[MP] Histoire : Armand

[Armand]

Emile se gratta le derrière de la tête, ne sachant trop que répondre.

"Euh cela est-il vraiment pressé ? Vous savez..."

Puis il eut un éclair de génie comme il lui arrivait parfois. Peut être était l'occasion de rentrer à nous en contact avec le notaire...

"Mais je peux toujours essayer de m'en occuper. Nous verrons ça après le service."

[Smidge]

"Ah, très bien...", répondit-elle, visiblement pas totalement rassurée.

Émile vérifia rapidement dans sa poche : l'enveloppe avec l'argent qu'il avait prélevé du coffre pour Marie-Madeleine s'y trouvait toujours.

"Maman, déclara Marjorie quand elle eut passé les portes de la cuisine, la policière est revenue."
"Très bien", répondit sa mère.

Émile poursuivit son repas, ponctué ci et là des allée et venues d'Yvette et de Marjorie, et par le silence presque religieux de marie-Madeleine.

[Armand]

Emile termina son repas et attendit. Quantité de pensées se bousculait dans sa tête, il fallait éloigner cette policière. S'il avait encore la possibilité de punir ceux qui devaient l'être il ne devait pas l'éloigner.

[Smidge]

Le "rush" du plat principal passé, Marjorie et Yvette cessèrent quelques instants leurs allers-retours, et s’attablèrent à leur tour aux côtés d’Émile, tandis que Marie-Madeleine prenait déjà le relais.

"Maman, lança la jeune fille, c'est quoi cette histoire dont ils parlaient ? Il y a une légende à propos du château ?"

Yvette se crispa imperceptiblement.

"Je ne sais pas, répondit-elle après de longues secondes de silence. Encore une de leurs histoires sans doute... Ne fais pas attention à ça."

Elle en savait davantage, il en était sûr, et ce n'était guère surprenant. Yvette était la plus ancienne au château, après feu le maître, bien sûr.

Emile connaissait lui aussi quelques légendes à propos de ce lieu, qu'il avait autant apprises que devinées. En particulier dans cette fameuse aile Est que personne n'approchait jamais... S'agissait-il de ça ?

[Armand]

Emile profita de l'occasion pour discuter avec marjorie.

"On dirais que vous avez repris des couleurs marjorie, vous avez l'air en meilleure forme..."

Elle n'avait cessé de disparaître et de reparaître c'étais l'occasion d'en apprendre davantage sur ce qui avait pu se passer dans l'intervalle.

[Smidge]

"Je n'arrête pas de courir, avec tout ce monde..., avoua-t-elle. Mais je vais bien, oui, merci Emile. Tout ce monde au château, ça change du quotidien."

Yvette grogna en guise de désapprobation, mais s'abstint d'autres commentaires.

[Armand]

"Ça je ne vous le fait pas dire, ça n’arrête pas. Et c'est limite si l'on ne doit pas mendier pour avoir le droit de se déplacer d'une pièce à l'autre. Ils ne se rendent vraiment pas compte..."

Haussant les épaules il poursuivit.

"Et les invités ont été agréable avec vous ? Je ne sais pas si c'est cette lieutenante mais la tension semble palpable à chaque pas par ici..."

[Smidge]

"Je n'ai pas trop eu le temps de parler avec les invités, concéda Marjorie, avec toutes les chambres à préparer, les sols à nettoyer... J'ai parlé un peu avec madame Sofia, elle a l'air gentille."

Nouveau grognement d'Yvette.

"Et tu as dormi avec elle cette nuit ! Tu ne devrais pas trainer avec cette femme, je te l'ai déjà dit, intervint l'intendante d'un ton autoritaire. Tu ne la connais même pas ! Et elle n'est pas d'ici !"

Marjorie ouvrit la bouche pour répondre, mais se ravisa.

"Cette femme vit seule, à son âge !, renchérit-elle. Qui sait quelles traditions barbares ont ces gens ?"

Elle baissa la voix, sur un ton de confidences.

"Et les gens de la ville disent même qu'elle élève un enfant... Un enfant sans père, je vous laisse imaginer la honte pour sa famille..."

Elle se tourna vers Emile d'un air entendu.

"Si elle met ce genre d'idées en tête de ma fille..."

[Armand]

Emile eut un petit sourire.

"Les bruits qui court en ville vous savez yvette il ne faut pas forcément tout prendre au pied de la lettre. Si je vous disais le nombre de choses que j'ai entendu de ci de là qui se sont révélé complètement loufoque par la suite."

