[Lieu] Le cimetière de Manost

[Lothringen]

Le cimetière de Manost, adossé aux remparts nord de la cité, accueille les dépouilles de ses citoyens depuis la fondation d'Artryl. Un curieux pourra donc y faire l'inventaire de l'évolution du style funéraire sur plus de deux cents ans, depuis les tertres simples à table de pierre ou de marbre des premiers colons jusqu'aux chapelles arrogantes et gothiques des familles marchandes aujourd'hui les plus en vue.

Par dérogation spéciale les autels de Kelemvor sont ici tolérés. Les allées larges et ombragées incitent plus à la méditation qu'à la mélancolie, tranchant sur les statues sévères érigées en honneur du dieu des morts à chaque carrefour.

A mesure que la cité grandissait, la place a fini par manquer : c'est pourquoi le cimetière de surface se double d'un réseau souterrain de catacombes où s'empilent les vieux os sans mémoire. On prétend aussi que les corps non réclamés sont déversés sans ménagement dans une fosse commune à l'extérieur de la ville. Mais d'aucuns prétendent aussi que ce n'est qu'une rumeur malveillante.


Quête : Le Poing Levé

Quand Théoden et Elanor pénétrèrent dans le cimetière, tous ces soucis logistiques étaient le cadet de leurs soucis. Le paladin remâchait les informations que la jeune femme venait de lui fournir.

« Alors, si je comprends bien, des présomptions, des hypothèses, mais pas grand chose de probant jusqu'à maintenant ? Un témoin et pas vraiment d'indice concret. Quoi qu'ait réellement fait Aymeric, si c'est encore moins glorieux que d'avoir fui le combat, il ne sera pas facile de le faire parler... »

[Elanor]

Ils étaient arrivés à destination et Théoden venait de lui exposer une synthèse assez déprimante de la situation. Elle n’avait pas grand-chose pour démarrer cette enquête. Elle espérait vraiment trouver des réponses sur la scène du drame.

« Vous avez bien résumé la situation maître. J’espère que notre investigation dans les catacombes nous apportera des faits nouveaux. Vous comprenez pourquoi je ne pouvais que m’adresser à vous pour m’épauler dans cette mission délicate. Allons demander au gardien où se situe le tombeau qui nous intéresse ».

Elanor se rendait pour la première fois dans le cimetière de Manost. Elle n’était pas effrayée mais plutôt impatiente. Elle allait se trouver face à la non vie pour la première fois et sûrement pas la dernière, la chasse aux morts vivant étant l’une des missions principale des paladins de l’ordre.

[Lothringen]

La demeure du gardien se trouvait à une dizaine de pas de l'entrée. De loin, elle paraissait plutôt coquette avec ses nombreux pots de fleurs colorés au balcon. Mais, en s'approchant, ils virent qu'il y avait de l'ail et un cadavre de corbeau cloués sur la porte, ainsi que des lignes de gros sel sur le seuil et le rebord des fenêtres. Le gardien leur ouvrit avant qu'ils n'aient eu le temps de frapper une troisième fois. C'était un homme entre deux âges, voûté, aux petits yeux vifs profondément enfoncés dans leurs orbites. Il tenait une carafe d'eau sans doute bénite à la main gauche et un gourdin dans la main droite.

« Ah, encore des paladins... bonjour à vous... vous venez terminer le travail, enfin ? Cette goule meurtrière dans mon cimetière... je n'en dors plus... »

« Ce n'est pourtant pas la première fois qu'un mort-vivant doit s'éveiller ici ?» interrogea Théoden, un peu surpris de cette réaction.

« Non, bien sûr, mais d'habitude, les paladins m'en débarrassent du premier coup... Et si ce n'était pas une goule, mais quelque chose de beaucoup plus puissant ? J'avoue, j'ai peur... »

« Nous avions l'intention de rendre visite à cette créature. Pourriez-vous nous indiquer le chemin ? »

« Ce n'est pas bien difficile : il s'agit du caveau de famille des Mariguer, tournez à droite dans la troisième allée et avisez la chapelle aux quatre pleureuses d'angle. Le caveau est ouvert et l'échelle juste à côté. Mais... à deux, est-ce bien prudent ? »

« Je ne suis pas un novice, comme vous pouvez voir. Des précisions sur l'origine de cette créature ? »

« Elle s'est éveillée il y a dix jours. J'ai alors entendu les gargouillis caractéristiques de ces créatures s'échapper du caveau et ai aussitôt prévenu l'Ordre. On a enterré ici une vieille fille, il y a six mois. Une riche héritière, la quarantaine, à moitié folle depuis la mort de son frère. Ce doit être elle... »

Théoden se tourna à demi vers Elanor, au cas où elle voudrait demander autre chose.

