[Bâtiment] L'École du Nécronomicon

[Mornagest]

Le réfectoire était assez grand, et pouvait accueillir une centaine d'étudiants personnes, ce qui était beaucoup pour une école de magie élitiste comme celle-ci. Néanmoins, seule une moitié des places était occupée, et Bran put donc trouver place comme il le souhaitait. Il opta pour un endroit un peu à l'écart des autres, quelque peu farouche et méfiant vis-à-vis des mines patibulaires qui l'observaient à la dérobée tandis qu'il passait devant elles.

Les victuailles étaient disposées un peu partout sur les tables : pain, beurre, confitures diverses, miel, lait de chèvre et une espèce de boisson chaude à base de graines torréfiées qui dégageait une odeur fort amère et qui laissa Bran perplexe.

Tandis qu'il se réveillait progressivement en mangeant, Bran vit s'asseoir à côté de lui un autre pensionnaire, à peine plus âgé que lui, et qui engagea la conversation en ces termes :

"Salut ! T'es le nouveau, hein ? J'm'appelle Herbert. Étudiant en divination. Et toi ?"

[Bran]

Finissant de mâcher sa bouchée au miel de fleurs sauvages, ôtant une tasse des griffes du diablotin qui avait manqué s’ébouillanter avec, le mage jeta à son voisin un regard torve. Pendant quelques secondes, il pesa le pour et le contre sur les avantages que pourraient lui rapporter une attitude amicale. Après un moment de flottement assez gênant, il finit par tendre une main à son condisciple qui la serra brièvement.

"Bran. Le nouvel étudiant en entropie." Peu désireux de s’étendre sur le sujet, le mage fit un second essai de sociabilité. "Tu es ici depuis longtemps ?"

Non pas que la réponse l’intéressait, mais pendant que l’autre déblatérait sur sa vie, il laissait toute tranquillité au mage pour se remémorer la formule basique d’un sort de raccommodage. Sa veste légèrement retroussée, Bran mirait en effet d’un œil navré l’accroc tout récemment découvert à sa chemise.

Azath, à qui on n’avait rien demandé, se gardait bien d’intervenir, trop occupé à fourrager et se rouler dans le beurre, s’attirant des regards peu amènes de la tablée d’en face.

[Mornagest]

Herbert n'était pas un grand bavard, mais il était en revanche assez curieux, comme son attitude le laissait montrer.

"Ça fait deux mois. Difficile de commencer, mais le premier pas est le plus dur... tu as des projets ? Des prédilections pour une matière ?"

Il semblait plutôt vouloir le cuisiner que s'épancher sur sa propre vie. Bran risquait de ne pas trop apprécier... ou s'en accommoderait peut-être.

[Ben-jXX]

En provenance du monastère

Il faisait frais en cette fin de matinée lorsque Ben-j se décida à rejoindre Elondara pour toucher la récompense qu'elle lui avait promise, et accessoirement s'assurer que sa santé mentale n'avait pas été altérée depuis son retour à la civilisation.

Le moine n'avait jamais eu l'occasion de s'aventurer à proximité du bâtiment de l'école de magie. Bien que peu avenant, son aspect mystérieux attirait irrésistiblement l’œil.
Alors qu'il s’apprêtait à pénétrer dans le bâtiment, le garde de faction lui barra la route de sa hallebarde, réfléchit un instant, puis releva finalement cette dernière sans dire un mot.

L'intérieur du bâtiment était quelconque. Le plafond était bas, la lumière faible. Le parquet grinçant et les murs tapissés de velours donnaient l'impression de se trouver dans une vielle université d'Eauprofonde.
Un jeune mage novice vint à la rencontre du moine : "Puis-je vous aider ? demanda-t-il en se frottant les mains.
- Je souhaite voir Elondara.
- Un instant..."

[Elondara]

Le jeune mage s'en fut, laissant Ben-j seul un moment dans le couloir donnant sur d'innombrables portes, probablement celles de professeurs de magie et autres salles d'expérimentation ; l'école était également un lieu de recherche active de nouveaux sortilèges, parfois au prix de nombreuses années de travail intense... et de vies humaines - ou humanoïdes.

