Quête : troubles nocturnes, dans les Montagnes du Nord

[Elondara]

Elondara était avant tout une enchanteresse. La plupart de ses pouvoirs n'étaient d'aucune efficacité contre des créatures mortes-vivantes, mais elle disposait de quelques sortilèges qui pourraient néanmoins les affecter. Et comme désormais elle les voyait...

Elondara ---> immobilisation des morts-vivants ---> spectres

Un seul d'entre eux fut cependant affecté, le plus proche de Ben-j. Cela pourrait l'avantager grandement...

[Ben-jXX]

Le spectre s'immobilisa devant Ben-j, comme figé. Bien que diminué par le coup qu'il avait reçu au flanc, le moine ne se fit pas prier pour ajuster son katana et couper le mort-vivant en deux. Comme les précédents avant lui, il implosa dans un nuage de poussière.

Avec un adversaire en moins, le combat se rééquilibrait. Le moine se retourna et aperçut que les deux spectres restants étaient aux prises avec la magicienne, qui tentait désespérément d'incanter quelque sort.
A pas de loup le moine s'approcha des deux impudents et perfora le premier d'un traitre coup d'épée dans le dos. Son cri résonna dans toute la galerie, avant qu'il n'explose, lui aussi.
Pris de panique, le dernier fantôme tenta d'échapper aux griffes des deux Melandiens, s'enfuyant à toute allure dans le tunnel, mais bientôt rattrapé par un sort d'incinérateur d'Aganazzar lancé par la sorcière. A moitié carbonisé et mourant, il alla rejoindre ses congénères dans les Abysses, achevé par le tranchant d'une lame de katana.

"En voila trois qui n'iront pas la la ramener plus longtemps".
Ben-j fut soudainement pris de vertiges. Sa blessure aux côtes le lançait douloureusement. Il manqua de trébucher et finit par s'assoir, adossé au mur, profitant d'un bref instant de répis.
"C'est drôle, j'ai le sentiment de ne plus être moi-même, mes gestes furent moins précis durant le combat et ma vision se trouble" fit-il à la magicienne qui s'était approché de lui...

[Elondara]

La jeune femme s'inquiétait. Ces spectres étaient-ils d'une espèce nécrophage ? Rien n'était impossible à partir du moment où elle ignorait tout de leur nature précise... cependant, elle n'avait jamais entendu parler de nécrophages capables de se rendre invisibles... à moins évidemment qu'ils ne furent aidés par une quelconque magie nécromancienne. Dans ce cas, c'était l'individu responsable de tout cela qu'ils devaient traquer. Mais avant tout, s'occuper du moine.

"Ne bouge pas, je vais arranger cela." Rien n'était moins sûr, mais prendre un ton confiant aiderait Ben-j à rester calme, ce qui serait déjà un bon point. Cependant, il fallait un prêtre pour s'occuper de lui, et un bon. La magicienne n'avait strictement aucun pouvoir pour soigner un tel type de blessure... Elle entreprit de réchauffer la plaie presque invisible à l'aide d'un petit sortilège de flamme, afin d'atténuer l'impression de froid qui devait affliger Ben-j, car il avait de temps à autre un petit sursaut et un frisson lui parcourait l'échine.

"Il va falloir partir d'ici au plus vite. Ta blessure ne te tourmentera pas trop pour l'instant, mais cela risque de ne pas durer. Et si nous tombons sur d'autres spectres..."

Elle regardait devant elle. Au loin, le boyau semblait s'évaser sur une salle plus grande, mais ensuite, la luminosité, même artificielle, était trop faible pour pouvoir deviner ce qui les attendait. Elle aida le moine à se remettre sur pied, puis ils reprirent leur trajet, qui fut heureusement sans nouvelle interruption jusqu'à la salle. Celle-ci proposait quatre issues, en comptant celle depuis laquelle ils venaient...

"Que choisir ?"

[Ben-jXX]

Ben-j se tourna vers la magicienne et haussa les épaules.
"Trois issues, toutes identiques. Nous pouvons aussi retourner sur nos pas, mais je doute que cela nous soit bénéfique. A moins que vous ne maîtrisiez la magie divine, je ne vois pas d'autre solution que d'emprunter un couloir au hasard et voir où celui-ci nous mène... Voyons voir : le couloir d'en face, ce serait trop facile... Celui de gauche serait le premier qu'on voudrait nous faire emprunter... Prenons celui de droite !"
L'enchanteresse fit une moue désabusée en direction du moine, comme consternée par cette logique implacable. Il s'engoufrèrent néanmoins dans le tunnel de droite...

