[Guilde] Les Lames Pourpres

[Mornagest]

Une petite maison simple, dans le Havre Bourgeois. Simple, parce que dénuée de dépendances, de jardin fastueux, l'ordinaire pourtant dans cette partie de la Cité du Chaos. Un étage, quelques fenêtres, voilà tout ce qu'elle comptait. La porte était en revanche solidement verrouillée, et barrée de l'autre côté. Aucun nom n'apparaissait sur le portique, impossible de savoir donc à qui l'on pouvait éventuellement s'adresser... En revanche, pour les "initiés", entrer dans la place était d'une simplicité déconcertante. La porte était simplement gardée par un mot de passe que seuls les élus connaissaient.

Une fois à l'intérieur, le "visiteur" pouvait admirer un instant la facture du mobilier environnant. Une splendide table en chêne massif, derrière laquelle trônait une immense bergère, surmontée du garde de l'entrée, un solide gaillard auquel il ne valait mieux pas se frotter.

Les poutres, également en chêne, étaient sombres mais superbes. Elles soutenaient un plafond à environ sept pieds de hauteur, rendant la pièce un rien exiguë, mais chaleureuse. De chaque côté, une porte donnait sur la cuisine, à gauche, et la salle commune, à droite.

Mais le plus important se trouvait sous une trappe, dissimulée sous l'énorme table. Elle menait tout droit à un vaste réseau de galeries souterraines, relié aux égouts de Melandis. Par là, on pouvait accéder à n'importe quel endroit de la ville, pour autant que l'on se risque à défier les ténèbres des tuyaux et autres tunnels recueillant la fange de la cité. L'idéal pour une guilde d'assassins comme les Lames Pourpres, qui occupaient les lieux.

Le Maître de la guilde gardait son identité secrète. Personne ne l'avait jamais vu ; il portait en permanence un masque, même lorsqu'il se reposait, ce qui arrivait très rarement. Seuls ses plus proches hommes de main pouvaient se vanter de l'avoir même rencontré. Ils transmettaient ses ordres directement aux seconds couteaux de la guilde. Le Maître était très puissant et influent à Melandis. D'aucuns murmuraient qu'il avait une place au sein du Conseil de la ville, mais personne ne pouvait étayer ces hypothèses pour le moins chimériques.

hrp : les membre de la guilde le deviennent donc sur sélection. Quiconque de l'extérieur entrant dans la place sans l'autorisation des membres de la guilde sera immédiatement tué...

[Beorn Devir]

Les ombres... tel était le nom que l'on donnait à ce qui était une quasi entité omniprésente dans un monde bien différent de celui de la surface. Mon monde, celui d'où je suis issu. Ce monde gangrené, rongé par la vilenie la plus pure, où la vie a bien souvent moins de prix que la mort... On instrumentalise, on tue pour son propre succès, on torture, on détruit les êtres par l'esprit, les rendant aussi pitoyable que des créatures dénuées de toute faculté mentale...

Pour un être tel que moi, mener une vie dans Melandis était somme toute, chose aisée. Mais bon sang, qu'est-ce qui m'avait pris de vouloir monter dans cette hiérarchie? Le sang corrompu coulant dans mes veines? Cette soif animale de pouvoir que les miens appelaient "ambition" ? Je ne peux que difficilement y croire… du moins pas au début.

La plume se leva du papier… tant de chose s’étaient déroulée depuis sa venue à la surface, tant de pertes, tant de gains… Servir Talos n’avait jamais été chose aisée, mais à ce moment de sa vie, Beorn ressentait la lassitude des ans peser sur lui. Non que son cœur soit encore tourné vers le maitre des orages, mais son esprit criait pour un peu de repos. Etre parvenu au summum de la hiérarchie mélandienne n’avait fait que le confiner dans un être qu’il n’était pas. Devant gérer la ville avec le conseil affaiblissait ses sens et aliénait son esprit. L’idée de se retirer n’était certes pas nouvelle… Mais cette fois, l’appelle de celui qu’il était, celui qui prenait le dessus dans chaque épisode de « chasse » qui lui faisait se sentir en vie, était bien trop fort.

Beorn avait déjà fait rassembler ces affaires… du moins ce dont il avait réellement besoin. Ses deux lames courbes, que son ancien acolyte Walar lui avait forgées, son armure et quelques habits marqués du signe de Talos. Ces manuscrits également avaient été soigneusement empaqueté et acheminé là où il fallait. A présent, le carnet sur lequel figuraient croisés les armes de la Maison Devir et ceux de Melandis… Beorn le prit et vint se placer pour longuement admirer la lune par la fenêtre. De tous ce que recélait la surface, les astres étaient sans doute ce qui émerveillait le plus l’elfe noir, juste après la foudre d’un bel orage d’été... Le drow enfouit son journal dans une poche de son gilet en cuire…

Quelque heure plus tard, parmi les ombres dansantes aux grés des torches des ruelles, le bretteur se mouvait avec une espèce de picotement dans la poitrine ? Serait-ce le bon choix ? Dans tous les cas, il ne perdrait rien de son contrôle sur la ville. Ce point l’avait définitivement fait basculer. Le janus qu’il était s’était finalement vu assassiné par le besoin latent replonger dans les ombres, loin des querelles intestines du Conseil… d’autres s’en chargeraient, et ceux qui ne conviendrait pas du tout finiront dans une quelconque partie des caniveaux voir des abjects cryptes ou l’emprunte spectrale de l’entité Diagoth se ressentait encore longtemps après la disparition de la demi-liche.

