[SCSA] Sans Chaleur, Sans Avenir

[Taliesin]

Le hennissement d'un cheval. Les cliquetis d'une armure. Le bruit de l'acier contre l'acier, de l'acier contre le bois... Une seule explication à tout cela : Benoit et Christophe avaient réveillé le chevalier. C'était une excellente nouvelle. Une nouvelle formidable, même !

Cependant, Pierre ne se détourna pas de son combat, pas même pour jeter un simple regard par dessus son épaule. Peut-être le chevalier viendrait-il à son aide dans seulement quelques instants. Peut-être aussi en serait-il empêché par la survenue d'un nouveau péril... Dans le doute, il ne pouvait, ne devait pas s'arrêter. C'est pourquoi, avec une détermination renouvelée, le petit garçon continua à frapper les pantins qui retenaient Bellatrix. Sa lame avait beau ne pas être devenue pure lumière, elle n'en était pas totalement inefficace pour autant. Ne venait-il pas d'envoyer l'une des créatures dégringoler l'escalier ?

[Kasumi]

Le cœur de Benoît bondit dans sa poitrine de fierté quand le chevalier s’éveilla sous ses doigts. C’était là un de ses tours les plus clairement réussis et ses amis étaient là pour y avoir assisté en plus ! Néanmoins, il ne perdit qu’un instant à regarder les exploits du paladin : il y avait d’autres statues à réveiller absolument car les sbires du mal pouvaient à tout moment obtenir d’autres renforts. Et tous ne seraient pas aussi faibles que les pantins de bois. Les trois prochaines statues de son côté étaient la fée, le chat et l’angelot. Il avait déjà décidé d’éviter le chat bien qu’il les aima : ils pouvaient parfois se montrer indépendant voire cruels. Il se concentra donc sur l’angelot qu’il connaissait déjà. Cela permettrait certainement de faciliter sa mise en action. Ensuite il reviendrait vers la fée qui pourrait apporter sa magie au combat.

[Althéa]

Bellatrix gesticulait en tout sens, tentant de se débarasser des pantins qui revenaient plus nombreux. Elle voyait Pierre, non loin d'elle frappant de son épée leurs ennemis. Et puis, elle entendit le henissement d'un cheval et eut presque envie d'en rire. Que venait donc faire un cheval dans le manoir ? Elle se souvint alors de la statue du chevalier. Cela lui redonna courage. Elle se mit à crier, avec plus de conviction cette fois.


"Massacre à la tronçonneuse, psychose, shining, la cabane dans les bois, Amytiville, Gremlins, le cauchemar de Elm Street, Evil Dead."

Et elle espéra qu'une des créatures d'un des films vienne l'aider.

[Manfred]

Musique d’ambiance

« Je suis la justice ! » clama le chevalier tout en laminant les jouets diaboliques.

Blancheneige décapitée, ainsi que son groupe de nain, le guerrier tout d’acier luisant se porta au côté d’un Pierre déchaîné. Le garçon avait éjecté pas moins de trois autres pantins au bas des marches. Le souci, c’était qu’ils revenaient sans cesse, n’étant pas cassés. Le problème fut bien vite réglé sous les coups puissants du paladin.

« Tu te bats bien petit gars », fit-il à Piotr. Puis, à Bellatrix : « Vous voilà sauvé mademoiselle ! »

L’affaire n’était toutefois pas réglée. D’autres poupées se présentaient, deux dizaines cette fois. Le chevalier se rua à l’attaque, secondé à sa propre surprise par une horde de Grimlins débarqués d’on ne sait où. Ce n’était pas une bataille mais un carnage. Les bestioles de Bellatrix sautillaient de partout, la lame du chevalier fracassait, implacable. Pierre pouvait même se dispenser de se joindre à la fête, à moins que l’enthousiasme ne le pousse à réclamer sa part. Et ça ricanait, et ça saccageait, ça tourbillonnait, venait-on de débarquer dans un film pour la jeunesse ? Ici un Grimlins armé d’une jambe de pantin, cognant sur le propriétaire de la dite jambe. Là, un grimlin qui se déguisait en bouffon, ayant au préalable dépouillé le jouet concerné.

