[Quête] Au sommet de la tour...

[Galathée]

Le conseiller s’affaissa dans les bras de Kasumi lorsque Taliesin lui libéra les poignets. L’elfe dut ensuite s’accroupir pour lui détacher les chevilles, rivées au sol. Le rôdeur sentit le corps du Lathandrite frissonner contre lui, incapable de se soutenir pendant quelques secondes. Puis le clerc posa sa main sur son épaule, se stabilisa et se redressa. Il ne s’écarta pas pour autant, demeurant silencieux, les yeux au sol, le souffle soudain plus ample. Puis il releva la tête, esquissa un maigre sourire et resserra la couverture qu’il avait sur le dos. Il ne dit cependant rien, son regard se voila une seconde, un tremblement lui ébranla la carcasse.
« Merci. » murmura-t-il à nouveau, à mi-voix.
Il ne fallait pas en espérer plus.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur fut inquiet par l’aspect frêle du conseiller. Il avait du resté suspendu à ses chaînes pendant des heures voire des jours et, sans son soutien, il se serait probablement affalé sur le sol. Dans cet état, ses jambes auraient du mal à le porter jusqu’en bas de la tour sans parler de la traversée du vallon pour rejoindre les chevaux. Il passa un bras sous son épaule et le soutint un moment en place.

- Faisons quelques pas pour laisser se réveiller vos jambes. Il faudra ensuite gagner les étages inférieurs pour trouver de quoi vous habiller. Nous ne pouvons pas vous ramener à Luménis dans cette tenue. Cela ferait trop peu officiel.

[Voyageuse]

Astrée adressa un sourire amical au conseiller soutenu par Kasumi. Elle savait qu’il lui faudrait du temps pour se remettre. S’il s’en remettait un jour…
Elle n’était pas ravie à l'idée de fouiller entièrement la tour, elle aurait préféré filer le plus vite possible. Mais les arguments de ses compagnons n’étaient pas dénués de bon sens. Effectivement, Albérich avait besoin de vêtements. Et elle-même apprécierait de retrouver ses affaires, d’ailleurs.

Elle se tourna vers ses compagnons :
- Je vais envoyer la chouette en éclaireur, pour savoir au moins où se trouvent nos ennemis. Si cela ne suffit pas, je peux aussi descendre discrètement les escaliers pour écouter aux portes. A moins que Kasumi ne préfère y aller.
Elle grimaça. Elle n’avait guère envie d’en arriver là. Elle savait qu’elle n’était pas vraiment en état de se battre. Et ses compagnons avaient mené plusieurs combats et devaient eux aussi s’en ressentir. Elle ne voulait pas les exposer de nouveau au danger.
Pourvu que la chouette nous donne toutes les informations dont on a besoin.

Elle se concentra pour retrouver la trace de Plume, qui rôdait heureusement non loin.
Et lui transmit sa demande : explorer à nouveau la tour, regarder par toutes les fenêtres, et trouver où se trouvaient les deux sharites. Et lui montrer aussi ce qui se trouvait dans les pièces.

[Galathée]

Plume était de bonne volonté mais un souci sérieux l’affligeait : la lumière. Le jour avait repris possession du vallon, révélant les arbres meurtris par le gel et la nuit, mais diminuant les réflexes de l’oiseau et aveuglant ses yeux fragiles. Les mécanismes mis en place par le vieux Lathandrite qui avait autrefois habité la tour faisaient de plus en sorte que pas un recoin ne soit épargné par les rayons du soleil, sauf là où les fenêtres étaient barrées. Mais persuadés d’être à l’abri de leurs ténèbres magiques, les Sharites avaient omis de se protéger convenablement, la plupart du temps.
La chouette ne vit aucun mouvement, à aucun des étages qu’elle entrevit, ni même au sol, devant la tour. Si les Sharites étaient encore là, ils s’étaient bien cachés. L’oiseau finit par se poser dans un arbre voisin et fermer les yeux.

Le conseiller reprenait peu à peu de la contenance et finit par faire quelques pas lui-même. Kasumi eut l’impression que c’était le choc davantage que d’éventuels sévices ou privations qui le rendaient faible et fébrile. Soigné par Taliesin et Astrée avant lui, il semblait indemne, extérieurement du moins.

