[Bâtiment] Le poste du Loup Hurlant, pour ceux qui sont de passages en nos murs

[Ithrand]

Le capitaine terminait une journée paisible et pénible. Peu de voyageurs étaient passés par son poste, mais il avait eu à faire à des cas particuliers, dont certains avaient directement été refoulés de Melandis, sans aucune autre forme de procès. Les fauteurs de trouble, il les reconnaissait efficacement, grâce à son expérience militaire forte de vingt années de service dans l'armée impériale mélandienne.

Il fit cependant un effort pour ne point paraître trop bourru à l'égard de la nouvelle venue, qui lui arrivait à peine à l'épaule.

"Mmh. Déclinez votre identité, ainsi que la raison de votre passage à Melandis."

[Rowan Blackwood]

Rowan baissa lentement le capuchon de la cape qu'elle portait pour se protéger du vent et leva la tête pour plonger son regard vide d'émotions dans celui du soldat de Mélandis. Après un court instant elle répondit d'une voix chaude mais monocorde aux questions qui lui avaient été posées:
- Rowan Blackwood, je cherche un endroit où apaiser mon esprit pour quelques temps.

[Ithrand]

Un endroit paisible... l'étrangère n'avait pas précisément choisi la meilleure destination, de l'avis d'Ithrand. La guerre religieuse était à peine terminée, s'entamait déjà celle contre Manost, les préparatifs s'intensifiaient de jour en jour... et la tension montait progressivement, avec des incidents qui éclataient ça et là.

Mais il n'était pas là pour juger des motivations des arrivants. Il se contenta de fixer la nouvelle, puis nota son nom, ainsi que la vague raison de sa présence à Melandis, puis lui répondit enfin :

"Bien. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous entriez. Allez-y."

Il détournait déjà son attention de Rowan, ses yeux inspectant au loin un chariot empli de marchandises qui approchait lentement de la porte. Le travail n'arrêtait jamais.

[Rowan Blackwood]

La frêle jeune femme se couvrit de nouveau la tête et franchit les portes d'un pas décidé, saluant le soldat au passage d'un bref hochement de tête. Son instinct lui dictait de trouver une auberge où s'installer au moins pour la nuit.

[Ravestha]

Il avait traversé le centre du continent sans rencontrer âme qui vive, l’avantage des déserts. Probablement le seul dans de telles circonstances d’ailleurs. La contrepartie, ça avait été ce vent sec qui ne l’avait pas quitté de bout en bout et qui tous les matins avait offert au grand Emissaire un paysage complètement différent de la veille. La température également l’avait éprouvé, assez haute en journée pour vous assécher un dromadaire et suffisamment froide la nuit pour vous ronger les os. Mais c’était toujours mieux que de se retrouver nez à nez avec quelques milliers de Cyriciens qui ne rêvaient que de remplir le verre avec du sang de Manostien et trinquer à la santé du Soleil Noir. Il n’avait pas non plus pu se permettre de faire un détour par la côte. Il aurait aimé revoir Armonis une dernière fois mais le sablier était retourné et le temps qu’il lui restait pour aller au bout de sa quête filait à la vitesse des grains de sable qui s’écoulait. Les mêmes qui, durant son voyage dans les terres du basilik, avaient cinglé son visage qui contemplait à présent les murs de la cité du chaos. Etait-ce de savoir que Cyric avait désormais la mainmise sur Melandis, que le fils de l’impératrice siégeait juste là au-delà des remparts ou alors que cette ville serait la dernière chose qu’il verrait ? Il ne le savait pas, mais toujours est-il que jamais lors de ses visites il ne l’avait trouvée si sombre.
A Aghoralis, il avait troqué ses atours nobles contre une armure en cuir de bonne facture, gardant son long manteau dans ses bagages pour les nuits froides. La tension avait été palpable là bas, et pour cause : la ville elle-même n’avait pas été la cible d’attaques mais nombreux étaient les bruits d’escarmouches à la frontière qui affluaient avec pour témoin des habitants de la campagne venant chercher asile. Beaucoup avaient laissé leurs terres en cendres à l’approche des troupes melandiennes. Mais peu arrivaient à estimer la taille de cette armée qui marchait vers les terres helmites. Ce n’était pas une force d’invasion à laquelle ils devaient faire face, elle venait détruire, mettre à sac et semer tout ce que le monde connaissait de terreur. Ravestha avait quitté sa garde personnelle dans cette ville, laissant libre choix à ses hommes de rester à Aghoralis aux côtés des soldats locaux ou de rentrer à Manost prendre leurs instructions auprès de ce qui restait du conseil.