Lorsqu’il frappa à la portière, l’homme masqué n’eut pas besoin de trop s’assurer de qui il s’agissait. Aenarion avait été l’un des pupilles de Beorn, il y avait de cela tant d’années… Aujourd’hui, les rôles semblaient s’inverser. Voir s’égaliser…. Beorn Devir, Conseiller Melandien et Général des armées Mélandiennes mourrait pour n’être plus qu’à nouveau une ombre parmi les ombres. La lourde porte en bois se referma alors que déjà, le bruit de l’incendie de la tour du conseillé se répandait dans les ruelles de Melandis.


[Hrp, voilà, Beorn se retire plus ou moins... je n'ai plus le temps pour pouvoir jouer Beorn et cette idée me trotait depuis longtemps dans la tête. J'intègre la guilde des assassins afin de garder un pied dans la ville et dans ce qui s'y trame de plus darky, et vous laisse les pleins pouvoir au niveau du conceil. Je repasserais de temps en temps, on verra bien qui sait. Normalement, on me croira mort, bien que cet incendie ne soit pas des plus normal et que le corps retrouvé ne permettra pas de m'identifier clairement... Tout de bon et Gloire à Melandis, merci pour ces bons moments passés ici... Et méfiez vous... les ombres sont nombreuses dans les dédales de Melandis... l'une d'entre elles pourrait bien, un jour, être plus Noire que les autres.
Amicalement
Beorn]

[Mornagest]

En provenance de

Le prêtre déchu se réveilla avec l'impression de s'être fait piétiné par une armée d'enclumes, pour peu que les enclumes pussent avoir des jambes. Sa tête lui pesait affreusement, et une espèce de barre chauffée à blanc la lui traversait d'une tempe à l'autre, en provoquant une douleur régulière due aux battements de son coeur.

Il mit plusieurs minutes avant de se rendre compte qu'il était encore en vie. Le temps de s'apercevoir qu'en étant mort, il ne souffrirait plus. Il gigota, et sentit un lit sous son dos. Des draps à la propreté discutable l'entouraient comme un bébé. Le sommier en bois était assez dur, mais un matelas en paille corrigeait tant bien que mal ce défaut.

Il se redressa sur son séant, non sans ressentir les douloureux effets de l'ankylosie nocturne provoquée par l'ensemble décrit ci-dessus. Méritait-il tant de souffrance ? C'est en se levant péniblement qu'il se posa la question. Une autre lui vint à l'esprit. Où était-il ? S'était-il fait capturer par d'anciens camarades prêtres soucieux de redorer leur blason terni par la chute de Talos ? Il n'aurait sûrement pas eu le loisir de se réveiller, ou alors, attaché avec un bourreau en guise de table de chevet. Non... les brumeux souvenirs lui revinrent. Il avait fait la cour à un petit-homme, pendant qu'un étranger lui servait une bière, et qu'une femme accorte lui parlait d'un groupe de gens actant à Melandis... oui, c'était quelque chose dans ce goût-là.

Une détonation retentit dans sa tête lorsqu'on frappa doucement à la porte. Les lendemains de fête n'étaient plus de son âge...

[Dreiyan]

On frappait à la porte. Il n'était donc peut-être pas en si mauvaise posture, si ses hôtes prenaient la peine de frapper avant d'entrer.

Il regarda la poignée. Celle-ci ne se trouvait qu'à quelques mètres de lui. Peut-être était-il capable de marcher jusqu'à elle, de l'empoigner... et ensuite... un troupeau de tarasques en rut traversa son cerveau... la baisser, c'est ça.
L'effort de la réflexion l'anéantit. Las, il se laissa retomber sur son lit de fortune.

A nouveau, trois coups retentirent sur la porte.

Résigné, il se contenta d'inviter la personne à entrer d'un râle à en faire pâlir un troupeau de goules.

"HHrreentr... ... entreeez.."

[Mornagest]

Un vilain homme balafré entra, accompagné d'un petit plateau de nourriture. Il était vêtu d'une tunique intégralement noire, à l'exception des manchettes qui étaient pourpres. Il posa le plateau sur un tabouret, puis parla d'une voix rauque et cassée par la fumée de tabac :

"Première et dernière fois qu'on t'apporte à manger. Prochaine fois, c'est en bas avec les autres. Descends ça une fois qu't'as fini."

Et, avant même que Dreiyan ait pleinement compris le sens de ses propos, il fit demi-tour, sortit et referma la porte derrière lui.

L'ancien prêtre eut le loisir de contempler le contenu du plateau : pain, confiture et quelques fruits classiques. Un couteau était également fourni par la maison ; ils n'avaient pas peur.

