[Lieu] Un vallon dans les ténèbres...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi s’était figé lorsque les âmes en peine avaient frôlé le groupe. Que de tels ennemis s’en prennent à eux et leur mission serait vouée à l’échec. Pire, le rôdeur craignait maintenant de subir le même sort que les paladins. Leur état était une insulte à tout ce pourquoi ils s’étaient battus. Sauver Albérich pour condamner dix nobles âmes et peut être celle de ses compagnons et la sienne en plus s’avérait une bien futile entreprise. Le rôdeur se fit la réflexion que la mission avait déjà révélé le côté sombre de certains de ses compagnons en songeant à Arya.

Bien qu’il sache que c’était l’atmosphère de mort omniprésente qui provoquait ces sombres pensées, le demi-elfe ne put les chasser totalement de son esprit. Il avait déjà éprouvé une sensation proche de celle-ci mais subtilement différente. Il n’était pas seul ailleurs, il faisait partie de lui et luttait à ses côtés, allié malgré lui.

Le rôdeur écarquilla les yeux. Il n’avait plus songé au démon qui l’avait habité depuis son réveil. Fallait-il qu’il s’approche des limbes mortuaires pour s’en souvenir ? Cette fois il était seul, la sensation était subtilement hypnotique, la mort l’appelait à venir le rejoindre. Non par des mots ou des images mais par une promesse d’oubli et de néant. Alors qu’il allait céder, s’abandonner à éprouver cette sensation d’abandon, une secousse le ramena à la réalité. Etait-ce le signe d'une lutte ? Belenn avait-il atteint l'artefact ? Mais la nuit toujours présente signifierait alors son échec. Le rôdeur se recentra sur son environnement, refusant d'envisager cette hypothèse comme si cela pouvait lui donner réalité. Il sentait Astrée dans son dos et Taliesin, présence plus ténue mais présente, vivante.

Le rôdeur se décida à briser le silence et l’emprise qu’il avait pris sur eux. Le risque de se faire repérer par un groupe en maraude semblait soudain bien négligeable par rapport à celui de se perdre spirituellement. Ce ne fut qu’un murmure bien dérisoire face à la chape de mort Il sembla se perdre à peine sorti de ses lèvres comme si l’atmosphère même tentait de bâillonner ce pathétique signe de vie :

- Continuons, nous ne devons plus être très loin.

[Galathée]

Arya quitta le couvert des arbres et franchit la dizaine de mètres qui la séparaient du pied de la tour et de la zone d’ombre qui l’entouraient. Invisible, elle l’était pour quelques minutes, mais elle ne pouvait dissimuler ses traces, qui s’imprimèrent dans la neige meuble qui tapissait la butte. Lorsqu’elle entra dans les ténèbres, ce fut le noir. Ni l’elfe ni la drow ne furent plus capables de voir quoi que ce soit, comme si elles avaient fermé les paupières de concert. Elles ne se sentirent cependant ni agressées, ni affaiblies. Comme la nuit l’avait fait, les ténèbres les ignoraient. En faisant quelques pas droit devant elles, elles parvinrent jusqu’à la paroi de roche glacée qui constituait le mur de la tour. Arya en sentit les pierres finement ajustées, qui n’offraient pratiquement aucune prise à l’escalade. Il y avait du bruit sur sa gauche, vers l’ouest. Le murmure d’une conversation, nettement audible, mais incompréhensible. Elle n’avait vu personne à l’extérieur du cercle de ténèbres, au moins depuis l’endroit où elle se trouvait, au sud, en arrivant. Il était donc plus que probable que les personnes qui parlaient se trouvaient à l’intérieur de l’anneau d’obscurité.

***

Taliesin, Kasumi et Astrée ne firent pas davantage de mauvaises rencontres. Ils se coulaient d’arbre en arbre, suivant la piste encore fraîche d’Arya, qui devait les précéder de quelques minutes seulement. Mais l’elfe ne leur avait plus fait parvenir le moindre message. Il y eut à nouveau une secousse, infime, et ils réalisèrent que le sol n’avait pas bougé. C’était plutôt un éclair de lumière qui brisait la nuit, trop furtif pour réellement marquer la rétine, mais qui donnait une sensation de choc. Le rôdeur distingua bientôt une zone plus claire devant lui, une étendue de neige dépourvue d’arbres, et il se retrouva à son tour en bordure de la butte où se dressait la tour. La pente était très douce, et en se glissant jusqu’à l’orée, ses deux compagnons sur les talons, il constata que des pas, ceux qu’ils suivaient depuis le début de leur escapade, avaient quitté le bois pour gagner le pied du bâtiment, dix mètres plus loin. Celui-ci baignait dans l’ombre, une ombre plus dense que la nuit, comme un rideau de fumée opaque qui se fermait à leurs yeux. Seule Astrée, munie du masque des Sharites put en distinguer, troublement, l’intérieur. Elle était trop loin pour discerner les détails. Il lui sembla qu’une silhouette se trouvait en face d’eux, noire contre la roche noire, tandis que deux autres bougeaient sur leur gauche.

HRP : je propose qu’Arya poste en premier, pour respecter le timing, et ensuite, ce sera aux autres (et à moi ).

