[Calimshan][Quête : Le voyage de l'Ombre]Monastère de la Lune Noire

[Zyl]

Si le désert, en cette heure matinale, était déjà brûlant, la température à l'intérieur du monastère était tout autre. Il y régnait une fraîcheur certaine et bienvenue aux Sharites encore debout, qui cependant ne profitait guère aux novices agenouillés dans la petite cour du monastère, en pleine épreuve d'endurance, les yeux fermés et le visage rougi. Les couloirs du monastère, eux, étaient plutôt vides, et aussi sombres qu'ils se devaient de l'être. Pour beaucoup, la présence d'un monastère de la Maîtresse de la Nuit en plein désert était saugrenue. Ceux-là étaient des imbéciles finis. En vérité, la solitude et l'isolement étaient du domaine de Shar, les ombres n'étaient jamais plus fortes que quand brillait le soleil, et les nuits froides lui appartenaient. De loin, le lieu aurait pu apparaître abandonné. Ce n'était pas le cas, et ceux qui savaient l'évitaient autant que possible dans leur traversée du désert. Le cœur des moines était dur et ténébreux comme celui de leur déesse, et les très rares visiteurs ressortaient souvent de l'endroit avec une envie folle d'aller courir dans le désert, n'importe où ailleurs.
L'abbesse Esaeh, assise à son bureau, fixait avec attention le symbole sacré de Shar entre ses deux mains élégantes aux doigts longs, les coudes posées sur la table. Elle releva à peine les yeux à l'entrée du visiteur, et se contenta de hausser un sourcil.
Esaeh était une humaine d'une soixantaine d'années, au crâne rasé et aux traits hautains, plutôt bien conservée : pas franchement belle, mais son expression exprimait une certaine majesté ténébreuse et sûre d'elle. Elle était peut-être âgée, mais tous savaient qu'il aurait été fort malavisé que de la provoquer ou commettre un impair devant elle. Avec lenteur, l'abbesse reposa le symbole sur le bureau, et battit longuement des paupières, inspectant son visiteur.
"Ah, novice Umbre. Vous êtes venu. C'est bien. Vous êtes une bonne recrue, mais je sais que le noviciat vous pèse. Inutile de vous inquiéter, je comprends cela. J'en ai parlé avec vos aînés. Vous êtes prêt."
Elle n'ajouta pas de "je pense". Esaeh ne supposait pas, elle savait, et en vérité l'opinion des autres importait peu. L'abbesse reprit dans ses mains le symbole sacré de Shar et inclina la tête.
"Ce que je veux dire, Umbre, c'est que vous n'êtes pas prêt à *devenir moine*, mais à passer notre épreuve pour le devenir, et peut-être à y survivre. Vous savez comment cela se passe. Il n'y aura pas de traitement de faveur, même si j'exige de vous de la passer légèrement en avance."
Elle hocha de nouveau de la tête, comme pour l'inviter à répondre. Elle était habituellement plus stricte, mais celui-là, elle l'aimait bien. Son apparence, son ombre instable surtout, était un signe spécial dans l'esprit de l'abbesse. Qu'il ne s'avise pas de gâcher la confiance qu'elle avait en lui et ses capacités.

[Umbre]

Umbre la regarda droit dans les yeux, en silence, puis il s'inclina respectueusement devant L'abbesse Esaeh. Lorsque sa tête était inclinée, un léger sourire fit son apparition. Bientôt il deviendrait un adepte de la Lune Noire à part entière. Son ombre prit la forme d'un cercle tournoyant lentement avec de légères pulsations autour d'Umbre. Enfin il dit:
"Bien abbesse Esaeh, que la volonté de Shar soit"
Puis sans un mot de plus il se releva, puis quitta la pièce. Il prit la direction de sa cellule pour prendre l'équipement nécessaire à l'épreuve. Il ne devait surtout pas décevoir l'abbesse, mais il avait confiance en lui et en ses capacités. Mais comme le disait souvent l'abbesse, attention à l'orgueil. Dans le monastère les autres élèves, des humains, des demi-orques et quelques demi-elfes le regardaient en silence. Beaucoup savaient qui il était, mais peu lui parlait. Une chose était sur, il était parmis les élèves les plus doués, mais pas le meilleur. Une fois équipé, il se dirigea vers les grottes du monastère ou l'épreuve l'attendait.

