[Lieu] Un vallon dans les ténèbres...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi laissa Astrée pénétrer à sa suite dans le dortoir puis referma doucement la porte comme il l’avait trouvée en arrivant. Cela ne permettrait pas de voir quelqu’un approcher mais si un des Sharites empruntait l’escalier, il ne pourrait manquer de la remarquer s’il l’avait laissée entrouverte. Le rôdeur fut à moitié rassuré, espérant qu’aucun garde n’aurait l’idée de venir se reposer en pleine journée. Il restait la possibilité que l’on vienne y chercher un objet mais la pièce lui semblait globalement moins risquée que la précédente pour attendre le retour de Taliesin.

Le rôdeur n’en conserva pas moins son épée en main tandis qu’il scrutait le moindre son qui le préviendrait de l’approche du barde ou de l’un des occupants de la tour. D’après la disposition des lieux, il supposait que ce fut là le dortoir réservé aux acolytes de second ordre et que les étages supérieurs devaient abriter les cellules dévolues aux quatre principaux cultistes. Une fouille attentive des sacs lui en aurait révélé davantage mais il préférait ne pas prendre le risque de laisser du désordre derrière eux.

[Taliesin]

Soit, il y avait une cave. C'était une chose de le savoir, et s'il remontait avec cette seule information, Taliesin pourrait déjà considérer son expédition et l'utilisation de son sort d'invisibilité comme profitables. Mais s'il parvenait en plus à déterminer si ladite cave était utilisée comme geôle... Alors, ils auraient vraiment avancé.
Il fallait agir vite, cependant : son enchantement n'était pas éternel, et apparaître brutalement dans le champ de vision des deux Sharites serait pour le moins... malheureux.
Taliesin se hâta donc en direction de la trappe, le regard rivé au sol, cherchant à déterminer si, parmi le fouillis d'empreintes boueuses, certaines y menaient ou au contraire en repartaient. Et, qui sait... S'il tendait assez l'oreille, peut-être entendrait-ils des voix en provenir. Après tout, Astrée avait dit qu'ils étaient trois, dans la salle commune, avant leur arrivée... Ou était donc passé le dernier élément du trio ?

[Voyageuse]

Astrée était anxieuse. Elle se reprochait de laisser Taliesin prendre tous les risques, et craignait qu’il se trouve seul face au danger. Bien sûr, ils n’avaient pas eu le choix… Ah, si seulement il avait pu les rendre tous invisibles…
Elle avait suivi Kasumi le plus silencieusement possible, monté les marches sans un bruit. Mais maintenant qu’il avait refermé la porte derrière eux, elle avait toutes les peines du monde à réfréner une subite envie de faire les cent pas en se rongeant les ongles d’angoisse.

Elle obligea ses poumons à reprendre un rythme lent et régulier, tout en observant la pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer. Un simple dortoir. Il ne lui vint pas à l’esprit de fouiller les affaires des sharites. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de mission, et ne songea ni à des armes utiles qu’elle aurait pu y découvrir, ni aux éventuelles informations qu’elle aurait pu glaner. Non, son esprit tout entier était tourné vers leur mission, vers Albérich qui les attendait soit dans une cave, soit plus haut. Du moins l’espérait-elle… Sinon ils auraient fait tout cela en vain.

Elle s’approcha de la porte, et y colla son oreille. Pas seulement pour entendre arriver un éventuel intrus mais aussi pour essayer de percevoir de soudains bruits de voix et de combats qui indiqueraient que Taliesin eut été découvert... Ce qu’elle craignait par-dessus tout…

Pour l’instant, seul le silence lui répondait. Il lui fallait faire un effort sur elle-même pour ne pas laisser son esprit vagabonder vers Arya partie à la poursuite des trois sharites, ou Belenn qui risquait sa vie seul en tentant de faire revenir la lumière dans le ravin. Pourvu qu’elle l’ait rejoint. Au moins ils seraient deux…

Elle s’obligea à se concentrer sur ce qui l’entourait. Ses yeux croisèrent un instant le regard de Kasumi, et elle crut y lire un soupçon d’inquiétude à son égard. Etait-elle transparente à ce point ? Elle tenta de lui adresser un petit sourire, un peu trop crispé. Puis elle se concentra à nouveau, fermement, sur les bruits qu’elle percevait. S’interdisant de penser à autre chose qu’à ses perceptions les plus infimes.

