[Quête : Tel est pris qui croyait prendre] Groupe 2 - Arthur

[Taliesin]

Elwen lui adressa un sourire chaleureux.
-Allons, Arthur, ne vous inquiétez donc pas tant. Si on me pose des questions - et je doute qu'on le fasse -, je dirai simplement que j'ai voulu tester votre fiabilité, voir si vous profiteriez de votre liberté et de ma distraction pour tenter de vous enfuir.
Elle attarda son regard sur la rivière.
-Et puis, honnêtement... Vous devriez profiter de ce moment de quiétude. Ce qui nous attend ne sera guère réjouissant, et si la vie m'a bien appris une chose, c'est de jouir au maximum de ces instants de répit, de ce calme avant la tempête. Alors, si le cœur vous en dit... N'hésitez surtout pas. Vous avez ma bénédiction et mes encouragements.

[Arthur de Faisanlys]

Mais l'instant de perfection était désormais terminé, remisé, et Arthur sentait une pointe de culpabilité l'aiguiller. Un paladin se devait de se vouer tout entier à son devoir, or il venait de paresser, insouciant, pendant de trop longues minutes. En même temps, il ne parvint pas vraiment à se morigéner. L'eau était bonne, le ciel radieux, et Lathandre souriait à ceux qui profitaient de la vie. Mais il était paladin et les paladins...
Il soupira.
" Je pense que je fais mieux de m'occuper de mes propres vêtements..." murmura-t-il, avant de s'extirper lentement de l'eau pour aller chercher la boulette qu'il avait lancée sur la berge et la ramener dans l'onde.

[Taliesin]

-C'est comme vous voulez... répondit-elle. Mais franchement, vu leur état, le mieux serait sans doute de les oublier à tout jamais.
Elle défit son propre paquet de linge sale, puis releva la tête.
-Dites... Vous allez peut-être trouver ça inopportun, ou contraire aux bonnes mœurs ayant cours dans votre patrie, mais, je me demandais... Ne pensez-vous pas que nous pourrions nous tutoyer ? Les formalités, les convenances, c'est bon pour les étrangers. Pas vraiment pour ceux et celles qui vont être amenés à combattre côte à côte. Sinon à mourir ensemble.

[Arthur de Faisanlys]

" Oh, heu..."
Arthur baissa les yeux sur ses vêtements. Elwen avait raison : ils étaient dans un état épouvantable, tout juste bons à servir de chiffons pour récurer les casseroles, et encore.
" Ce n'est pas ma culture, c'est juste... c'est juste moi, je suppose." dit-il. " Je veux bien essayer de vous... de te tutoyer. Je ne promets pas que j'y arriverai tout de suite, cependant."
Il pinça les lèvres et s'assit sur la berge, espérant sécher rapidement pour ne pas s'exposer trop longtemps au regard de la jeune fille et surtout, aux rayons traîtres de l'astre bien aimé.
" Mais v... tu ne devrais pas songer d'emblée au pire... Nous allons oeuvrer ensemble, pour pourfendre le mal qui s'est établi dans cette contrée... Nous allons vaincre, nous devons y croire, même si l'obstacle semble insurmontable."
Il rougit.
" Enfin je crois. J'espère."

[Taliesin]

-Oh, mais je l'espère bien aussi !répondit-elle sur un ton léger. D'une part, laisser ces monstres régner sur l'île serait trop injuste... pour l'île et tous ses habitants. D'autre part, je n'ai pas l'impression d'avoir fait tout ce que j'avais à faire en ce bas monde.
Sa voix redevint grave.
-Simplement, et même si je crois en notre victoire, la mort est une probabilité somme toute élevée. Je n'ai pas peur de mourir : s'il le faut, je n'hésiterai pas à donner ma vie pour notre cause. J'aimerais juste... Et bien, ne pas succomber à la première flèche venue. Pouvoir être un peu utile...