[Zyl]

Les grottes. On déconseillait aux novices de s'y aventurer, et à raison. Dire qu'elles étaient *dangereuses* était un euphémisme. Elles menaient en Ombreterre, rien de moins, rien de plus, et leur intimité avec le domaine de Shar en faisait un lieu de choix pour l'épreuve finale des jeunes moines. Pour tester leur foi, mais aussi et surtout leur résistance et leur ingéniosité. Ils n'en revenaient pas tous.
Appuyé contre la colonne gravée des avertissements de rigueur se tenait un des acolytes de l'abbesse, qui attendait visiblement Umbre. C'était un demi-orque à l'air morose, de grande taille, au dos courbé et aux yeux rougis. Il portait lui aussi le kimono noir de l'ordre, à la différence près que le sien était bien plus négligé que ceux de la plupart des autres moines. Le demi-orque, dont Umbre ne se rappelait pas le nom, le salua d'un hochement de tête et lui expliqua d'une voix traînante :
"Aujourd'hui, je t'amène en Ombreterre, assez loin, et après je m'en vais. Tu retrouves ton chemin. Et si tu le retrouves pas, tant pis. Une semaine pour t'en sortir, avec l'aide de Shar si tu la mérites. Compris ?"
Le moine n'était pas un des plus intelligents du monastère, mais on disait qu'il connaissait très bien l'Ombreterre Calimshite. On disait aussi qu'il aimait à perdre les novices qui lui déplaisaient dans ses coins les plus dangereux. Sans un mot de plus, il s'engouffra dans l'entrée de la grotte.

[Umbre]

Umbre suivit le demi-orque en silence. Ses Yeux s'adaptèrent immédiatement à l'obscurité. Le demi-orque était lui aussi a laise dans l'ombre. Plus le temps passait et la température augmentait, signe d'entré dans l'ombreterre, le domaine de Shar. Umbre savait que de nombreuses créatures peut recommandable hantent les lieux. Il savait aussi que demi-orque connaissait suffisament son affaire pour que Umbre ne puisse retenir le chemin. Il comptait sur son sens de la discrétion et son aptitude martial, ainsi que sur son intellect pour sortir de l'épreuve et devenir un moine de l'ordre de la Lune Noire.

[Zyl]

Ils marchèrent quelques bonnes heures dans les sombres corridors, dans un silence religieux (c'était de mise). Le demi-orque avait un pas vif, sur, et, compte tenu de sa corpulence, surprenamment silencieux. Les deux Sharites, doués par leurs races de vision nocturne, ne souffraient guère des ténèbres. L'air était tiède et humide, et malgré la praticabilité des boyaux, nulle trace de civilisation n'était visible dans les alentours. Ils passèrent à côté de quelques bosquets de champignons étranges et difformes qui dégageaient une lumière blanchâtre en plus d'une odeur persistante de viande faisandée. Un cadavre d'araignée de la taille d'un chien, tranché en deux dans le sens de la longueur les croisa également. Nulle trace d'un quelconque agresseur nulle part, et du reste il paraissait suffisamment ancien et sec pour que le demi-orque ne s'en inquiète.
Lorsque les deux hommes débouchèrent dans une caverne large et éclairée par d'autres champignons, le guide s'immobilisa et croisa les bras. Elle était percée d'un grand nombre de boyaux, dont certains trop petits pour des créatures de taille humaine, et d'autres plus grands, à la pierre soigneusement polie et parfois gravée de quelques formes pointues qui faisaient mal aux yeux. Le demi-orque adressa à Umbre une moue cynique.
"Je te laisse ici, novice. Ne t'avise plus de me suivre. Shar te montre la voie."
Il émit un grognement qui aurait pu s'apparenter à un ricanement, et reprit sa marche. Il traversa la caverne en diagonale et disparut dans un des tunnels, sans signe distinctif et différent de celui que les deux moines avaient emprunté pour venir, laissant Umbre seul.
Outre les champignons qui l'illuminaient de leur lumière glauque et ses nombreuses sorties, la caverne était meublée de stalactites et de stalagmites, certaines se rejoignant pour former des colonnes et témoignant de son ancienneté. Un glougloutement se faisait entendre, provenant d'une toute petite cascade glacée qui coulait le long de la pierre depuis un trou dans le mur et formait à terre une petite mare dont l'excédent devait être absorbé par le sol bourbeux. Elle communiquait sûrement avec un cours d'eau plus large, à en juger par l'humidité très forte de la pièce.
Parmi les tunnels, ceux aux entrées les plus travaillées paraissaient également les plus entretenus. Des pavés rudimentaires se laissaient même voir au sol de l'un d'eux. En revanche, certains des plus grossiers n'avaient pas dû être empruntés souvent -du moins par des humanoïdes vivants-. L'un d'eux était à moitié écroulé, et en travers de l'autre s'étendait ce qui ne pouvait de toute évidence qu'être décrit comme une toile d'araignée poisseuse et épaisse.

