Quête : Le bénéfice du doute

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail était sur le point de protester. Après tout, l'exercice ne lui semblait pas si difficile et elle était presque certaine de pouvoir le réussir seule. La jeune mage fut coupée dans son élan par la sortie de la femme qu'elles avaient suivie. Surprise, elle rata sa prise de peu et tomba sur le sol qui, par chance, n'était plus très loin. Avec une grimace, elle se baissa pour attraper son bâton, puis lança un regard inquiet vers Althéa. Finalement, leur première impression avait été la bonne.

"Et maintenant ?"

La jeune mage n'était pas certaine de la conduite à tenir. Son premier réflexe aurait été de quitter les lieux mais quelque chose la retenait. Cette femme avait besoin d'aide. Elle ne pouvait décemment pas partir comme si de rien n'était.

"Vous avez vu quelqu'un d'autre qu'eux deux, dans la maison ?"

Mais ce n'était pas une raison pour foncer, tête baissée, dans le danger.

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Althéa se sentit prise d'un intense sentiment de panique. La visage de la femme était terrifiée. Et il lui avait semblé avoir vu du sang sur sa robe. Peut-être fallait-il prévenir sans tarder les autorités manostiennes. Mais le temps qu'elles arrivent à la citadelle de la lame d'argent, la femme serait sûrement morte. En même temps, il n'était pas question de se jeter dans la gueule du loup.

Elle secoua la tête. Elle ignorait totalement qui habitait dans la maison qui visiblement n'était pas celle de la victime.

"Il y a sans doute une fenêtre. Une porte de derrière. Je crois qu'il faut faire vite."

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

La panique de la bretteuse était communicative et, en proie à une nervosité croissante, Abigail regardait alternativement Althéa et la porte.

"Il faudrait prévenir les autorités."

Elle sera la main sur son bâton. Le temps qu'elles reviennent, il serait peut-être trop tard. Mais que pouvaient-elles faire d'autre ? L'une d'elle pouvait rentrer prêter main forte à cette femme pendant que l'autre allait chercher de l'aide. Mais la jeune mage savait qu'elle ne connaissait pas assez la ville pour trouver son chemin jusqu'à ceux qui faisaient office de milice. Et elle n'était pas certaine de pouvoir tenir tête longtemps à cet homme, surtout s'il disposait lui-même de renforts. Pourtant, il fallait agir. Vite. Elle pourrait peut-être l'occuper suffisamment longtemps.

"Si vous allez chercher de l'aide, je peux essayer de faire diversion."

Ce disant, elle commença à se diriger vers la porte.

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Althéa secoua nerveusement la tête.

"Je ne veux pas vous laisser seule. Surtout si vous faites diversion. Et s'il décidait de s'amuser avec vous ? Peut-être pourrions-nous aller voir discrètement de quoi il retourne. Après nous, nous sommes deux et il est tout seul."

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Continuant à marcher en direction de la porte, Abigail s'apprêtait à répliquer. Elle devait tout de même être capable de détourner l'attention de quelqu'un quelques minutes ! Mais elle réalisa rapidement que ce n'était pas le lieu et, surtout, pas le moment d'entamer une discussion sur le sujet. Elle s'arrêta et se tourna vers la bretteuse.

"Vous avez sans doute...raison. Allons voir à l'arrière de la maison alors, peut-être pourrons nous voir ce qui se passe là dedans."

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Elles étaient donc allées à l'arrière de la maison. Les vitres, donnant sur la rue étaient hermétiquement closes. Etrange, en ce milieu de journée. Comme si on cachait quelque chose à la vue des passants. Mais quoi ? Pas moyen de le savoir ce qui se tramait à l'intérieur. Du moins, pas par ce biais là. Althéa se recula pour avoir une vision d'ensemble de la façade.

"Je crois qu'il y a moyen de rejoindre le toit ..."

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

De plus en plus mal à l'aise, Abigail hocha la tête. Ces fenêtres fermées, de façon à ce qu'on ne puisse pas voir ce qui se passait à l'intérieur, ce n'était pas bon signe. Elle répondit à la bretteuse dans un murmure.

"Allons-y, mais nous devrions faire vite."

Ce disant, elle jeta un coup d'oeil rapide autour d'elle, comme pour s'assurer que l'homme n'était pas ressorti.

[Althéa]

Elles étaient donc montées aussi vite qu'elles le pouvaient. Comme Althéa le prévoyait, un toit en pente permettait d'accéder à une des lucarnes de la maison. Restait à se déplacer le plus doucement et à ne pas glisser.

En s'approchant un peu, les jeunes femmes réalisèrent qu'elle était ouverte.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail s'était arrêtée, appuyée sur sa jambe valide et s'efforçant d'ignorer les élancements de l'autre. Ils n'avaient rien d'insurmontable, mais n'étaient pas des plus agréables. Elle lança un regard en coin en direction de la bretteuse, se demandant si elle avait pensé à la même chose qu'elle en voyant la fenêtre ouverte. C'était une opportunité et peut-être la seule chance de cette femme. Puis elle commença à s'approcher de la lucarne et, comme elle en touchait l'embrasure, murmura dans un souffle :

"Nous y allons ?"