[Arthur de Faisanlys]

" Oh, je comprends bien ça." murmura le paladin. " J'aimerais aussi pouvoir... je ne sais pas... contribuer à quelque chose... de bien... Juste une fois. Enfin... J'ai déjà... quand j'étais à Luménis... J'ai participé à la résistance... à la révolution... pour renverser le pouvoir d'un tyran... Bon, je n'ai pas fait grand chose, je suis... j'étais encore tout jeune et inexpérimenté mais... Les choses semblaient terriblement mal engagées, Morféa, le... le dictacteur... il ne reculait devant rien... Nous n'avions rien à perdre, quelque part... Mais là encore... Nous avons oeuvré tous ensemble."
Il soupira.
" Ce que je raconte est complètement décousu, mais... J'ai confiance."
Il sourit doucement.
" Vous ne... Tu ne succomberas pas à la première flèche venue. Et moi non plus. Et nous redresserons les torts qui doivent l'être."
Arthur avait envie d'ajouter qu'il la protégerait de son corps contre l'adversité, mais il eut la présence d'esprit de ne pas le dire à voix haute. Même s'il estimait qu'il ne s'agissait pas là de galanterie sexiste mais bien d'une expression d'amitié, elle risquait de mal le prendre.

[Taliesin]

-Je l'espère. Et s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est de ta valeur : il n'y a qu'à voir comme tu es décidé, parfois, quand ta timidité reflue, pour comprendre à quel point ton bras et ton esprit pourront se montrer vaillants, le moment venu... Tu as dû être bien utile, dans ta cité. Et tu le seras encore, ici et ailleurs.
Elle lui sourit, sincère.
-Bon, il ne faut pas sous-estimer nos adversaires. Mais si quelque archer embusqué s'en prend à toi, je ferai en sorte de l'abattre. Et si j'en suis incapable, et bien... Je peux faire un bon bouclier, je crois.

[Arthur de Faisanlys]

La répartie de l'amazone le laissa incrédule, réalisant qu'elle avait verbalisé ce qu'il s'était refusé à dire. Et il dut bien avouer que venant d'elle, une femme, ces mots avaient un accent presque scandaleux. D'autant qu'ils se connaissaient à peine : pourquoi aurait-elle sacrifié sa vie pour celle d'un étranger ?
Il se trouva incapable de répondre quoi que ce soit, demeurant la bouche entrouverte, la dévisageant. Puis il se souvint qu'elle était nue, que son regard était certainement inconvenant et il baissa les yeux.
" Je heu..." lâcha-t-il. " Je doute d'être très utile sur votre terrain. Et je ne suis pas un combattant bien aguerri. Je pense que vous aurez des personnes plus cruciales à protéger."
Il l'avait à nouveau vouvoyée.
" Mais j'espère que nous n'aurons pas besoin d'en arriver là."

[Taliesin]

-Moi aussi, répondit-elle d'un ton doux. Mais il vaut mieux envisager toutes les éventualités et savoir ce que nous ferons si d'aventure elles se présentent. Bien sûr, on ne peut pas tout prévoir, mais... C'est tout de même un bon moyen pour limiter autant que possible les mauvaises surprises.
Elle fit une pause, puis reprit, avec une nouvelle note de gravité dans la voix.
-Quant à protéger des personnes plus cruciales que toi... Qui donc ? Peut-être est-ce une fausse impression, mais... j'ai dans l'idée que des étrangers, avec un regard neuf, pourraient jouer un rôle de premier plan dans la résolution de cette affaire. Et de tous les étrangers présents ici... Et bien, tu es celui que j'ai préféré d'emblée et que j'ai donc choisi de tester. Je suis heureuse de voir que je ne me suis pas trompée sur ton compte. En résumé : désolé, mais tu as hérité d'une garde du corps ! Ou d'un binôme lors des batailles à venir. Comme tu préféreras.

