[Lieu] Les Commerces du Port

[Galathée]

C'est dans le quartier portuaire que se situent la plupart des boutiques luméniennes. On y trouve de tout : épices exotiques et beaux tissus, vins fins et animaux étranges, meubles précieux, armes mortelles, casseroles, chaussures, ceintures, poupées, citrons, marteaux, roues de chariot, poissons, tapis, vieux livres poussiéreux, pourpoints brodés, boucliers renforcés, mort aux rats, statuettes antiques, chapeaux colorés, bières délicieuses et autres colifichets rutilants, venus des quatre coins de Toril.
On y croise un flux continu de passants, curieux et spécialistes, ainsi que les inévitables voleurs de bourse que ce genre d'activités attire.

***

Quête : Une si belle nuit.

La boutique de messire de l'Effeuille, tailleur des bonnes familles luméniennes, se trouve à seulement quelques portes du temple de Waukyne. C'est une bâtisse cossue, sans échoppe extérieure, mais qui signale le talent de son propriétaire grâce à une enseigne de bois verni représentant une robe et un chapeau. Pour y pénétrer, il faut frapper à l'huis et espérer que l'artisan est à demeure.

[Eawyne]

Maaïsie avait pleinement profité de sa marche. Même si elle préférait vivre en-dehors des villes, ces imposants rassemblements de gens l'impressionnaient toujours autant. L'art architectural, qu'il soit ou non maitrisé, la fascinait.

Dès qu'elle en aurait terminé avec cette acquisition, elle irait à la capitainerie se renseigner sur les divers lieux qui l'intéressaient : la bibliothèque, l'université... et peut-être des renseignements sur les commerces d'art et d'objets magiques.

Elle contempla la petite enseigne de bois verni au-dessus de la porte, et frappa trois coups à la porte.

[Galathée]

HRP : n'hésite pas à placer un lien entre ton dernier post chez Percival et ton premier post ici, ça permet de suivre le cheminement du personnage...

" J'arriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiive !" cria une voix étouffée.
Puis des pas empressés résonnèrent sur un plancher et la porte s'ouvrit sur un petit homme mince, dans un pourpoint d'excellente facture, orange vif. C'était un demi-elfe, ou peut-être un demi-halfelin, si de telles choses existaient. Il avait la bouche pleine d'épingles, un ruban gradué sur les épaules, et une paire de ciseaux à la main droite. Il détailla Maaïsie de la tête aux pieds, puis des pieds à la tête.
" Dans la rue, retournez dans la rue !" s'exclama-t-il en maugréant à cause des épingles.
Il lui fit signe des doigts, voyant sa mine indécise.
" Je dois pouvoir vous examiner dans le soleil."

[Eawyne]

Maaïsie ne discuta pas, et fit quelques pas en arrière pour se retrouver à la lumière du soleil. Elle ne pipa mot, attendant que le tailleur ait jugé.

Jolis, ses ciseaux. On dirait qu'ils sont très vieux, mais aiguisés. J'ai hâte de voir à quoi ressemble l'intérieur de son atelier ? Plein de tissus partout, de robes et tout ce la plupart des clientes ne veut sûrement pas voir, tout ce qui permet de créer... Cela la fit sourire avec gourmandise.

[Galathée]

Le tailleur accompagna Maaïsie dans la rue et tourna autour d'elle en l'examinant sous toutes ces coutures.
" Magnifique... Magnifique..." répéta-t-il deux fois, à mi-voix, avant de lever les yeux et de croiser le regard de la jeune femme.
" En avant, à l'intérieur ! Inutile de laisser tous ces manants se rincer l'oeil !" s'exclama-t-il.
Il se mit à glousser en la précédant sous le porche, puis dans l'antre de son atelier. Comme l'étrangère s'y attendait, le repère du tailleur était envahi d'étoffes, la plupart roulées et pliées sur des étagères innombrables, d'autres déroulées sur deux grandes tables. Il disposait aussi de trois bustes de bois sombre en cours d'habillage : l'un portait les premières pièces d'une robe blanche, le second un pourpoint presque terminé, le dernier une longue mante vert sombre rehaussée de broderies argentées qui n'aurait pas dépareillé sur un seigneur elfe au coeur de sa forêt.
" Alors, gente dame, que puis-je pour vous ?"

