[Quête] Un vieux temple et beaucoup de sable

[Galathée]

Ils pénétrèrent aisément à l'intérieur du temple, se glissant au travers du mur. Cette fois, Gérold avait laissé Claris reprendre la tête de l'équipage, vu qu'elle connaissait déjà le chemin, et il proposa de rester faire le guet dans le hall tandis qu'elle regagnait les étages inférieurs pour récupérer ses armes. Il paraissait plus assuré à chaque minute, très loin du jeune homme misérable qu'elle avait trimballé dans les profondeurs, et il paraissait tout à fait prêt à affronter quiconque oserait tenter de la déranger.
L'étage inférieur du temple était aussi silencieux que le rez-de-chaussée. La plupart des lampes qui éclairaient le couloir de gauche étaient mortes, cependant, et la lumière extrêmement ténue.

[Claris de Corvimande]

Le changement d'attitude de Gérold n'avait pas échappé à Claris, et n'était pas sans lui inspirer une certaine méfiance. Le plongeon dans la lave, ou la bizarrerie magique qui avait suivi, lui avaient-ils chamboulé le cerveau ?

Enfin, il y avait des sujets de préoccupation qui étaient davantage prioritaires. L'enfant de Reuel se dirigea tout d'abord vers la pièce donnant sur l'escalier, où son épée et les deux dagues qui lui manquaient s'étaient trouvées, de même que les cadavres de ses victimes. C'était sans doute le plus urgent.

[Galathée]

La jeune fille parvint à retrouver ses armes sans trop de difficultés. Il y avait cependant un peu plus de cadavres qu'au départ. Sans têtes, tous, ils étaient plus difficiles à identifier, mais Claris put estimer que l'intégralité des bandits qu'elle avait croisés pendant sa courte détention étaient désormais morts, en ce compris leur chef. Elle ne pourrait donc se venger personnellement de la gifle et des brimades. Un gros rat avait déjà commencé à faire bombance et il la regarda sans la moindre crainte, arrachant des lambeaux de chair à la gorge tranchée d'un des malandrins.

[Claris de Corvimande]

« Bon appétit… »

Si le rat s'avisait de descendre cet escalier, il servirait sans doute lui-même de nourriture aux serpents qui devaient encore rôder en bas. Ainsi était faite la vie : la mort des uns apportait leur nourriture aux autres, qui finiraient par mourir à leur tour. L'existence n'était qu'une aberration temporaire face à l'immensité de la mort.
Le seul regret de Claris, concernant ces brigands, était, sinon de ne pas les avoir tué de sa main, au moins de n'avoir pas pu admirer leur surprise et leur peur quand l'homme au masque s'était retourné contre eux. Mais ils étaient morts de la main de leur commanditaire, et celui-ci était mort de sa propre main. L'affaire était close.

Ses armes récupérées et ayant retrouvé leurs positions respectives, rassérénant l'enfant de Reuel de leur présence familière, il fallut ensuite songer à quitter la pièce, et à partir à la recherche d'un autre objet important : son anneau. Étant donné l'enchaînement des événements, il devait toujours se trouver dans ce qui avait servi de bureau au chef des bandits.

Une chose était préoccupante, cependant : si les bandits étaient tous morts, à qui appartenaient les voix entendues à l'extérieur ? D'autres hommes de main de l'inconnu ?

[Galathée]

Le bureau du chef des brigands avait été visité, Claris s'en rendit compte immédiatement. Le bureau était presque nu, une chaise gisait, renversée, et des parchemins formaient une sorte de toile beige sur le sol, piétinés. Elle retrouva cependant l'anneau de lumière, dans un coin, où il avait dû tomber pendant qu'on fouillait la pièce. En revenant en arrière, elle ouvrit la porte où elle avait supposé, plus tôt, que se trouvait le trésor des pillards. Et sans doute avait-ce été le cas. Mais il n'y restait rien du tout.

[Claris de Corvimande]

Évidemment, plus de trésor. Récupérer la broche de sa mère, si elle avait réellement été là, ne serait pas si aisé. Mais Claris avait au moins récupéré ses propres affaires, ce qui était déjà quelque chose. L'anneau avait dû passer inaperçu lors de la fouille du bureau – désactivé, il ne payait pas de mine.