[Taliesin]

Lorsqu'Astrée eut traduit en mots les visions envoyées par la chouette, Taliesin ne put réprimer un soupir. Bien sûr, il aurait dû s'en douter : la brusque réapparition de la lumière dans le vallon avait achevé de mettre en déroute les derniers Sharites qui s'étaient empressés de fuir. Bien sûr, cela leur éviterait des combats, mais le barde n'aimait pas savoir ces clercs malfaisants sur les routes... Prêts à se venger.
Cela ne l'empêcherait pas de fouiller entièrement la tour, au cas où leur retraite ne soit que factice. Et puis, qui sait ? Peut-être trouveraient-ils des informations permettant d'identifier les fuyards... Sans doute pas, mais...
Bah, en tout cas, ils mettraient certainement la main sur de la nourriture et des vêtements, ce dont Albérich avait grand besoin.
-Bon... dit-il finalement. Je crois qu'il n'est pas besoin de s'attarder ici. Alors, si vous en êtes d'accord, je propose de laisser au Conseiller le temps de se remettre encore un peu. J'en profiterai pour tenter de me requinquer un minimum, en prévision d'éventuels combats... Puis nous pourrons nous lancer dans l'ultime exploration de ce merveilleux endroit.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi observa le ciel un moment et estima qu’il leur restait à peu près trois heures avant la nuit. Il n’avait aucune envie de traverser le vallon dans le noir ni de laisser les chevaux vaquer sans surveillance trop longtemps. Les fuyards pouvaient remonter leurs traces et s’en prendre à leur monture, mettant en cause leur retour à Luménis.

Mais la proposition du barde de fouiller la tour était pleine de bon sens. Elle permettrait peut être de confondre l’identité ou la destination des Sharites survivants. Tôt ou tard, il faudrait les empêcher de nuire. Mais la priorité actuelle était de ramener le conseiller vivant à Luménis. Et pour cela, des vivres, des vêtements chauds et peut être des potions de soin s’avèreraient des plus utiles. Le rôdeur fit part de ses réflexions à ses compagnons affaiblis :

- Si nous voulons fouiller la tour, il vaudrait mieux nous y mettre sans tarder. Je préfèrerai être au campement devant un bon feu quand la nuit tombera plutôt que d’affronter d’éventuels survivants dans le vallon. Il fait un peu plus chaud à l’intérieur de la tour pour ceux qui auraient besoin de se reposer.

[Galathée]

Il ne restait rien à trouver dans le temple sharite qui coiffait la tour. Sans doute auraient-ils pu lui rendre sa fonction première, en chasser les traces de la nuit et y rétablir le règne du soleil, mais ils n’avaient pas de temps à perdre, et leur survie valait assurément plus qu’une affaire de vieilles pierres consacrées. Malgré le silence qu’avait relayé la chouette, ils s’engagèrent donc avec circonspection dans les escaliers. Kasumi ouvrait la marche, suivi d’Astrée, venait ensuite le conseiller, enfin Taliesin. Tous étaient aux aguets, à l’exception de l’homme qu’ils avaient libéré, lequel semblait se concentrer sur ses pas. De temps en temps, il était pris d’un tremblement brusque, posait la main sur le mur, puis reprenait sa descente. Taliesin, dans son ombre, eut plus d’une fois la sensation qu’il allait devoir intervenir pour l’empêcher de tomber, mais le Lathandrite ne flancha pas.
Lorsqu’ils arrivèrent au premier palier, ils durent cependant interrompre leur périple pour la première fois : la porte derrière laquelle s’était réfugiée la prêtresse sharite était toujours close, toujours verrouillée de l’intérieur. Derrière, on n’entendait que le silence.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi fit signe à Astrée de se tenir prête à se défendre en cas de besoin. Il s’approcha ensuite de la porte pour écouter à nouveau.

- Je vous conseille d’ouvrir cette porte et de vous rendre sans histoire. Cela plaidera peut être en faveur si vous ne faite pas d’histoire.

Seul le silence lui répondit et le rôdeur évalua ses chances de défoncer la porte. Il tint donc ses lames prêtes après avoir confié son arc à Astrée. Puis, sans autre sommation, il entreprit de défoncer la porte, en donnant des coups au niveau du verrou.