[Elondara]

Un nouveau courant d'air frais soufflait dans le boyau. Frais, voire froid. La magicienne retint un frisson, et observait avec inquiétude les parois du tunnel. En quoi étaient-ils fait ? Ils ne paraissaient guère taillés dans la roche de la montagne. Avaient-ils été transportés ailleurs ? Dans une prison construite ?

Ils n'eurent pas l'occasion d'en discuter : le moine butta soudain contre un obstacle invisible, et un léger bruit métallique retentit dans le tunnel.

"Encore une grille ?", souffla Elondara, tandis que son œil fut attiré par un fin rai de lumière en provenance du plafond. "Le ciel, là-haut. Il faut essayer de sortir."

Mais l'issue était à plus de deux mètres au-dessus de leur tête.

[Ben-jXX]

Le moine et la magicienne se regardèrent. L'un comme l'autre ne pouvaient décemment se mettre à voler en agitant les bras. La sortie n'était pas très haute cependant. Leurs tailles conjuguées permettaient sûrement d'atteindre la bouche d'aération. Il s'agissait maintenant de faire accepter l'idée à la fière enchanteresse.
"Je ne vois d'autre solution que de vous hisser sur mes épaules. De là, vous pourrez atteindre l'issue en levant vos bras. Peut-être trouverez-vous une prise où vous accrocher."

Elle fusilla Ben-j du regard et soupira d'exaspération devant le manque de noblesse de ses idées. Il posa un genou au sol et l'invita à prendre appui sur sa cuisse. De là, une main sur le mur et l'autre sur la tête du moine, elle réussit à grimper sur ses épaules. Le moine se redressa soudainement de sorte qu'elle put plaquer ses mains sur le plafond, leur évitant une chute fatale en arrière. Elle était maintenant parfaitement debout sur les épaules du moine. L'ensemble qu'ils formaient était particlulièrement disgracieux. Ben-j se déplaçait à petits pas afin de se rapprocher de l'orifice qui se trouvait au centre du tunnel. Lorqu'ils l'atteignirent enfin, la magcienne était en mesure d'appréhender les solutions qui étaient à sa disposition...

[Elondara]

Elondara tentait de conserver son équilibre, juchée sur les épaules de Ben-j. Elle parvint, malgré les efforts qu'elle devait faire pour ne pas choir, à lui décocher un léger coup de talon sur la tempe.

"Cessez de regarder en l'air, satyre !"

Elle se concentra ensuite sur l'orifice menant vers l'extérieur de cette prison minérale. Il n'était pas très grand : elle pouvait à peine y glisser le poignet, pour sentir l'air frais autour de sa main, et de la neige, lorsqu'elle posa la paume quelque part. Elle la retira, puis fit part de ce qu'elle venait de découvrir.

"Je n'ai pas l'impression que nous puissions nous échapper par là, à moins de pouvoir tailler la roche... je n'en ai pas les pouvoirs. Sauf si vous en avez la force, nous devrions nous remettre en route."

[Ben-jXX]

Les deux Melandiens rebroussèrent chemin, à travers le boyau, jusqu'à la salle de laquelle ils étaient partis.

"Deux issues restantes équivalent à deux possibilités de trouver une sortie à cette grotte peu accueillante. Après le tunnel de gauche, je propose que nous prenions le tunnel de droite."

Sans plus attendre, les deux acolytes s'engagèrent dans le couloir de droite...

[Elondara]

Les deux malheureux poursuivaient le tunnel, qui était sensiblement plus étroit que les autres. Un courant d'air glacé le parcourait lui aussi en permanence, et ils frissonnaient malgré leur accoutumance au froid ambiant. Mais leurs efforts furent enfin couronnés de succès : une lueur, plus loin, au delà d'une petite salle qu'occupaient trois spectres, qui avaient senti leur présence et s'approchaient maintenant d'eux.

[Ben-jXX]

Alors que la fatigue frappait définitivement les deux protagonistes, voila que de nouveaux adversaires se mettaient en travers de leur chemin, bien décidés à en découdre.

"Je ne pense pas pouvoir venir à bout des trois spectres dans ces conditions, vous allez devoir m'aider".

Dans ce qui semblait être une solution désespérée, la magicienne acquiesça et lança, sans trop y croire, un sort de confusion sur les trois larrons.