N'ayant guère de raison de demeurer dans les profondeurs une fois ces possessions récupérées, et n'ayant guère envie de tomber nez à nez avec d'autres serpents qui pourraient éventuellement remonter, et qui ne seraient sans doute pas aussi sympathiques que Sissi ne l'était avant sa brusque disparition, Claris remonta prestement l'escalier, espérant que Gérold ne s'était, dans l'intervalle, pas de nouveau fourré dans le pétrin.

[Galathée]

Gérold s'était déplacé vers la sortie du Temple et lorgnait l'extérieur, nonchalamment appuyé contre le mur de pierre. Il se retourna lorsque Claris approcha et lui sourit.
" Tu aurais quand même pu te procurer des bottes sur un cadavre, fit-il, un brin railleur. Mais je vois que tu as à nouveau ta lame... Nous allons pouvoir tenter une sortie."
Il attendit qu'elle l'ait rejoint pour poursuivre.
" Ils sont près des chevaux. Je crois qu'ils ont sorti leur butin... Ils sont nerveux. D'après ce que j'ai compris, ils s'étaient absentés pour faire une affaire quelque part, et ils ne s'attendaient pas à trouver leurs complices massacrés à leur retour... Ils sont trois ou quatre, maximum. Ils se disputent pour savoir qui est le nouveau chef."

[Claris de Corvimande]

« Ceux d'en bas avaient les pieds trop grands. Et puis, on ne va pas faire la suite du trajet à pied, si ? »

Claris, en tout cas, avait la ferme intention de se procurer une monture. Mais il fallait pour cela affronter trois ou quatre hommes, ce qui n'était tout de même pas rien, sans un serpent à ses côtés. Gérold, malgré la confiance en lui qu'il semblait arborer dernièrement, restait un apprenti magicien, pas un combattant expérimenté ; et l'enfant de Reuel avait au moins apprit un peu de prudence dans les profondeurs.
Les hommes étaient-ils ceux qui avaient emporté les bêtes ? Si oui, il s'était écoulé plus de temps que ce que Claris avait cru de prime abord, car ils ne devaient pas revenir avant deux nuits… ses parents devaient s'inquiéter. Et il serait assez assuré qu'une notable dispute l'attendrait à son retour. Mais bon…

« Eh bien, on peut espérer qu'ils se disputent suffisamment pour en venir aux mains, ça nous facilitera le boulot. On peut peut-être même essayer de faciliter les choses, d'ailleurs… »

Un jet de dague bien placé pouvait parfois arriver à point nommé pour envenimer les disputes. Prudemment, l'enfant de Reuel regagna la sortie, tentant de se faire une idée plus précise de la situation et de la position des hommes…

[Galathée]

Claris dut se faufiler hors du temple, descendant l'escalier monumental à pas de loups, puis se glissant le long du mur de pierre, pour gagner les arbres et la source. Sa bouche était sèche et le chant du ruisseau était une véritable torture. Mais elle resta concentrée sur son objectif. Profitant du refuge qu'offrait le tronc d'un des palmiers, elle avisa les bandits. Ils étaient effectivement trois à discuter, ce qui ne signifiait pas qu'il n'y en ai pas d'autres près de chevaux. Tous trois portaient les mêmes vêtements fonctionnels, un peu sales, que leurs comparses, et étaient armés, l'un d'une épée, l'autre d'un gourdin, le troisième d'un arc court, passé sur son épaule. Ils semblaient avoir du mal à se mettre d'accord sur leur destination : le premier était d'avis de retourner à Melandis, le second de monter vers le nord, le troisième d'aller à l'Oasis de la Chèvre d'Or. Le premier entendait qu'ils embarquent leur trésor, le second qu'ils le laissent caché dans le temple, le troisième qu'ils aillent l'enterrer à quelque distance. Le butin gisait, en sacs ventrus, à leurs pieds, et plusieurs chevaux harnachés attendaient à proximité.

[Claris de Corvimande]

Hum. S'ils décidaient de partir en laissant le butin derrière eux, les choses seraient plus simples… mais moins drôles. D'autant que, s'ils laissaient le butin, ils ne laisseraient pas forcément le chevaux ; et que Claris n'avait véritablement pas l'intention de refaire, à pied et sous le soleil de la pleine journée, le chemin vers la tour.

Cependant, l'enfant de Reuel trouva la force d'attendre, avant d'intervenir, de voir quel tour prendrait la conversation ; ce qui permettrait peut-être de repérer d'éventuels autres adversaires, s'il y en avait ailleurs.

