[Lieu] Le Golfe de l'Oubli

[Taliesin]

Le Golfe de l'Oubli

Zone côtière du sud-est de Dorrandin, cette région est une très longue plaine qui borde la mer. Activement fréquentée par les navires manostiens et marins, c'est ici que l'on répare les galions, et qu'a pris vie la légende du galion fantôme. Au milieu de la mer se trouve une zone entropique qu'aucun des navires n'ose emprunter. Baptisé "gouffre de l'oubli" par les marins en raison des nombreuses disparitions qui y ont eu lieu, le golfe se prolonge par des falaises où sont creusées des grottes et des ruines érigée à la fondation de Manost. Là, dans un silence seulement perturbé par le bruit des vagues contre les rochers, méditent les ermites ayant choisi de s'y réfugier.

[Ailyn]

Venus d'ici

Les bottes d'Ailyn et Kieran s'enfonçaient dans le sable tandis qu'ils marchaient sous un ciel gris acier qui ne semblait pour le moment pas vouloir se dégager.

Ailyn était heureuse de retrouver l'air et le vent, loin de l'agitation du laboratoire de Maître Zebiggus. Il n'était parfois pas facile de s'y retrouver dans son fouillis et ses parchemins poussiéreux. Elle sentait par ailleurs son arrogance vis à vis de ses pouvoirs à elle. Elle savait qu'il n'appréciait pas son affinité naturelle avec la magie. Et cela l'avait rendue très curieuse : elle était sans doute capable de réaliser bien des prodiges qu'il n'arriverait pas à réaliser lui-même... Mais ça, ça n'arriverait pas tant qu'elle ne prendrait pas confiance en ses capacités...
Bah ! De toutes façons, elle verrait bien en temps utile. Pour l'heure, il fallait rejoindre la Chaloupe Echouée et trouver ces fameuses graines d'Hellebore...

Kieran était de bonne compagnie. Il lui parlait des coutumes et de l'histoire de Manost. Pas une fois, il n'était devenu Orang Outan, ce qui fit sourire Ailyn. Qu'est ce qui pouvait bien le perturber à ce point à la Guilde des Arcanes ? L'expression austère et ennuyeuse d'Enya ?

Depuis quelques minutes déjà, ils gardaient tous deux le silence et la jeune femme continuait sa marche tout en scrutant la mer, la si belle mer qui s'agitait en laissant trainer sa longue robe d'écume près de leurs pieds...

[Althéa]

Kieran avait marché, et parlé, surtout parlé. Parlé pour tromper l'angoisse et oublier la tristesse. Cela faisait des années qu'il n'avait pas quitté la guilde. Cela faisait longtemps qu'il s'était coupé du monde extérieur. Et, sans qu'il sache pourquoi, quand on lui avait proposé d'escorter la jeune femme, il avait accepté sans hésiter. Peut-être était il temps pour un nouveau départ.

Il regarda au loin l'écume foisonnante des vagues sous un ciel moutonneux. Le soleil, transperçant les nuages couvrait d'or le paysage alentour. Tout baignait dans le scintillement. Kieran inspira à pleins poumons, un goût de sel sur ses papilles. Il finit par sourire.

[Ailyn]

Etourdie par le vent et l'odeur de l'écume, Ailyn commençait à sentir un léger élan de fatigue la parcourir, malgré son habitude à errer dans les bois. L'air marin la changeait de ce à quoi elle avait été habituée : c'était la première fois qu'elle allait si loin de chez elle...

Elle sentit un sentiment d'insécurité l'envahir tout à coup, en repensant à son ancienne maison qui n'en était plus une, et au fait qu'elle restait sans famille et sans attache. Le sentiment de solitude lui creusa un trou dans la poitrine qu'elle ne parvint pas à combler.

Pour tromper son angoisse soudaine, elle reprit bien vite la parole :

"Savez vous si c'est encore loin ? Je ne connais pas du tout cet endroit et j'ignore où nous allons exactement."

[Althéa]

Kieran avait souri et sorti une carte de sa manche.

"Ne vous en faites pas. Avec ça, c'est impossible de nous perdre."

Après l'avoir dépliée et regardée longuement, il finit par sourire avant de regarder autour de lui.

"Heu, alors, ici, nous devrions trouver la trouée des chevaux."

Il fronça les sourcils, l'air soudain paniqué.

