[Quête] La colline a des dents

[Zyl]

Sheaxie crispa ses mains sur son gourdin, sans cesser de courir. Mauvais augure, ces toiles d'araignée. Son cœur battait la chamade à en exploser. Elle contrôlait encore sa tête -pour l'instant-, mais la panique ne se faisait pas oublier, confortablement nichée dans un coin de son cerveau, étendant avec flegme ses tentacules, les retirant doucement à chaque fois que Sheaxie se forçait à se reprendre, mais ne disparaissant jamais complètement.
Sheaxie s'arrêta devant les toiles, déjà haletante, reprit son souffle quelques secondes et leva son gourdin, prête à les disperser, mais se figea nette et se mit à réfléchir. Étaient-elles fraîches ? Si oui, prendre ce chemin relèverait sûrement plus du suicide que du salut. Ce n'était indéniablement pas une araignée de jardin qui avait pu tisser ces choses.

[Althéa]

Le calme dans la caverne. Chacun avait repris ses activités. Du moins, si tanner des peaux de toute évidence humaines, tailler quelques tibias et fourbir les armes étaient ce qu'on pouvait appeler un passe-temps. Visiblement, ils se préparaient à la chasse. Si quelqu'un avait remarqué la présence d'Eliaëdel, il n'avait rien laissé paraître.

Au même moment, Sheaxie, s'avançant avec précaution vers les toiles se rendit non seulement compte qu'elles étaient encore fraîches mais qu'un infortuné était prisonnier au centre de l'une d'elle. A première vue, il était encore vivant, même si dans un état assez pitoyable. Le contact avec la toile lui avait rongé les chairs des bras et du torse, laissant ça et là des stries violacées. Il lança à la semi-drow un regard suppliant ...

[Zyl]

Sheaxie s'immobilisa, et jeta à l'homme un regard tout sauf compatissant.
"Tu peux causer ? Nan, je vais répéter : qu'est-ce-que tu fiches ici ? Poursuivi par les cannibales ? Depuis combien de temps t'es là ? Et réponds, sinon... Hm, sinon rien, et rien c'est vraiment le pire qui puisse t'arriver, t'es vraiment pas en position de force. Je te libèrerai dès que je serai sûre que tu ne fais pas partie de ces monstres..."
Elle avait levé son gourdin, avec plus dans l'idée d'effrayer l'homme que de réellement lui écraser le crâne. Si les cannibales s'étaient lancés à sa poursuite, le fait de trouver celui-ci sur leur passage les distrairait sûrement, et il n'avait pas l'air de pouvoir s'échapper de lui-même de toute manière. Vivant, il durerait plus longtemps.

[Eliaëdel]

Calme. Ses déplacements dans la cage en mouvements lents et fluides; de telle sorte à ce qu'il ne déparent pas des bruits de vie dans cette caverne. Un regard vers le passage qui avait vu disparaitre la demie orque. Un petit puis de ténèbres de l'endroit où elle contemplait ce qu'on voulait leur faire gober comme étant la sortie de ce trou à rats. Sous peu grouillant de grosses brutes hirsutes. Des mots se sont dessinés sur ses lèvres muettes. Avec un début de sourire acide.
Un regard aux alentours de sa cage pour lui confirmer que ses possessions étaient hors de portée ne fit qu'accentuer son rictus. Sa dernière carte pour déverouiller sa cage devrait attendre la libération d'Hanner et l'animation qui en résulterait.

Elle s'étira lentement, faisant jouer ses muscles endoloris par les jours de marche et leur capture.
Les séquelles de ses blessures s'estompaient progressivement. Même si elle ne retrouverait jamais entièrement ses capacités, tant qu'elle s'obtinait avec toute la mauvaise volonté possible à ne pas mourir, il n'y avait pas encore lieu de désespérer. La seule chose qui semblait la perturber véritablement dans la situation actuelle était le délai que cela lui imposait. Le temps lui était compté si elle voulait se débarasser du parasite qui croîssait en elle dans des conditions acceptables. Même si, finalement, elle n'hésiterait pas à tout tenter pour parvenir à le faire. Quitte à suprêmement déplaire à Shar dans ce dessein. Sa soumission n'était pas véritablement... négociable. Et payer le prix de cette liberté n'était pas des choses qui l'effrayaient; céder à la simplicité n'était pas une faiblesse qu'elle tolérait.

[Althéa]

Une vielle, assise dans un coin de la caverne à moitié endormie ne remarqua pas le passage d'Eliaëdel. Elle se grattait nonchalamment le derrière en baillant au petit bonheur. Elle espérait que les hommes reviennent une fois de plus victorieux de la chasse. Elle commençait à avoir faim. Riche de cette perspective, elle commença à aiguiser son unique dent.