L'apprenti revint rapidement, et annonça : "Elondara va vous recevoir. Veuillez me suivre, s'il vous plaît." Affable, il n'en paraissait pas moins marqué par la soif de connaissances, celle qui amenait la plupart des magiciens en devenir en cet endroit. Il mena le moine auprès d'une porte en bois massif, ornée de gravures classiques mais néanmoins un peu pompeuses. Il frappa discrètement, ouvrit la porte et laissa Ben-j entrer, puis se retira.

Elondara était debout dans son bureau, devant les rayons d'une bibliothèque garnie jusqu'à laisser s'échapper des ouvrages qui dépassaient à demi des planches. Elle était vêtue d'une longue robe bleu foncé, ample et dévoilant ses épaules et sa nuque.

"Ah. J'espérais bien vous revoir rapidement.", dit-elle en se tournant vers Ben-j. La jeune femme paraissait fatiguée, et quelque peu inquiète. "J'ai pu faire examiner ce crâne par un nécromancien... selon lui, il s'agissait d'un visage. Un puissant mort-vivant qui peut prendre l'apparence de ses victimes. Si nous ne l'avions pas défait, il nous aurait tourmenté durant des heures. Mais bref... permettez-moi de vous remercier une fois encore pour votre acte héroïque."

Elle se tut, ne sachant pas vraiment comment aborder la suite.

[Ben-jXX]

"Mais de rien, c'était tout naturel", répondit placidement le moine qui semblait avoir oublié que son départ de Melandis n'avait rien eu de volontaire.

Il se tut et attendit qu'Elondara poursuive la conversation. Celle-ci semblait avoir des difficultés à enchaîner. Le regard de Ben-j se fit insistant, puis, n'y tenant plus, il ajouta : "c'est tout ?"

[Elondara]

"Eh bien... non. Il semblerait que ce ne soit pas lui qui soit la cause de nos tourments, dans les montagnes du Nord. Cette créature en est incapable. Excepté sa capacité à prendre les traits d'un mort, et sa violence au combat, c'est somme toute... un simple mort-vivant. Apparemment, la chose qui m'a emprisonné l'esprit pendant tout ce temps est d'une autre origine... un démon."

Elle faisait grise mine. Certes, la fatigue était belle et bien là, mais Elondara paraissait bien plus alerte que lorsque le moine l'avait secourue. Elle avait récupéré une bonne partie de ses pouvoirs, et en savait déjà plus long sur ce qu'ils avaient à affronter. Elle poursuivit :

"J'ai donc consulté un confrère démonologue, à qui j'ai expliqué nos déboires. Il pense qu'il s'agit d'un wendigo. Un démon des terres gelées."

[Ben-jXX]

Ben-j écoutait Elondara, déçu et désespéré d'apprendre que leur quête n'était toujours pas arrivé à son terme.

Il marqua un temps de pause puis demanda à Elondara : "et que comptez-vous faire face à ce wendigo ?"

[Elondara]

"Nous n'avons pas beaucoup le choix. Celui-ci semble très entêté. En temps normal, ils abandonnent la traque au bout de quelques jours, mais il paraît m'en vouloir de façon obstinée."

Une force supérieure guiderait-elle ce wendigo ? C'était peu probable, ces créatures étant pratiquement toujours indépendantes. Mais il ne fallait jurer de rien, avec les monstres de ce genre.

"Ils affaiblissent les sages et tentent de les rendre fous. Je comprends maintenant pourquoi mes pouvoirs étaient pratiquement anéantis. Si nous nous protégeons correctement contre ses attaques mentales, nous pourrons facilement en venir à bout. D'autant qu'il est, semble-t-il, vulnérable au feu."

Elle se tut. Elle considérait comme acquis le fait que Ben-j allait accepter de la suivre dans cette tâche. Elondara lui jeta d'ailleurs un regard interrogateur, attendant qu'il répondît.

[Ben-jXX]

Ben-j écoutait Elondara avec un brin de résignation.

Il soupira puis s'adressa à l'enchanteresse : "Ecoutez... Cette longue virée dans la montagne m'a passablement épuisé. J'imagine que vous souhaiteriez que je vous accompagne combattre le wendigo, mais en toute honnêteté, je n'en ai aucune envie. J'ai accompli ma tâche en vous ramenant saine et sauve à Melandis, il en allait de mon honneur. Aujourd'hui, je souhaite avant tout me consacrer à mon monastère. Si je me joints à vous dans cette mission avec cet état d'esprit, j'ai peur de n'être plus qu'un fardeau qu'autre chose. Je suis désolé de vous décevoir ainsi mais je sais aussi que vous n'aurez pas de mal à engager une puissante équipe qui sera bien plus efficace que moi..."