[Galathée]

Le dortoir sentait vaguement le renfermé, avec une petite odeur de sueur rance désagréable. L’hygiène n’était apparemment pas le souci principal des acolytes de Shar, même s’il régnait un ordre strict dans la pièce : les couvertures étaient pliées, les sacs fermés, et chacun disposait d’un espace restreint mais délimité. Les volets des trois grandes fenêtres qui s’ouvraient sur la pièce étaient clos, précaution inutile dans un univers plongé éternellement dans les ténèbres, sauf peut-être pour conserver un maximum de chaleur à l’intérieur. Il n’y avait pas d’âtre dans le dortoir, mais on pouvait deviner la chaleur bienfaisante de celui de l’étage inférieur au travers des lattes du plafond, étonnamment bien conservées pour un édifice abandonné pendant des décennies. Kasumi et Astrée purent ainsi profiter d’un instant d’accalmie. Ils savaient que Taliesin ne pourrait rester invisible qu’une vingtaine de minutes au grand maximum. Passé ce délai, c’est que leur ami aurait retrouvé ses couleurs. Pendant leur attente, ils eurent néanmoins la possibilité de constater que l’étage supérieur était aussi silencieux que le leur.

La trappe était manifestement utilisée : des pas en venaient et en repartaient. Ils n’étaient cependant pas nombreux, et lorsqu’il se pencha pour écouter s’il en provenait le moindre bruit, Taliesin n’entendit que l’écho du silence. La plaque de bois sertie de métal semblait lourde et ne laissait filtrer aucune lumière. Derrière lui, les deux Sharites étaient toujours silencieux.
Il eut cependant un coup de frayeur lorsque la porte de l’extérieur s’ouvrit à la volée.
« Putain, ça caille ! » s’exclama un homme sur le seuil.
« Reste dehors, Audran. » rétorqua l’homme dans la salle, hors de vue.
« J’voudrais t’y voir, il fait caillant, bordel. Aurile veut not’peau. »
Il y eut un bruit de chaises et la jeune femme apparut, portant une des tasses fumantes que Taliesin avait vues sur la table. Elle la tendit au dénommé Audran, qui la gratifia d’une grimace reconnaissante et un peu concupiscente, avant de prendre le récipient tout en lui caressant les fesses sans cérémonie. La jeune femme se dégagea avec humeur, les deux hommes rirent, et le garde en faction ressortit.

[Taliesin]

Le rez-de-chaussée étant trop peuplé et la trappe trop lourde pour qu'il puisse la soulever sans risque d'être repéré, Taliesin n'avait guère d'autre choix que de remonter au plus vite rejoindre les deux rôdeurs. Restait cependant à choisir son moment : si un Sharite se lançait dans l'escalier juste après lui, cela causerait de sérieuses complications...
Le barde concentra donc son attention sur le duo, dans la salle de garde. Si ni la jeune femme ni le nouveau venu ne semblaient devoir en sortir, il filerait discrètement vers les étages. La fouille de la partie supérieure de la tour pourrait alors commencer...

[Galathée]

Comme les Sharites ne semblaient pas prêts à bouger, Taliesin reprit son ascension vers les étages avec circonspection et prudence. Il sentit cependant l’invisibilité l’abandonner lorsqu’il atteignait la salle commune qu’il avait abandonnée quelques minutes plus tôt. Le silence qui régnait au-dessus de lui l’encouragea à gravir rapidement la dernière volée d’escaliers qui le séparait de ses compagnons, et il les rejoignit ainsi dans le dortoir sans encombres.

[Taliesin]

Après s'être annoncé dans un souffle à ses compagnons, Taliesin s'était faufilé dans la pièce et avait refermé la porte derrière lui le plus silencieusement possible. Lorsqu'il se fut assuré qu'aucun bruit ne provenait de l'escalier, il s'empressa de faire son rapport à ses compagnons.
-Il y a bien une cave, chuchota-t-il. Et elle est utilisée de temps en temps. Mais je n'ai entendu aucun son en provenir... Pour le reste, j'ai vu trois Sharites, en bas. Une jeune femme - peut-être celle dont on nous a parlé -, le garde de faction, plus un troisième.
C'était laconique... Mais il n'avait pas grand chose de plus à dire.