[Eawyne]

" Hé bien... je suis en voyage d'affaires, et n'ai pu partir qu'avec l'essentiel. Je crains devoir côtoyer des gens avec lesquels une certaine élégance serait de rigueur. De plus, j'ai eu la chance d'admirer une de vos créations, et pour mon propre plaisir, j'aurais souhaité acquérir une robe. "

Elle admira la robe blanche sur son buste. Le travail était d'une délicatesse extrême, plis et ourlets s'accordant parfaitement autour du motif qui ceignait l'échancrure sur le devant.

" Je ne sais comment vous travaillez, mais j'aime à penser que si je vous exprime le souhait de voir votre imagination œuvrer sur la simple idée d'une robe noire, vous seriez maître à le réaliser. "

Maaïsie croisa ses mains gantées sur sa poitrine son regard allant du tailleur aux étoffes dispersées avec ordre dans l'atelier.

[Galathée]

" Ah..." fit le tailleur avec un sourire. " C'est le rêve et le piège, tout à la fois. Une si gente dame, qui me propose de me laisser aller... Bien évidemment... Je vous vois et je devine déjà... mille atours... mille étoffes... formes et motifs... Vous êtes inspirante. Le corps humain, déjà, par sa nature, ses courbes, son mouvement... Mais vous... "
Il secoua la tête.
" Il n'en est pas question !" s'exclama-t-il. " Dites-moi au moins si vous allez danser... vous asseoir... manger ? Si vous allez tenter de séduire un homme... Ou d'apaiser sa femme. Voulez-vous que les regards se tournent vers vous lorsque vous paraissez ? Ou au contraire, espérez-vous vous glisser, séduisante mais discrète, dans l'ombre des plus extravagantes ? Voulez-vous que l'on vous suppose vierge farouche ou femme experte ? Je ne peux pas travailler sans un indice..."

[Eawyne]

Maaïsie fit une moue pensive.

" Les idées de séduction discrète ont des allures séduisantes, " finit-elle pas déclarer doucement. " Vous avez raison d'évoquer mille formes et étoffes, et si cela pouvait ajouter une touche de mystère à ma personne, ce n'en serait que mieux ."

Elle fit quelques pas légers dans l'atelier et caressa d'une main un des bustes.

" J'aurais envie d'être une ombre... que les plis de la robe, dans leur nombre, provoquent un flou agréable. Que dans l'ambiance tamisée d'une réception, ou d'un bureau, on ne retienne que mon visage. Peut-être une échancrure, bordée de dentelle fleurie, qu'un homme ait de quoi s'imaginer des choses, mais qu'une femme n'y voie aucune provocation ".

Souriante, elle se campa de nouveau face au nain. " Je voudrais être séduisante, et non séductrice. Pouvoir m'assoir pour dîner et lire un beau livre sur un divan, non pas danser mais prendre mon temps devant un tableau ou une sculpture sans être gênée. " Elle croisa ses mains dans le dos, et sourit chaleureusement. " Est-ce assez ? "

[Galathée]

HRP : mais mais mais... c'est pas un nain

Le tailleur opina du chef avec le sourire.
" C'est parfait."
Il retira son ruban de ses épaules et s'approcha d'elle, et commença à prendre ses mensurations, rapide, sans jamais la toucher, comme s'il parvenait à déduire un pouce par ci, un pouce par là, juste à l'oeil. Il murmurait à voix basse, fragments de chiffres, ébauches de nombres, puis recula jusqu'à une table, attrapa un parchemin, et y griffonna quelques notes.
" A quel nom ? Quel délai ? Quel budget ?" demanda-t-il sans relever les yeux.

[Eawyne]

HRP : mais fichtre, j'ai dû m'emmêler les pinceaux avec le nain dans Icewind Dale Je suis impardonnable d'avoir ainsi perdu le fil

" Ce sera au nom de Maaïsie Luune et pour le délai, serais-je toujours une gente dame si je demandais à ce que soit le plus rapide possible, vraiment rapide ? En revanche, pour le budget, je n'en ai aucune idée... j'ai de quoi faire bien des folies avec moi, dirons-nous, à votre tour de me donner un indice ". Ce disant, Maaïsie sortait sa bourse de son sac.

