de tergiverser. La petite peste devrait répondre de ses agissements plus que suspects.

[Galathée]

La réplique de Mornagest eut cette fois l’effet escompté.
« Ma fille ?! » s’exclama Hulven, outré. « Comment ? Laquelle de ces… »
Il se tourna vers les femmes de sa tribu qui contemplaient toujours leur manoir brûlant, les traits dévastés par l’horreur.
« Comment pouvez-vous insinuer une chose pareille ?! Laquelle de ces petites… »
Il n’attendit pas la réponse, marcha à grands pas vers ses femmes, saisit les deux filles par le bras, sans ménagement, et les tira jusqu’à ses interlocuteurs. Les deux filles de Lentemort étaient toutes les deux très belles, et ce malgré les larmes de confusion qui ruisselaient sur leurs joues. Elles ressemblaient à leur père, cheveux noirs, traits fins et yeux sombres. Elles avaient l’air en pleine santé. Si elles avaient orchestré l’incendie de leur demeure familiale, soit elles étaient excellentes comédiennes, soit elles n’avaient pas prévu ce que le feu infligerait à leurs murs. En tout cas, leur épouvante semblait réelle. Lentemort leur répéta les accusations de Mornagest avec hargne, en les secouant comme des pruniers. L’une et l’autre balbutièrent des monosyllabes incompréhensibles, puis tournèrent leur regard noyé vers le Chancelier, en quête d’une explication.

[Mornagest]

Qui se borna à répéter ce qu'il venait de révéler au père.

"La personne qui a mis le feu à votre domaine a avoué l'avoir commis sous la menace de Demoiselle Brunehaut."

Il ignorait laquelle des deux était la gamine incriminée, mais il ne tarderait pas à le savoir, en fonction de leur expression. Cela risquait d'être amusant, même s'il fallait s'attendre à des pleurnicheries, évidemment.

Hrp : désolé pour le post super long...

[Galathée]

Brunehaut était la plus âgée des deux, une belle jeune femme vive et nerveuse. Lorsque Mornagest l’accusa d’avoir fomenté l’incendie, elle écarquilla des yeux immenses, à la fois outrés et incrédules. Sa jeune sœur la dévisagea la bouche entrouverte, sans comprendre. Hulven regarda ses filles, puis Mornagest, puis revint à ses filles.
« Et peut-on savoir qui est cet accusateur digne de confiance que vous avez cru sur parole ? » demanda-t-il alors d’une voix froide.

[Mornagest]

Mornagest sourit narquoisement à Lentemort. Remettre les témoins en cause, c'était évidemment le premier réflexe de défense. Jamais, au grand jamais, ses chères filles ne pouvaient être coupables ; ce devait être le témoin qui mentait.

"Je pense qu'il est inutile de vous préciser son identité pour l'instant. En revanche, vous n'avez aucune crainte concernant sa bonne foi. Sa version des faits nous a été relatée de façon très régulière... tout autant que celle de votre fille, si vous acceptez, disons, que nous la soumettions au même traitement afin de s'assurer de la véracité de ses paroles."

Son regard allait successivement du père à la fille. De bons comédiens. Évidemment, si elle manipulait quelque peu la magie, il ne devait pas lui être très difficile d'adopter une conduite apparemment innocente...

[Galathée]

Lentemort croisa les bras et dévisagea le Chancelier, sans aménité, tandis que sa fille palissait, imaginant les tortures qu’on menaçait de lui infliger. Elle ne répondit cependant pas.
« Récapitulons. » dit alors Lentemort. « Mon domaine a été empoisonné, les trois-quarts de mes esclaves sont morts, et mon manoir est en cendres. J’ai l’impression que sans aucun motif, vous seriez ravi de ramener toute cette affaire à ma famille. Alors lavez-en vous les mains complètement, Chancelier. Ma fille est responsable ? Je me chargerai d’elle. Et je paierai pour dédommager vos gardes. »
Il secoua la tête, dubitatif.
« Je me chargerai aussi de trouver quelqu’un qui règlera ça sans se laisser aveugler par ses inimitiés crasses de parvenu. »

[Mornagest]

Le chancelier répliqua par un sourire carnassier, qu'il éclipsa cependant rapidement.

"Inutile de vous sentir lésé parce que l'enquête avance sous mes ordres. Quiconque aurait eu sur la conscience la mort d'une vingtaine d'esclaves aurait eu à me rendre des comptes. N'oubliez pas que le conseil dispose d'un droit de vie ou de mort sur... le personnel, et qu'en aucun cas un tel crime ne peut rester impuni. Je ne compte nullement vous laisser faire votre propre "justice", Hulven. Du reste, je ne suis pas apte à juger le ou la coupable."

[Galathée]

Hulven dévisagea le Chancelier avec hargne et sembla sur le point de rétorquer quelque chose, mais se contint. A cet instant, sa fille aînée rompit les rangs et partit en courant vers l’une des issues du parc. Mais loin de continuer sur sa lancée, elle s’immobilisa en cours de route et fit volte-face. Deux lueurs rouges s’échappèrent alors de ses doigts et virevoltèrent dans l’air avant de venir frapper le Chancelier, lui infligeant deux brûlures magiques qui, à son échelle, avaient tout de la piqûre de moustique. Le temps se suspendit cependant : toutes les personnes qui avaient assisté à la scène demeurèrent bouche bée, d’Hulven aux gardes en passant par la seconde fille Lentemort. L’ensorceleuse elle-même ne semblait pas tout à fait croire ce qu’elle venait de faire, contemplant ses mains avec des yeux écarquillés de surprise.