[Voyageuse]

Astrée était restée près de la porte, tendant l'oreille au cas où.
Après avoir écouté le compte rendu de Taliesin, elle résuma à voix haute :
- Il y a donc en bas le garde de faction et probablement deux des sharites que la chouette avait vus. Le troisième est donc probablement monté. A moins qu'il n'y ait une cave immense, un dédale de cachots, et qu'il y soit descendu. D'un autre côté, une tour construite par un lathandrite aurait à mon avis plus tendance à s'élever vers le ciel qu'à s'étendre sous terre. Mais je peux me tromper, la religion n'est pas spécialement mon domaine...

Elle soupira.
- Résumons donc : nous avons vu trois sharites s'éloigner, croisé un tout à l'heure, et il y en a trois en bas. Il en reste donc quatre. Qui sont soit dans les étages supérieurs, soit au-dehors. Peut-être que l'un d'eux était en faction auprès de l'artefact qui crée cette obscurité. Mais on ne peut pas en être certains. Bref, la seule certitude qu'on ait, c'est qu'il a au maximum quatre sharites au-dessus de nous. Et parmi eux les plus dangereux sans doute... Cela ne nous avance guère... Qu'en pensez-vous? On monte voir plus haut? Ou on essaie quand même d'aller explorer cette cave? Mais elle semble déserte, on risque donc de perdre notre temps...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi fut soulagé de voir réapparaître le barde. Sa reconnaissance de l’étage inférieur permettait de localiser une partie des forces ennemies à défaut de faire avancer la recherche du conseiller et de bien hypothétiques autres prisonniers.

Le temps pressait et jouait contre eux maintenant qu’ils avaient infiltré la tour et pouvaient être à tout moment découverts. Le rôdeur chuchota à l’adresse de ses compagnons, sachant que leur position était bien précaire :

- Cette cave était certainement un cellier destiné aux aliments et je ne pense pas qu’elle soit étendue mais on peut y cacher le conseiller sans aucun doute. Descendre signifie tuer les trois gardes qui se trouvent au rez-de-chaussée et si possible dans le plus grand silence.

Le rôdeur avait exposé la vérité sans fioritures et sans émotion apparente. Il dirigea son regard vers celui de ses coéquipiers, cherchant à déchiffrer leur réaction.

- Dans tous les cas, nous n’éviterons certainement pas tous les combats mais nous pouvons tenter d’explorer les étages supérieurs si vous préférez. Taliesin pourrait s’en charger…

[Taliesin]

Taliesin réfléchit un instant.
-Je veux bien explorer les étages supérieurs... murmura-t-il. Mais le souci, c'est que... Je ne suis pas un vrai mage. Mes compétences sont limitées. Pour tout dire... Si j'utilise une nouvelle fois mon invisibilité, je ne pourrai plus recourir à un sort de silence. Et inversement : je peux tout à fait rendre le rez-de-chaussée silencieux;. Mais alors, plus d'invisibilité.
Il soupira.
-Il nous faut donc choisir. Une seule chose est certaine : si nous voulons fouiller la cave, il nous faudra combattre.

[Voyageuse]

Astrée frissonna lorsque Kasumi mentionna froidement la nécessité de tuer les trois gardes du rez-de-chaussée. Elle savait bien qu’ils seraient sans doute obligés, tôt ou tard, de le faire. Mais se trouver soudain au pied du mur ne l’enthousiasmait pas, loin de là. Elle aurait préféré mille fois être loin d’ici. Mais puisqu’elle y était… Elle se concentra à nouveau sur leur objectif : il fallait libérer le conseiller.

- Pour ma part… J’ai tendance à croire que le conseiller est plus haut, et que descendre dans cette cave ne nous avance guère. Mais je me trompe peut-être… Par contre, je pense qu'on risque d’avoir besoin du sort de silence plus tard, alors mieux vaut ne pas gaspiller de sort d’invisibilité. Peut-être peut-on tenter d’avancer plus haut, très discrètement, en écoutant aux portes ? Mais si une porte est ouverte on sera coincés…