S'il fallait intervenir, c'était sans doute le brigand à l'épée qu'il faudrait viser en premier : les coups de gourdins étaient douloureux, mais l'homme qui ne tenait l'instrument ne semblait pas avoir le gabarit suffisant pour qu'il ne soit pas possible d'en encaisser quelques un – Claris ressentait encore quelque peu la douleur de ses blessures, mais avoir retrouvé ses armes et obtenu l'objet recherché l'aidaient à reléguer cela au second plan. Quant à l'homme à l'arc, les chances de parvenir jusqu'à lui avant qu'il n'ait eu le temps de se mettre en position de tir n'étaient pas négligeables, vu la distance et la façon dont il tenait son arme.

Lorsque les trois hommes seraient à terre, calmer sa soif serait une récompense très vivement appréciée ; mais le faire avant de s'en être pris à eux serait sans doute, au mieux, perdre l'avantage de la surprise. Dague à la main, l'enfant de Reuel attendait l'instant propice pour intervenir… non sans jeter un coup d'œil en arrière pour s'assurer que Gérold avait bien suivi le mouvement : même s'il n'était pas formé au combat de mêlée, sa présence serait sans doute utile. D'ailleurs, peut-être avait-il un sort en réserve qui pourrait leur faciliter la tâche ?

[Galathée]

Gérold était juste derrière elle et il s'appuya légèrement contre son épaule pour lui parler à l'oreille.
" Je peux essayer de les endormir... Mais je ne sais pas si ça va marcher sur tous... et si je les endors... ce ne sera que pour quelques minutes... Ensuite, je crains de ne pas t'être d'une aide formidable... Je n'ai pas mon grimoire et mes possibilités sont limitées..."
Les hommes semblaient se mettre d'accord pour rallier l'Oasis de la Chèvre d'Or, en emportant le butin avec eux. L'un d'entre eux fit mine de s'éloigner pour aller chercher "le chariot", sans doute dissimulé par les buissons épineux qui poussaient autour du ruisseau.

[Claris de Corvimande]

Il faudrait sans doute à Gérold pas mal de temps avant de devenir un mage aussi puissant que Reuel Iram de Corvimande ; mais il fallait au moins reconnaître que les pouvoirs dont il disposait déjà étaient particulièrement utiles.
Claris lui mit sa dague entre les mains avant d'en saisir une autre, et de lui souffler

« Dès que ce type reviens, endors-en autant que tu peux, et essaye de te débrouiller pour les achever dans leur sommeil. Je me charge de ceux qui resteraient éveillés. »

Mieux valait attendre qu'ils soient tous là, pour éviter les mauvaises surprises. Sitôt que le magicien aurait jeté son sort, Claris lancerait sa dague sur celui d'entre eux qui, restant éveillé, lui semblerait le plus menaçant, avant de dégainer son épée et de foncer au contact. La vitesse serait la clef du succès.

[Galathée]

" Ça marche." dit Gérold, le visage soudain marqué par la détermination.
A la lumière du jour, Claris était forcée d'admettre qu'il était plutôt beau garçon, même s'il avait les traits un peu trop ronds des Vainevie, et qu'il n'aurait, ainsi, jamais l'air vraiment dangereux.
Le brigand revint avec un chariot tiré par une paire de buffles noirs. Un quatrième larron était à bord et il sauta dans le sable. Les brigands en profitèrent pour entamer un dernier conciliabule et Gérold saisit cette opportunité pour incanter. Claris écouta les paroles incompréhensibles s'égrener derrière son épaule, prononcée à mi-voix par le mage, puis il tendit les mains devant lui, libérant un sortilège à peine perceptible, comme une poussière légèrement dorée, un sable magique, enchanté. Les quatre hommes s'immobilisèrent un moment, comme s'ils sentaient une mauvaise odeur, puis deux d'entre eux churent dans le sable. Les deux autres parurent stupéfaits et dégainèrent, l'un son épée, l'autre son gourdin. Claris en profita pour lancer sa dague sur celui qui tenait la lame, l'atteignant violemment à l'épaule et le projetant en arrière, puis se rua vers le second, tandis que Gérold courait à ses côtés pour accomplir sa part du massacre.