"Mais, ça ne ressemble pas du tout à une trouée de chevaux."

Il regarda un peu mieux la carte.

"Oh ... Mais nous ne sommes pas sur Helonna."

Et soudain, il rougit jusqu'aux oreilles.

[Ailyn]

Le sang d'Ailyn gela dans ses veines, ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque et ses muscles se tendirent en quelques dixièmes de secondes. Un douce, une terrible appréhension commençait à l'envahir, suivie de près par un orage de colère.

Tâchant de calmer les trémolos désordonnés de sa voix, elle se tourna vers lui d'un seul coup et demanda avec rudesse :

"Et où sommes-nous alors si ce n'est PAS sur Hélonna ?????"

Elle marqua une pause, tentant de calmer ca colère, ce qui s'avéra malheureusement impossible.

"Et qu'est ce qu'on va faire maintenant qu'on est complètement PAUMES en pleine nature, hein ? explosa-t-elle. On va aller OU ? On va revenir sur nos pas et dire à Zebiggus qu'on ne sait pas lire une carte ? Nom d'un chien, je vais pas me faire jeter dehors tout ça parce que vous ne savez pas lire une fichue CARTEUUUh !!! Passez moi ça que j'y jette un oeil, RAAAAAAAAAA !!!!!"

Elle regretta sa dureté aussitôt ces mots prononcés. Elle ne voulait pas être si méchante, mais là, elle perdait complètement les pédales. Plus de maison, plus de vie, plus d'avenir, plus rien. Alors qu'elle tâchait péniblement de s'en construire un, voilà que son entreprise risquait d'échouer lamentablement.

[Althéa]

Bon, si on y regardait bien, c'était bien une carte d'Helonna que l'on voyait. Par contre, si on retournait la carte, on avait un petit tronçon du continent de Dorrandin. Plus précisément le détail de l'endroit où ils se trouvaient. Ce que Kieran dans sa panique avait complètement oublié de voir.

Pour le moment, le mage s'était assis, un brin d'herbe dans la bouche et attendait que la jeune femme ait trouvé la solution.

"Parfois, la magie ne résout pas tout, finit-il par dire quand il fut sûr qu'elle avait trouvé, alors, quelquefois, il est très utile de savoir regarder les cartes."

[Ailyn]

Ailyn attrapa violemment la carte, s'accroupit et la déplia la carte sur le sable chaud de la plage. Elle maintint les coins de parchemin avec quatre galets pour être plus à l'aise et commencer à suivre avec le bout de son index le chemin parcourut depuis les portes de Manost.
Elle regarda autour d'elle, tâchant d'évaluer les distances, puis se reporta à nouveau sur la carte.
Un éclair de reconnaissance éclairèrent ses traits lorsqu'elle comprit où ils se trouvaient.

Kieran dut probablement le remarquer car il intervint gentiment :
"Parfois, la magie ne résout pas tout, alors, quelquefois, il est très utile de savoir regarder les cartes."

"En effet, répondit-elle avec soulagement. Et puis bon, parfois la magie... Bref, la magie dans ma vie, c'est pas toujours un cadeau."

Elle enroula à nouveau le parchemin, se redressa, rajusta sa robe de magicienne. La jeune femme se pencha ensuite vers Kieran et lui empoignant l'épaule, tâcha de le relever en s'exclamant :

"Et maintenant, DEBOUT ! On a encore du chemin à faire, alors du nerf mon vieux, du nerf ! Plus vite On arrivera à la Chaloupe Echouée, plus vite on sera de retour à Manost !"

Elle ajouta après quelques instants de réflexions :
"Et comme ça, je saurai enfin à quelle sauce je serai mangé !"

Elle éclata d'un rire sonore, prête à reprendre le voyage.

[Althéa]

Kieran sourit et allait se lever quand un vent froid venant de la mer le poussa à se rasseoir. C'était étrange, on ne peut plus étrange. Ou peut-être était-ce tout simplement normal. Ils avaient déjà tant cheminé. Mais autour d'eux, peu à peu, traîtreusement la nuit tombait et avec elle s'allongeaient les ombres.

Elles paraissaient étranges, de plus en plus étranges, presque hostiles. Et ils étaient bien seuls sur ce sentier étroit. En plus, des sons leur parvenaient. Des sons on ne peut moins rassurants ...