Elle se demanda un instant si ce n'était pas sa peur de tuer, qui, inconsciemment, influençait son choix. Si c'était le cas, mieux valait qu'elle se taise alors. Elle ne voulait pas faire échouer la mission.
- Franchement, je ne sais que penser… Vous avez plus d'expérience que moi... Je vous laisse décider.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi opina de la tête avant d’exposer à son tour son opinion. Le rôdeur ne savait pas ce qui incitait Astrée à vouloir poursuivre les recherches vers les étages supérieurs. Cela pouvait-il être l’angoisse de combattre ? La rôdeuse s’était pourtant montrée courageuse contre les morts-vivants. La perspective d’échouer en prenant la mauvaise décision ? Explorer les étages avait le pernicieux et tentant avantage de repousser les hostilités en se fondant sur l’infime espoir de retrouver Albérich non gardé. Il s’apprêtait à contredire la jeune femme en proposant d’éliminer les trois gardes isolés. La porte de la tour et un sort de silence permettrait sans doute de surprendre les deux clercs du rez-de-chaussée. Eliminer le garde de faction serait alors un jeu d’enfant et la cave se prêterait alors à leur exploration. Mais qu’adviendrait-il si la cave n’abritait que de la poussière ou des vivres ? Il y aurait certes trois ennemis de moins mais leurs ressources seraient diminuées et ils n’en seraient guère avancés.

- Je ne suis pas certain moi-même de la meilleure solution. Nous devons nous en remettre à la chance qui nous a guidés jusqu’ici. Je suis pour préserver tes sorts Taliesin et explorer les niveaux supérieurs. La discrétion est notre parti depuis le début et nous a réussis. Nous reviendrons plus tard au sous-sol si nous ne trouvons pas Albérich plus haut.

[Taliesin]

Taliesin opina à son tour. Cette stratégie leur imposait d'avoir des ennemis tant au dessus qu'en dessous d'eux. Et elle ne réglait pas le problème de leur départ de la tour, contrairement à ce qu'aurait pu faire un nettoyage en règle du rez-de-chaussée. Mais ils avaient commencé par l'infiltration : autant continuer sur cette voie. Et ménager ses quelques sorts...
-Très bien. Allons-y tout de suite, dès lors. Je fermerai la marche, si vous voulez bien. Si quelqu'un venait à monter les escaliers, je le ferai taire en lui lançant un sort... de silence.
Ils s'apprêtèrent donc à quitter la pièce. Comme il l'avait annoncé, Taliesin passerait en dernière position. Quant à la première, elle échut à Kasumi. C'est donc à lui que reviendrait la corvée d'éliminer les potentiels gêneurs sur lesquels ils pourraient tomber... Et de prévenir ses compagnons en cas de grabuge imminent.

[Galathée]

Les trois compagnons reprirent donc leur ascension, après avoir vérifié que personne n’arpentait les escaliers. Une fois encore, la voie s’avéra libre et ils gravirent le colimaçon étroit sans difficultés.
L’étage supérieur n’était pas tout à fait organisé comme le précédent : lorsqu’ils arrivèrent sur le palier, celui-ci donnait, via une arche, sur un petit hall rond dans lequel débouchaient trois portes de bois massif, closes. Comme ailleurs dans le bâtiment, il y régnait une obscurité profonde, accentuée par l’absence de la moindre issue. Il faisait terriblement froid, mais ce qui frappa davantage Kasumi était l’odeur épouvantable d’urine et d’excréments qui y régnait. Il y avait aussi une autre senteur, plus ténue, mais la première était tellement prégnante qu’elle avalait tout le reste.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi prit pied sur le pallier et fit signe à Astrée que tout allait bien. Il prit soin de poser un pied après l’autre sur la pierre froide de ce nouvel étage. L’odeur rance envahit les narines du demi-elfe mais son cœur bondit en même temps dans sa poitrine. Se pouvait-il qu’il s’agisse de l’étage des cellules ? Il faillit se précipiter vers l’arche et le hall aux portes renforcées. Mais il réprima cette pensée imprudente et prit un instant pour faire le vide et réfléchir posément. Tout d’abord, il laissa les autres le rejoindre sur le pallier. Peut être ces portes ne cachaient rien d’autres que les latrines ou alors des cellules vides comme le laissaient penser le peu de surveillance. Ou alors, elles étaient fermées à clé ou même piégées. Il fallait s’en assurer et le rôdeur s’approcha prudemment des trois portes, l’épée au poing.

