[Commerce] Au Loyal Paladin

[Althéa]

Eli avait eu un sourire. La spontanéité de la jeune fille lui plaisait. Sa fraîcheur faisait d'elle une compagne de voyage idéale. Avec elle, elle n'aurait aucune raison de se mortifier en cours de route, voire pire : de renoncer. Au contraire, elle sentait renaître un espoir. Puisque tout n'était pas perdu. Elle sentit alors une présence dans la chambre, et entendit, dans un chuchotement sa fille répondre.

"Il se trouve à Helonna. Quelque part vers la trouée des chevaux. Mais ..."

Elle laissa passer quelques secondes, consciente que ce qu'elle avait à dire ne serait pas facile à entendre.

"Il a été capturé par des marchands d'esclave. Ils l'ont emmené à Helonna. Il est parvenu à s'enfuir. Mais il est maigre, et il souffre ..."

[Amaryllis]

Amaryllis ouvrit de grands yeux ronds. Elle imaginait la capture du pauvre enfant, la peur, l'angoisse même, et puis l'évasion héroïque au terme de laquelle les marchands d'esclaves avaient forcément été confondus et arrêtés. Mais le fils d'Eli avait du partir, et il était perdu, seul. Maintenant, c'est elles qui le sauveraient, elles le ramèneraient jusqu'à Manost et la mère et l'enfant seraient réunis, ensemble et heureux.

"Je suis prête à partir, je dois juste prendre mon sac dans ma chambre. On peut partir maintenant."

Semblant réaliser quelque chose, se reprochant une nouvelle fois son empressement, elle ajouta :

"Ou demain à l'aube, s'il vous faut un peu de temps pour vous préparer."

[loqueteux]