Avant de se mettre à table, Dreiyan examina d'un regard plutot chaloupé la pièce qui se trouvait etre sa chambre, d'après ce qu'il avait compris. Un lit, une table, deux tabourets, une commode avec un bac d'eau par-dessus, et un miroir. Le plancher était sombre mais agréable à l'oeil. Les murs avaient été chaulés par-dessus le platre.

[Dreiyan]

Dreiyan regardait d'un air sceptique le plateau. Ses hôtes semblaient tenir à lui, sans pour autant en faire un privilégié. Il ne comptait pas plus que les "autres"... mais qui étaient ces "autres"?

Il se leva tant bien que mal et se dirigea vers la commode sur laquelle trônait une bassine d'eau. Il se rinça abondamment le visage, avant d'oser lever les yeux sur le miroir. Son visage ruisselant d'eau exprimait avec fidélité son état actuel, c'est-à-dire relativement délabré.
L'eau remit en service certains de ses neurones. Et tout en fixant son reflet dans le miroir, il tenta de se rappeler les événements de la veille.

La première image lui venant à l'esprit fut celle d'une femme toute habillée de cuir volant sur un balais de sorcière.

Foutu rève...

Mais cette femme... où l'avait-il déjà vue, au fait? Elle lui était étrangement familière, et distante à la fois.
La réponse arriva comme un oiseau de mauvaise augure: précédant son lot de mauvaises nouvelles.
La serveuse. C'était la serveuse de la Gorgée d'Orge.

Et tout le reste suivit. La première chope de bière. L'inconnu en noir. La deuxième chope. Et la troisième.

Il baissa les yeux: il n'osait plus regarder son propre reflet.

S'était-il réellement engagé? Avait-il donné sa parole ou avait-il simplement été trainé ici une fois inconscient? Il ne s'en souvenait plus, mais peut importait. Il se trouvait au sein d'une organisation mafieuse, et il lui serait très délicat d'en sortir.

Il s'effondra à nouveau sur le lit, avec pour seul signe de vie le bruit de l'air entrant et sortant de ses poumons.

Puis il s'empara du plateau repas. Il n'avait pas eu de vrai lit à sa disposition depuis bien longtemps. Pas même de toit. Pas mangé de fruit ni de pain frais depuis le début de ses mésaventures. Autant profiter...

[Mornagest]

Le repas était sobre mais consistant, et fit le plus grand bien au prêtre dont l'estomac vide criait son envie d'en découdre avec de malheureux aliments sans défenses, abandonnés à l'agressivité de ses sucs acides. Aussi, il avait les idées plus claires, et son mal de crâne passait lentement, mais sûrement. Une bonne chose de faite, en tous les cas.

Il termina de déjeuner puis se remémora les paroles peu amènes du type qui était venu lui porter ce plateau. Descendre lorsqu'il aurait terminé de se sustenter.

Dreiyan sortit de sa chambre et se retrouva dans un couloir à peine éclairé par une lucarne à une de ses extrémités. De l'autre côté se trouvait l'escalier qu'il cherchait, et se dirigea dans sa direction. Le plancher était vieux et grinçait quelque peu sous ses pas encore un peu mal assurés. Il atteignit la rampe et descendit prudemment la volée de marches. En bas, plusieurs personnes discutaient entre elles, attablées et buvant qui une bière, qui un petit remontant plus corsé. L'un des types avisa le prêtre déchu du regard, et se leva pour aller lui parler. Son visage rappelait quelque chose à Dreiyan. L'homme en noir de la veille...

"Alors, toujours de ce monde ? Bien mangé ?"

[Dreiyan]

L'homme de la veille... le recruteur. La cause de sa présence ici. Pour Dreiyan, il s'agissait avant tout de garder la tête haute... autant que possible.

"Ça va, ouais. Merci pour le repas. Il jeta un bref regard dans la salle. Chouette endroit, dit-il histoire de dire quelque chose.
Avant de mettre les pieds dans le plat.

Bon... et si tu m'expliquais dans quel pétrin je me suis fourré hier soir, maintenant que j'ai l'esprit un poil plus vif?"

[Mornagest]

Il sourit, d'un sourire qui n'était pas narquois. Simplement amusé, plutôt.

"Tu as accepté d'entrer dans une guilde d'assassins. Pour des raisons qui m'échappent, tu as pu revenir à Melandis malgré ton passé plutôt dangereux... eh, oui. N'imagine pas que nous ne savons rien sur toi, Dreiyan. Talassien en ville, à l'heure actuelle, c'est un aller simple vers les enfers. Tu as donc, à mon avis, intérêt à rester sagement ici et te refaire une nouvelle existence parmi nous."

Le recrutement passait fréquemment par ce genre de manœuvres. Des gens désespérés, ruinés, en problème avec la justice... ils composaient une partie importante de ce genre d'associations de filous, contrairement à ce qu'on pouvait penser. Les voleurs ou assassins de vocation étaient globalement rares. Ils y prenaient goût avec l'habitude, le plus souvent.

