[Bâtiment] Le Temple de Helm

[Mornagest]

Le mage haussa les sourcils.

"Malheureusement, au vu de la situation, nous ne risquons pas de le trouver ici, au beau milieu des gens. C'est un haut placé du temple, qui doit probablement être dans sa chambre... voire même en train de discuter avec les responsables politiques de Manost."

Il fit grise mine. La tâche ne serait peut-être pas aussi aisée que prévu, finalement.

[Umbre]

"Mmh, que fais ton alors?" La journée était trop belle en tout cas, Helm mort et tué par son ami, les Helmites et les Tyriens allaient s'entretuer dans pas longtemps... Ce qui allait créer un chaos non négligeable dans la cité... D'un côté cela servait leurs objectifs, les soupçons se porteraient sur des Tyriens vengeurs... Mais d'un autre, les dirigeants Helmites se cachaient, ce qui rendait la tâche plus difficile...

[Mornagest]

Il réfléchit, quelque peu pris de court. La situation était tout à fait inattendue, et leurs plans risquaient d'être contrecarrés par le destin. Mauvais pour les affaires, tout cela...

"Essayons au moins de savoir où il devrait se trouver en temps normal. Nous pourrons toujours envisager une incursion nocturne."

Alors qu'Umbre allait répondre, une vague dans l'assistance le poussa quelque peu de côté, et, avant de pouvoir retrouver le magicien, il se rendit compte qu'il était perdu au milieu de la foule.

[Umbre]

Umbre se sentit pousser et il ne pu résister sous la puissance du mouvement de foule. Son agacement devient palpable, ces bon à rien de Manostien n'avaient qu'à tous se suicider pour rejoindre leur stupide dieu mort. Il hésita à briser la malléole du premier qui passait, mais il réussi à se retenir. Le plus simple était de regarder autour de lui, s'il pouvait l'apercevoir il jeterai un sort de message afin de communiquer facilement avec eux, mais restait le plus dur... les trouver.
Si cela prenait trop de temps il rentrerait à l'auberge.

[Mornagest]

La foule ne semblait guère favorable à l'exécution des plans d'Umbre. Sans organisation quelconque, les gens allaient et venaient dans tous les sens, et le moine pouvait tout aussi bien se rapprocher de ses camarades que s'en trouver à plusieurs mètres sans le savoir.

Curieusement, la plupart des gens présents autour de lui s'arrêtèrent de se déplacer, pour laisser la place à un petit groupe de personnes qu'Umbre n'avait pas vues auparavant. Des gardes, apparemment, qui entouraient quelqu'un d'important, mais qu'il ne parvenait pas à voir de là où il se trouvait. Probablement un prêtre... ou un prélat ?

[Umbre]

Et si c'était lui? Pas sur mais probable, la tentation était grande mais les ordres étaient les ordres. De plus assassiner le prêtre maintenant ne ferait que renforcer la protection des autres cibles, mieux valait attendre la nuit. Il grava le visage de l'homme dans sa mémoire puis repartit en quête de ses compagnons. Si le mage avait été là il aurait pu confirmer la cible et infirmer son ordre... si... avec des si...



hrp: malgré la tentation mon perso est loyal et je dois dire que je m'en mord presque les doigts pour le coup

[Mornagest]

Fugitivement, le moine parvint à distinguer le visage de l'homme important. Rougeaud, il avait les traits rudes et fatigués par les années, mais conservait une vivacité essentiellement perceptible à son regard, deux yeux bleus qui paraissaient tout voir autour de lui.

L'homme mesurait plus de six pieds, et avait les cheveux blancs coupés courts. Impeccablement rasé, son menton volontaire était facilement reconnaissable. Il portait une large tunique qui laissait seulement supposer qu'il était athlétique, ou du moins qu'il l'avait été plus tôt dans sa vie.

Le groupe s'enfonça plus avant dans le temple, et Umbre le perdit rapidement de vue. Il se décida à s'éloigner de la foule, et sortit enfin à l'air libre, pour retrouver rapidement ses camarades. La moitié était déjà présente, n'ayant pu relever davantage d'indices. Le magicien était également là.

Quelques minutes plus tard, la troupe était au complet et tenait un conciliabule à quelques rues du temple d'Helm.