[Claris de Corvimande]

Attendre leur retour avait été sage : s'ils avaient agi sans tarder, le quatrième homme aurait pu leur tomber dessus par surprise et leur compliquer considérablement la tâche.
Deux sur quatre à terre, c'était déjà quelque chose, et Claris entendait bien profiter de la situation. Le troisième homme momentanément écarté, l'enfant de Reuel, l'adrénaline aidant à combattre la douleur résiduelle pour mieux assurer ses gestes, s'élança face au quatrième.
Si la chose était possible, il fallait éviter les passes d'armes inutiles et le blesser rapidement. Aux jambes, sans doute, pour le mettre hors de combat avant que l'autre homme ne se relève – il y aurait tout lieu de l'achever ensuite.

[Galathée]

Le combat fut bref mais intense, du moins pour la jeune femme. Les deux nobles disposaient de l'effet de surprise ainsi que de la discipline que leur père respectif leur avait inculqué depuis leur plus jeune âge. Ils avaient aussi la certitude, même implicite, qu'ils ne pouvaient pas échouer, qu'ils valaient mieux que cette roture qui osait les menacer en ces lieux désertiques, qu'ils allaient vaincre, tout simplement.
Le coup de la Mélandienne porta comme elle l'avait espéré, fendant la cuisse gauche de son adversaire du genou à l'aine et l'envoyant trébucher dans le sable. Elle ressentit cependant toute la violence du coup dans son épaule meurtrie et elle dut s'improviser gauchère pour achever le brigand, lequel lui présentait une nuque offerte, le nez au sol. Le second s'était redressé mais il avait la poitrine couverte de sang et la furie qui lui fit face acheva de le terroriser. Sans demander son reste, il détala, enfourcha un cheval et le lança au galop.

[Claris de Corvimande]

Un instant, Claris eut la tentation de le poursuivre ; mais quel intérêt ? Seul blessé, il n'irait pas loin : peut-être servirait-il de prochain repas à la créature de la tour, si elle rodait dans les parages. Et s'il d'aventure il parvenait à survivre, eh bien… il raconterait autour de lui qu'il ne fallait pas s'en prendre à la noblesse mélandienne, ce en quoi il aurait parfaitement raison.
De toute façon, il n'emportait rien d'indispensable : le trésor était toujours là, et il restait suffisamment de chevaux – au pire, les bœufs du chariot auraient eux aussi fait l'affaire.

Le laissant donc fuir, et s'efforçant de ne rien montrer à Gérold de la douleur qui s'avérait beaucoup plus cuisante que prévu, Claris baissa les yeux sur le sable, pour vérifier, à tout hasard, si la dague lancée n'y était pas tombée : son père en faisait fabriquer de nombreuses, et ils étaient loin d'être à une près, mais ce n'était pas une raison pour en laisser une se perdre dans un tel endroit.
D'un autre côté, ces dagues ouvragées étaient en quelque sorte leur signature, et si l'homme était reparti avec, il saurait plus précisément qui était cet adversaire mystérieux qu'il craindrait désormais autant que la mort. Cela lui convenait tout autant.

Son regard suivant fut pour vérifier s'il y avait, ou non, sur l'un des cadavres, une paire de bottes qui semblerait à sa taille ; à présent que leur retour était proche, Claris commençait à se soucier davantage de son image – entrer dans la boutique du Façonneur dans une tenue aussi débraillée que celle qui était actuellement la sienne serait, quelque part, une petite atteinte à son honneur. Mais il n'y aurait peut-être pas le choix…

Ces vérifications effectuées, son premier réflexe serait ensuite de se précipiter vers la source et d'y épancher sa soif.

[Galathée]

Gérold s'était relevé, la dague à la main, et il la regardait en grimaçant. Ses vêtements blancs étaient désormais marbrés de grandes gerbes écarlates et il baissa les yeux, manifestement dégoûté.
" Dire que je me suis tourné vers la magie justement pour éviter ceci ! s'exclama-t-il. Ah... Le blanc, c'est salissant."
Puis il décocha un sourire à la jeune femme et se dirigea vers la source, pour y boire et, accessoirement, nettoyer la dague des Corvimande.
Claris trouva une paire de bottes un peu grande, un peu usée, mais qui ferait l'affaire. Les vêtements des trois brigands morts n'étaient cependant pas utilisables et elle ne retrouva pas sa dague.
Elle rejoignit donc le mage au bord de l'eau et put, enfin, étancher sa soif dévorante.

[Claris de Corvimande]

Porter des chaussures acceptables était mieux que rien ; pouvoir étancher sa soif était certainement quelque chose.

