Quête : troubles nocturnes, dans les Montagnes du Nord

[Mornagest]

Depuis combien de temps gisait-elle là, dans la neige, il n'aurait su le dire, mais son corps était froid, et sa peau cyanosée. Inquiet, il tâcha de trouver son pouls, qui était faible, mais régulier. Il était seul, avec une magicienne inerte, loin de tout... allait-il retourner à Melandis en la portant sur ses épaules ?

Fort heureusement, il ne se sentait aucune douleur. L'espèce de rêve dans lequel il avait été plongé l'avait laissé repartir indemne et disponible comme après une longue nuit de sommeil dans un lieux moelleux. Il aurait besoin de cela s'il voulait transporter la malheureuse sur tout le trajet. De toute façon, elle serait mieux ailleurs qu'allongée dans la neige.

[Ben-jXX]

La magicienne était toujours vivante, mais pour combien de temps encore ? Habitué à prodiguer des soins d'urgence selon les arcanes de Kara-Tur, Ben-j put lui éviter une mort certaine dans la neige.

Ben-j : imposition des mains --> Elondara

Le corps de l'enchanteresse s'échauffa aussitôt et ses joues redevirent roses comme au premier jour. Son pouls et sa respiration se firent plus forts. Elle demeurait néanmoins inconsciente et fragile.

Le moine se résolu à la porter. Après tout, c'était une patricienne mélandienne à qui il devait allégeance, même au péril de sa vie. Il la souleva du bras et la balança sur son épaule tel un sac à patates. Il n'était pas fier de ce moyen de transport mais se persuada qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur. De toute manière, elle était endormie.

Ben-j se mit en marche en direction de la vallée. La route allait être longue...

[Mornagest]

Et le chemin, difficile à pratiquer. Le voyage à l'aller avait été pénible, mais avec une charge supplémentaire sur le dos, Ben-j ne pourrait pas progresser rapidement, malgré la pente importante du flanc de la montagne ; celui-ci jouait au contraire en sa défaveur, il devait régulièrement s'arrêter pour éviter de tomber à pic, corps et âmes.

La journée fut longue et ardue. Ben-j était épuisé, gelé par le vent froid et humide, et il finit par être obligé de trouver un abri pour passer la nuit sans craindre de ne jamais se réveiller. Fort heureusement, il put dénicher une crevasse dans la roche, dans laquelle il put se glisser, toujours avec Elondara sur l'épaule.

Après l'avoir déposée le plus délicatement possible sur le sol dur et froid, il ressentit la douleur de ses muscles ankylosés par la charge constante qui pesait sur son épaule.

Il parvint à rassembler un peu de bois mort pour faire un petit feu, et il se réchauffa du mieux qu'il le put.

Plus tard dans la soirée, la magicienne s'agita, puis ouvrit les yeux. Son regard était fatigué, ses traits pâles, mais elle vivait. Elle gémit faiblement.

[Ben-jXX]

Désolé, je ne poste pas très régulièrement en ce moment mais je suis pas mal occupé. A partir de la 2ème semaine de mai, je pourrai poster plus fréquemment.

En entendant le gémissement plaintif de la magicienne, Ben-j accouru à ses côtés. Son regard était figé et craintif, comme si elle revenait d'entre les morts. Vraisemblablement elle avait du mal à comprendre où elle se trouvait.

Le moine la redressa légèrement et l'appuya contre le mur, à côte du feu. Il l'abreuva de questions :
"Ca va ? Comment vous sentez-vous ? Nous sommes en sécurité maintenant. Nous rentrons à Melandis, j'ai trouvé cet abris pour la nuit. Avez-vous mal quelque part ? Si vous avez mal quelque part, il faut me le dire !"

L'enchanteresse, égarée, continuait de le regarder fixement sans sourcillier. Sans se démonter, Ben-j enchaîna : "Vous devez avoir soif, laissez-moi vous apporter un peu d'eau".
Ben-j alla chercher sa gourde qu'il avait heureusement pu remplir sur le chemin. Il l'approcha des lèvres d'Elondara qui but doucement par petites gorgées. Visiblement désaltérée, elle posa sa main sur le bras du moine et lui sourit affectueusement. Elle se recoucha alors sur le flanc et s'endormit aussitôt.