"Qu'avez-vous appris ? Excepté la mort d'Helm, bien sûr. Cela ne va pas arranger nos affaires : je pense qu'une partie importante de nos futures cibles sont des religieux, et ils sont probablement à couteaux tirés entre les différents cultes, à se battre pour la succession. Il faudra redoubler de prudence, et ne provoquer aucun scandale.
- Les assassinats en public ont leur charme...
- Mais nous n'avons pas le loisir de nous le permettre. Si la panique gagne la cité, ils pourraient établir une loi martiale.
- Apparemment, les incidents entre cultes ont plus ou moins commencé, mais je n'en sais pas plus.
- En tout cas, les prêtres des autres divinités sont débordés. On peut peut-être en tirer profit ?"

[Umbre]

"Le climat est à l'assassinat, le sang va pleuvoir des ombres" marmonna t-il.
En effet, les assassins recherché en priorité serai ceux présent depuis plus longtemps en ville et ceux qui arriverait prochainement maintenant que la nouvelle était publique. Ils étaient arrivé pile au bon moment, quand la situation était encore trop flou pour penser à une guerre de religion car la coïncidence était... inattendu. De plus leur couverture était solide, mais bon, il ne faut jamais vendre la peau du dragon avant de l'avoir tué comme disait son vieux maitre...
Il était partagé entre l'envie d'action et la sagesse mère de sureté.
L'ambiance de plus en plus chaotique de la ville lui faisait penssé que Shar n'était peut être pas étrangère à tout cela...

[Chandara]

La petite marche depuis le Loyal Paladin avait fait le plus grand à la paladine, lui permettant d'évacuer les signes les plus évidents de ses excès de la veille et surtout lui remettant les idées en place. Elle préférait ne retourner au siège de l'Ordre qu'en dernier recours ou si la piste d'Eroeh l'y menait mais elle en doutait. Non, sa première étape serait le temple dédié à Helm. Après le refus qu'il avait essuyé chez les paladins, nul doute que l'élu divin aurait tenté sa chance auprès des prêtres plus dévoués à Helm. Non sans appréhension, Chandara dirigea donc ses pas vers le bâtiment où elle n'avait encore jamais mis les pieds.

[Lothringen]

Un peu esseulé au milieu de la place immense et déserte, le temple faisait grise mine. Les pèlerins s'étaient éparpillés comme par magie, les grandes portes de cuivre demeuraient closes, et les rares attroupements concernaient plutôt le petit temple d'Ilmater tout proche. Chandara se demanda quelques temps comment accéder à l'intérieur du temple. Il y avait bien des portes latérales, mais elles étaient elles aussi closes de l'intérieur. On ne pouvait visiblement plus accéder au sanctuaire que depuis les quartiers des prêtres, qui occupaient un grand bâtiment allongé attenant. Devant l'entrée de ceux-ci, une paire de novices se chamaillait.

"Alors comme ça Catelyn est partie ? Pff... Quelle honte."
"Facile à dire. Si nous n'avions pas prononcé nos voeux il y a deux mois, on en aurait sans doute fait autant", remarqua le jeune prêtre, d'un air blasé.
"Parle pour toi. Et elle est allée où , la garce ? Je suis sûre qu'on doit lui trouver un emploi chez Sunie."
"On dit qu'elle aurait rejoint les tyrites..."
"Comme ça la trahison est parfaite... Heps ! euh, désolée mademoiselle, mais les quartiers des prêtres ne sont pas ouverts au public. Si vous souhaitez des soins, tournez-vous vers la concurrence", acheva la jeune femme avec une certain aigreur. On sentait que ce n'était pas la première fois qu'elle devait réorienter les malades...

[Chandara]

La déliquescence du temple, si elle n'avait pas particulièrement surpris la paladine, n'en était pas moins décevante. Pleine du dépit de constater que l'on n'avait pas traîné à fermer le temple, Chandara sentit un élan de colère et de frustration balayer sa résolution de sérénité. Les novices n'y étaient pour rien, ayant vu leurs espoirs déçus, bien plus que les siens. Mais la paladine répliqua néanmoins d'un ton sévère et le plus autoritaire qu'elle se connaissait :

- Je suis paladine de Helm. Trouveriez-vous que j'aie besoin de soins ? Je dois voir vos supérieurs.

[Lothringen]

La jeune novice s'éclipsa pour réapparaître quelques instants plus tard en compagnie d'un prêtre du temple manifestement arraché à quelque tâche qui le préoccupait, car il semblait regarder la visite comme un fâcheux contretemps. Il s'amadoua un peu quand il se rappela que la jeune femme était paladine.