Alors qu'il parlait il manipulait une miche de pain entre ses doigts avant de le porter à sa bouche.

"Il est vrai qu'à bien me souvenir mademoiselle stoan n'a pas été invité lors de cette soirée. Mais bon , elle a a été chaleureusement accueilli par le maître après tout. Je ne connais pas bien la nature de ses moeurs mais dans tous les cas il semblait approuver."

Tendant la main vers yvette il poursuivit.

"Dans tous les cas ils seront reparti sous peu."

[Smidge]

"Je ne sais pas si un accueil à bras ouverts par le maître est la meilleure des recommandations possibles...", soupira Yvette en levant les yeux au ciel.

Marjorie n'avait pas ajouté mot à ce sujet.

"Quant à savoir s'ils seront repartis sous peu..."

Elle rattacha la ceinture de son tablier.

"Tout va dépendre des progrès de la dame de la police..."

Elle lança aux trois autres.

"Elle vous a posé des questions ?"

[Armand]

"Ca je ne saurais complètement vous donnez tort Yvette mais le maitre tenait tout de même à sa réputation. Je ne pense pas qu'il aurait pris des risques inconsidérés."

Une aura de sérieux se forma autour d'emile à l’évocation de la policière.

"Ça pour m'en posé elle m'en a posé oui. Mais je ne pense pas qu'elle soit très habitué à ce genre de manœuvre. Elle a été jusqu'à me demander qui pouvait en vouloir au maître. Pffff... S'est-elle seulement renseigné avant de venir nous interroger ? Je ne voudrais pas blâmer les services de police mais il s'agit d'un meurtre après tout pourquoi avoir envoyé cette femme aux manières insupportable. Non si vous voulez mon avis ce sont les meurs de cette femme dont il faut plutôt se méfier. A son age et vu sa condition je me demande comment elle a bien pu arriver à de si hautes fonctions."

Parlant sur le ton de la confidence il poursuivit.

"Souhaitons que cela soit du à ses talents d'enquêtrice mais très honnêtement j'en doute..."

Emile se redressa du fauteuil de toute sa hauteur guettant la réponse de Marjorie.

[Smidge]

"Ca, je ne vous le fait pas dire...", répondit Yvette en secouant sa main.
"Moi aussi elle m'a posé des questions, intervint Marjorie d'une petite voix. Deux fois. Elle m'a demandé si je connaissais les invités... et de parler des autres employés. Je n'ai pas eu grand chose à dire là dessus... Elle m'a aussi demandé si je n'avais rien remarqué de bizarre, mais..."

Elle s'arrêta tout à coup et son visage s'éclaira. Elle lança un bref coup d'oeil en direction des portes de la salle à manger, et baissa d'un ton en invitant sa mère et Emile à se rapprocher.

"Au fait, vous saviez que j'ai surpris la jeune fille de la troupe en pleurs hier soir ? Elle était devant sa chambre, et elle tenait un gros paquet de billets dans la main..."

[Armand]

Emile feignit la surprise tant qu'il put.

"Des billets ? Des billet de banque vous voulez dire...?"

[Smidge]

"J'en suis certaine", affirma catégoriquement la jeune fille.
"Qui sait quelles magouilles se cachent derrière tout ça...", soupira Yvette.

Marjorie baissa encore la voix, au comble de l'excitation.

"Et vous savez, hier soir, lorsque le maître... lorsque tout le monde est arrivé de la salle de théâtre... Il y avait... quelqu'un, dans la salle à manger. Près du petit couloir, en face... [à côté de la chambre d'Emile] Je n'ai pas pu voir qui c'était à cause de l'obscurité, mais si ça se trouve, c'était.... le meurtrier..."

[Armand]

Emile murmura d'un air très hésitant.

"Vous dites un meurtrier... Cela veut-il dire qu'il s'agissait d'un homme selon vous ?"

Emile repensa au moment où il avait servit en patisserie les invités. Il lui semblait bien que gaston chambernaud n'étais pas de la partie...

[Smidge]

Marjorie plissa des yeux un instant.

"Je ne pourrais pas le dire avec certitude... Mais il m'avait semblé, en effet."

Marie-Madeleine, qui était partie débarrasser les plats et apporter les premiers desserts, entra de nouveau dans la cuisine.

"Emile, pouvez-vous vous charger de la suite ?, lui lança Yvette en coupant court à la conversation. Nous nous occupons de la vaisselle avec Marjorie."