[Elanor]

Il semblait littéralement terrifié par cette affaire. Ela se posait exactement la même question : s’agissait-t-il vraiment d’une goule ou d’autre chose de plus puissant ? Pourtant les morsures sur le cadavre de Romuald allaient plus dans le sens d’une simple goule.En allant dans le caveau ils seraient fixés sur la question. Le gardien avait peut être remarquer quelque chose lors du passage d’Aymeric et Romuald, elle devait lui poser la question. Théoden ayant terminé son interrogatoire, elle prit donc le relais.

« Juste une dernière chose, vous souvenez-vous du jour où les deux jeunes paladins sont venus ? Avez-vous remarqué ou entendu quelque chose, une altercation entre les deux individus, une conversation sur la tactique qu’ils comptaient adopter ? Sont-ils descendus tout les deux en même temps dans le caveau ? Tout ce que vous pourriez me rapporter pourrait m’être utile »

[Lothringen]

Le gardien fit la moue, comme il se remémorait les deux arrogants jeunes hommes.

« Hum. Les deux jeunes damoiseaux, moui... Ils sont passés me voir pour me demander leur chemin, exactement comme vous. Je leur ai indiqué où c'était mais je ne les ai pas accompagnés ; après tout ils n'avaient pas besoin de mon aide pour soulever la dalle, et ils semblaient persuadés d'en finir en deux minutes. Je les ai entendus se chamailler sur le chemin : ils se disputaient pour déterminer qui descendrait l'échelle en premier, je crois. Faut croire que le gagnant a remporté le gros lot... »

Il renifla.

« Une bonne demi-heure plus tard, j'ai vu l'autre repasser en courant devant ma loge, mais seul. S'est même pas arrêté pour me dire ce qu'il s'était passé. »

[Elanor]

Apparemment les deux novices étaient venus assez décontractés pour exécuter cette mission, peut être trop d’ailleurs. Le fait qu’ils se soient amusés à savoir qui descendrait le premier en disait long sur leur manque de concentration en ce jour fatidique. A ce moment elle croisa le regard de Théoden et comprit qu’ils tiraient les mêmes conclusions.

« Merci du nous avoir consacré un peu de votre temps. Nous ne vous retenons pas plus. Nous repasserons vous dire ce qu’il en est une fois que nous aurons fini. »

Ils se dirigèrent sans tarder vers le caveau. Elanor était tellement concentré sur sa mission que Théoden due la prendre par le bras pour l’arrêter une fois arrivé à destination. Ils soulevèrent la dalle et installèrent l’échelle.

« Merci maître. Je pense qu’il se serait plus prudent que vous détectiez dans quelle partie du caveau se trouve actuellement le mort-vivant avant que nous descendions. Je sais pas ce que vous en pensez mais je n’ai pas très envie de lui servir de petit déjeuner à cette goule.»

Elanor s’était laissée aller à faire de l’humour pour ne pas laisser le stress de cette première rencontre avec la non-vie la paralysée et nuire ainsi à son efficacité.


Théoden -----> « détection des morts-vivants »

[Lothringen]

Théoden lança le sortilège puis, durant une bonne minute, Elanor le vit froncer les sourcils sous l'effort de concentration - ce qui ne laissa pas de la surprendre, car il s'agissait d'un sort assez basique pour un homme aussi expérimenté que lui. Les traits du paladin se détendirent enfin d'un seul coup comme il renonçait et murmurait, d'un air embarrassé.