Lester se perdit en chemin. Bon sang mais il était sûr qu'après avoir continué tout droit, tourné à gauche, continuer tout droit, tourner à gauche, passer sous un arche, tourner à droite 100 mètres plus loin, passer dans la ruelle à gauche près de l'arbre(il n'avait pas vu l'arbre pourtant), puis tourner à droite quelques mètres plus loin, il devait encore tourner à droite. Seulement il tomba dans une impasse. Il avait rebroussé chemin puis continué tout droit tourner à droite puis encore à droite pour revenir à la place qu'il avait quitté auparavant. Après être passé au moins 3 fois au même endroit, il s'apercevait que des gens commençaient à le regarder bizarrement. Il se sentait bizarre également, un peu fatigué et agacé, avec l'impression de s'être égaré dans un labyrinthe qui n'en finissait pas.
Il s'adressa à l'un de ceux qui le regardaient bizarrement ou stupidement peut-être, comme la nouvelle attraction de cette journée, et posa ses questions:
Excusez-moi de vous importuner mais comme vous aviez déjà vos regards fixés sur mes allées et venues, je me suis dit que vous pourriez aider un étranger à votre cité à se sentir un peu moins perdu. Pourriez-vous m'indiquer comment je dois m'y prendre pour sortir de ce foutu labyrinthe?
Un gars assez bourru lui répondit:"si vous vous sentez un peu perdu, c'est que vous vous êtes engouffré dans une impasse, à moins que ce que vous ne cherchiez soit dans les environs. Si on vous regarde depuis un petit moment, c'est parce que vous avez tourné en rond autour de nos maisons.
Mais j'ai pris à droite puis...
Lester n'eut pas eu le temps de finir que l'autre repris:
"pour sortir d'ici, vous devez revenir sur vos pas, dans l'autre direction."
Lester ne comprenait plus rien. mais j'en viens...
L'autre continua "non, c'est la rue qui lui est pratiquement parallèle qu'il vous faut emprûnter." Le gars bourru lui montra la ruelle d'où ils l'avaient vu déboucher. Lester comprit alors qu'il aurait pu continuer à tourner très longtemps s'il n'avait pas repris son chemin en sens inverse, car cette ruelle, à demi cachée par les maisons qui l'entouraient était presque invisible dans un sens du trajet.
Merci pour votre aide, l'ami. Prenez ceci, ce sont des herbes qui, en infusion, peuvent vous aider à la digestion, pour l'absinthe et réduire les maux de gorges pour la sauge.
"Vous êtes amusants, étranger, n'hésitez pas à repasser un de ces quatres"
Lester en profita pour demander où il devait aller pour rencontrer des personnes qui pourraient lui fournir de plus amples informations sur la cité.
Le gars bourru lui dit"c'est très simple, sitôt revenu sur vos pas vous partez à gauche ensuite quelques mètres plus loin vous tournez à droite, vous continuez tout droit jusqu'à une statue puis vous faite le tour de la fontaine, vous passez alors à droite puis...(Lester perdit le cours des informations à ce point précis)...vous arrivez en vue d'une auberge répondant au nom du (royal ou loyal?) paladin.
Eh bien merci, je crois que je vais trouver
Quelques heures d'égarements plus tard, Lester arriva enfin près d'un bâtiment d'où parvenait de la lumière et des bruits accueillants.
Lester poussa la porte d'entrée de l'établissement, entra et s'aperçut que l'endroit avait l'air plus vaste à l'intérieur qu'à l'extérieur(perception déformée de Lester).
Il parcourut du regard l'ensemble de la salle, des personnes discutaient, d'autres riaient et chantaient, jouaient, picolaient, le tout attablé.
Il regarda également les tarifs et estimait que le peu de pièces d'or qu'il avait récolté en vendant quelques-unes de ses préparations d'herbes médicinales à des marchands lui permettraient à peine de consommer une boisson.
Il se posa à une table libre, reposant ses jambes de la journée. Pas très loin de lui se déroulait une partie de jeu de carte qu'il ne connaissait pas, rassemblant 2 hommes et une femme. Il leur demanda s'il se trouvait bien à l'auberge du humhum-oyal paladin avant d'enchaîner sur une autre question: savaient-ils où il pourrait trouver des personnes capables de lui fournir des informations quant à l'organisation de la cité et l'aider à trouver ce qu'il voulait éventuellement chercher.
Un homme lui dit d'aller déranger quelqu'un d'autre, les 2 autres prêtèrent attention et la femme lui répondit qu'il ferait mieux de s'adresser à Titoeil Debeurré, le cuistot de l'auberge, l'homme ajoutant qu'Althéa, la tenancière de cet établissement pourrait être d'une certaine aide à la question. "allez déranger quelqu'un d'autre"
La femme répondit que leur ami était un peu grincheux. "ne dérangez pas les autres"
Elle demanda, un peu étonné, à Lester "vous n'avez pas un peu chaud sous vos drôles de vêtements?"
"ne dérangez pas les autres damné étranger"
non, ils n'apportent aucune chaleur
Lester se rendait compte que leur ami continuait sa rengaine sans lui prêter attention, sous le regard un peu surpris de ses compagnons.
"le seigneur fera en sorte que tu ne puisses plus jamais les déranger"
Il estima plus sage de ne pas continuer à converser avec ses compagnons. Il profita d'un bref instant pour prendre rapidement une poignée d'un mélange d'herbes spécifiques, prendre 3 fléchettes de bois dur, attraper l'araignée qui l'accompagnait, lui tirer un peu de venin, préparer un mélange dans lequel il trempa ses fléchettes. Il les rangea dans son sac mais à un endroit qui serait rapidement à sa portée s'il devait s'en servir.
Peu de temps après, un homme bien portant s'avança vers Lester avant de balancer un "qu'est-ce que je vous sers? Vous, il y a quelqu'un sous ces vêtements?" La lumière ne semblait pas éclairer les environs de Lester, mais c'était comme si l'ombres s'était concentrée dans le recoin qu'il occupait.
Oui, vous venez juste de me confondre avec mes vêtements.
"Ouf, vous m'avez fait peur" lorsque Titoeil vit une tête à la chevelure blanche se profiler parmi le monceau de vêtements noirs et décharnés, il avait cru un instant apercevoir une sorte de fantôme.
Désolé, est-ce que vous servez des informations ici?
"tout dépend du genre d'informations que vous recherchez"
Le genre qui n'est peut-être pas facilement accessible sinon vous connaitriez quelqu'un qui puisse me renseigner sur la cité et où je dois me rendre pour avoir accès à un genre d'informations spéciales?
"si vous cherchez des informations particulières, vous pouvez toujours tendre l'oreille au loyal paladin, les conversations y vont bon train. Vous voulez boire quelque chose?"
Je n'ai pas beaucoup d'argent Lester laissa tomber les quelques pièces d'or(3 ou 4) qu'il avait pu récolter durant son périple.
mais je peux vous fournir des onguents, des herbes ou des préparations médicinales de ma propre conception
"Ne vous inquiétez pas je crois que ce que vous offrez sera plus que suffisant"
Titoeil regardait Lester d'une étrange manière.
"Que voulez-vous boire?"
une tisane à la verveine ou un thé à la menthe si vous en avez
Titoeil lui apporta après un certain temps un thé à la menthe.
Perception déformée N'était-ce pas un sourire carnassier que Lester avait surpris sur le visage de Titoeil lorsqu'il lui avait servi son thé? Lester contemplait la boisson et se demandait s'il devait prendre ou non des précautions, comme avaler un contre-poison...
Le regard perdu dans le vague, il rejoignait spirituellement et temporairement son ancien village et ses proches.