[Arthur de Faisanlys]

Il se sentit rougir jusqu'aux oreilles et farfouilla dans le tas de vêtements propres qu'elle lui avait donnés, comme s'il allait pouvoir s'enfouir sous une chemise. Mais il ne pouvait pas se rhabiller avant d'avoir bénéficié des talents d'herboriste de la jeune femme.
" Si... si les mages disposent d'un pouvoir qui n'affecte que les hommes... Je doute d'être vraiment... d'autant que je suis juste bon à cheval, une épée à la main... et que dans cette jungle... Je suis relativement désarmé. Et je n'y connais rien en magie... Rien du tout. Je ne sais vraiment pas pourquoi on m'a envoyé sur cette île. Peut-être que mon père voulait se débarrasser de moi..."
Il eut un léger sourire.
" Mais je ne crois pas. Il ne se soucie pas assez de moi pour organiser ma disparition..."
Il se tourna à nouveau vers Elwen.
" Je te remercie d'avance pour ton aide. Et je tâcherai d'en faire de même pour toi... Seulement si tu me donnes ce baume dont tu m'as parlé."

[Taliesin]

-Mais je te l'ai déjà donné ! s'exclama-t-elle. Simplement, tu l'as déposé avant d'aller dans l'eau. Attends...
Elle se leva, alla récupérer le bocal abandonné dans l'herbe et lui l'apporta. Elle garda cependant les yeux baissés : elle faisait un vrai effort pour ne pas le gêner. S'habiller aurait sans doute été encore plus probant, mais elle ne semblait pas y avoir songé.
-Je peux même t'aider à t'en passer aux endroits difficilement accessibles, proposa-t-elle. En tout bien tout honneur, évidemment. C'est le genre de petits services que se rendent les sœurs et les frères d'armes, non ?

[Arthur de Faisanlys]

L'idée que ce corps de femme, absolument nu, puisse s'approcher de lui jusqu'à le frôler, le toucher, même, mit Arthur dans un état d'agitation intense. En même temps, il ne voulait pas vexer Elwen. Elle avait raison : c'est le genre de services que se rendaient des paladins entre eux. Mais elle n'était pas paladin. Et elle était nue, bon sang ! Il hésita.
" Hum... Oui, ce serait gentil, mais..."
Il s'empourpra à nouveau.
" Verriez-vous un inconvénient à... mettre quelque chose sur vous... Je sais qu'il fait beau et chaud et... mais je suis... Pardonnez-moi. Je sais que vous... que tu ne penses pas à mal. Je suis juste... Je vais fermer les yeux, d'accord ?"
Ce qu'il fit sans attendre.

[Taliesin]

Elle lui serra brièvement l'épaule. Il n'aurait pas imaginé qu'elle fût déjà si proche.
-Allez, va, je vais me rhabiller. Profites-en pour t'occuper du bas, ce qui te permettra d'enfiler un pantalon... Sans doute seras-tu moins gêné, ainsi.
Il entendit le bruit léger de ses pas s'éloignant sur l'herbe douce. Puis ce furent des frôlements de tissu.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur rouvrit les yeux pour obéir prestement à la jeune femme. Il prit le bocal et en retira le couvercle, puis huma son contenu. Il n'avait aucune idée de ce qui pouvait bien entrer dans la composition du baume, mais il faisait confiance à Elwen, et l'odeur n'était pas désagréable. Il s'en enduit le bout des doigts, puis repéra les boursouflures irritantes qu'avaient abandonnées les moustiques sur ses jambes pales. En réalité, il n'y en avait pas énormément, même si elles étaient particulièrement désagréables, et il les badigeonna rapidement. Le soulagement fut immédiat et il se leva furtivement pour enfiler le pantalon qu'Elwen lui avait préparé. Il était parfaitement à sa taille, ce qui le surprit quelque peu, mais il ne se formalisa pas. La chemise serait sans doute un peu plus ajustée, mais la chaleur favorisait l'usage de vêtements amples.