[Umbre]

Umbre regarda le moine demi-orque partir, et réfléchit quelques instants. Il mit tout ses sens en alerte, le danger était important ici. Puis il détailla les différents tunnels qui s'offraient à lui. La crainte d’Umbre était de se trouver face à une bande de drows, ces imbéciles serviteurs de la déesse araignée. Il regarda le tunnel le plus sombre, son ombre si dirigea et commença à explorer les lieux. Cette caverne était apparemment peu utilisé, donc le risque de tombé sur des créatures intelligentes plus limité, suivre le demi-orque était une bêtise et faire demi-tour aussi. Peut être que la déesse lui indiquait la voie à travers l’obscurité. Il se dirigea donc vers cette caverne tout en regardant attentivement autour de lui.

[Zyl]

La caverne était relativement basse de plafond, mais suffisamment haute pour qu'Umbre puisse progresser sans avoir guère plus à faire que de baisser de temps à autres pour éviter de s'enfoncer une stalactite dans les dents. Le sol était ici très humide, et les parois suintaient d'eau. Le chemin était plutôt tortueux, mais praticable à partir du moment où le tieffelin surveillait où il mettait ses pieds pour ne pas trébucher sur une stalagmite ou une pierre glissante. Il marchait depuis quelques minutes à peine, quand un étrange frisson lui traversa le corps. Les ténèbres semblaient s'être renforcées, ce qui, au vu de ses dons de vision nocturne, était profondément anormal. Un léger bruit de succion se fit entendre au plafond, et Umbre eut à peine le temps de lever les yeux avant de percevoir un mouvement de chute. Une des stalactites paraissait s'être détachée sur son passage.

La membrane de la mante obscure se déploya alors, et ses tentacules visqueux et sombres comme pierre s'étendirent en tentant d'englober la tête du moine dans leur étreinte.La créature avait l'apparence d'un poulpe volant de bonne taille, à la peau couverte d'une carapace de cuir pierreux et dur, et aux nombreux yeux rouges. Les fourbes tentacules, qu'elle lançait comme des fouets, cherchaient avec une obstination persistante à s'enrouler autour du cou du jeune homme. S'il avait pu, grâce à sa vigilance, éviter la masse de la bête sur sa tête, celle-ci n'avait pas renoncé à faire de lui son casse-croûte. Elle avait faim.

[Umbre]

Les tentacules essayaient par tous les moyens d’attraper le cou et la tête lisse d’Umbre. Il essaya de se dégagé à l’aide de ses mains en saisissant les tentacules pour repoussé l’animal. Mais la persévérance de l’animal finit par énerver Umbre, ses yeux s’assombrirent et ses dents commencèrent à prendre la forme de crocs. Puisque l’animal voulait le mordre, c’est lui qui la mordrait. Il saisit un tentacule à pleine bouche le déchiqueta. Un arrière gout étrange se répandit dans la bouche d’Umbre et il recracha un morceau caoutchouteux. La mante obscure émit un bruit aigu surement du à la surprise. Peut être venait elle de comprendre que la proie c’était elle. Il profita de se moment de panique pour dégager sa main gauche, une fois libéré il plongea les doigts vers les yeux rouges de la créature pour les lui enfoncer. Son ombre s’emblait recouvrir le corps de Umbre tel une armure, et ses doigts possédaient maintenant de longue griffes d’ombres mais malheureusement celle-ci semblaient dépourvus de contenance. Ses doigts s’enfoncèrent dans la créature qui repoussa de nouveaux cris, et ses tentacules frémissaient de panique et de douleurs. Umbre dégagea sa main droite et finit par jeter violement la créature contre une paroi. Avant que celle-ci n’est le temps de bouger il l’écrasa d’une série de coup de pied. Il ne resta qu’une bouilli informe de la mante obscure. Umbre s'essuya la bouche et crache par terre. Il réajusta son kimono et repartit, ses sens encore plus en éveil...