[Dreiyan]

Un courant froid lui traversa la colonne vertébrale. Ils savaient tout de lui... et depuis quand? Le suivaient-ils depuis longtemps, attendant le meilleur moment pour lui tomber dessus? Toujours est il qu'il croyait avoir réussi à camoufler son identité depuis son retour à Melandis, et se savoir démasqué était une bien mauvaise nouvelle. Qui d'autre savait? Il n'en avait aucune idée, mais ce dont il ne doutait pas c'est que la guilde des assassins - puisque c'était bien de cela qu'il s'agissait - n'hésiterait pas à vendre son identité à un clergé. Pourtant, l'homme s'était montré très cordial. Mais ce n'était qu'une façade.

"Je... je pense que je dois réfléchir."

Réflechir... riche idée. Il ne savait que faire, avait du mal à peser le pour et le contre, et à évaluer la liberté qui était encore sienne.

[Mornagest]

Il laissa à Dreiyan le temps d'accuser le coup. C'était assez classique, somme toutes. Lui-même avait tiré une tête de trois pieds de long lorsqu'il avait appris qu'"on" savait qu'il avait assassiné sa femme surprise dans les bras de son amant, dans leur propre lit. Et qu'il n'avait d'autre choix que de s'intégrer à une guilde de forbans, de meurtriers...

Petit à petit, il s'était accomodé à cela, et y vivait maintenant très bien. Aussi, il tapota paternellement sur l'épaule du prêter déchu, en soufflant :

"Tu verras, ça va très bien se passer. Un prêtre de Talos, c'est pas non plus un enfant de choeur, hein. J'suis sûr que tu as déjà tué des gens qui ne t'avaient rien fait... pas vrai ?"

[Dreiyan]

C'était on ne pouvait plus vrai. Mais cela rendait la perspective de commettre d'autres meurtres encore plus répugnante. Il se remémora brièvement quelques scènes de sacrifices au temple. Quelques civils tués lors de démonstrations de force, simplement parce qu'ils avaient fait l'erreur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
A vrai dire, Dreiyan n'avait jamais été particulièrement touché par le sort de ces innocents. Mais le geste en lui-même, accompli sous l'ordre d'un supérieur, avait pour lui un goût bien amer: celui de sa soumission à un système auquel il ne croyait plus. Un système duquel il avait finalement réussi à s'extraire, pour à présent risquer d'y replonger... il laissa échapper un petit rire.

"C'est ça! Comme au bon vieux temps, dans l'Eglise de Talos!
Désolé mais je ne tiens pas à revivre l'expérience... j'ai été un pantin durant plusieurs années et j'ai mon compte! La sortie, c'est par où?"

Il lacha ces mots d'un ton provocateur, sans réellement espérer qu'on allait le laisser s'en aller. Mais ça ne coutait rien de tenter.

[Mornagest]

Il ne cilla pas, ne fit même pas un geste pour tenter de le retenir. Car il savait pertinemment que Dreiyan ne s'en irait pas. Sortir d'ici revenait à signer son arrêt de mort. Un mot à qui de droit, et le prêtre se retrouvait avec un poignard dans le coeur, flottant entre deux eaux de la Houleuse.

"Allons, allons... nous sommes entre gens raisonnables. Personne ne t'a demandé de massacrer de pauvres hères sans défense, comme on te l'imposait auparavant. Le but de notre... association n'est pas de tuer pour le plaisir, loin de là. Tu dis en avoir assez d'être un pantin ? Ici, tu pourras agir à ta guise. La seule condition est de rester fidèle à la guilde."

Il se leva et lui tapota l'épaule d'un air rassurant. "Tu ne dois soumission à personne. Accepte juste les conseils que l'on te donne."

[Dreiyan]

Le calme de son interlocuteur effraya Dreiyan. Il dégageait une telle confiance en lui-même qu'il semblait insensé de s'opposer à lui. Mais il restait néanmoins vigilant: il lui semblait qu'il idéalisait passablement le statut de membre de la guilde...

"Vraiment? totalement libre? Cette perspective lui semblait, il devait l'avouer, assez séduisante. Même s'il risquait de connaitre un sort funeste en cas de mauvais pas... une liberté toute relative, en somme. Mais force était de constater que l'homme avait su trouver les mots justes.


J'ai du mal à croire que ce soit si rose que tu le dis. Mais si je peux agir à ma guise... qu'est-ce qui me retient ici? Je dois être libre d'aller et venir ou bon me semble..."

[Mornagest]

"Ton passé", répondit-il sans se laisser démonter. "Un mot glissé à qui de droit, et... c'en est fait de toi. C'est la seule chose qui te retienne, ici ; la sécurité vis-à-vis de l'extérieur, l'anonymat."

Il invita Dreiyan à se lever et marcher un peu dans les différentes pièces constituant le repère caché des assassins. Il lui expliqua le fonctionnement de la guilde, du point de vue pratique.

"Aucune issue de ce côté. Sortir de la guilde prend du temps, il faut passer par des souterrains et accéder à une autre maison, tout à fait classique, d'où l'on sort généralement lorsque rien d'urgent ne nous appelle. En revanche, les souterrains permettent également de rejoindre les égouts de Melandis, et, de là, toute la cité."