[Galathée]

Il replia les doigts de la jeune femme sur la bourse.
" Dans ce cas, nous en parlerons après. Vous m'avez l'air d'une dame de qualité. Je suis certain que nous trouverons un arrangement. Et je ne peux encore prédire ce que l'inspiration va me conseiller. Le tissu le plus noble n'est pas toujours le plus indiqué."
Il sourit.
" Laissez-moi deux jours. Je dois absolument terminer cette robe de mariée, ce sont des choses qu'on ne postpose pas. Mais après-demain, au lever du soleil, vous aurez votre robe. Comptez une petite heure pour les ajustements. J'espère ne pas vous décevoir."

[Eawyne]

Elle rit à la mine inquiète du demi-elle-ne-saurait-trop-dire. " Ne vous en faites donc pas, maitre tailleur. D'après mon expérience et mon métier, il ne faut jamais espérer, toujours découvrir. "

D'un geste rapide, elle fit disparaitre la bourse dans son sac, et fit une petite révérence, mimant la tenue d'une robe dans ses mains. " J'ai hâte de le faire avec votre création. Je vous souhaite une journée des plus agréable ."

[Galathée]

Le tailleur s'inclina courtoisement et raccompagna sa cliente jusqu'à la porte.
" Bonne journée à vous aussi, Dame Luune. Puisse Luménis vous combler. Je vous reverrai dans deux jours, pour l'essayage."
Au dehors, le soleil était haut et radieux, promettant aux promeneurs tout le charme d'une nouvelle journée de printemps. Peut-être même ferait-il chaud. Les rues étaient déjà encombrées de badauds et de chariots, ralliant les quais et les entrepôts voisins. Une odeur de sel flottait dans l'air, portée par la brise, et les mouettes survolaient les passants en poussant des cris aigus. Le temple de Waukyne, un peu plus loin, dévoilait sa magnificence chargée sous les rayons de l'astre diurne.

[Eawyne]

Bon, à présent, trouvons la capitainerie. J'en profiterai pour observer les quais et trouver une taverne. J'ai une carte à détailler.

Lestement, Maaïsie se fraya un chemin parmi la foule qui se pressait apparemment vers un petit marché le long des docks. Peut-être la criée ? L'ambiance était animée et bruyante, entre passants qui passaient, discutaient, ,criaient même parfois. Une rumeur s'élevait au-dessus des toits des maisons et des échoppes.

Elle s'engagea sur une artère plus large, et demanda son chemin à un marchand qui se tenait sur le seuil de son magasin : il le lui indiqua, tentant de lui vendre quelques pommes. Elle céda, et c'est croquant avec délice qu'elle s'engagea de nouveau dans les allers et venues des chariots et des mouettes, vers La capitainerie

[Galathée]

Quête : Une si belle nuit.

Quittant la Capitainerie, Maaïsie regagna les rues animées du quartier portuaire et se fit indiquer les établissements voisins. Bien évidemment, la plupart des personnes qu'elle interrogea la dirigèrent vers la Taverne de la Bienveillance, mais à force d'insistance, elle finit par dégoter une auberge de plus petite taille, moins fréquentée, qui s'appelait "La Baleine Blanche". C'était un repaire de vieux marins, pipe au bec et chope à la main, mais ils ne sourcillèrent pas en la voyant entrer, habitués qu'ils étaient à croiser des créatures étrangers sur terre et mer. Elle put donc s'installer sans être importunée, sinon par une serveuse fatiguée qui vint prendre sa commande.

[Eawyne]

Il faudra que j'aille faire un tour à cette Bienveillante auberge, que tout le monde s'évertue à me vanter. Mais ici ce sera parfait. J'aime cette ambiance bas-du-plafond, ces poutres, ce silence de mots et non de murmures.

Maaïsie s'installa dans un coin suffisamment éclairé pour consulter sa carte, mais isolé, sans être non plus trop caché. Un exercice parfois dur à mettre en pratique mais qui se révéla ici aisé.

Qui sait, un curieux viendra me parler de trésors et autres merveilles qu'une telle carte pourrait indiquer. Elle sortit son carnet, et se maudit d'avoir également oublié sa petite lanterne. Voilà ce que c'est que de voyager en se pressant. Mais enfin... ha oui, dégageons un peu ces foulards, je veux être discrète, et non cachée.

Elle sourit à la serveuse visiblement fatiguée.