« Je... Je ne comprends pas. Je ne détecte absolument aucune présence... J'ai bien cherché dans toutes les directions : rien. Pourtant cette créature doit encore se trouver ici ! Est-ce que cela signifie qu'elle est assez puissante pour masquer son aura ? Qu'elle a pu trouver un moyen de quitter le caveau ? Ou bien qu'il ne s'agissait pas d'un mort-vivant ? Par Helm, je ne sais qu'en penser. Quoi qu'il en soit, il va falloir se montrer extrêmement prudents en explorant ces lieux. »

[Elanor]

L’échec du sort de Théoden ne présageait rien de bon. Elanor prit le temps d’analyser les paroles de son mentor et lui fit part de ses déductions.

« Maitre, si il s’agit d’une créature capable de cacher son aura maléfique, elle peut être très puissante. Si ma mémoire de l’enseignement reçu au temple est bonne, seule les liches ont ce pouvoir. Ces êtres étant des mages très puissant, sans renforts conséquents, nous sommes condamnés à l’échec. Mais je pense que nous pouvons d’entrée réfuter cette hypothèse. Le cadavre de Romuald présentait des traces de morsures très nettes. Ces créatures n’attaquent pas au corps à corps et surtout la liche aurait détecté la présence d’Aymeric et il serait mort aussi. Donc comme vous n'avez rien détecté, nous pouvons dire que ce caveau n'est plus habité par un mort-vivant. Comment la goule a-t-elle pu s'échapper? Tout ces éléments me font pencher plus vers votre dernière suggestion: la créature que nous allons débusquer n'est pas un mort vivant »


La novice n’avait pas quitter son maître des yeux pendant son exposé et attendait son approbation pour descendre explorer la tombe.

[Lothringen]

Le paladin eut un rictus écœuré. Si ce n'était pas un mort-vivant, c'était un cannibale, et Théoden n'était pas certain de ne pas préférer la première hypothèse.

« Tu as sans doute raison. Quoi qu'il en soit, nous devons en avoir le cœur net et explorer ces lieux. Prenons chacun une torche et sortons nos armes. Je passe devant ; ne t'éloigne pas de moi de plus de deux pas. Je vais tenter de repousser les mort-vivants dès que je parviendrai en bas de l'échelle, mais si ta déduction est juste, cela ne servira à rien... »

Ainsi fut fait. Ils allumèrent des torches grâce à un briquet d'amadou et Théoden descendit l'échelle le premier. Lorsqu'il fut en bas, il fit signe à Elanor qu'elle pouvait le rejoindre, et qu'aucun danger n'était visible pour l'instant. Le paladin repoussa les mort-vivants et conclut sa tentative sur un nouveau soupir :

« A nouveau, je n'ai ressenti aucune résistance... »

Leurs torches illuminaient la pièce étroite et allongée dans laquelle ils se trouvaient. C'était une sorte de couloir qui servait d'antichambre au caveau. Derrière une ouverture quadrangulaire sans porte, on devinait une pièce beaucoup plus vaste, dont les murs latéraux étaient creusés de niches où reposaient des corps - ou des squelettes ? - emmaillotés. L'odeur qui en émanait était âcre, faite de poussière, de pourriture sèche, de cendres, entêtante, écœurante : la mort.

« Les Mariguer sont une vieille famille... Il y a probablement trois ou quatre salles comme celle-ci, en enfilade. Prête ? »

[Elanor]

L’atmosphère du caveau pesait lourd sur les épaules d’Elanor. L’odeur méphitique environnante lui donnait la nausée et surtout elle ne s’attendait à pas à trouver un endroit aussi vaste. Elle se demanda si finalement la portée du sort de détection de Théoden était suffisante pour avoir balayer l’intégralité du tombeau. N'ayant pas très envi de s'éterniser en ces lieux, elle préféra garder cette remarque pour elle afin de ne pas retarder leur avancée avec des paroles inutiles .