Le majordome s'exécuta, et se chargea les bras de quelques assiettes de brownies accompagnés de fruits frais. Plusieurs exclamations s'élevaient de la salle à manger.

"C'est une excellente idée !", perçut-il au milieu du brouhaha.
"Tout le monde sait jouer ?", lança maître Marquand.

Une bonne partie des invités levèrent la main, tandis que le notaire les comptait.

"Cela nous fait... un, deux, trois... sept personnes, énuméra-t-il. Une dernière pour compléter une seconde table ?"

Mademoiselle Stoän hésita un instant avant de répondre.

"Oh non, merci, je ne crois pas pouvoir participer. En revanche, je prendrai bien un peu de repos avec un livre ou deux..."

Au même instant, l'inspectrice se leva et marcha en direction des cuisines.

[Armand]

S'approchant d'un pas très mesuré de mademoiselle stoän, il lui demanda poliment :

"Désirez vous quelques conseils de lectures ? La bibliothèque est très vaste et l'on si perd facilement...."

[Smidge]

"Oh, euh, oui !, répondit-elle, enthousiaste. Monsieur le comte possédait-il des livres sur le Maroc ?"

La voix du notaire s'éleva tout à coup dans sa direction.

"Allons, Emile !, lui lança-t-il d'un ton jovial, vous seriez bien partant pour un petit bridge ?"


[HRP : tu sais très bien jouer au bridge. Tu peux donc t'insérer dans la partie sans problème.]

[Armand]

Emile resta interloqué quelques instants à l'évocation du maroc. Pourquoi le maroc ? Le maître en avait parlé ? Il ne s'en souvenait plus...

"Le maroc ? Euh oui probablement, il en possédait sur tellement de choses. Laissez moi réfléchir une minute, le maroc, le maroc..."

Oui il se souvenait de deux trois choses entrevus dont on aprlait parfois dans les salons.

"Ce musulman qui s 'est liée d'amitié avec un pape, léon l'africain ? Oui mémoire de jenesaisplusqui dit léon l'africain. Les chroniques de la bataille d'isly aussi bien que j'ai peur que cela soit un peu dur, c'est un texte militaire. La biographie Abd el-Kader y a trait également si je ne me trompe pas... Mais sinon d 'un point de vue plus "touristique", sur la partie supérieure vous avez l’étagère d'encyclopédie rouge un gros tome traite des pays d’Afrique du nord."

Il se retourna avec un large sourire vers le notaire agitant ses mains l'une contre l'autre.

"Ecoutez ce n'est pas vraiment dans les habitudes et puis je ne voudrais pas m’immiscer dans..."

[Smidge]

"Allons, allons ! Billevesées, mon cher !, le coupa Louis Marquand. Nous sommes sept, il ne manque plus que vous pour compléter une deuxième table !"
"Emile, avec nous !", s'écria Nils en plaçant ses mains en portevoix.
"On m'a dit que vous jouiez comme un champion !", renchérit le docteur.

Mademoiselle Stoän se leva de table à son tour en saluant l'assemblée, et passa non loin de lui avant de se diriger en direction du grand salon.

"Merci bien Emile, profitez bien de votre partie !"

[Armand]

"Bon dans ce cas je crois que je n'ai pas le choix ! C'est avec plaisir que je me joindrais à vous."

Un peu gêné il se rapprocha des autres. La table était-elle en ordre ?

[Smidge]

Les tables de jeux se trouvaient à l'étage, dans l'une des pièces mitoyennes au théâtre. Il n'était pas rare que le maître organisât quelques parties de bridge avec ses invités, et Emile se souvint que les Chambernaud et les Marquand y avait déjà participé par le passé.

Tandis que les deux jeunes de la troupe de théâtre quittaient eux aussi la table en direction du salon, tous les autres se dirigèrent vers les escaliers : Gaston et Alice Chambernaud, Louis et Georgette Marauand, Nils et Roland, et enfin le docteur Dupré.

"Louis ? Mélangeons-nous les couples ?", demanda la femme du notaire à ce dernier.
"Ma chère, si nous faisons équipe, nous allons tous les plumer !, s'esclaffa-t-il. Plus sérieusement, cela serait plus sympathique de varier..."
"Alors je me mettrais volontiers avec vous !, intervint Roland en déposant une claqua amicale sur l'épaule du notaire. Je suis loin d'être un aussi bon joueur que vous l'êtes !"
"Allons allons, cousin, le rassura Nils, vous vous débrouillez très bien. (Il balaya les participants du regard). Madame, poursuivit-il à l'attention d'Alice Chambernaud, me feriez-vous l'honneur... ?"