" Bonjour mademoiselle. J'aimerais quelque chose de relevé, pas trop fort. Qu'auriez-vous à me proposer ? "

[Galathée]

HRP : par convention, on utilise l'italique pour tout ce qui est descriptif et non prononcé à voix haute... Ça pourrait être pas mal de l'adopter pour clarifier ce que Maaïsie dit et pense...


" Pas trop fort ?" fit la serveuse, manifestement prise au dépourvu. " Heu... On a de la bière. C'est pas trop fort, ça, je crois. Mais c'est peut-être pas très relevé. On a de l'eau de vie. C'est relevé, mais c'est fort, je pense. A moins que je ne comprenne pas trop ce que veut dire relevé... Heu. Vous voulez dire fin ? Parce que fin, c'est pas trop l'habitude de la maison... Peut-être qu'il me reste une bouteille de cidre, quelque part... Mais faudrait que je fouille..."
Elle fit la grimace, puis se fendit d'un sourire embarrassé.

[Eawyne]

" Oh, non, ne vous embêtez pas ! " s'exclama Maaïsie, gênée. " Servez-moi donc une bière, ça ira très bien ainsi. " Elle fit un sourire à la serveuse. " Une pinte sera idéale... "

Tandis que la serveuse s'en allait chercher sa commande, elle sortit la carte et la déplia sur la table. Elle se mit à scrupuleusement en relever les moindres détails, noms, annotations et autres signes qui pourraient l'aider. L'ambiance légèrement murmurante de la taverne l'aida à se laisser happer par sa méticuleuse recherche. Elle aimait cela, c'était comme de fumer de l'herbe des plaines, mais sans aucun inconvénient. C'était... bien, bien mieux.


HRP : bah oui, je le faisais chez le Baron en plus... j'me sens bête... Pour la carte, que puis-je y trouver ?

[Galathée]

La carte était manifestement une copie d'un document plus ancien, que l'on avait annotée de signes qui renvoyaient à un parchemin joint. A première vue, on n'y distinguait aucune ville, aucun point de repère nommé, juste des repères paysagers représentés par des dessins sommaires. Un groupe d'arbres, une montagne, une rivière. Un tracé irrégulier semblait renvoyer à la ligne de la côte, car la zone ouest avait été remplie de croquis fantasmagoriques : poissons, requins, baleines et crabes, sirènes et poulpes géants.
Sur le document annexé, une écriture en pattes de mouche disait d'abord ceci :
" Il semble que la carte ait été dessinée bien avant la colonisation humaine d'Hélonna, bien avant la fondation de Luménis, et peut-être avant même l'établissement des peuples nains et elfes dans ses montagnes et forêts. L'absence de tout signe renvoyant à des éléments civilisés paraît en tout cas indiquer que la partie sud-ouest de l'île, représentée sur la carte n'était pas occupée par des rassemblements de taille notable. Le découpage de la côte et le placement de la forêt permet de placer l'actuelle Luménis juste en dehors de la carte, au nord, et l'actuelle cité d'Antelucas au sud de la seconde rivière.
Le premier site d'intérêt semble se situer à environ une journée de marche au coeur de la forêt, non loin de l'endroit où les deux bras de la rivière Ronde se rejoignent. Il est cependant possible que le cours de la rivière ait changé depuis l'époque où la carte a été dressée. "

HRP : je te ferai la carte vendredi... d'ici là je n'ai malheureusement pas le temps...

[Eawyne]

Il faudra que je trouve de vieux plans et de plus récents pour comparer. Probablement à la bibliothèque, s'ils sont organisés. Ou alors à un quelconque bâtiment d'architectes, voire d'un guilde de rôdeurs forestiers... En fait, j'ai été sotte, j'aurais dû me renseigner à la Capitainerie à propos de plans de la ville ! Je ne peux passer mon temps à tout demander à tout le monde, tout de même...

Elle entreprit de siroter sa pinte de bière qui était apparue alors qu'elle était concentrée.

Pas mauvaise... moi et mes idées de finesse... non, décidément, m'installer ici pour un temps, y laisser un chez moi et un comptoir seront bien plus agréables, je ne peux pas me déplacer avec mon armoire tout de même. Et vivre sur une île, ça change, même si on ne s'en rend pas compte... je n'ai plus vingt ans...