« Je sais pas dans quelle salle Romuald a été victime de son agression. Je pense que nous la reconnaîtrons sans soucis aux traces de sang sur le sol et sur les murs vu dans l’état où était le corps de ce pauvre garçon. Je propose que nous fassions un repérage au niveau chaque salle afin d’éviter les mauvaises surprises. Il n’est pas exclu que la créature, si elle est encore dans les parages, ne se trouve plus à l’endroit où le meurtre a été commis. Allons-y. »

[Lothringen]

Ils commencèrent donc leur exploration, en procédant avec une minutie extrême. La première salle fut examinée torche en main, en longeant chacun des murs à la recherche d’éventuelles traces de l’agression. Rien n’était cependant visible sinon des traces de pas dans la poussière du sol : celle des deux novices mais aussi celles des paladins revenus par la suite chercher le corps de Romuald. Elles poursuivaient leur chemin vers la deuxième salle, et c’est ce que firent aussi les deux enquêteurs.

Cette seconde chambre funéraire était plus vaste que la précédente, ce qui la rendait plus inquiétante encore, car même deux torches ne parvenaient pas à en dissiper entièrement ses zones d’ombre. Creusée plus récemment que la précédente, elle témoignait de l’ascension sociale de la famille Mariguer : fresques et mosaïques ornaient des murs que la pièce précédente avait gardé nus. Dès son entrée dans la salle, Théoden procéda une nouvelle fois à un repousser des mort-vivants, mais ne décela pas plus de résistance qu’auparavant.

Ils progressaient lentement, et la nervosité du paladin croissait à mesure. Puis, contre le mur nord, sur une mosaïque, ils trouvèrent enfin ce qu’ils cherchaient : une large tache brunâtre maculait l’un des carreaux, et surplombait une dégoulinade sanglante aboutissant au sol de terre battue. A terre, le spectacle était plus répugnant encore ; lambeaux de chair, matière cérébrale, cheveux, esquilles – d’autres traces indiquant qu’un objet lourd avait été traîné, le cadavre sans doute - certainement, c’était là que le monstre avait festoyé.

[Elanor]

Dans la première salle du tombeau, Elanor ne trouva pas de trace de sang, uniquement des traces de pas. En les examinant de plus près, elle pu en déduire qu’Aymeric n’était pas resté à l’extérieur et descendu plus tard pour s’inquiéter du sort de son camarade, comme elle le pensait. Bien au contraire, les deux novices étaient entrés dans le caveau ensemble.

« Le crime n’a pas eu lieu dans cette salle. Mais les empruntes de pas sont très intéressantes. J’ai pu en déduire que nos jeunes paladins ont bien exploré ensemble le caveau. Continuons notre investigation maître et voyons ce que nous pouvons trouver comme autres indices. »

Théoden acquiesça d’un hochement de tête et ils s’avancèrent prudemment vers la seconde salle. Après s’être assurer de l’absence de mort-vivants, ils examinèrent la seconde salle. C’était une salle plus prestigieuse que la précédente, témoignant de l’enrichissement de ses propriétaires. Ils finirent pas trouver ce qu’ils cherchaient au niveau du mur nord de la salle. Elanor avait la nausée à la vue du sang et des restes éparses du festin du monstre. Néanmoins, elle devait prendre sur elle et examiner la scène du crime.

« D’après les traces et les restes au sol, nous pouvons déduire que la victime a d’abord était projetée avec violence contre le mur et s’est effondrée au sol inconsciente avec une importante lésion au crâne. Le monstre en a alors profiter pour lui dévorer la tête. Ce qui confirme ce que j’ai pu observé sur le cadavre de Romuald. Ce qui m’intrigue se sont les traces qui indiquent qu’un objet lourd a été déplacé, le cadavre je pense.»

Elanor resta pensive en regardant le sol. Deux questions raisonnaient dans sa tête « Qui a déplacé le cadavre ? Et pourquoi ? » D’autres part, il ne lui semblait pas avoir trouver les traces de pas de Aymeric dans la salle. Etait-il rentré dans cette salle ou était –il seulement resté à l’entrée ? Pour en avoir le cœur nette, elle décida d’arpenter la salle à la recherche de ses empruntes.

« Maitre, aidez moi à quadriller la salle, je voudrais voir si on retrouve les traces de pas d’Aymeric et après nous suivrons les traînées pour voir vers où le cadavre a été déplacé »

[Lothringen]

Théoden prêta main forte à la recherche, mais ils ne parvenaient pas à grand chose de probant. Les traces de pas dans la poussière étaient celles de quatre ou cinq personnes, mais il leur était tout à fait impossible de distinguer les traces d'Aymeric de celles de Romuald et des trois paladins venus par la suite emporter le corps de ce dernier.