Claris but longuement, se rafraîchissant au passage – la source était tout simplement une bénédiction. Ensuite, il faudrait fouiller le butin, et récupérer ce qui pouvait l'être – la broche, en priorité –, mais cela pouvait attendre. Profiter de cette eau était bien plus urgent.

« Tu sais, ça fait une décoration plutôt intéressante. »

L'enfant de Reuel désignait les taches de sang que Gérold tentait de faire disparaître.

[Galathée]

Gérold haussa les épaules et lui tendit la dague.
« Je pensais qu’il était important de nettoyer ses armes, pour ne pas qu’elles s’abîment. Mais je n’y entends rien, c’est vrai… et j’espère que l’eau ne va pas la faire rouiller… »
Il se rassit ensuite dans le sable et soupira d’aise, fermant les yeux pour profiter un moment de la quiétude retrouvée des lieux. Les arbres dansaient doucement dans le vent, un cheval s’ébrouait de temps à autre, la source vagabondait, délicieuse.
« Que penses-tu faire de tout ce butin ? » demanda-t-il finalement, suivant le regard de Claris qui s’attardait déjà dans la direction des sacs de toile.

[Claris de Corvimande]

« Une épée, oui, on en prend soin. Une dague, si ça l'abîme, je la remplacerait. Et je pense que montrer à un futur adversaire une dague pleine de sang, ça peut avoir son petit effet… »

Claris rangea son arme. Elle ne servirait sans doute plus avant un moment, de toute façon… à moins que, peut-être, la créature de la tour ne se mette sur leur chemin, mais il fallait espérer que ce ne soit pas le cas. Assez bataillé pour le moment.

Quant au butin… oui, bonne question.

« Déjà, j'aimerais regarder un peu ce qu'il contient ; il y a peut-être dedans un objet qui m'intéresse. Ensuite, on avisera ; on peut en emporter une partie, et laisser le reste. Peu de gens viendront cherchez ça là, de toute façon. »

[Galathée]

" C'est sûr que si j'avais un peu d'argent à moi, ça me permettrait de ne pas tout le temps dépendre des largesses parentales, fit Gérold avec un sourire. En même temps, ce sont probablement surtout des objets volés... Il ne manquerait plus que je sois surpris avec des bijoux appartenant à mes voisins... Les livrer aux autorités est peut-être la chose la plus raisonnable à faire..."
Il haussa les épaules, puis lui jeta un regard en coin à la jeune femme.
" Je vois que tu as toujours mal au bras. Veux-tu que je jette un oeil ? Peut-être qu'une attelle pourrait te soulager..."

[Claris de Corvimande]

Humpf. Claris aurait préféré qu'il ne s'en rende pas compte ; mais s'il ne lui était pas possible de dissimuler sa douleur, c'est que la blessure avait dû être encore plus grave que prévu.

« J'ai surtout envie de rentrer et de montrer ça à un prêtre… »

L'enfant de Reuel resta cependant sur place, sans rien faire pour empêcher son camarade de venir l'examiner s'il le souhaitait. Ses yeux se portaient encore sur les sacs.

« On prend l'or à titre de dédommagement, on laisse la plupart des objets ici, et on prévient les autorités. Ça me semble un compromis raisonnable. »

[Galathée]

" Effectivement..." fit le jeune homme.
Il parut hésiter un instant, puis finit par oser toucher le bras puis l'épaule de la jeune femme, lui repliant le poignet plus haut vers la poitrine.
" Est-ce que ça te soulage un peu... Ooooh... Je ne sais pas bien si..."
Il regarda sa main gauche qui semblait s'être gorgée d'une énergie dorée, comme s'il la voyait pour la première fois, puis la rapprocha du bras souffrant de la jeune femme et elle sentit en un instant le soulagement l'envahir. Cela ne dura que quelques secondes, durant lesquelles sa peau picota doucement, puis la sensation s'éteignit en même temps que la lumière se dissipait dans la paume du nécromancien. Claris n'eut pas besoin de mobiliser son membre pour deviner que toute blessure avait disparu.
" Voilà qui était... imprévu, commenta Gérold, la voix incertaine, avant de se lever. Donc, hum, ce butin, on jette un oeil ? Il va commencer à faire très chaud et si on doit circuler, mieux vaut le faire avant la mi-journée..."

[Claris de Corvimande]

Voilà qui était… surprenant. Durant quelques instants, Claris observa Gérold, l'air interloqué. Puis son rire se fit entendre.