La salle de jeu disposait de cinq de ces petites tables vertes et carrées spécifiques du bridge, en plus de nombreuses autres distractions. Dames, échecs, billard... Louis Marquand ouvrit un petit tiroir sous la table où il s'installa, d'où il tira deux paquets de cartes.

Avec qui faire équipe ? Choisir, ou être choisi ?

[Armand]

Ne souhaitant pas s'imposer, emile se rapprocha timidement guettant les joueurs potentiels.

[Smidge]

Ce fut finalement Gaston Chambernaud qui s'approcha d'Emile, tandis que le docteur Dupré et Georgette Marquand formèrent le dernier binôme. Tous les quatre s'installèrent à la première table, et les quatre autres à la seconde.

"A combien jouons-nous le point ?", interrogea Nils.
"Un centime le point, cela vous irait-il ?", proposa le notaire.
"Cela n'a guère d'intérêt en dessous !, ironisa le docteur. A moins que cela ne dérange quelqu'un... ?"

Plusieurs "non" s'élevèrent de l'assemblée, qui entérinèrent la côte.

"Très bien !, conclut Louis Marquand. Alors commençons !"

Le docteur battit les cartes, et distribua. Emile tenta un rapide salut à son partenaire, mais ce dernier resta coi, et semblait exagérément concentré sur cette partie qui n'avait pourtant pas encore commencé...

Après un premier tour légèrement favorable à leur équipe, le docteur Dupré lui posa une question.

"Dites-nous Emile... Maintenant que nous sommes... débarrassés de... de toute pression extérieure, dirons-nous."

Il jeta malgré tout un rapide regard vers l'entrée de la salle.

"Menez-vous vous aussi votre enquête... ?"
"Rapport au... testament ?", ajouta Georgette, toujours à l'affut du moindre ragot.

[HRP : quelques rapides principes du bridge - même je ne vais pas te faire concrètement jouer les parties, je te rassure - mais pour que certaines allusions éventuelles d'autres joueurs te parlent au moins un peu... :

- les joueurs décident à l'aide d'annonces d'un "contrat" impliquant un nombre de plis minimum pour leur camp. Une fois le contrat établi, les deux équipes s'affrontent. Le but de celle qui a annoncé le contrat est évidemment de le tenir, et le but de l'autre équipe est d'empêcher cette réalisation.
Une autre spécificité : le partenaire du joueur qui a décidé de l'atout du contrat pendant les annonces aura un rôle spécial; ce sera le "mort". Une fois les annonces finies, il déposera son jeu face visible sur la table, et c'est son partenaire qui le fera jouer.

- au bridge, une partie se joue en 2 manches gagnantes. Les manches rapportent 300 points pour la première et 500 pour la seconde. Il est aussi possible de gagner des points en empêchant l'équipe adverse de remplir son contrat, ou en annonçant (et réussissant) des contrats très difficiles (appelés "chelems"), où l'adversaire ne devra réussir qu'un seul ou aucun pli (petit ou grand chelem). A la fin de chaque partie, l'équipe perdante doit payer la différence de points à l'équipe gagnante, à raison donc d'un quota décidé à l'avance - soit ici 1 centime pour 1 point.]

[Armand]

"A vrai dire j'ai déjà été passablement pris par les affaires courantes, j'ai du passer un temps considérable à ranger le bureau annexe. Saviez vous qu'il avait été complètement retourné ? A croire qu'un individu mal intentionné cherchait désespérément quelque chose et maintenant que le comte n'est plus parmi nous on serait bien en peine de savoir si quelque chose a disparu..."

Emile eut malgré lui un petit sourire amer.

"Quand au testament je ne peux m’empêcher de penser qu'il s'agit là d'une ultime farce du maître, j'ai quelques difficultés à croire qu'il pourrait donner toute sa fortune à un simple domestique par exemple. Cela dit je n'ai pas votre culture et votre bon sens Mme marquand et je me trompe peut être..."

Il tendit les mains en avant en signe d'impuissance invitant visiblement georgette à répondre à ses flagorneries.