Lentement, Maaïsie parcourait du doigt le cours des rivières notées sur le plan. Il ne lui apprenait rien sur l'origine de ce qu'elle devait retrouver, et s'en trouvait légèrement déçue. A dire vrai, elle n'éprouvait plus tout à fait la même excitation à l'idée de partir en expédition.

Pas comme il y a quatre ans avec Sjôlr. Ha, la traversée elle-même avait pris deux mois, alors qu'un aurait dû suffire. Puis la neige, la glace...

Secouant la tête pour se dégager l'esprit, elle reprit son analyse de la carte, espérant apprendre quelques détails supplémentaires.

[Galathée]

Outre les arbres et les monts qui représentaient clairement la présence d'une forêt et de montagnes, la carte portait quelques symboles plus obscurs, semblant de runes, qui n'appartenaient ni à la langue elfique, ni à la langue naine, de ce que Maaïsie en connaissait. Le commentateur n'en avait rien dit, se concentrant sur le signe marqué au confluent des deux bras de rivière. Apparemment, sur la version originale du parchemin, celui-ci avait été pratiquement effacé, et on avait tenté de le reconstruire à partir des quelques indices restants : une vague forme de triangle inversé, peut-être une petite montagne, un tumulus funéraire, un sapin, ou quelque chose d'encore complètement différent. Le parchemin concluait qu'on n'en saurait probablement pas grand chose sans aller y jeter un coup d'oeil. Il ajoutait cependant qu'il lui semblait peu probable qu'il s'agisse là du lieu où se trouvait l'objet, peut-être seulement un premier jalon.
Quant à la nature de l'objet en question, elle était évoquée dans les documents joints, une espèce de ramassis de récits épiques tronqués, relatant, comme l'avait annoncé le baron, une légende ancienne, vieille de plusieurs millénaires, opposant elfes, nains et elfes noirs jusqu'aux confins de la terre. Il était fait mention d'un massacre et d'une vengeance, d'un combat qui ne prendrait jamais fin, puis, effectivement, il en manquait les dernières pages, lesquelles ne reprenaient que quelques bribes éparses, évoquant la mer, un long voyage, et le repos.

[Eawyne]

Maaïsie soupira. Elle aurait dû insister pour obtenir l'original de la carte.

Combien de fois ai-je vu des interprétations farfelues de la part de gens qui n'avaient aucune idée de ce qu'ils voyaient ou pire, voyaient ce qu'ils voulaient voir... Cela demande une grande rigueur... Mais peut-être que la personne qui a fait la copie s'y est-elle bien prise... Mais j'aimerais la voir malgré tout !

Elle soupira et contempla une dernière fois la carte. En effet, la conclusion logique était d'y aller voir soi-même. Elle n'avait aucune idée du rapport d'échelle de cette carte.

De toute évidence, je vais devoir trouver des références utiles. Elle tâta la poche avant de son sac, et fut déçue de se faire rappeler l'oubli de sa pipe. Je pense que le mieux est d'aller voir à la bibliothèque avant toute chose. Si je peux trouver un traité de géographie ou d'histoire qui évoque cette région, cela sera utile pour évaluer un changement éventuel, un village construit bien entendu sur l'emplacement de l'indice, quel qu'il soit... J'ai bien fait de prévenir Kuldhota d'une éventuelle longue absence... Mais je devrais peut-être déjà lui demander de me faire parvenir certains documents, et de l'argent. Je me renseignerai auprès du Baron s'il sait où je pourrais me faire faire répondre.

Lentement, Maaïsie rangea ses affaires, et déposa quelques pièces sur la table. Puis après avoir salué d'un mouvement de tête la serveuse qu'elle croisa en route vers la porte, elle sortit, en direction de http://www.baldursgateworld.fr/lacouronne/le-quartier-du-gouvernement/10358-la-grande-bibliotheque.html

[Galathée]

Quête : Les Squelettes du Placard, chapitre 6 : Pistes (suite).