La ville du centre s’effaça de ses pensées quand le semi elfe approcha des portes de Melandis. Sa monture au pas le berçait et une forte envie de dormir commençait à le prendre. Etait-ce le voyage ou l’éloignement avec sa lamelune, il ne savait le dire. Il savait juste qu’il n’avait pas de temps à perdre. Les voyageurs n’étaient pas nombreux à se présenter à l’entrée de la ville et il était même seul lorsqu’il posa pied à terre, tirant son cheval avec les rennes pour les guider tous deux à l’ombre de l’imposante arche qui permettait le passage vers l’intérieur de la cité. Arrivé à hauteur des gardes, il s’arrêta, ne doutant pas qu’on ne lui permettrait pas de rentrer sans dire bonjour.

« Salutations »

[Ithrand]

Un demi-elfe, l'air fatigué. Il devait venir de loin. Peut-être fuyait-il les combats qui devaient avoir commencé, aux frontières de l'empire. C'était dans ce cas l'un des premiers, car Ithrand n'avait pas eu fort à faire, ces derniers jours. Heureusement, car avec les ordres reçus de surveiller soigneusement toutes les nouvelles têtes, par crainte des espions en provenance de l'ennemi, il aurait fallu des jours pour accueillir le flot de nouveaux...

"Mmh", grogna-t-il pour seule réponse. "Votre nom, et la raison de votre passage ici ?" Le manque de travail ne mettait pas particulièrement le capitaine de la garde de bonne humeur. Il aimait terroriser les inconnus, les faire déguerpir sur un simple regard... chose qui arrivait somme toute assez souvent ; des soi-disant durs à cuire qui venaient tenter de glaner quelques pièces en ville, il en avait vu, pendant toute sa carrière de soldat.

Celui-ci paraissait plus sûr de lui. Sans doute un véritable aventurier, un type qui ne craignait en tout cas pas d'affronter les terres du Basilic seul.

[Ravestha]

Le regard du capitaine se voulait inquisiteur et quelque chose disait au Grand Emissaire que cet homme devait rarement se tromper dans ses jugements. Comme quoi, que ce soit à Melandis ou à Manost, on ne mettait pas n'importe qui à surveiller l'entrée de la ville. Heureusement ces derniers temps avaient appris à mentir à Ravestha. Il aurait presque commencé à y prendre goût...

"Erik Hathars. Pour ce qui est de la raison de ma venue... Eh bien, avec tous les hommes partis en croisade contre Manost, il y a sûrement des centaines de femmes qui trouvent leur lit un peu vide..."

Ravestha se força à esquisser un léger sourire en coin avant d'ajouter.

"Plus sérieusement, j'ai eu vent qu'il y avait quelques contrats qui avaient du mal à trouver preneur ici, alors je viens tenter ma chance."

Son cheval fatigué agita la tête, et le semi elfe lui flatta les flancs avant de reporter son regard sur le Melandien.

"Ce qui n'est pas incompatible avec la première idée au demeurant..."

[Ithrand]

Et il avait de l'humour, en plus. Le capitaine aimait bien ce genre de gars.

"Ah, ah. Oui, ça se pourrait qu'on ait besoin de gens comme vous. Mais pas pour n'importe quoi... le chaos règne, mais il ne faudrait pas que cela dégénère. Bon. Vous pouvez entrer. Bon séjour à Melandis."

Il serait bien resté quelques instants à discuter davantage avec le voyageur, mais une petite troupe arrivait justement aux portes du poste. Bah, alors qu'il n'avait pratiquement eu personne de la journée ! La peste soit de ces abrutis.