« Tout ce que je peux dire, c'est qu'aucun d'entre eux ne s'est aventuré dans la troisième et dernière salle du complexe... Aaah ! »

Le paladin sursauta et fit un écart en arrière avant qu'Elanor n'ait eu le temps de bien voir ce qui le faisait réagir ainsi. Il redressa alors son arme et se mit en garde. A la lumière de sa torche, on apercevait une silhouette trapue, tout proche de lui. La peau molle et luisante du monstre, les gargouillis sourds qu'émettaient ses membres putréfiés à chacun de ses mouvements ne laissaient aucun doute ; il s'agissait là d'une goule. Sans doute le bruit de leur conversation avait-il couvert son approche discrète. Certains lambeaux de robe violette et quelques bijoux de valeur sur son cou et ses mains laissaient supposer que le gardien du cimetière avait vu juste, en évoquant la vieille fille enterrée quelques mois plus tôt.

La goule était à deux pas de Théoden ; visiblement, elle avait tenté de l'attaquer par surprise, et cette résistance imprévue la contrariait. Elle ne recula cependant pas, engageant le combat. Théoden parvint à éviter la première attaque, mais sa propre riposte échoua.

« Repousse les mort-vivants, Elanor ! Vite !»

[Elanor]

Il s’avéra impossible de distinguer les empreintes de Romuald. Elanor était déçue, elle pensait pouvoir tirer plus d’information de cette salle. Elle était absorbé dans ces ruminations quand elle fut interrompue par le cri d’avertissement de Théoden.
Elle n’arrivait pas à en croire ces yeux, avec toutes les précautions qu’ils avaient pris, ils se retrouvaient face à une goule. Elle aurait réussi à contourner la détection des morts vivants ? Pourtant cette catégorie de monstre n’avait pas la puissance nécessaire pour réussir à défier leur pouvoir. Un étrange pré sentiment envahit Elanor, s’agissait-il vraiment d’une goule ? Elle en avait l’apparence à n’en pas douter. Il était trop tard pour converser avec son maître, le combat était engagé, elle devait agir vite. Elle exécuta un « repousser les morts vivants ». Et si jamais ce dernier devait échoué, elle prendrait part au combat au côté de son maître.

[Lothringen]

Elanor repoussa donc les mort-vivants à son tour, mais à peine avait-elle exécuté le sort qu'elle eut le pressentiment que ce dernier serait absolument inefficace. Et en effet : la goule n'eut pas ne serait-ce qu'un début de frémissement ni de répulsion. Quant à elle, elle n'avait même pas senti affluer le pouvoir tandis qu'elle invoquait son dieu. Etrange... Mais elle n'avait pas le temps d'y réfléchir plus longuement.

Elle rejoignit le combat, et ne tarda pas à comprendre pourquoi Théoden avait paru aussi inquiet. Les goules peuvent s'avérer extrêmement dangereuses au corps à corps, à cause de leur pouvoir de paralysie. Celle-ci tentait depuis plusieurs attaques de mordre le paladin, et elle venait d'y parvenir. Théoden lâcha un cri et s'immobilisa presque aussitôt, tant l'effet du venin était rapide. La goule s'acharna désormais sur lui, sans prêter attention aux attaques de flanc de la novice. C'était peut-être sa chance... A moins que le monstre ne soit plus rapide, et ne parvienne à tuer Théoden rapidement maintenant qu'il était sans défense.

[Elanor]

Elanor eut le cœur transpercé par un froid soudain. Son sort avait été inefficace non pas parce que la goule avait résisté mais plus comme si ce lieu la coupait de ses pouvoirs divins. Mais comment cela pouvait être possible ? Elle n’avait pas le temps de réfléchir à cette question, Théoden était paralysé et serrait de près par le monstre. Même privée de ses capacités de paladin, Elanor ne restait pas moins une guerrière. Elle dégaina son épée et attaqua la créature. Non Théoden ne serait pas le futur festin de cette chose hideuse ni elle d’ailleurs. Elle inspira profondément et concentra toute son énergie dans l’exécution d’un coup fatal : trancher la tête de la goule.