"Hé bien, que se passe-t-il, ici ? Mademoiselle, vous souhaitiez rencontrer un prêtre, me voici."

[Chandara]

La colère retombée, la paladine se sentit soudain démunie et gênée d’avoir dérangé le prêtre. Mais elle fit un effort sur elle-même pour répondre à la question d’un ton calme. Sa mission était trop importante à titre personnel pour qu’elle se laisse gagnée par sa timidité naturelle.

- Bonjour, je m’appelle Chandara. Je recherche un homme avec qui j’ai récemment voyagé. J’ai des raisons de croire qu’il est passé ici. Il se nomme Eroeh.

Ne sachant pas ce que le prêtre, ou les acolytes, savaient de l’élu divin, la paladine préférait jouer de prudence.

[Lothringen]

Le prêtre fronça les sourcils, manifestant aussitôt une défiance soupçonneuse.

"Eroeh ? Et vous faisiez partie de l'expédition, dites-vous ? Pourquoi le cherchez-vous ? Il me semble qu'il n'y avait plus grand monde autour de lui, quand il est arrivé. Mais j'y pense, vous êtes paladine... Est-ce le Coeur Radieux qui vous envoie ?"

Insensiblement, le prêtre s'était redressé, faisant signe aux novices de passer derrière lui. Il semblait s'attendre à ce que la jeune femme veuille forcer le passage s'il lui faisait plus de difficultés, et il paraissait prêt dans ce cas à lui faire barrage de son corps. Les novices devaient être arrivés à la même conclusion, car ils tripotaient nerveusement le manche de leurs armes.

[Chandara]

Chandara percevait la tension manifeste que sa question avait soulevé. Manifestement, elle était victime d'un malentendu. Mais l'attitude même du prêtre lui confirma qu'Eroeh était passé par ici. Elle était quelque peu déstabilisée qu'on la perçoive comme une menace mais elle souhaitait obtenir des réponses. Elle choisit une approche plus directe, espérant que l'honnêteté paierait davantage :
- Non, je n'appartiens plus au Cœur Radieux. A vrai dire c'est un peu pour cela que je le recherche. Je l'ai quitté un peu précipitamment hier et je souhaitais m'en excuser auprès de lui. Et lui apporter mon aide s'il en a besoin. Savez-vous où je pourrais le trouver ou lui transmettre le message peut être ?

[Lothringen]

Le prêtre réfléchit quelques instants, puis envoya de nouveau l'un des novices faire la commission à on ne savait qui dans les quartiers des prêtres. Quand ce dernier revint pour lui murmurer on ne savait quoi dans l'oreille, son attitude devint tout de suite moins hostile.

"Eroeh loge désormais au temple, comme il convient à un grand prêtre. Il consent à vous recevoir. Excusez ma défiance de tantôt, mais les circonstances nous contraignent à la plus grande prudence. Un de nos plus importants responsables s'est fait assassiner récemment, et nous avons tout lieu de craindre d'autres attentats, surtout quand la nouvelle de son arrivée en ville commencera à se répandre, ce qui ne va pas tarder. Il faut croire que notre ruine n'est pas encore assez rapide, aux yeux de certains", conclut-il sur un pâle sourire. "Mais suivez-moi".

Laissant les deux novices à leur faction aux portes, il entraîna Chandara à l'intérieur du bâtiment. Des couloirs, des cellules de prêtres austères... Certaines chambres étaient vides de tout occupant, les draps défaits, mais la paladine fut presque surprise qu'il n'y en ait pas davantage. Les prêtres de Helm semblaient avoir globalement plus de difficulté à envisager la reconversion que les guerriers saints.

[Chandara]

La méfiance des prêtres de son dieu faisait peine à voir mais Chandara en comprenait parfaitement les raisons. Elle avait été choquée d'assister aux émeutes en ville et plus encore en constatant l'attitude des paladins de son ordre. Elle n'avait pas de doute sur sa conviction mais là encore, leur attitude pouvait se comprendre. Cela ne rendait pas la situation moins triste. Plutôt que de s'attarder sur cette désolation, elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait bien dire à Eroeh. Elle était soulagée que le temple lui ait fait bon accueil et reconnaisse sa prétention. Cela consolidait en quelque sorte son propre choix. Malgré tout, cela renforçait son sentiment de culpabilité pour l'avoir lâchement abandonné sur la place la veille. Elle se demandait si son retour ne serait pas perçu comme de l'inconstance ou même de l'opportunisme.