Ben-j la contempla quelques instants puis décida, à son tour, d'aller rejoindre les bras de Morphée.

[Elondara]

hrp : du coup c'est moi qui ai complètement loupé ton message, faut me le dire quand tu vois que je réponds pas vite

Leur nuit fut à chacun très différente. Le moine profitait de cet instant de répit, et s'endormit très rapidement, totalement exténué par la rude épreuve qu'il traversait depuis de nombreux jours, maintenant. Il sombra dans un sommeil sans rêves, réparateur malgré la dureté du sol sous lui.

L'enchanteresse, en revanche, ne ferma l'œil. Elle restait sans mot dire, faible et l'air hagard, comme si elle était somnambule. De temps à autre, elle était saisie d'un long tremblement qui se propageait dans tout son corps. Elle gémissait parfois, gardant la bouche ouverte la plupart du temps. Son état était triste à voir...

Ben-j se réveilla en forme suffisante pour attaquer la dure journée de marche qui l'attendait. Mais au moins, Elondara pouvait le suivre, s'il la guidait et lui évitait un chemin trop difficile. Elle se contentait d'obéir à ses bras qui la maintenaient par les épaules afin de l'empêcher de choir au sol.

Il avait cessé de neiger, le ciel était presque dégagé, et le vent soufflait moins fort. Peut-être cet enfer blanc serait-il bientôt un lointain souvenir...

Mais un groupe de loups vint rapidement dissiper les espoirs du moine. Ils étaient six, et visiblement affamés, à en juger par leur envie d'attaquer les deux malheureux.

[Ben-jXX]

Pas de soucis, de toute façon j'aurais pas pu répondre.

Ben-j, qui tenait toujours l'enchanteresse, recula jusqu'à atteindre le coteau de la montagne qui était vertigineusement vertical à certains endroits. Les deux Melandiens étaient dès lors acculés par les loups, mais Ben-j pu allonger Elondara le long de la falaise, et faire barrage de sa personne.

Les loups les entouraient maintenant de toute part. L'un d'eux, plus téméraire que les autres, s'élança sur le moine toutes canines dehors. Il lui sauta à la gorge mais n'obtint en récompense qui violent coup de pied dans la machoire. Penaud, il alla rejoindre ses congénaires en gémissant.

Le moine dégaina son katana. Il était cependant pessimiste quant à sa capacité à faire face aux six canidés qui allaient maintenant attaquer en groupe. Il apostropha Elondara qui, allongée le long de la falaise, une main sur le front, ne semblait pas pouvoir prendre part au combat : "Je ne pense pas pouvoir résister tout seul aux loups ! Si vous vous en sentez la force, jetez leur un enchantement. Confusion, charme-animal, que sais-je... Au pire jetez-vous un sort d'invisibilité que je puisse m'expliquer avec eux sans avoir à vous surveiller !"

Il n'était pas sûr, toutefois, que l'enchanteresse ait assez de force pour soulever ne serait-ce que le bras...

[Elondara]

Ses sens remis temporairement en alerte grâce, paradoxalement, à la présence des loups, Elondara parvint à rassembler suffisamment de force pour tenter de lancer un sortilège qui ne nécessitait pas de composante gestuelle trop éprouvante pour ses capacités amoindries.

Elondara ---> Immobilisation des monstres ---> groupe de loups

Une légère brume jaunâtre et scintillante partit des mains ouvertes de l'enchanteresse, dirigée vers les fauves affamés, et atteignit le premier d'entre eux, qui fut aussitôt figé sur place, comme gelé instantanément. La brume se propagea sur les autres animaux, et toucha chaque loup les uns après les autres, puis se dissipa, tandis que la jeune femme s'évanouit sous l'effort consentit. Effort couronné de succès : quatre des loups étaient maintenant totalement immobiles, ce qui permettrait à Ben-j de se focaliser sur les deux restants, qui ne semblaient guère reculer devant le danger, la faim les poussant à commettre des erreurs de jugement probablement fatales pour eux...