[Galathée]

La porte céda assez rapidement, et Kasumi déboula dans la pièce, suivi d’Astrée. Taliesin avait préféré rester en arrière avec le conseiller, lequel n’était pas en état de s’improviser guerrier en quelques minutes.
La raison du silence de la prêtresse apparut rapidement aux rôdeurs : elle gisait allongée sur le dos, le visage déformé par un rictus d’agonie qui trahissait son recours au poison. Lequel, ils auraient été bien en peine de le déterminer à sa seule expression. En revanche, elle leur avait bel et bien échappé, et avec elle, les secrets du chef des Sharites, qui terminaient de se consumer dans l’âtre. Ils y virent des cendres de papier, nombreuses, mais plus rien de lisible ou d’utilisable. Le reste de la pièce était aussi modestement meublé que toute la tour : une chaise, un bureau désormais dépouillé, une couche peu épaisse, probablement peu confortable, et quelques tenues de rechange, dont certaines n’avaient pas la couleur sinistre des suivants de Shar. Calme Péril avait été un peu plus petit que le conseiller, mais cela pouvait faire l’affaire.

[Voyageuse]

Astrée abaissa son arc, et observa la scène avec une grimace de dégoût. La prêtresse s’était donné la mort. Elle n’était pas vraiment surprise, sans doute s’y était-elle inconsciemment attendue. Néanmoins, elle se sentait incapable de s’approcher du corps, et laissa Kasumi aller seul vérifier l’état de la prétresse et confirmer leurs soupçons : poison.
Elle avait bien sûr pris soin de brûler tous les documents qui auraient pu leur donner des informations. Mais était-ce bien important après tout ? Les sharites venaient d’ailleurs, et ils n’auraient probablement pas trouvé de traces utilisables.
Tandis que son compagnon finissait de fouiller la pièce, elle fit signe à Taliesin et au conseiller que tout danger était écarté.
Ils s’approchèrent à leur tour et elle se tourna vers le conseiller.
- Si vous le souhaitez, vous pouvez rester un peu ici et vous habiller, pendant que nous continuons l’exploration de la tour. Il reste un peu de feu dans l’âtre, et tout danger semble écarté. Nous reviendrons aussi vite que possible, mais si nous sommes trop longs n’hésitez pas à descendre nous rejoindre.

Restait le problème du cadavre : elle ne voulait pas laisser Albérich seul en compagnie d’un mort, surtout après les tortures qu’il venait de vivre. Elle hésita. Apercevant une couverture dans un coin, elle surmonta sa répugnance et alla en couvrir le corps. En le regardant le moins possible…

Elle s’arma de courage : il leur fallait maintenant aller explorer les étages inférieurs. Elle reprit l’arc et le carquois que Kasumi lui avait confié, encocha une flèche, et laissa le rôdeur ouvrir la marche.
Ils descendirent prudemment les escaliers, le plus discrètement possible, et arrivèrent sans encombre jusqu’au palier où se trouvaient les cellules.

[Taliesin]

Après avoir examiné les environs, Taliesin se tourna vers ses compagnons.
-Bon, je vais aller libérer notre petite repentie... Elle aura besoin d soins : j'imagine que vous serez en mesure de lui retirer sa flèche et de panser ses plaies... Quant à ce que nous en ferons... Garder un œil sur elle tant que nous sommes dans la tour, au moins. Ensuite...
Il haussa les épaules puis s'en alla ouvrir la porte de la cellule où se trouvait l'ancienne Sharite.
-Voilà, vous êtes débarrassée de vos encombrants supérieurs... lui dit-il avec un sourire. Je vais vous détacher, et mes amis vous soigneront... Mais soyez sage, hein ? Pas de mauvaise blague. Nous sommes encore un peu tendus...