[Ravestha]

"Bon séjour à Melandis"

Il eût un petit rire intérieur, un jour il faudrait lui expliquer comment on pouvait passer un bon séjour dans cette cité. Ravestha ne s'attarda pas aux portes et pénétra dans la ville non sans qu'un frisson ne lui parcoure l'échine. Troisième fois qu'il mettait les pieds ici, Melandis allait finir par lui sembler familière mais quelque chose dans son ambiance avait changé depuis la dernière fois. On pouvait presque sentir le changement d'obédience, à vous faire devenir paranoïaque. Il scrutait chaque ombre, se retournait souvent, comme si à chaque instant un assassin pouvait surgir juste parce qu'il a vu quelque chose briller sur lui. Mais la seule chose qui brillait en ce moment, c'était l'acier d'une de ses lames mal enfoncées dans son fourreau sur le flanc du cheval.

Il ne restait qu'à trouver où loger, et voir par où il commencerait.

[Asmodeus]

Asmodeus se déplaçait en adoptant une attitude nonchalante, celle qui éveillait le moins les soupçons, celle qui proclamait à ceux qui s’attardaient sur sa présence qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait et qu’il avait tout à fait sa place où il se trouvait. C’était un moyen très utile de devenir invisible, d’accéder là où il n’avait strictement rien à faire. L’élu divin préférait ne pas mettre en œuvre ses autres talents quand cela n’était pas nécessaire. Après tout, une arme s’use si on en abuse. Mais le rythme presque guilleret de ses pas était aussi dicté par autre chose, une sensation presque physique. C’était la première fois qu’il poussait jusqu’à Mélandis et l’atmosphère délétère qui émanait d’elle était comme un phare. Oui, il se plairait ici, à condition d’en éviter les dangers. Un nouveau défi.

L’homme avisa que les portes étaient gardées, comme de bien entendu, il s’approcha de l’arche perçant la muraille sans se départir de son assurance.

[Ithrand]

Le capitaine n'avait pas eu beaucoup de travail, aujourd'hui. Le flot habituel de voyageurs s'était quelque peu tari depuis le début de la guerre, malgré l'absence totale de combats à moins de cent lieues de la cité impériale. À croire que les gens n'osaient plus venir ? Pourtant, si on regardait de plus près, les choses allaient mieux, en ville. Pas sous tous les aspects, mais une bonne partie, en tous les cas.

Ithrand en était à ce point dans ses réflexions lorsqu'un étranger arriva, seul, face à lui. Se redressant, il s'éclaircit la gorge avant d'entonner ses habituelles questions.

"Bienvenue, étranger. Quel est votre nom, et pourquoi souhaitez-vous entrer à Melandis ?"

[Asmodeus]

Asmodeus jeta un discret coup d'oeil à l'uniforme de l'homme qui l'avait accosté pour repérer son grade. Il n'était jamais mauvais de savoir à qui on avait à faire, a fortiori quand on se lançait ainsi dans l'inconnu. Et puis, cela aidait souvent à faire bonne impression. Tant qu'il était temps de se montrer loyal, du moins. Le voyageur prit sa voix la plus assurée pour répondre du tac au tac à la question :

- Asmodeus von Krigeneck, troisième du nom, vicomte des Landes pourpres vous salue Messire capitaine. Ne vous laissez pas abuser par la sobriété de mes effets et l'absence de mon escorte. C'est bien moi. Je voyage incognito pour une mission diplomatique. Je viens prêter mon concours à la Cité de Mélandis en ces temps sombres.

Asmodeus y mettait tant de conviction que le quidam moyen boirait ses paroles. Restait à savoir si son interlocuteur s'y laisserait prendre. "J'y suis peut être allé un peu fort cette fois. Nous verrons bien."

[Ithrand]

Le garde se contenta de noter les informations que le nouveau venu lui déclamait, sans manifester d'émotion particulière. Son rôle se cantonnait à s'assurer que les gens de passage ne comptaient pas troubler la relative quiétude de la cité du Chaos - amusant oxymore, lorsqu'on y songeait.

"Mmh mmh. Bon. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous entriez. Vous avez une idée de l'endroit où vous comptez vous rendre en premier lieu ?"

Histoire qu'on puisse savoir où dégotter cet énergumène en cas de pépins...