Quittant l'impasse où ils avaient trouvé refuge, Taliesin et Victor gagnèrent les rues encombrées du quartier portuaire. L'anonymat dans la foule. C'était paradoxal mais bien réel : il y avait tant de monde, de couleurs, d'innombrables badauds susceptibles d'attirer l'attention bien plus qu'un enfant et un elfe. Un peu devant eux marchait un imposant colosse qui transportait un baril sur chaque épaule. Sur la droite, un homme nerveux tentait de mener un troupeau de chèvres rétives jusqu'aux quais. Plus loin cheminait un voyageur qui était sans nul doute étranger à ce plan, peau bleuté, regard de braise, il semblait pourtant parfaitement à son aise dans le foisonnement alentours. Un montreur d'ours donnait son spectacle dans l'embrasure d'une porte cochère tandis que deux comédiens jonglaient au milieu de la rue, forçant les promeneurs à s'écarter sur leur passage.
Victor arracha Taliesin à la frénésie du quartier marchand en l'attirant dans l'impasse où se trouvait le Crabe qui Bulle. C'était effectivement un tout petit troquet tranquille, à l'écart du flux des passants. Ils poussèrent la porte et se retrouvèrent dans la petite salle commune, déserte à cette heure.
" Vous êtes bien tôt, moussaillons !" s'exclama une voix derrière le comptoir.
Le tenancier s'en extirpa. C'était un nain hirsute et ventru, qui jeta un regard incrédule à Taliesin.
" Ben ça. Un elfe chez moi. T'as encore le temps d'faire demi-tour, p'tit père !"
" Oups." lâcha Victor.

[Taliesin]

La tuile...
Taliesin se serait bien carapaté dans l'instant, pour éviter des ennuis, mais... il y avait le rendez-vous avec Emeraude. Laquelle ne pourrait pas les retrouver, s'ils allaient loger ailleurs...
Il fallait donc agir vite. Essayer de ménager la chèvre et le chou. Enfin, le nain et l'humaine...
-Je vous prie de bien vouloir m'excuser... fit-il en s'inclinant, affichant une mine humble et désolée à l'exact opposé de celle qu'il avait arboré les jours précédents. Je ne désirais certainement pas vous importuner par ma présence, et je m'en vais sur l'heure...
Il se tourna vers Victor.
-Et bien, ce n'est pas encore cette fois que je pourrai boire de la vraie bière...
Il refit face au tenancier, plus désolé que jamais.
-Je vous présente mes plates excuses, mais... Le garçon m'ayant chaudement recommandé votre établissement, j'avais pris sur moi d'y donner rendez-vous à une amie, qui se présentera ce soir ou demain matin. Verriez-vous un inconvénient à ce que je l'attende à ces moments-là sur le pas de votre porte ? Ou, si vous craignez que ma présence fasse fuir votre clientèle, à lui donner le nom d'une auberge où elle pourrait nous retrouver ? C'est la grand-mère du petit, et... il a hâte de la retrouver. Vous lui rendriez un grand service.

[Galathée]

Le nain leva les sourcils puis partit d'un grand rire.
" Allez, cessez ces jérémiades et allez poser vos fesses quelque part. J'vous apporte ça et j'vous donnerai une chambre, aussi, si c'est c'que vous voulez vraiment. Mais faudra pas vous plaindre et dire que je vous avais pas prévenu ! "
Il se tourna ensuite vers Victor.
" Quant à toi, j'sais pas comment tu pourrais avoir recommandé l'Crabe ! J'laisse pas des p'tiots dans ton genre rentrer... Toujours à essayer d'finir les chopes des grands alors qu'vot'foie est à peine capable de t'nir la limonade !"

[Taliesin]

Penaud, se disant qu'il ne savait plus, décidément, différencier une boutade d'un réel avertissement, se rassurant en songeant qu'au moins, on ne pourrait pas l'accuser d'être aussi prétentieux que ses pairs, Taliesin balbutia quelques remerciements et fila s'installer à une table. On aurait pu rêver arrivée plus discrète, décor dans lequel il détonnerait moins... Mais, comme l'avait dit Emeraude, la ville était vaste, il y avait peu de chance qu'il y ait un mouchard dans la moindre taverne...