[Eroeh]

Après tout le temps qu'il avait passé pétrifié, Eroeh avait connu un retour difficile parmi les vivants. Alors qu'il ne demandait pas mieux que de demeurer auprès de son vieil ami l'elfe Alduriel, à l'écart d'un monde où il n'avait pas grandi et qu'il craignait, une expédition était venue le trouver,lui confirmant ce que lui soufflait son cœur : Helm l'avait choisi pour grand-prêtre, et Manost réclamait sa présence. A contrecoeur, l'Elu divin avait accepté de rentrer avec les aventuriers ; il avait alors voyagé en compagnie de tonneaux de vinasse, pour finir par apprendre dès son arrivée en ville que Helm était mort et qu'ils avaient fait tout cela pour rien. Puis ils l'avaient tous abandonné comme une chaussette sale, et en un temps record, helmites compris. Le Haut Prélat du cœur Radieux, autrefois chef des paladins de Helm, l'avait même chassé du siège de l'Ordre...

Alors Eroeh s'était rendu discrètement, mais le plus vite qu'il pouvait, au temple de Helm. Il s'était fait reconnaître, grâce à Mical et à ses sorts divins.Et pour la première fois, on l'avait écouté... Il avait vu la fierté se rallumer dans les regards désespérés des prêtres,tandis qu'il parlait. Ils avaient été nombreux à ne pouvoir envisager d'embrasser une autre foi, si proche fut-elle du culte du Gardien, et Eroeh leur disait exactement ce qu'ils voulaient entendre. Mieux : il leur disait parler au nom de leur dieu mort... En l'absence du Grand Emissaire, il était le chef spirituel qui leur manquait.
Depuis que Chandara l'avait quitté, la veille, Eroeh avait donc retrouvé un rang, un statut, et une suite. Les prêtres du culte avaient été ravis d'étouffer leurs sempiternelles dissensions internes pour s'en remettre à ce messie étranger à leurs querelles, et dont la foi était insoupçonnable.
C'est ce qui lui sauta aux yeux quand elle parvint en présence du grand-prêtre ; vêtu de neuf, entouré de dignitaires du temple, il ne ressemblait guère au fuyard de la veille. Et les helmites autour de lui n'avaient plus l'air abattu, mais discutaient avec chaleur de la situation politique et des décisions à prendre. La conversation s'interrompit lors de l'entrée de la paladine. Eroeh la salua gravement, tandis que le prêtre qui l'avait introduite la présentait à ses collègues.

[Chandara]

La paladine ne s’était pas attendue à une telle transformation. Mais elle devait bien ignorer ne pas avoir anticipé grand-chose en se rendant au temple. Son mouvement avait été guidé par son instinct, d’aucuns parleraient du destin. L’Eroeh qu’elle avait accompagnée jusqu’à Manost et jusqu’au temple avait disparu. Non, il s’était révélé : il avait quitté sa chrysalide pour incarner la volonté de son dieu. Ce n’étaient pas seulement les vêtements et les soins attentionnés des prêtres. Il y avait quelque chose d’autre : un charisme, une présence qui incitait les autres à l’écouter, à le suivre, à le respecter. Sa seule présence suffisait à inspirer un espoir, une fierté à l’ensemble de l’assemblée.

Chandara, loin de se sentir accablée par la honte, sentit son cœur se remettre à battre comme si son sang lui-même se réveillait après avoir été figé par les événements récents. Elle s’approcha sans pour autant déroger au protocole, s’agenouilla gracieusement et répondit au salut d’Eroeh du même ton grave :

- Votre éminence, j’étais dans l’erreur : j’ai fait preuve de peu de vigilance pour contrôler mes émotions et je sollicite votre pardon. Si vous jugez que mon épée est encore digne de vous suivre, je la mets à votre service. Il m’est impossible de renoncer à ma foi et je la trouve ravivée en ces lieux. Peut-être me permettrez-vous de demeurer en ce temple ?

[Eroeh]

Si Eroeh conservait quelque rancune à Chandara pour la façon dont elle avait pris congé la veille, il n'en laissa rien voir et ne parut pas s'offenser de sa requête. C'était comme si sa propre personne ne comptait plus face aux impératifs de sa charge.

