[Quête] Dans la Campagne du Soleil

[Taliesin]

Un cri raisonna alors, suivi d'un brusque mouvement.
Jonas s'était redressé, haletant, les yeux écarquillés. L'instant suivant, il les baissait sur ses chausses.
-Oh bordel, je me suis pi...
Il s'interrompit et jeta un regard autour de lui. Il poussa un soupir de soulagement en constatant que ses frères dormaient toujours, et un autre, encore plus profond, quand il remarqua que son père était là, ronflant paisiblement. Puis, avec lenteur, il se tourna vers l'endroit où il savait que se trouvait Albérich... et un masque d'horreur se peignit sur son visage quand il réalisa que non seulement l'ancien clerc, mais également le paladin, étaient tout ce qu'il y a de plus réveillés.
-Jurez que vous leur direz rien ! souffla-t-il, paniqué. Sinon, je suis bon pour être traité de bébé pendant dix ans...

[Galathée]

Le cri de Jonas fit sursauter le Luménien. Quand l'adolescent se tourna vers eux et que la raison de son agitation leur apparut, Hubert faillit éclater de rire. Mais Albérich l'anticipa et lui donna un coup de coude dans les côtes, lui arrachant une plainte sourde et un juron.
" Ne t'en fais pas, dit-il ensuite, en s'approchant de Jonas.
— Nous serons muets comme des pierres, grommela Hubert, la main crispée sur le flanc.
— Est-ce que tu as de quoi te changer ?
— Albérich, il a douze ans, il sait faire ça tout seul !"

[Taliesin]

Son regard alla d'Albérich à Hubert. Manifestement, secoué comme il l'était, Jonas n'aurait pas été contre le fait qu'on s'occupe un peu de lui. Mais la remarque du paladin l'amena à prendre sur lui.
-Sauf si messire Hubert et mon père ont apporté quelque chose, j'ai rien d'autre. Mais bon, ça va sécher, si je reste près du feu, non ? J'espère juste que ça puera pas trop.
Il grimaça, signe que ce qui le mortifiait le plus, dans cet accident, c'était la possibilité que les siens s'en rendent compte.

[Galathée]

Ça ne sentait pas la rose, c'était un fait certain.
" Donne-lui la couverture, je vais aller lui chercher quelque chose, dit alors Hubert en se levant.
— Quoi ?
— Je dois de toute façon retourner voir comment s'en sortent les chevaux.
— Tu ne peux pas voir ça directement par les yeux de ton destrier, ou je ne sais quoi ?
— Si, en fait. Mais il va s'absenter un moment...
— S'absenter, en plein blizzard ?
— C'est une affaire de paladin, je t'expliquerai... Bref, je peux aller chercher des chausses propres pour Jonas, au passage.
— Hubert, c'est juste un peu mouillé, ce n'est pas très différent de la neige...
— Qu'est-ce que tu crains ? Que je me perde ? Que je retourne affronter le dragon ? Je peux te laisser ma cotte de mailles et mon épée, si ça te rassure.
— Non, mais... C'est juste que c'est..."
Pathétique, songea Albérich en esquissant un sourire embarrassé et se détournant. Hubert resta silencieux une seconde puis céda et se rassit.
" Désolé, petit, il va falloir que ça sèche. Mais je crois qu'avec l'odeur de bouc qui règne de toute façon dans cette caverne, personne ne se rendra compte de quoi que ce soit."

[Taliesin]

Le garçon eut bien de la peine à dissimuler la déception que lui avait causé le subit revirement du paladin.
-Mouais, moi, je trouve que ça sent autre chose que le bouc... grommela-t-il. Enfin, je vais les faire sécher, on verra ensuite... Hum, non, en fait, je vais d'abord aller les laver dans la neige. Je crois que ce sera mieux, comme ça.
Déjà, il se levait pour sortir.

[Galathée]

Hubert ne bougea pas mais Albérich vit une ombre passer sur son visage, une seconde.
" Accompagne-le, va. On ne sait jamais qu'il y ait des yétis, ou je ne sais quoi."
Le paladin se tourna vers lui avec une grimace.
" Tu es bête.
— Fatigué. Allez, vas-y."
Le chevalier se leva et lui jeta un regard noir, avant d'arrêter le gamin d'une main sur son épaule.
" Donne-moi tes chausses, je vais m'en occuper. Va plutôt chiper sa couverture au vieux ronchon là-bas."