Miraculeusement, le sort sembla agir sur deux des spectres qui s'arrêtèrent, hébétés, avant de s'attaquer l'un l'autre.
Face à l'unique ectoplasme qui fonçait sur le moine, le combat semblait nettement plus facile. Esquivant facilement les attaques grossières de son vis-à-vis, Ben-j, sous l'effet de la fatigue et de l'absorption de niveau, ne parvenait cependant pas à lui porter un coup fatal. Finalement, profitant d'une brêche dans la défense adverse, il réussit, de son katana, à transpercer d'une estocade d'escrimeur le spectre en son centre. Ce dernier explosa sans originalité.

Les deux spectres restants étaient toujours occupés à s'envoyer mutuellement de violents coups de griffes -sans doute une querelle familiale latente- et Ben-j n'eut aucune difficulté à les envoyer rejoindre leurs congénères ad patres.

La voie libre, les deux Melandiens poursuivirent leur route...

[Elondara]

La sortie était proche. Ils voyaient la lumière du jour parvenir jusque dans la caverne, au détour du prochain coude, sans doute. Avec un regain d'entrain, ils marchèrent vers l'issue, mais ils se heurtèrent le nez sur un obstacle invisible. Une nouvelle porte d'ombre ? Elondara sonda l'obstacle des doigts, sans trouver de serrure.

"Hum... rien pour l'ouvrir directement, mais il y a une sorte de mécanisme. Attendez."

Elle puisa dans ses dernières forces pour faire apparaître une partie de la porte, qui comportait plusieurs panneaux agrémentés de dessins et de leviers. Apparemment, il fallait les orienter de la bonne façon pour ouvrir la porte d'ombre. Il y avait en tout six leviers. Ben-j en actionna un, qui fit disparaître une partie de l'obstacle, tout en en faisant apparaître un autre. Il fallait trouver la bonne combinaison pour leur laisser un espace suffisant.

[Ben-jXX]

Ben-j tenta plusieurs combinaisons en vain. Lorsqu'un obstacle disparaissait, un autre le remplaçait immédiatement. Peu amateur des jeux de casse-tête, son énervement allait crescendo. Il se mit à déplacer aléatoirement et avec rage les leviers, sans plus de résultats, sous l'oeil de plus en plus dubitatif de l'enchanteresse.

Il se calma un instant et repris son souffle. Après un court moment de réflexion, il décida de tenter quelque chose d'alternatif : il s'empara de tous les leviers et ne les enclencha qu'à moitié. Ainsi déplacés, ils étaient tous alignés à mi-distance entre leur point de départ et leur point d'arrivée.
Le moine attendit la réaction du mécanisme...

[Elondara]

Le moine avait trouvé la bonne marche à suivre. Les barreaux se déplacèrent un instant après qu'il ait terminé d'actionner les leviers, et un espace entre deux obstacles se dessina doucement, ténu, éphémère. Les deux prisonniers passèrent rapidement mais avec précaution, ne sachant trop si l'ouverture resterait longtemps là.

Aussitôt passé, l'un des leviers se repositionna vers la gauche, et l'espace se referma, laissant voir maintenant un barreau intangible mais pourtant bien présent.

Sans s'attarder, ils poursuivirent leur marche et atteindre la sortie. La surface les accueillit, la lumière également, et la neige, éternelle sur ces flancs de montagnes exposés continuellement aux vents glacés du nord du continent.

Une silhouette inquiétante se dressait, non loin d'eux. Toute de noir vêtue, elle était tournée vers les deux prisonniers.

Elondara ne savait que faire. Qui était-ce ? Leur ravisseur ? Il semblait bien sûr de lui. Elle interrogea Ben-j du regard.

[Ben-jXX]

Excuse-moi pour le retard, je n'ai pas eu beaucoup de temps libre ce mois-ci. Mais maintenant je vais pouvoir poster plus régulièrement

Après être sortis miraculeusement vivants de cet enfer caverneux, il n'était pas question pour Ben-j d'abandonner si près du but. Blessé et fatigué, il tenait à peine debout. Cependant, d'un geste de la tête, il enjoignit l'enchanteresse à marcher en direction du nouvel arrivant.

Le jour tombait et le vent glacial leur giflait les joues annonçant une tempête imminente. Contents d'être sortis de leur prison de roches, les deux captifs regrettèrent cependant assez vite la douce chaleur qui régnait dans la grotte, d'autant que le moine avait laissé son barda et ses couvertures à l'entrée du tunnel.