[Althéa]

Titoeil s'était éloigné rapidement de l'homme étrange. Il avait les yeux hantés, et son esprit séjourner dans des lieux où il s'était perdu. Mieux valait ne pas trop en approcher. Il partit s'enfermer en cuisine.

Lester se retrouva donc seul au milieu de la multitude. Très vite, il se sentit observé. Aiguillé par un regard brûlant. En tournant la tête, il ne tarda pas à en trouver l'origine.

Là, à une table non loin de lui était assise une femme et plusieurs personnes visiblement plus jeunes. Une femme et des enfants qu'il connaissait. A leur vue, Lester se sentit troublé à l'extrême. Car, devant lui, comme échappés du temps lui souriaient Lila et les enfants.

A moins que ce ne fut qu'une hallucination. Mais cela, seul l'esprit torturé de Lester pourrait en décider.

[loqueteux]

Qu'étaient donc ces images? Réalité ou rêve absurde? Que faisaient donc ses proches dans une auberge d'une cité qui lui était il y a peu de temps inconnue? Lester se demandait s'il était possible qu'un jour il puisse les voir, les retrouver, pour de vrai.
Cependant, il commençait à s'habituer à ignorer ses hallucinations et resta immobile en se disant qu'elles s'éclipseraient comme les autres probablement.

[Duo]

L'après midi débutait lorsque Kettrarik poussa la porte du Loyal Paladin. La salle n'était pas très remplie aussi alla-t-il directement au comptoir. Il s'assit sur un tabouret et salua le tenancier.

"Holà ! Je voudrais une chambre et un verre d'hydromel, et que ça saute !"

Il était érreinté. Sa nuit précédente adossé à la tronc l'avait fatigué au moins autant que sa journée de marche à découvrir la cité.

[Althéa]

Attention, post triple

Cette nuit là, Eli prépara minutieusement ses affaires. Elle agença au mieux ses possessions. Elle partait pour longtemps. Très longtemps. Mais elle se sentait étrangement calme, résignée. Et impatiente. Elle plia tout, rangea, avec un soin presque maniaque. Quand elle eut fini, elle se rendit compte qu'il manquait quelque chose.

Elle sortit et se rendit devant ce qu'elle pensait être la chambre d'Amaryllis et frappa doucement à la porte.

**

Lila et les enfants se tournèrent vers Lester. Ils ne souriaient pas. Ils ne bougeaient pas. Lester voyait très bien que les boissons devant eux n'étaient qu'une illusion. Mais peut être n'en était-il pas. Ou peut être était-ce simplement un rêve, une absence dont Lester avait l'habitude.

Lila se leva, imitée par les enfants. Elle gagna la porte de la taverne. Juste avant de sortir, elle fit signe à Lester de la rejoindre dehors.

**

Titoeil s'était avancé vers le nain, assez curieux. Il n'y en avait pas beaucoup à Manost, des petites personnes. Bon, celui-là avait l'air un peu remonté, et pressé. Il ne valait mieux pas le faire attendre. Il alla préparer la commande puis l'apporta avec son habituel air débonnaire.

"Voila, monsieur est servi. Souhaitez-vous autre chose ?", se risqua-t-il a demander.

[Amaryllis]

Amaryllis bondit sur ses pieds en entendant frapper. Ses affaires étaient prêtes depuis des heures. Elle s'était assoupie, une ou deux fois, mais chaque craquement, chaque passage dans le couloir la réveillait en sursaut et finalement, n'y tenant plus, elle avait remballé ses affaires et s'était assise sur le lit.
Elle se dirigea d'un pas vif jusqu'à la porte, et ouvrit :

"Bonjour ! Vous êtes prête à partir ?"

Encore une fois, elle rougit avant d'avoir terminé sa phrase. Elle était bien trop impatiente.

"Oh et...euh...vous vous êtes bien reposée finalement ? Vous avez réussie à vous rendormir ?"

[Althéa]

Elie secoua brièvement la tête avec un petit sourire triste.

"Je ne suis pas arrivée à fermer l'œil après votre venue."

Ses grands yeux qui ne voyaient plus se portèrent vers l'endroit où se trouvait la jeune fille. Des cernes violettes étaient apparues, faisant paraître son regard infiniment clair, comme deux éclats de glace. Elle avait l'air déterminée.

"Je voudrais te demander une faveur juste avant de partir ... Voila ... Je sais que je ne te connais pas beaucoup. Mais il n'y a que toi qui puisses faire cela. Le voyage risque d'être dangereux, tu sais ... Et s'il arrivait que je n'en revienne pas, je voudrais que tu ramènes mon fils et que tu le confies à Titoeil. Je pense qu'il s'en occupera bien."