« Mais c’est joyeux, ici ! Un peu violant mais joyeux ! » Commenta l’angelot, désormais réveillé. « A quoi vous jouez ? » demanda-t-il à l’attention de Benny.

Du côté de Christophe, le lutin se mit debout sur son champignon. L’air ravi, il claqua des doigts et le bricoleur disparut dans un nuage étoilé. Une fois que le nuage s’était dissipé, il ne restait plus rien du bambin.

« Et voilà ! » déclara le lutin.

Pour Christophe :

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Cricri eut la surprise de constater qu’il était devenu invisible. Même lui n’arrivait pas à ce voir. Tout ce qu’il tenait, portait était également transparent. Restait à savoir combien de temps cela allait durer...

[Mornagest]

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Le temps de comprendre ce qui lui arrivait, et il imagina deux possibilités de se servir de son état temporaire : soit en profiter pour se glisser dans leur chambre et aller récupérer quelques précieuses affaires - notamment des vêtements plus chauds, surtout pour Benny - soit se joindre au combat pour frapper les ennemis traîtreusement. Mais cette option ne le tentait guère : il risquait tout aussi bien de recevoir des coups de leurs alliés sans qu'ils s'en aperçoivent... et un coup d'épée du chevalier était à même de le couper en deux ! Il frissonna à cette idée. Non, il valait mieux aller à la chambre et prendre des affaires...

Il se dirigea vers la pièce et entra puis fouilla leurs affaires à la recherche de pulls et de lampes de poche.

[Kasumi]

Tout semblait enfin tourner à leur avantage et Benny donna une réponse enthousiaste à la question de l’angelot :

- On joue à détruire les créatures du mal invoquées par Diablotine. Tu veux jouer avec nous ?

Mais ces mots avaient à peine franchi ses lèvres qu’il constata avec stupeur la disparition de Christophe. Se tournant vers le lutin qui était sans nul doute à l’origine du phénomène, il sollicita l’assistance de son nouvel allié avec une pointe d’inquiétude tout en admonestant le nouveau venu avec son tact habituel :

- Qu’est-ce que tu as fait de mon ami ? Si tu lui as causé des ennuis, tu vas en avoir, toi aussi !

[Taliesin]

Le compliment du chevalier l'avait fait rougir jusqu'aux oreilles. Quant au coup magistral réussi par la petite fille, il lui arracha d'abord une exclamation stupéfaite puis un grand éclat de rire lorsque les gremlins commencèrent à se livrer à leurs mortelles facéties.

-Ouah ! Trop génial ! Bravo, Bellatrix ! s'écria-t-il, ravi.

Et de lui taper sur l'épaule, avant de réaliser qu'en général, les filles n'appréciaient guère ces manifestations de virile sympathie.

-Allez, viens : faut rejoindre les autres... reprit-il en essayant de dissimuler son embarras.

Toutefois, parvenu au sommet des marches, il s'immobilisa, hésitant.

-Je reviens... Faut éliminer le plus vite possible tous ces pantins...

L'instant suivant, il brandissait son épée, poussait un tonitruant cri de guerre et se ruait vers le champ de bataille. Certes, il n'avait pas menti à son amie : il pensait réellement qu'ils devaient se débarrasser au plus vite de leurs adversaires, avant qu'il n'en arrive d'autres. Mais ça n'était pas la seule raison qui l'avait poussé à charger ainsi : il avait enfin trouvé un exutoire à toutes la frustration, à toute l'angoisse, à toute la souffrance accumulée au cours des dernières heures. Et puis, compter un chevalier parmi ses alliés, ça provoque de l'émulation, forcément...

Parvenu au cœur de la mêlée, comme entré en transe, le gamin se mit à marteler de coups furieux toutes les créatures de bois passant à sa portée. Apparemment, il n'avait pas l'intention de s'arrêter avant que le dernier ennemi ait été terrassé...

-POUR LE ROI ROBB ! hurlait-il à chaque assaut, sans trop savoir ce qu'il racontait. POUR LE JEUNE LOUP ! POUR LA MAISON STARK !

