[Lieu] Dansedunes

[Galathée]

" Exactement ce dont j'avais besoin !" s'exclama le Luménien. " Merci beaucoup. Je devrais venir prendre des cours chez vous."
Puis il but la mixture. Elle était aussi bonne que d'habitude, Aidan était vraiment doué. Albérich avait encore des choses à apprendre avant de pouvoir prétendre être un guérisseur de son niveau. Mais il se détourna de telles pensées. Ce qu'il ferait de sa vie semblait un problème peu urgent. Il fallait d'abord aller à Erhedun, ensuite à Combeloup. Les événements semblaient se liguer contre toutes ses tentatives de se redéfinir une voie. Il attendit patiemment que Rodolphe termine son petit déjeuner, se demandant s'il aurait l'opportunité de saluer Elsbeth avant leur départ. Dans le cas contraire, il remettrait ses salutations à la mère et au fils, via Aidan.

[Taliesin]

Le vieillard eut tôt fait de terminer sa collation. Bientôt, les trois hommes gagnaient l'extérieur, où les attendait un charriot déjà attelé, chargé de caisses et de ballots.
Albérich eut la surprise de découvrir Elsbeth, adossée au véhicule, en train de fumer paisiblement sa pipe. A leur apparition, elle en vida les cendres, remit à Rodolphe une liasse de papier, puis s'approcha de l'ancien aubemestre.
-Et bien, tout semble prêt... fit-elle. J'espère que vous ne conserverez pas un trop mauvais souvenir de votre séjour à Dansedunes, et que celui-ci ne vous dissuadera pas de venir nous rendre à nouveau visite, que ce soit ici ou à Erhedun.

[Galathée]

" Ne vous en faites pas. L'accumulation de... fatigue sur ces quelques derniers jours y est pour beaucoup dans mon manque d'énergie... et dans mes grommellements. Mais j'ai été extrêmement bien reçu et si... si la vie prend les chemins opportuns, je reviendrai sans conteste vous voir. Hors de la saison des grenouilles, sans doute plutôt."
Il lui sourit puis la salua.
" Passez mes salutations à votre fils. J'espère qu'il se remettra du mieux possible et que ces quelques temps au vert lui seront profitables."

[Taliesin]

La vieille dame grimaça.
-M'est avis qu'il voudra bientôt repartir. En fait, il désirait prendre le même chariot que vous, mais le bal l'a épuisé et il dort à poings fermés. Évidemment, il va tempêter en apprenant que nous avons... hum... oublié de le réveiller à temps. Nous trouverons bien, cependant, les moyens de le retenir ici encore un peu... L'atmosphère lui sera moins néfaste que celle de la ville.
Elle secoua la tête, sourit doucement et, spontanée, lui serra l'épaule.
-Merci pour ce que vous avez fait, en tout cas. Et pour votre présence. J'espère que nous nous reverrons et que, d'ici là, les choses aillent bien pour vous. Soient un peu plus calmes qu'elles ne l'ont été ces derniers temps.

[Galathée]

Albérich se fendit d'un léger sourire.
" Chaque chose en son temps. Je finirai bien par trouver celui de me reposer. Et ce que j'ai fait, Thibault l'aurait fait pour moi. C'est à ça que servent les vieux amis." fit-il en étreignant brièvement la vieille dame.
Il monta ensuite dans le chariot à grenouilles, peu curieux de savoir comment on transportait les animaux.
" A bientôt."

[Taliesin]

Rodolphe, installé sur le banc du cocher, fit claquer sa langue. Dociles, les chevaux s'animèrent, et le chariot commença à s'éloigner de la petite auberge. Sur le seuil, Elsbeth et Aidan agitèrent la main, puis demeurèrent à les observer tandis qu'ils descendaient la rue.
Moins d'une minute plus tard, ils avaient quitté le hameau, gagné la route qui ralliait Erhedun. Comme l'avait dit le vieillard, le soleil qui avait lui tout le jour précédent - et qui s'annonçait encore radieux, en cette matinée naissante - l'avait rendue bien moins boueuse. Le trajet serait long, mais moins qu'il aurait pu l'être si les averses s'étaient prolongées sans faillir.

[Galathée]

Albérich se laissa bercer par les cahots de la route et ne tarda pas à s'assoupir. Il ne vit rien du paysage et se montra un compagnon de voyage lamentable, puisqu'il n'échangea même pas les banalités d'usage avec son aimable cocher. Il ouvrit l'oeil à la toute fin du trajet, lorsque les sabots des chevaux résonnèrent sur la pierre de la route, à l'approche d'Erhedun. Le Luménien informa Rodolphe de sa destination, le Silure, puis bavarda avec lui pendant les dernières minutes de leur épopée tranquille.