[Zyl]

La malheureuse mante écrabouillée fit une dernière fois "sprouitch" et agita dans le vide son dernier tentacule en état avant de se taire et s'immobiliser à jamais.
De toute évidence, le corridor de pierre n'était pas aussi calme qu'il en avait l'air, et Umbre devrait rester vigilant s'il ne voulait pas réitérer semblable incident. Il y avait dans les profondeurs d'Ombreterre bien des créatures étranges, et des plus dangereuses qu'une mante noire. Sans compter que celle-ci n'était pas forcément une chasseresse solitaire : certaines des pierres paraissaient soudainement se pourvoir d'yeux rougeâtres qui s'ouvraient et se refermaient avec furtivité. Toutefois, si c'était bien le cas, les mantes n'agirent guère, peut-être effrayée par la démonstrations d'Umbre ou simplement en attente d'un meilleur moment pour frapper, quand sa vigilance se serait relâchée. Ou peut-être n'était-ce que des reflets brefs sur les pierres humides qui leur donnaient l'illusion d'yeux prudents.
Umbre arriva à un croisement. Deux chemins s'offraient à lui : l'un plus sec que celui qu'il quittait, plus large mais plus bas également, étayé de planches de bois. Au sol, des traces de pas récentes s'y imprimaient, et ce n'était sûrement pas le demi-orque qui les y avait faites : elles témoignaient de la présence d'au moins quatre humanoïdes, probablement de petite taille et dotés de bottes lourdes.
Les traces se dirigeaient en direction du deuxième boyau. Rien de notable n'était à dire sur ce tunnel, si ce n'était qu'il était boueux, pentu vers le bas et relativement dégagé des encombrantes et traîtresses stalactites et stalagmites que le tieffelin avait côtoyées dans le chemin qu'il venait de quitter.

[Umbre]

Umbre regardât autour de lui pour vérifier qu’aucun danger immédiat ne guettait. Il regarda plus attentivement les traces. Son ombre semblait déjà suivre celles-ci. Apres un court instant de réflexions il se dit qu’il valait mieux les suivre et savoir à quoi s'attendre plutôt que de tomber sur une patrouille drows, ou autre, de manière incongrue. Son pas se fit plus léger pour limiter les bruits au maximum et il fila d’ombre en ombre tout en suivant la sienne.

[Zyl]

Le pas du tieffelin était léger, mais le sol bourbeux ne l'aidait guère : malgré tous ses efforts, de légers bruits de succion se faisaient entendre lorsque son pied se retirait de la terre détrempée en y imprimant à son tour son empreinte.
Le boyau allait en s'élargissant graduellement mais suffisamment pour que ce soit noté. Il gagna, au bout de ce qui parut à Umbre être un kilomètre approximatif, peu à peu la largeur et la hauteur d'une caverne allongée. Une rigole boueuse se formait au centre du chemin, et l'eau, entraînée par la pente, serpentait dans la boue aux côtés des pieds d'Umbre (et des empreintes qu'il suivait).
Quelques sons se firent entendre. Ils provenaient, à vue de nez, de derrière un rocher qui paraissait s'être détaché de la paroi, mais il était difficile d'en être certain. Des voix masculines chuchotaient en une langue qu'Umbre ne comprenait pas, aux inflexions cassantes et gutturales. Elles étaient apparemment préoccupées, à en juger par leur ton. En tout cas, les traces de pas menaient au rocher en question, à environ cinq mètres du tieffelin.

[Umbre]

Umbre retient son souffle en entendant les voix. Il essaya d’écouter celles-ci mais il était trop loin. Son ombre s’enroula autour de lui tel une seconde peau et il se dirigea à pas feutrer vers le rocher. Il regarda attentivement autour de lui, car il soupçonnait un piège. Il était tout à fait possible que les créatures se fassent entendre pour attirer un ennemi jusqu'à eux alors qu’elles l’attendent de pied ferme. La prudence était de mise surtout qu’il ne comprenait pas la langue qui était parlé.

[Zyl]

L'une des voix, la plus grave, haranguait à présence avec véhémence une autre, plus haut perchée. Les autres le pressaient visiblement de se taire, tandis que l'homme à la voix grave s'énervait sans qu'Umbre ne puisse comprendre l'objet de la conversation : la langue ne lui disait tout simplement rien. Le tieffelin perçut un mouvement en provenance de derrière le rocher : les créatures, qu'elles qu'elles fut, avaient visiblement décidé de plier bagage. Et contournaient la pierre en se dirigeant dangereusement dans sa direction. De là où il était, il n'avait que deux choix immédiats : tourner la tête pour les apercevoir, au risque de briser sa couverture, ou contourner prudemment le rocher dans l'autre sens. Quoi qu'il en était, il aurait à choisir rapidement.