Le moine qui caressait sa nuque de la main semblait chagriné d'afficher ainsi ses intentions à Elondara. Elle semblait contrariée par le discours du moine et resta coite...

[Eldurvellir]

[Eldurvellir : quête solo]

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Eldurvellir eut grand plaisir à traverser la ville pour rejoindre le superbe bâtiment qu'est l'Ecole du Necronomicon.

Les murs d'enceinte en forme d'octogone lui parurent la plus belle structure du monde, l'immense porte d'airain ouvragée une des plus extraordinaires oeuvres d'art qui soit.

Il avisa un des Appariteurs :

- Bonjour messire. Je suis Eldurvellir, mage transmutateur, voici mon sauf-conduit.

Il tendit le document rédigé par l'officier Itrand.

[Taliesin]

L'appariteur jeta un regard au cachet de cire ornant le parchemin puis, l'ayant déroulé, il le lut avec grande attention. Enfin, il hocha la tête.
-Un instant, s'il vous plait.
Il tourna le dos au nouveau venu ; l'instant suivant, une petite porte s'ouvrait dans l'un des deux immenses battants, une petite porte dont les contours avaient été totalement invisibles jusqu'ici, peut-être parce qu'ils étaient dissimulés à la perfection parmi l'ornementation, peut-être pour une autre raison.
-Entrez, je vous prie, reprit l'homme en s'effaçant pour laisser passer le mage.
C'est ainsi qu'Eldurvellir pénétra dans l’École du Necronomicon, conduit autant que surveillé par son guide vigilant. Ils traversèrent une grande cour pavée, austère et silencieuse, puis firent halte devant un vaste bâtiment octogonal dont l'entrée était elle aussi gardée.
-Le capitaine Ithrand nous envoie un nouveau solliciteur, annonça l'appariteur à l'un de ses confrères en lui tendant le document.
Il prit ensuite congé d'Eldurvellir, et c'est le second homme qui mena ce dernier à l'intérieur de l'édifice, d'abord dans un grand vestibule à colonnes de marbre, impressionnant, puis dans un long couloir percé de multiples portes. Ils firent halte devant l'une d'entre elle, dont le battant était orné d'une plaque de cuivre indiquant "Bureau des solliciteurs".
La pièce qui s'étendait au-delà se caractérisait surtout par les rayonnages installés contre ses murs, chargés de registres apparemment classés avec le plus grand soin, et par le grand bureau de bois sculpté qui en occupait le centre. Derrière celui-ci était assise une femme d'une cinquantaine d'année, la mine sévère, le cheveu gris fer.
-Asseyez-vous, dit-elle à Eldurvellir en une invitation qui avait des dehors de commandement.
L'appariteur, lui, resta droit comme un i : manifestement, il n'allait pas quitter les lieux.
-Un transmutateur originaire du Val Bise, commenta le femme après avoir lu le parchemin. Intéressant. Où avez-vous reçu votre formation, messire ? Si vous mentionnez une école de magie, je ne pourrai la reporter sur votre dossier que si vous disposez des diplômes qu'elle vous a remis.

[Eldurvellir]

Eldurvellir se sentit vaguement inquiet.

- J'ai appris auprès d'un maître transmutateur du Val Bise. Il se faisait appeler Avalon, mais je doute que ce nom ait été véritablement le sien. De diplômes, je n'en ai pas... J'ai eu un document certifiant avoir été l'élève de Maître Avalon, mais je vous avoue que je ne suis pas sûr de l'avoir sur moi.

Il poursuivit, après avoir senti un frémissement sur son coeur (la petite chauve-souris s'éveillait) :

- Je ne suis pas un mage expérimenté, je connais quelques sorts de transmutation de petit niveau. Je ne demande qu'à confirmer mon savoir ! mes talents résident actuellement dans la fabrication d'objets et de potions. Je suis très versé en herboristerie.