[loqueteux]

Lester ressentit malgré tout une différence par rapport aux dernières visions auxquelles il était sujet.
Lila ne le regardait pas, même si elle s'était tournée vers lui, elle ne semblait pas le voir. Son regard transperçait Lester, visant quelque chose se trouvant derrière lui, au-delà. Lui n'entendait pas les bruits des enfants qui l'accompagnaient pas plus que la voix de Lila. Quand Lila passa la porte de l'auberge pour en sortir, elle fit un signe de la main, un geste qui l'incita à la suivre. En franchissant la porte, sa main restait quelques instants derrière, attendant de recevoir quelque chose, avant de s'éclipser totalement à travers l'ouverture.
Mais ce qui incita Lester à se lever et à suivre rapidement la vision silencieuse de ses proches pour ne pas les perdre de vue, ce sont les traces de cendres ou de fumées que ces visions laissaient derrière elles.

[Althéa]

Des empreintes de petits pieds nus et les traces de pieds gracieux de Lila. Elles s'éloignaient du Loyal Paladin pour se perdre dans une ruelle adjacente, peu éclairée. Là, les traces s'étaient arrêtées brusquement. Mais de Lila et des enfants, il ne vit même pas l'ombre.

Mais au moment où il s'en retournait, pensant avoir rêvé, il sentit une main lui toucher doucement le cou. Presque aussitôt, il sentit la morsure d'un feu ardent là où il avait été effleuré. Il eut l'impression de brûler, d'endurer mille mort. Fort heureusement, sa torture se fit douleur sourde au bout de quelques secondes.

Personne dans la ruelle ...

[Amaryllis]

Amaryllis secoua la tête, terrifiée par cette perspective, mais elle se retint de justesse de protester vivement. Elie ne comprendrait pas si elle refusait. Elle ne comprendrait pas ce que la jeune halfeline savait depuis longtemps. Quand on prenait des dispositions au cas-où, on tentait le sort et les choses que l'on redoutait arrivaient. C'était d'une logique implacable. Ils avaient dit à leur tante que s'il leur arrivait quelque chose...Et puis...Amaryllis frissonna. L'image d'un troll gigantesque surgissant du détour d'un chemin vint effleurer sa conscience. Elle secoua la tête de plus belle et répondit d'une voix faible :

"Il vous arrivera rien hein, vous me le promettez ?"

[loqueteux]

Lester examina de plus près la ruelle qui l'englobait, il se sentait oppressé, comme si les murs allaient peu à peu se refermer sur lui et l'avaler, l'écraser. Il aboutit bientôt à une impasse, impatient qu'il était de s'échapper de ce piège dans lequel il ne voulait pas s'enfermer.
Se retournant pour rebrousser chemin, il vit que la ruelle avait changé. Des fenêtres perçaient toujours les immeubles qui l'encadraient, des portes également étaient discernables parmi les ombres qui l'entouraient. Ce pendant, même en se concentrant sur d'infimes détails, il ne vit pas tout de suite ce qui clochait. Ce n'est que peu de temps après s'être un peu calmé qu'il remarqua que les portes n'avaient pas de poignées. En fait, elles semblaient se fondre et se confondre avec les murs sombres. De plus, il s'apercevait que l'endroit d'où il venait s'était comme éloigné, la distance s'était rallongée.
Il se retourna vers le mur qui lui barrait le chemin pour s'apercevoir qu'il s'était éloigné. Il s'avança un peu pour se rapprocher. Pourtant, au fur et à mesure de son avancée, le mur semblait s'éloigner. Son inqiétude commença à culminer lorsqu'il s'aperçut que les portes avaient complétement disparu. La lumière s'épuisait de plus en plus, s'éclipsant peu à peu, comme avalée par un gouffre d'obscurité.
Se retournant encore, il ne voyait rien de plus que les ténèbres à sa portée, une lointaine obscurité.
Aux alentours, où qu'il regarde, les choses disparaissaient, laissant place à un néant inquiétant et absolu.
Il s'arrêta, ferma les yeux, s'échappant de ses perceptions visuelles auxquelles il ne pouvait, ne voulait apparemment plus se fier.
Il répéta en lui-même quelque chose qu'il avait un jour écouter, sans savoir d'où ces mots provenaient:"Face aux ténèbres, je me draperai de ténèbres, pour et à jamais, protéger ce qu'il reste d'une lueur d'espoir désespérée."