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Althéa avait lancé une détection des pièges sur la fenêtre. Ne voyant rien, elle avait hoché silencieusement la tête. Qui sait ce qu'elles allaient découvrir. Dans tous les cas, la fenêtre leur ménageait une porte de sortie.

Elle s'engagea la première par la fenêtre, aida la jeune mage à passer à son tour. Elles se trouvaient visiblement dans une chambre encombrée de trois volets de lits superposés. La porte donnait sur un couloir. En bas, les deux femmes entendirent hurler.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

La jeune mage sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle ferma les yeux une seconde, réprimant une envie soudaine de ressortir et de s'éloigner de ces hurlements aussi vite que possible. Puis elle revit son père, sa chute. Elle était partie, cette fois là. Secouant la tête, espérant que son malaise ne se verrait pas, Abigail se tourna vers la bretteuse et lança dans un souffle :

"Je peux aller voir ce qui se passe. Combien ils sont."

Elle fit un pas en direction du couloir puis, avant qu'Althéa ne proteste, elle murmura quelques paroles inintelligibles, une incantation.

Abigail --> invisibilité

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Il avait semblé à Althéa que ses cheveux se hérissaient sur sa nuque. Elle s'était tournée instinctivement vers la fenêtre encore ouverte tout en sachant très bien qu'elles ne rebrousseraient pas chemin. Du moins pas encore. Et encore moins si elles étaient repérées.

Elle frémit en voyant Abigail se rendre invisible mais dut admettre qu'elle avait raison. Mais elle ne pouvait se résoudre à laisser la jeune femme partir seule.

Althéa ===> se cacher dans l'ombre ==> Althéa.

"Je crois qu'on a pas le choix.", murmura-t-elle.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail s'était retournée juste pour voir Althéa se fondre dans les ombres. Elle hocha la tête et désigna le couloir, avant de se souvenir que la bretteuse ne pouvait pas la voir. Se reprochant sa bêtise, elle murmura :

"Restez ici, je reviens."
*Nous nous gênerions plus qu'autre chose à nous déplacer à deux sans pouvoir nous voir.*

Sans attendre de réponse, la jeune mage poussa légèrement la porte donnant sur le couloir et se glissa dans l'embrasure. Elle s'orienta ensuite grâce aux cris, son malaise augmentant à mesure qu'elle s'en rapprochait. Sa progression était assez lente, à cause de sa jambe privée de soutien. Et, quelque part, un peu aussi sans doute parce qu'elle redoutait ce qu'elle allait trouver.

[Althéa]

Les cris continuaient, de plus en plus assourdis. Abigail déboucha sur un couloir étroit mais long, s'inclinant à mesure de sa progression. Peut-être descendait-elle sous la ville. Elle se retrouva bientôt face à une porte entrebâillée. En se rapprochant, elle entendit incanter. Il n'y avait visiblement pas qu'une seule personne dans la salle. Plusieurs mages. Et les formules qu'ils prononçaient, parmi lesquelles la jeune femme reconnut des symboles de douleur lui donnèrent un bon aperçu de ce qu'il se passait.

Mais elle même, qu'allait-elle décider ?

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

De plus en plus mal à l'aise, Abigail eu un haut-le-coeur en songeant que, si elle avait suivi cet homme la veille, ce serait elle qui se trouverait à la place de cette malheureuse. Après un très court instant d'hésitation, elle fit demi-tour. Elle, seule, ne pouvait rien faire. Aussi silencieusement qu'elle était venue, elle repartit en sens inverse. Arrivée dans la chambre où elle avait laissé la bretteuse, elle regarda autour d'elle. Ne la voyant pas, elle se sentit pâlir.

"Althéa ?"

Elle avait murmuré ce nom d'une voix hésitante, espérant que la bretteuse était toujours là, quelque part et simplement dissimulée.

[Althéa]

Un murmure tout près d'elle.

"Je suis là, dans l'ombre."

La bretteuse l'avait suivie, effrayée par les cris de la malheureuse s'amplifiant au fur et à mesure. Il n' y avait plus de supplications, seulement de la souffrance. Parfois quelques rires et des murmures. Il y avait vraisemblablement plusieurs personnes dans la pièce. La main d'Althéa se posa doucement sur l'épaule de la jeune mage.

"Je crois qu'il faut que nous allions chercher la garde. J'ai peur qu'ils soient trop nombreux pour nous. Qu'en pensez-vous ?"

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail hocha la tête en silence, visiblement soulagée de savoir la bretteuse toujours là. Tandis qu'elle se dirigeait d'un pas peu sûr vers la fenêtre empruntée un peu plus tôt, elle regarda sa main et constata que le sortilège commençait à se dissiper. Mais cela n'avait guère d'importance. Ils étaient trop occupés en bas pour se soucier de ce qui se passait dans les étages. La jeune mage déglutit silencieusement. Elle commençait à avoir peur de ne pas pouvoir arriver à temps. Sa jambe recommençait à lui faire mal. Elle récupèrerait son bâton, une fois dehors, mais ne pourrait peut-être pas avancer très vite. Arrivée à moins d'un mètre de la fenêtre, elle s'arrêta pour se tourner vers Althéa.