Elondara et Ben-j se mirent en marche en direction de l'apparition. Le vent et la neige dans laquelle ils s'enfonçaient inlassablement, gênaient leur progression. Chaque pas était une souffrance et l'homme en noir semblait se délecter de la supériorité qu'il avait sur eux à cet instant.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin à sa hauteur, Ben-j se laissa tomber à genoux. Il leva les yeux vers l'homme dont la tunique noire recouvrait presque entièrement son visage et empêchait d'en distinguer les traits. Doucement l'homme leva la main en leur direction...

[Elondara]

L'homme, ou quoi que cela put être, baissa à peine la tête vers Ben-j. Il éclata d'un rire sarcastique, glacial, d'outre-tombe. La main qu'il tendait fut découverte de l'immense tunique noire qu'il portait jusqu'aux pieds, et ils purent voir qu'elle était décharnée, rabougrie, évoquant quelque sculpture démente d'un artiste atteint d'hallucinations graves.

Tout autour de l'homme, la neige s'était accumulée, mais il ne semblait pas laisser d'empreinte dans l'épaisse couche de poudreuse qui recouvrait le sommet de la montagne. Était-ce un spectre ? Il paraissait bien réel, même s'il n'était probablement pas en très bon état physique, au vu de sa maigreur.

Parlait-il ? Aucun autre son n'était sorti de ses lèvres desséchées que son sinistre rire, qui ne laissait aux deux malheureux qu'une vague impression de désespoir, mais aussi, de ressentiment face à cette créature qui semblait si sûre d'elle...

C'est alors qu'elle se mit à parler. Ou plutôt, à émettre une série de sons, tantôt rauques, tantôt sifflants, mais avec des intonations menaçantes, accentuées par un index accusateur tendu vers le moine.

Elondara souffla alors : "Il utilise un langage ancien... il n'a pas l'air enchanté que nous nous soyons enfuis de sa prison. Et, hum... d'après ce que je comprends, il veut vous le faire comprendre à sa façon...", conclut-elle avec une moue de compassion envers Ben-j. Quels tourments l'attendaient-ils ? Il ne tarda pas à le savoir. La créature leva les deux bras en l'air, murmurant rapidement quelque chose entre les dents, puis les abattit vers la jeune femme, qui fut aussitôt prise de convulsions aussi douloureuses qu'handicapantes : elle était incapable de faire le moindre mouvement sans être immédiatement terrassée par une série de spasmes violents et incohérents. Elle se mit à hurler, hystérique face à la douleur insoutenable.

Hrp : pas de soucis, j'étais sans connexion Internet jusqu'à hier donc ça tombe bien

[Ben-jXX]

Ben-j regarda la scène incrédule. L'enchanteresse s'agitait frénétiquement sous la domination de l'homme en noir. Abasourdi, il était incapable de réagir. Voyant que les convulsions qui secouaient Elondara risquaient fort d'avoir une issue tragique, il se tourna en direction de la créature et osa d'une voix peu assurée : "A-arrêtez !".

Peu sensible aux supplications du moine, l'homme en noir augmenta la violence de son sort dans un rire machiavelique "Hahahahah !". L'enchanteresse en perdit connaissance. Du sang commençait à sortir de sa bouche.
"La-lâchez-là, vous allez la tuer !", poursuivit-il dans l'indifférence de son interlocuteur.

Dans un élan désespéré, Ben-j se redressa et alla percuter leur bourreau qui tomba à la renverse...

[Elondara]

Soudain interrompu par le moine, le spectre se releva promptement, et darda un regard glacial et furieux à l'encontre de l'importun. Il allait lui régler son sort bien rapidement... Elondara ne pourrait reprendre son souffle très rapidement, et il était seul face à ce démon fantômatique qui paraissait bien puissant...

À un mètre seulement du monstre, Ben-j se rendit compte que ce dernier était bien plus grand que lui-même : il le dépassait d'un pied au moins, et sa poigne était puissante, comme il le constata rapidement lorsque le monstre lui agrippa les épaules de ses serres décharnées avant d'entamer une nouvelle incantation, toute aussi sinistre que le personnage.

Spectre -> douleur distillée -> Ben-j

Le moine ressentit une douleur indicible, violente, crescendo, qui s'empara de lui inexorablement, telle une main invisible et géante, qui l'enserrait brutalement sans paraître se relâcher. Il cria, ses tempes battaient à tout rompre, répercutant les coups de son cœur, semblant lui faire exploser la tête. Il sombra rapidement dans l'inconscience, empli de la certitude qu'il allait mourir ici, à cause de cette créature démoniaque, sans qu'il sût même pourquoi il avait chu là...