[Arya Du Varden]

Arya ne maîtrisait pas la nuit, la drow n’y voyait pas plus qu’elle, mais elle ne se sentait pas pour autant perdue. Elles avaient avancé de concert dans leurs esprits et tous les sons environnants étaient analysés par la drow afin de détecter un éventuel ennemi, à défaut de voir, l’ouie était devenue maîtresse pour guider les pas de l’elfe. Si l’entreprise était risquée, elle ne l’était pas plus que dans la forêt, car Arya aurait pu être découverte tout comme elle le pourrait maintenant.

Arrivée au mur, Arya prit dans sa bottine sa dague et sous les données de Phylacrypte, en faisant le moins de bruit possible, se mit à graver de la pointe effilée des signes tel que le font les drows afin qu’elle puisse se repérer à tout moment pour savoir où elle était par rapport à son point d’arrivée et ce qui s’y passait. La paroi étant trop lisse, elle ne leur offrirait aucune possibilité d’investir les lieux par des fenêtres. Rapidement, elle dirigea ses pas vers l’est pour incruster encore quelques signes tout en écoutant les sons qui lui parvenaient, puis avec la plus grande prudence vers l’ouest d'où les sons de la conversationlui parvenaient.

S’attaquer aux ennemis présents aurait été pure folie car se battre dans le noir absolu face à des ennemis qui la verraient, Phylacrypte ne s’y frotterait pas d’autant que cela alerterait tous les autres.

Mais, la drow en déduit qu’il était fort probable que ce fut là l’entrée de la tour et qu’avec les quelques points de repères qu’Arya avait gravé, ils pourraient une fois tous réunis s’y retrouver plus aisément, sachant que même si il n’y avait pas de conversation, un garde en faction pouvait fort probablement être présent là d’où les sons étaient venus. La drow savait qu’Astrée avait un masque des Sharites que lui avait remis Belenn et bien que ce fut le seul, cela pouvait leur permettre d’avancer.

Mais, il était temps de disparaître avant d’être plus repérable qu’avec les traces légères qu’Ayra laissait sous ses pas et repartant du repère primaire, elle se dirigea rapidement pour rebrousser chemin et se fondre à nouveau dans la verdure environnante avant de rebrousser chemin pour aller retrouver ses compagnons qui elle l’espérait seraient toujours là étant incapable de juger du temps qu'elle avait mis dans son entreprise.

[Voyageuse]

La deuxième secousse ébranla Astrée, mais elle fut soulagée lorsqu’elle comprit qu’il s’agissait en fait de chocs lumineux. Témoins sans doute des tentatives de Belenn pour faire disparaître l’obscurité du vallon.
Peu après, ils arrivèrent près de la tour, entourée d’une obscurité impénétrable. Astrée réalisa, en voyant les mines perplexes de ses compagnons, qu’elle était peut-être la seule à discerner quelque chose à travers ce rideau opaque. Voyant les silhouettes sur sa gauche, elle n’osa pas chuchoter pour informer ses compagnons : ce n’était pas le moment d’être repérés, une conversation dans le silence ambiant risquait d’être entendue.

Elle tapota l’épaule de Kasumi devant elle, et vérifia qu’elle avait capté l’attention de ses deux compagnons. Elle leva deux doigts en indiquant l’endroit où se trouvaient les deux personnes qu’elle distinguait, sur leur gauche, puis un doigt en indiquant l’endroit, en face d’eux, où elle distinguait une seule ombre. Elle désigna alors les traces d’Arya dans la neige, pour indiquer que la personne seule pouvait être l’elfe. Mais il n’y avait pas moyen d’en être certains.
Si vraiment elle était la seule à voir dans cette obscurité, elle pouvait s’approcher de l’elfe présumée. Mais comment celle-ci réagirait-elle en étant approchée par une personne qu’elle ne pouvait voir ? Sans compter qu’avec son masque on pouvait la confondre avec un des Sharites…

Elle en était là de ses réflexions quand elle vit l’ombre bouger à droite, puis à gauche, puis se détacher du mur et se diriger vers eux. Elle transmit par gestes l’information à ses coéquipiers. Instinctivement, elle saisit son arc. Tout en réalisant qu’elle serait bien incapable de tirer… Mais rien ne prouvait que cette ombre fut Arya… Hésitante, elle se tourna vers Taliesin et Kasumi et les interrogea du regard.

[Taliesin]