[Asmodeus]

La question était pertinente. Asmodeus se l'était posée pendant tout le voyage avant d'opter pour la plus évidente après en avoir pesé le pour et le contre. Ne connaissant personne en ville, il avait avant tout besoin d'informations, et de bonnes relations pour infiltrer les sphères de pouvoir. Ces choses n'étaient pas faciles à obtenir. Il fallait qu'il essaie une taverne. Informations et relations pouvaient s'y trouver, quoique pas toujours fiables, surtout dans la cité du chaos. Mais il avait déjà vu pire et il savait à quoi s'attendre. Il trouverait rapidement ses marques. Il répliqua d'un ton amène :

- Vu l'heure tardive, Asmodeus se contentera d'une bonne auberge. Ensuite, il aura des gens à rencontrer. En conseillerez-vous en particulier ?

Il n'avait pas précisé s'il évoquait une bonne adresse ou des personnages qu'il devrait rencontrer.

[Ithrand]

Le capitaine n'était pas du genre farceur. Il n'allait certainement pas indiquer au nobliau une maison close ou un tripot infâme où se jouaient des esclaves aux jeux de hasard...

"La taverne de la Gorgée d'Orge me paraît toute indiquée. Elle est essentiellement fréquentée par des gens aisés."

Puis, se rendant compte que le personnage ne connaissait évidemment pas le chemin pour s'y rendre, il précisa :

"Ah, oui. Pour vous y rendre, continuez tout droit pendant environ cinq cents mètres. Vous arriverez sur une place animée, ce sont les commerces. À partir de là, prenez vers le ponant. L'auberge se trouve dans l'artère que vous emprunterez. Vous ne pourrez pas la manquer, l'enseigne est bien visible."

[Asmodeus]

L'endroit indiqué paraissait tout à fait approprié pour ce qu'Asmodeus avait en tête. Les auberges de qualité étaient peut être plus chères mais elles constituaient de bon investissements. On y trouvait les renseignements les plus sûrs sur les les spères de pouvoir et surtout on y faisait des rencontres utiles. en sus, elles pouvaient fournir de bonnes couvertures le cas échéant. L'élu divin s'inclina bien bas devant le capitaine, lui faisant plus d'honneur qu'il en méritait selon lui :

- Asmodeus vous remercie capitaine. Il va suivre votre conseil.

Et aussitôt de se mettre en route dans la direction indiquée.

[Elzen]

Tout en marchant vers les portes de la ville, Elzen réfléchit un peu à la situation. Le dernier portail planaire qu'il avait franchit l'avait amené directement dans les rues de cette ville – Mélandis, avait-il compris – sur laquelle il ne connaissait presque rien. Il avait apprit à la forge qu'une guerre était en préparation, mais il ne savait pas contre qui, et n'avait aucune autre information utile. Se présenter dans ces conditions dans un bureau de recrutement en venant de la ville même n'était pas forcément la meilleure manière de faire bonne impression.
En revanche, il avait apprit au cours de ses voyages que les villes de cette importance étaient souvent entourées de villages modestes et autres zones que les citadins considéraient souvent comme peuplées d'arriérés et d'ignorants ; mais qui, cependant, étaient souvent mobilisés lorsque la situation l'exigeait. Feindre d'être dans cette situation excuserait sans doute une partie de ses lacunes sur la géopolitique locale – ou, du moins, cela leur donnerait un air moins suspect. Pour jouer ce rôle, il devait arriver de l'extérieur.

Soupçonnant la possibilité de quelques frais de douanes, et pour rembourser une partie de son dernier investissement, il s'arrangea sur son trajet pour détourner habilement l'attention d'un petit bourgeois sans grand intérêt le temps de lui dérober sa bourse, avant de disparaître en direction des remparts. Le temps que l'homme se rende compte de la disparition de son bien, Elzen s'était glissé à l'extérieur de la ville, et quelques instants plus tard, rejoignait la grande route en direction du poste de garde.
Tâchant de gommer l'aspect juvénile de son visage, et de laisser s'exprimer l'air aguerri reçu de ses voyages, il se présenta aux sentinelles de garde, sûr de lui. Comme on l'interrogeait sur le motif de sa venue en ville, il déclara simplement, montrant la hache à sa ceinture,