[Taliesin]

Jonas hésita un instant puis secoua la tête.
-Non non, je peux m'en occuper moi-même. Je sais que les paladins tombent jamais malades, mais c'est pas une raison pour vous tremper encore plus que vous ne l'êtes déjà. Et puis, s'il y a un Yéti, et bien, j'aurai sans doute le temps d'appeler à l'aide !
Il sourit. L'instant suivant, il avait disparu par la fissure.

[Galathée]

Hubert resta debout devant la fissure, guettant l'adolescent.
" En fait, je ne savais pas que la croisade contre la saleté faisait partie des missions du paladin, dit alors Albérich, un léger sourire sur les lèvres.
— Quoi ?
— Non, mais, honnêtement, je trouve ça formidable... Je veux dire, je suis heureux que tu aies décidé de m'accompagner, vraiment, maintenant que je sais que la lessive compte parmi tes attributions.
— Toi, tu mériterais que j'aille te mettre la tête dans la neige. Ça t'éclaircirait les idées.
— Ah, ne crains rien, tu en auras mille fois l'opportunité dans les jours à venir."

[Taliesin]

Jonas revint quelques instants plus tard, grelottant mais apparemment rasséréné. Il essora ses chausses sur le seuil de la grotte puis, après avoir fait de la place sur la corde, il les suspendit juste au-dessus des flammes. Enfin, avant qu'Albérich ou Hubert n'ait pu protester, il s'empara de la flasque contenant le cordial et s'en envoya une copieuse lampée.
-Après l'effort, le réconfort, murmura-t-il. Au fait, messire capitaine, je me posais une question... C'était le squelette d'un dragon, dans la grotte ?

[Galathée]

Hubert lui lança la couverture puis indiqua une place près d'eux.
" Un squelette de dragon, oui. Mais encore vivant, le squelette. Plus ou moins, en tout cas. Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Tu avais déjà entendu des rumeurs à ce sujet ? Ou bien l'as-tu reconnu à son haleine ?"
Tout en disant ces mots, le paladin avait fait signe au garçon de lui apporter la flasque, dont il se servit à son tour. Il la tendit à Albérich, qui déclina. Sans la couverture, il avait à nouveau un peu froid, mais il se rapprocha légèrement du feu.

[Taliesin]

-J'en ai rêvé, répondit le gamin en s'enroulant dans la couverture. Il essayait de voler dans une immense caverne, mais il était retenu par une chaîne, et ça l'énervait, et donc il s'acharnait dessus pour se libérer. A un moment, il s'est tourné dans ma direction, j'ai croisé son regard... Je rois que c'est ça qui m'a réveillé. Ses yeux... C'était horrible : de la colère, de la frustration, de la peine, aussi... Horrible, vraiment.

[Galathée]

Le visage d'Hubert se figea et Albérich comprit que c'était exactement ce qu'il avait vu dans la caverne. Le paladin se tourna vers lui et il secoua la tête.
" Je n'ai pas rêvé de ça, moi."
Le chevalier revint à l'adolescent, songeur.
" Fais-tu souvent... des rêves qui renvoient à la réalité ? Ou peut-être échanges-tu parfois des visions furtives avec les animaux ?" lui demanda-t-il, doucement.

[Taliesin]

-Non, je vois jamais par les yeux d'animaux, répondit-il, tranquille. Mais oui, ça m'arrive de rêver de trucs qui sont en train de se passer, ou qui vont se produire. P'pa dit que c'est à cause du "sang des Landes", et ça fait sourire m'man. J'imagine que c'est une plaisanterie entre eux, puisqu'elle vient des Landes des Sirènes. Mais j'en sais pas plus. Ils me disent juste de ne pas trop en parler, rapport aux voisins qui sont superstitieux et qui pourraient prendre ça pour de la sorcellerie.

[Galathée]

Albérich vit un sourire s'épanouir sur les lèvres d'Hubert. Sans doute était-il soulagé d'apprendre que ce n'était pas le dragon qui s'était immiscé dans les rêves de Jonas, mais bien l'adolescent qui était allé espionner la bête.
" Ta maman vient des Landes, comme ça ?"
Bien sûr, il avait une autre idée en tête.
" Le gouverneur...
— Hubert.
— Albérich et moi avions l'intention de nous y rendre, une fois ce blizzard dissipé... Peut-être que ton père pourra nous en parler... Tu y es déjà allé, toi ?"