Lorsqu'il avait compris l'origine de ces étranges chocs, Taliesin n'en avait guère été rassuré. Certes, cela pouvait signifier que Belenn avait atteint l'artefact. Mais si c'était le cas, il n'avait pas encore réussi à le détruire, et ses tentatives manquées risquaient d'alerter les Sharites : lui et ses compagnons avaient perçu les brefs éclairs de lumière. Leurs ennemis ne pourraient manquer d'en faire de même... Notamment le clerc qu'ils avaient croisé, un peu plus tôt...
Il abandonna toutefois ses sinistres réflexions en arrivant au pied de la tour. Astrée leur indiqua silencieusement la présence d'ombres dans les ténèbres... et il y avait des traces au sol. Ainsi, il était des plus probable que Phylacrypte ait poussé plus avant sa reconnaissance, jusque dans l'anneau de nuit que ses yeux ne parvenaient pas à pénétrer. Cette idée fit grimacer le barde : c'était une folie ! La drow aurait très bien pu tomber sur des Sharite en train de patrouiller. Lesquels l'auraient vue sans mal, grâce à leurs masques ! Si la silhouette isolée était bien la sienne, c'était un miracle qu'elle ne soit pas tombée sur les deux factionnaires, plus à gauche. Un miracle si elle parvenait à les rejoindre sans être vue...
Enfin, ce qui était fait... était fait. Plutôt que de regretter les risques pris, il fallait réfléchir aux moyens d'infiltrer la tour, désormais. L'anneau de ténèbres était le principal obstacle, avec les hommes positionnés au pied de l'édifice. Jeter un grappin, l'accrocher à l'une des fenêtres et entrer ainsi pouvait être une possibilité...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi évalua rapidement la situation. L’anneau de ténèbres autour de la tour lui masquait totalement la vue et la seule personne qui disposait d’un moyen de le percer à jour était Astrée. Phylacrypte avait manifestement choisi de braver ce danger, en aveugle, et le rôdeur se maudit de sa décision. Certes, elle pouvait trouver une entrée mais il était plus que probable qu’elle tombe sur l’un des gardes sans pouvoir le voir. Auquel cas, leurs efforts de discrétion seraient réduits à néant.

Il réfléchit à toute vitesse, tentant de ne pas laisser libre cours à la panique. Il tapota l’épaule d’Astrée pour quelle capte son regard puis il désigna ses yeux et la tour. Enfin, il mima une ouverture. Il espérait que son discours fut intelligible pour la rôdeuse et qu’elle pourrait les renseigner sur une issue accessible.

Restait à trouver un moyen de prévenir la drow si elle trouvait un moyen d’entrer en trompant la vigilance des guetteurs… Une entreprise des plus périlleuses que le demi-elfe rechignait à confier à sa collègue et amie.

[Galathée]

Lorsque la silhouette qu’avait entraperçu Astrée s’arracha aux ténèbres et refit le parcours qu’elle avait emprunté en sens inverse, les trois compagnons embusqués dans le sous-bois purent sans difficultés reconnaître la silhouette d’Arya et baisser leurs traits. Celle-ci se glissa dans l’ombre et les rejoignit rapidement, ayant elle aussi repéré leur position.
Au moment où elle allait ouvrir la bouche pour leur expliquer quelle avait été sa stratégie, il y eut un nouvel éclair lumineux, cette fois plus long, et pendant une seconde, la tour leur apparut dans son entiereté, depuis son sommet haut perché jusqu’à la base, dont les ténèbres restèrent opaques. La construction avait, s’il fallait en croire le positionnement des fenêtres les plus larges, six étages en plus du rez-de-chaussée plongé dans l’anneau de nuit. Et ils avaient eu le temps de voir que la plupart des volets étaient fermés. En pierre grise, rendue luisante par le gel, le bâtiment semblait défier le grimpeur le plus expérimenté. Astrée se souvint qu’il avait été construit par des créatures non humaines, des golems, selon Aidan de Respelm.
Il y eut soudain des éclats de voix, et Astrée vit de nouvelles silhouettes apparaître au pied de la tour, à l’endroit où elle avait vu les deux premières. Un éclair de lumière illumina la nuit inerte, puis les ténèbres retombèrent. Ils virent alors trois hommes s’écarter de l’anneau ténébreux par la droite, vers l’est, descendant la petite butte enneigée pour gagner les bois. Tous portaient l’uniforme obscur des Sharites.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi fut soulagé de voir que Phylacrypte avait réussi à tromper la vigilance des guetteurs et se dirigeaient maintenant vers leur position. Mais, au même moment, les ténèbres vacillèrent en révélant la tour dans une vision fugace. Il était maintenant évident que Belenn y était pour quelque-chose et que les Sharites allaient être avertis de l’intrusion. Ses soupçons se virent fondés lorsque trois silhouettes quittèrent la tour en direction de l’est, probablement vers le lieu où se trouvait l’artefact et Belenn...

Le demi-elfe était déchiré à cette perspective. D’un côté, il s’agissait là d’une diversion leur ouvrant un chemin plus sûr vers la tour. D’un autre côté, saisir cette opportunité signifiait abandonner le clerc face à trois ennemis avertis et probablement davantage si l’artefact était gardé.

Kasumi durcit son cœur, il ne fallait pas laisser passer cette chance de libérer le conseiller. Belenn était conscient des risques encourus. Il chercha à croiser le regard de ses compagnons pour y découvrir si la même résolution y était présente.

[Taliesin]

Lorsque le regard de Kasumi croisa celui-du barde, ce dernier acquiesça vivement. Puis, lorsque les trois clercs eurent disparu entre les arbres, il fit signe à ses compagnons de le suivre. Il les entraîna un peu à l'écart de la tour, hors de portée de voix des factionnaires, puis invita les deux rôdeurs et la magicienne à se rapprocher de lui.
-Il faut passer à l'offensive dès que possible, fit-il, dans un souffle. C'est ce que voudrait Belenn. Je vois deux moyens d'entrer. La manière forte : je peux jeter un sort de silence sur les gardes, si Astrée m'indique leur position. Puis, dans la foulée, un sort de lumière qui dissiperait peut-être les ténèbres autour d'eux. Il nous suffirait de les abattre et de nous faufiler dans la tour. Sinon... Il faudrait trouver une fenêtre non bouclée, y jeter un grapin, escalader la façade... Plus acrobatique, un peu plus discret... Enfin voilà... Je ne sais pas si vous voyez autre chose.