[Lothringen]

Le coup de la paladine entailla le col du monstre, mais pas assez pour le décapiter en une fois : la lame ripa sur les vertèbres. Si la goule avait été un être vivant, l'entaille aurait été fatale - mais la chose morte-vivante continuait d'attaquer en dépit de sa tête pendante, indifférente à la rupture de sa carotide. Ses griffes atteignirent Théoden à son tour. Il saigna abondamment. Elanor concentra à nouveau son énergie pour une nouvelle attaque désespérée. Celle-ci réussit, achevant la décollation, et la tête sauta à l'autre bout de la chambre funéraire. Enfin.

Elle se précipita vers Théoden. Le sang coulait avec abondance de son flanc : la goule avait eu suffisamment de force pour arracher la pièce de son armure et ses griffes avaient déchiqueté la chair. Le paladin perdait tellement de sang que le venin cessa de faire effet, et qu'il tomba au sol, clignant des yeux, presque évanoui. Il fallait agir vite.

[Elanor]

Elanor due s’y prendre à deux fois pour l’achever mais par chance le monstre était tellement focalisé sur sa proie qui ne réagit même pas aux coups portés par la paladine. Elle jeta son épée et se pencha sur Théoden : beaucoup de sang suintait des blessures que la goule avait eu le temps de lui infliger.

« Maître, m’entendez-vous ? La créature est morte, vous êtes hors de danger, je vais m’occuper de vous. »

Son visage était blême, il eut un timide mouvement de tête montrant ainsi qu’il n’était pas complètement inconscient. Elle devait agir vite, la vie de son maître était entre ses mains. L’angoisse lui noua la gorge en repensant à son sort qui avait échoué pour repousser le mort-vivant. Était-elle vraiment coupée de ses pouvoirs divins en ce lieu comme elle le soupçonnait ? Au quel cas elle ne pourrait pas utiliser ses sorts de soin à l’intérieur et devrait traîner Théoden à l’extérieur du tombeau. Elle prit le risque de tenter une apposition des mains. Ensuite, elle aviserait.

[Lothringen]

L'imposition des mains, comme elle en avait eu l'intuition, n'eut pas plus d'efficacité que n'en avait eu sa tentative de repousser les mort-vivants. C'était comme si le pouvoir se refusait à elle, quelle que soit la façon dont elle tentait d'invoquer son dieu. Théoden, encore à demi-conscient, assista à l 'échec de sa tentative et sembla comprendre ce qu'il signifiait. Son visage se crispa un peu plus comme il rassemblait ses dernières forces pour articuler :

« Tu n'arriveras pas me porter sur l'échelle... Essaie d'endiguer l'hémorragie et va chercher de l'aide... » Il ajouta après quelques instants. « Trouve un prêtre... »

Il sembla vouloir ajouter encore quelque chose, mais le souffle lui manqua et il se dut se contenter de dévisager Elanor, dans la pénombre, d'un regard fixe et angoissé.

HRP : pour le prêtre tu peux t'adresser au temple de Helm, au temple de Torm ou encore à l'atelier.

[Elanor]

Elle ne sentit aucun picotement au bout de ses doigts, elle ne pouvait pas lancer de sort. Elle se sentait démunie, comme amputée, ainsi coupée de la puissance divine de Helm.

« Oui maître. Heureusement j’ai toujours des bandages dans mon paquetage. Je vais vous faire un pansement bien serré, ça devrait arrêter l’hémorragie »

Elle avait laissé tomber son sac à terre près de la zone de combat, elle n’eut aucun mal à mettre la main sur ses bandages. Ensuite, elle les sera autour du torse de Théoden : celui-ci grimaça quand elle dut le soulever et sera les dents pour ne pas crier de douleur. L’hémorragie sera contenue mais pour combien de temps, elle devait faire vite.

« Je vais vous relever et vous emmenez jusqu’au pied de l’échelle. Je vais aller chercher un prête au temple. Et je vais demander au gardien du cimetière de veiller sur vous jusqu’à mon retour ».