83 : des événements aléatoires

[Ailyn]

Ailyn sentit un changement étrange dans l'atmosphère et ses cheveux se hérissèrent sur sa nuque.
Les ombres s'étalaient étrangement tout autour d'eux, et un sentiment d'angoisse l'envahit tout à coup. L'équilibre qui régnait quelques instants plsu tôt venait d'être étrangement rompu.

Lorsqu'elle perçut des sons menaçants, la jeune femme se raidit et son instinct de survie s'éveilla. Elle sentit la magie affluer en elle, et comprit qu'elle était prête à se battre.
Restant tout prêt de Kieran, elle jetait des regards de tous côtés, concentrée, et prête à parer à toute éventualité.

[Althéa]

Le jeune homme resta là sans bouger, serrant comme il le pouvait sa maigre cape dans l'illusion de se protéger du froid. Cette nuit, il le sentait n'avait rien de naturel. Mais que pouvait-il faire ? S'enfuir dans l'obscurité ? Se cacher ? Il ne savait plus trop. Il regrettait juste d'avoir emmené la jeune femme. A l'origine, leur mission ne représentait pas de risques majeurs !

Autour d'eux, la nature privée de lumière se taisait. Autour d'eux, un silence presque total. Il se risqua à murmurer :

"Vous avez de quoi faire du feu ?"

[Ailyn]

A ces mots, la jeune femme pensa immédiatement à un sort de mains brûlantes qu'elle affectionnait tout particulièrement... Mais s'abstint.

"Inutile de gaspiller des cartouches," pensa-t-elle en se concentrant au maximum.

Elle scruta l'obscurité autour d'elle cherchant le moindre détail, le moindre indice qui pourrait la renseigner sur cet évènement si étrange.


Ailyn ---> capacité de demi-elfe ---> infravision

[Althéa]

Kieran à coté d'elle se taisait, tentant vainement de repousser l'angoisse croissant au fond de lui. Non loin d'eux, il sentait une présence qui n'avait rien de bénéfique. Pour le moment, elle se tapissait à quelques pas d'eux sans doute pour les observer, prête à bondir à la moindre faiblesse.

Pour le moment, il était inutile d'effrayer la jeune femme plus que de raisons. Prenant une voix calme autant qu'il le pouvait, il dit dans un murmure :

"Bon, je crois qu'il est temps de reprendre la route"

[Ailyn]

Ailyn savait qu'il se passait quelque chose d'étrange, et qui ne semblait pas non plus spécialement de bonne augure. Elle jeta un oeil à Kieran, hocha la tête, puis lui emboîta le pas d'une démarche assez raide, tout en scrutant sans relâche les environs et la nuit qui s'épaississait autour d'eux.

"Et bien, comme vous le souhaitez, cher Kieran, répondit-elle d'un ton acerbe. Espérons simplement qu'il n'y ait pas d'invité supplémentaire potentiellement gênant qui se joigne à notre excellent voyage..."

[Althéa]

Kieran avait hoché la tête lentement en s'efforçant de détourner son regard de la chose. En y regardant bien, il voyait de mieux en mieux ses contours. Haute de un mètre cinquante environ, beaucoup plus grande que ses semblables à l'origine. Mais tellement semblable ... Des antennes, des crochets, des ailes ... Une mante religieuse dans toute sa splendeur.

Pour le moment, elle ne manifestait pas d'hostilité. Mais elle serait sur eux en un bond, si elle se décidait à attaquer. Il espérait qu'Ailyn ne l'avait pas remarquée. Il accéléra mine de rien le pas.

[Ailyn]

Ailyn continua sur sa lancée poursuivant Kieran qui paraissait mal en point. Elle leva les sourcils, un peu surprise, puis détourna le regard tout en continua d'accélerer au même rythme que son guide.
Et là, elle vit quelque chose dans la brume. Des yeux globuleux, une tête triangulaire énorme...
Son coeur rata un battement et elle faillit s'arrêter de marcher.

Il lui fallut quelques instants pour comprendre que Kieran l'avait vue et s'empressait de l'éviter. Avalant sa salive avec difficulté, elle poursuivit sur sa lancée, surveillant la créature du coin de l'oeil tout en ayant l'air de regarder ailleurs, ne comprenant pas bien la réaction de Kieran, mais tâchant de prendre exemple sur lui...

En même temps... Vu la taille la créature... Il valait peut être mieux...