[Galathée]

Arya était restée muette pendant que Taliesin parlait, comme si elle était un peu ailleurs.
« Je vais aller soutenir Belenn. » dit-elle alors de but en blanc, et ils ne surent pas si c’était la drow ou l’elfe qui parlait. « Ils sont trois à avoir quitté la tour. Il vous en reste huit. Je vous promets que ceux-là ne vous importuneront plus. »
Elle eut un sourire étrange.
« Nous nous retrouverons au campement des paladins, tous les six. » ajouta-t-elle avec son assurance coutumière.
Puis elle les salua, et sans attendre qu’ils répondent, se fondit dans la nuit. Ses trois adversaires avaient déjà pris une certaine avance et la guerrière en elle se prépara à semer la mort.

[Voyageuse]

Astrée vit les trois ombres s’éloigner en direction de l’est, et son cœur se serra. Belenn était seul là-bas… Il avait beau lui avoir paru conscient du danger, sûr de lui, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Elle eut du mal à détacher ses yeux des trois silhouettes, et il fallut que Taliesin lui tapote l’épaule pour qu’elle se rende compte que ses compagnons l’attendaient.
Elle suivit le barde un peu à l’écart et écouta le plan qu’il proposait. Elle l’admira d’avoir, en si peu de temps, réussi à imaginer deux stratégies… Mais lorsqu’il les exposa, elle ne put s’empêcher de blêmir en réalisant ce que cela impliquait… « il suffirait de les abattre »…

Elle n’eut pas le temps de s’appesantir sur cette idée que déjà Arya leur parlait, puis s’éloignait d’eux. Bouche bée, elle la regarda partir. Elle s’y attendait tellement peu…. Elle faillit l'interpeler. Mais elle avait raison… Ils ne pouvaient pas laisser Belenn seul ainsi. Elle admira intérieurement l’elfe d’avoir eu ce courage. Et regretta de ne pas y être allée elle-même. Mais ce qui était fait était fait, il était trop tard : ils devaient se concentrer sur leur objectif.
Elle murmura simplement :
-Bonne chance Arya... Ou qui que tu sois.

Puis elle se tourna vers Taliesin, qui semblait aussi surpris qu’elle.
- Concernant tes idées… Je suis plutôt favorable, personnellement, à une approche discrète. J’ai peur qu’un sort de lumière soit repéré et fasse courir des risques au conseiller.
Elle regarda à nouveau en direction de la tour, et leur annonça :
- D’un autre côté… Il n’y a plus qu’un garde devant l’entrée de la tour, donc facile à maîtriser. Et je vois aussi une fenêtre accessible au premier étage. Mais on ne peut pas savoir ce qu’il y a derrière… Enfin, on ne sait pas non plus ce qu'il y a derrière la porte de toute façon.
Elle soupira.
- Je ne sais que penser. Je penche plus pour une approche discrète, mais... vous avez plus d'expérience que moi.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi accueillit avec soulagement la décision de Phylacrypte de secourir Belenn. Cela soulageait sa conscience même si cela privait temporairement le groupe de ses talents précieux. Dès lors et plus que jamais, il fallait privilégier l’approche discrète et espérer atteindre le conseiller avant d’engager les hostilités. La perspective d’éliminer un ennemi isolé était alléchante d’un point de vue tactique mais la tour devait être en alerte et la disparition de l’unique garde devant l’issue logique pouvait aisément être repérée. En apparence, le guetteur jouerait le rôle de diversion en témoignant qu’aucune attaque n’était lancée contre la tour.

Inexplicablement, le rôdeur sentit la tension qui avait gagnée Astrée à l’évocation froide et réaliste du barde d’éliminer les gardes. Le demi-elfe opta donc pour cette approche et le fit savoir d’un geste à ses compagnons.

- Tentons de nous infiltrer par une fenêtre. Plume peut-elle nous aider à voir ce que cache ces fenêtres ?

[Taliesin]

Taliesin grimaça. Lui-même n'avait aucun contrôle sur Plume, aucun moyen de lui demander de jouer les éclaireuses ni de recevoir ses découvertes. IL faudrait que ce soit l'un des rôdeurs qui établisse le contact, mais cette idée le mettait mal à l'aise. C'était le familier de Galathée et, si elle lui l'avait volontairement adjoint, ce n'était pas pour autant qu'il avait considéré la chouette comme sienne. Il rechignait encore plus à laisser quelqu'un d'ature utiliser ses capacités, mais, malheureusement, il n'y avait guère d'autre choix.
-Demandez-lui si elle veut bien nous rendre ce service... soupira-t-il finalement. Je n'ai pas les moyens de le faire, moi. C'est le familier de ma compagne...
Quant au plan d'infiltration de la tour, il y souscrivait bien volontiers. Mieux valait réserver ses quelques sorts pour des moments plus cruciaux...