[Ben-jXX]

A deux contre un, la partie était devenue on ne peut plus équilibrée ! Katana à la main, Ben-j attendait les loups de pied ferme. Tandis que l'un s'apprêtait à l'attaquer de face, l'autre, selon toute vraisemblance, allait l'assaillir de côté.

Les deux canidés chargèrent en même temps. Le premier, celui qui attaquait frontalement, eut la chance de recevoir un coup de pied dans la machoire, son deuxième. L'autre avait, quant à lui, attaqué si rapidement que Ben-j n'eut le temps de l'éviter et fut mordu au coude. Dans un râle de douleur, il eut le réflexe de transperer de son épée l'animal toujours accroché à son articulation.
Le loup tomba raide mort. L'os du moine était sauvagement broyé mais fut rapidement rétabli grâce à une incantation dont il avait le secret.

Ben-j --> Imposition des mains.

Aussitôt remis en état, il s'avança en direction du dernier loup, qui, intelligemment et sans demander son reste, s'enfuit dans les fourrés en poussant des gémissements plaintifs.

Le moine se retourna alors vers les quatres autres bêtes toujours immobilisées et figées telles des statues de pierre. Passablement énervé par les nombreuses épreuves auxquelles il devait faire face depuis son départ de la ville, il allait enfin pouvoir exprimer sa fureur. En moins de temps qu'il n'en fallut pour l'écrire, les quatre facheux furent découpés, tranchés, katanisés, entaillés, avec une telle méticulosité que le moine n'avait désormais plus rien à envier aux bouchers de Melandis.

Ses pulsions assouvies, il rejoignit l'enchanteresse, toujours évanouie, la porta délicatement à ses épaules et continua sa route...

[Elondara]

Bien que légère, Elondara finissait par peser sur ses épaules, et il fut rapidement exténué par l'effort consenti. La journée était longue, la marche dans la neige interminable, mais au bout d'un temps qui lui parut infini, ils arrivèrent aux limites des cimes enneigés. La végétation reprenait le dessus, et le sol était bien plus praticable, ce qui était non négligeable.

Alors que Ben-j se résignait à passer une nouvelle nuit au dehors, il aperçut, au loin, quelques lueurs, qui signifiaient la présence d'un hameau, probablement. Prendrait-il le risque de s'y rendre ?

[Ben-jXX]

Fatigué par tant de jours passés dans le désert glacé des Montagnes du Nord, Ben-j était particulièrement enthousiaste à l'idée de retrouver la civilisation.
Il ne se souvenait pas être passé devant ce village à l'aller, mais il ne doutait pas que l'on puisse refuser l'hospitalité à deux citoyens melandiens.

Portant toujours Elondara sur son épaule, il s'approcha du hameau...

[Elondara]

Il fallait s'y attendre, le village ne comportait pas de chapelle ; il n'était composé que d'une vingtaine de chaumières, dressées contre le vent et les éléments de façon presque pathétique. Mais les habitants ne semblaient guère manquer de choses ; les maisons avaient toutes un petit potager attenant, et des dépendances telles qu'une écurie ou un poulailler.

Ben-j regarda autour de lui, et estima que la plus grande des habitations devait être l'auberge, à en juger par le nombre de fenêtres desquelles émanaient des lueurs vives. Ils pourraient au moins dormir dans un bon lit...

[Ben-jXX]

L'AUBERGE DU RAT GLUANT
- chambres pas chères
- alcools maison
- jeu de fléchettes

De la porte d'entrée au reste du bâtiment, tout semblait indiquer la présence d'une auberge populaire, ascendant mal-famée. Tout ce que le moine appréciait dans ces lieux d'hospitalité et de beuverie.
Pour autant, rien ne laissait présager pour une clientèle à l'image de son établissement. Ben-j supposait qu'il était plutôt rempli de cul-terreux grouillants, à moitié ivres, fatigués d'avoir bécher, toute la journée, tomates et carottes, car "il faut cultiver son jardin", comme l'aurait dit Cand Eed, l'un des senseïs du moine au monastère de Menh Hill.