[Althéa]

Kieran avait vu la jeune femme regarder dans la mauvaise direction. Cette fois, il en était sûr, il l'avait vue. La mante religieuse, quant à elle tourna la tête vers eux. Puis, peu à peu, ils la virent se mettre en mouvement. Ce ne fut d'abord que sa tête qui pivota. Puis, tout doucement, elle porta ses pattes en avant, comme si elle voulait les toucher.

Et puis, sans crier gare, elle déploya ses ailes et vint se placer juste devant eux, leur bloquant le chemin, les pinces déployées dans leur direction ...

[Ailyn]

Ailyn sentit le souffle des ailes de la créatures sur sa peau, provoquant chez elle une sensation de froid et de chaud à la fois.

Elle eut un sursaut et émit un cri étranglé lorsque la créature atterrit devant eux. Elle se redressa et demanda le plus calmement possible à Kieran :

"euh, ahem, qu'est ce qu'on fait ?"

[Althéa]

Kieran avait lui aussi laissé échapper un petit cri aigu. C'était toujours comme ça quand il avait peur : sa voix le trahissait. Et bien sûr, peu de temps après - il le savait - c'est ses pouvoirs qui lui feraient défaut. Il sentait déjà les poils commençait à jaillir de sa peau. Des poils roux. Dans quelques secondes, il deviendrait un orang-outang totalement incapable de bouger, et même de penser.

Il n'y avait donc qu'une solution. Bien sûr, ce n'était pas la meilleure. Mais avaient ils vraiment le choix ?

"Je crois qu'il faut qu'on batte en retraite.", dit il très sérieusement.

[Ailyn]

"Et bien, faisons, très cher", répondit Ailyn avec empressement.

Elle n'était en effet pas très encline à demeurer sur place, en particulier pour se laisser dévorer par la bête hideuse sans rien dire. Comprenant tout à fait Kieran, la jeune femme se retourna vivement et s'élança sur les talons de Kieran, ses bottes s'enfonçant dans la grève humide.

[Althéa]

Mais comme dans un cauchemar, elle avait l'impression de ne pas aller assez vite, d'autant que l'insecte géant, dans un vrombissement d'air gigantesque déploya ses ailes et prit son envol.

Il passa au dessus de Kieran et lança ses pattes antérieures. Le jeune homme se jeta au sol, l'évitant de justesse. La bête, sans doute furieuse de l'avoir manqué tenta sa chance avec la jeune femme, lançant sur elle se crochets.

hrp : je suis vraiment désolée. Je n'avais pas vu ta réponse. ça fait vraiment longtemps là. J'ai vraiment honte.

[Ailyn]

Ailyn courrait à perdre haleine, peu habituée à trébucher dans le sable des dunes. Son cœur rata un battement lorsque la créature géante manqua Kieran de justesse. Il roula dans le sable, et un nuage de poussière s’éleva autour de lui.

Des pensées confuses traversèrent Ailyn au même instant : elle ne savait pas comment agir, et à l’instant même où cette question avait été formulée dans son esprit, elle en connut la réponse, un peu folle certes, mais un semblant de réponse. Quelque chose, une idée, qui allait peut être, avec un peu de chance et de hasard, les mettre hors de danger, ou au moins leur permettre de fuir aussi loin que possible cette hideuse créature.

Au moment où cette dernière lança ses crochets sur Ailyn, celle-ci se jeta de toutes ses forces derrière une dune. L’atterrissage fut plus que rude, le sable et les pierres la griffèrent salement. Sa tête heurta quelque chose de dur, et le sang commença à couler de son front. L’adrénaline et la peur furent cependant plus fortes que la douleur : elle se remit sur ses pieds aussi vite qu’elle put, sentant la magie, affluer en elle, aussi impressionnante et impétueuse que la mer en pleine tempête.

Ailyn lance Rupture hasardeuse de Nahal

HRP : t'inquiète pas ma Nonne .

[Althéa]

La bête sembla décontenancée quelques secondes par le sort. Voire complétement perdue. Elle se figea soudain, les pattes antérieures haut levées, mais plus dans un réflexe de défense que d'attaque.

Puis, son aspect se modifia peu à peu. Elle se couvrit peu à peu de plumes, puis sa tête s'allongea démesurèment. Son abdomen grossit et de longues pattes palmées lui poussèrent. Quelques minutes plus tard, c'était une autruche et non plus une manthe qui faisait face à la jeune femme.