[Voyageuse]

Astrée fut soulagée de voir que Kasumi avait fait le même choix qu'elle et décidé d'entrer plutôt par une fenêtre. Elle avait tu la raison réelle qui était à l'origine de son choix, mais la raison qu'elle leur avait donnée était tout à fait valable, après tout.

- Je veux bien essayer de communiquer avec Plume, Taliesin, murmura-t-elle. Mais je ne sais pas si cela va marcher. Elle n'obéit sans doute qu'aux ordres de ta compagne... Pourquoi accepterait-elle de me rendre ce service? Mais pourquoi pas, après tout... Elle le fera peut-être pour toi.

Elle observa la chouette au plumage clair, et se concentra, cherchant à entrer en contact avec elle. Elle lui transmit sa demande en image : se diriger vers la fenêtre, et leur montrer ce qui les attendait à l'intérieur...

[Galathée]

La chouette observa Astrée de ses grands yeux noirs, sans rien dire, puis prit son envol. Elle ne resta pas longtemps sous la ramure des arbres, virevolta rapidement dans le ciel sombre et se dirigea droit sur la fenêtre sans perdre de temps. L’oiseau se posa sur le rebord, les trois voyageurs pouvaient à peine deviner sa silhouette. A ce moment-là, l’homme en faction se déplaça dans son cercle de ténèbres, comme s’il hésitait à entamer une ronde. Mais, étant seul, il reprit rapidement sa place.
Astrée sentit qu’une conscience caressait la sienne et elle dut donc se désengager du réel qui l’entourait pour accepter le regard de la chouette. Elle vit d’abord trouble, reflet de son faciès d’oiseau dans une vitre assombrie, puis s’acclimata à la vision de l’oiseau et découvrit la pièce qui s’étendait de l’autre côté. C’était une sorte de salle commune, Astrée distingua quelques tables, quelques chaises, mais pour l’heure, l’éclat du feu dans l’âtre l’éblouissait. Quelques secondes plus tard, les formes lui apparurent plus clairement. Il y avait trois personnes dans la pièce, deux hommes et une femme. Ils étaient en grande conversation, apparemment songeurs, sans pour autant avoir l’air trop nerveux. La femme acquiesçait beaucoup, l’air attentive et résignée. Le plus jeune des deux hommes, la mine revêche, semblait peu convaincu par ce que disait le troisième, un homme élancé aux yeux très clairs. Ils finirent cependant tous par tomber d’accord, et quittèrent la pièce par une porte située au au nord. Il semblait ne plus y avoir personne à l’intérieur.

[Voyageuse]

Astrée demanda à Plume de rester en faction sur le rebord de la fenêtre, puis revint doucement à la réalité qui l’entourait, quittant les sensations de la chouette pour retrouver celles de son propre corps. Elle retrouva le froid, le poids de ses armes et celui du casque sur sa tête, la vision particulière qu’il lui procurait.

Elle se tourna vers ses compagnons.
- La fenêtre du premier étage donne sur une espèce de salle commune. Il y avait trois personnes en train de discuter, deux hommes et une femme, mais ils viennent juste de sortir. La voie est donc libre pour l’instant. Mais n’importe qui peut entrer à nouveau : il ne faut pas traîner si on veut passer par là… Je dois pouvoir vous guider à travers l'obscurité jusqu'à la tour. Mais je pense que je réinterrogerai Plume avant de lancer la corde, elle est restée là-bas.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur observa l’échange silencieux entre l’oiseau et Astrée, s’étonnant une fois encore de la facilité avec laquelle la jeune femme établissait un contact avec les animaux. C’était là un talent erratique qu’il avait toujours eu grand peine maîtriser. Mais il se rendit compte qu’il n’éprouvait nulle jalousie envers la rôdeuse. Bien au contraire, il se réjouissait de bénéficier de ses talents complémentaires et, peut être qu’à son contact, il parviendrait à en apprendre davantage. C’est une excuse, se corrigea-t-il, en forçant de se remémorer ce que venait de dire la rôdeuse et qui lui avait presque échappé.

- Dépêchons-nous ! Guide-nous !

Le demi-elfe saisit fermement une main de la rôdeuse, se remettant à ses sens pour traverser l’anneau de ténèbres toujours opaques.

[Galathée]

Les trois compagnons se coulèrent dans l’ombre des arbres, sans quitter l’ombre qui leur était offerte. Astrée était devant, suivie par Kasumi, et Taliesin lorgnait les ténèbres derrière eux, à l’affût du moindre mouvement. Bien qu’ils n’en aient pas parlé, ils avaient tous la main sur le manche d’une arme, prête à surgir au moment opportun. Lorsqu’ils arrivèrent bien en face de la fenêtre, réduisant leur parcours à découvert au minimum, ils bifurquèrent sur la butte pour gagner au plus vite l’anneau obscur et le pied de la tour. Comme Astrée l’avait constaté, le guetteur de la porte semblait ne pas vouloir bouger, ils étaient donc en relative sécurité, pour autant qu’ils ne fassent pas un raffut de tous les diables et que personne ne s’avise de lorgner le bas de la tour d’en haut. Cela faisait beaucoup de probabilités à défier, mais c’étaient ce qu’ils avaient fait depuis le début de leur parcours.
Alors qu’ils arrivaient en bordure de l’anneau, ils eurent cependant droit à une vision peu rassurante, qui faillit les pétrifier sur place. Face contre terre méchamment disloqué, se trouvait le cadavre d’un homme que la neige n’avait pas encore recouvert. Il était nu, la peau blafarde, les bras liés dans le dos, et il lui restait un morceau de corde noué autour du cou. Ils eurent un instant d’arrêt, mais les deux hommes, qui avaient rencontré Albérich, réalisèrent rapidement que ça ne pouvait pas être lui : le mort était plus grand et plus musclé que le conseiller. Astrée, par contre, eut la conviction qu’il s’agissait là du chef des paladins qu’elle avait rencontrés quelques jours plus tôt.