Des siècles plus tard, il se réveilla. Sa première sensation fut d'avoir survécu à quelque chose d'atroce ; était-ce le cas ? Sous lui, il ressentit la douceur d'un lit moelleux, douillet, chaud. Autour de lui, l'obscurité était totale. Était-il dans une chambre ?

[Ben-jXX]

Fraichement éveillé, Ben-j mit dix bonnes secondes à comprendre ce qu'il faisait dans ce lit. Soudain, tout lui revint et le souvenir de ces derniers jours passés dans le froid de la montagne traversa son esprit comme une éclair : l'interminable marche face au vent glacé, la grotte labyrinthique, les fantômes affamés, le délicat visage d'Elondara, l'apparition funestre dont il pensait bien être le martyr...

Il se retourna sur le ventre et constata que l'oreiller qui lui avait été destiné était aussi confortable que le matelas sur lequel il reposait. Deux couvertures épaisses et douces l'enveloppaient d'une chaleur moelleuse. Ses gestes et son esprit se faisaient plus vifs et plus agiles. Il comprit alors qu'on l'avait soigné. Cependant, sa fatigue, résultante des longues nuits blanches passées dans la montagne, était encore réelle. Estimant qu'il était soit sauvé, soit définitivement condamné, il décida de s'accorder quleques heures de sommeil en plus et se rendormit aussitôt.

Il se réveilla bien plus tard et décida de mettre le pied au sol. La pièce dans laquelle il se trouvait était toujours aussi sombre. Il balaya son curseur dans la pièce à la recherche d'un interrupteur, en vain. "Cette technique ne marche que dans les mauvais jeux d'aventure !" Grommela-t-il.
Il fit quelques pas à tâtons avant de percuter un meuble qui se renversa, entraînant dans sa chute divers objets en verre et en metal qui allèrent s'effondrer au sol dans un fatras à faire réveiller les morts...

[Mornagest]

Alors que les objets chutaient au sol, le moine remarqua presque inconsciemment qu'ils ne faisaient pas beaucoup de bruit en heurtant le plancher. Le verre se brisa, les choses s'éparpillèrent, mais dans une atmosphère feutrée, comme s'il avait des problèmes d'audition. Il regarda autour de lui ; ses yeux s'habituaient à la pénombre qui régnait. La pièce semblait normale, mais... les murs paraissaient se déformer lentement, onduler légèrement, donnant presque la nausée si on les regardait trop longtemps.

Le lit lui-même était légèrement scintillant. Il était fait d'une matière soyeuse, douce, mais chaude et presque vivante. Ben-j vit même le matelas se lover confortablement sur le sommier, et se frotta les yeux. Était-il victime d'une hallucination ?

[Ben-jXX]

La pièce se mit à bouger de plus en plus vite et de plus en plus irrégulièrement, si bien que Ben-j dut plusieurs fois fermer les yeux pour ne pas vomir. Le psychédélisme ambiant finit par lui brouiller ses repaires jusqu'à lui faire perdre l'équilibre, comme s'il s'était amusé à tourner sur lui-même. C'en était trop pour le moine qui alla s'allonger au sol, les bras en croix, et ferma les yeux en attendant que la situation se calme.

Lorsqu'il les rouvrit quelques minutes plus tard, la pièce bougeait toujours, mais moins.
L'excellent repos qu'il avait trouvé dans le lit lui avait fait croire que son expédition dans les montagnes avait eu une issue miraculeusement positive, mais il dut se rendre à l'évidence qu'il était sous l'emprise d'une magie hostile et que de nouvelles épreuves l'attendaient.
Il se lança dare-dare dans l'exploration de la chambre à la recherche d'un hypothétique moyen de sortie. Toujours dans la pénombre, il inspecta les murs de ses mains, espérant trouver une porte ou un mécanisme...

[Mornagest]

Le moine tâtonna un petit moment, mais il finit par attraper une poignée, qui semblait vouloir se mouvoir, elle aussi. Tout cela lui donnait la nausée... mais il parvint à la saisir, l'actionner, et ouvrir la porte. Au-dehors, il faisait clair, presque trop pour ses yeux habitués à l'obscurité. Il attendit d'y voir quelque chose avant de s'engager plus avant. Derrière lui, la porte se referma, et disparut littéralement !