[Taliesin]

-Créer des potions, maîtriser l'herboristerie et l'artisanat, dans une moindre mesure, cela peut parfois s'avérer très utile à un praticien des arcanes, répondit la femme. Cependant, ce n'est pas ce qui détermine si l'on est mage ou non... L'examen que vous devrez passer pour avoir le droit de porter ce titre et d'exercer la profession que vous affirmez vôtre ne portera pas sur ces thèmes. Il comprendra une partie théorique, où vous devrez montrer vos connaissances concernant l'Art, et une partie pratique, où vous devrez faire la preuve que vous êtes capable de le mettre en œuvre. Si vous réussissez, vous serez officiellement Mage Extérieur. C'est un statut certes inférieur à celui des mages que nous avons nous-mêmes formés, mais il vous permettra malgré tout de travailler légalement. En revanche, si vous échouez, il vous faudra trouver une autre manière de gagner votre vie à Melandis.
Elle le scruta avec attention.
-Êtes-vous toujours décidé à passer cet examen ? Et si oui... Possédez-vous un familier ?

[Eldurvellir]

- Ma Dame, je n'ai rien contre le fait d'être testé, cependant permettez-moi de m'étonner quelque peu. En effet, je suis surpris qu'il faille une qualification de mage, même "extérieur" pour tenir boutique. Par ailleurs, cette qualification de "mage extérieur" qui est - d'après ce que vous faites ressentir - une qualification au rabais, m'intéresse uniquement s'il m'est possible par la suite d'obtenir par l'étude une qualification pleine et entière correspondant au standard élevé de Melandis.

Eldurvellir savait ce qu'il voulait : devenir mélandien. Et si cela passait par moult difficultés, il n'en aurait que plus de mérite.

Un cri d'agacement fit frémir sa casaque de cuir.

- Oh, permettez-moi de vous présenter mon familier. C'est encore une toute petite chauve-souris, dit-il en exhibant l'animal avec délicatesse et, semblait-il, une certaine fierté paternelle.

[Taliesin]

-Bel animal, convint-elle. Vous serez sans doute heureux d'apprendre que les mages mélandiens prisent fort ce genre de familiers. Sachez cependant que le vôtre devra être présent lors de l'examen et demeurer en permanence en vue des examinateurs : certains solliciteurs ont déjà essayé de se servir du leur pour tricher. Mais pour en revenir à cette épreuve, justement...
Elle plongea son regard gris acier dans celui d'Eldurvellir.
-Non, il n'est pas nécessaire de la passer pour ouvrir une boutique, du moment que vous ne vous présentez pas comme un praticien des arcanes pour attirer la clientèle. En revanche, si vous souhaitez avoir le droit de vous dire officiellement mage, elle est indispensable. Libre à vous de considérer comme "au rabais" le titre qu'on obtient en la réussissant. Pourtant, il n'en est rien. Nombreux sont ceux qui souhaitent obtenir le titre de mage extérieur, cette reconnaissance émanant de l’École du Necronomicon, établissement prestigieux s'il en est. Cela vaut de l'or, pour ainsi dire. C'est quasiment un titre de noblesse. Cependant, nous ne pouvons mettre sur un pied d'égalité les personnes qui ont suivi notre enseignement, dont l'excellence n'est plus à prouver, et celles formées ailleurs, en des institutions ou avec des maîtres aux critères d'exigence potentiellement moins élevés que les nôtres.
Elle relut un passage du document rédigé par le capitaine Ithrand.
-Passer cet examen avec succès est également incontournable si vous souhaitez que nous vous confions une mission susceptible de vous valoir la citoyenneté mélandienne. Nous pourrions, bien sûr, trouver des tâches convenant à quelqu'un dont nous ne reconnaissons pas la qualité de mage, mais je doute qu'elles soient de nature à vous ouvrir les portes de la naturalisation. Il vaudrait mieux, alors, vous adressera ailleurs... Quant à vous perfectionner dans notre école... Nous en reparlerons si vous devenez Mage Extérieur. Sachez toutefois que, d'ordinaire, cette chance est uniquement offerte à nos élèves. Les exceptions sont fort rares.

[Eldurvellir]

Eldurvellir soutint le regard sévère de la femme.

- Ma Dame, il en sera naturellement selon le bon vouloir de l'Ecole. Je ne suis pas un tricheur, et préfère perdre avec honneur que de réussir de manière déloyale. Cela serait non seulement déprécier cette Ecole, mais aussi me déprécier moi-même.

Il eut son petit sourire en coin.