[Umbre]

Umbre choisit rapidement de faire le tour du rocher. Les créatures étaient plus nombreuses et il ignorait toujours de quel type elles étaient. L'adrénaline commençait à affluer dans son corps avec le sentiment de peut être devoir bientôt combattre. Il avait heureusement plus d'un tour dans son sac, mais comme lui avait enseigné son ancien maitre dans le monastère de son enfance, avant d'utiliser la complexité, utiliser la simplicité, elle donne bien souvent un résultat identique pour un effort moindre. Bien que cette doctrine ne soit pas toujours vrai, elle avait déjà permit à Umbre de sortir de situation difficile sans trop d'effort.

[Zyl]

Les voix se firent soudainement plus agressives, et Umbre entendit très nettement le bruit métallique d'armes tirées hors de leur fourreau, alors que les pas s'arrêtaient net. La voix la plus grave aboya à l'adresse des autres quelques ordres brefs, et les pas reprirent, plus lents, plus lourds, et séparés : ils se rapprochaient d'Umbre et avaient visiblement l'intention de l'encercler en passant des deux côtés de la grande pierre. Ses traces dans le sol trop meuble l'avait sûrement trahi : apparemment, les êtres n'étaient point aveugles, et il n'y avait pas songé.
Une silhouette émergea sur la gauche d'Umbre, puis deux sur sa droite et enfin deux nouvelles autres du côté gauche. Elles étaient petites et trapues, et leurs expressions étaient à la fois féroces et surprises : il s'agissait de duergars, les nains gris des profondeurs, harnachés d'armures de cuir ou de maille et armés de haches, de marteaux, et, dans le cas de celui, plus âgé, qui paraissait être leur chef, d'une épée de bonne facture et d'une arbalète de poignet chargée. Le chef de la patrouille aboya à l'adresse de ses hommes (qui comportaient apparemment également une naine) quelques ordres, et ceux-ci se rapprochèrent sensiblement d'Umbre sans toutefois le mettre à portée directe de leurs armes, puis s'immobilisèrent. Dans le dos du tieffelin, la pierre l'empêchait de fuir (à moins de l'escalader, ce qui n'était pas forcément une bonne idée). Le duergar grogna de nouveau quelques ordres, cette fois à l'adresse d'Umbre, d'abord en commun des profondeurs, puis dans un commun surfacin, qui, s'il était plus approximatif, ne manquait pas de hargne :
"Qu'est-ce-qu'il fabrique là ? Dépose ses affaires à terre ! A terre ! Qu'est-ce qu'il fiche, hein ? Espion ?"

[Umbre]

Umbre regarda le nain gris dans les yeux ceux-ci s’assombrirent immédiatement. Ces créatures étaient pas très intelligentes mais très sournoises. Ces nains avaient plus d’un tour dans leurs sacs mais lui aussi. Il ce concentra et fit appel à un de ses pouvoirs de tiefflin, puis il fit un pas de côté pour éviter le probable tir de carreau.

Jette un sort>>Ténèbres

Immédiatement les nains réagirent en se mettant en posture de combat, le chef tira à l’endroit ou il se tenait quelques instants plus tôt. Il couru le plus silencieusement possible vers le chef et lui donna un coup de genoux dans la mâchoire. Celui-ci tomba, sonné sous le coup. Umbre dégaina sonwakisashi et lui planta dans le crâne, tel un insecte. Il sorti la lame et parti en courant dans un tunnel. Un coup d’œil par-dessus son épaule lui montra que les autres duergars n’étaient pas encore sorti de la zone de ténèbres. Son ombre semblait prendre la forme d’une sorte de démon pendant sa course silencieuse.