[Taliesin]

Sitôt qu'Arthur eut pallié aux questions de pudeur, Elwen s'approcha à nouveau. Elle s'était rhabillée de pied en cap, même si elle avait laissé dénoués les lacets de sa tunique, ce qui laissait entrevoir - mais à peine - la naissance de ses seins.
-Je vais m'occuper de ton dos, si tu veux bien... De ce que j'en ai vu - pas grand chose, rassure-toi, je ne voulais pas que mes regards t'indisposent -, c'est... Enfin, c'est assez catastrophique de ce côté-là.

[Arthur de Faisanlys]

" Je dois dire que je ne suis pas surpris..." murmura le paladin. " Ça me démange terriblement... J'attirais déjà les moustiques chez moi. Lorsque nous partions en expédition, c'était toujours moi qui récoltais les piqûres les plus nombreuses et les plus spectaculaires... Il faut croire que mon sang leur plaît. Mon instructeur me disait toujours que je devrais apprivoiser une chauve-souris, qui puisse me servir de garde du corps la nuit... Mais les chauve-souris ne sont pas très lathandrites, ça ne ferait pas très sérieux pour quelqu'un de mon obédience... Alors j'essaie toujours de me trouver des baumes protecteurs, mais le nombre de charlatans qui sévissent en ville est impressionnant. Une fois, je me suis même retrouvé avec une sorte de miel collant partout... et j'ai attiré les guêpes. C'est sûr qu'avec la croûte que j'avais sur le corps, les moustiques ne savaient plus passer. En plus, j'ai une peau qui supporte très mal le soleil, comme tu peux certainement t'en rendre compte..."
Il s'interrompit et rougit.
" Pardonne-moi." souffla-t-il. " J'ai tendance à un peu trop parler, parfois..."

[Taliesin]

-Voyons, Arthur, tu ne dois pas te sentir obligée de t'excuser constamment. D'autant qu'en l'occurrence, c'est plutôt agréable de t'entendre parler. Cela change de ton mutisme du début, et... C'est, j'imagine, une preuve que tu te sens un peu plus en confiance avec moi. Ce qui ne peut que me faire plaisir.
Elle se plaça derrière lui. Peu après, il sentit, sur son dos, le contact de ses doigts agiles et précis. Elwen s'affaira en silence pendant plusieurs minutes, avec dextérité et douceur. Puis il l'entendit refermer le bocal.
-Voilà : tu ne devrais bientôt plus ressentir de démangeaisons. Vu la taille de certains œdèmes, il faudra remettre du baume dessus à une ou deux reprise. Mais je n'en manque pas. Et je te donnerai de quoi te protéger des moustiques. Tu peux m'en croire, ce ne sera pas un emplâtre de charlatan.

[Arthur de Faisanlys]

Mais Arthur ne l'écoutait plus vraiment. Il était mortifié. Loin de réagir au contact de la jeune femme comme s'il s'eut agi d'un compagnon paladin, son corps semblait avoir apprécié les soins d'Elwen d'une manière parfaitement imprévisible et très peu convenable. Heureusement qu'il portait un pantalon. Et heureusement que l'expérience n'avait pas duré suffisamment longtemps pour que la sensation chaleureuse ne s'exprime réellement dans toute sa splendeur. Sa honte suffit à rabaisser toute prétention à son absence habituelle.
" Merci." bredouilla-t-il.

[Taliesin]

-Mais de rien. Tu...
Elle s'interrompit, sans doute alertée par le son de sa voix. Doucement, elle le contourna, se tint devant lui, la mine inquiète.
-Arthur ? demanda-t-elle au bout de quelques instants. Ais-je dit ou fait quelque chose qui t'a ennuyé ou déplu ? Tu paraît tellement déconfit... Je suis désolée si j'ai été maladroite...

[Arthur de Faisanlys]

" Non, mais non, pas du tout !" s'exclama-t-il, encore plus embarrassé. " C'était très... très bien, très... opportun et je me sens beaucoup mieux."
Il se leva d'un bond, attrapa sa chemise et la passa rapidement. Comme il s'y était attendu, elle était un peu plus ajustée que le pantalon, mais les elfes semblaient apprécier de porter certains vêtements amples, sans doute à cause de la chaleur, aussi pourrait-il se mouvoir sans risquer de la déchirer.
" J'étais... juste un peu distrait."