[Ailyn]

Ailyn arrêta de respirer plusieurs secondes, regardant la créature avec un air médusé. La magie avait produit son effet... et quel effet, par tous les dieux !

"Si mon vieux maître pouvait voir ça..." songea-t-elle amusement.

La jeune femme reprit son souffle à l'aide de grande inspiration, puis, haletante, se hâta de rejoindre Kieran, à quelques dizaines de mètres de là, en espérant que la créature ne décide pas de les poursuivre à nouveau. Sa nouvelle forme semblait plus placide qu'auparavant, mais Ailyn se déplaçait avec lenteur, craingnant une nouvelle réaction de l'autruche.

Elle se sentait fatiguée tout à coup : le sort l'avait épuisée, et elle ne pourrait pas remettre le couvert dans les prochaines heures.

[Althéa]

Kieran resta de longues minutes à regarder Ailyn puis l'autruche et encore Ailyn, comme s'il avait du mal à comprendre ce qui s'était passé. Puis, tout d'un coup, il commença à rire. Doucement d'abord, puis à gorge déployée, et ensuite si fort qu'il se laissa aller au sol pour rire tout son saoul. Quand il se fut enfin calmé, il bafouilla maladroitement.

"Ma foi, c'est le plus joli effet que j'ai pu voir depuis des années. J'en parlerai à tous ces vieux barbus séniles là-bas, croyez-moi. Et encore, ce n'est pas sûr qu'ils me croient. Enfin, passons. Encore quelques mètres et nous serons arrivés. Vous pouvez marcher ?"

[Ailyn]

Ailyn rougit de plaisir à la mention des vieux mages, ses futurs enseignants. Peut être qu'en rentrant à Manost, elle verrait sa sensation d'être une intruse diminuer... Au fil du temps, elle parviendrait peut être à s'adapter à l'endroit et à l'accepter... Comme un nouveau "chez elle".
Pour l'heure, il était toujours question de se rendre à la Chaloupe Echouée pour se procurer ces mystérieuses graines d'Hellebore... et pas de savoir ce qu'elle allait devenir...
Peut être voulait-elle simplement l'ignorer... Pour savourer le moment présent, et juste profiter de la simple impression d'être en vie.

"Je peux marcher oui, mais je ne risque pas de battre cette créature à la course !" s'exclama la jeune femme dans un éclat de rire, secouant ses cheveux pour en extraire le sable.

Ils se penchèrent quelques instants sur la carte, s'éloignant de la créature qui semblait se promener paisiblement sur la plage. Après concertation, ils se dirigèrent enfin vers la Chaloupe Echouée...

[Ailyn]

Venue d'ici.

Ailyn et Kieran s'engagèrent ainsi de bon matin sur la grève du Golfe de l'Oubli. Le vent soufflait sur les grains qui s'envolaient tout autour d'eux et leur piquaient les yeux.

La traversée fut difficile à cause des agressions répétées du vent, de le mer et du sable. La situation était particulièrement inconfortable et les deux magiciens se tenaient épaule contre épaule pour lutter contre la fraîcheur du vent.

Pas de trace de la mante religieuse devenue autruche dans les parages immédiats. En tous cas pour l'instant. Ailyn éprouvait une certaine crainte à la croiser de nouveau, de peur que le créature ne redevienne agressive.

Elle avait hâte de rentrer à Manost, de retrouver la Tour des Arcanes, du monde, beaucoup de monde, élément manquant de cette plage longue et déserte...

Elle pressa le pas, entraînant Kieran dans son mouvement. Plus vite ils arriveraient, plus vite elle pourrait prouver qu'elle n'était pas une apprentie comme les autres... Et qui sait ? Recevoir la reconnaissance de son nouveau maître ?

[Lothringen]

Quand on échappait aux rencontres aléatoires avec des monstres inconnus des bestiaires, le voyage ne présentait pas de difficulté particulière : la côte du Golfe l'Oubli était ponctuée de nombreux villages, et dès que l'on quittait la plage, une route relativement large continuait avec vous le trajet vers le couchant. Bientôt, la voie devint même pavée, et les voyageurs se firent plus nombreux - marchands, aventuriers ou prêtres missionnaires. De temps à autres, des familles de colons en quête d'un coin tranquille pour se refaire une vie, et qui leur demandaient des renseignements.