[Taliesin]

-Non, je n'y suis jamais allé : trop de travail à la ferme, sans compter mes frères et sœurs dont il faut s'occuper. Les quadruplés, surtout... Par contre, j'en ai rêvé. J'ai vu les routes enfouies, les cités en ruines, les pierres levées, les tumulus. J'ai même entendu les tambours dans la brume. Ma mère m'a dit que tout ça existe. Enfin, mon père, il pourra vous en raconter d'avantage.
Il grimaça.
-Mais allez y doucement, d'accord ? On sent bien, parfois, que repartir à l'aventure le titille. Alors il pourrait bien vous proposer de vous servir de guide, et là, on serait pas dans la m... la panade.

[Galathée]

La mention des merveilles que renfermait la Lande des Sirènes arracha une grimace au Luménien. Mais ce ne fut rien en comparaison de la mine qu'Hubert tira, un instant infime, lorsque Jonas mentionna la possibilité que son père leur serve de guide. Du coup, les craintes d'Albérich fondirent devant son hilarité et il toussa entre ses paumes pour la dissimuler. Cette tentative pathétique ne passa évidemment pas inaperçue et son voisin lui décocha un regard noir. Ce qui empira les choses.
" Si tu penses que ce n'est pas opportun, nous ne lui en parlerons pas." répondit Hubert à Jonas, avec grand sérieux.
Il s'enfonçait. L'ancien clerc se tourna vers la paroi pour essayer de se reprendre et finit par trouver ses yeux humides.
" Je crois... je crois que je vais aller prendre l'air une seconde... Si vous permettez..."
Sans attendre, il sauta sur ses pieds et se faufila par la crevasse, espérant que le gamin ne se formaliserait pas de cette fuite subite.

[Taliesin]

L'adolescent n'avait bien sûr rien perdu de la scène et, quand Albérich se fut éclipsé, il se tourna aussitôt vers le paladin.
-Il se marre parce que mon père vous agace et parce que la seule idée qu'il puisse vous accompagner vous horrifie, n'est-ce pas ?
Il soupira.
-C'est vrai qu'il est taquin. Surtout avec les paladins. Il a fait équipe avec l'un de vos confrères, un moment, et je crois que ça ne s'est pas très bien passé. Alors ça a laissé des traces. Mais avec vous, c'est pour la forme : je sais qu'il vous aime bien. Après, c'est sûr que c'est une grande gueule. Mais m'man dit que s'il y avait un peu plus d'action, il serait moins fanfaron.
Il se fit très sérieux.
-Écoutez... Ça me fait de la peine que vous n'aimiez pas mon père, et je ne voudrais pas que vous gardiez une aussi mauvaise image de lui... Alors, je vais le convaincre de vous guider dans les Landes. Comme ça, vous verrez qu'il peut être très sympa, aussi. Je vais lui en toucher un mot tout de suite.
Et de se lever.

[Hubert de Maleval]

Albérich allait payer pour l'avoir mis dans une situation aussi embarrassante. Hubert ne doutait pas que Tobias s'avère un excellent guide mais certaines associations étaient tout bonnement impossibles. Celle-là n'aurait fonctionné que si le dragon d'os avait réellement réussi à lui crever définitivement les tympans. Et encore : l'expression bravache du fermier aurait probablement suffi à le mettre en rogne.
" Ecoute mon garçon. Ton père est un type formidable, je n'en ai aucun doute. Mais il arrive parfois que certains tempéraments soient peu compatibles, c'est tout. Je ne lui en veux pas, je devine qu'il a dû se farcir un paladin pédant et sûr de lui, il me serait sorti par tous les trous, à moi aussi, mais je pense que... que le seigneur Béranger de Solarcis aura besoin de quelqu'un pour le mener dans la grotte et jusqu'au dragon squelette, et ton père semblait réellement tenir à le décapiter à la hache, donc... Je pense que tu le priverais vraiment de cette action dont il rêve. Le... gouverneur et moi-même allons juste louvoyer de village en village, en évitant la moindre pierre dressée et le plus petit tumulus. Il s'ennuierait terriblement à nous suivre. D'ailleurs, je pense que mon estime pour ton père sera définitivement établie lorsque j'apprendrai, au détour d'une conversation, qu'il a terrassé un dracoliche dans les profondeurs."
Il assortit sa tirade d'un sourire légèrement ironique, pour bien faire comprendre à l'adolescent qu'il ne s'agissait pas qu'il aille plus loin dans ses intentions de semer la zizanie.