« Graine-de-vie, va ! Vas-y, j'te rejoins. »

Avant de se préoccuper du butin, Claris ne put s'empêcher de faire quelques mouvements, pour goûter au plaisir de ne plus avoir mal.

[Galathée]

Le butin était pour le moins disparate, composé de pièces d'or, d'argent et de cuivre mélangées à des bijoux de toutes sortes, précieux ou beaucoup moins, de candélabres et de miroirs ornés, dont un brisé, de statuettes diverses, d'un portrait déchiré, d'armes d'apparat peu utilisables et d'étoles brodées.
" Alors là... fit le nécromancien, j'aurais bien du mal à dire ce qui vaut quelque chose et ce qui ne vaut rien..."
Il dénicha un sac qui ne contenait que de l'or, sans doute près de cinq cent pièces, mais pour le reste, c'était un impressionnant bric-à-brac scintillant, qui ne manqua pas de les aveugler. Parmi toutes ces trouvailles, Claris parvint cependant à retrouver la broche de sa mère, intacte, tout juste poussiéreuse.

[Claris de Corvimande]

« Prends l'argent si tu veux. Laisse le reste. Ce sera de loin le plus simple. Moi, j'ai trouvé ce que je cherchais. »

Claris s'empara de la broche et entreprit de la nettoyer, non sans l'admirer quelque peu. L'objet était d'une valeur marchande assez faible, et sans doute sa perte n'aurait posé aucun soucis, s'il n'y avait eu la valeur sentimentale : il s'agissait de l'un des seuls objets que sa mère avait conservé de sa famille à elle.
Son regard se fit pensif. La famille Brandhimil, de… Lumenis. Gérold n'était pas le seul à avoir quelques secrets honteux concernant son ascendance. Un jour, peut-être, Claris devrait se renseigner à leur sujet…

[Galathée]

Gérold soupesa le sac d'or puis haussa les épaules.
" Mon père va se demander d'où je déniche une somme pareille. Je disparais dix jours et je reviens riche, il va se dire que j'ai trempé dans un crime..."
Son sourire s'élargit.
" Peut-être y gagnerai-je en respect, qui sait !"
Il se tourna vers la jeune femme.
" Bon, et bien il ne nous reste plus que trois jours de chevauchée vers Melandis, j'imagine... J'espère que ces brigands ont emporté quelque nourriture... Ils étaient rustres mais pas complètement stupides, je suppose."

[Claris de Corvimande]

« Je ne t'avais pas dit que j'avais pris un autre chemin pour venir ? »

Sa rêverie interrompue par les propos du magicien, et Claris se leva alors, tentant de se remémorer la position de la vieille tour. Grâce aux montures qui restaient, le trajet du retour ne serait pas aussi long que celui de l'aller… il fallait simplement espérer deux choses : que la créature de la tour ne se montrerait pas, et que la porte mènerait bien là où il faudrait. Mais pour s'en assurer, il suffisait d'aller voir, ce qui ne coûterait guère.

[Galathée]

" Puis-je m'enquérir de ce moyen magique ? demanda le jeune mage, en fouinant dans le chariot des boeufs. Ce n'est pas que je ne te fais pas confiance, Claris de Corvimande, mais la dernière fois que je t'ai suivie sans poser de questions, j'ai passé quelques heures plutôt mouvementées..."
Il sourit et leva un sac.
" Casse-croûte... un peu rance... mais ça fera l'affaire. Si je dois plonger dans l'inconnu, au moins, ce sera le ventre plein."

[Claris de Corvimande]

Et il trouvait le moyen de se plaindre, l'animal !

« Mouvementées, hein ? Essaye d'imaginer un peu ce qui te serais arrivé si je ne t'avais pas proposé de me suivre, pour voir. »

Claris, après cette remarque moqueuse, s'approcha des montures restantes, pour s'assurer qu'il serait possible de les utiliser.

« Si tout va bien, la plongée dans l'inconnu se résumera à une petite promenade à cheval, et au fait de franchir une porte. Le pire qui puisse nous arriver, à part de tomber sur des bestioles du désert qu'on pourrait de toute façon avoir sur le dos dans quelque direction que ce soit, c'est de ne pas trouver ce que j'attends, et de devoir faire demi-tour. On a vu pire… mais si tu veux manger avant, ouais, ça doit pouvoir se faire aussi. »