HRP : désolé, j'ai trop écouté la musique d'ambiance

[Althéa]

Bellatrix sourit en regardant Pierre se ruer à l'attaque sur les pantins et les gremlins faisant un sacré carnage. Et puis, il y avait tous leurs alliés que Christophe et Benny avaient réveillés de leur immobilité de pierre. Mais Christophe ? Où donc était Christophe ? Elle remercia le chevalier avant de se diriger vers son amoureux. Et elle lui demanda :

"Où est Cricri ?"

[Manfred]

« Diablotine ? Tu parles de lui ? »Interrogea l’angelot en désignant du doigt la certainement fausse statue du démon juste en face de lui.

Il n’était pas difficile de constater qu’il ne l’aimait pas, mais alors pas du tout. Alors, quoi que fasse cette vile créature, il fallait l’en empêcher !

« Il envoyait des gens dans mon rêve pour m’embêter ! Il est tellement méchant, il faut qu’il s’excuse ! » Déclara le bambin ailé.

Mais Benoît était déjà en train d’apostropher le lutin. Ce dernier, loin d’être froissé, se tourna vers lui, un large sourire aux lèvres.

« Il a voulu un tour de magie. Tu en veux un aussi ? »

Pendant ce temps, Pierre, qui brayait des choses qu’il ne devrait pas connaitre à son âge, le chevalier et la horde de grimlins terminèrent d’exterminer les pantins. D’autres étaient encore arrivés, mais ce ne fut que pour prolonger un rien de temps le plaisir de cette bataille sans risque. A présent, l’épée de Piotr et celle du Paladin n’avaient plus de cible. Les Grimlins, privés d’amusement, s’en furent sans demander leur reste. L’instant d’après, ils avaient disparus.

Pour Christophe :

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Dans la chambre, point de mauvaise surprise. L’invisible Cricri trouva assez rapidement ce qu’il était venu chercher. Dans le bagage même de Benny, il y avait de quoi rhabiller correctement ce dernier. Il en serait sans doute ravi !

[Mornagest]

Alors qu'il attrapait en vitesse des vêtements pour Benny, le silence se fit progressivement dans le couloir, malgré quelques cris qui paraissaient plus être d'enthousiasme que de douleur, d'après ce qu'il pouvait en juger.

Lorsqu'il revint dans le couloir, les pantins étaient détruits, le chevalier, l'angelot et le lutin discutaient avec ses camarades, et ces derniers semblaient le chercher. Oh, tiens... l'occasion de faire une petite farce à Bellatrix. Non ?

Il s'approcha d'elle et lui susurra dans l'oreille :

"Bouh."

[Manfred]

Mais quel farceur ce Cricri ! Profiter ainsi de son invisibilité était digne de... de... et bien de Bellatrix justement. La farce, très inspirée, n’eut toutefois pour effet que de faire retourner la fillette qui avait reconnu sa voix. Ce fut après qu’elle fut surprise, puisque, derrière elle, elle ne voyait rien...

[Kasumi]

Benny était trop concentré sur la réponse à donner au lutin pour remarquer que Bellatrix était prise à parti par une entité invisible ayant la voix de Cricri.

- J’adore la magie oui mais elle est trop importante pour être utilisée à la légère ! Il vaudrait donc mieux garder tes tours pour plus tard. On va avoir encore besoin d’aide pour quitter la maison car les amis de Diablotine voudront nous en empêcher. Vous pouvez nous suivre dehors ?

Si c’était le cas, le gamin réveillerait d’autres statues, celles dont il était certain qu’elles feraient de bons alliés. Sinon, il ne voyait pas trop l’intérêt de les déranger maintenant que la bataille touchait à sa fin. En attendant, il comptait bien profiter d'être à cet étage pour trouver de quoi s'équiper à nouveau pour affronter les frimas du dehors.

[Althéa]

Bellatrix se retourna et ne vit rien. Peu inspirée, elle se tourna de l'autre coté pour voir. Rien non plus. C'était Cricri, à n'en pas douter. Mais où était-il ? Elle qui s'amusait d'ordinaire à faire peur ne goûta pas la plaisanterie. Même, elle fut plutôt inquiète. Avec toutes les péripéties, elle se méfiait maintenant.