Elondara commençait à faire son poids. Attiré par l'idée de pouvoir enfin passer une vraie nuit dans un vrai lit, Ben-j pénétra dans l'auberge...

[Elondara]

L'intuition du moine était erronée. L'assemblée était relativement éparse, et composée d'une mosaïque de gens de styles différents. Aucun ne semblait riche, bien sûr, mais ils étaient propres sur eux, et discutaient tranquillement en jouant aux cartes ou en sirotant tranquillement quelque breuvage artisanal du coin pour se réchauffer le corps. Un feu nourri crépitait dans la cheminée, et par-dessus, une grande marmite était suspendue, de laquelle émanait des volutes de fumée à l'odeur alléchante. Un bon gibier devait bouillir tranquillement dans sa sauce depuis plus d'une heure.

Lorsque l'aubergiste avisa le nouveau venu et la charge qu'il transportait, il se dépêcha de venir lui porter secours, tout en donnant des indications à un garçon pour qu'il aille préparer une chambre de ce pas.

"Elle a été atteinte par le froid ?" demanda l'homme prévenant.

[Ben-jXX]

"Oui... Et par la fatigue je suppose..."

Les deux hommes portèrent Elondara dans une chambre à l'étage. Ils l'installèrent dans un lit qui paraissait relativement confortable, et bordèrent l'enchanteresse jusqu'aux épaules avec plusieurs couches de couvertures. Visiblement apaisée, elle se recroquevilla autour de son oreiller sans interrompre son sommeil.
Avec délicatesse, le moine et l'aubergiste refermèrent derrière eux la porte de la chambre et redescendirent dans la pièce principale.

Même s'ils feignaient s'occuper de leurs affaires, les clients de l'auberge jetaient régulièrement des coups d'œil furtifs en direction du moine, semblant s'interroger sur la raison de la présence de deux citadins -dont l'une appartenait probablement à la haute société Melandienne- dans un village aussi reculé que le leur.
Sans leur prêter attention, Ben-j s'installa à une table et commanda une bière.

[Elondara]

La soirée s'écoulait lentement et paisiblement. Ben-j profitait du répit pour se reposer l'esprit, et une bonne nuit dans un lit douillet parachèverait cela. Il avait accepté un repas - des plus copieux, du reste - et sauçait à présent le jus de viande avec du pain rustique mais revigorant.

Nul hôte n'osait lui adresser la parole. Les gens étaient du genre méfiants, sans être réellement craintifs. Simplement, un homme qui débarquait de nulle part avec une jeune femme inconsciente, c'étaient probablement des ennuis en perspective si l'on s'y frottait.

Un cri déchira soudain l'ambiance feutrée de la salle commune, en provenance de l'étage. Un cri inhumain, bestial, qui fit sursauter la plupart des convives.

[Ben-jXX]

Ben-j tressaillit en entendant le cri déchirant qui descendait de l'étage. Il était incapable de déterminer s'il provenait d'un homme ou d'une femme, d'un être humain ou d'une bête, d'un être vivant ou d'un monstre. Sa conviction était faite cependant, et il manifesta celle-ci par un haussement d'épaules de dépit : il était arrivé quelque chose à Elondara. Il avait espéré pouvoir passer une nuit tranquille dans une auberge sans histoire, mais au fond de lui même il savait que de nouvelles embûches viendraient inlassablement se mettre en travers de sa route et qu'aucun répit ne lui sera accordé tant qu'il n'aura pas franchi les hautes murailles de Melandis.

Coupant court à sa réflexion, le moine s'éjecta de son siège et grimpa ventre à terre les escaliers en direction de la chambre de l'enchanteresse, dont il fit sauter la porte d'un puissant coup de pied...