« La plupart des paladins helmites qui ne souhaitaient pas se convertir ont rejoint l'armée manostienne, cependant nous vous accueillerions volontiers au temple : ce ne sont pas les chambres disponibles qui manquent, et nous avons besoin de combattants pour assurer notre sécurité... Mais vous devez prendre conscience de la situation, Chandara : par son comportement hier, Guiguemar d'Aulfray et le Cœur Radieux avec lui se sont déclarés hostiles envers leurs anciens coreligionnaires... Bien que nous ne le souhaitions pas, les choses pourraient dégénérer. »

[Chandara]

Le soulagement d'être enfin acceptée quelque part le disputait à l'angoisse de devoir se retourner contre ses anciens camarades mais Chandara avait l'intuition d'avoir fait le meilleur choix, celui qui lui correspondait le plus. Pourtant, l'ambiance n'était pas à l'euphorie et la paladine mesurait toute la gravité de la tâche qui l'attendait.

- Je vous remercie de la confiance que vous m'accordez à nouveau. Je comprends les implications de mon engagement mais je suis certaine d'voir fait le choix le plus juste. Je suis maintenant à vos ordres.

[Althéa]

Il y avait du monde de le temple, en grande majorité des femmes et quelques enfants. Les genoux à terre, tournés vers la statue du vigilant, ils se tenaient en prière. Une centaine de bougies allumées éclairaient la vaste salle d'une douce lumière. Les suppliants se tournèrent vers les deux hommes. Rodéric s'avança lentement, avec solennité. Il s'entretint à voix basse avec quelques personnes. Rodolpho l'entendit prononcer quelques "espoir" et "courage". L'air soucieux, il ne souriait plus.

Il revint vers Rodolpho au bout de quelques instants. "Espérons que les dieux leur ramènent ceux qu'il aime.", glissa-t-il avant de reprendre son chemin vers les couloirs du temple. Il tourna plusieurs fois sans se perdre, comme s'il connaissait les lieux, arriva devant une porte.

"Nous aimerions nous entretenir avec Fergus De Voragine, s'il vous plaît.", dit-il simplement.

[Garfield]

La scène que Rodolpho et Rodéric rencontrèrent à l'entrée du temple mettaient en perspective les paroles de Sambre. La présence de fanatiques au milieu de ces populations en peine semblait difficile à imaginer. Et pourtant, n'était-ce pas parmi ces mêmes gens que l'on trouvait les esprits les plus malléables ? Alors qu'ils arrivèrent devant la porte, Rodolpho laisse faire Rodéric, et quand l'intermédiaire fut parti, il se tourna vers son compagnon pour lui demander à voix basse:

Qui est ce Fergus ?

[Althéa]

Rodéric eut un léger sourire.

"Vous n'avez pas compris que Fergus est un prêtre de Helm ? Il n'est pas le plus haut de la maison, mais les autres sont partis à la guerre. Il tient boutique ..."

Un clin d'oeil et il retrouva une expression concentrée.

"Ce que peu de gens savent est que Fergus est ou plutôt était un des soupirants de Sambre. Bien sûr, c'était avant la mort de Helm et tout ce qui s'en suivit."

La porte s'ouvrit. Rodolpho eut alors l'étrange impression de voir double.

"Ah oui, j'ai aussi omis de vous dire que Fergus est mon frère jumeau."

Le jumeau en question croisa les bras dans une expression butée.

"Quel mauvais vent vous emmène ?"

[Garfield]

Décidément, le clergé manostien était plein de surprise. Tout ces relations entre diverses église paraissaient presque... incestueuse au yeux du barde. Évidemment, il semblait logique de conduire que Sambre avait éconduit Fergus, et l'accueil de se dernier semblait prouver l'absence de toute camaraderie fraternelle entre les deux jumeaux. Bref, ça n'allait pas être de la tarte aux myrtilles. Rodolpho hésita un instant sur la conduite à tenir: courbettes ou affrontement ? Décidant qu'il avait été assez arrangeant pour la journée lors de son passage chez les tyrites, il opta pour la seconde solution.

Le même vent qui menace de détruire la chapelle de Tyr à deux pas d'ici, sans pourtant faire bouger un cheveu de votre tête. Mais laissons les considérations météorologiques aux Talosiens; nous sommes ici pour essayer de restaurer un semblant de calme dans la cité. Rodolpho mettait en oeuvre toute ses qualités d'acteur n'ayant jamais vu une scène pour paraître crédible. Serait-il possible de poursuivre cette discussion ailleurs que sur un pas de porte ?

[Althéa]

"Est-il arrivé quelque chose à Sambre ?", demanda-t-il sans bouger du pas de sa porte.