Il se trouvait dans un espace immense, coloré, aux formes étranges, parfois inquiétantes, parfois simplement incompréhensibles. Une chose était certaine : il ne savait pas où il se trouvait. Autour de lui, l'air semblait respirable, mais il constata enfin qu'il n'avait pas besoin de respirer. Était-il mort ?

Il chercha quelqu'un des yeux, balayant le décor constellé de formes abstraites et reproduisant plus de couleurs qu'il n'avait pu en voir durant toute sa vie. Mais il était seul, pour l'instant en tout cas.

[Ben-jXX]

Constatant qu'il n'avait pas besoin de respirer, que toute sensation physiologique telle que la faim, la soif, le sommeil, avait disparu, il tira trois conclusions de sa situation :
1/ Ou bien il était mort, et il se trouvait actuellement dans les abysses.
2/ Ou bien on l'avait envoyé dans un plan dont il n'avait jamais entendu parler, malgré tout le savoir théorique qu'il avait accumulé sur les plans au cours de ses nombreuses années à arpenter Féerune.
3/ Ou bien tout cela n'était qu'un mauvais rêve, ou l'effet d'un sort d'enchantement, et il allait bientôt se réveiller.
Il considéra ces situations comme étant classées de la moins souhaitable à la plus souhaitable.

Plutôt que de rester sur place à faire des analyses profondes sur la teneur de l'endroit où il se trouvait, il décida d'en faire le tour du propriétaire.
Le sol était blanc et lisse. De nombreuses formes multicolores et psychédéliques occupaient l'espace à perte de vue. L'endroit était désert. La chambre sombre par laquelle il était sorti avait définitivement disparu, si bien, qu'après 15 minutes de marche, il était incapable de revenir à son point de départ...

[Mornagest]

Alors qu'il venait de se faire agresser par une sorte de sphère rose et vert criards, Ben-j entendit une voix lointaine murmurer :

"Écoute-moi..."

Le moine tendit l'oreille, mais ne perçut plus rien. Avait-il eu une hallucination ? Dans un univers tel que celui-ci, il se demanda ce qui pouvait être considéré comme une hallucination : quelque chose de réel, dans un monde fantasmatique ? La voix reprit :

"Je t'ai plongé dans un monde imaginaire... tu dois en sortir. Ou mourir."

Il lui sembla reconnaître les accents de la voix d'Elondara. Vu son discours, c'était très plausible.

"Tu n'as pas beaucoup de temps. Trouve la sortie. Et tu seras sauvé."

Facile à dire ! Il ne savait pas où il se trouvait, n'avait aucune idée d'où aller, et ne voyait rien qui pouvait, de près ou de loin, ressembler à une sortie.

[Ben-jXX]

Trouver la sortie ? Voila qui était plus facile à dire qu'à faire dans ce capharnaüm de couleurs criardes !
Ben-j était fatigué de jouer le chaperon de l'enchanteresse mélandienne qui, jusqu'à présent, ne l'avait fait aller que de Charybde en Scylla. Ha, qu'il était bien dans son petit monastère à balayer ses tatamis et lustrer ses katanas !

Las, le moine se mit finalement en marche dans un élan désespéré. Il décida de marcher tout droit dans une direction quelconque à la recherche d'une éventuelle limite au lieu dans lequel il se trouvait.

Les motifs et les formes de couleurs se succédèrent à l'identique pendant des heures durant. Fort heureusement, sa prison fluorescente lui coupait toute sensation de fatigue, de sorte qu'il était capable de poursuivre sans peine sa longue marche... Indéfiniment...

[Mornagest]

Il marchait depuis un temps qu'il n'arrivait pas à estimer. Une heure ? Une journée ? Ses repères spatio-temporels étaient complètement enrayés, ici, et il ne savait même plus exactement ce qu'il devait faire, lorsque, devant lui, apparut une nouvelle forme, dont la couleur sombre et sinistre détonnait avec les teintes criardes qu'il avait eu à subir depuis son entrée dans ce monde écœurant. Quelque part, cela soulagea sa vue, mais il s'inquiéta de l'apparence de la forme, qui s'avéra finalement être un visage grossièrement découpé. Ben-j ne distinguait des yeux qu'une forme circulaire, et une couleur rouge sang, tandis que seule la bouche était visible, figurée par une tache noire au beau milieu de ce visage grotesque et cauchemardesque.