[Voyageuse]

Astrée blêmit en apercevant le corps. Elle mit quelques instants à reconnaître Erwann de Sallis, le commandant de la troupe de paladins. Ainsi, ils étaient bien tous morts. Elle le savait, bien sûr, depuis qu’ils avaient trouvé le cheval. Mais se le voir confirmer ainsi…
Très pâle, elle avait besoin d’un peu de temps pour recouvrer son sang-froid. Mais du temps, ils n’en avaient pas. Il fallait agir vite, chaque minute qu’ils passaient ici était une minute de perdue, un risque supplémentaire d’être repérés.

Elle inspira profondément, serra un peu plus fort la main de Kasumi pour se donner du courage.
Se tournant vers lui, elle lui sourit, et leva doucement sa main pour la placer sur son épaule gauche. Elle fit signe à Taliesin de placer lui aussi une main sur son épaule droite. Ensemble, ils plongèrent ainsi dans l’obscurité.
Elle sentit les mains de ses compagnons se crisper légèrement lorsqu’ils perdirent totalement le sens de la vue. Elle seule voyait où ils mettaient les pieds, mais heureusement le sol semblait sans obstacle. Il montait en pente douce jusqu’au pied de la tour, et il n’y avait que deux mètres à parcourir. Ils arrivèrent donc sans encombre au pied de la tour.
Il faisait toujours aussi noir. Astrée prit les deux mains de ses compagnons et leur fit toucher le mur, pour qu’ils sachent qu’ils étaient arrivés. Elle prépara ensuite le plus silencieusement possible sa corde et son grappin. Avant de le lancer, elle tourna son esprit vers Plume : la voie était libre.

[Taliesin]

Lorsqu'il aperçut le cadavre,Taliesin ne put réprimer une grimace. Une telle barbarie ne l'étonnait en rien venant des Sharites. Le traitement infligé à Euryale leur avait montré qu'ils ne faisaient preuve d'aucune retenue... Mais, surtout, il maudit les paladins pour leur trop grande assurance, pour leur pêché d'orgueil : les auraient-ils attendus que rien de tout cela ne serait arrivé... A présent, ils étaient tous morts. Leur sacrifice n'avait servi à rien. Sinon à torturer davantage le conseiller Albérich : le barde imaginait très bien le grand prêtre debout sur le sommet de la tour, tandis qu'on précipitait le paladin dans le vide...
Inutile de se concentrer sur ces pensées. Le passé était le passé. Il fallait aller de l'avant. Juste aller de l'avant.
Un mouvement dans les ténèbres le tira de ses réflexions. Songeant qu'Astrée s'apprêtait à lancer le grappin, il liu prit le bras pour interrompre son geste.
-Il nous faut du silence... chuchota-t-il à son oreille.
Puis, aussi discrètement que possible, il se mit à incanter. Il croyait bien se souvenir de l'emplacement de la fenêtre et, même s'il visait mal, le sortilège avait suffisamment de rayon pour englober tout de même sa cible.

Taliesin --> Silence --> Fenêtre

Psalmodier ainsi était prendre un risque... Moins grand, cependant, que celui de grimper et de briser la fenêtre sans la moindre couverture magique, ce qui risquait d'ameuter tous les habitants de la tour...

[Galathée]

Astrée parvint à s’arrimer à la fenêtre dès son premier lancer. Elle éprouva la solidité de sa prise, vérifiant la position du grappin grâce aux yeux de la chouette, puis s’élança. La jeune femme avait une aisance particulière en escalade et elle parvint sans trop de difficulté à s’élever, en dépit de la paroi glissante. Elle arriva sur l’appui de fenêtre en quelques minutes, à nouveau hors du champ de ténèbres, juste au moment où un nouvel éclair de lumière balayait la forêt. Plume s’envola pour la laisser prendre place, et la rôdeuse réalisa qu’elle avait maintenant à forcer une fenêtre, exercice qu’elle maîtrisait nettement moins bien. Heureusement, la pointe d’une flèche et la bulle de silence de Taliesin suffirent pour qu’elle puisse déboîter une partie du chambranle, lequel céda en échardes… mais dans le plus profond des silences. Elle put se glisser à l’intérieur. Taliesin arriva sur ses talons, après avoir bénéficié avec surprise, et une grimace un peu outrée, de la courte échelle proposée par Kasumi. Ce dernier finit par les rejoindre et ils se retrouvèrent tous les trois dans l’ombre d’une salle de séjour désertée. Si quelqu'un entrait à présent... Ils auraient du mal à expliquer leur présence en ces lieux...