[Elondara]

Hormis la jeune magicienne, la chambre était vide de tout occupant. Elondara était toujours allongée sur son lit, mais elle avait les yeux grands ouverts, et le regard proche de ceux qui sont atteints de folie. Elle fixait le plafond, se débattant avec un adversaire qui n'existait pas, grognant, griffant l'air de ses ongles.

"Aaaaaaarh !" fit-elle en se dégageant de ses couvertures avant de choir au sol et de s'assommer à demi. Elle releva la tête, et regardait Ben-j d'un air effaré.

"Un cau... un cauchemar." Elle retomba dans l'inconscience et sur le plancher de la chambre. Sa rencontre avec le spectre lui avait laissé des séquelles bien plus graves que le moine ne s'imaginait au début...

[Ben-jXX]

Ben-j dégagea les cheveux de l'enchanteresse qui étaient collés sur son front. Ce dernier était brulant. La douleur physique semblait ne faire qu'un avec la douleur morale.
Il souleva délicatement Elondara et la réinstalla dans le lit qu'il borda. Le moine la regarda un instant alors qu'elle semblait s'être rendormie profondément. Il poussa un soupir de compassion : "pas aussi forte qu'on ne cherche à le faire croire hein ?".
Il sortit de la pièce non sans avoir vérifié la solidité de la fenêtre. Décidé à ne pas la laisser filer une nouvelle fois, il se résolu à monter la garde devant la chambre de l'enchanteresse toute la nuit.

Après dix minutes de veille, il se laissa tomber au sol et s'endormit dans le couloir...

[Elondara]

Fort heureusement, le restant de la nuit fut calme, bien qu'inconfortable pour le moine qui se réveilla le lendemain avec les muscles du dos et du coup endoloris. Il entra précautionneusement dans la chambre de l'enchanteresse, qui était éveillée et prête, à la grande surprise de Ben-j.

"Bonjour. Je suppose que c'est vous que je dois remercier de m'avoir tiré de ce mauvais pas ? Votre visage me dit quelque chose, mais j'ai l'impression d'avoir tellement... rêvé, que je pensais que vous en faisiez partie..."

[Ben-jXX]

"Co... Comment ? Vous ne vous rappelez plus ?" Ben-j était abasourdi d'entendre que l'enchanteresse n'avait aucun souvenir des derniers jours passés ensemble malgré les nombreuses épreuves qu'ils avaient dû affronter.
Il daigna lui faire un long récit des évènements, depuis son ascension de la montagne, leur escapade labyrinthique dans les cavernes, les spectres, l'apparition morbide, les cauchemars psychédéliques...
Elondara écoutait attentivement, acquiesçant à l'occasion lorsque certains passages revenaient à sa mémoire, même si tout cela semblait n'avoir été pour elle qu'un rêve éveillé.

Alors qu'elle le regardait toujours, Ben-j marqua une pause puis reprit : "voilà, vous savez tout. Tout ceci semble être derrière nous maintenant, peut-être devrions-nous reprendre notre route ?"

[Elondara]

La magicienne s'était assise sur le lit pendant que le moine lui contait son récit. Elle resta un moment sans répondre. Elle paraissait réfléchir à l'histoire de Ben-j, et à ce que cela impliquait réellement. Elle finit par répondre, un peu étourdie :

"Oui... oui, vous avez raison. Nous serions mieux à Melandis... loin de cette créature. Elle n'est pas morte... pas vraiment. Elle nous poursuit, peut-être en ce moment même. Nous ne sommes pas en sécurité, ici."

Elle se leva, et, contre toute attente, sortit rapidement de la chambre avant de descendre les escaliers vers la salle commune de l'auberge, Ben-j sur ses talons.

"Nous avons passé la nuit ici, le temps presse. Cette chose peut nous surprendre à tout moment, elle n'hésiterait pas à agir devant d'autres personnes. Il nous faut la protection d'autres magiciens. Seule, je suis impuissante."