Le visage parla alors : "Un homme arrive devant deux portes. Devant chacune des portes se trouve un personnage. Il est écrit : "Si vous passez une de ces portes, vous mourrez instantanément, si vous passez l'autre, vous vivrez. L'un des deux gardiens dit toujours la vérité, l'autre ment toujours. Vous n'avez le droit de poser qu'une seule question à l'un des gardiens pour vous décider pour l'une ou l'autre porte." Quelle question poseras-tu pour vivre ?"

[Ben-jXX]

Ben-j fixa le visage, abasourdi. Apparemment ce dernier essayait de communiquer avec lui...

"Vous... Vous pouvez répéter la question ?" Demanda-t-il avec innocence.

Inlassablement et sans sourcilier, le visage répéta son énigme : "Un homme arrive devant deux portes. Devant chacune des portes se trouve un personnage. Il est écrit : "Si vous passez une de ces portes, vous mourrez instantanément, si vous passez l'autre, vous vivrez. L'un des deux gardiens dit toujours la vérité, l'autre ment toujours. Vous n'avez le droit de poser qu'une seule question à l'un des gardiens pour vous décider pour l'une ou l'autre porte." Quelle question poseras-tu pour vivre ?"

Ben-j comprit qu'il sagissait là d'une devinette. De celles que l'on apprenait dans les écoles de magie d'Eauprofonde. Il sortit un crayon et un bout de papier du fond de sa poche, et apostropha de nouveau son interlocuteur : "Pouvez-vous répéter une dernière fois la question ?"

Du même ton monocorde, le visage exposa de nouveau son énigme : "Un homme arrive devant deux portes. Devant chacune des portes se trouve un personnage. Il est écrit : "Si vous passez une de ces portes, vous mourrez instantanément, si vous passez l'autre, vous vivrez. L'un des deux gardiens dit toujours la vérité, l'autre ment toujours. Vous n'avez le droit de poser qu'une seule question à l'un des gardiens pour vous décider pour l'une ou l'autre porte." Quelle question poseras-tu pour vivre ?"

Ben-j eu le temps de tout noter. Il s'attela aussitôt à la tâche. Il avait passé tellement de temps à marcher que ce changement d'activité ne pouvait que lui être positif. De plus, l'absence de toute sensation physique l'avait rendu patient.

Il réfléchit pendant des heures. Peut-être des jours. Finalement, satisfait, il interpella le visage dont l'expression figée n'avait pas bougé d'un poil de nez : "Voila ce que je dis à l'un des gardes : "Que me répondra ton collègue si je lui demande si la porte qu'il garde mène à la sortie ?" S'il me répond que c'est la bonne porte, alors il faut prendre l'autre !"

[Mornagest]

Hrp : désolé pour le retard, assez peu de temps pour le rp ces jours-ci

Sans mot dire, la figure esquissa un mouvement qui ressemblait à un hochement de tête. Lentement, elle s'effaça, pour ne devenir plus qu'une ombre, puis disparut entièrement, laissant seul le moine, qui se demandait quelle allait être la suite des événements. D'autres énigmes ? Encore de la marche forcée ?

Soudain, tout changea autour de lui. Les grands espaces colorés et indigestes se muèrent instantanément en un décor beaucoup plus minimaliste, intimiste. Il se retrouva immédiatement dans une petite pièce, sombre et sinistre, dont les murs, le sol et le plafond étaient presque noirs. Nulle issue apparente, pour l'instant, mais Ben-j n'eut guère le temps de s'attarder à l'exploration. Une nouvelle forme, beaucoup plus "réelle", cette fois, et immense, se tenait à quelques pas de lui. Une sorte de minotaure, à la peau grise et marron, le fixait intensément de ses yeux dardés de rouge sang. La créature portait une gigantesque double hache, qui eût fait passer celle de Duorok Gutrash pour un couteau de cuisine. Et elle semblait pouvoir la manier avec autant d'aisance que s'il eût agit d'une simple lame d'entraînement.

Sans qu'il pût avoir le temps de se préparer, la chose chargea, menaçante, prête à tuer.

[Ben-jXX]

No souç'

Le moine eut à peine le temps de s'habituer à son nouvel environnement que déjà un affreux vilain se jetait sur lui en poussant des soupirs nasaux. Le minotaure faisait bruyamment tournoyer sa hache autour de lui, brassant le peu d'air disponible. Ben-j avait déjà affronté de nombreux minotaures lors de ses voyages en Féerune et Kara-Tur, mais un aussi gros, jamais !