[Taliesin]

Sitôt remis de son ascension, Taliesin quitta les abords de la fenêtre pour s'avancer dans la vaste pièce. Celle-ci, ronde, occupait la totalité d'un niveau de la tour. Une porte s'ouvrait au nord, donnant probablement sur l'escalier. Pour le reste, l'endroit contenait tout ce qu'on pouvait s'attendre à trouver dans une salle commune : tables, chaises, ustensiles de cuisine... L'endroit était cependant des plus dépouillé, des moins confortables : utilitaire avant tout, on ne semblait guère s'y prélasser. La seule touche chaleureuse provenait de la cheminée et du feu qui y crépitait joyeusement. L'elfe l'observa un instant avec avidité mais, songeant que ses camarades seraient sans doute un peu surpris s'il s'asseyait paisiblement au coin de l'âtre pour y fumer la pipe, il s'en détourna vivement et continua sa progression vers la porte.
Bientôt, il entendit le son de ses bottes sur le sol, signe qu'il venait de quitter la zone d'effet de son sort de silence. Redoublant de prudence, il tira son épée et se coula jusqu'à l'huis. Il avait l'intention d'y coller l'oreille et de guetter les sons en provenance des autres étages de l'édifice, histoire d'avoir une idée de la position qu'occupaient leurs ennemis...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi avait jeté un regard compatissant à la dépouille mortelle du chef des paladins. Voilà qui balayait les derniers doutes que le rôdeur nourrissait à leur sujet. Mais celui-ci chassa de son esprit les pensées de colère à l’encontre des Sharites et des paladins qui avaient donné l’assaut malgré les recommandations de n’en rien faire. Il fallait se concentrer sur les vivants, ou ceux supposés l’être. Le temps des morts viendrait plus tard, comme toujours…

Le rôdeur emboîta le pas de ses compagnons, la mine sombre. Une fois parvenu en bas de la tour, il leur céda le pas et proposa même son aide au barde qui n’en avait nul besoin. Puis, se fiant à ses compagnons, il grimpa à son tour et détacha le grappin qu’il rendit à Astrée. Inutile de laisser pendre une corde au dehors, comme un criant signal de l’intrusion. Leurs pas enneigés près de la fenêtre y suffiraient bien. Le demi-elfe referma la fenêtre aussi hermétiquement qu’il le put afin de barrer le courant d’air qui pouvait les trahir. Il s’essuya ensuite les bottes sur un tapis pour éviter de laisser des traces sur le sol de la tour.

Le feu crépitant dans l’âtre signifiait, qu’à tout instant, quelqu’un pouvait revenir dans la pièce où ils se trouvaient. Le demi-elfe dégaina donc sa lame et se plaça contre le mur attenant à la porte, prêt à soutenir le barde s’ils étaient découverts.

[Voyageuse]

Astrée avait rapidement vérifié que la pièce était déserte, puis avait surveillé d’un œil l’ascension de ses compagnons, moins expérimentés qu’elle dans ce domaine. Elle s’écarta pour les laisser entrer, l’un après l’autre, et remercia d’un sourire Kasumi qui remontait la corde et détachait le grappin.

Ele rangea soigneusement son matériel tandis que Taliesin collait son oreille à la porte et que Kasumi fermait la fenêtre de son mieux. Comme lui, elle s’essuya les pieds sur le tapis. Elle vit Kasumi se poster près de la porte, prêt à intervenir. Elle préféra donc, pour ne pas les gêner, se placer un peu en retrait.
Elle vérifia qu’elle disposait, le cas échéant, d’une ligne de mire dégagée, et encocha une flèche. Juste au cas où. Elle ne réfléchit pas vraiment au geste qu’elle était en train de faire, ne chercha pas à savoir si elle tirerait ou pas, c’était simplement un réflexe...

[Galathée]

Taliesin tendit l’oreille, ses deux compagnons restant aux aguets à ses côtés. La tour était globalement silencieuse. On n’entendit ni gros éclats de voix, ni fracas d’aucune sorte, en tout cas pas aux étages voisins. Il y avait cependant des gens sous eux. Ils percevaient de temps en temps le murmure de leur conversation. L’étage supérieur était silencieux : ni raclements de chaise, ni bruits de pas, ni paroles. La cage d’escalier semblait vide, elle aussi, et probablement plongée dans l’obscurité : aucun rai de lumière ne filtrait sous la porte.

[Taliesin]

Taliesin s'écarta de la porte et regagna le centre de la pièce pour faire son rapport à ses compagnons. Là, ses murmures courraient moins de risques d'être entendus...
-Du monde en bas, chuchota-t-il. Personne en haut, apparemment. Ni dans l'escalier. Vu la nature de nos ennemis, je dirais bien qu'ils ont enfermé Albérich dans les ténèbres d'une éventuelle cave... Toutefois, comme nous l'avons vu, nombre de fenêtres ont leur volets clos. Donc... Il peut aussi bien être en bas qu'en haut.
Il grimaça.
-Je peux me rendre invisible, si vous voulez; et partir en éclaireur. Mais je ne suis peut-être pas aussi silencieux que vous... Et mon sort ne dure que quelques minutes, bien que je puisse le renouveler au moins une fois.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi réfléchit un moment à la proposition du barde et finit par acquiescer, bien décidé à quitter cette pièce dangereuse au plus vite. L’elfe était le mieux placé pour explorer le niveau inférieur et repérer une éventuelle issue dégagée vers une cave. Pour autant, les rôdeurs ne pouvaient pas attendre son retour dans cette pièce trop exposée.