[Althéa]

Elie savait raconter toutes sortes d'histoires, connaissait bon nombre de fables et de fariboles. D'une simple pirouette, elle vous enjolivait le prosaïque pour vous en faire du mystérieux, du captivant. Son talent de conteuse rendait légendaire le moindre de ses récits. Par contre, s'il y avait bien une chose qu'Eli ne savait pas, c'était mentir. D'ailleurs, elle ne s'y risquait jamais, ou presque. Juste quand les circonstances l'exigeaient. Son dernier mensonge lui avait tant coûté. Elle avait dit à ses enfants qu'ils allaient s'en sortir. Beau résultat. Elle se souviendrait toujours du hurlement de terreur de sa fille quand les revenants s'étaient jetés sur elle.

Elle eût un petit sourire en direction d'Amaryllis. Plus le temps passait, plus elle s'attachait à la demoiselle. Le mensonge devenait plus difficile encore.

"Je ne sais pas. Mais je crois que notre route ne sera pas de tout repos. Et je préfère qu'il m'arrive quelque chose qu'à vous."

***

Le délire de Lester s'accentua de plus belle. Il eût de plus en plus la sensation que la ruelle se refermait sur lui, que l'obscurité posait sur lui ses dents voraces pour le broyer, l'anéantir.

Et soudain, à coté de lui, il entendit chanter. Un chant clair, doux, dont il se rappelait chaque note, chaque parole. Une comptine que les enfants avait l'habitude de fredonner. Peut-être étaient-ils près de lui. Peut-être les verrait-il s'il ouvrait les yeux ...

[loqueteux]

Lester ouvrit les yeux de surprise devant ces chants mélancoliques, lui rappelant les murmures que faisaient les enfants, accompagnant sa plus ou moins bonne interprétation d'une mélodie, dont l'origine lui avait toujours échappé, à l'aide d'un morceau de bois taillé se rapprochant d'une vague forme d'harmonica.
Les enfants s'étaient émerveillés de ce qui produisait parfois, la musique semblant attirer une multitude d'insectes et de petits animaux, ils les avaient vu passer autour d'eux, vision de feuilles d'arbres, de brindilles bougeant sur le sol.
Des ténèbres sortaient des visions cauchemardesques, alors que la musique continuait sur le même rythme.
Avant de refermer rapidement les yeux et de résister à l'envie de s'enfuir rapidement, il eut le temps de voir des carcatures des enfants et de Lila, transformés et corrompus par les ténèbres ambiants. De leurs images ressortaient de multiples détails qui les rendaient presque impossible à appréhender par un cerveau humain, au mieux les montrant difformes.

Il croyait avoir fermé les yeux.
Pourtant, Lester vit, de ses yeux fermés, Lila et les enfants devant lui. Des particules particules virant du blanc au noir en passant par le gris ne cessaient de tomber aux alentours. Un brouillard remplaçait le sol.
Lila souriait avec un air triste, elle comme les enfants semblaient regarder au-delà de Lester, comme s'ils ne le voyaient pas vraiment.
Les enfants avaient les yeux blancs.
"Lester
si longtemps
tu nous manques" commença Lila

[Althéa]

Alors, Lester se sentit prit d'une folle envie de rire. Peut-être était-il en train de devenir complètement fou. Autour de lui, les enfants se mirent à rire à leur tour, puis Lila. Ils se regroupèrent et firent une ronde autour de lui. Lui, au centre ne pouvait pas s'empêcher de rire.

Autour de lui, les passants regardaient cet homme pris de folie sans trop savoir comment réagir. Nombreux s'en écarter, pris de peur. Il fallait que Lester se ressaisisse.

[loqueteux]

Rire fit cracher du sang à Lester. En examinant les enfants qui l'entouraient, ceux-ci semblaient mus par une force étrangère, comme s'ils étaient obligés de faire ce qu'ils faisaient.
Il entendait leurs rires mais ne voyait que la détresse dans leurs regards.Il ne savait pas quelle sorte d'illusion pouvait bien causer cela mais il devait absolument s'arrêter sous peine de perdre à jamais la raison, la conscience et les seules dernières pensées joyeuses de son passé dans les ténèbres qui l'entouraient.
Les ténèbres aspiraient par grandes bouchées ses rires et ceux de ce qu'il restait de ses proches ainsi que l'infime réalité de ces derniers moments passés.
Par de grands efforts(Pour Gaïa, pour Lila), il reprit le contrôle de lui-même s'arrêta de rire et essaya de se rapprocher de Lila et des enfants. Mais ceux-ci s'éloignaient de plus en plus alors qu'il essayait maintenant de les discerner alors que, même les yeux fermés, les ténèbres de Lester s'interposaient.
Alors que les ténèbres engloutissaient Lester, celui-ci ne résista pas plus longtemps.