"Vous devriez peut-être aller alerter la garde sans m'attendre. Je vous suivrai aussi vite que je le pourrai..."

[Althéa]

Quête : le bénéfice du doute

Althéa aurait bien voulu protester, mais leur voix risquaient à la longue de révéler leur présence. Elle se contenta de hocher la tête avant de repartir par la fenêtre ouverte.

Une fois partie, Abigail s'était retrouvée seule. Les cris de la suppliciée allèrent crescendo avant de stopper d'un coup. Des bruits de pas se firent alors entendre à l'étage en dessous. Visiblement, les hommes avaient fini de s'amuser. La jeune mage ne tarda pas à entendre un bruit de pas montant l'escalier.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail avait pâli en entendant les cris cesser. Elle n'imaginait que trop bien ce que cela pouvait impliquer. Ils avaient fini par la tuer. La jeune mage eut un haut-le-cœur. Si elles étaient d'abord allées chercher de l'aide, peut-être ne serait-il pas déjà trop tard. Les bruits de pas approchant lui rappelèrent qu'elle-même n'avait pas forcément le temps de penser à ses regrets. Après un instant de panique, elle se dirigea à son tour vers la fenêtre en clopinant et la traversa. Elle commença à se laisser glisser jusqu'au bord du toit pour redescendre, espérant que les mages, ou peut importe ce qu'ils pouvaient être, n'aient pas l'idée de regarder par la fenêtre avant qu'elle soit hors de vue.

[Althéa]

Heureusement pour elle, personne ne la poursuivit. Elle put rejoindre une rue principale sans encombre. Étrangement, elle avait la sensation que quelqu'un s'était glissé derrière elle et la suivait, sans pour autant manifester sa présence. Mais n'était-ce que le fruit de son imagination ?

Abigail avait le choix pour demander de l'aide. Bien sûr, il lui faudrait être écoutée, et surtout crûe, du moins assez pour rameuter du secours.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail ramassa son bâton, qu'elle avait laissé sur le sol avant de grimper, puis jeta plusieurs coups d’œil inquiets autour elle. Elle avait la désagréable impression d'être observée. Mais ce devait être son imagination, elle l'aurait vu, si quelqu'un l'avait suivie depuis la fenêtre. Du moins, elle essayait de s'en convaincre. Elle serra le poing sur son bâton et commença à avancer, puis s'arrêta. Elle hésitait. Il valait peut-être mieux qu'elle attende le retour d'Althéa. Mais elle n'avait pas très envie de rester toute seule dans cette ruelle. Elle soupira, fit quelques pas, et s'appuya sur un mur un peu plus loin. Elle attendrait. Pas très longtemps, quelques minutes. Si la bretteuse ne revenait pas, tant pis, elle irait au Loyal.

[Althéa]

Un souffle d'air infime, une voix dans son dos.

"Continuez de marcher, ne vous arrêtez pas. J'ai l'impression qu'on nous suit."

Althéa. La bretteuse ne s'était pas arrêtée. Elle marchait à présent à quelques pas d'elle.

"ça ne sert à rien de les affronter tant qu'ils sont nombreux. Je pense qu'il vaut mieux que nous allions au Loyal. Ils ne nous feront rien là-bas. Trop de monde. Enfin, j'espère."

Elles prirent place à une table au beau milieu des autres. Quelques minutes plus tard, un homme vêtu de robes entra dans la taverne. Un mage ?

[Oriane]

Quête : Le bénéfice du doute

Peut-être était-ce simplement la paranoïa qui parlait, mais Abigail était persuadée que l'homme qui venait d'entrer était un mage. De là à supposer qu'il s'agissait de l'un de ceux qui venait de les suivre, il n'y avait qu'un pas, que la jeune femme franchit aisément. Elle poussa Althéa du coude et chuchota :

"Vous pensez que c'est l'un d'eux ?"

[Althéa]

Althéa avait considéré longuement le nouveau venu. Le port altier, les robes et l'air hautain avec lequel il considérait son monde. Autant d'indices plutôt révélateur. L'homme, sentant son regard appuyé tourna la tête vers la table. Elle se retourna rapidement, gênée.

L'homme, intrigué par son manège les regarda à son tour, les sourcils froncés, comme en proie à une intense réflexion.

[Oriane]

Quête : le bénéfice du doute

Abigail se tortillait sur sa chaise, mal à l'aise, et s'efforçait d'éviter de croiser le regard du mage. Elle n'était pas certaine de la conduite à tenir. Il fallait qu'elles préviennent les autorités, mais si le mage était de ceux qu'elle imaginait, il pouvait très bien les suivre, et peut-être les en empêcher. Et si l'homme qui venait d'entrer n'avait rien à voir dans cette histoire ? Réalisant alors qu'elle commençait à frôler la paranoïa, la jeune femme prit une profonde inspiration, s'appuya contre son dossier et décida d'attendre que l'homme en robes aille s'assoir.