[Galathée]

La jeune Sharite les dévisagea avec terreur, frémissante puis éclata en sanglots. Il était difficile de savoir s’il s’agissait là de soulagement ou de désespoir. Elle articula des paroles sans signification, incohérentes, et Astrée nota qu’elle avait de la fièvre. Elle avait perdu du sang, était manifestement angoissée et la flèche lui dépassait toujours du bras, sinistre barbillon meurtrier. Assise dans la paille souillée qui avait certainement servi de dernier refuge à des prisonniers moins chanceux qu’elle, elle avait l’air misérable.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur pénétra à la suite de Taliesin dans la petite cellule. Une fois que le barde l’eut débarrassée de ses liens, le rôdeur examina la blessure au bras de l’ancienne Sharite avec une grimace. Si les autres blessures ne semblaient que superficielles, la flèche avait pénétré profondément et percé le bras de part en part. Il était inconcevable de la laisser là malgré les risques d’hémorragie. Elle l’empêcherait de faire usage de son bras sans compter la probabilité d’une infection. Le rôdeur se félicita de n’avoir pas fait usage de poison. Il se tourna vers Astrée et parla d’une voix rassurante destinée à mettre en confiance la prisonnière. Plus rien ne justifiait la brutalité de leur premier contact :

- Je vais extraire la flèche. Je vais avoir besoin de tes baumes et surtout de tes bons soins, Astrée.

Puis, il reporta son attention vers la blessée :

- Ça va faire très mal mais ça passera vite, je vous le promets.

Puis, sans lui laisser le temps de réfléchir, il brisa l’empennage puis tira la pointe de la flèche en dehors de la plaie avant de la comprimer avec un bandage qui s’imbiba très vite de sang. Ce faisant, il laissa de la place à Astrée. Sa patiente avait tourné de l’œil.

[Voyageuse]

Astrée n'avait pas attendu la suggestion de Kasumi pour commencer à chercher dans ses affaires. Il lui restait très peu de baume apaisant, l'essentiel ayant été utilisé pour soigner Albérich. En revanche, elle avait encore un peu du baume d'Arya.
Après lui avoir d'un regard demandé son autorisation, elle fouilla dans le sac de Kasumi pour trouver les ingrédients qui lui manquaient.

Dès que Kasumi eut retiré la flèche, elle s'accroupit à son tour auprès de la jeune blessée, et commença par mettre un peu de désinfectant sur la plaie. Puis elle appliqua un peu du baume donné par la magicienne. Elle n'en avait pas assez pour stopper complètement l'hémorragie, mais elle put l'atténuer suffisamment pour que le rôdeur puisse relâcher la pression sur le bras.
Elle appliqua une compresse propre, ajouta un linge épais pour comprimer la blessure, et, avec l'aide de Kasumi, mit en place un bandage suffisamment serré pour prévenir tout risque d'hémorragie, sans toutefois entraver la circulation sanguine.

S'emparant de la gourde de rôdeur, elle réussit à ranimer la jeune femme avec un peu d'eau glacée sur le visage, et lui sourit avec douceur.
- Tenez, mâchez un moment ces feuilles, cela va vous faire baisser un peu votre fièvre, et probablement atténuer un peu la douleur. Mais ce n'est pas miraculeux, hélas. Je crains que vous ne soyez pas en état de marcher bien loin pour l'instant. Si vous voulez, vous pouvez nous suivre, l'un de nous peut vous aider à descendre au moins jusqu'au dortoir en-dessous, le temps que nous finissions d'explorer la tour. C'est comme vous préférez. Si vous ne vous sentez pas en état de marcher, vous pouvez rester un peu ici, bien que ce ne soit pas très... accueillant...

[Galathée]

La jeune fille se raccrocha à Astrée, qui lui semblait probablement plus digne de confiance que les deux hommes qu’elle avait vus tuer sans hésitation. Elle hocha la tête, les yeux toujours débordants, puis se redressa en prenant appui sur le bras de la rôdeuse. L’odeur était épouvantable dans tout l’étage, presque suffocante à l’intérieur des cellules, et leurs yeux, insensiblement, s’étaient mis à larmoyer. C’était donc un soulagement que la jeune Sharite se mette en mouvement, choquée mais désireuse d’échapper à ce cloaque.

Au moment où ils regagnaient le palier, le conseiller les rejoignit, vêtu d’une tenue brune sans caractère, sans doute l’un des nombreux déguisements qu’utilisait le chef du groupuscule. Son regard était parfaitement vide, comme s’il s’était retiré quelque part à l’intérieur de lui-même, et il passa sur la prisonnière sans la voir, sans que sa physionomie ne s’altère. Il avait l’air de marbre, son visage avait perdu toute expression. La jeune femme, par contre, réagit avec véhémence, se mettant à trembler comme une feuille, les doigts de sa main valide s'enfonçant dans le bras d'Astrée. Elle semblait hésiter entre s’évanouir, s’enfuir ou se jeter aux pieds du conseiller, mais était incapable d'agir.