[Taliesin]

Elwen l'observa encore quelques secondes puis, souriante, elle hocha la tête. Qu'elle fût dupe ou non de sa réponse, elle semblait en tout cas s'en satisfaire.
-Je propose que nous retournions à notre lessive. Je n'en aurai que pour quelques minutes, ce qui sera bien peu pour que nous réfléchissions au programme de la journée. Mais cela permettrait au moins de commencer à y songer... Si de ton côté, tu as des envies particulières, tu ne dois surtout pas hésiter à m'en faire part.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur lui emboîta le pas comme elle retournait près de sa petite pile de vêtements. Il prit ses bottes sans les enfiler, profitant encore quelques instants du contact bienheureux de l'herbe sèche sur ses orteils. C'était un petit détail, mais qui l'emplissait de félicité un rien puérile.
" Tu es certaine que tu ne veux pas que je m'en charge ?" demanda-t-il finalement. " Je ne voudrais pas qu'on me confie à quelqu'un d'autre parce qu'on estime que tu ne m'as pas suffisamment exploité."

[Taliesin]

Elle releva la tête, vaguement incrédule.
-Tu t'inquiètes vraiment beaucoup alors qu'il n'y a rien à craindre... murmura-t-elle. Mais peut-être as-tu raison, dans le fond. Il y en a ici de plus remontées que moi qui pourraient me trouver trop laxistes. Et d'autres qui doivent beaucoup m'envier ta compagnie. Alors...
Elle lui lança deux tuniques et un pantalon.
-Voilà de quoi t'occuper quelques instants !

[Arthur de Faisanlys]

Il se mit à l'ouvrage en lorgnant sa compagne, désireux de ne pas abîmer ses affaires et ignorant ce qui était de mise pour de telles étoffes. La commanderie disposait d'une blanchisseuse qui se chargeait de leurs nippes, même s'ils l'aidaient à tour de rôle, et ils étaient bien sûr responsables de leurs affaires lorsqu'ils sortaient en mission. Vu les petits paquetages qu'ils pouvaient généralement se permettre, ils passaient beaucoup de temps à la rivière... ou dans des vêtements froissés et puants. Cela dépendait toujours des circonstances. L'hiver précédent n'avait pas été propice aux grandes ablutions, notamment, lorsqu'ils étaient partis vers la Forêt Maudite...
Pour ne jamais en revenir.
Il frissonna, se concentra à nouveau sur ce qu'il faisait. Il lui semblait que la menace représentée par les mages déments valait bien les Sharites du vallon. Peut-être Elwen avait-elle raison, peut-être jouissaient-ils, l'un et l'autre, de leurs dernières heures de paix et d'existence. Tout à la survie de leur petit groupe, il n'avait pas pris le temps de réfléchir assez... et c'était peut-être un mieux, car la résignation était mauvaise compagne.

[Taliesin]

Au moins en matière de lessive, Arthur trouva ses inquiétudes infondées : dans ce peuple simple qui dédaignait l'apparait - ou qui n'avait pas le loisir de s'y adonner -, les vêtements étaient aussi utilitaires que tout le reste, et les laver s'avéra relativement simple. Comme l'avait annoncé Elwen, l'opération ne leur prit que quelques minutes.
-Nous allons rentrer à la maison pour étendre tout ça... fit l'elfe. Après, nous discuterons de notre programme. Dans le pire des cas, si nous manquons trop d'imagination, tu pourras m'aider pour quelques préparations... Ce faisant, nous pourrions continuer à discuter, si le cœur t'en dit.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur se plia aux instructions d'Elwen, à la fois obéissant, comme il le fallait, et satisfait de son programme. Il n'avait jamais été, ne serait jamais, un meneur d'hommes, et il appréciait toujours les moments où quelqu'un d'autre, en qui il pouvait avoir confiance, se chargeait des directives. Il espérait bien que si jamais il devait un jour commander à qui que ce soit, le temps aurait développé chez lui les talents adéquats. Pour l'heure, il s'offusquait rarement d'avoir à suivre les envies d'autrui. Il pénétra donc dans la demeure de l'elfe sur ses pas et la suivit jusqu'à l'endroit où elle entendait étendre ses vêtements.