De son coté, Sheaxie vit le visage de l'homme se décomposer. Puis il se mit à pousser des hurlements aigus de détresse.

"S'il te plaît, emmène-moi avec toi. Je te dirai comment fuir. Il y a un piège, pas loin. Tu vas tomber dedans, c'est sûr."

[Zyl]

«Hmmm, ouais. Tu sais quoi ? Je vais te libérer, et si tu me trahis, je t'éclate le crâne. Tu passes devant dans le couloir, mais si tu commences à courir, je te lance mon couteau dans le dos, compris ? Je veux bien te faire confiance, mais n'en abuses pas.»
Sa panique avait l'air sincère, mais on ne savait jamais. En cet instant, Sheaxie espérait très fort lui faire plus peur que les cannibales ne lui faisaient peur, et avait fait de son mieux pour cela. Elle hésitait à lui briser un genou afin d'être certaine qu'il ne puisse pas la dépasser si les cannibales revenaient les courser, mais décida qu'elle l'inciterait ainsi à la trahir. Non, il valait mieux qu'il la croit potentiellement juste. S'il pensait réellement qu'elle allait accepter de le sauver, il serait plus efficace en tant que compagnon de misère. Seulement, elle n'était toujours pas certaine de ses intentions, même s'il était peu probable qu'il soit allé s'emberlificoter dans une toile semblable tout seul.
Sheaxie trancha du couteau la soie gluante des toiles.

«Où sont les araignées ? Tu les as vues ? Faudrait pas aller dans leur direction...»

[Eliaëdel]

Une sourde mélopée a résonné dans la caverne. Inutile d'attirer l'attention de plus de monde de plus de monde que la vieille folle près de la marmite. Surtout pour ce qu'elle voulait faire, et surtout pour une dernière carte avant une sortie peu discrète. La cuisinière a semblé écouter, méfiante et sur le qui vive dans un premier temps, avant que les épaules ne s'affaissent légèrement dans un second temps. La mélodie lui rendait ses simples pensées brumeuses, comme incapable de résister aux injonctions.

"Quel est l'intérêt de maintenir verouillée une cage manifestement vide? Alors que de nouvelles proies peuvent arriver à tout moment?"

Suggestion prudente. Logique, et apparemment raisonnée. Nécessaire, sous peine de briser la suggestion.

[Althéa]

La vieille édentée hocha la tête. Elle ne savait pas d'où provenait la voix, mais ce n'était pas important. Ils en entendaient tous, dans sa famille. Surtout depuis que le dieu de la chasse avait emménagé dans le secteur. Il leur demandait des sacrifices, et ils lui en fournissaient. En échange de quoi, la tribu prospérait.

Elle alla en boitillant jusqu'à la cage vide et l'ouvrit, puis retourna tranquillement près du feu et s'endormit aussitôt.

[Eliaëdel]

Un fin sourire, légèrement pincé, a déformé son visage. Suffisamment de temps avait été perdu de la sorte. Elle s'est relevée dans un bruit, avant de se glisser hors de la prison rustique, désormais ouverte. Il fallait procéder vite avant que cette jolie potiche d'Hanna ne se fasse égorger, pas tellement pour une conscience professionnelle et un sens d'honneur au mieux très dévoyé, mais si la réussite de cette mission pouvait lui donner le temps de respirer et d'anticiper la dague qui s'approchait cachée dans son dos, c'était à prendre.
Ses affaires gisaient sur le sol, mais s'attarder ici outre mesure manquait de sureté. La vieille toupie pouvait se réveiller n'importe quand. Elle récupéra son épée, et avec une lucidité qui lui était rare, sa bourse et un petit sac contenant le strict nécessaire en cas de blessure. Si elles s'en sortaient, se retrouver dehors, blessées, et sans argent, à proximité de Mélandis, risquait de leur attirer quelques problèmes. Deux femmes voyageant seules sans arguments de défense ne manqueraient pas de susciter quelques idées... déplacées.
Ceci fait, elle s'est glissée dans les tunnels, dans la direction prise par Sheaxie puis Hanna. L'idée de planter la lame dans la caboche de cette vieille horreur lui aurait sans doute beaucoup plu. Mais rester hors de vue tant que le sortilège durait était plus précieux. Le massacre viendrait peut être. Plus tard.

[Althéa]

Eliaëdel s'enfonça donc dans le défilé. Le chemin était jalonné d'os et d'autres débris humains, certains plus récents que d'autres. Des traces de sang récentes, une piste. La semi-elfe n'avait d'autre choix que de continuer à avancer. Au loin, elle ne tarda pas à entendre des cris de détresse. Sûrement Gahé ou Hanna aux prises avec les chasseurs.

Devant elle, la piste se divisa soudain. A gauche, une sorte de champ, à droite le défilé continuait.