Lester -> passage dans les limbes, dans l'aether...
Dans la réalité, les passants virent que l'homme entourait de brumes noires qui riait bizarrement commençait à courir en cercle. Au fur et à mesure qu'il décrivait ces cercles, il était de plus en plus difficile de le distinguer de ce qui l'entourait. Ils virent cette chose de fumée noire, prise de soubresauts de rires forcés, progressivement s'amenuiser, sa couleur noire passant au gris devenir totalement transparente.

Lorsque les ténèbres engloutirent Lester, celui-ci perdit totalement ses perceptions, s'affaissa comme une masse sombre sur un quelconque sol, d'autres ténèbres succédèrent aux ténèbres.
Il se réveilla quelque part, dans un endroit qui lui était inconnu. Quelques badauds s'étaient amassés autour de lui et l'encerclaient, surpris de cette apparition de masse sombre et impromptue.
"Un démon, c'est un démon, appelez un prêtre pour le ramener là d'où il vient" lança un spectateur qui avait assisté à cette soudaine apparition.
"Oh regardez, ça bouge, c'est vivant?" lança un autre.
Reprenant ses esprits, Lester répondit
excusez-moi, je crois que je me suis assoupi
"han, vous êtes humain? Vous n'êtes pas un démon?"
oui, je crois bien que je suis un être humain. Et non, je ne suis pas un démon.
"Vous êtes sûrs?"
s'il m'est possible d'être sûr et certain de certaines choses, alors oui, j'en suis sûr
"Pourtant, vous êtes apparus ici comme par magie..."
vous en êtes sûrs?
Lester ne prit pas plus attention à ce que les passants disaient sur ce dernier événement si important qu'il avait momentanément interrompu leurs fascinantes activités régulières et habituelles.
Lester demanda à gauche et à droite aux personnes qu'il croisait s'ils n'avaient pas vu une femme accompagnée d'enfants correspondant à la description qu'il faisait de Lila et des enfants.
Aucune trace de ses proches. Alors qu'il s'approchait d'un arbre pour se reposer et réfléchir sur les derniers événements qui s'étaient passés, Lester se souvint de paroles laissées par ses proches.
Celles-ci disaient:

[Amaryllis]

La jeune halfeline lança un regard déterminé à la barde et répondit d'une voix tout aussi convaincue :

"Moi je préfèrerai qu'il ne nous arrive rien, ni à vous, ni à moi. On fera tout pour qu'il nous arrive rien."

Cette fois, elle n'attendit pas de réponse, peut-être vaguement consciente que tout ce qu'Elie pourrait lui dire ne lui plairait pas. Elle alla jusqu'à son lit d'un pas vif, attrapa son sac qu'elle mit en bandoulière, enfila sa cape et revint vers son aînée.

"Je suis prête à partir. Enfin..."

Elle porta la main à son estomac et ses joues prirent une teinte légèrement rosée.

"Après un rapide petit déjeuner, si vous voulez. Nous voyagerons sans doute mieux le ventre plein..."

[Althéa]

Elie avait souri à nouveau. Elle n'en laissait rien paraître mais elle se sentait soudain bien lasse et épouvantée à l'idée de reprendre la route. Le vaste monde sans ses yeux lui paraissait hostile. En tant normal, elle se disait qu'elle pouvait s'y faire, que ses autres sens s'étaient développés mais à l'idée de voyager, elle se sentait comme isolée. Heureusement, Amaryllis était à ses cotés. Elle appréciait cette présence positive. Sans elle, elle n'aurait sans doute pas entrepris son voyage.

"Je pense que tu as raison. Rien ne vaut un bon petit déjeuner. Ensuite, nous irons nous équiper et acheter quelques provisions. Et toi, tu n'as pas trop peur ?"

[Amaryllis]

La jeune halfeline resta silencieuse un moment. Peut-être était-elle censée avoir peur. Elle avait souvent eu peur. Ce jour-là, quand c'était arrivé, et même après. Mais là, l'enthousiasme l'emportait sur une inquiétude potentielle. Elle ne voyait aucun danger immédiat. Elle n'avait pas peur. Elle finit par hausser les épaules.

"Pas vraiment."

Comme pour ponctuer ses paroles, son ventre se mit à gargouiller. Elle rougit de plus belle et reprit timidement :

"Par contre, j'ai vraiment faim. Vous croyez qu'ils auront encore de la tarte ?"