Théoden à bout de force, hocha légèrement la tête. Elanor l’atttrapa délicatement en passant ces bras sous ses épaules. Elle le fit asseoir en douceur puis employa toute la force qui lui restait pour le soulever. Heureusement, Théoden était un homme élancé et malgré sa forte musculature, il n’était pas si lourd qu’elle le pensait. Il s’appuyait néanmoins lourdement sur la jeune novice. Quand ils arrivèrent enfin au pied de l’échelle, Elanor était en nage. Elle allongea délicatement Théoden sur le sol, lui embrassa le front et monta l’échelle quatre à quatre.

Elle arriva essoufflée de sa course devant la maison du gardien. Par chance il était là.

« Nous avons réussi à tuer la goule mais mon maître est gravement blessé. J’ai du le laisser au pied de l’échelle, pouvez-vous veiller sur lui, je dois quérir un prête au temple de toute urgence »

Direction la place du temple

[Elanor]

En provenance du Temple de Torm

Ils arrivèrent essoufflés au cimetière et se rendirent en toute hâte au chevet de Théoden. Ils tombèrent nez à nez avec le gardien qui remontait du caveau.

"Merci d'avoir veiller sur lui. J'espère ne pas avoir été trop longue. A-t-il repris connaissance en mon absence?"

[Lothringen]

Le gardien haussa les épaules.

"Si, mais ce n'est pas la grande forme, il était temps que vous arriviez..."

Visiblement, lui en tout cas était heureux de quitter le caveau : veiller en compagnie d'un paladin mourant et d'un cadavre en putréfaction décapité dans un endroit qui puait la mort n'était pas vraiment une partie de plaisir. Même pour un habitué. Laissant le gardien retourner chez lui, Elanor et le Tormite descendirent l'échelle pour retrouver un Théoden à peine conscient. Le clerc incanta aussitôt - sans éprouver la moindre difficulté, visiblement - afin de guérir le paladin. Il utilisa son sort le plus puissant, un soin des blessures graves ; et néanmoins, le maître d'Elanor se sentit encore très affaibli quand les blessures se furent refermées.

"Merci... à tous les deux. Heureusement que tu as fait vite, Elanor, je n'aurais pu perdre de sang encore bien longtemps... Mais... Pourquoi t'être adressée à un prêtre de Torm ?"

Ce choix le surprenait un peu. N'avait-on pas recommandé la plus grande discrétion sur cette affaire ?

[Elanor]

La réaction de Théoden face à la présence du prêtre de Torm n’était pas surprenante : l’état dans lequel il se trouvait à l’issus du combat ne lui avait pas permis de réfléchir à ce qui s’était passé. Par chance le prête n’avait pas poser de question sur la raison de leur présence en ces lieux. Dans tout les cas, pour préserver le secret de leur enquête, elle pourrait simplement lui dire qu’ils étaient venus neutraliser une goule à la demande du cœur radieux.

« Maitre, les abords du temple helmite était remplis de malades en attente de soin. Je ne pouvais me permettre de perdre du temps. Le temple de Torm a donné suite à ma demande très rapidement »

Elanor préférait attendre d'être seule avec Théoden pour lui parler de "l'impression d'avoir été coupée de la puissance divine d’Helm" ressentie au moment de le soigner. Elle avait l’intuition que l’échec de leur magie au cour de la mission était liée à l’absence de réponse de Helm et non à l’annulation de leur pouvoir en ce lieu.Elle voyait désormais la mort du jeune novice sous un autre jour: Aymeric, tout comme elle, n'avait pas réussi à lancer son sort "repousser les morts vivant". Ne comprenant pas l'origine de cet échec, il avait cédé à la panique et fuit pour sauver sa vie. Cette réflexion la plongeait dans un profond désarroi et ne laissait présager rien de bon sur l’avenir des Helmites. Elle devait absolument essayer d’obtenir des renseignements au près du prêtre de Torm.

« Merci d’avoir soigner mon maître. Savez-vous ce qui se passe au Temple de Helm actuellement pour qu’autant de malades attendent sur la place ? »

[Lothringen]

Le prêtre haussa gauchement les épaules en signe d'impuissance.