« On m'a dit qu'une guerre se préparait ; je suis venu me rendre utile. »

[Ghuldrir]

Les temps étaient durs pour les gardes du poste. Avec la guerre qui venait de débuter, les réfugiés commençaient à affluer, et s'occuper de tous ces pouilleux en s'assurant au mieux qu'ils n'étaient pas des manostiens déguisés n'était pas de tout repos. Aussi, Ghuldrir le sans-cœur aidait Ithrand à la tâche, et boutait hors de la cité du Chaos les misérables qui, selon lui, ne méritaient même pas de crever dans les bas fonds de Melandis.

Lorsqu'un jeunot à l'aspect hirsute et bigarré lui adressa la parole, il eut l'impression d'avoir bu une bouteille de trop. Surtout lorsque ledit hirsute évoqua une guerre dont il ne semblait pas connaître la nature exacte. Par les dieux, ça existait, des types aussi louches ?

"Ouais, une guerre. Ben tiens. Et tu crois qu'on a tant d'pouilleux ici pourquoi, sinon ? Ils veulent juste venir faire du tourisme ? 'Fin bon. Tu veux t'battre, c'est ça ? Mmh. Moi, j'm'en fous. Surtout si ça peut faire que tu vas crever au loin d'ici, ça m'dégagera la vue. Va voir dehors. Y a encore des troupes qui s'rassemblent pour partir vers Aghoralis, de c'que j'sais. Et tu f'rais mieux d'prendre de quoi survivre au désert, sinon demain t'es déjà bouffé par les vautours, hé !", ricana-t-il en guise de conclusion à son sympathique discours.

[Elzen]

Désolé pour le retard…

Charmant bonhomme. Mais qu'attendre de mieux d'une personne à ce genre de poste, après tout ?
Elzen ne se formalisa guère de l'accueil et des remarques désobligeante, il avait connu bien pire. D'ailleurs, à les regarder tous deux, il était évident que le garde aurait eu beaucoup plus de difficultés à survivre au désert, où sa boisson favorite devait se faire encore plus rare que l'eau. Le tieffelin, quant à lui, avait son matériel habituel dans sa besace, ainsi que l'arme qu'il venait d'acquérir ; il avait déjà traversé des contrées moins hospitalières avec moins d'équipement.

Encore que, l'instant de bravade intérieure passée, il se dit que, quelles qu'aient été les difficultés de ses voyages passés, il serait peut-être bon de ne pas considérer sans même savoir où il mettait les pieds qu'il avait déjà connu pire. La région semblait, dans son référentiel, plutôt accueillante, mais pouvait receler des dangers cachés ; mieux valait tout de même rester prudent. Il irait voir d'abord, et jugerait de l'hospitalité de la région ensuite.

Davantage pour montrer au garde que ses remarques ne l'atteignaient pas que par conviction, il gratifia son interlocuteur d'un « Merci bien » presque amical, avant de sortir dans la direction indiquée, cherchant du regard quelque chose qui ressemblerait à un officier vaguement supérieur auquel s'adresser.


Avisant un individu avec une armure un peu plus reluisante que celle du reste des gardes qu'il croisait, Elzen se dirigea vers lui pour proposer une nouvelle fois ses services. Sans entrer trop dans les détails, il se présenta comme nouveau en ville, capable de se battre, et disposé à apporter son aide dans les batailles à venir – contre rétribution, bien sûr. La stricte vérité, n'est-ce pas ?
Il avait adopté un ton aguerri, témoignant d'une expérience qui n'était pas entièrement feinte, la main sur la hache, se donnant l'air sérieux et prêt à risquer sa vie. Quelques courtes phrases, sans plus, allant directement à l'essentiel – les soldats qu'il avait croisé jusque là n'étaient guère enclins aux longs discours. Il acheva en demandant simplement ce qu'il avait à faire, comme s'il ne présentait aucun doute qu'il serait engagé.