[Ben-jXX]

Ben-j avait pensé, à tort, que le danger disparaissait à mesure qu'ils quittaient les Montagnes du Nord. Il n'en était rien, Elondara, qui, mieux que quiconque, savait ressentir la présence des démons et autres abominations de ces mondes, le concevait autrement.

L'idée de l'enchanteresse n'était pas mauvaise en soit. Finir le trajet jusqu'à Melandis en présence de compagnons de sureté avait quelque chose de réconfortant...
L'aubergiste, derrière son comptoir, briquait ses verres et faisait semblant de ne pas prêter attention à ses hôtes. Il leva la tête et la hocha en guise de salutation lorsqu'il vit le moine s'approcher de lui.
"Bonjour mon brave. Je tiens tout d'abord à vous remercier pour votre hospitalité. Avant que nous ne quittions les lieux, j'ai une faveur à vous demander : il y a-t-il, parmi vos concitoyens, quelques éléments versés dans les arcanes magiques qui daigneraient nous escorter jusqu'à Melandis ? Moyennant finance biens sûr ! Ne vous inquiétez pas, nous ne prévoyons aucun danger particulier, il s'agit juste d'une mesure de précaution..."

[Elondara]

L'aubergiste leva doucement la main, signifiant que son aide n'était rien ; c'était à tout le moins ce qu'il pouvait faire pour aider deux voyageurs égarés dans les Montagnes du Nord. En revanche, il prit un air désolé en répondant :

"Malheureusement, des magiciens, on n'en a point, par ici. Le dernier que nous ayons vu dans les parages nous a causé quelques soucis, d'ailleurs... c'était il y a plusieurs années."

[Ben-jXX]

Ha... Heu... Très bien." Répondit, déconcerté, Ben-j.
Il tourna la tête par dessus son épaule pour apercevoir Elondara qui, assise sur une chaise de l'auberge, les mains croisées, le regardait, souriante et optimiste.

Le moine se tourna de nouveau vers l'aubergiste, lui fit signe d'approcher la tête et se mit à lui chuchoter à l'oreille, comme si la discussion qui venait avait quelque chose de confidentiel : "Et sinon, quelques guerriers ou miliciens du village, du genre un peu bourrins, vous pourriez me trouver ça ? La paie reste la même bien entendu..."

[Elondara]

L'homme réfléchit quelques secondes.

"Ma foi... oui, vous devriez trouver ce genre d'hommes, ici. Des guerriers, non, mais des hommes solides, ça oui. De là à dire qu'ils vous accompagneront jusqu'à Melandis ! C'est à plus d'une semaine d'ici, en forçant la marche, tout de même... enfin, je pense que vous devriez essayer d'aller voir à la ferme des Kopekin. Ils ont quelques ouvriers costauds."

Il sourit au moine, espérant avoir pu l'aider.

[Ben-jXX]

Le moine ne s'était pas vraiment posé la question de savoir où se trouvait ce petit village sur la carte de Dorrandin. Il ne pensait cependant pas que sept jours de marche les séparaient de Melandis !
Sans défaillir, le moine retourna vers l'enchanteresse et lui expliqua la situation, qu'elle accueillit avec un "Ho..." de contrariété.

Après s'être fait expliquer l'emplacement de la ferme Kopekin par l'aubergiste, le moine et l'enchanteresse saluèrent leur hôte et prirent la direction indiquée par ce dernier. La route principale du village était déserte. Vraisemblablement tous les pèquenauds du coin étaient déjà à l'ouvrage.

Ils arrivèrent aux pieds d'une modeste bâtisse de chaume et de paille, située un peu en retrait de la ville. Ben-j aperçut de l'activité dans le champ et dans l'étable situés dans l'arrière cour. Il distingua rapidement un petit nombre hommes qui s'affairaient à leurs activités champêtres : blonds, effectivement costauds (il faisaient bien le double de la carrure du moine) et possédant le geste gauche de ceux qui avaient passé leur jeunesse à labourer les champs.