Impossible, vraisemblablement de dégainer son katana pour affronter la créature à la régulière, la lame aurait vite fait de se briser sur celle de son adversaire. Il allait falloir ruser.

Lorsqu'il arriva à la hauteur du moine, le minotaure balança, d'un geste ample, sa hache en direction de sa tête. Il esquiva au dernier moment le coup en s'abaissant, puis s'échappa de l'autre côté de la pièce. Elle était si petite que toute retraite était impossible. Il s'agissait de vraincre le monstre ou de mourir. Furieux d'avoir raté son premier coup, le minotaure chargea de nouveau le moine qui esquiva une fois de plus.

La scène se répéta plusieurs fois sans que Ben-j ne parvienne à trouver une solution à sa situation critique. Acculé contre le mur, il vit la bête le charger, la garde haute, hache au-dessus de la tête, à la verticale. Le coup allait s'abattre sur son crâne, mais il l'évita, de nouveau au dernier moment. La hache alla s'écraser contre le mur, qu'elle transperça aussi facilement qu'une planche de bois. Incrédule, le minotaure tirait de toutes forces sur son arme pour la dégager, mais celle-ci était bien enfoncée ! Sans perdre une seconde, Ben-j dégaina son tanto et frappa la créature découverte en de nombreux points vitaux. Elle alla s'effondrer au sol dans un grognement déchirant.

[Mornagest]

La bête morte, le moine souffla quelques instants, croyant à peine ses propres yeux. Il avait survécu à un tel adversaire, et n'avait même pas été touché ? Une bonne étoile devait veiller sur lui, même dans un endroit pareil. Où était-il, d'ailleurs ? La pièce était exiguë, presque trop petite pour lui permettre de se tenir debout. Il pouvait toucher le plafond en tendant le bras, et... il lui sembla que le plafond se rapprochait du sol. Il scruta plus attentivement le pan de briques noires, et il lui fallu se rendre à l'évidence : il se mouvait lentement, inexorablement, vers lui. Il allait se faire écraser dans cet espace confiné, sans savoir pourquoi ni comment...

Plusieurs minutes angoissantes plus tard, le moine dut se baisser pour ne pas être touché par le plafond. L'anxiété croissait, et il se préparait mentalement à mourir, entrant en méditation pour conserver son calme. Mais la mort l'attendait au tournant...

Alors qu'il était allongé au sol, attendant d'être réduit à l'état de bouillie répugnante, il sentit la paroi lui presser le ventre, la cage thoracique. La pression augmenta progressivement, pour devenir très rapidement insupportable. Les unes après les autres, les côtes cédaient, laissant diffuser en lui une douleur intenable. Son visage fut atteint, son nez craqua, son front suivit un instant après, et il fut envahi entièrement par la douleur intolérable, souhaitant ardemment mourir au plus tôt.

Il eut l'impression, vague et lointaine, de parcourir une très grande distance tout en restant allongé. Son corps se dématérialisa de cet univers fantasmatique, ses sensations se muèrent, disparurent, et son être tout entier refit surface dans le monde vivant, réel, froid et impitoyable. Il était à présent debout, les yeux exorbités, le souffle court, les muscles douloureux et la nausée prégnante.

Il dut battre plusieurs fois des paupières pour distinguer ce qu'il avait devant lui. Une étendue de neige infinie, des décors de montagnes abruptes et inhospitalières, et à ses pieds, une forme sombre et menaçante, immobile, décomposée en plusieurs morceaux tout aussi inquiétants. Il regarda autour de lui, incrédule. Que lui était-il arrivé ?

Derrière lui, il vit Elondara, l'enchanteresse, également allongée dans la neige, le visage vers le sol. Elle ne bougeait plus, et un vague halo lumineux l'enveloppait, mais tendait à se dissiper rapidement.

[Ben-jXX]

En l'espace d'un instant, tout lui revint en mémoire : la quête à travers les montagnes, la belle Elondara, et le sorcier noir qui marquait là son dernier souvenir.

Ce dernier avait étonnamment disparu alors qu'il semblait avoir le dessus sur l'enchanteresse et le moine.
Sorti de son trip, Ben-j comprit qu'il avait dû être sous l'effet d'un sort de labyrinthe ou d'un quelconque enchantement du même type.

Apercevant Elondara allongée inerte dans la neige, il rampa dans sa direction en espérant qu'elle fut toujours vivante...