- Donc j'attends à la fois avec sérénité et impatience la mission que vous me confierez. Si je ne réussis pas, j'en serais fort déçu bien sûr, mais votre loi sera la mienne.

Eldurvellir était désormais confiant, ayant pris son parti d'accepter ce que l'avenir lui réserverait. N'était-ce pas le début de la sagesse qui sied à un mage ? La petite chauve-souris se tranquillisait au fur et à mesure que son maître parlait. Cela lui parut de bon augure.

Il ferma les yeux un instant et une paix s'installa dans tout son être. Encore une fois, il se sentait chez lui.

[Taliesin]

-J'apprécie votre attitude, répondit la femme. Nous reparlerons donc de cette mission lorsque vous aurez réussi l'examen.
Elle ouvrit un tiroir de son bureau, en tira un parchemin et le couvrit d'une écriture très élégante, recopiant les informations contenues dans la lettre d'Ithrand et celles que lui avait données Eldurvellir.
-Avez-vous déjà jeté votre dévolu sur une auberge ? s'enquit-elle. J'ai besoin d'une adresse afin que nous puissions vous faire parvenir votre convocation, lorsque la date et l'heure de votre examen auront été fixées.

[Eldurvellir]

- Oui, je suis passé devant une auberge au nom plaisant : "Au Luménien Noyé". Elle se trouve près du port. Je vais tâcher d'y trouver une chambre. Dans le cas où il n'y aurait pas de chambre disponible, je reviendrai vous informer du lieu où j'en aurai trouvé une.

Eldurvellir contempla la femme qui écrivait.

- Votre écriture révèle une grande délicatesse, si je puis me permettre. Calligraphier est un art magnifique, que tous les jeunes enfants devraient apprendre. Cela forge le soin, l'amour des choses bien faites, apporte une tranquillité d'esprit.

Il sourit, caressant la petite chauve-souris qu'il tenait toujours dans sa main.

- Je vous souhaite le bonsoir, ma Dame. Si je puis encore me permettre une réflexion, je suis ravi de ma rencontre avec l'Ecole ; même si la suite ne m'est pas favorable, je suis heureux d'avoir franchi ses murs.

Suite : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post318038

[Taliesin]

Venant d'ici.

Au jour dit et à l'heure dite, c'est un Eldurvellir encore tout heureux de son agréable nuit qui se présenta à l'Ecole du Necronomicon. Après avoir examiné sa convocation, l'un des Appariteurs de faction le fit entrer, le conduisit jusqu'aux portes de l'Octogogne et le laissa sous la garde de l'un de ses confrères, Apparemment, on ne laissait jamais un étranger se promener seul en ces lieux.
Escorté par son nouveau guide, le mage pénétra à l'intérieur du vaste bâtiment, traversa le hall monumental puis gravit un majestueux escalier de marbre jusqu'au troisième étage. Il enfila ensuite deux longs couloirs et fut enfin introduit dans une pièce qui, avec ses tables, ses bancs, son estrade supportant un bureau massif, avait tout d'une salle de classe.
-Veuillez me remettre votre sac et vous assoir au premier rang, dit l'Appariteur en lui désignant une place où se trouvaient déjà du parchemin, une plume et un encrier. Votre familier peut rester avec vous, mais il doit demeurer constamment visible. L'Examinateur arrivera sous peu.

[Eldurvellir]

Le mage tendit sa besace à l'appariteur.

- Merci. Tiamandis dort, mais elle dormira aussi bien dans mon écharpe.

Eldurvellir alla chercher la pipistrelle dans sa chemise, pour l'installer sur son épaule en la calant dans une superbe écharpe offerte ce matin même par sa tendre amie Béroalde. La douceur du geste n'empêcha pas la chauve-souris de s'éveiller à demi, cracher et menacer de ses petites dents aigues avec la demi-conviction d'un demi-sommeil.

Le mage rit silencieusement. Décidément Tiamandis avait du caractère. Elle avait fait une comédie impossible à Béroalde ce matin, volant effrontément les petits gâteaux sur la table du déjeuner. Son amie s'était elle aussi beaucoup amusée avec la pipistrelle, qui avait un réel sens de l'humour !