Ils passèrent devant la cuisine, où bon nombre de personnes s'activaient pour effectuer la vaisselle et ranger le matériel du déjeuner.

"Nous sommes une trentaine, environ... je ne sais pas exactement combien. Seul le Maître le sait. C'est... la seule personne à qui tu dois obéissance. Mais tu n'auras guère l'occasion de le rencontrer avant un bon moment. Il s'occupe d'étendre notre sphère d'influence en ville. Et nous éviter des représailles des alliés de nos victimes."

Ils arrivèrent ensuite vers les escaliers menant vers les chambres.

"La tienne comporte ton nom sur la porte. Ton nom de guilde, évidemment... Gwendal. Tu as des questions ?"

[Dreiyan]

C'était presque un comble... venir se nicher au sein d'assassins (sans cesse ceints de ces cents-cinq saints surins) par sécurité. Mais étrangement, cette idée le réconfortait. Il n'avait sans doutes pas tout à perdre dans cette histoire, et la sécurité qu'offrait son nouveau statut correspondait exactement à ses besoins du moment.


"Bien sûr que j'ai des questions. A vrai dire, il en avait des centaines. Il s'en posait sans cesses depuis qu'il avait mis les pieds ici. Par exemple, quel était le quotidien d'un membre de la guilde? Quelles étaient les relations entre les différents membres? Mais surtout, qui avait choisi ce nom à la consonance douteuse?

Comment se passerait le... boulot? Je suppose que je vais recevoir des... missions, des contrats, ou quelque chose comme ça?"

[Mornagest]

Il sourit légèrement, puis hocha la tête en guise de réponse. Il précisa alors :

"Pas de contrat à proprement parler. Nous ne sommes pas payés en fonction de nos missions... nous avons un salaire fixe. Et un nombre de missions qui ne varie pas entre les membres. Cela permet un roulement des effectifs et éviter ainsi qu'un même assassin soit trop souvent vu dehors pendant une courte période, vois-tu."

Ils retournaient vers la salle à manger, marchant d'un pas tranquille. L'homme sentait que Dreiyan était encore incertain. Quoi de plus normal ? Il s'agissait tout de même d'un gros bouleversement dans son existence, et l'accepter prendrait un peu de temps. En général, ça se passait bien. Évidemment, des exceptions existaient aussi...

De l'autre côté de la salle à manger, il y avait un autre couloir menant vers plusieurs petites pièces occupées par de lourds meubles remplis d'équipement en tous genres : armes, composants pour des poisons, matériel de premiers soins, et autres broutilles venant toujours à point lorsqu'on partait en expédition. Quelques hommes et femmes s'occupaient de regarnir certains des équipements.

"La guilde est mixte, comme tu as sans doute déjà pu t'en rendre compte. La souplesse et l'agilité des femmes leurs sont un très bon atout dans des situations délicates. Sans compter l'effet qu'elles peuvent avoir envers leur cible future... Mais, tu voulais me dire quelque chose ?"

[Dreiyan]

Dreiyan essayait d'assimiler au fur et à mesure tous ces nouveaux éléments. Tout ce qui risquait bien d'être son cadre de vie futur. Ce qui le marqua premièrement est l'ambiance qui régnait dans les locaux de la guilde : les membres semblaient entretenir des rapports cordiaux, et il ne régnait ici pas plus d'animosité que dans une guilde commerciale. Bien sûr il ne se faisait pas d'illusions, les querelles internets et coups bas devaient fuser, mais restaient discrets.

Néanmoins, il peinait à comprendre quel était son rôle ici. Qu'attendait-on de lui? Qu'il attende ici docilement qu'on lui donne le nom de sa première victime?

"Une bien belle équipe que voilà... mais... qu'attendez-vous de moi au juste? Que je reste cloitré ici en attendant des instructions? Ou me laissez-vous libre d'aller et venir? J'ai du mal à... comprendre votre confiance. Je sais que vous jouez sur les menaces, mais n'attendez-vous pas de moi quelques... preuves?"

[Mornagest]

Un sourire un peu étrange se dessina sur ses lèvres, puis il disparut rapidement.

"Une première mission, oui, afin de tester tes capacités. Aucun assassin n'est unique et irremplaçable, au sein de la guilde. Mais certains ont des facilités pour des types de missions particulières, que d'autres n'ont pas. Je me demande quelle sera ta spécialité... le poison, sans doute pas. Tu sembles assez musclé... je pencherais pour la strangulation, ou le classique écrabouillage de crâne avec un coup de masse bien placé, vu ton passé de prêtre..."

Il sourit à nouveau, mais d'un sourire plus amusé, cette fois.

"C'est à toi de décider du type de mission, sauf cas de force majeure où tu seras envoyé en renfort d'autres assassins. Cela arrive parfois... Tu as le choix entre de l'espionnage, du soutirage d'informations, de la contrebande, de l'assassinat évidemment... tout ceci de façon parfaitement illégale et prohibée par le Conseil. Ah, au fait, le Chancelier a récemment placé l'entièreté de la guilde sous mandat d'arrêt. Evite les gardes autant que possible. A moins que tu ne souhaites tous les tuer afin qu'ils ne sachent pas qui tu es..."