[Taliesin]

Cette odeur...
Le barde avait passé suffisamment de temps emprisonné pour la reconnaître, cette odeur. Laquelle ne manqua d'ailleurs pas d'éveiller en lui quelques souvenirs pour le moins désagréables. Mais il les chassa vivement : il se faisait peut-être des idées. Et, dans tous les cas, ce n'était pas le moment de laisser divaguer ses pensées. Il fallait, plus que jamais, demeurer concentré.
Taliesin demeura donc sur le pallier, l'épée toujours tirée. Placé comme il l'était, il voyait une partie des escaliers, en dessous et au dessus de lui. Grâce à cette position et à ses sens aux aguets, il pouvait espérer repérer l'approche d'un Sharite... Seul inconvénient : il ne serait pas en première ligne pour venir en aide à Kasumi au cas où un ennemi ouvrait brutalement l'une des portes closes. Mais Astrée, elle, pourrait le faire. Elle était en bonne place pour cela.
Et puis, peut-être ne se passerait-il rien...

[Galathée]

Les événements s’enchaînèrent alors à une vitesse imprévue, et si les aventuriers avaient eu l’impression d’avoir pénétré dans la tour sans se faire repérer, ils eurent la preuve qu’il n’en était rien. Kasumi était au centre du petit hall secondaire lorsque, brusquement, les ténèbres se firent, opaques et pesantes, exactement comme au pied de la tour, aveuglant les sens elfiques qui étaient les leurs et les plongeant dans le noir. Seule Astrée conserva un semblant de vision, mais qu’elle n’eut pas vraiment le temps d’utiliser à bon escient.

Taliesin, qui se trouvait entre les escaliers, fut brusquement heurté à hauteur de l’estomac avec une force qui s’avéra être simplement le poids d’un homme. Il tomba en arrière dans l’escalier descendant, la surprise ne l’empêchant pas de se rouler en boule pour éviter le pire de la chute. Il heurta un premier mur puis un second comme il dévalait les marches, et s’il ne perdit pas connaissance, il termina cependant à mi-parcours entre les deux étages, un peu sonné, la bouche pleine de sang et hors des ténèbres. Son agresseur ne l’avait pas suivi, mais il entendit du bruit provenir des étages inférieurs.

Kasumi, entouré des trois portes closes, entendit celle de droite grincer et se déporta insensiblement sur la gauche, pour être heurté violemment à l’épaule par celle qui s’ouvrit à la volée à ce moment-là. Seule la porte centrale resta close. Au milieu de l’infecte odeur d’urine, il décela alors une senteur de pourriture et de cadavre qui lui révulsa l’estomac. Un grognement répugnant l’accueillit, de droite et de gauche, et il comprit, sans les voir, qu’il avait désormais une compagnie d’outretombe autour de lui.

Astrée, dans l’embrasure de l’arche, eut le temps d’être aveuglée par les ténèbres subites, avant que ses yeux se réacclimatent, grâce au masque, à l’obscurité magique qui l’entourait. L’agresseur vint derrière elle, alors qu’elle découvrait les créatures qui surgissaient autour de Kasumi. Elle se sentit saisir par l’épaule, quelque chose la frappa à la tempe, l’étourdissant, et elle fut tirée brusquement en arrière. Elle eut un sentiment de froid aigu, puis de lumière éblouissante, et une seconde plus tard, l’odeur d’urine et de mort disparut. Malgré sa vision trouble et ses membres flageolants, elle devina qu’elle n’était plus au même endroit qu’un instant plus tôt.

HRP : Ouiiii ! Action ! Il est bien entendu que vous n’avez aucune idée de ce qui est en train d’arriver aux deux autres. Astrée a changé de zone, je continue pour elle dans un autre sujet... Comme je ne sais pas encore quand j'aurai le temps de poster, Voyageuse, n'hésite pas à encore écrire un post dans ce sujet-ci, si tu veux y indiquer quoi que ce soit (introspection, attitude, que sais-je...)