[Frindal]

Quête : Les Squelettes du Placard
Chapitre 8 : Terre Melandienne (suite)

S’extirpant des sables du désert, les trois voyageurs parvinrent enfin au terme de leur périple. Les remparts de Melandis étaient gigantesques et si Taliesin et Ombeline les avaient déjà contemplés, c’était une première pour Kerun. L’elfe des bois était manifestement impressionné et le barde l’avait entendu en appeler à la bénédiction de Lathandre pendant les dernières toises qui les séparaient de la petite file qui se formait dans l’ombre de la muraille. Il est vrai qu’en comparaison, Luménis semblait tout juste encerclée d’une sympathique barrière.
Ombeline se plaça dans l’ombre de Taliesin, Kerun se redressa, et ils se faufilèrent à la suite d’une paire de cavaliers en cape grise qui devisaient avec animation. Autour d’eux, la foule ne dépareillait pas avec ce qu’on aurait pu attendre aux abords d’une grande ville. Peut-être les gens étaient-ils un peu plus silencieux ou rudes, leurs regards un peu moins amènes, leurs bavardages un peu moins enjoués. Peut-être.
Ce fut enfin leur tour et un garde s’approcha d’eux, la mine circonspecte.
« Ben mes lascars, pour être défraîchis, vous êtes défraîchis ! On vous a pas prévenus qu’il y avait un putain de désert autour de Melandis ? »
Il se mit à rire.
« Bon. Qu’est-ce que vous faites là, au juste ? Vous cherchez p't'être juste de l'ombre, en fait. »

[Taliesin]

Tout au long de cette marche harassante, le barde avait été hanté par les souvenirs de sa précédente arrivée à Melandis. A cette époque, il avait l'espoir chevillé au corps, était convaincu que tout était possible pour peu qu'on y mette de la bonne volonté. Il croyait qu'on pouvait changer le monde. Quel contraste avec l'être pessimiste, bourrelé de remords et écrasé par la culpabilité qu'il était à présent ! Heureusement que des préoccupations plus immédiates l'empêchaient de trop y songer...
-Salutations, messire, dit-il en saluant courtoisement le garde. Il avait adopté le ton aristocratique qu'affectionnaient tant ses congénères ; avec sa gorge asséchée, la chose n'était pas dépourvue d'un aspect presque pathétique, et c'était sans doute encore mieux. Croyez bien que c'est en un tout autre équipage que je pensais rejoindre Melandis... Je me nomme Belenn et j'ai traversé l'océan depuis les Marches d'Argent pour proposer à vos riches concitoyens des pièces d'artisanat et d'orfèvrerie elfiques. Bien sûr, j'avais pris toutes les précautions possibles pour la traversée du désert, mais c'était sans compter sur la trahison de notre guide... Il y a trois jours, il nous a conduits tout droit dans une embuscade de brigands. J'en ai réchappé avec l'un de mes gardes du corps et l'une de mes esclaves, mais pour autant que je sache, le reste de la colonne a péri, et mes biens sont entre de mauvaises mains.
Il esquissa un geste rageur, comme si repenser à ce drame le mettait hors de lui, puis il soupira, la mine résignée.
-Enfin, je suis en vie, c'est tout ce qui compte. Et c'est assez miraculeux, je l'admets : nos montures ont rendu leur dernier souffle hier matin, et nous avons vidé notre ultime outre à l'aube...
Il fit une grimace.
-Veuillez m'excuser pour mon bavardage, messire. Je suis tellement heureux d'avoir enfin affaire à quelqu'un de civilisé que j'en oublie les bonnes manières...

[Frindal]

Le garde avait levé les sourcils au fur et à mesure que l'elfe déroulait son récit. Il finit par retrouver son sourire.
" C'est qu'vous avez pas payé assez. Quand on transporte plein de trucs précieux, faut payer à la hauteur ! Cela dit, vous pouvez toujours essayer de déclarer le vol, c'est pas ça. Mais honnêtement... J'y croirais pas trop. Sauf si vous aviez justement un joli machin destiné à l'Empereur, il pourrait le prendre comme un affront personnel, on sait jamais..."
Il rit encore.
" Donc vous n'avez pas un sou ? Bon. Vous pouvez toujours la vendre elle. Ou lui. Ils donnent un bon prix aux arènes, pour ce genre de gars, s'il est sain, cela dit, parce qu'avec la Feuille Pourrie, les elfes, c'est plus trop couru : on les achète pour presque rien. Mais aux arènes, comme ils tiennent pas longtemps de toute façon, on donne encore pas mal d'oseille. Pensez-y. Parce que je vois pas bien où vous allez dormir ce soir. Vous comptez faire comment, d'ailleurs ? Parce que je ne voudrais pas faire entrer des vagabonds. Vous avez un point de chute ? Ou vous allez vendre ?"