Ailyn et Kieran firent quelquefois halte autour d'un campement de fortune, mais la plupart du temps, quand ils en avaient l'occasion, ils préféraient recourir à des auberges, en dépit de leur mauvaise expérience à la Chaloupe Echouée. Des rumeurs couraient sur la situation délétère qui régnait à Manost depuis la déclaration de guerre contre Melandis. Certains évoquaient de nouveaux troubles dans le clergé. Mais si l'on tenait compte du fait que ces nouvelles devaient dater, quelle serait la situation réelle à leur retour en ville ?

Suite

[Taliesin]

[Quête : En route pour Manost]

Un ciel d'azur sans tâche, un air tiède, immobile, qu'aucune brise même infime ne venait troubler, une mer d'huile, presque plate...
Un temps fort agréable, au total. Sauf pour des marins désireux d'atteindre au plus vite leur destination.
Le moral n'était donc pas au mieux parmi l'équipage de l'Espadon. Pourtant, l'essentiel du voyage s'était bien passé : la traversée de l'océan depuis Féérune jusqu'aux côtes de Dorrandin n'avait été émaillée que de quelques grains sans importance, l'escale dans le port de Paymill s'était avérée fructueuse, puisque le capitaine avait pu y réaliser quelques belles transactions, puis l'entrée dans le Golfe de l'Oubli s'était faite sous les meilleurs auspices, avec des vents des plus favorables. Mais voilà : alors que le navire marchand n'était pas encore à mi-distance du Cap du Vigilant, l'ultime étape à franchir avant de remonter vers le nord et d'atteindre Manost, l'objectif final, le calme plat s'était abattu, stoppant net la progression vers l'ouest.
Cela faisait trois jours qu'il durait et rien n'indiquait que cela doive changer avant longtemps...
Le capitaine en était réduit à ronger son frein et les marins à tuer le temps en jouant aux cartes ou en pêchant. Quant aux quelques passagers que comptait le bâtiment, au nombre desquels se trouvait Sieben, ils n'étaient pas logés à meilleure enseigne.

[Sieben]

Sieben arriva à la proue du navire. Encore une fois. L'Espadon était un fier navire, suffisamment important pour effectuer de longs voyages et suffisamment imposant pour pouvoir braver quelques tempêtes. Mais le soucis présent c'est qu'il n'était pas question de tempête. C'était pire que ça : Il n'y avait absolument pas de vent.
Au début cela fit rire les quelques passagers présents à bord mais maintenant, tous se languissais de ressentir la moindre brise. Les marins, eux, s'étaient rapidement mis à bougonner mais ils furent bien vite repris par la volonté sans faille et la grande gueule du capitaine. Sans compter sur la poigne de fer qui asseyait son autorité sur l'équipage, représenté par son second. Aucune mutinerie ne verrait le jour bien que Sieben entendait de çi, de là certains matelots murmurer que si le navire était en panne en pleine mer c'était la volonté des dieux afin de punir certains passagers.

Ainsi s'était écoulé trois jours. Le capitaine avait autorisé les jeux pour son équipage et Sieben avait pris part à quelques parties endiablées. Il en avait profité pour amuser les enfants en faisant des cabrioles sur le gaillard avant et effectuait ses enchaînements tôt le matin ou tard le soir pour déranger le minimum de personnes.
Mais trois jours sans n'avoir vraiment rien à faire c'était particulièrement épuisant. Surtout que certains passagers, de jeunes bourgeois selon toutes vraisemblances, avait le don de l'irriter. Bref, comme toutes les autres personnes sur ce navire, Sieben avait besoin d'action.
Il en était là de ses réflexions, accoudé au bastingage et les yeux perdus dans les vagues lorsqu'il entendit le capitaine houspiller un matelot depuis le gaillard d'arrière.
N'y tenant plus, il se redressa, fit demi tour, traversa le navire prestement sous les regards des passagers et vint se positionner au pied de la dunette, partie réservée uniquement aux officiers.

Ohé ! Capitaine !

Une tête d'ours hirsute apparu au dessus du garde corps surplombant le reste du navire. Les lèvres du capitaine se retroussèrent en un semblant de sourire mais il ne dit mot.

Hem... Je suis désolé de vous déranger mais avez vous quelques nouvelles à nous communiquer concernant notre situation ? N'y a-t-il aucun moyen de regagner la terre ferme ?