[Taliesin]

Le garçon le dévisagea, incrédule.
-Donc, si je comprends bien, vous me demandez de ne pas le convaincre de vous servir de guide pour un voyage sans danger, histoire qu'il puisse se faire tuer en essayant de décapiter un dracoliche ?
Il secoua la tête.
-Désolé, mais il va vous accompagner. Je pense que toute la famille préférera qu'il s'absente quelques mois plutôt que de devoir assister à ses funérailles.

[Hubert de Maleval]

Hubert se demanda s'il avait été à ce point insupportable quand il était écuyer. Puis il se souvint que Jonas était un Ekhart et que vu son géniteur, il avait sans doute été à bonne école. A moins que ce ne soit simplement une question de sang.
" On dirait que tu tiens vraiment à te débarrasser de ton paternel. Mais je peux comprendre, j'aurais le même, je ferais la même chose, annonça-t-il de but en blanc. Réveille-le donc, je pense que c'est une bonne idée. Je suis sûr que ta maman sera ravie, elle aussi, d'avoir la paix pendant quelques mois. Quant à moi, et bien... Je suis paladin. Faire le bien, c'est ma mission. Je crois que vous épargner sa présence pendant l'hiver me gagnera quelques points auprès de mon dieu."

[Taliesin]

-C'est vraiment tentant... Malheureusement, s'il vient avec vous, on aura encore plus de travail, à la ferme, et ça, ce serait l'enfer. Je suis donc désolé mais... Je crois qu'il vaut mieux qu'il reste.-Bon, d'un autre côté, ça me rassurerait de savoir qu'il vous guide, parce que les Landes, c'est vraiment bourré de cercles de pierres, de tumulus, et de plein d'autres trucs dangereux...
Il sourit.
-Enfin, j'ai LA solution ! Je vais demander à mon père de ne pas tuer le dragon, mais de l'apprivoiser. Comme ça, si je rêve que vous êtes en danger, il lui suffira de l'enfourcher pour voler à votre secours !

[Hubert de Maleval]

" Mais voilà une excellente idée ! Cavalier dragon-squelette ! Je suis certain que ce sera à la hauteur de ses ambitions en matière de renommée. Rappelle-lui cependant que les paladins ont la mauvaise habitude de désintégrer les morts-vivants. Même les gros. Et Lathandre n'adore pas ce genre de créatures... Mais bon. Je serai loin et, tu sais, mine de rien, je sais plus ou moins me défendre, quoi qu'en pensent certains."
Il sourit encore au gamin puis se leva et jeta à nouveau un coup d'oeil par la fissure. Où diable était parti Albérich ? S'était-il écroulé de rire dans un congère ? Mais il distingua vaguement la silhouette du Luménien qui revenait vers eux et en profita pour lorgner le ciel obscur. Si le blizzard durait trop longtemps, il faudrait l'affronter.

[Taliesin]

L'obscurité était encore totale, et pour cause : il ne devait pas être plus de minuit. En revanche, il y avait une bonne nouvelle : la tempête paraissait sur le point de s'apaiser. En effet, le vent se faisait moins violent, les flocons moins nombreux, et la silhouette d'Albérich était bien plus distincte qu'elle ne l'aurait été quelques minutes plus tôt.
De son côté, enroulé dans sa couverture, Jonas commençait à dodeliner de la tête. Cependant, il luttait avec acharnement contre le sommeil, bien décidé à faire disparaître toute trace de son accident avant que son père et ses frères ne se réveillent.