Rodéric secoua la tête.

"Et si tu nous laissais entrer. Tu sais, je pense qu'il faut que nous parlions ..."

Fergus hocha la tête et s'effaça pour les laisser entrer. Un petit bureau dont la sobriété n'avait rien à envier à celui de Sambre. Un bureau, une chaise, aucun livres, aucune étagère. Les visiteurs devaient se tenir debout.

"J'ai oublié à quel point tu avais le goût pour le confort.", murmura Rodéric avec un petit sourire.

Son jumeau éluda la boutade d'un geste de la main.

"Racontez-moi donc de quoi il retourne."

[Garfield]

La première pensée de l'Hemite fut pour Sambre... C'était suffisamment intéressant pour que Rodolpho s'en rappelle. Ce qui était moins encourageant, c'est que le prêtre semblait dans la plus totale ignorance de ce que faisait ses fidèles à deux pas de chez lui.

Vous n'avez peut-être pas entendu la clameur qui envahit la place. Les fidèles de Helm, vos fidèles, assiègent depuis ce matin la chapelle de Tyr. Nous avons réussi à stopper le caillassage, mais ils ont l'air bien décidé à se débarrasser d'une église qu'ils voient comme néfaste. Sambre défend son droit à rester à Manost, et pense que certains... éléments de votre clergé pourraient attiser les flammes de ce conflit entre helmites et tyrites. J'imagine bien qu'une telle hypothèse ne doit pas vous plaire, mais admettez au moins qu'elle est loin d'être fantaisiste.

Rodolpho essayait de se tenir droit, les bras croisés pour ne pas les laisser balancer bêtement lors de son discours. Il devait se montrer déterminé.

[Althéa]

Fergus dodelina de la tête, les sourcils froncés, le menton dans la main. Puis finalement, se redressa.

"Excusez-moi de vous dire cela mais je suis de ceux qui pensent que Sambre et les autres fidèles devraient partir. Le clergé de Tyr n'a plus sa place à Manost après le crime odieux dont le Dieu tutélaire de notre ville a fait l'objet. Certes, le Coeur Radieux s'est converti à Torm ... Mais la majorité de nos citoyens ne changera pas d'obédience. Ils pensent à juste titre que le dieu de justice les a plongés dans le chaos. Je me suis entretenu avec eux à ce sujet, et peut-être me suis-je un peu épanché en ce sens. Je n'ai pas pensé qu'ils prendraient mes paroles à la lettre ..."

[Garfield]

Autant Rodéric s'était vite rendu sympathique à Rodolpho, autant son frère jumeaux lui faisait l'effet inverse. La truculence de l'un semblait essayer de compenser l'apathie de l'autre. Rodolpho avait presque l'impression de parler à un enfant qui venait de faire une bêtise: "ce n'est pas de ma faute, je n'avais pensé aux conséquences..."

Personne ne demande à vos citoyens de changer d'obédience. Il faudrait-être cruel pour empêcher quelqu'un de vénérer son dieu, n'est-ce pas ? Non, il est bien plus humain de leur laisser leur liberté de culte tout en leur demandant gentiment de quitter la terre qui les a vu naître et a vu naître leurs parents... Vous rendez-vous compte de l'énormité de ce que vous suggérez ?
Les tyrites sont manostiens au même titre que vous et moi. De plus, vous êtes vous-même prêtre, et savez pertinemment que le clergé n'est en rien responsable des actes de son dieu tutélaire. Vous connaissez Sambre mieux que moi: dites-moi donc si vous pensez qu'elle se réjouit de l'acte malheureux commis par celui qu'elle vénère et représente ! Quel sang tache ses mains pour qu'elles vous soient devenues insupportables ?

[Althéa]

Fergus le gratifia d'une moue offusquée.

"Je ne leur demande pas d'aller bien loin. Ils ont établi leur camp hors des murs de la ville. Ils ont été autorisés à rester non loin des remparts de façon à pouvoir se replier dans la ville en cas d'attaque de nos ennemis. Ils ont des tentes et son manifestement bien installés. Quant à Sambre, je trouverais tout à fait normal qu'elle rejoigne ses semblables, elle se sentirait moins isolée."

Rodéric roula des yeux et soupira légèrement.

"D'ailleurs, j'escomptais avoir une audience avec le haut-prélât Guiguemar d'Aulfray pour bouter hors des murs les tyrites restants.", continua Fergus sans s'en préoccuper.