- Taliesin, je propose que tu descendes repérer le niveau inférieur sous couvert de ton sort. Il nous faut savoir s’il y a une porte menant vers une cave et surtout, un chemin sûr pour Astrée et moi. Nous allons monter d’un niveau pour t’y attendre : cette pièce est bien trop exposée et nous risquons d’y être découverts à tout instant. Ne prends pas de risque inutile et remonte si tu te sens en danger. Nous ne devons pas prendre le risque d’être découverts ou nous devrons livrer combat. Nous guetterons ton retour depuis la haut si cela vous va.

[Voyageuse]

Astrée acquiesça à la suggestion de Kasumi, et se tourna vers Taliesin.
- Oui, ton sort est absolument indispensable pour explorer les niveaux inférieurs, et donc c'est toi qui va devoir nous servir d'éclaireur. Il nous faut au moins savoir s'il y a une cave en-dessous, et si on peut y accéder... C'est vrai que je les imagine bien utiliser une cave pour leur prisonnier...

Elle grimaça.
- Sois vraiment prudent, ils sont plusieurs là-dessous... Et tu as raison, ajouta-t-elle en se tournant vers Kasumi, on ne peut pas rester ici, c'est vraiment trop fréquenté. Donc mieux vaut attendre un peu plus haut. En espérant qu'on n'ait pas de mauvaise surprise...

[Taliesin]

Taliesin demeura un instant silencieux. Gagner le rez-de-chaussée, seul, au milieu des Sharites, avec pour unique protection ce fragile voile d'invisibilité qu'un simple faux pas pouvait rendre obsolète;.. C'était pour le moins périlleux. Mais toute cette entreprise était par nature périlleuse. Ce n'était plus désormais qu'une question de degré... Les autres ne seraient pas plus en sécurité que lui. Et, de toute façon, ce n'était plus le moment de tergiverser.
-Bien... fit-il. Nous nous retrouvons donc à l'étage. Bonne chance !
Il leur sourit, vérifia rapidement que ses bottes ne laissaient pas de traces sur le sol - ç'aurait été lamentable de se faire prendre pour une si bête négligence ! - puis incanta à nouveau.

Taliesin --> Invisibilité --> Taliesin

Sitôt qu'il eut disparu aux regards des deux rôdeurs, le barde gagna la porte, l'entrouvrit puis, à pas de loup, se faufila dans l'escalier. L'oreille tendue, il guettait le moindre signe trahissant l'approche de l'un des occupants de la tour. Mais, surtout, il veillait à demeurer le plus silencieux possible. Le moindre cliquetis, le moindre frôlement, la moindre inspiration trop marquée piouvait lui être fatale...

[Galathée]

HRP : On va peut-être se séparer… Si cela durait, j’ouvrirai un nouveau sujet dans le sous-forum... Pour l’heure, je vous gère en parallèle et donc à des rythmes qui vous conviennent… Et gare au metagaming !

Ils ouvrirent la porte, laquelle grinça légèrement, mais sans qu’ils aient la sensation d’avoir réveillé toute la tour. Taliesin se coula le premier dans l’escalier en colimaçon qui descendait. C’était une structure très étroite et malgré son invisibilité, il était conscient que si un Sharite décidait de l’emprunter en même temps que lui, ils ne pourraient pas se croiser. Ce n’étaient pas les fenêtres étroites qui jalonnaient le conduit obscur qui lui permettraient de s’esquiver. Il se hâta donc d’atteindre le rez-de-chaussée. L’escalier débouchait sur un petit hall sali par les empreintes de mille bottes enneigées, qui occupait la moitié de la surface de la tour. La porte qui donnait vers l’extérieur était fermée, en bois clair, orientée vers l’ouest. Une trappe s’ouvrait dans le sol, close elle aussi, contre le mur sud. L’autre moitié du rez-de-chaussée était masquée par un mur, dans lequel s’ouvrait une arche sans porte. En s’approchant de celle-ci, Taliesin put constater que la pièce en question était une petite salle de garde, dans laquelle se trouvaient deux personnes, une jeune femme et un homme plus âgé, revêtu des habituels vêtements sombres des Sharites. Ils étaient appuyés à une table sur laquelle fumaient des tasses odorantes et une masse d’armes était posée près de l’un des deux. Ils semblaient nerveux mais maîtres d’eux-mêmes. La jeune femme, notamment, jetait sans cesse des coups d’œil inquiets vers la sortie. Pendant les quelques secondes où Taliesin s’attarda, il ne les entendit pas prononcer le moindre mot.

Kasumi et Astrée gagnèrent l’étage supérieur, silencieux, en empruntant le même escalier étroit et sombre. Ils eurent également la chance de ne pas faire de mauvaise rencontre. Le palier supérieur était identique à celui qu’ils venaient de quitter. Une seule porte s’y ouvrait. Après s’être assurés qu’il n’y régnait que le silence, ils pénétrèrent dans la pièce voisine : c’était un dortoir commun, plongé dans les ténèbres, où ils dénombrèrent sept couches vides et autant de sacs.