Il lui donna une bourrade sur l'épaule, et conclut :

"Je sens que tu vas te plaire, ici. Ca va très bien se passer, tu verras. Allez... par où veux-tu commencer ? J'ai plusieurs options mais j'aimerais entendre ton souhait premier."

[Dreiyan]

Strangulation, écrase-crânes... il aurait préféré le poison. Moins violent, pas de confrontation, pas de contact. Plus... plus propre.

Ainsi, la guilde avait d'autres activités que l'assassinat. Cela ne le surprenait pas et le rassurait un peu. Il se demandait jusqu'où s'étendait la sphère d'activité de la guilde. Esclavage? Proxénétisme?
On lui laissait le choix de sa première mission... il est évident qu'il n'aurait pas souhaité débuter par une mission d'assassinat. Mais pas question de l'avouer. Il se demandait ce que signifiait "soutirer des informations". Cette option piquait sa curiosité... mais il préférait jouer la prudence.

"Je n'ai pas de préférence. Faites-moi faire ce que vous voulez. Au point où j'en suis... un sale boulot est un sale boulot."

[Mornagest]

L'homme secoua lentement la tête.

"Non. Pour moi, espionner un type ou poignarder une gamine, c'est pas la même chose. Tu le comprendras assez vite... j'ai pas l'impression que tu sois du genre à te détacher de ton boulot."

Il renifla, puis réfléchit un instant. Le prêtre n'était certainement pas encore suffisamment fiable pour lui confier des tâches trop délicates. Quelque chose de léger, pour commencer. Une subtilisation... c'était une bonne idée.

"Bien... les finances de la guilde doivent s'entretenir... pour commencer, que dirais-tu d'un petit larcin ? Une maison de bourgeois, une famille qui est amatrice de pierres précieuses... léger et facile à dissimuler. Et ça rapporte gros."

[Dreiyan]

Il commençait doucement... c'était sans doutes mieux pour tout le monde. Pour lui, qui n'avait peut-être pas le cran de commencer par un assassinat. Pour la guilde, qui craignait de voir échouer un novice dans une telle tâche et d'être inculpée.

"Très bien, je pense que c'est un bon début. Vous n'avez qu'à m'indiquer ma cible et je tâcherai de les délester de mon mieux... mais peut-être avez-vous quelques conseils à me donner avant que je débute. Vous savez... les ficelles du métier, tout ça..."

Dreiyan avait retrouvé une certaine gaieté. A vrai dire, la perspective de dérober les biens de riches bourgeois lui paraissait très attrayante. Non seulement par l'appat du gain, mais également par la possibilité de faire du tort aux arrogants membres du gratin melandien, dont la richesse provenait sans doutes d'activités guère plus honorables que ce dans quoi il baignait à présent jusqu'au cou. Une bourgeoisie qu'il avait longtemps fréquentée lorsqu'il officiait en tant que prêtre, et qu'il avait souvent enviée et méprisée. Il avait enfin la possibilité de soulager cette frustration longtemps accumulée, et cette possibilité lui faisait voir d'un autre oeil son nouveau statut. Peut-être, au fond, la vie de roublard allait lui plaire?

[Mornagest]

"T'inquiète pas, tu seras pas seul pour la première... la guilde ne garderait pas beaucoup de monde si on envoyait les novices sans formation préalable. Merlon t'accompagnera, c'est un excellent voleur. Et il risquera pas de te déranger pendant le travail, il n'a plus de langue... contente-toi d'observer, tu apprendras déjà beaucoup."

Il s'étira, puis ajouta enfin :

"D'ici ce soir, tu as quartier libre... et le temps de faire un peu connaissance. Tu verras, les gars sont assez sociables, pour la plupart. J'pense que tu te plairas, ici. Et ce soir, vers minuit, vous passez à l'action, tous les deux. Bonne chance !"

Il s'en fut alors, laissant seul le prêtre déchu, avec ses interrogations, ses inquiétudes, et son destin, pour ainsi dire... de son adresse dépendait désormais sa survie. Avait-il cependant le choix ?

[Dreiyan]

Même si son mal de tête le tracassait encore, il aurait préféré débuter sa mission tout de suite. Bien sûr ce genre de mission s'effectue rarement en plein jour... mais la perspective de passer sa journée enfermé ici ne l'enchantait guère. Il n'avait pas spécialement envie non plus de faire connaissance avec les autres membres de la guilde, même s'ils lui avaient été présentés comme "sociables". Peu importait leur sociabilité : il redoutait la confrontation avec d'autres membres de la guilde. Qui allaient sans doutes tenter de savoir comment il était arrivé ici - si ce n'était pas déjà fait. C'était bête à dire, mais il craignait le regard des autres. Presque infantin.
Pourtant, il faudrait bien qu'il passe par là à un moment ou l'autre... Mais il prétexta sa fatigue et ses vestiges de maux de têtes pour retourner directement dans sa chambre se reposer.