[Taliesin]

-Je pensais me rendre en premier lieu dans le quartier marchand : dans une cité aussi vaste que celle-ci, des membres de mon peuple se sont forcément établis, et comme il n'est pas rare que nous nous rendions de petits services en cas de coup dur, j'ai bon espoir d'obtenir un prêt grâce auquel je pourrai me relancer, voir payer des mercenaires pour tenter de récupérer mes marchandises. Mais si la chance n'est pas de mon côté, et bien... Je vendrai, oui. Cette idée ne me plait guère, car m'imaginer sans la moindre suite... Enfin, si je n'ai pas le choix, je le ferai. Cependant, il n'est pas impossible non plus que j'inscrive simplement mon garde du corps aux arènes : il est plutôt doué, pourrai probablement remporter quelques combats et, ainsi, m'aider à renflouer mes caisses.

[Frindal]

Le garde grimaça.
" Si vous voulez risquer, libre à vous. Mais il y a des bêtes de combat, en ce moment, aux arènes. Vous seriez bien embêté si vous l'engagiez et ne récoltiez qu'une peau sanguinolente comme récompense. Enfin, je dis ça, sans vouloir te manquer de respect mon gars."
Kerun ne broncha pas, demeura de marbre, la main sur le manche de sa lame.
" Bon, mais il me faut aussi leur nom et leur qualité. Elle fait quoi, la donzelle ? Elle a pas l'air du genre à pouvoir réchauffer un homme au coeur de la nuit, ça non."

[Taliesin]

Taliesin sourit largement, comme si la remarque l'amusait beaucoup.
-Ah ça, je ne vous le fais pas dire ! Betty accomplit très bien son travail de domestique : laver le linge, cuisiner... Mais pour le reste, sincèrement... Enfin, ce n'est pas ce que je lui demande, de toute façon. Pour cela, j'avais une admirable esclave de lit. J'enrage à l'idée que les bandits soient en train de s'amuser avec elle. Tant d'adresse entre les mains de tels rustres, c'est... révoltant. Toutefois, même si je n'arrive pas à la récupérer, j'imagine que je trouverai aussi bien, sinon mieux en vos murs. Je m'en occuperai sitôt que je serai plus en fonds. Et même s'il me faut du temps pour réunir la somme nécessaire à semblable achat, je pourrai toujours patienter autrement. J'ai ouï dire que Melandis possédait des établissements de tout premiers ordre dans lesquels, au milieu du luxe le plus raffiné, on trouve de quoi satisfaire tous les goûts, même les plus exigeants...
Son regard devint un instant rêveur puis, se ressaisissant, il désigna le luménien.
-Mon garde du corps s'appelle Calanon. Je pense qu'on peut dire qu'il est guerrier de profession.

[Frindal]

Le garde rit d'un air conspirateur.
" On vous a pas menti : on trouve de quoi s'occuper dans les tavernes mélandiennes... Cela dit, j'ai du mal à imaginer un elfe, même crotté, appréciant vraiment ce type de plaisirs. Mais je peux me tromper..."
Il baissa les yeux sur son parchemin, jeta un oeil derrière l'épaule de Kerun, sur la file des voyageurs qui s'étendait désormais sur la piste.
" Bon, ça m'a l'air en ordre. Vous avez d'la chance qu'on d'mande plus de taxe d'entrée, parce qu'il aurait fallu me laisser tâter une certaine marchandise pour que j'oublie... Mais bon, les ordres, tout ça, je vous laisse passer. Attention, cela dit, si j'vous trouve qui traîne dans les rues en d'mandant une p'tite piécette : j'vous rejette dans le désert, et j'm'en fiche si vous avez trop chaud."
Il leur fit signe de passer.
" Vous perdez pas, voyageur !"

