[Ailleurs] Quête : Au-delà – Une cité inhabitée

[Althéa]

Pour Chance

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Peu à peu, presque imperceptiblement, elle sentit que le sol montait en pente douce. Elle n'eut bientôt de l'eau que jusqu'aux genoux, puis jusqu'aux chevilles. Eau qui ne fut bientôt qu'une simple flaque sous ses pieds. Et le décor changea d'un coup.

Une toute petite pièce presque aveugle. Juste une lucarne donnant sur le clair de lune. Ou peut-être sur la pâle clarté d'un nouveau jour. Difficile à dire. Un plancher au bois disjoint et gondolé, élimé par le temps. Une chaise de bois pour tout mobilier au centre de la pièce. Un vieil ours en peluche était assis dessus. La chandelle, posée sur un bougeoir à ses pieds se reflétait dans ses yeux en boutons. Fourrure défraichie, laissant par endroit voir le tissus cousu, il semblait l'attendre et la gratifier de son débonnaire et perpétuel sourire.

[Mornagest]

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La première, et sans doute la seule... avait-il jamais ressenti plus intense douleur lorsqu'il l'avait perdue, lâchement assassinée par d'ignobles suivants de Lathandre ? Sa soif de vengeance avait été immense, alors. Et s'était éteinte à mesure qu'il devenait évident, au fil des mois, qu'il ne retrouverait jamais ses meurtriers. Helena... Qui savait, à part Lothringen et lui ? Qui osait ainsi lui torturer l'esprit en ressassant pareilles douleurs du passé, depuis longtemps enfouies sous des années de haine et de rancœur, elles-mêmes balayées par des sentiments plus nobles ? À nouveau, la colère grondait en lui. Que voulait-on de lui ?

Demeurant silencieux, il la considéra d'un air triste et mélancolique. Le passé était si lourd...

[Lothringen]

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Une fois remis de sa surprise de la voir se matérialiser dans sa main, Lothringen considéra que l'invitation à regarder dans la sphère rougeoyante était assez claire. Vision du passé, futur possible, cauchemar, ou fin de l'épreuve ? Rien ne servait de tergiverser, aussi plongea-t-il son regard dans la sphère divinatoire, comme il l'avait déjà fait, maintes fois, par le passé...

[Althéa]

Pour Mornagest

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Un flottement parmi la foule muette. Helena s'approcha pas à pas du guerrier et tendit la main. Figée par la mort, elle n'avait pas changé. Ou presque. Au fil des années, elle s'était modifiée, au gré des souvenirs du guerrier. Elle ne s'était pas effacée mais était restée près de lui, en périphérie de sa mémoire. Invariables cheveux châtains dans laquelle s'attardaient quelques reflets roux. Immuables yeux bruns et vifs comme ceux d'un écureuil. Et cette fossette au menton qu'elle n'aimait pas mais qu'il embrassait sans cesse. Ce corps aux formes rebondies qu'il aimait enserrer.

Elle sourit et caressa tout doucement sa joue. Le temps, un instant se suspendit.

Pour Lothringen

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Il plongea donc les yeux dans la sphère. Celle-ci rougeoya encore et Lothringen sentit l'énergie magique se déverser au creux de sa paume. Puis des fourmillements parcoururent son corps en entier. Il se rendit compte qu'il s'effaçait, disparaissait du paysage, quittait la ville silencieuse pour aller ...

[Echo]

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Chance regardait autour d'elle, un peu perplexe. Il n'y avait plus aucune urgence dans sa situation, elle était en sécurité. Ou du moins le croyait-elle. Son regard se posa sur l'ours en peluche qui semblait lui aussi la fixer avec ses deux boutons en guise d'yeux.

- Qu'est-ce qui te fait sourire ? lui demanda t-elle en fronçant les sourcils.

Elle devrait peut-être arrêter de parler aux morts et aux objets inanimés, un jour. Ce n'était sans doute pas bon pour sa santé mentale. Elle attrapa l'ours en peluche dans sa main et passa lentement ses doigts sur sa fourrure usée. Que faisait-il là ? Et elle, que faisait-elle là ?

[Althéa]

Pour Chance

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L'ours aurait pu s'animer, cligner de l'oeil ou même parler. Toute illusion était permise dans cette ville étrange. Sous ses doigts, la fourrure, là où elle ne manquait pas était encore douce. Présence rassurante et en même temps si dérisoire. Au bout d'un petit moment, la peluche fut de nouveau assise sur la chaise esseulée et la chandelle lentement s'éteignit à tout jamais. Mais Chance ne le vit pas, elle avait disparu.

[Mornagest]

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Il frissonna au contact de sa main. De nombreux souvenirs réapparurent dans sa mémoire, comme s'il venait de vivre ces moments avec elle. Trop rares, trop brefs, avant qu'elle ne meure presque devant lui. Morte... elle n'était pas censée être ici. À moins qu'il ne se trouvât dans un plan parallèle - dans une résurgence du plan de Fugue ? - elle était morte depuis des années, à des milliers de kilomètres de Dorrandin. Et... que faisait-elle au milieu de ces cadavres de gens qu'il avait massacrés, directement ou non ? Tout cela semblait tellement illogique, insensé, fou ! Peut-être était-ce cela qui l'aida à se rappeler qu'il était bien dans un genre de rêve, et non dans la réalité.

"Ce n'est pas toi, Helena. Tu... tu es morte. Tu n'existes plus que dans ma mémoire... il faut que je trouve la sortie de cet endroit. Je dois m'en aller. Je dois vivre."

[Althéa]

Pour Mornagest

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Des larmes roulèrent sur les joues d'Helena. Elle pleurait en silence tout en le regardant. Pas de colère sur son visage, juste un infini chagrin. Elle recula de quelques pas et fourragea dans les plis de sa cape. Un éclat d'argent dans ses mains. Elle tenait un glaive. Mais elle ne l'attaqua pas. Au contraire, elle le regarda, suppliante et le lui tendit en le tenant par la lame. Pas de sang dans ses mains. Les morts ne saignaient plus.

Autour d'elle, on faisait silence.

[Mornagest]

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Incertain, le guerrier s'empara de la garde du glaive. Qu'essayait-elle de lui faire comprendre ? Sa douleur était grande, à elle aussi, à en voir son expression d'infinie tristesse. Lui-même ne pouvait refouler les larmes qui affluaient maintenant, pleurant un passé depuis longtemps gravé dans la pierre, immuable et froid comme elle. Tant de choses auraient été différentes s'il avait pu... la sauver. Mais que pouvait-il faire, désormais ? Pourquoi lui donnait-elle cette arme ?

Ne sachant que faire, il se contenta de la maintenir baissée. De toute manière, il n'avait pas de fourreau pour la rengainer. Et il n'allait pas tenir une posture agressive face à toutes ces créatures décharnées... à moins que ce ne fût ce qu'elle souhaitait ?

"Helena..." laissa-t-il tomber, les mots en suspens au bord de ses lèvres. "Si... si je peux t'aider... dis-moi. Dis-moi ce que je peux faire. Ce que je peux enfin faire pour toi."

[Althéa]

Pour Mornagest

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Dans sa paume, la lame commença à s'effriter, comme si elle s'était retrouvée soudain attaquée par le temps et par la rouille. Tout doucement, elle se désintégra, se changeant en sable emporté par le vent. Mornagest eut une étrange sensation de légèreté. Helena aussi commença à disparaître, à s'estomper pour n'être plus qu'un point fixe sur la ligne du temps. Un simple souvenir.

Le guerrier lui aussi s'aperçut qu'il s'en allait aussi. Loin ...