Il se reprit, afin de se concentrer sur l'épreuve à venir. Il vérifia la présence d'encre dans l'encrier, ainsi que la pointe de la plume d'un oeil expert, n'osant pas encore les toucher. Eldurvellir savait que les surveillants d'examens pouvaient avoir des lubies concernant les épreuves, souvent justifiées par les tentatives de fraudes de certains candidats. Il garda donc ses mains bien en vue de l'appariteur et attendit l'autorisation d'utiliser le matériel fourni.

[Taliesin]

Quelques minutes plus tard, la porte de la salle se rouvrit, laissant apparaître un homme grand et mince au crâne dégarni, aux tempes grisonnantes, à la barbe soigneusement taillée. Ces traits fins, acérés, disaient assez que c'était le genre de personnage avec qui il ne valait mieux pas plaisanter.
-Je suis le professeur Krigg, annonça-t-il après avoir pris le temps d'observer Eldurvellir. J'ai été chargé de vous faire passer la partie théorique de l'examen. Nous commencerons par une épreuve écrite : vous aurez quatre heures pour répondre à une série de questions sur la magie en générale. Nous enchaînerons sur une épreuve orale de deux heures, durant laquelle je vous interrogerai sur votre spécialité, la transmutation. Il va de soi que toute tentative de fraude entraînera l'échec immédiat de l'examen et vous interdira à jamais les portes de notre école.
Il déposait alors une liasse de parchemins devant le candidat.
-Vous avez donc quatre heures, répéta-t-il. Croyez-m'en, ce ne sera pas de trop.
De fait, les documents comportaient une foule de questions touchant à l'histoire de la magie, à ses principes, à son fonctionnement, à ses traditions, à ses applications... Eldurvellir comprit d'emblée qu'il allait lui falloir fouiller dans sa mémoire, car elles faisaient toutes appel à des connaissances relativement pointues, signe que l'établissement était particulièrement exigeant. Néanmoins, compte tenu de son expérience passée, il était probable qu'il s'en sorte au moins honorablement.

[Eldurvellir]

Eldurvellir savait que le temps alloué à l'épreuve, qui paraissait long, risquait en réalité d'être trop court.

La première chose à faire était de savoir gérer son temps. Il commença donc par examiner chaque parchemin, les parcourut rapidement et les classa par type de question. Il savait d'expérience que réfléchir sur des questions proches les unes des autres apportait un début de réponse d'une question à l'autre. Exactement comme si on fabriquait une chaînette : les maillons s'imbriquaient les uns après les autres.

Ainsi les réponses s'enchaînèrent avec une aisance certaine. Eldurvellir ayant ainsi organisé ses réponses de manière méthodique, il eut le temps de soigner son écriture. D'aucuns prétendaient qu'une belle écriture est la science des ânes, lui préférait penser qu'il fallait au moins éviter d'écrire comme un cochon.

La fin de l'épreuve approcha vite ; le mage du Val Bise avait prit un rythme de croisière, qui lui permit d'arriver à la fin des questions un peu avant les quatre heures.

Il relut pendant les dernières minutes, toujours très concentré. Corrigea quelques fautes d'étourderie, lui qui se piquait de belle orthographe.

Puis attendit la fin officielle de l'épreuve. Par chance, consciente de la solennité du moment, Tiamandis était restée fort sage.

[Eldurvellir]

Les quatre heures passées, Eldurvellir apprécia de se lever et de se dégourdir les jambes.

Il sentit bientôt une sensation bizarre au niveau de son col. Inquiet, il retira son écharpe avec précaution, attentif à ne pas bousculer Tiamandis.

Etonnant qu'il ait été concentré au point de ne pas la sentir bouger. La petite bête était d'habitude assez dissipée. Même si elle dormait de préférence durant la journée, elle était malgré tout remuante...

Le mage examina l'écharpe. A part quelques traces de succion et de salive, l'écharpe était impeccable. Sentant toujours son col différent de d'habitude, vaguement rugueux côté gauche, il y porta la main : le col de sa chemise était déchiqueté. Les petites dents pointues de la pipistrelle avaient fait un travail de dentellière.

Eldurvellir ayant besoin de toute sa concentration pour affronter l'épreuve orale, il se contenta donc de prendre d'une main Tiamandis, de la mettre face à son visage et de cracher comme un chat.

La chauve-souris, vexée, s’envola bouder dans un coin de la pièce.