[Mornagest]

Personne ne réagit, dans l'immédiat ; tout le monde était par trop ébahi par ce qu'il venait de voir pour ne fut-ce que bouger le petit doigt...

Le chancelier fut le premier à réagir, se frottant douloureusement le bras droit, touché de plein fouet par les deux projectiles. Sa peau brûlait, et il grimaça, serrant les dents pour ne pas crier. Il fixa, derrière ses paupières aux trois quarts fermées, le visage d'Hulven, lui dardant un regard mauvais mais dont la portée devait être très limitée.

Les gardes réagirent sans qu'aucun ordre ne dût leur être lancé ; ils se saisirent de Brunehaut et la maintinrent fermement en place.

Mornagest cracha, à l'attention de Lentemort : "J'espère au moins que vous ne remettrez pas ce crime en question."

[Led Shark]

L'herboriste faisait de nombreux efforts pour ne pas s'impliquer dans la "discussion" entre le Chancelier et Lentemort... Il était même parvenu à ne pas bouger quand la fille Lentemort avait fait sa tentative contre Mornagest... Une fois celle-ci maitrisé il eu plus de mal à se retenir... Profitant que tous éaitent occupés par le "spectacle" il s'approcha de la seconde fille par derrière, juste au cas où. Pas question de laisser cette gamine tenter quelque chose du même cru...
Le monstre était juste dans son dos, quand il prit la parole :
Nous-zavions des meurtres d'esssclaves, une posssssession et uzzage de poizzons prohibés par un édit impérial, et une desssstructsssion volontaire de biens le tout en consssspiration, et voilà que la "jeune maîtressssse" des Lentemorts y ajoute un attenta contre le Haut Chancssselier Mornagesssst en perssssonne. À croire que votre ssssœur cherche à finir de la façssson la plus dézzagréable qui ssssoit, qu'en dites vous mon enfant ? Shhs ! Pouvez vous sssseulement imaginer quels tourment ssssont réservés à cssseux et celles qui ssssont asssssez fols pour ssss'attaquer au gouvernement de notre ssi puisssssante Ssssité ? En sse moment votre chère sssœur n'est plus que de la chair à corbeaux...
La fatigue avait repris le dessus sur la diction de l'herboriste, son horrible accent était de retour, ses yeux n'étaient plus que deux fentes (verticales) au milieu d'un masque immobiles d'écailles vertes.
L'herboriste était épuisé physiquement, il repassait doucement en mode "reptile" c'est à dire que sa respiration ralentissait, il était économe de ses mouvements. On l'aurait cru somnolent, et on se serait trompé : les reptiles ne sont pas les humains, ils sont toujours pleinement attentifs, et la fatigue n'influe pas sur leur vivacité, elle les rends moins enclins au mouvement, certes, leur endurance est amoindrie oui, ils ont le souffle court et c'est tout...
Mais cela l'adolescente ne le savait pas, elle n'osait pas se retourner, elle savait qu'un monstre de presque une fois et demie sa taille et son serpent étaient juste derrière elle, et ce monstre lui susurrait des menaces à peine voilées, en fait elle n'en menait pas large...

HRP : désolé pour les délais, mais le temps me manque en ce moment, nouveaux taff et tout et tout... Je vais quand même essayer de rester dans le rythme...

[Galathée]

Le geste pour le moins impétueux de l’aînée des Lentemort avait laissé Hulven silencieux, mais il se reprit rapidement, et son visage se couvrit d’un masque de mépris sans artifices qu’il darda sur ses deux filles. Ceux qui avaient un instant cru que la justice que Sire Lentemort avait l’intention d’appliquer à ses rejetons était plus douce que celle des autorités mélandiennes en furent pour leurs frais.
« Très bien, faites-en ce que vous voulez de ces femelles. Elles n’ont jamais été que des bouches inutiles à nourrir et vêtir, de toute façon. Je suis fort aise que vous m’en débarrassiez légalement et sans que je ne doive payer de dot, de surcroît. »
Puis il eut un geste de dédain éloquent, signifiant que le reste ne l’intéressait pas. Ce n’était pas le cri d’une suppliciée qui reconstruirait son manoir et le rembourserait de ses esclaves perdus.

[Mornagest]

Le brutal changement de comportement de Lentemort surprit Mornagest, et il considéra le noble d'un air méfiant. Cherchait-il à reporter l'attention de la justice mélandienne sur sa propre fille afin de sauver sa peau et s'écarter des soupçons ? L'hypothèse, bien que monstrueuse, ne manquait pas de crédibilité. Il avait tenté de conserver ses intérêts du mieux qu'il le pouvait, et agissait encore de même, dans ce cas.

Néanmoins, la fille aurait a minima à répondre de son geste stupide. Peut-être une séance particulière pourrait lui faire arracher quelques informations compromettantes sur son père. Après tout, elle lui en voudrait peut-être suffisamment pour ne pas renâcler trop à lâcher le morceau...

"Bien. Vous serez informé de la suite de l'enquête. Pour l'heure, je vous demanderai de ne pas quitter Melandis sans mon autorisation expresse, et ce jusqu'à nouvel ordre."

Le chancelier fit emmener BruneHaut par deux gardes, et se tourna alors vers Led Shark pour l'entraîner un peu plus loin et lui parler seul à seul.

"Que pensez-vous de cette histoire ? Ça me semble très captieux, tout ceci... j'ai l'impression qu'il s'agit d'un coup monté... le père a l'air bien trop désireux de se débarrasser de sa propre fille."