[Taliesin]

Tandis que les rôdeurs s'occupaient de la jeune blessée, Taliesin avait regagné le pallier. Le sommet de la tour était sécurisa ; en revanche, ils ne savaient pas exactement ce qu'il en était des étages inférieurs. Au moins un Sharite pouvait toujours s'y cacher... Mieux valait, dès lors, demeurer vigilant...
Mais nul ennemi ne gravit l'escalier et, au contraire, ce furent bientôt ses compagnons qui firent leur apparition, en même temps que le conseiller Albérich. A la vue de ce dernier, le barde se sentit gagné par une étrange émotion. Ils avaient réussi. Peu à peu, la pensée se frayait un chemin dans son esprit et, pour la première fois, elle s'imposait vraiment à lui. Bien sûr, ce n'était pas encore tout à fait le cas : il fallait explorer la tour, traverser le vallon pour regagner le camp, puis mettre le cap vers Luménis. Parcours qui serait peut-être parsemé d'embûches. Mais comment pourraient-elles les mettre à mal, vu les périls dont ils avaient triomphé ? La majorité des Sharites n'était plus. Belenn avait détruit l'artefact et sans doute, avec Arya, les prêtres venus à leur rencontre. Le trajet de retour serait long, oui, mais... C'était le trajet de retour. Au bout, il y avait la cité de Lathandre, sa maison, Galathée, Victor...
Il allait rentrer chez lui... Et rentrer vivant. Bon, d'accord, il avait bien failli périr à plusieurs reprises, mais il n'en demeurait pas moins debout. Et victorieux. Les autorités luméniennes allaient sans doute lever le régime de surveillance qu'elles lui avaient imposé. Et, alors, l'avenir s'ouvrirait, sans nuages, sans entraves...
Taliesin ne put réprimer un sourire un peu béat et, lorsqu'il parla, ce fut sur un ton des plus enjoués.
-Mesdames, messieurs, si vous voulez bien vous donner la peine me suivre, nous allons continuer la visite guidée...
Et de s'engager dans l'escalier, d'un pas à peine moins léger que ne l'était son esprit.

[Voyageuse]

Astrée sentit la jeune sharite accrochée à son bras se mettre à trembler à la vue du conseiller. Son malaise était compréhensible. Doucement, la rôdeuse posa sa main sur la main agrippée à son bras, en un geste d’apaisement. La jeune femme n’avait rien à craindre.
Elle sourit en entendant la boutade de Taliesin. Le barde semblait avoir retrouvé un moral d’acier, et c’était compréhensible : ils avaient réussi… Leur mission était un succès, ils avaient retrouvé le conseiller, ils allaient pouvoir enfin rentrer chez eux. Elle aussi s’en réjouissait. Ou du moins elle aurait dû. Et pourtant… Pourtant, elle sentait que la solitude allait soudain lui peser davantage après leur départ. Mais ce n’était pas le moment de s’appesantir sur de telles pensées. Ils avaient encore du pain sur la planche…

Au fond d’elle-même, elle était persuadée que le sharite qui était de faction devant la porte avait pris la fuite, ou se rendrait sans hésiter. Sans doute l’euphorie de Taliesin était-elle contagieuse. Cependant, mieux valait se tenir prêts à tout. Elle reprit donc l’arc de Kasumi en main, consciente que la sharite appuyée sur son bras la gênerait dans ses mouvements s’il fallait agir vite. Mais elle n’avait pas le cœur de la laisser marcher seule.

Elle fit signe à Kasumi de passer devant elle, lançant sur le même ton léger que Taliesin, avec un clin d'oeil :
-Après vous, mon cher !
Elle descendit sur les pas du rôdeur, la sharite à ses côtés et Albérich fermant la marche. Taliesin semblait ne plus se ressentir de sa blessure et avait ouvertement pris les devants.

la suite ici (ben oui, j'en ai eu besoin quelques années après...)