[Zyl]

(HRP: Attention, Umbre. Ils sont cinq (quatre maintenant), tout de même, alors je préférerais que tu t'en tiennes à une action par tour, entre sort, attaque, course ou autre.)
Il y eut un grand cri de rage, probablement de la part de la naine, et des bruits de course rendue maladroite par les ténèbres surnaturelles, mais néanmoins déterminée. Un nouveau carreau siffla à l'oreille d'Umbre : visiblement, quelqu'un avait ramassé l'arbalète de feu le chef nain, et comptait bien s'en servir pour clouer le tieffelin aux murs.
"DUERRA !"
Hurla la naine avec rage, pointant d'un doigt accusateur la silhouette qui s'enfuyait. Elle ramena à elle ses deux mains dans une posture de prière, puis les leva et les écarta en hurlant.
Prêtresse>Convocation de monstres I>Rat sanguinaire fiélon
Une bête se matérialisa à un pas d'Umbre. Il s'agissait d'un rat au corps long d'une cinquantaine de centimètres, au poil collé en plaques dégoûtantes et aux yeux rougeoyants d'une lueur maléfique. Des dents improbables et diablement pointues sortaient de sa gueule, en plus de ses insicives de rongueur réglementaires. Le rat effectua un bond en avant, et mordit Umbre au pied en y enfonçant cruellement ses dents avant d'être éjecté par la course de celui-ci.

[Umbre]

Umbre jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule, les nains le suivait, la mort du chef ne leur avait pas suffit. Tant pis pour eux, mais il n’était pas de taille à les affronté directement. La prêtresse méritait une bonne malédiction et les gardes n’étaient que des laquais. Shar n’était pas tendre avec lui mais c’était peut être signe qu’elle attendait beaucoup de lui. Le rat fiélon lui courrais encore après, Umbre lui dit en Infernal :"Dégage minable."
Le rat eu une seconde d’hésitation, visiblement il ne s’attendait pas à ça, mais il devait obéir à son invocatrice, la prêtresse duergar. Umbre continua de courir tout en cherchant un une cachète, en hauteur serai le mieux, mais le plus important était de creuser l’écart entre lui et ses poursuivants. L’entrainement physique qu’il subissait en tant que moine l’y aiderait, du moins l’espérait t-il.

[Zyl]

Les nains ne courraient pas bien vite, et les ténèbres magiques générés par les pouvoirs du tieffelin les avaient gênés. Mais ils connaissaient mieux les tunnels qu'Umbre, et étaient plus nombreux. Il entendit l'un d'eux trébucher dans son dos, alors que la respiration sifflante du rat fiélon se faisait toujours entendre. La bête peinait à le rattraper, mais ne se laissait pas distancer, sa surprise passée, et comptait bien le mordre de nouveau dès qu'il en aurait l'occasion. Les nains criaient, enragés, et un dernier carreau siffla sur les côtes d'Umbre, se plantant dans son kimono et arrachant quelques lambeaux de chair à son flanc. Il ne paraissait pas avoir touché d'organe vital, mais la blessure était tout de même douloureuse.
La grotte n'offrait pas énormément d'issues : il y avait le chemin par lequel Umbre était venu, un boyau étroit et pentu, au ras du sol, et un autre qui ressemblait plus à une crevasse dans le mur de pierre. Des trois, aucun ne paraissait vraiment sûr : les nains armés et harnachés dans leurs armures ne passeraient sûrement pas dans les deux plus petits, mais rien ne garantissait à Umbre où ils menaient, et y pénétrer nécessiterait de se faire tout petit. Quand au plus grand, non seulement il était en pente montante, mais en plus les nains le connaissaient sûrement très bien.

[Umbre]

Le problème pour le petit tunnel, ou la crevasse était le rat fiélon. Umbre devait le tué ou il ne pourrait jamais se cacher. Il s’arrêta quelques mètres après le petit tunnel. Le rat était sur ses talons, et ses couinements lui devenaient insupportables. En prenant appui avec le pied sur une paroi il fit un bond sur le coté. Le rat n’étant pas très intelligent, fonça tête la première dans le mur. Le choc frontal sonna le rat qui s’affala. Umbre lui écrasa la nuque d’un coup de talon, puis il fila vers le petit tunnel ou il se faufila tant bien que mal. Sa blessure le gênait mais elle était encore supportable. Il prit le carreau et le retira de son kimono. Il devrait vérifier si il n’était pas empoisonné, mais plus tard, au calme. Les nains arrivaient et il espérait que le cadavre du rat fiélon les mettrait sur une fausse piste. Umbre se fit plus silencieux que la mort tandis que son ombre faisait mine de fuir par le tunnel principal.