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi pensait être préparé à subir une attaque mais la violence et la soudaineté de celle-ci le prit presque totalement au dépourvu. Deux des portes devant lesquelles il se tenait s’ouvrirent à la volée et il ne put éviter la seconde qui la frappa durement à l’épaule, le mettant à genoux. Le rôdeur accompagna le mouvement d’une roulade où il faillit lâcher son arme. Il n’y voyait plus rien et la panique le guettait. Chaque seconde pouvait signifier la mort ou un sort encore pire pour lui. Il était seul : il n’entendait pas ses compagnons. Avaient-ils déjà succombé ? Le désespoir s’instilla dans son cœur en songeant à la détresse de Galathée et de Victor pour la perte de Taliesin. Sentiment plus vif encore, le demi-elfe se rendit compte à quel point il tenait à Astrée, compagne de voyage étrangère à peine quelques jours plus tôt mais déjà si présente dans son petit monde. Ils avaient déjà échoué, ajoutant leur nom à la liste des victimes ayant donné leur vie pour le conseiller. Ajoutant une nouvelle souffrance au prisonnier torturé.

Le rôdeur se révolta, résigné à mourir pour éviter le sort du chef des paladins, bien décidé à emporter avec lui au moins l’un des tortionnaires sans honneur ni scrupule. Il rampa en direction de l’escalier en se repérant au courant d’air plus frais. Il aurait peut être une chance de quitter l’obscurité ou au moins de limiter adversaires directs. Il sentait plus qu’il n’entendait les créatures mort-vivantes s’approcher de lui… Si elles l’atteignaient avant qu’il n’ait rejoint les escaliers, il ne pourrait même pas se défendre contre elles.

[Taliesin]

Les bruits provenant des étages inférieurs de la tour aiguillonnèrent suffisamment Taliesin pour le tirer un tant soit peu de son hébétude. Après avoir récupéré son épée, s'être péniblement remis debout et avoir expectoré sur les marches de pierre un caillot rougeâtre, il s'appuya contre le mur et tenta de gravir l'escalier. Descendre était hors de question : il ne pouvait pas abandonner ses compagnons et ne se sentait pas en état d'affronter trois Sharites à lui seul. Non, le mieux qu'il pouvait faire, s'il parvenait à gagner les abords des ténèbres, c'était de jeter ce fameux sort de lumière... Kasumi ne serait plus aveugle... Lui-même pourrait intervenir... Ils auraient peut-être le temps de s'organiser avant que tout ne soit perdu...
Cahin-caha, l'elfe gravit les marches et s'immobilisa à l'orée de la nuit artificielle dans laquelle était plongé le palier. Après une profonde inspiration, il lança un tonitruant "Fermez les yeux, les amis, je rallume !" puis incanta le plus rapidement possible.

Taliesin --> Lumière du jour --> palier

Ce faisant, il songea que les deux rôdeurs étaient peut-être déjà morts. Et que son tour risquait de venir sous peu... Mais il repoussa la pensée : pourquoi imaginer tout de suite le pire ? Mieux valait faire comme si de rien n'était tant qu'il y avait encore un peu d'espoir. Il serait toujours temps d'aviser le moment venu...

[Galathée]

Le temps que Taliesin retrouve ses esprits, remonte les marches et puisse lancer son sortilège, Kasumi était déjà parvenu à quitter le hall rond où l’avaient surpris les morts-vivants. Les créatures étaient lentes et apparemment aussi aveugles que les deux hommes dans les ténèbres magiques qu’avaient invoquées les Sharites. Elles avaient sans doute été déclenchées par un glyphe de garde récemment posé à l’entrée des cachots. Mais les adversaires du rôdeur se guidaient tout autant par l’odeur, et ils n’eurent aucun mal à suivre leur proie, dont la respiration contrôlée était un autre signe. Kasumi se félicita cependant d’être resté sur le sol : la première créature manqua l’arche en heurtant le mur, la seconde griffa l’air vide au-dessus de lui, avant de buter sur sa jambe et comprendre (lentement), où il se trouvait. Le demi-elfe sentit alors la bête se laisser tomber sur son dos, à la fois immonde et trop légère pour un corps normal de cette taille. Des doigts humides, puissants mais friables, dépourvus de griffes l’agrippèrent par les épaules, et la lumière fut :
Taliesin vit les ténèbres se dissiper sous la lueur qu’il venait d’invoquer, tandis que le zombie, ancien cadavre humain, nu, verdâtre et putréfié, qui pesait sur Kasumi poussait un cri de surprise et de colère, le lâchant pour se protéger maladroitement les yeux. Hormis les deux morts-vivants, dont le second se redressait péniblement, il n’y avait aucun être humain dans la salle, du moins apparent. Aucune trace d’Astrée, non plus.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur faillit être ébloui par la lumière mais il avait fermé les yeux au prix d’un grand effort de volonté alors qu’une créature s’agrippait à lui. Dans la lumière retrouvée, la scène d’horreur se révéla à lui, alors qu’il gisait toujours à terre. Il ne remarqua tout d’abord pas l’absence d’Astrée, mais repéra les créatures abominables dont l’odeur menaçait de le faire vomir.