Il leur suffit de franchir la grande arche, sous les murs épais de la cité, pour se retrouver dans une rue poussiéreuse, où la chaleur était à peine moins forte qu'au dehors. Les remparts colossaux, cependant, semblaient écraser le promeneur, l'emprisonnant durablement dans une gangue de pierre sinistre.
Il ne leur resta plus, Taliesin en tête, qu'à s'élancer dans les rues de la cité.

[Mornagest]

En provenance de

La petite troupe marcha un moment sans encombre, puis finit par atteindre les portes de la cité. Les gardes n'étaient pas très nombreux, à cette heure, et la herse était close. Personne d'autre n'était en vue, les mendiants, les voyageurs inconscients et les citoyens rentrés dans la cité s'étaient éclipsés depuis belle lurette pour regagner leurs pénates - ou le dessous de pont où ils logeaient, le cas échéant.

Lorsque les cultistes arrivèrent auprès d'un des gardes de faction, le chef lui parla à voix basse. Un petit paquet lui fut tendu, le garde hocha brièvement la tête, l'air satisfait, puis il grogna un ordre à un de ses subalternes, qui faisait le planton non loin de là. Ce dernier disparut dans le corps de garde, puis, quelques instants après, la herse se relevait lentement, dans un craquement métallique qui résonnait lugubrement sur les pavés vides des rues alentours. La petite troupe allait pouvoir passer, et la herse se refermerait rapidement derrière elle.

Pendant ce temps, Silmandel constata avec un certain soulagement que son état n'empirait pas, à défaut de s'améliorer. Il avait mal à la tête, et se sentait un peu fébrile, mais c'était raisonnable par rapport à la veille. Et avec un peu de chance, cela passerait avec le temps.

[Asmodeus]

Asmodeus évalua rapidement la situation : le groupe était juste devant lui et avait manifestement trouvé un arrangement avec le capitaine des gardes de la porte pour passer malgré l’heure tardive. A partir de là, il n’avait plus que trois choix possibles et devait se décider dans l’urgence entre rebrousser chemin, ce qui serait dommage après tous ces efforts, attendre que le groupe s’éloigne et se lancer lui-même dans une tentative de corruption qui ne risquait pas de passer inaperçue et tenter sa chance en se rapprochant du groupe pour passer sous la grille avant qu’elle se referme. Il opta pour cette dernière hypothèse tout en mettant quelques chances supplémentaires de son côté pour tenter de passer inaperçu. Si ce faisait malgré tout alpaguer, il pourrait toujours tenter de bluffer en arguant qu’il était là pour couvrir le groupe qui le précédait :

Asmodeus -> Brume de dissimulation -> Portes

[Manfred]

Tiens, un pot de vin. Toujours aussi efficace où qu’on soit. Silmandel esquissa un sourire un peu plus large que celui qu’il arborait si souvent. Le groupe allait quitter la ville, le désert était là, juste devant. Bientôt, enfin l’elfe l’espérait, ils seraient arrivés et le test pourrait avoir lieu. Son état stagnait, il devrait tenir bon. Parfait. Et Asmodeus dans tout ça ? Ho, qu’il se débrouille ! Curieusement, l’ensorceleur était sûr que son compagnon allait y arriver. Le grincheux était trop rusé pour se laisser arrêter par une simple porte.

[Mornagest]

Les gardes s'étonnèrent de cette apparition aussi soudaine qu'impressionnante de brume autour des portes. Ils flairèrent rapidement quelque chose de suspect là-dessous, mais n'eurent pas le temps de fouiller la zone embrumée pour y trouver Asmodeus : ce dernier venait de se glisser au-dehors, de justesse. Il avait évité un bras de quelques centimètres...

La troupe et son suivant étaient désormais hors de Melandis et s'apprêtait à parcourir une petite distance.

"Nous n'en avons pas pour très longtemps. Le mieux est de se trouver hors de vue de ces abrutis de gardes. On ne sait jamais... il y a quelques dunes, là-bas, qui suffiront largement." Il indiqua les masses de sable, à une demi-lieue des portes environ.

En route vers