Il s'allongea sur son lit, pensif. Il avait enfin un moment de calme pour faire le point. Il se sentait en sécurité, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.
Il se remémora sa fuite désespérée hors de Melandis. Ce combat étrange contre un de ses anciens supérieurs, dont il n'avait qu'un vague et étrange souvenir. Ce dont il se souvenait clairement, c'est le fait qu'il avait définitivement tourné une page de sa vie.... sans savoir alors ne serait-ce que le titre du chapitre suivant.
Mais à présent, il en avait une petite idée. Car il pensait bel et bien faire un petit bout de chemin au sein de la guilde. Au fond... il n'avait pas de réel choix.
Pas le choix...
Non. Il avait toujours le choix. Il avait vécu tant d'années pieds et poings liés au système ecclésiastique. Il s'était promis de ne plus laisser son destin entre les mains d'autrui, ni de quelque entité. Il avait bien l'intention de ne pas se trahir.
Il restera au sein de la guilde, pensa-t-il. Tentera d'en tirer le meilleur pour lui-même. Et si cela ne lui convient pas, il prendra la tangente, quelque puisse être le prix d'une telle décision. Mais pour l'instant, faire profil bas.

Perdu dans ses pensées, travaillé par la fatigue accumulée, il finit par s'assoupir.
Il fut réveillé quelques heures plus tard par le bruit des membres de la guilde se rendant prendre le souper. Lui aussi avait faim, et il se devait de prendre des forces avant sa mission nocturne.
D'un pas encore un peu nonchalant, il sortit de sa chambre et se dirigea vers ce qui semblait être la cafétéria, et d'où venaient des bruits de discussions.
En effet, plusieurs assiettes contenant un liquide verdatre attendaient sur le comptoir derrière lequel veillait, vigilant, un cuisinier aux formes arrondies. Son moral remonta lorsqu'il aperçu que la soupe était accompagnée de pain, lard et fromage en abondance. Il se servit, puis chercha des yeux une place pour s'assoir. Celles-ci n'étaient pas légion, il semblait qu'une bonne partie des hommes de main de la guilde étaient présents.
Résigné, il s'approcha d'une table où se tenaient deux hommes et une femme, semblant discuter calmement, et s'assit sur une chaise libre après avoir posé son repas sur la table.

"Salut", dit-il à leur attention.

[Mornagest]

Les trois autres l'accueillirent avec un sourire prudent. Les nouveaux venus étaient toujours une animation, dans la guilde, mais les membres préféraient se faire une idée du concerné avant de lier un peu le contact. Néanmoins, Dreiyan était déjà connu de tous, du moins, de vue, à cause de son passé plutôt curieux. Des prêtres déchus de Talos, il n'y en avait que rarement... surtout à Melandis. Nul clerc n'aurait osé défier le dieu en la cité du Chaos, sauf en ces temps troublés pour lui.

"Salut, Gwendal", lança un des hommes, un fort gaillard, pas très grand mais aux traits burinés et aux muscles apparents. "Content d'te rencontrer enfin : tout le monde parle de toi depuis hier... alors ? Pas trop de questions pour ta nouvelle vie ?"

Les deux autres restèrent muets mais semblaient impatients d'entendre parler Dreiyan.

[Dreiyan]

Décidément, il n'arrivait pas à conserver ne serait-ce qu'un soupçon de discrétion. Si tout le monde parlait de lui, c'est bien qu'ils avaient une petite idée de ce qui l'avait mené jusqu'ici. A moins que chaque nouvel arrivant provoquait la curiosité de la guilde entière.

Gwendal. Il avait déjà oublié que ce nom était le sien. Heureusement que l'homme l'avait interpellé en utilisant son pseudonyme, sans quoi il aurait probablement dévoilé son vrai nom. Que certains connaissaient sans doutes déjà, certes...

Dreiyan était tout sauf à l'aise. Il avait appréhendé ce moment et ne savait pas quelle attitude observer. Mais il se rappela les mots du recruteur : il régnait selon lui une ambiance relativement décontractée à la guilde. Pas besoin donc de se tenir constament sur ses gardes.

"Eh bien, je ne pensais pas avoir fait une entrée particulièrement remarquée..." Il marqua une petite pause. "J'ai encore un peu de mal à me faire à ma nouvelle... situation, je l'avoue. Tout s'est très vite enchainé. Mais je pense que je m'y ferai. Vous n'avez pas l'air de trop mal le vivre..." lança-t-il, espérant les faire parler, à l'adresse de ses compagnons de table qui il est vrai ne semblaient pas particulièrement malheureux.

[Mornagest]

La femme sourit à son tour, puis poursuivit la conversation.

"C'est que les nouveaux venus dans la guilde ne sont pas si fréquents que ça... la plupart des gens ici ont plusieurs mois d'ancienneté. Alors, une nouvelle tête, ça provoque toujours un peu d'animation."

Gracieuse et pas vraiment vilaine, elle avait surtout une voix suave et délicate, qui tranchait assez nettement avec son emploi probable au sein de la guilde d'assassins.