"Bonjour !?" fit-il à l'assemblée. Tous se retournèrent en direction de la voix. Ils semblaient à la fois apeurés et fascinés par cette apparition qui venait trancher avec leur quotidien. "Parfait, pensa le moine, voila des idiots qui seront bien contents de quitter la ferme de papa et d'aller jouer les aventuriers jusqu'à la ville. Une épée rouillée pour chacun fera l'affaire. Espérons pour eux que nous n'ayons pas à nous battre, je ne donnerais pas cher de leur carcasse. Bah, tant qu'ils permettent à Elondara et moi d'en réchapper..."

[Elondara]

La magicienne s'aperçut rapidement de la tenue des pensées de Ben-j : un certain dédain amusé, qu'elle désapprouva en le fusillant du regard. Mais le moine ne semblait guère lui accorder la moindre attention. Il préparait son petit discours qui pourrait convaincre ces solides fermiers de bien vouloir les accompagner pour un périple aussi long et éloigné de leur village.

"On peut vous aider ?" demanda l'homme le plus proche du couple. Leur curiosité était certes attisée. Des étrangers, c'était plutôt rare, dans le coin, surtout équipés comme ils l'étaient tous deux. Des voyageurs, des marchands itinérants... mais des aventuriers, c'était exceptionnel.

[Ben-jXX]

"Bonjour messieurs !" Lança le moine à la cantonade, à mesure que l'ensemble de son auditoire se rapprochait de lui. "Je me présente, je m'appelle Ben-j, moine au monastère de Melandis. Et voici Elondara, patricienne melandienne et enchanteresse de son état. A la suite de diverses pérégrinations dans les montagnes, nous nous sommes retrouvés dans votre village, et nous souhaiterions rejoindre la ville. Pour ce faire, nous aurions besoin d'une escorte pour assurer notre trajet. Voila pourquoi je suis à la recherche de grands gaillards comme vous. N'ayez crainte ! Nous ne prévoyons aucun danger particulier sur le trajet, c'est juste que... Nous sommes un peu fatigués et qu'un simple grouilleux pourrait s'avérer être un problème, voila tout ! Bien entendu, nous vous paierons grassement et vous pourrez profiter de votre présence en ville pour faire des achats pour la ferme. Melandis ce n'est pas la porte à côté mais je suis sûr qu'en cette période de l'année, votre présence à tous à la ferme n'est pas indispensable. Alors ? Qui est partant ?" s'exclama Ben-j de son plus beau sourire de vendeur itinérant.

[Elondara]

Ils étaient cinq en tout. Tous étaient plus musclés et grands que Ben-j, mais leur vie passée aux travaux de ferme ne les avaient jamais préparé à se battre, ne serait-ce même qu'y penser. Le village était calme, et même les bagarres de taverne ne le touchaient que très rarement. Ils étaient donc dubitatifs face à l'idée de combattre, même si c'était du domaine de l'improbable.

"Hum... c'est qu'on sait pas trop manier d'armes, vous savez, m'dame, m'sire. Nous, c'est plutôt la faux, la charrue, la fourche..."

[Ben-jXX]

"Et alors ? Reprit immédiatement Ben-j en essayant d'être le plus convaincant possible. En Kara-Tur, où j'ai passé de nombreuses années, la possession d'armes n'est autorisé qu'aux nobles, aux moines et à l'armée. Du coup, comment font les paysans pour se protéger contre les attaques récurrentes des pillards et des seigneurs ennemis ? Comme vous, ils utilisent faux, râteaux et tout ce qui leur passe sous la main. Voici vos armes ! Vous ne maîtrisez pas l'épée mais vous êtes experts dans le maniement des outils ! Si cela ne vous suffit pas et que vous doutez encore de vos capacités, je serais heureux de vous apprendre quelques rudiments martiaux.
De toute façon, gardez à l'esprit qu'il est peu probable que nous ayons à nous battre. Si nous sommes suffisamment nombreux, notre présence aura un effet dissuasif." Le moine était satisfait de son argumentaire. Si en plus il pouvait faire des économies sur l'équipement de ces jeunes gens...