[Galathée]

Le nain, qui s'appelait Piotr Pêchepieuvre, revint peu de temps après avec des consommations. Il servit une bière corsée à Taliesin, une petite lueur malicieuse dans le regard, mais après tout, c'était l'elfe qui l'avait demandé ! Quant à Victor, il eut droit à une eau parfumée à la violette. Quand l'enfant fit mine de se plaindre, le nain lui fit remarquer qu'il avait de la chance : vu la proximité de l'océan, il avait de la chance que ce ne fut pas de l'eau de mer. Cela mit fin à toute velléité de contestation dans le chef de Victor et il sirota son breuvage en grommelant pour le principe.
Leur hôte ne s'attarda cependant pas et retourna à l'abri de son bar, d'où il dépassait tout juste, ce qui ne semblait pas pratique... Jusqu'à ce que la serveuse fasse son apparition. C'était une grande et belle jeune femme, elfe à n'en pas douter, et elle tapota amicalement la tête de son acolyte avant de commencer à nettoyer le comptoir.
" C'est d'elle que je me souvenais... Pas de lui..." chuchota finalement Victor.

[Taliesin]

Taliesin se sentit idiot de s'être ainsi laissé prendre à l'accueil bourru du tenancier. Il avait fortement mis à mal sa couverture, et devait songer à la modifier au plus vite... Il y avait cependant peu de chances que ses compagnons de voyage descendent dans le même établissement, ou qu'il croise certains des clients des auberges dans lesquelles ils s'étaient arrêtés sur le chemin. Dans le pire des cas, si cela devait advenir, et bien... Il avancerait que ses airs revêches avaient pour but d'éloigner les curieux. Des tas de gens pouvaient vouloir éloigner les curieux, pour des motifs divers et variés...
Côté positif : les habitués des lieux ne s'étonneraient pas outre mesure de la présence d'un elfe dans leurs murs, vu la race de la serveuse...
-Il faudra que tu m'expliques ce que tu faisais à courir les tavernes à ton âge... murmura-t-il à l'adresse du petit garçon. Et j'espère qu'elle ne se souvient pas de toi, sinon, on est mal barrés...

[Galathée]

Victor se pencha avec un air de conspirateur bien à propos.
" Et bien... Je suis jamais rentré en fait... Mais on était tous amoureux d'elle, tu vois... Alors on venait espionner quand elle vidait les seaux dehors, tout ça... Je sais pas si elle s'en est rendue compte. Sans doute que non. Ou si oui, elle nous a jamais vraiment vus."
Mais la ravissante demoiselle s'approchait de leur table, un sourire engageant sur les traits.
" Bien le bonsoir, voyageurs. Voici la clef de votre chambre, c'est la 7, dernière au fond du couloir à l'étage. Vous ne serez pas dérangés par nos arrivages tardifs."
Puis elle repartit de son pas chaloupé. Victor était devenu écarlate et s'enfonça plus profondément dans son siège, espérant disparaître derrière son verre.

[Taliesin]

-Voyez vous ça...
Taliesin sourit, amusé. Une nouvelle fois, il se rendait compte qu'il ignorait presque tout de la vie qu'avait jadis mené Victor. L'enfant n'en parlais presque jamais... Tout juste, une fois, avait-il évoqué la noyade d'un dénommé Cyprien. L'un de ses amis, sans doute. Mais rien, en dehors de cela... Ce n'était pas étonnant : comment aurait-il pu avoir envie d'évoquer un passé dont il ne restait goutte, qui avait été balayé d'un seul coup, dans d'effroyables circonstances ? Peut-être aurait-il pu renouer avec certaines de ses anciennes connaissances, si leur séjour à Luménis s'était prolongé - et s'il demeurait des survivants, des familles désireuses de rester habiter sur le lieu du massacre. Mais Kanter était passé par là et, aujourd'hui, l'elfe se demandait s'ils pourraient jamais reprendre la vie qui s'était esquissée alors...
Il refusa de se laisser gagner par la tristesse, cependant. La deuxième partie de leur voyage s'était déroulée sans anicroche, il était à nouveau avec Victor, Emeraude allait demander, pour eux, de l'aide aux Merlus... Et la serveuse ne leur avait pas posé de questions. Il fallait profiter de ce répit...
-Allez, termine ton verre, qu'on aille découvrir notre chambre ! fit-il en vidant sa propre chope, histoire de proposer une échappatoire au petit garçon.
La bière était bonne. Corsée, évidemment... Mais ce n'était pas la première production naine qu'il buvait : il était plutôt amateur de ce genre de breuvage. Toutefois, il ne se serait pas hasardé à en prendre une autre dans l'immédiat. La résistance à l'alcool acquise à force de fréquenter les tavernes ne compensait pas tout à fait sa modeste constitution...