[Zyl]

Le tunnel était très étroit, et Umbre y rampait beaucoup plus qu'il n'y marchait. Les parois de pierre frottaient contre ses épaules : il avait la chance d'être mince, ou il n'aurait pu y progresser qu'en s'y éraflant la peau et en déchirant ses vêtements sur les aspérités parfois cruelles de la roche. Sa position ne lui permettait pas vraiment de se retourner, aussi seuls les sons pouvaient-ils lui servir d'indications quand à la situation des nains. A priori, ils avaient continué leur épique course dans la gadoue, à la poursuite d'ombres qu'ils ne trouveraient pas. Leurs voix exprimaient de la colère et de la frustration, particulièrement celle de la naine, qui ne cessait de répéter "Duerra!" d'un ton furieux. Il y eut une incantation lointaine, et la grotte principale s'illumina sous l'effet du sort -mais les nains ne repérèrent pas Umbre, ou plutôt son derrière, et passèrent finalement l'entrée du tunnel étroit sans s'y arrêter. Les bruits de pas s'éloignèrent...

(HRP: Et maintenant, prie pour que ton popotin ne reste pas coincé! Vénère ta grande meujeute! MOUHAHAHAHA!)

[Umbre]

Umbre serra les dents, il devait continué pour échapper aux nains. Il devait se fondre dans l'ombre et suivre la voix de Shar. Sa blessure l'élançait mais le douleur était toujour supportable. Il continua le plus silencieusement possible, ses sens à l'affuent du moindre signe de dangers.

HRP: Oui grande meujeute (*envois un chèque à l'adresse de Zyl*)

[Zyl]

Se faufiler dans le tunnel n'était pas une mince affaire : il n'était pas très droit, et ses murs, qui frottaient de temps à autres contre la blessure au flanc d'Umbre, rugueux et désagréables au toucher. Umbre commençait à fatiguer : il avait beaucoup marché, couru et s'était également battu.
Le tunnel finit par s'agrandir et à gagner un peu en hauteur, si bien que le tieffelin put se relever. Il ne tarda pas à arriver à un embranchement : devant lui, deux tunnels se séparaient. Ils étaient identiques à cela près que de l'un provenait la lueur mollassone des champignons phosphorescents, ce qui devait indiquer qu'il menait à une grotte, et que l'autre était sombre comme nuit.
Umbre entendit son estomac gargouiller : il commençait à avoir faim. Le pied que le rat avait mordu, s'il ne l'avait de prime abord fait souffrir, lui paraissait à présent curieusement enflammé dans sa chaussure, comme s'il avait été plongé dans de l'eau bouillante.
Outre les deux chemins qui s'offraient à lui, Umbre aperçut un trou dans la roche, garni d'une espèce de fougère incolore et molle : s'il le voulait, il aurait pu essayer de s'y reposer un moment.

[Umbre]

Umbre tendit l’oreille et plissa les yeux en quête de signe de dangers. Visiblement le coin était calme, pour l’instant. Il prit le carreau et jeta un sort détection du poison dessus. Encore un cadeau de son héritage particulier.

Jette un sort>Détection du poison

[Zyl]

Umbre ne ressentit rien. Le carreau n'était pas empoisonné. Sa blessure au côté le lançait, mais elle ne saignait plus énormément, une croûte sale s'y étant formée. Il avait également toujours mal à son pied, dans lequel le sang battait un rythme lourd et gourd. Apparemment, lui non plus ne saignait pas, mais les dents aiguisées du rat ne lui avaient pas fait que du bien, et il enflait.

[Umbre]

Umbre sortit sa lame et fouilla les fougères pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une créature camouflée. Il n'ettoya avec un peu d'eau ses plaies et dechira un bout de tissu pour faire des bandages de fortunes. Après une dernière vérification des environs il allat s'allongé sur les fougères, caché dans l'ombre. Il était dans le territoire de Shar, peut être que ses rêves lui porterait conseils...

[Zyl]