[Dhast]

Quête : là où meurent les neiges éternelles

Althéa et Brus parvinrent assez vite au Loyal Paladin, principale auberge de Manost. Brus n'avait pu, comme à son habitude, s'empêcher de babiller pendant leur court trajet, et lorsqu'ils franchirent la porte il parlait encore du vol qu'ils avaient fait sur le dragon. Les quelques personnes déjà présentes levèrent la tête en entendant le nom de la créature. En effet, Brus ne faisait rien pour être discret. Ils allèrent jusqu'au comptoir et l'adolescent, après avoir salué l'aubergiste, laissa Althéa faire sa requête d'abord.

[Althéa]

Quête : là où meurent les neiges éternelles

Althéa était entrée presque en courant. Le Loyal, à cette heure de la journée était peuplé des habituels clients. Il y régnait un calme habituel. Les gens se réveillaient, sortaient peu à peu des vapeurs d'alcool de la veille. Titoeil, lui aussi semblait fatigué mais ne partageait pas la même quiétude. Au contraire, l'angoisse transparaissait dans chacun de ses gestes.

En voyant Althéa entrer dans la pièce, il manqua en laisser tomber son plateau. Il fit aller sa grosse carcasse au devant d'eux, aussi vite que pouvaient le porter ses jambes. Arrivé à leur hauteur, il ouvrit les bras et sans faire de détail les serra tous les deux dans ses bras.

[Mornagest]

En provenance de

HRP : désolé du squat je ne resterai pas très longtemps normalement

Le guerrier avait quelque peu pris son temps pour arriver à la taverne. Il ne connaissait pas le chemin, et son repérage superficiel de l'après-midi s'était effectué à la lumière du jour ; la nuit tombée, tout paraissait différent, à commencer par les distances. Il lui fallu environ le double de temps nécessaire pour atteindre le pas de la porte du Loyal Paladin, lieu que lui avait conseillé Elissa pour entamer ses recherches. À tout prendre, vue l'heure, pourquoi ne pas prendre un petit repas, une bonne bière, et écouter les conversations alentours, pour ensuite passer une nuit confortable à l'auberge ?

La soirée était belle et bien entamée, et la salle était assez remplie. Il n'eut cependant pas trop de difficultés à obtenir un repas et une pinte de bière, qu'il régla directement, avant de s'installer tranquillement à une tablée ayant encore quelques places vacantes. Il n'avait pas de voisin direct, mais il pouvait, en tendant l'oreille, séparer les conversations autour de lui et tenter d'y glaner quelque information qui pourrait être intéressante.

[Dhast]

Quête : là où meurent les neiges éternelles

Brus avait remarqué la réaction de surprise du tenancier mais n'avait pas eu le temps de faire la moindre remarque que ce dernier avait fondu sur eux, les serrant contre sa bedaine rebondie. Il finit par relâcher son étreinte et Brus put reprendre sa respiration.

- Ben z'en faites une tête m'sieur Titoeil! Nous 'si ç'nous fait plaisir d'vous voir, pour sûr, mais, y a que'que chose qui va pas?

[Althéa]

Dans la taverne, personne ne semblait faire attention à l'étranger. L'heure était plutôt aux conversations.

Non loin de lui, des vieux jouant aux cartes, empêtres dans leur surdité qui les faisait parler fort, ils ne se souciaient aucunement qu'on puisse entendre leur conversation.

"Ben moi, j'te dis. J'étais venus pour qu'ils me soulagent mes hémorroïdes comme ils l'ont toujours fait. Cette fois, ben rien.
- Rien ? L'a pas voulu te soigner ?
- Ben si. L'a fait des gestes comme d'habitude, des prières quoi. Et puis l'a fait une drôle de tête et m'a dit d'aller prendre un bain d'eau chaude. ça'moins marché, bien sûr ..."

Ils retournèrent dans leur partie. Puis ...

"Paraît qu'il y a eu du vilain en ville. Un prêtre qui a mal soigné un gamin. T'être qu'il avait des hémorroïdes lui aussi. C'était le fils de la soeur de la petite Gina.
- Ah, celle qui courre partout avec ses jupes retroussées. C'est une vraie ribaude.
- On attendant, son fils mange des pissenlits par la racine.
- Vraiment une triste époque, vraiment."

Là où meurent les neiges éternelles


Le tavernier hésita un peu puis sembla s'attacher à un élément du décor qui n'était pas là. Il fronça les sourcils et se mit à danser d'un pied sur l'autre, visiblement gêné. Et puis, comme s'il se jetait à l'eau, il finit par demander :

"Mais, Leodacya n'est pas avec vous ?"

Althéa fronça les sourcils.

"Comment ça, avec moi ? Vous ne pensez pas qu'elle allait me rejoindre, tout de même !"

Titoeil eut l'air soudain paniqué.

"Brus, tu ne l'as pas vu, toi ?"