Il fut le premier à se redresser péniblement, une douleur lancinante dans l’épaule et un goût de bile dans la bouche. Puis sans vraiment de force, il plongea une lame vers la poitrine du zombi titubant devant lui. L’épée émis un chuintement des plus répugnants en perçant les chairs pourries et un sang noir suinta de la carcasse décharnée. Elle resta fichée entre les os de la cage thoracique et le rôdeur bondit en arrière, sa seule lame courte en main.

Il prit alors seulement conscience de l’absence de son amie et s’adressa à Taliesin, haletant et angoissé :

- Où est passée Astrée ?

[Taliesin]

Après avoir repris quelques instants son souffle, le barde s'était hissé jusqu'au palier désormais éclairé comme en plein jour. Là, il n'avait pas tergiversé longtemps : Kasumi était aux prises avec deux créatures, il fallait donc lui prêter main forte avant de songer à chercher la rôdeuse dont il n'avait vu nulle trace. D'autant que de nouveaux ennemis ne tarderaient sans doute pas à se manifester...
-Je n'en ai pas la moindre idée, haleta-t-il en avançant, épée brandie, vers le second mort-vivant. Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle n'a pas descendu l'escalier. Si elle l'avait fait, elle m'aurait marché dessus et... je l'aurais sentie.
Puis, brusquement, il passa à l'attaque, espérant que sa relative rapidité compenserait sa prise encore peu assurée sur son arme. Il avait beau se donner bonne contenance, il se ressentait encore durement de sa chute...

[Galathée]

Le second zombie peinait à s’extirper du petit hall circulaire, car son congénère en bloquait le passage, oscillant d’une jambe à l’autre, en contemplant, aveuglé, le sang noir qui s’échappait de la blessure autour de la lame du rôdeur. Excédé, si c’est chose possible pour un être désormais dépourvu d’individualité, la seconde créature finit par le bousculer, le déséquilibrant et l’envoyant droit sur l’épée courte de Kasumi, qui n’eut aucun mal à lui régler définitivement son compte. Taliesin en profita pour occire à son tour le zombie empressé. Il ne lui fallut que quelques coups pour défaire le monstre diminué par la lumière, qui n’avait d’autre arme que ses mains blanches et déformées.
Lorsque les deux morts-vivants eurent été renvoyés dans l’au-delà, ils reprirent leur apparence de cadavres ordinaires, celui de deux jeunes hommes aux traits apaisés, trouvant peut-être là un repos qui les avait éludés depuis leur trépas aux mains des Sharites.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi retira ses lames de la carcasse d’un air dégoûté, s’aspergeant copieusement la tunique d’un liquide innommable. Il nettoya les lames contre ses chausses au cas où le sang serait corrosif. Avisant que Taliesin était toujours debout, il s’approcha de la dernière porte pour vérifier si elle pouvait s’ouvrir. Si ce n’était pas le cas, il regarderait derrière les deux autres.

- Rien de cassé ? Nous ne pouvons pas rester ici, d’autres vont arriver et tous les Sharites de la tour ont du entendre ce raffut. Il nous faut trouver Astrée avant qu’il lui arrive malheur. Vérifie les escaliers !

Le rôdeur devait se retenir pour penser calmement et ne pas partir à l’assaut des marches. Une part de lui-même se révoltait mais une autre, plus réfléchie, plus expérimentée, cloisonnait cet esprit passionné. La meilleure chance pour Astrée de rester en vie était maintenant que le rôdeur et le barde agissent avec un peu plus de discernement.