[Galathée]

Hubert échangea un sourire avec le Luménien au moment où il reparut, puis lui désigna Jonas du menton, et posa un doigt sur ses lèvres. Albérich sourit et se déplaça discrètement jusqu'à la corde, où il récupéra son manteau. Il était encore passablement humide, mais il avait froid et il demeura un moment près du feu, tentant de se réchauffer sans se brûler, avant de rejoindre son petit coin près du paladin.
" Ça se calme doucement... On dirait, en tout cas, murmura-t-il à mi-voix.
— Nous ferions mieux de dormir, lui répondit Hubert. Sinon, même si le blizzard tombe, nous n'aurons pas l'énergie de rallier Beaupré demain.
— Oui, tu as raison."
L'ancien clerc poussa un profond bâillement, puis s'emmitoufla du mieux qu'il put et se recoucha sur la pierre glaciale. Le paladin, de son côté, demeura assis, scrutant les flammes, à attendre le sommeil.

[Taliesin]

Froid.
C'est la première idée qui vint à l'esprit d'Albérich et d'Hubert, lorsqu'au même moment, ils émergèrent d'un sommeil profond qui les avait fauchés sans crier gare. De fait, l'atmosphère de la petite grotte était glaciale, et pour cause : le feu n'était plus que cendres. Il devait d'ailleurs s'être éteint depuis bien longtemps, car la faible lueur grise qui baignait les lieux annonçait que le soleil ne tarderait plus à se lever.
Autour d'eux, les Ekhart dormaient encore, quoi qu'à certains mouvements, on pouvait se douter qu'ils s'éveilleraient sous peu, à leur tour. Jonas était dans la même position que la dernière fois où ils avaient posé les yeux sur lui, signe que la fatigue avait eu raison de ses efforts.

[Galathée]

Hubert s'extirpa le premier de son immobilité et sourit à son voisin qui frottait ses yeux encore gonflés de sommeil.
" Réveille le petit, qu'il puisse se changer avant le réveil de ses frères..." murmura le paladin à l'ancien clerc, lequel acquiesça.
Albérich se sentait tout ankylosé et il s'étira lentement, douloureusement, avant de poser la main sur l'épaule de Jonas. Pendant ce temps, Hubert chercha à rallumer le feu. C'était un miracle qu'ils ne soient pas tous morts gelés, vu l'effroyable température.

[Taliesin]

Peut-être faisait-il moins froid qu'il n'en avait l'impression, en réalité. En tout cas, de ce qu'il pouvait en voir par la fissure, la tempête n'était plus qu'un lointain souvenir, et le ciel d'un bleu profond annonçait une journée magnifique.
Lorsque le Luménien le toucha, Jonas grogna et se pelotonna davantage contre la paroi, sans s'éveiller un seul instant. A quelques pas, Hans marmonna quelque chose d'incompréhensible, hormis le mot "petits-déjeuner".

[Galathée]

Hubert s'était approché de la sortie.
" Je vais retourner à la grotte principale. Je veux vérifier que les chevaux vont bien. Peut-être y trouverai-je de quoi rallumer ce feu..." annonça-t-il.
Il ne bougea cependant pas et Albérich le dévisagea une seconde, un peu interdit, avant de réaliser que le paladin attendait... sa permission, peut-être, ou au moins une marque d'accord.
" Bien sûr. Bonne idée." dit-il.
Le chevalier sourit et se glissa au dehors. L'ancien clerc étouffa un soupir. Il n'était pas certain que les choses prenaient la direction idéale... mais il se repencha sur Jonas et le secoua un peu plus énergiquement.
" Si tu veux repasser tes chausses, c'est le moment d'y songer..."

[Taliesin]

Cette fois, Albérich crut bien avoir réussi, car le garçon s'agita. Il lui adressa même quelques mots... mais pas ceux qu'il aurait attendus.
-D'accord, m'man, j'arrive dans cinq minutes, promis.
Peut-être avait-il réussi à veiller plus tard que le Luménien ne se l'était imaginé. En tout cas, l'instant suivant, il avait à nouveau sombré et s'était mis à ronfler doucement.

[Galathée]

Cette fois, le Luménien renonça. Jonas avait bien le droit de faire une petite grasse matinée et si ces frères s'interrogeaient sur la présence des chausses qui séchaient et bien... Ils inventeraient rapidement une histoire de chute dans la neige en allant se soulager à l'extérieur. Albérich était prêt à prétendre qu'il avait bousculé le garçon, même, si cela pouvait lui éviter des moqueries. Il le laissa donc profiter de bienheureuses minutes de repos et se glissa à son tour à l'extérieur. Il avait envie de contempler le paysage et de constater de ses yeux que le blizzard n'était plus qu'un mauvais souvenir.