"Cricri, où est-ce que tu es ? Est-ce que tu t'es changé en un truc pas cool ?"

Elle essayait de faire comme si elle n'avait pas peur mais elle tremblait un peu.

[Taliesin]

C'est un Pierre en nage, ébouriffé et surtout heureux comme un pape qui, une fois le combat terminé, rejoignit le groupe. Il remarqua que Christophe était absent et que Bellatrix le cherchait : cependant, comme celle-ci ne lui sembla pas inquiète - il était trop ravi pour relever les signes légers de peur qu'elle s'efforçait de dissimuler -, il ne s'inquiéta pas non plus. Il nota également que ses copains n'avaient pour l'instant réveillé que deux alliés supplémentaires : l'Angelot et le Lutin.

Or, malgré son euphorie, une part de lui-même demeurait consciente qu'ils n'avaient remporté qu'une bataille et non la guerre, et que se procurer des renforts supplémentaires ne serait pas superflu. Aussi, puisqu'il se tenait à proximité de la Fée, s'approcha-t-il d'elle sans marquer la moindre hésitation.

-Réveille-toi ! lança-t-il après avoir touché trois fois la statue.

[Manfred]

Le lutin fit la moue et répondit à Benoît :

« Toi, t’es pas drôle. J’ai rien à dire aux gens pas drôles. »

Sur ce, il sauta au bas de son champignon et courut voir le chevalier. Celui-ci rengainait son épée et revenait vers les enfants. Quand le petit être, tout de vert vêtu, se posta devant lui, il s’arrêta, intrigué.

« Que puis-je pour vous, lutin ? »
« Vous voulez un tour de magie ? »
« Hum, navré. L’heure est grave. Ce lieu est habité par le mal. Point de distraction tant que le travail n’est pas fait. »
« Holala ! Vous aussi vous n’êtes pas drôle ! »

Le lutin, malchanceux, se dirigea vers Bellatrix, sous le regard amusé de l’angelot.

« Salut fillette ! Tu veux un tour de magie ? »

Pendant ce temps, la fée s’éveillait. Gracile demoiselle aux cheveux d’or, aux ailes d’argent et à la jupe légère d’un bleu délicat, elle s’envola de sa rose et tournoya autour de Piotr, visiblement ravie de ce qui venait de se passer. Dans son sillage, de petites étoiles luisaient avant de s’évanouir.

« Ho, merci, merci, mille merci pour ce geste si gentil ! »

Et hop, vivace, elle embrassa Piotr sur la joue.

[Mornagest]

"Je suis là. Le lutin m'a fait disparaître mais je suis là quand même, je ne suis pas parti", fit le garçon à l'adresse de ses camarades. "Je sais pas combien de temps ça va durer... je peux peut-être aller voir ce qui se passe en bas, si on peut y aller ?"

Il pourrait profiter de son invisibilité pour espionner tranquillement les éventuels pantins en bas, et l'inénarrable Morticia, évidemment...

"Oh, Benny, j'ai des habits pour toi !" fit-il enfin, en les laissant tomber à terre près de son copain.

[Kasumi]

Benny ne savait pas vraiment où se trouver Cricri et il ne pouvait donc pas regarder dans sa direction pour le remercier. Mais le geste de son copain était très touchant : il avait pensé à son inconfort alors même que la bataille faisait encore rage et c’était là une attention très estimable. Benoît s’empara donc des dits vêtements en espérant que Christophe avait pensé à lui prendre des chaussures ou, à défaut de grosses chaussettes. Puis, après avoir lancé un merci sincère au vide devant lui, il se tourna timidement vers Bellatrix :

- Il vaut mieux que je n’aille pas dans une des chambres… Tu pourrais, je sais pas, juste te tourner une minute…

[Althéa]

Bellatrix ne faisait pas attention à lui mais au lutin qui lui avait demandé si elle voulait qu'il lui montre un tour de magie. Et c'était plutôt tentant. Elle adressa tout de même à son copain un petit :

"Oui, oui ...", sans vraiment l'écouter et se retourna vers l'être magique.