[Smidge]

"Vous savez, lui répondit Georgette, ce testament n'était peut-être qu'une simple "farce". Mais signé, et lu en présence d'un avocat et d'un officier de police - et en l'absence d'autre héritier légitime - il est on-ne-peut-plus officiel. Vous pourrez demander à mon mari si vous en doutez, mais je suis presque certaine de ce que j'avance."

Elle soupira.

"Toute la fortune de l'empire "De Rochebois", ce n'est pas rien...", ajouta-t-elle, pensive.

Un nouveau tour de carte eut lieu.

"Et qu'en est-il de ce fameux... "trésor", stipulé dans le document ?, demanda le docteur. Si j'ai bon souvenir, celui-ci concerne tout le monde, et pas seulement les employés ?"
"Là encore, reprit la femme du notaire, les règles ont été énoncées, et ce document fait à lui seul force de loi."
"Qui trouve donc ce trésor, en deviendra le propriétaire..."

Le docteur se gratta lentement le menton, et déclara, satisfait :

"Et quatre piques ! Ma chère Georgette, je vous laisse mener cette manche sans moi."

Juste après l'entame, il étala son jeu devant lui face à sa partenaire et se leva, tirant une pipe de sa poche intérieure.

"Le temps d'aller fumer quelques instants à la fenêtre..."
"Pas de problème, Aimé. Cette longue à trèfle compense largement votre présence !, plaisanta-t-elle. Vous êtes le mort idéal !"

Quelques plis plus tard, elle relança la conversation

"Et vous, Gaston ? On ne vous a guère entendu depuis le repas... Est-ce que tout va bien ?"

Le banquier sembla se réveiller et cligna plusieurs fois des yeux.

"Je... Oui, excusez-moi, j'étais pensif. Vous disiez ?"
"Je vous demandais si tout allait bien... ?"
"Oui, oui... Je réfléchissais à propos d'un... dossier... A la mairie. J'aurai d'ailleurs dû m'entretenir avec Lucien à ce sujet dans la soirée d'hier..."

Il leva soudainement les yeux sur Emile, le fixant d'un regard carnassier.


[HRP : comme d'habitude : tu peux participer à la conversation, ou simplement continuer à écouter. Ou encore quoique ce soit d'autre qui te passe par la tête, bien entendu...]

[Armand]

Emile détourna les yeux l'air gêné.

"La lieutenante de police semble s’être résigné à nous laisser tranquille dans tous les cas..."

HRP : désolé coupure web.

[Smidge]

Les conversations se portèrent à nouveau sur le jeu, délaissant au moins momentanément les histoires de chasse au trésor et d'enquête...

Emile et Gaston Chambernaud menaient d'une courte longueur sur leurs adversaires, mais chaque nouveau robre [2 manches gagnantes] était susceptible de creuser l'écart. A la table voisine, Louis Marquand et Nils semblaient être en tête.

"Que diriez-vous que nous échangions nos adversaires d'ici quelques manches ?", proposa le notaire à l'assemblée.

Emile allait répondre que des pas résonnèrent dans la pièce adjacente. [la salle de théâtre]

"Excusez-moi ?", lança une petite voix.

Mademoiselle Stoän. Emile tira sa chaise en arrière, tandis que la jeune femme entrait dans la salle de jeux. Elle tenait à la main un épais livre à la reliure rouge.

"Excusez-moi, répéta-t-elle à leur attention à tous. Emile ? J'aurai voulu vous poser une question..."

Georgette Marquand se saisit silencieusement du paquet de cartes, et entama la donne.

"Savez-vous si monsieur le Comte détient une statue en forme de tête de lion ?"

Elle ouvrit l'atlas historique sur l'Afrique du Nord sur lequel elle pointa du doigt une photo.

"Une statue qui ressemblerait à ceci..."

Il s'agissait d'un rocher planté à flan de montagne, et dont l'érosion lui avait fait prendre l'apparence du félin.

"Oh, la vallée de Talfraout, au Maroc !, s'exclama Georgette en découvrant la photo. Un endroit assurément exotique ! Nous projetons d'ailleurs d'y voyager avec Louis..."