Ce fut une nuit quelque peu agité et fiévreuse pour le tieffelin. L'air était lourd d'humidité, même ici, et sa tête le lançait. S'il fit des rêves, ils étaient trop délirants pour qu'il puisse s'en souvenir au réveil. Mais il se sentait malade : se pouvait-il que l'une de ses blessures se soit infectée ? Où n'était-ce que l'accumulation de la fatigue et du stress ?
Le rêve absurde se dissipa, et Umbre ouvrit les yeux. Mais était-il seulement éveillé ?
Une silhouette féminine vêtue d'une robe noire se tenait, très droite, devant lui, les mains jointes en une curieuse posture de prière. Elle avait la peau crayeuse, des cheveux sombres et d'une longueur inimaginable qui descendaient sur ses épaules en mèches emmêlées se confondant avec sa robe, et des yeux qui lui mangeaient le visage, énormes et vitreux. Elle était peut-être belle, mais c'était dur à dire : elle paraissait sans âge, et curieusement fragile, comme si elle avait été faite de papier et non de chair. La femme hocha de la tête à l'adresse d'Umbre, et murmura, d'une voix cassée à peine audible, mais sûre d'elle :
"Un autre... Un autre, encore. J'ai ramassé les crânes et poli les os, mon enfant, et j'observe. Encore un. Nous verrons si tu es différent. N'est-ce-pas ? Ils ressortent, parfois. Quand ils ne ressortent pas, ils m'appartiennent. Mais cela ne veut pas dire que tu dois mourir stupidement. "
La femme haussa les épaules.
"J'ai pansé tes blessures, mon enfant. Je ne suis pas miséricordieuse. Considère cela comme le paiement pour la vie que tu me donneras éventuellement. Je vais dans l'ombre, je vous regarde, et j'interviens s'il me le plaît."
Elle entortilla une mèche de cheveux autour d'un doigt, révélant une oreille pointue d'elfe.
"Je bavarde comme une vieille femme radoteuse. Tu as sûrement mieux à faire, enfant. Je ferais mieux de retourner à mes ombres, et toi à les tiennes, parce que le temps avance, même quand nuit et jour ne se succèdent pas."
L'elfe recula d'un pas, sans toutefois partir, observant avec attention Umbre de ses yeux qui donnaient pourtant l'impression d'être aveugles.

[Umbre]

Une chaleur étrange envahis Umbre, il sentait comme un flot d'énergie qui le parcourait, puis la chaleur monta, il commença à transpirer, ses muscles se tendirent violement et il perdit le fils de sa conscience. Cette énergie qui parfois l'aidait mais qu'il ne maitrisait pas, qu'il sentait depuis son enfance mais qu'il ne comprenait pas... Quand il rouvrit les yeux il était seul, incapable de dire si ce qu'il avait vu était un rêve ou une réalité. La déesse lui était elle apparue? Il ne saurait y répondre. Mais son ombre avait pris une forme très féminine, semblable à celle qu'il avait "vue". Après une courte prière il choisit de poursuivre dans l'ombre. Son estomac criait famine et il piochât parmi le peu de provision qu'il avait pris. Il lui restait encore de quoi vivre pour trois jours, quatre si il se serrait la ceinture mais guère plus. Il espérait avoir fini l'épreuve d'ici la. D'un pas décidé il se remit en marche vers le tunnel le plus sombre. Comme l'avait dit le moine demi-orque: "Shar te montre la voie".


HRP: roooooooooh mais c'est ma déesse??????? Le chèque à marcher.

[Zyl]

HRP: Ahahaha, tu verras . Peut-être. Ou pas ?

La femme n'avait pas laissé d'empreintes au sol, ni nulle part ailleurs -si on oubliait les deux blessures d'Umbre, qui avaient disparu-. Le tieffelin pouvait légitimement se questionner sur la nature de son rêve. Ou de son entrevue. La réalité de la femme aux cheveux noirs était discutable, mais il était certain qu'il se sentait moins fiévreux que lorsqu'il s'était endormi.
Le tunnel qu'il avait emprunté était rempli de ténèbres absolues, calmes et veloutées. Il était vide, et la surface de ses murs et son sol paraissait avoir été polie par le temps. Peut-être un ancien ruisseau souterrain avait-il coulé ici : il y avait des galets au sol. Umbre aperçut quelques vers blanchâtres et aveugles, de la taille d'un demi-doigt, qui disparaissait timidement derrière les roches à son approche, probablement alerté par les vibrations de ses pas sur le sol. Tout était calme.

[Umbre]

Ses sens en éveils, Umbre continu dans l'obscurité. Il prit une démarche souple et féline pour faire le moins de bruit possible. Le silence du tunnel sombre paraissait infinie. Mais Umbre se demandait si il ne s'agissait pas du calme avant le tempête. Il savait que les nains gris devaient être encore à sa recherche mais le but était de survivre et de sortir, pas de tous ces imbécils. Il ignorait totallement ou il était, mais d'après son horloge biologique interne, il devait approximativement être dans l'ombre-terre depuis un peu plus d'une journée. Il lui restait donc cinq jours pour sortir. Ses pensées était encore bercés par la mystérieuse femme.