"Un tour de magie ? ça dépend quoi. Mais oui, je veux bien."

[Taliesin]

Pierre fut si décontenancé par le geste de la Fée qu'il resta quelques instants sans savoir que dire et sans pouvoir réaliser ce qui se passait autour de lui.

-Heu... De... De rien, mademoiselle... finit-il par balbutier, rouge comme une pivoine.

Néanmoins conscient que le temps pressait, il fit un violent effort pour se ressaisir. Il devait au plus vite ranimer d'autres statues, c'était une certitude. Mais si cette fée était aussi susceptible que la Clochette de Peter Pan, il devait prendre soin de ne pas la vexer, ne pouvait donc l'abandonner sans autre forme de procès. Non, il devait l'amadouer, au contraire.

-On... On réveille tous les gentils, expliqua-t-il. Parce qu'il y a plein de méchants qui veulent nous tuer. Il y a Diablotine, par exemple, et Morticia. Enfin, l'ancienne femme de monsieur Larouge, je veux dire. Et... heu... Voilà : comme vous aviez l'air d'être la plus gentille, pis comme vous êtes, ben... heu... la plus jolie, moi j'ai commencé par vous. Mais donc, les méchants, ils vont vraiment arriver bientôt, alors faut aussi que je réveille les autres. Est-ce que vous pourriez me dire c'est qui, les gentils ? La Licorne, je crois qu'elle l'est. Mais les autres ? Le Magicien, par exemple ? Ou... Le Roi et la Reine ?

[Manfred]

Le lutin se fendit d’un sourire radieux. Après deux échecs, il avait enfin trouvé un nouveau candidat en la personne de Bellatrix. Il claqua des doigts et hop, voilà la fillette tout de rose vêtue.

« Le noir, c’est trop triste ! » argumenta le petit être.

Pendant ce temps, la fée, très flattée par les compliments de Piotr, s’empressa de lui répondre.

« La licorne, c’est mon amie ! Elle est si douce, si gentille ! »

Disant cela, la demoiselle ailée tourbillonna autour de la statue concernée. Puis, elle ajouta :

« Le vagabond, je le vois parfois. Il est un peu bizarre. Je ne sais pas trop s’il pourra vous aider. C’est par contre un sacré roublard ! Pour les autres, je ne sais pas, sauf pour l’ogre, mais lui c’est un méchant mangeur d’enfants. Allez, faut réveiller la licorne !!! »

Benoît, au milieu de ce désordre, passait plutôt inaperçu. S’il voulait s’isoler, les chambres étaient tout à côté. Y entrer sans fermer la porte ne devrait pas être très risqué. Quoi qu’il en soit, il avait là de quoi s’habiller correctement, chaussure inclus. Cricri avait tout simplement prit dans son sac ses affaires de rechanges.

Si Christophe voulait jouer les espions, il n’avait qu’à descendre l’escalier. De là, il n’aurait que peu de chemin à faire pour gagner le hall, puis l’entrée du château. Néanmoins, il ignorait combien de temps allait durer son invisibilité. Ce serait dommage de réapparaitre seul, en face d’un monstre, n’est-ce pas ? D’un autre côté, on n’avait rien sans rien. Savoir, c’était prévoir.

[Kasumi]

Benoît estima que l’attention de Bellatrix était suffisamment détournée pour se permettre de se changer rapidement dans le couloir. Il enfila néanmoins son nouveau caleçon et même son pantalon avant de se défaire du manteau de Piotr. Comme il jetait malgré tout quelques regards anxieux en direction de la fillette pour vérifier qu’elle ne l’espionne pas, il ne put se retenir d’éclater de rire quand le lutin remania sa tenue :

- Waouh Bellatrix : le rose te va trop bien ! Bravo, lutin !