[Taliesin]

-Dépêchez-vous... lança le barde. J'ai entendu du bruit, en bas : nos hôtes ne vont pas tarder, et je ne pourrai pas les retenir seul.
Il regagna le palier en s'efforçant de ne pas trop regarder les deux cadavres. Chaque nouvelle péripétie lui confirmait à quel point les paladins avaient été téméraires en se lançant à l'assaut de la tour; A quel point l'expédition à laquelle lui-même participait était presque désespérée face à la puissance, à la détermination et à la cruauté des Sharites. C'était le genre de réflexion qui vous coupait les jambes et vous sapait le moral... C'était donc le genre de réflexion à éviter soigneusement...
L'arme toujours au poing, le barde se positionna près des marches, bien décidé à ne pas se laisser surprendre, cette fois...

[Galathée]

Kasumi ouvrit la dernière porte et trouva une pièce plongée dans l’obscurité, déserte. C’était la source principale de l’odeur répugnante qui régnait sur l’étage. La lumière de Taliesin s’y engouffra et révéla ce qui devait être une cellule, abandonnée pour l’heure. Le sol était nu, sauf dans un coin où trônait une paillasse noire et deux récipients plats. L’unique fenêtre avait été obstruée par ses volets repliés.
Taliesin, debout dans l’embrasure des escaliers, entendit bientôt la battue d’une course et des halètements. Au moins deux personnes gravissaient les marches dans leur direction. La première personne à se présenter fut la jeune femme qu’il avait vue attablée dans la salle de garde. En croisant son regard, elle frémit, puis le chargea, une épée courte à la main. Derrière elle, apparut alors un second personnage, qui se mit aussitôt à incanter d’une voix sourde.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi dédaigna la petite cellule et, au moment où il se retournait pour venir aux côté du barde, il entendit les pas précipités dans l’escalier. Il était trop tard pour seconder Taliesin, l’exiguïté de l’espace ne le permettant pas aussi le rôdeur rengaina ses armes et se saisit de son arc qu’il banda d’un geste naturel tant il avait été répété.

La faible distance ne permettait pas de seconde chance et le barde lui obstruait une partie de sa ligne de mire.

- A droite ! Ce fut son seul avertissement à destination de son coéquipier. Il banda son arc au maximum, ne fit qu’un avec sa cible, en exclut mentalement l’elfe, puis tira en direction de l’épaule de la jeune femme, espérant qu’elle ne porte pas d’armure ou que le coup la déséquilibre suffisamment pour qu'elle lâche son arme. Quitte ou double, la flèche filait encore que le rôdeur en préparait une seconde.

[Taliesin]

Taliesin, qui s'était apprêté à attaquer la jeune femme, n'eut d'autre choix que d'interrompre son assaut et de se décaler vivement vers la droite, alors que la corde de l'arc du rôdeur chantait déjà. L'elfe espéra que la Sharite serait touchée : si elle s'effondrait, si elle paniquait, peut-être déconcentrerait-elle son comparse, uu, au moins, lui offrirait-elle l'oportunité de toucher lui-même le clerc...
Dans tous les cas, la réponse ne tarderait pas. La flèche sifflait...

[Galathée]

La flèche de Kasumi toucha la jeune femme dans le haut du bras qu’elle s’apprêtait à abattre sur Taliesin. Le trait lui fendit le membre de part en part, elle poussa un cri et lâcha son arme, tout en étant déséquilibrée. Taliesin put lui décocher un coup de coude brutal dans la mâchoire, ce qui l’envoya valdinguer dans les escaliers. Elle heurta son coéquipier droit dans les rotules mais large comme un jeune taureau, il arrêta sa chute, fermement campé sur ses jambes. Il vacilla cependant, interrompu dans son sortilège presque lancé. Furieux, il piétina sa comparse blessée pour se porter à la rencontre du barde, décrochant la masse qu’il portait à la ceinture.

[Taliesin]

Bon, les choses ne se déroulaient pas trop mal... Mais Taliesin n'avait pas tout à fait le temps de s'en réjouir : dans un instant, le Sharite serait sur lui. Reculer c'était prendre le risque de trébucher. Faire un pas de côté pour permettre à Kasumi de tirer pouvait lui coûter un vilain coup de masse... Bref, la meilleure défense, en l'occurence, c'était l'attaque. L'elfe n'hésita donc pas plus longtemps et, vif, il bondit en avant, l'épée tendue, espérant cueillir son assaillant en pleine poitrine.