[Taliesin]

Ni l'Appariteur ni l'examinateur ne firent de commentaires sur le petit incident. En revanche, le premier surveilla le familier avec encore plus d'attention qu'auparavant - ce qui n'était pas peu dire - tandis que le second invitait Eldurvellir à lui remettre sa copie puis à se place face à lui, au pied de l'estrade.
Pendant les deux heures qui suivirent, le professeur Krigg harcela littéralement le candidat de questions, en ne lui laissant qu'un temps minimum pour réfléchir. Toutes concernaient la transmutation, qu'il s'agisse de ses aspects théoriques ou de sa mise en pratique. Toutes se révélaient assez précises et étaient formulées de telle manière qu'il était impossible de s'en sortir par une réponse évasive. Enfin, elles ne suivaient pas d'ordre logique, l'homme abordait un thème, passait au suivant, revenait au premier, enchaînait avec un troisième... Le but recherché était sans doute de prendre le sollicitant au dépourvu, de s'assurer qu'il ne s'était pas contenté d'apprendre quelque ouvrage par cœur et, au contraire, qu'il maîtrisait parfaitement son sujet.
Une nouvelle fois, Eldurvellir eut conscience que l’École du Necronomicon était un établissement qui n'accordait pas ses diplômes à la légère. Cependant, quelques temps plus tôt, il était encore un mage chevronné. Il pensait donc pouvoir passer cet oral avec les honneurs.

[Eldurvellir]

L'entraînement des quatre heures de questions était efficace : les réponses d'Eldurvellir furent rapides et, espéra t-il, correctes.

La transmutation englobait les modifications qu'un mage pouvait opérer sur son environnement, les objets, les êtres vivants, ou sur lui-même.

Depuis la simple Manipulation à Distance à l'extraordinaire et fascinant Arrêt du Temps, les applications de cette magie ne manquaient pas. Qui n'avait jamais rêvé d'améliorer une arme ou ses dons, d'ouvrir des portes verrouillées, faire léviter un objet ou un être vivant, de ralentir ou d'accélérer les mouvements, de traverser les murs, de pétrifier ses ennemis, de modifier le climat, de métamorphoser objets et êtres ?

Eldurvellir avait choisi cette école de magie parce qu'elle était extrêmement plaisante et comportait une part d'humour. D'ailleurs les très jeunes mages s'amusaient toujours beaucoup, parfois au détriment de leurs aînés... L'aspirant Mage Exterieur supposait que les enfants mages débutants de l'Ecole du Necronomicon ne faisaient pas exception à la règle.

[Taliesin]

-Nous en avons terminé, finit par annoncer le professeur Krigg.
Il replia le parchemin sur lequel il avait pris un grand nombre de notes puis se leva.
-Vous allez être conduit au salon des solliciteurs où vous pourrez vous restaurer et vous préparer pour l'épreuve pratique qui débutera dans deux heures. Je ferai partie du jury.
Il le salua d'un geste puis quitta la pièce. Quelques instants plus tard, l'appariteur invitait Eldurvellir à le suivre. Il le ramena au rez-de-chaussée puis dans le couloir où se trouvait le bureau des solliciteurs. Quelques portes plus loin, il l'introduisait dans une petite salle cossue aux murs lambrissés. De confortables fauteuils entouraient une table basse. Celle-ci était chargée d'un plateau où reposait des couverts, une assiette contenant de la viande et des légumes, un morceau de pain frais, du fromage, une pomme, un verre de vin et une carafe d'eau.
-Je reviendrai vous chercher quelques minutes avant que ne recommence l'examen, déclara l'appariteur avant de se retirer.
Pour la première fois depuis qu'il avait pénétré à l'intérieur de l’École, le mage se retrouvait seul.

[Eldurvellir]

Après avoir salué le professeur Krigg, Eldurvellir fit un geste gracieux en direction de la pipistrelle boudeuse puis suivit l'Appariteur. Tiamandis lança un léger couinement et déplia ses ailes griffues.

L'instant d'après, elle atterrissait sur l'épaule du mage alors qu'il gagnait l'escalier.

La pièce de repos était très agréable ; Eldurvellir s'enfonça profondément dans un immense fauteuil de cuir vert sombre, certainement conçu à l'origine pour un géant en armure. Soucieux de bonne tenue, il se redressa bien vite et tendit la main vers la carafe d'eau.