[Mornagest]

N'ayant pas reçu de confirmation de la part de ses camarades, Christophe tenta le coup, enhardi par son invisibilité et la petite victoire qu'ils venaient de remporter avec l'aide généreuse des statues. Il descendit les escaliers en faisant le moins de bruit possible, et se glissa sans mot dire vers le hall du château. Peut-être y avait-il d'autres mannequins qui montaient la garde, plus bas... de toute manière, si les statues étaient d'accord, il valait nettement mieux qu'elles les accompagnent jusque là. Voire au-dehors... on pouvait toujours rêver.

Prudent malgré tout, Christophe essayait de rester le long des murs ou derrière quelque meuble pour éviter de se retrouver comme un idiot, parfaitement visible, en plein milieu d'une troupe de méchants mannequins. Ce serait trop bête de se faire avoir de cette façon...

[Taliesin]

Quelques minutes plus tôt, il apportait sa modeste contribution à une bataille durant laquelle une meute de pantins costumés avait été exterminés par un chevalier du Moyen Âge allié à une horde de Gremlins. A présent, il se trouvait dans le couloir, avec le même chevalier mais aussi avec l'angelot, un lutin facétieux, une fée qui devait être la cousine de Clochette, une Bellatrix toute vêtue de rose - elle devait être furieuse -, un Benny qui se moquait d'elle - il devait être fou - et un Christophe invisible - à moins qu'il ne soit parti. Bientôt, une Licorne allait compléter le tableau, et ce ne serait sans doute pas fini...

En un temps record, l'ignoble cauchemar avait viré au rêve joyeusement loufoque et complètement délirant.

Mais ça ne durerait pas, oh non. Bientôt, Morticia, Diablotine et bien d'autres ennemis feraient leur apparition. Il était donc important de ne pas se laisser surprendre... C'est pourquoi Pierre s'approcha de la Licorne et entreprit de la réveiller.

[Althéa]

Bellatrix n'osa pas tout de suite regarder sa tenue. Mais quelque chose lui disait que c'était horrible. En plus, Benny se moquait d'elle. Et ça, c'était mille fois plus horrible que toutes les choses terribles. Elle baissa les yeux et vit du rose. Un pull rose, un pantalon rose, des chaussettes roses, des chaussures roses. Et elle se mit à pleurer. Tout doucement d'abord, puis à grands sanglots incontrôlés.

Les monstres d'accord, sa désillusion à propos de Morticia ok, mais le fait qu'elle soit en rose et que Benny se moque ... ça, s'en était vraiment trop.

[Kasumi]

Les rires de Benoît se figèrent quand il prit conscience d’avoir blessé Bellatrix. La tension inhérente à sa tenue précaire et à l’angoisse de devoir se changer devant tout le monde l’avait incité à cette réaction pire que puérile, cruelle en une certaine façon quand on connaissait les penchants de la fillette. Intimidé et honteux, il tenta donc de réparer les dégâts en se sentant plus que maladroit : il posa une main apaisante sur l’épaule de la fillette et regarda ses propres pieds en répliquant timidement :

- Allez, on peut convaincre le lutin de te redonner ton apparence habituelle qui est bien plus classe ! Et sinon, je te prêterai des affaires : j’en ai certainement d’autres dans mon sac.

[Manfred]

Une main gantée de fer se posa sur l’épaule de la pauvre Bellatrix. C’était le chevalier, compatissant, qui venait lui remonter le moral.

« Allons, demoiselle, ce n’est rien, juste une mauvaise farce. Je n’y connais pas grand-chose en magie, mais je suis sûr que d’ici peu, votre costume aura retrouvé sa couleur habituelle. »

Puis, plus bas, en se penchant vers la fillette afin de lui glisser à l’oreille :

« Le rose vous va bien. Certes, celui-ci est un peu trop cru, mais un ton pastelle aurait fait de vous une parfaite princesse. »

Et vlan, voilà que le lutin claquait encore des doigts. Cette fois, c’était Benoît qui était changé en rose. Sauf que lui, de surcroit, avait droit à un ignoble foulard noué dans les cheveux. Quand le chevalier se redressa, il ne put réprimer sa consternation et apostropha le plaisantin.