Le troisième conclut ainsi :

"Mal le vivre ? Oh... c'est plutôt nos cibles qui le vivent mal. Nous, en général, nous en sortons assez bien, même si les risques sont élevés. Mais le jeu en vaut la chandelle... c'est plutôt excitant, de se fondre dans les ombres, la nuit, je trouve."

Il était probablement un demi-elfe, vu sa taille relativement grande mais ses traits fins, et surtout, ses oreilles à la forme caractéristique. Nul étonnement, dès lors, qu'il soit doué pour les tâches délicates.

"Il paraît que tu as déjà une première mission, ce soir ? C'est intéressant... j'espère que tu pourras t'en sortir. Mais à mon avis, tu dois être un vrai chef... pas vrai ?"

[Dreiyan]

Décidément, tout le monde était rapidement au courant de tout par ici. Il serait difficile de conserver un secret.

"Un vrai chef... je n'irai pas jusque là, dit-il d'un ton léger, presque en souriant. Je manque d'expérience dans le domaine. Mais je pense pouvoir me débrouiller. Je pense que le... maître de la guilde souhaite tester mes compétences."

Replongeant ses yeux sur son repas, il guettait la réaction de ses collègues du coin de l'oeil.



[HRP P.S. content de voir que tu assumes enfin tes idées politiques ]

[Mornagest]

Les autres sourirent simultanément. La femme expliqua :

"Oh, tu sais, je doute qu'il s'occupe personnellement de ton cas avant un moment... il n'apparaît jamais ici. Personne ici ne l'a jamais vu. Il communique par l'intermédiaire de ses lieutenants... qui sont peu nombreux, je pense. Mais tu n'as pas à t'en faire. Si tu te tailles une place, ici, peut-être que tu attireras son attention, qui sait ? Ça arrive... aux meilleurs."

Un autre assassin arriva près du groupe. Il se dirigea vers Dreiyan et lui tapota l'épaule. Il lui fit alors signe de le suivre.

"Salut, Merlon", fit l'un des autres, puis fit les présentations entre les deux nouveaux collaborateurs. "Suis-le bien, fais ce qu'il te montre de faire. Tu verras, il est redoutable", ajouta-t-il.

Les deux hommes s'en furent donc vers leur mission, la première pour Dreiyan, qui ressentait une gêne au niveau du ventre. Il avait peur, tout simplement...

Ils descendirent au sous-sol, sinistre et uniquement éclairé par une lanterne qui peinait à chasser les ténèbres, bien trop présentes. Une trappe, dissimulée sous un simple tapis collé à même le plancher, donnait un accès direct aux fameux souterrains permettant de quitter la guilde et gagner n'importe quel point de Melandis... à condition de passer par les égouts. C'est ce qu'ils firent, non sans avoir passé un bon quart d'heure à arpenter d'un bon pas le dédale de boyaux couverts de briques probablement rouges à l'origine, mais devenues noires, pour une raison que le prêtre déchu ne s'expliquait pas réellement.

Il faisait sec, dans ces souterrains. Mais lorsqu'ils arrivèrent dans les égouts, la situation changea. La progression était plus lente, plus dangereuse aussi, du fait des pavés glissants. Et il fallait se repérer. Comment Dreiyan parviendrait-il à se guider seul, si son muet compagnon ne revenait pas ? Il se posait la question à chaque pas qu'il effectuait, l'emportant davantage vers l'inéluctabilité de sa mission : voler.

Après un trajet qui dura une heure en tout, l'autre s'arrêta et releva la tête. Un conduit muni de barreaux métalliques scellés dans la pierre menait tout droit vers la surface. Quelques mètres plus haut, ils étaient dans une rue un peu sombre, non loin de leur cible.

En route vers la

[Mornagest]

En provenance de la

Le retour à la guilde fut pénible. Les regards se faisaient curieux, voire moqueurs, à l'encontre de Dreiyan, qui sentait qu'il avait partiellement échoué dans sa mission a priori facile. Sa réputation au sein de la guilde n'en ressortirait pas grandie, et il lui faudrait sans doute redorer son blason en accomplissant des actions plus victorieuses.

Mais ils avaient ramené les pierres convoitées, et c'était un bon point, se dit le prêtre déchu. Nul ne pourrait les en blâmer. Et puis, les pièges, il n'y était pas du tout familier.

Un voleur, probablement prêtre, vint s'occuper de Dreiyan sans poser de questions.

"T'en fais pas, j'ai l'habitude. On revient souvent avec des blessures... rien de très grave dans ton cas, par contre tu as dû le sentir passer, eh !"

Une courte incantation plus tard, le prêtre remettait le coude du maladroit dans le bon sens, tandis que l'intéressé grognait en se retenant de ne pas hurler.

"Voilà, c'est réparé ! Repose-toi, ça te fera du bien. Tu feras ton rapport ensuite. Merlon s'occupe de ramener le butin à qui de droit, eh."

Dreiyan se rendit effectivement compte qu'il était exténué. La nuit avait été chargée en émotions et en efforts...