[Taliesin]

Mais ils ne s'attardèrent pas à l'intérieur de la cabane : Elwen y récupéra juste un morceau de corde puis ressortit, Arthur sur les talons. Elle contourna la maison pour se rapprocher du tronc contre lequel celle-ci était bâtie, et désigna au paladin les barreaux d'une échelle sommaire, installés à même l'écorce.
-Si je l'accroche au niveau du sol, le linge ne sèchera pas vraiment : il fait humide, il n'y a pas de vent... Il vaut mieux que je le suspende dans les branches, un peu plus haut. Es-tu d'accord pour m'accompagner ?

[Arthur de Faisanlys]

Arthur lorgna le sommet de l'arbre, qui disparaissait loin au-dessus d'eux, puis sourit et haussa les épaules.
" Pourquoi pas ?" répondit-il. " Je ne suis pas vraiment un spécialiste mais je te suis... J'espère que ça ne souffle pas trop fort en haut."
Le jeune paladin n'avait pas la souplesse d'un elfe, mais il n'était pas non plus complètement gauche et il comptait compenser un éventuel manque d'équilibre en s'agrippant au mieux aux prises éventuelles.
" Après toi."

[Taliesin]

Elwen lui sourit, le regard pétillant, puis débuta l'ascension. Celle-ci fut longue et plutôt difficile : bien sûr, il y avait les barreaux, mais installés par des elfes, pour des elfes, leur espacement et leur relative modestie les rendaient parfois difficiles à atteindre et peu adaptés à la corpulence du paladin. Malgré tout, Arthur s'en tira sans encombre, précédée par sa compagne qui veillait à ne jamais le distancer.
Ils finirent par atteindre une plateforme de planches, quasiment au sommet de l'arbre. Celui-ci n'était pas le plus grand de la forêt, loin s'en fallait : d'autres, alentours, le dominaient. Mais ceux qui le voisinaient immédiatement étaient légèrement plus petits. Leur agencement formait une sorte de clairière aérienne au sol et aux frontières de ramures touffues. Le soleil y était plus présent, mouchetant d'or la pénombre vert émeraude des lieux. Au dessus de leurs têtes, le ciel s'étendait, sans la moindre tâche. Sur leur droite, le cours de la rivière était visible, quoi qu'à peine dessiné par l'espacement inhabituel des arbres.
Elwen n'avait pas menti : la moiteur était plus supportable, ici, et agrémentée d'une légère brise aux fragrances entêtantes.
-J'espère que tu ne regrettes pas tes efforts... fit l'elfe. Personnellement, j'avoue beaucoup aimer cet endroit.

[Arthur de Faisanlys]

" C'est superbe... On se croirait presque... un oiseau." murmura-t-il en s'approchant prudemment du bord pour regarder la vue somptueuse qui s'ouvrait sous ses yeux.
Il sourit et huma l'air frais, les yeux fermés. Le vent lui caressait doucement le visage, ébouriffant ses cheveux devenus un peu trop longs. Eternel adolescent, il n'avait qu'un chaume blond sur les joues, qui pourrait pousser encore des semaines avant de devenir inopportun. Il poussa un profond soupir, puis s'assit. Il sentait les premiers signes de l'effort qu'il venait de fournir lui gripper les épaules, mais il avait bien dormi, il était jeune et vigoureux, il n'en souffrirait guère.
" Est-ce toujours l'été, dans votre domaine ? Connaissez-vous la neige ? Les frimas ?" demanda-t-il.