« Lutin, c’est assez ! Réservez vos farces aux séides du mal ! »

Et vlan, voilà le chevalier en rose. L’angelot, un peu en retrait, croisa les bras, perplexe. Quelle fière équipe ils formaient. La licorne immaculée, avec sa corne d’argent, s’ébranla. Aussitôt, la fée lui fit la conversation, tout en allant se percher avec légèreté au sommet de la corne.

En bas, Christophe jouait les espions. En voilà un peureux courageux ! Faisant de son mieux pour longer les murs, il progressa lentement vers le hall. Il trouva une bonne dizaine de pantins immobiles, barrant la route. Les jouets diaboliques ne semblèrent pas le remarquer. Si le garçon voulait aller plus loin, par exemple afin de vérifier si l’allée du parc était libre, il devrait se faufiler entre les êtres de bois.

[Kasumi]

Benny resta figé, s’observa un long moment, incrédule. Il sentit sa lèvre inférieure trembler alors que l’une de ses pires angoisses - être pris pour une fille – prenait soudain réalité de manière inattendue. Il ressentit alors toute la détresse de Bellatrix, un instant plus tôt. La transformation du chevalier qui avait pris sa défense ne fit qu’ajouter à sa propre confusion. Il récupérera le manteau de Piotr qu’il avait retiré pour se changer et tenta de s’en draper avant d’essayer de défaire l’odieux foulard de ses cheveux et d’admonester le lutin d’une petite voix qui était un peu trop geignarde à son goût :

- Tu crois qu’on a le temps pour tes plaisanteries idiotes ?! Va plutôt embêter les méchants !

Le garçon se demandait de plus en plus si réveiller cette statue avait été une idée bien avisée.

[Mornagest]

Courageux mais pas téméraire, Christophe n'envisagea même pas de passer outre les pantins. Ils n'étaient pas assez nombreux pour résister aux statues alliées, de toute manière... cependant, leur réveil était certainement limité dans le temps, tout comme son état invisible, d'ailleurs. Non ? Enfin, la question se poserait plus tard. Il fallait prévenir les autres et vaincre ces maudits mannequins, puis sortir... ensuite... ils verraient.

Remontant les escaliers quatre à quatre, Christophe leur exposa la situation.

"Je suis là. Il y a encore des pantins en bas, dix ou douze... ensuite, je ne sais pas... est-ce que vous pouvez aller dehors avec nous, messieurs-dame ?" fit-il timidement à l'adresse du chevalier, du lutin et de la fée.

[Althéa]

Grâce à Benny et au chevalier, Bellatrix avait souri. Bien sûr, elle mettrait les vêtements roses au feu le plus vite possible. Mais leur intervention était gentille. Elle écouta avec attention le compte rendu de Christophe et frissonna en entendant qu'il y avait encore des pantins. Ils étaient bien entourés mais ils étaient aussi exposés.

Il faudrait qu'ils fassent attention. Surtout que la pseudo Morticia n'avait pas l'air de s'être montrée.

[Taliesin]

Saletés de pantins : quand y en a plus, il y en a encore ! songea Pierre, agacé. Cette pensée l'ayant conforté dans l'idée qu'ils devaient impérativement réveiller jusqu'à la dernière statue bienveillante, il se rapprocha de l'angelot.

-Content de te revoir ! lui dit-il, amical. J'espère que tu nous en veux pas trop de t'avoir ramené dans le château : c'est vrai qu'il est vachement moins chouette que ton jardin. Mais on a vraiment besoin de tout le monde pour pas que Diablotine, l'ancienne femme de monsieur Larouge et tous les autres méchants nous tuent ou nous empêchent de partir... D'ailleurs, tu sais qui d'autre est sympa, ici ? La fée, elle a pas pu me dire pour le Vagabond, elle le trouve juste bizarre... Le magicien, je sais pas non plus, mais il pourrait bien nous aider avec ses boules de feu et tout ! Pis y a encore le roi, la reine...

Si le petit ange était en mesure de le renseigner, il irait aussitôt réveiller les statues indiquées. S'il ne le pouvait pas, il interrogerait tous leurs alliés. Enfin, lorsqu'il serait question de tenter une sortie, il proposerait des vêtements à l'angelot : s'il quittait le château dans sa tenue actuelle, il risquait de geler sur place...