[Dhast]

Brus allait répondre mais sa bouche resta ouverte. Ses yeux glissèrent vers Althéa puis vers Titoeil. Ses sourcils se froncèrent. L'adolescent n'était visiblement pas bien sûr de comprendre ce qu'il se passait, la question de l'aubergiste lui paraissait profondément absurde. Quand l'aurait-il vu, lui? Il n'avait pas quitté Althéa. Finalement ses yeux s'écarquillèrent et il éclata de rire en tapant sur l'épaule du tenancier.

- Ah m'sieur Titoeil, z'êtes un farceur, ça, pour sûr! M'avez fait peur quand même savez?! Aah... Bon j'prends bien une colation moi m'sieur Titoeil, 'vec de la confiture si vous plaît, ajouta Brus, les yeux pétillants. C't'un bon farceur m'sieur Titoeil hein m'dame Althéa?

[Mornagest]

Des prêtres qui perdaient leurs pouvoirs curatifs ? Ou qui ne voulaient plus y mettre la volonté nécessaire ? Voilà qui paraissait curieux dans une cité aussi pieuse que Manost. Et un gamin mort... comment ? Assassiné ? Mornagest s'imaginait déjà bien des choses, mais il devait en savoir plus avant de conclure quoi que ce soit.

Voyant que les vieux hommes risquaient de faire dévier la conversation sur la meilleure façon de soigner les hémorroïdes, il décida, une fois son repas terminé, d'emmener le reste de sa bière et d'aller s'installer à un autre endroit. Il marcha, tout en fouillant des yeux un emplacement libre, puis avisa un siège non loin de ce qui ressemblait à un barde, au vu de son accoutrement coloré et orné de divers colifichets tout autant décoratifs que distractifs ; il savait que certains bardes étaient aussi bon bretteurs que maints guerriers. Mais leur capacité à se renseigner pouvait être très utile également.

[Althéa]

Quête : là où meurent les neiges éternelles

Titoeil avait ouvert des yeux encore plus ronds, comme s'ils essayaient d'englober le monde entier d'un simple regard. Il se mit à regarder par terre, puis les deux jeunes gens, et de nouveau le sol comme s'il y cherchait un interstice pour s'y cacher.

"Hé bien heu … Il y a cette dame très gentille qui séjournait à la taverne. Asmeralda. Elle m'a dit qu'elle te connaissait. Quand je lui ai présenté Leodacya, elle m'a dit que c'était ton portrait craché. Et celui de son père aussi …Ta fille l'aime bien, je crois. Tout à l'heure, elle m'a dit que tu allais revenir en ville et qu'elle voulait t'apporter le bébé en main propre. Je pensais que tu l'avais vue …"


**

A coté de Mornagest, le barde fit semblant de ne pas remarquer l'approche de celui-ci. Il était de fort jolie apparence, orné de velours, de rubans et de grelots, des anglaises dans ses cheveux d'or. Il se repeignait gracieusement avec ses doigts avec une moue pincée de diva.

Mais quand le guerrier fut près de lui, c'est d'une voix fort grave qu'il s'exprima.
"Bon, mon mignon, je vois bien que tu es en train de me tourner autour. Mais dis-moi ce que tu veux, parce que là, ça commence à être lourd …"

[Mornagest]

Mornagest pesta. Il n'espérait pas passer totalement inaperçu, mais tout de même, sa tentative était complètement loupée...

"Hum", fit-il en se raclant la gorge, "Je me demandais si vous étiez bien un barde itinérant... si c'était le cas, cela m'intéresserait que vous me racontiez ce qui se passe dans le coin."

Et, pour montrer qu'il était prêt à écouter, il s'assit non loin du supposé barde, paré à noter mentalement tout ce qui pouvait, de près ou de loin, concerner d'éventuels problèmes dans la cité bénie.

[Althéa]

Le barde regarda l'homme en face de lui la bouche en cœur, tout en peignant longuement sa chevelure bouclée. Puis, se rejetant soudain en arrière, laissant vagabonder sa crinière comme pour en faire admirer le brillant, il se mit à chanter.

"On dit que mon voisin a des hémorroïdes. Pour l'instant, elles ne lui lâchent pas la bride. On dit qu'une jeune fille a rendu son dernier soupir tout près des prêtres helmites qui s'attendaient au pire. Ils n'ont pas pu la soigner. Peut-être que Helm s'était absenté. On dit qu'un enfant est mort, soigné par un prêtre helmite pour son plus grand malheur. On dit que la sainte relique brille dans la nuit, et que lorsqu'on la touche, elle fait du bruit. On dit qu'une goule a dévoré vivant, un paladin helmite et s'est servie de son crâne comme cure-dent."

Il se tut et satisfait de lui même se mit à s'applaudir.