Boire lui ouvrit l'appétit. Il mangea l'assiette avec plaisir : le repas était simple, mais préparé avec soin. Tiamandis eut sa part. Elle aussi avait faim ! ses petites griffes avides arrachaient de menus morceaux de viande, jusque dans la bouche de son maître, qui la grondait doucement en tapotant ses petites oreilles.

Eldurvellir garda le verre de vin pour le fromage, ainsi que le morceau de pain, très noir et savoureux. Il se restaura avec une lenteur calculée. La pomme lui fit l'effet d'une apothéose de goût : à la fois sucrée et acidulée, sa texture était parfaite. Elle eut pour effet de lui donner une sensation agréable de fraîcheur.

Au bout de trois grands quarts d'heure, le repas fut enfin terminé. Il ne restait de la pomme que le petit bout de branche, Tiamandis s'étant délectée des pépins.

Le mage cala la petite chauve-souris sur sa poitrine, s'enfonça profondément dans le confortable fauteuil et s'endormit.

...

La nuit était tombée, seul un candélabre jetait la pâle lueur de ses bougies dans la pièce.

Quelqu'un se tenait près de lui, accroupi, la tête sur ses genoux. Eldurvellir eut une curieuse sensation, celle d'un chat qui le contemplait en silence. Il repoussa doucement la capuche de l'étranger, mais une curieuse main - une patte ? - replaça immédiatement la capuche.

L'inconnu sembla grandir, puis d'un bond quitta la pièce.

Qui était-ce ? Eldurvellir avait une sensation de déjà vu, sans pour autant reconnaître l'étrange personne.

...

Il s'éveilla, ouvrit les yeux. Il était temps, il entendait des pas ; très certainement l'Appariteur qui venait le chercher pour la dernière épreuve. Comme pour le confirmer et le soutenir pour l'épreuve à venir, Tiamandis émit un petit ronron aimable.

[Taliesin]

C'était bien l'Appariteur. Une nouvelle fois, ils gagnèrent le troisième étage puis s'engagèrent dans le dédale des couloirs où, en passant devant plusieurs portes, Eldurvellir entendit les voix d'enseignants en train de donner cours. Ils débouchèrent enfin dans une salle qui servait manifestement de lieu d'entrainement : le long des murs étaient placés des coffres et des mannequins, tandis qu'un vaste espace circulaire, délimité par un cercle tracé à même le sol, occupait le reste de l'espace. Là se tenait le professeur Krigg ainsi qu'un autre homme : petit, replet, il était entièrement chauve et portait, sur le nez, de fines lunettes rondes cerclées de métal.
-Je suis le professeur Vitellius, annonça celui-ci. Le professeur Krigg et moi-même allons vérifier que vous êtes capable de mettre en pratique vos connaissances théoriques et, pour ce faire, nous vous demanderons de lancer tous les sorts que vous avez mémorisés. Nous les compterons, bien sûr, car leur nombre est le principal indicateur révélant si, oui ou non, vous avez atteint le niveau d'un mage véritable. Mais nous évaluerons également la qualité de l'exécution, l'exactitude des gestes et des paroles, ainsi que le style général. Car on ne doit jamais oublier que la magie est un art.[/color]
Il échangea un regard avec son confrère puis reprit.
-Puisqu'il est l'heure, nous allons commencer sans tarder. Veuillez annoncer la liste des sortilèges que vous comptez lancer. En cas de besoin, nous vous fournirons les accessoires qui serviront de cible.

[Eldurvellir]

Eldurvellir réajusta la petite chauve-souris sur son épaule et dit lentement :

- Manipulation à distance...

Là il se souvint un bref instant de la bagarre dans la taverne d'Anarelis avec sa chère soeur de sang Sombria. Il continua.

- Ouverture-fermeture d'objets ou de portes...

Son esprit revint brièvement sur le sauna où Dame Haranis avait été victime d'un attentat. Il reprit sa liste de sorts.

- Réparation d'objets...

Aimant travailler de ses mains, Eldurvellir pensa qu'il l'utilisait rarement. Il espérait se souvenir de l'incantation malgré tout.

- Arme magique...

Très utile ! s'il avait eu le temps de s'en servir pour aider Fhiongan face à l'ankheg qui avait jailli sur leur chemin... Heureusement tout s'était terminé au mieux. Mais sans gloire.

- Effacement...

Là aussi, il s'en servait assez peu. Mais l'incantation était facile à retenir.