Emile n'avait pas souvenir que le maître ne détienne une telle sculpture dans son atelier... Cependant, il ne les connaissait pas toutes non plus. Le plus simple était encore de vérifier directement, l'atelier de sculpture se trouvant juste en face de la salle de jeu, à l'étage. Néanmoins, la première pensée qui vint à Emile au sujet d'une tête de lion n'était pas à proprement parler une statue. Il s'agissait du linteau de la cheminée du petit salon. [à côté du hall sud]

[Armand]

Mais bon sang à quoi jouait-elle ? Se croyait-elle dans un de ces mauvais roman où la femme jouait les aventurière et devenait la compagne de je ne sais jeune voyageur qui lui conte fortune et bravoure. La vie ce n'étais pas cela, il n'y avait pas de trésor merveilleux qui vous tendait les bras, pas de jolie prince ou princesse pour vous apporter du réconfort d'un œil tendre. Non il n'y avait que saleté et pouvoir, manigance et cruauté. Et d'ailleurs avec ces petits airs innocent et ses apparats de gentillesse qui était-elle vraiment ? N'était-elle pas la maîtresse du maître ? Quand sous les draps mouillés et fétide leurs corps hideux et mesquins s’entrelaçaient comment ne pouvait-on pas croire que la méchanceté, l'orgueil et la noirceur habitaient leurs corps à tous deux ?

Le maitre lui avait fait un sacré don aprés tout, n'étais ce pas la une preuve que son coeur était aussi noir que cleuid e son défaut maitre.

"Alors là je dois admettre que vous me prenez au dépourvu. Tout est possible vous savez le comte était un grand collectionneur... Peut être que si vous me disiez dans quel contexte vous en avez entendu parler je serais peut être mieux susceptible de vous aidez. Mais là ce genre de statue... Non à priori pas particulièrement."

[Smidge]

"Oh, j'étais simplement curieuse..., répondit-elle avec un sourire. Vous savez... C'est très connu comme lieu... Je suis cependant ravie de voir que vous connaissez aussi !", ajouta-t-elle en direction de Georgette.
"Mon mari et moi adorons voyager", expliqua-t-elle.
"Une dernière chose, Emile ?, lui lança la jeune femme. Où se trouve la salle de bain commune ? Je n'ai pas vraiment eu le temps de prendre une douche ce matin..."

Les cartes distribuées, Emile n'avait de toute façon guère le temps de se lancer dans une grande discussion. Surtout que sa main lui laissait présager un espoir de belle manche. Il lui donna rapidement quelques explications sur la salle d'eau commune, et se replongea dans la partie.

Quelques tours d'annonce plus tard, il concluait sur une manche à l'atout carreau.

Et un léger silence plus tard, son partenaire enchérissait encore davantage.

"Six carreau."

Nouveau silence.

"Oh, vous tentez le petit chelem, Gaston ?, s'étonna le docteur, une pointe d'admiration dans la voix. C'est un risque intéressant... Mais j'ai bien peur de devoir vous contrer..."
"Et moi de surcontrer", trancha à son tour son partenaire d'un ton ferme. [HRP en bas]
"C'est vous qui décidez...", commenta madame Marquand, un léger sourire aux lèvres.

Emile sentit son coeur battre la chamade. Il n'avait rien décidé du tout ! Mais tout reposait sur ses épaules, à présent...

"Emile, je vous laisse mener le jeu..., déclara Gaston Chambernaud en se levant. Prenez votre temps, je suis sûr que vous êtes tout à fait capable d'honorer ce contrat ! En attendant, je vais quelque peu me dégourdir les jambes à la fenêtre..."

L'enjeu n'était pas des moindres. S'ils gagnaient, ils avaient là de quoi empocher la bagatelle de 10 ou 11 francs... si ce n'était davantage.

Mais la partie allait être serrée... Pourquoi diable son partenaire était-il aller les embarquer dans un contrat aussi risqué, alors que la simple manche qu'il avait conclue était quant à elle parfaitement réalisable... ? Et surcontré, de surcroit ! Avait-il décidé de lui faire avoir une attaque cardiaque !?

Ce n'était cependant pas le moment de se laisser aller, ni de trahir son inquiétude.

Que pouvait-il faire pour mettre toutes ses chances de son côté ? Emile n'avait pas une connaissance démesurée sur tout un tas de tactiques de bridge que l'on pouvait trouver dans les livres... Mais peut-être que ce "peu" suffirait à lui donner l'avantage ? Sinon, il était toujours possible de s'en remettre à la chance...

Ou bien encore... ?

[HRP :
- le "contre" au bridge est prononcé par l'équipe opposée à celle qui joue le contrat. Globalement, il double les pertes en cas de chute, et bien sûr les gains en cas de réussite.
- le "surcontre" est lui prononcé par l'équipe qui joue le contrat, suite à un "contre" adverse. Il double encore les gains et les pertes de la partie.]