"C'est comme ça depuis ce matin. Depuis quelques jours déjà, les prêtres ont argué qu'ils manquaient de personnel ; dans un premier temps, ils ont eu recours aux potions de soin, mais à présent ils refoulent les malades en les redirigeant vers les Ilmates. Ces derniers sont débordés, alors beaucoup de patients campent sur place en attendant leurs soins. C'est assez... bizarre." Il toussota poliment. "Je veux dire, dans la mesure où les portes n'ont pas enregistré une sortie massive de prêtres helmites, cette pénurie de guérisseurs est assez mystérieuse."

L'homme ne paraissait pas excessivement inquiet. Il lui semblait évident que le Temple de Helm cachait quelque chose, mais ce devait être quelque chose de l'ordre d'une réunion secrète extraordinaire de ses clercs : la situation ne tarderait pas à redevenir normale. Forcément.

[Elanor]

« C’est étrange effectivement. Nous vous remercions pour votre précieuse aide et nous ne vous retenons pas plus longtemps. Bon retour parmi les vôtres. »

Le prête Tormite les salua et s’en fut. Ce qu’il venait de leur dire angoissait Elanor et confirmait ses soupçons. Helm avait-il cessé de leur accorder sa bienveillance ? Leur divinité avait-elle été détruite ?

« Je crois que nous devrions rentrer dès que vous vous sentirez mieux. Mais en attendant que vous repreniez des forces, j’aimerais m’entretenir avec vous de ce que nous venons de vivre dans ce cimetière. »

Théoden était encore étendu au sol, les traits tirés et blafards. Il fit signe à sa novice de continuer.

« J’ai la désagréable impression que nos sorts n’ont pas échoué mais que nous avons tout simplement pas pu les lancer. Je m’explique. Tous nos sorts de détection n’ont pas fonctionnés alors qu’il y avait bien un mort vivant dans ce caveau. Et vous savez, tout comme moi, qu’une goule n’a pas le pouvoir de se dissimuler à cette magie. Mais le plus déroutant, s’est l’impression perçue lorsque que j’ai voulu tenter de repousser la goule ou de lancer « apposition des mains » pour vous soigner : je n’ai sentie aucune énergie affluer dans mes mains, comme si Helm ne me répondait plus. Avez-vous eu la même sensation ?».

[Lothringen]

Théoden hocha la tête tout en s'efforçant de se redresser en position assise.

« Effectivement, quand j'ai lancé ma détection, je n'ai rien ressenti... Dans le feu de l'action, je n'y ai pas prêté garde, mais si tu as eu la même mésaventure - et Romuald aussi, je suppose – c'est plus que préoccupant... »

Il marqua un temps de silence. Sur le sujet, il n'était pas plus avancé que sa novice. Et il redoutait tout autant ce qui pouvait se cacher derrière cet échec en apparence anodin : une déchéance, individuelle ou collective ? Comment le Cœur Radieux accueillerait-il la chose, s'il avait le courage d'en parler le premier ? Il avait entendu parler de ce prêtre déchu que le Grand Émissaire avait chassé du temple, le matin-même... Une telle humiliation...

« Je te suggère de ne pas en parler à la légère à n'importe qui. Essayons déjà de comprendre ce qu'il se passe... Je vais rentrer au siège de l'Ordre avec toi... Essayer de savoir si nous sommes tous touchés... Quant à toi, ton enquête n'est pas terminée... Il te reste à faire parler Aymeric...»

Il se redressa contre le mur avec effort. Même s'il ne se sentait pas en grande forme, sortir de ce trou à rats puant la mort ne pourrait lui faire que du bien.

[Elanor]

« Je pense aussi que la discrétion s’impose dans cette affaire. Certains pourraient croire que nous avons perdu la raison. Nous en apprendrons peut-être plus sur ce qui se passe actuellement à l’ordre. Et pour ma part, comme vous l’avez dit, mon investigation n’est pas terminée, je dois faire la lumière sur la part de responsabilité d’Aymeric dans la mort de son co-équipier »

Théoden étant encore épuisé de ses blessures, c’est à pas lent qu’ils quittèrent le cimetière pour se rendre au cœur radieux. La jeune paladine n’était pas inquiète pour son mentor, elle savait pertinemment qu’il serait de nouveau sur pied après quelques jours de repos.

Direction